Un fort vent tournoyait, s'enroulait langoureusement autour du vieux tronc. À mesure que la main droite - la gauche immobile pour maintenir le vent où il se trouvait - qui faisait de petits cercles, accéléraient, autant en faisait ce courant d'air. L'herbe se coucha sur les sols, les buissons finirent par se courber tout autant et perdre leurs épines par paquets et l'on sentit même les arbres alentours subir une grande pression. Mais quand, abaissant les mains, Maelgion abaissa son sort, sa cible était toujours intacte. Bien sûr, la ramure, dans ses extrémités, avait pu perdre quelques feuilles mortes, mais l'écorce n'avait pas une seule fois était inquiétée. Mais où était l'erreur ? Maelgion prit le temps de retrouver son souffle - faire de la magie l'épuisait dans la même mesure que les travaux de champs - avant de recommencer. Cette fois-ci, quand il estima sa tornade suffisamment puissante, il fit le geste de l'écrabouiller entre ses mains. La tornade s'anéantit d'elle-même, d'un seul coup. Mais elle n'eut toujours pas d'effort sur la cible...
Néanmoins, alors que le jeune garçon s'était approché de l'arbre pour s'assurer de son échec - ou plutôt avec l'espoir que ce n'en avait pas été un - il constata que l'herbe, dans un rayon d'un pas au pied de l'arbre, avait été totalement arrachée et le sol mis à nu. Il fronça les sourcils. Le sort qu'il était en train de mettre au point, loin de détruire la cible semblait plutôt détruire ce qui était alentours. Comme il partait sur une variante de son Armure d'Alizée, cela n'était, au fond, pas incongru. En revanche, cela lui donnait une idée. À nouveau, Maelgion s'éloigna d'une dizaine de pas du tronc qui était devenu son pantin d'entrainement et il reforma son petit cyclone. Plus puissant, toujours plus puissant. À présent, même les hautes branches des arbres qui étaient près du tronc constituant l’œil du cyclone, se pliaient, se tordaient et certaines même se cassaient et étaient expulsées au loin. Voyant cela, le petit mage bondit de joie.
"J'ai réussi !"
Et aussitôt :
"Vite ! Il faut que je montre ça à Lenen !"
Il se tourna de tous côtés dans l'espoir d'apercevoir son frère. Mais, pour les besoins de son entrainement, il avait pris ses distances par rapport à la maison et aux champs qui l'entouraient. D'un pas léger, il reprit donc le chemin de son chez lui où sa mère avait sûrement presque achevé la préparation du repas de midi. Tandis qu'il était encore loin, il aperçut, derrière, près d'un bosquet, la silhouette familière de son benjamin qui sautait dans les tous sens. Son sourire s'élargit et il pressa le pas pour le rejoindre au plus vite. Pour une raison qui lui échappait, Lenen brandissait un morceau de bois et battait l'air comme leur mère battait le linge. Soudain, rencontrant un obstacle, le morceau se brisa. Ce fut à cet instant que Maelgion arriva près de son petit frère.
"Lenen ! Lenen ! J'ai un truc sensationnel à te montrer, regarde !"
Tout excité, le jeune mage se campa bien droit sur ses deux jambes et visa son frère lui-même. Tirant la langue sous l'effet de la concentration, il tendit la main gauche et agita la main droite. Bientôt, le cyclone se forma. Il devint de plus en plus puissant jusqu'à ce qu'une touffe d'herbes, aux pieds de l'être chéri, fût déraciné et envoyé au loin. Tout fier de lui, Maelgion fit retomber le vent magique.
"Alors ? T'en dis quoi ? C'est génial, n'est-ce pas ?"
_________________ L'aîné
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