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 Sujet du message: Re: Lac de Hynim
MessagePosté: Lun 14 Mai 2018 02:01 
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((( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à connotation violente, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))

Sauvetage Difficile :

Il ne reste rien, je retrouve la scène que j’ai laissée derrière moi, un village fantôme, dévasté, la puanteur de la mort me pique l’œil et me fait frémir. Suis-je arrivé trop tard pour les prévenir ? Ou est-ce que notre message d’aide n’aurait de toute façon trouvé que la mort comme destinataire ? Je ne le saurai peut-être jamais. Je ne m’aventure pas plus loin, je reste figé, vide de tous sentiments et de pensées, incapable de ressentir de la tristesse, de la colère ou de la compassion.

Je ne sais pas combien de temps je reste immobile ainsi, le temps ne semble plus avoir d’emprise sur moi. L’obscurité de la nuit est totale. Je ne fais pas attention aux cris agités des corbeaux au-dessus de moi, suivi d’un grand bruit de battement d’ailes. Le village est silencieux comme une tombe. Un bruissement d’aile se rapproche de moi alors que je suis toujours hypnotisé, et soudainement un poids certains se fait sentir sur mon épaule. Ce choc soudain me sort légèrement de ma transe. Je ne vois pas l’animal qui vient de se poser sur mon épaule, mais son odeur nauséabonde m’agresse les narines et je sens ses serres agrippées à moi. Alors que mon œil s’acclimate à l’obscurité, je finis par identifier la créature. C’est un corbeau mais bien plus gros que ceux que j’ai déjà vu. Il semble me fixer lui aussi. Je ne sais pas pourquoi je ne le fais pas fuir, ni pourquoi je ne suis pas effrayé par cette bête, mais je reste ainsi à le regarder, jusqu’à qu’il finisse par me hurler dessus et s’en aller, son envol provoquant un puissant souffle qui me réveille. C’est alors que je prends conscience de l’absence des autres oiseaux dans le ciel.

Cette étrange rencontre m’aura au moins fait sortir de ma torpeur. Je ne prendrais pas le risque de m’aventurer plus loin, si des morts errent dans le village je ne les verrais jamais venir dans cette obscurité écrasante, et je n’aurais aucune chance de m’en sortir. La fatigue me frappe soudainement, je n’ai d’autres choix que de retourner en arrière au campement des deux rescapés, espérant qu’ils ne soient pas partis. Je retourne machinalement sur mes pas, je ne vois pas le temps passer alors que j’avance dans l’obscurité, me fiant uniquement au clapotis de l’eau pour rester à proximité du rivage. Plein de questions me hantent. Ont-ils été attaqués par le même groupe ? Était-ce une attaque coordonnée ? Y a-t-il eu des survivants ici aussi ? Et la plus simple et pourtant la plus angoissante de toutes : Pourquoi ?

Perdu dans mes pensées, je finis par apercevoir la lueur de leur feu, et je sens que quelque chose ne va pas. Un troisième individu est debout, dos à ma direction. Il ne peut pas être le messager, impossible qu’il se soit remis si vite de sa blessure ; de plus ses vêtements sont différents, il est habillé d’une simple tunique sous ce qui semble être une armure de cuir, il porte des braies et son visage est dissimulé sous une capuche rouge. Loin d’être un de ces soldats meurtriers en armure. Je m’approche avec prudence, si je reste discret il ne pourra pas me voir arriver. Je suis finalement assez proche pour voir la scène dans son ensemble. La femme est à genoux près de lui, je l’entends sangloter et le supplier alors que son compagnon est à terre, levant les mains en signe de pitié vers l’intrus pointant une épée sur lui. Il se débarrasse de la compagne d’un revers violent de la main et s’approche de l’homme à terre.

Je suis exténué mais je dois agir vite. Je vois le bandit armer son coup et se préparer à l’achever. Les idées obscurcies par mon état, je n’ai qu’une idée saugrenue pour essayer de le sauver avant qu’il ne soit trop tard. Je récupère l’épée à ma ceinture à la lance, manquant de tomber à cause de la fatigue, en essayant de viser l’individu. Je rate ma cible d’un bon mètre mais j’obtiens l’effet escompté. Il interrompt son mouvement pour regarder avec incrédulité l’objet qui vient de s’écraser sur le sol dans un fracas métallique, sortant de l’obscurité. Je tente ma chance alors qu’il est distrait, et fonce sur lui, préparant un revers de mon arme pour l’envoyer au sol. Mais je suis loin d’être assez rapide et discret, il se retourne et me voit arriver, et évite facilement mon coup. Je commence à trembler mais j’essaye d’enchainer en me retournant avec un autre coup de bâton. Mon attaque n’a aucune force, il arrête facilement mon arme avec sa lame et m’envoie un violent coup de poing dans le ventre. Je me retrouve sur un genou, me tenant l’abdomen en grimaçant. J’arrête de justesse avec mon bâton son épée qu’il essaye d’abattre sur ma tête, mais l’impact brutal de l’acier me fait lâcher mon arme, et son pied vient me frapper directement dans le menton, m’envoyant au sol, alors que le choc se propage dans mon crâne déjà endolori.

