<< AuparavantExploration nocturne
Il faisait nuit noire lorsque nous atteignîmes les abords de la forteresse, la Lune étant masqué par de sombres nuages. Ce n’était guère un problème pour moi et je pus détailler sans problème le bâtiment. De grandes tours, des murs crénelés et probablement épais, un seul passage par le pont et une porte où devait se tenir une herse. Je ne repérai personne sur les murs où les tours, comme s’il n’y avait aucune surveillance, ce que je trouvai un peu étrange. Pourquoi habiter une forteresse si c’est pour la laisser aussi ouverte qu’un moulin ? J’eus beau scruter encore et encore, je ne voyais personne et fis donc signe à Sorinion que personne n’était en vue, ce qui lui fit froncer les sourcils, lui aussi trouvait ça étrange. A pas de loups, je m’engageai sur le pont et le traversai sans encombre, la main posé sur la poignée de ma lame. Je regardai à l’intérieur et vis une cour tout aussi vide que le reste. Sorinion me rejoignit, toujours avec cet air inquiet sur le visage. J’avais mis mon masque donc il ne pouvait pas deviner mais j’étais aussi inquiète que lui, cette surveillance laxiste n’était pas forcément une bonne chose pour nous, ils pouvaient très bien être en embuscade. Il me fit signe d’entrer dans le bâtiment face à nous et il se dirigea vers la gauche.
Je traversai la cour plongée dans l’obscurité pour parvenir dans un grand hall complètement vide. Je ne m’y attardai pas outre mesure et le traversai silencieusement. Il y avait plusieurs portes et escaliers mais vu la poussière de chacune des voies, personne ne devait être passé par là depuis un moment. Je pris un couloir qui m’emmena de nouveau dehors et aperçu une immense tour carrée qui dépassait de loin les autres alentours. Il y avait de la lumière dans les derniers étages, il devaient se trouver là, mais où était les gardes ? Comme pour répondre à ma question, deux ombres passèrent à l’une des fenêtres et je supposai donc que les gardes vérifiaient uniquement ce bâtiment précis, le reste étant bien trop grand. Je me dépêchai d’atteindre la porte qui ouvrait la tour et pénétrai à l’intérieur. Contrairement au reste du castel, ici le ménage avait été fait donc ils devaient probablement tous vivre là-dedans. Je fus partager entre mon envie de découvrir la suite et celle de prévenir Sorinion. Préférant jouer la carte de la prudence, je ressortis pour mettre la main sur mon compagnon. Je retournai dans le hall ou je vis sa silhouette. Il avait allumé une torche, il était fou ou quoi ?
(Yliria attend !)- Sorinion, j’ai trouvé les…Il se tourna en m’entendant mais ce n’était pas Sorinion. Il était grand, blond et portait une armure mais ne ressemblait en rien au danseur. Merde, c’était un garde et je l’avais alerté toute seule comme une idiote ! Ce dernier jeta sa torche au sol et pris son arme, une grande hallebarde, avant de s’approcher de moi. Je reculai lentement, essayant de trouver une échappatoire. A ma grande surprise il s’arrêta et me parla d’une voix grave mais sans animosité.
- Déposez vos armes et je vous emmène jusqu’à notre chef, il veut vous voir.L’idée d’être à la merci de ces types ne m’enchanta guère aussi je dégainai avant d’enflammer ma lame.
- Vous n’aurez pas mes armes, je me débrouillerai pour trouver votre chef, n’ayez crainte, tirez-vous !Il ricana et, empoignant son arme à deux mains, se mit en garde à son tour. En y regardant de plus près, ce n’était pas une hallebarde qu’il avait, on aurait dit une grosse hache en croissant avec un long manche.
(Une bardiche, simple mais efficace.)(Tu me reparles finalement ?)(Ce n’est pas le moment ! Concentre-toi !)Je faisais donc face au garde qui s’avança vers moi d’un pas rapide, mais sans charger ou hurler. Il brandit son arme et fit un large balayage avec. Je tentai d’esquiver en reculant mais je n’avais pas l’habitude de ce genre d’adversaire et j’avais mal estimé son allonge. Sa lourde lame percuta la mienne et le choc me projeta au sol. Je n’avais rien mais la violence du choc me coupa le souffle et je cherchai tant bien que mal à me reprendre tandis qu’il refaisait le même geste. N’étant pas stupide, je me plaquai au sol cette fois et le coup me passa largement au-dessus. Je me relevai en inspirant avant de lui foncer dessus. Si je voulais avoir une chance, je devais réduire la distance entre nous, son allonge m’handicapait beaucoup trop. Je tentai un assaut pour atteindre son torse mais il dévia ma lame avec le manche de son arme et me donna un coup avec pour me faire reculer. Il ricana en me toisant.
