Biographie
Au sud du désert de l'Est quelques maisons de pierres et d'argile sont groupées sous la fraîcheur d'une palmeraie où poussent divers arbres fruitiers et entre lesquels on peut apercevoir des chèvres allant et venant, parfois même un dromadaire. C'est l'oasis d'Azzaï où vit aujourd'hui la famille Anemenr'i, ralliée au clan des Kel Attamara. Versés dans l'art de la guerre, c'est en s'alliant aux Akessa, une famille d'agriculteurs et aux Iour'san, des cousins éloignés éleveurs de bétail, qu'ils ont pu s'installer et conserver Azzaï.
C'est ici par une nuit noire et printanière de l'an -20, que Kwella, originaire du clan des Ben Ahemait vient de donner naissance à son premier enfant. Elle est allongée sur son lit, ses longs cheveux frisés et roux sont collés sur son front par la sueur et ses grands yeux noirs regardent la fille qu'elle porte maintenant dans ses bras. A ses côtés se trouve un homme de grande taille, aux yeux d'un vert limpide sous des cheveux noirs et crépus, c'est son époux : Hordak. Le petit être pèse déjà bien trois kilos pour cinquante centimètres. D'une voix fatiguée, Kwella baptise sa fille, lui donnant le nom de famille de son père et celui du clan auquel ils appartiennent, comme le veut la tradition.
"Ariane Anemenr'i Kel Attamara."Les Anemenr'i vont et viennent régulièrement dans le désert bleu, vivant souvent en nomades à l'inverse des deux autres familles qui gèrent l'oasis et sont devenues sédentaires, laissant aux guerriers le soin de livrer le bétail et les victuailles en différents endroits du désert. Ariane n'est qu'un nourrisson lorsque ses parents l'emmènent dans une caravane en partance pour le Palais du Désert. Là-bas, Hordak la mène au temple de Yuimen pour que l'officiant du temple bénisse sa naissance, heureux, comme tous, de cette nouvelle arrivée qui amène une nouvelle fidèle et combattante aux côtés du grand dieu de la terre et de la vie.
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Les héritiers de la famille de guerriers de l'oasis Azzaï, sans distinction de sexe, sont introduits très tôt dans cette voix des armes. Ariane fut instruite par son propre père, dans un nid familial empli d'amour et de joie. Lors de ses temps libres, la jeune fille se lia d'amitié avec l'un de ses cousins : Maysar, ainsi qu'avec un des fils des Akessa : Ichkan, qui l'acceptèrent à leur côté, son statut de future guerrière effaçant celui de femme.
En l'an -10, au cours d'une chasse, Ariane sauve la vie d'un lionceau blessé et traqué par des hyènes en les faisant fuir de ses flèches. Encore tremblante d'adrénaline et le lionceau ayant disparu, elle rentre pour découvrir qu'au village Kwella a accouché de son deuxième enfant. Le petit roux aux yeux noirs qui l'attend à son retour lui fait remercier Yuimen de ce qu'elle prend pour un signe bénéfique et elle baptise avec émotion son frère du simple nom de lion.
"Al-Ayrad Anemenr'i Kel Attamara."***
Des caravanes qui passaient par l’oasis d'Azzaï, l’une d’entre elles resta plusieurs lunes, installant leurs tentes tout près du petit village. Certains membres furent logés chez l’habitant, le Peuple des Dunes ayant un sens profond de l’hospitalité. Hordak ouvrit sa maison à Selmed, un ancien précepteur aujourd’hui marchand nomade. A la demande de Kwella et d’autres mères, l’ancien instructeur accepta d’enseigner son savoir à Ariane, ainsi qu’aux enfants des trois familles qui venaient d’atteindre douze ans, considéré chez eux comme l’âge de raison. La caravane repartit, mais Selmed s’entendant bien avec l’ensemble des familles décida de rester un temps parmi eux.
