Avant même que nous n’arrivions au sommet de cet escalier, un rugissement subit se fait entendre dans la pièce que nous rejoignons, me faisant sursauter par sa bestialité malgré la voix humaine qui le pousse. Le maître de cet ardis m’a été décrit comme un véritable monstre, tant par son physique que par son mental, ou sa capacité à tuer quiconque se présente à lui. Et la preuve de ce dernier trait est faite avant même que nous ayons à nous en poser la question : un corps propulsé avec force traverse mon champs de vision pour percuter le mur droit des escaliers, avant de retomber lourdement sur les marches, nuque brisée. Une femme, à la peau sombre et aux cheveux de jais, presque nue sinon quelques haillons décorés de bijoux d’argent. Des bijoux d’esclave, des chaines… Son corps dévale jusqu’à notre hauteur et s’immobilise sur le dos. Ses membres sont comme disloqués par la chute, et du sang coule de l’arrière de sa nuque. Elle garde sur le visage une expression de douleur, de peur. Je jette un regard craintif vers Estera, qui n’a pas l’air bien plus rassuré que moi. Celui que nous allons voir vient de tuer, devant nous, avant même que nous ne l’ayons vu. Je donne une claque sur l’épaule du milicien qui m’accompagne, pour lui signaler notre alliance indéfectible dans ce combat. A deux, nous vaincrons. Cette femme n’était qu’une esclave, elle ne pouvait pas lutter contre lui… Si tant est que c’eut été son but.
Je continue à grimper les marches, contournant le corps fraichement mort sans trébucher dessus. Je presse le pas, presque malgré moi. L’attente de cette bataille est insoutenable. Et le voir arracher ainsi la vie, une vie sans doute innocente que j’aurais pu sauver si j’étais arrivé plus tôt ne fait que renforcer cet empressement.
Enfin, j’arrive au sommet. Et c’est de dos que, pour la première fois, j’aperçois Malikhen. Une peau noire comme l’ébène, un crâne chauve, des protections de bras, d’épaules et de jambe noires et cuivrées, massives et garnies de piques dangereuses. Un attirail bien lourd, qui ne le couvre même pas totalement, puisque la peau de son dos, dévoilant une puissante musculature, est à nu. De curieuses marques, rougeoyant comme des braises chaudes, forment des symboles sur sa peau. Il domine de toute sa taille une seconde femme, bien vivante celle-ci. Sans doute l’a-t-il frappée, puisqu’elle se tient la joue, effondrée sur le sol comme après une chute. Ses yeux bleus, malgré sa peau sombre et métissée, regardent subitement vers moi, avec une panique certaine dans le regard. Ça n’échappe pas à son maître, qui se retourne brusquement vers nous alors qu’Estera arrive à mon côté, essoufflé par la montée rapide de ces derniers escaliers.
Le regard de Malikhen a de quoi glacer les sangs. Entièrement rouge, luisant lui aussi comme si des flammes l’habitaient, il nous fixe avec rage, plus encoléré que surpris de vois des inconnus pénétrer ainsi son antre. Il est affublé d’une courte barbe blanche, dont la longue moustache tressée lui pend sur le torse. Une ceinture de crânes lui tombe en travers de la taille, où j’aperçois même une main tranchée. Mais là n’est pas le plus impressionnant, chez lui. Car à son côté, pendue à un solide baudrier de cuir clouté une épée magistrale pend. Sa lame est aussi large que deux paumes, et aussi longue que ses jambes. Et malgré sa taille disproportionnée, elle semble tranchante à souhait. Il la dégaine aussitôt en nous apercevant, et s’appuie dessus comme sur une canne, nous toisant avec hargne.
« Comment osez-vous, étrangers, vous présenter à moi les armes dégainées ? »
Dans mes mains, ma lame métamorphe et ma rapière sont tenues serrées. Tout comme Estera et son épée. Je trouve curieux, vu sa réputation, qu’il s’en étonne. Surtout vu la mort qu’il vient de causer devant nos yeux. Je réponds, à la volée, avec une assurance dont je ne me doutais pas :
« Nous n’espérions pas une entrevue paisible avec toi, Malikhen. Ton règne de terreur va s’achever ici, aujourd’hui, et les Hommes-Insectes ne seront guère là pour te protéger. »
Sa face burinée est sévère, mais dans sa voix profonde et grave, rocailleuse, je perçois une note d’amusement moqueur. Et un aplomb démesuré.