- Voyons jeune fille, tu devrais avoir compris que tu n’as aucune chance. Rends-toi et tu arriveras entière devant mon chef. Si tu résistes, je risque de te blesser et de vouloir m’amuser un peu.Je lui lançai un regard noir qui le fit s’esclaffer, mais je ne répondis pas et invoquai une boule de feu, ce qui fit taire son rire. Il ne se départit pourtant pas de son sourire méprisant.
- On passe aux choses sérieuses alors ? Intéressant…Il se campa fermement sur ses jambes et je l’entendis souffler en plissant les yeux. Il préparait quelque chose et je devais l’en empêcher au plus vite. Je lançai ma boule de feu et me ruai sur lui. Il reçut la boule de feu en plein torse et alors que j’allais l’atteindre, il bougea si vite que je n’eus pas le temps d’esquiver. Il frappa violemment ma main avec la manche de son arme et j’entendis distinctement un craquement. La douleur me fit hurler et je tombai au sol en lâchant mon arme dont les flammes s’éteignirent. Mon adversaire grogna aussi de douleur à cause de mon orbe enflammée et je le vis éteindre tant bien que mal le feu qui rongeait ses vêtements. Il me regarda d’un œil moqueur tandis que je me relevai en tenant ma main blessée contre mon torse.
- On fait moins la maligne maintenant pas vrai ? Tu veux continuer ? La prochaine fois c’est ta jambe que je vais viser.Il se remit en garde et je luttai pour ne pas céder face à la douleur. Je ramassai mon arme avec ma main valide et me remis en garde en enflammant de nouveau ma lame. Le garde eut un rictus narquois et attaqua de nouveau, sans relâche. J’esquivai tant bien que mal ses assauts mais l’un d’eux me fit une belle entaille sur mon bras blessé, et un autre me projeta au sol. Je commençai à sérieusement fatiguer malgré la courte durée du combat et je n’avais guère l’habitude d’utiliser ma main gauche, je manquai de précision. Je me relevai malgré tout et fut satisfaite de son air contrarié.
- Ecoute gamine, si je te tue ou si je t’amoche trop je vais avoir de gros problèmes, rends-toi bien sagement maintenant !- Même pas en rêve !Il fronça les sourcils et se campa sur ses jambes comme pour se préparer. Et merde, je faisais la fière comment j’étais censé faire ? L’autre en face me regarda en souriant, garde levée, attendant que je fasse une attaque. Un mouvement simple, rapide, qu’il ne pourrait pas esquiver ou contrer, un simple coup d’estoc, de toute façon je ne pourrais pas faire plus. Je me tendis, la main proche de ma poitrine, une jambe en arrière et me concentrai sur mon souffle, oubliant la douleur, visant un point précis : la gorge de mon adversaire. Il n’était pas loin, je l’attendrai d’un bond et il ne faisait pas mine de bouger. Mais il commençait à devenir moins attentif, je pouvais le sentir, comme s’il perdait patience. Il soupira légèrement, sa garde se baissa pendant une fraction de seconde et je poussai sur ma jambe en détendant mon bras pour frapper. Vive comme l’éclair, je fus sur lui et il put seulement lever légèrement son arme. Ma lame rencontra la partie non protégé de son armure et je lui transperçai je bras jusqu’à la garde, manquant sa gorge d’un millimètre. Il grimaça de douleur et lâcha son arme pour m’attraper par le cou tandis que j’essayais vainement de retirer ma lame de son bras. Il me souleva en m’étouffant à moitié, tout sourire ayant déserté son visage.
- Là tu m’as énervé gamine.Je suffoquai et il me jeta violemment au sol ou je tentai tant bien que mal de reprendre mon souffle en toussant. Il arracha ma lame de son bras dans un grognement et la jeta de rage dans le hall, hors de ma portée, répandant une large trace de sang sur le sol. Je me relevai en toussant toujours, ma main valide sur ma gorge et reculai vivement en le voyant approcher, une lueur de rage dans les yeux. Mon dos rencontra un mur et il me saisit de nouveau à la gorge, sans me soulever cette fois et eus un sourire mauvais.