L'automne de l’an -4 apporta le malheur jusqu’à l’oasis retranché au fin fond du désert. Une caravane s’arrêta à l'oasis, accueillie avec courtoisie par ses habitants. Tout se passa bien jusqu’au soir où des bruits de fer vinrent perturber le sommeil des familles. Les hommes de la caravane avaient sorti les armes et attaquaient leurs hôtes en traître ! Les guerriers Anemenr'i tentèrent de faire entendre raison à leurs adversaires, mais c’était peine perdue et une bataille rangée s’engagea. Quelles ne furent pas la consternation et la fureur d'Ariane lorsqu’elle aperçut Selmed poignardant son père dans le dos ! Elle se jeta sur lui, et malgré sa jeunesse, parvint à le faire reculer, sa force décuplée par la rage. Le combat fut rude, et Selmed blessa plus d'une fois la jeune fille avant de trébucher sous un coup plus violent. Tombant à la renverse, il resta inconscient sur le sol. Désorienté Ariane n’eut pas le temps de réfléchir à ce qui s’était passé. Elle venait de tuer celui qui fut un ami. Mais cet ami avait assassiné son père !
"Ils s’enfuient !"C’était le cri d’un des siens. En effet, les survivants du côté adverse se retrouvant en nombre inférieur, s’enfuyaient à dos de chameau. Mais c’est un autre cri qui glaça Ariane. La voix de son frère provenant du groupe en fuite. La jeune fille sauta sur le dos d’un cheval est se lança à la poursuite des fuyards, qui emmenaient tout de même des prisonniers. Elle ne put que rattraper l’arrière-garde, mais les massacra jusqu’au dernier. Elle continua à suivre les traces de ses ennemis, mais la sombre nuit les effaça bientôt à son regard épuisé. Blessée, elle tomba de sa monture, le crâne résonnant d’une douleur sans fin.
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Elle fut trouvée au petit matin et ramenée à l’oasis. Les survivants remettaient en ordre leurs maisons et soignaient leurs blessés. Lorsque Ariane reprit connaissance, c’est l'aîné des Anemenr'i qu’elle trouva à son chevet. Ce dernier lui annonça d’une voix infiniment triste que son père Hordak, ainsi que ses amis Ichkan et Maysar avaient péris au cours de l’affrontement. Mais quand il lui dit que Selmed allait s’en sortir, que ses blessures n’étaient pas trop grave, Ariane jaillit de son lit, une haine défigurant son visage.
"OU EST-IL ?" hurla la fille des Dunes.
Devant l’incompréhension du chef, Ariane lui expliqua brièvement l’épisode de la veille. Sa colère se propagea à son aïeul et ils se rendirent au lit de Selmed. Ce dernier ouvrait tout juste les yeux. Sous le feu de questions du chef, il finit par avouer qu’il appartenait en fait à une famille du clan des Ben Ahemait, et que la bande, adoratrice de Phaïtos et Thimoros, voulait simplement s’emparer de cette oasis productive et bien située. A l'évocation du clan de Kwella, le chef pressa Selmed de nouvelles questions. Mais il n'eut pas le temps d'avoir des réponses, aveuglée par le désespoir et la haine, Ariane avait sauté sur Selmed et lui ouvrait la gorge.
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Ariane refusa d'abord d'imaginer que sa mère était mêlée à ce massacre, malgré les témoignages de certains affirmant qu'elle n'était pas partie prisonnière. Une fois son père incinéré, elle n'eut de pensées que pour son frère et occultant Kwella elle annonça son départ aux siens. Tout ce sang sur ses mains, ses lieux familiers, ses visages tristes, elle ne parvenait plus à le supporter. Alors âgée de seize ans, elle laissa derrière elle le village de son enfance et ses souvenirs, elle se dirigea vers l'ouest puis le nord, espérant avoir des échos de cette troupe d’hommes blessés. Mais elle n’entendit rien à leur sujet.
Commença alors pour la jeune fille des Dunes une longue errance de plus de cinq ans à travers le désert de l'Est et jusqu'au Comté de Nélys. Elle passa du temps à Yarthiss, avant de traîner ses bottes autour du territoire des Sororité de Selhinae et près du Royaume d'Eniod. Elle alla jusqu’aux montagnes d'Hidirain avant de revenir vers le nord et de s’arrêter à Tulorim en l'an 0...