« Ils n’auront guère besoin de le faire. Pour vous, mon règne s’achèvera. Votre sang viendra augmenter ma puissance, et vos crânes décoreront ma ceinture. Je vous attendais, vermines de Yuimen. On m’a parlé de toi, Cromax, comme d’un grand guerrier. J’espérais tomber face à un être digne de se battre contre moi, mais je ne vois qu’un couard et un faible. Tu mourras comme ton ami, car tel est votre destin scellé. »
Derrière lui, je perçois la silhouette de la jeune esclave se faufiler derrière un meuble massif pour se protéger. Tremblante, affaiblie, elle sait qu’elle ne doit pas rester au milieu du chemin car bientôt, le fracas des armes retentira au sommet de cette tour creusée à même la roche, dans cette grande pièce circulaire éclairée de rouge. Mon regard noir glisse vers celui, de feu, de Malikhen.
« Il est parfois sage d’écouter ce que les gens disent. Prépare-toi à mourir. »
Et franc, j’avance vers lui, armes en avant. Ma métamorphe prend la forme d’une lance robuste à la pointe acérée. Je dois avoir l’avantage de la distance, vu qu’il a sans aucun doute celui de la force. A mon côté, et malgré sa nervosité claire, Estera a l’air fier dans son armure dorée, brandissant son épée, et se protégeant de son bouclier. Ses cheveux blonds tombent sur le côté de son visage. C’est la première fois que je vais combattre avec lui. C’est d’ailleurs rare que je combatte en duo, ou en groupe. Solitaire, rares sont ceux qui ont réellement combattu de concert avec moi. Daïo fut l’un des seuls, en vérité. Sur Yuimen comme aux Enfers.
Malikhen, lui, reste immobile, fier et sûr de lui. Il nous regarde approcher prudemment, et je décide de porter le premier coup, m’élançant subitement en me fendant, tendant le bras pour le percer de la pointe de ma lance. Il bouge à peine pour esquiver mon coup, qui vient néanmoins se perdre dans son épaulière massive, la rayant à peine. Je me relève prestement, alors qu’un sourire mauvais se dessine sur ses lèvres. Son expression est effrayante. Il semble tellement sûr de lui. Son regard n’a qu’une signification : il me laissait une chance de le toucher, une chance seulement de le blesser, et je n’ai même pas pu la saisir. Il se gausse intérieurement de mon échec, me voit déjà vaincu, alors qu’il n’a pas encore frappé. Et alors que son sourire s’étire en un rictus de colère et offre à ma vision une rangée de dents blanches serrées par la rage d’un combat gagné d’avance, il bondit vers moi, faisant un large geste rotatif de sa lame formidable. Preste et agile, je bondis en arrière pour esquiver le coup. Estera, lourd dans son armure, préfère parer le coup de son bouclier… Erreur, hélas. La puissance de notre ennemi commun est telle qu’il se fait balayer comme un vulgaire fétu de paille, virevoltant sur lui-même dans les airs jusqu’à aller défoncer une chaise de bois brut posée contre une table massive, qui se décale sous le choc. Il geint, mais se relève vite, armant tant son épée que son bouclier.
Malikhen est doté d’une force surpuissante. J’en avais la crainte, j’en ai maintenant la certitude. Je profite de la latence entre sa charge et son prochain coup pour moi aussi effectuer un coup rotatif de ma lance, qui me contourne avant de le percuter. Sa pointe, au dernier moment, se change en un marteau au bout pointu en forme de bec de corbeau. Lourd et acéré, pour percer son armure… Le choc est rude, mais le coup atterrit dans ses protèges-bras, juste sous le coude. L’épaisseur et la solidité de l’armure sont telles que l’arme frappe sans la détruire ni la percer. D’un revers de la main, il se saisit du bout du marteau de Lucerne pour me l’arracher, mais ma pensée est plus rapide que son geste, et l’arme se change à nouveau en une épée acérée, que je tire vers moi avec l’intention de lui trancher la main. La lame glisse sur sa peau comme si elle était de cuir. Aucun sang n’y reste. Aucune blessure.