- Tu pensais sans doute que je ne pourrai pas te faire de mal parce que sinon j’aurais des ennuis pas vrai ? Et bien tu as raison, je ne vais pas te faire de mal… enfin pas trop.Il me souleva juste assez pour que je doive me mettre sur la pointe des pieds pour ne pas étouffer et son autre main et me frappa dans le ventre, me coupant le souffle. Il recommença deux fois, jusqu’à ce que je voie des tâches danser devant mes yeux. Essayant tant bien que mal de respirer, je me concentrai avant de m’entourer d’une aura de feu. De surprise, il me lâcha et fis quelques pas en arrière en poussant un cri de stupeur. Je repris mon souffle et le contournai rapidement en courant pour ramasser mon arme. Il anticipa mon action et couru à son tour en ramassant sa bardiche. Lorsque je mis ma main sur la poignée de mon yatagan, il était sur moi et je roulai sur le côté pour esquiver de justesse un coup ascendant qui fractura la pierre des dalles. Je me relevai en vitesse et pris mes distances le temps de trouver une solution mais je n’eus que le temps de parer maladroitement un coup qui m’aurait probablement fendue en deux. Ça y’était, il voulait me tuer maintenant. Sa rage le rendit néanmoins moins prudent et après un assaut particulièrement virulent ou il fit tournoyer son arme et créa un grand arc de cercle que j’esquivai d’un bond en arrière, sa garde s’ouvrit et il perdit l’équilibre un court instant. J’en profitai et me précipitai sur son flanc avant d’enfoncer ma lame dans sa hanche. Il hurla de douleur et essaya de me frapper sans grande force. Je bloquai son bras avec le mien et retirai ma lame tandis qu’il titubait en me regardant d’un air mauvais. Il me fonça dessus et voulus me percuter. Je fis un bond sur le côté et il passa sur ma gauche. Il tenta de se tourner mais dans un mouvement vif, je lui bondis dessus et donnai un coup d’estoc, perforant sa gorge de part en part. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites puis il s’effondra sur le dos et je fis de même, exténuée, laissant l’arme plantée dans mon adversaire vaincu. J’examinai rapidement ma main meurtrie et constatai que je ne pouvais bouger aucun doigt, mon bras était lui salement amoché et également complètement inutilisable. J’avais quelques plaies ici et là et ma gorge me brûlait, mais au final rien d’autre n’était vraiment handicapant. Je fouillai mon sac pour en sortir la potion de soin lorsqu’un bruit me fit sursauter. Je vis un homme approcher et commençai à paniquer.
- Yliria ! Vous allez bien ?Sorinion me rejoignis et je soupirai de soulagement. Si cela avait été un autre garde, je n’aurai pas pu le gérer. Il s’agenouilla devant moi et pris un air inquiet en voyant mon état. Son regard passa de moi au cadavre du garde et il revint vers moi, avec une petite touche d’étonnement avant de grimacer en examinant mon bras.
- Vous vous êtes débarrassé de ce type ? Bien joué, vous êtes plutôt douée finalement. Montrez-moi votre bras… ce n’est pas beau à voir.J’eus un petit rire accompagné rapidement d’une grimace de douleur.
- J’ai vu merci et c’est aussi douloureux que ça en a l’air. J’ai une fiole dans mon sac pour ce genre de choses, pouvez-vous me la sortir s’il vous plaît ?Il acquiesça et me fit même boire en me soutenant, même si je n’en voyais pas l’utilité, j’avais mal au bras, pas ailleurs ! Le temps que la potion fasse effet, je lui racontai rapidement que je pensais avoir trouvé le lieu de vie du chef et il acquiesça avant de se lever.
- Bien, vous m’attendez là et…- Certainement pas ! Je n’ai pas fait tout ça pour rester en arrière. Je veux voir ce type ! Et puis il reste encore des gardes.- Seulement deux, j’en ai assommé un avant d’arriver ici, il n’est pas prêt de se réveiller.- Raison de plus pour que je vienne aussi.Je me levai, titubai un peu avant de reprendre contenance, j’allai récupérer mon arme et je rejoignis Sorinion qui n’avait pas l’air d’accord avec moi pour la suite.
- Vous êtes sûre ? Vous êtes blessée et votre état…- Je vais bien, la potion a agi, je ne sens presque plus aucune douleur et je peux bouger la main. Je vous ai dit de ne pas vous inquiéter pour moi.Il haussa les épaules et abandonna, conscient que je ne changerai pas d’avis. Nous reprîmes ensemble notre exploration et nous dirigeâmes vers la tour carrée où je pensais trouver enfin celui qui me traquait depuis tout ce temps.
(((HRP : utilisation d’une dose de la fiole de soin)))