(Mais enfin, il est blindé ou quoi ?!)
Le stratagème semble toutefois l’énerver, car il se met à nouveau à charger vers moi, balayant une fois de plus l’air de son arme dévastatrice. Je me jette sur le sol en roulant avant qu’elle ne m’atteigne, et culbute vers lui pour projeter mes lames en avant afin de le transpercer des deux au bout de mon geste. Ma rapière ripe contre sa ceinture, mais l’autre le touche au ventre, sur sa peau découverte, là où elle est tendre et plus fragile. Mais cela ne l’affecte pas, ni ne le transperce. Loin de là, même. La peau semble résister à mon arme, et ses tatouages luisent de plus belle. Ma pensée fugitive et choquée s’avère exacte : il semble insensible à nos coups. Pas étonnant que nul n’ait réussi à le vaincre jusqu’ici. La surprise m’égare cependant, et il profite de ce court instant d’inattention pour m’envoyer un coup de poing dans la mâchoire, m’envoyant au plancher, à moitié sonné. Je lâche mes armes pour me réceptionner, et rampe en arrière pour ne pas rester à sa portée. Ses yeux assassins me ciblent pourtant, et il avance vers moi, menaçant, épée en main, prêt à porter le coup fatal qu’en cette posture, je ne pourrai parer.
C’est heureusement sans compter la vaillance d’Estera, qui s’interpose face au géant à la peau sombre pour l’empêcher de m’atteindre. Je profite de sa présence pour me relever à l’aide d’un guéridon, mais notre ennemi décide de poursuivre son avancée furieuse, et charge le sergent l’épaule en avant. En position défensive, bien protégé derrière son bouclier, et campé sur ses jambes pour préserver un équilibre idéal, il ne s’en fait pas moins projeter sous le choc, droit vers moi. Je le réceptionne de plein fouet, et le bois du petit meuble se brise sous le choc. Brouillons, nous nous relevons frénétiquement pour nous remettre en position. Mais je n’ai plus mes armes. Elles sont à hauteur de Malikhen, qui ne semble absolument pas s’en soucier, fort de sa grosse épée. Je m’empare du pied du guéridon brisé, rapidement. C’est mieux que rien, même si je doute lui faire quoique ce soit avec un morceau de bois, là où mes puissantes armes ne le percent pas.
Une fois encore, il pousse un grognement de rage avant de se ruer vers nous. Cette fois, Estera m’imite, et nous bondissons chacun d’un côté de sa charge, évitant sa lame qui balaye les airs avant de frapper violemment le mur, arrachant à celui-ci des éclats de pierre et de sable aggloméré et durci. Au passage, nous le frappons dans le dos, Estera de sa lame sur son épaulière, sans grande efficacité, et moi de ma massue improvisée, sur l’arrière de la tête. S’il ne peut être percé, peut-être peut-il être contusionné, voire assommé. Peut-être, mais pas en l’état. Mon coup n’était peut-être pas assez fort, mais malgré un nouveau grognement, il ne semble pas affecté par le choc outre mesure. Prestement, je lâche mon bout de bois et cours pour ramasser mes armes au sol. Cela lui laisse le temps de se retourner pour de nouveau foncer vers moi. Estera, malin dans sa réaction, se jette alors dans ses pieds pour le faire trébucher, s’aidant du poids de tout son corps, de la force de sa lame, et de la forme de son bouclier. Malikhen trébuche, et arrière près de moi la tête en avant. Je saute sur l’occasion : transformant mon arme en un marteau de guerre massif et solide, armement terriblement prisé par les nains, fort peu maniable, mais dévastateur, je lui bourrine la face d’un coup monumental qui le cueille sous la mâchoire. Je m’attends, vu la brutalité du choc, à la voir exploser dans une gerbe de sang et de dents, mais il n’en est rien : il se redresse simplement en se la tenant fermement. Il a mal… mais c’est tout. Atterré, je le regarde me jeter un regard courroucé. Cette fois, il est vraiment en colère. Et ce n’est plus un grognement qui sort de sa bouche, alors qu’il fait à nouveau voler sa lame dans ma direction, mais un rugissement furieux.
Cette fois, la lame m’atteint du plat, en plein dans les côtes. Ma précieuse armure est solide, heureusement, et je lui dois de n’avoir pas plusieurs côtes cassées sous le choc rude, qui me balaye malgré tout à travers la pièce. J’arrive à pleine vitesse dans les portes de l’armoire de bois noir derrière laquelle la jeune femme s’est glissée, et en défonce les portes. Je me retrouve groggy, conscient mais vaseux, étourdi, au milieu de vieilles frusques trouées dont beaucoup sont ensanglantées. Les habits de ses victimes… peut-être. De mon état abasourdi, je vois Estera l’attaquer rageusement, lui donner plusieurs coups d’épée sans le blesser, emporté par la colère, et vif de sa rapidité au combat. De ma position, ça ressemble à une recrue donnant frénétiquement des coups d’épée en bois à un mannequin d’entraînement, qui subit sans faiblir. Mais il ne reste pas sans réaction indéfiniment : armé d’une force folle, il retourne un coup de manchette à Estera, qui lui éclate la pommette droite en le faisant s’effondrer au sol. Lâchant sa grosse épée, il se saisit du corps de mon confrère sonné pour le lancer à travers la pièce. Estera atterrit contre un mur, s’effondrant sur un buffet dans un bruit de métal. Le souffle coupé, il tente de se redresser, mais Malikhen, armé de son arme, est déjà sur lui. Il donne un coup fracassant, vertical et puissant, qui semble presque couper Estera en deux tellement la torsion de con corps est inhabituelle. Dans le creux du dos. Par chance, l’armure l’a protégé du tranchant, et l’effet n’est surtout dû qu’à la force du barbare, et au meuble cédant sous le poids conjugué du milicien et de la frappe.
Malikhen semble croire qu’il est vaincu, puisqu’il le laisse là, immobile et inconscient, dans les débris du meuble, se tournant vers moi avec un air menaçant. De là où je suis, je ne peux voir l’état exact du sergent. Je me redresse tant bien que mal, fourbu, mais conscient que si je n’agis pas, il me tuera. Je sens la colère embraser mon être également. Je perds patience, je panique. Mes mains, habituellement si assurées, se sont mises à trembler. Cet ennemi est plus fort que moi. Et je suis seul à lui faire face, désormais.
(Pas seul, non.)
Lysis. Je l’avais presque oubliée. Sa pensée résonne loin dans ma tête, comme si elle n’était pas vraiment là. Comme si la peur et la colère me coupaient à sa présence. Et alors que je vois Malikhen se ruer sur moi, et plaquer sa main sur ma gorge, Lysis apparaît sous sa forme humanoïde juste derrière lui. Enflammée, elle le regarde me soulever de terre pour me plaquer violemment contre le mur. Sous moi, la jeune femme paniquée se racrapote sur elle-même, mains sur la nuque. J’en ai à peine conscience. De main, je ne perçois que celle de mon ennemi, pressée sur mon cou, me privant d’air, m’empêchant de reprendre mon souffle, de respirer. Mes bras se débattent, gesticulent inutilement, donnant des coups de mes armes dans la peau increvable de cet ennemi infernal. J’étouffe, il m’étrangle. Ma vue se trouble, et ma bouche s’ouvre et se ferme sans pouvoir prononcer le moindre son, sans libérer ni recueillir la moindre parcelle d’air.
(Ly…sis…)
Même mes pensées sont troubles, imprécises, floues. Je me sens partir… Mais une chose se passe. Je ne comprends pas tout de suite quoi, mais j’ai déjà vécu ce sentiment, cette sensation. Mon corps se transforme, se fond dans celui de Lysis, qui se plaque contre moi alors que Malikhen semble, rageur, ne pas se préoccuper d’elle tant il cherche à me tuer. Et je me change. Mes muscles s’épaississent, ma peau change de consistance, de couleur. Elle prend l’aspect de ma fusion avec Lysis, d’or et d’argent marbrés. Je grandis, aussi, m’alourdis, rattrapant le géant en taille. Mes armes, dans mes mains aux griffes noires, s’enflamment l’une après l’autre. Le métal rougit, bouillant, et je frappe de nouveau mon ennemi avec. Cette fois, elles s’enfoncent dans sa chair, profondément, cautérisant directement la plaie en ressortant tant le feu qui les rend plus puissantes est fervent. Les mains de mon adversaire me lâchent. Elles ne m’étouffaient plus, de toute façon.
Moi aussi, maintenant, j’ai un regard de braise. Et je regarde de haut celui qui croyait m’avoir vaincu. Un doute passe sur son visage, mais il ne s’avoue pas défait. Il s’empare de son arme et me donne un coup puissant que, cette fois, je n’essaie même pas de parer. A son tour de ressentir ce que ça fait d’être face à un ennemi qui ne se fait pas blesser par les armes. Son coup m’atteint sans me blesser, s’arrêtant net sur ma peau de feu et de cendre.
« Non ! Cela ne se peut ! »
La colère atterrée est perceptible dans son interjection. Il recule prestement, et je m’avance vers lui.
« Ton règne est fini, tueur d’innocents. »
Enfin, nous pouvons nous battre en égal. Je me fends vers lui pour le pourfendre, mais il dévie mes lames de la sienne, tentant à nouveau de me frapper, vainement. Je renchéris, bondissant vers lui, tournoyant, sautant, plongeant dans une danse frénétique, et pourtant familière. La danse des sabres. De nombreuses fois, mes armes le transpercent, mes lames le tranchent, désormais renforcées par le pouvoir de la magie de Lysis. A chaque fois, les plaies sur son corps sont noires, carbonisées et sanglantes. Je finis mon enchaînement dos à lui, mais je le sais abattu. Il tombe un genou en terre, appuyé sur son épée au sol, tête baissée. Sa voix grave, alors que je me retourne vers lui, est implorante.
« Tu as gagné. Tu as prouvé ta force, ta valeur. Garde-moi en vie, et je te suivrai dans ton combat. Ne sois pas ce que je fus, un tueur sanguinaire. »
Bien essayé. Vraiment. Mais je sais qui je suis. Je sais que je n’ai aucun remords à arracher la vie. L’honneur, je n’en ai que faire. Mon regard est tant satisfait que mauvais lorsque ma rapière se plante dans sa gorge et en ressort, et lorsque ma métamorphe, changée en sabre du désert tranchant et large, lui coupe la tête net dans un bruit sec. Les tatouages sur son corps se foncent, s’éteignent alors que sa tête finit de rouler à mes pieds. Ma fusion s’arrête au même instant, et je récupère ma forme originelle, alors que Lysis disparaît dans la sienne au cœur de mon diadème. Je pose un pied victorieux sur cette tête et me penche vers lui pour lui susurrer, comme s’il pouvait encore m’entendre :
« Je suis un tueur sanguinaire. Voilà où était ton erreur. »
Je me redresse enfin, et sens toute l’adrénaline s’évacuer d’un coup de mon corps. Je chois à genoux contre le sol. Une silhouette s’approche de moi, celle de la femme qui s’était protégée derrière l’armoire. Elle se penche sur moi, et de ses lèvres sort une son délicat à mes oreilles. Un mot que je ne comprends pas.
« Mukha. »
Lysis me murmure dans l’esprit que ça signifie « chef » dans son langage, mais… je ne l’écoute guère. Je me laisse aller à ma propre inconscience. Je chois sur le sol, dénué de toute force. Vidé, je me laisse aller, là, à même le sol, sans sécuriser la zone, ni vérifier que les intentions de la jeune femme sont pacifiques, à un sommeil profond, proche de l’inconscience.
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