Ma vision se trouble. Un bourdonnement insupportable résonne dans mes oreilles. Ma respiration devient forte et difficile. Je suis sonné, allongé dans l’herbe, tremblant et suant alors que le truand vient pour m’achever. Je le vois se tenir au-dessus de moi, lame à la main et sourire mauvais en coin.

« Voilà ce qu'il se passe quand on veut jouer les héros, imbé … »

Ses yeux s’écarquillent soudainement, la fin de son mot se transforme en gargouillement incompréhensible alors que du sang commence à couler de sa bouche. Il cherche sa respiration en vain, porte les mains à sa gorge en lâchant son arme. J’aperçois alors la lame de l’épée que j’ai jetée en travers de son cou. La femme tient l’arme, les yeux tout aussi écarquillés que sa victime, éclaboussée de sang. En cet instant terrible, elle sacrifie sa pureté pour sauver ma vie. Le bandit s’effondre à côté de moi alors qu’elle lâche enfin sa prise, choquée, pleurant alors qu’elle se tient la bouche d’une main. Son compagnon me regarde avec mépris, se tenant les côtes et respirant furieusement alors qu’il vient d’échapper à la mort. Il me dit quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. Je me hais pour ce que je viens de faire, à cause de moi cette innocente est devenu une meurtrière malgré elle. Ayant épuisé toute mon énergie, n'ayant plus la moindre volonté et ma tête sur le point d'exploser, je tombe, pour la deuxième fois durant ce jour maudit, dans l’inconscience.

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 Sujet du message: Re: Lac de Hynim
MessagePosté: Jeu 26 Juil 2018 23:47 
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Un nouveau réveil :

L’avantage quand on tombe dans les ténèbres de l’inconscience, épuisé et à bout de forces, c’est qu’on n’a pas vraiment l’occasion de rêver, ou de s’en souvenir tout du moins. Malgré les évènements terribles qui venaient de se produire, je passais ma première bonne nuit depuis quelques années. J’aurais souhaité rester à jamais dans ce cocon obscur, à l’abri du chaos et de la destruction qui m’attendent à l’extérieur, mais malheureusement il semblerait que la vie n’en ait pas encore terminé avec moi, et que mon destin n’était pas de mourir ici. C’est ainsi que j’émergeais lentement des noirceurs de mon esprit, le vent se faisant sentir sur ma peau, l’agréable bruit de l’eau douce se faisant de plus en plus clair, et la lumière du soleil perçant le voile sombre qui recouvre mon œil valide. J’ouvre finalement mon œil sur un ciel bleu azur, allongé au même endroit que la veille suite à la rossée que j’ai reçue, et je reste ainsi à contempler ce beau saphir inatteignable, sans penser à rien, répétant machinalement mes prières habituelles au soleil qui se lève encore sur mon visage. Mais ma conscience finit par émerger à son tour, et je perds vite mon mince sourire lorsque je me souviens de tout ce qui m’a amené en face de ce spectacle. Je prends appui sur mes mains pour me redresser difficilement, réveillant au passage la douleur qui sonne dans mon crâne, et fait un état des lieux. Le couple qui m’a recueilli est assis autour des restes de leur feu, mangeant un maigre repas pour tenir la journée. Les yeux de la femme sont toujours rouges, et les sillons de larmes sur ses joues montrent qu’elle a encore pleuré récemment. L’homme est dos à moi et je préfère ne pas le provoquer pour l’instant, mais je vois à sa posture que ses côtes ont toujours l’air endolori. Le messager a repris des couleurs et sa respiration est devenue calme et régulière, il est toujours endormi mais je suppose qu’il devrait bientôt se réveiller. Son cheval c’est un peu éloigné de nous, et semble profiter avec innocence de la praire environnante.

Aucune trace du bandit qui les a attaqués, si ce n’est l’épée qui a mis fin à ses jours, jetée à côté de moi. Je grimace légèrement en pensant qu’elle est maintenant recouverte du sang d’un autre homme en plus de celui de son propriétaire, alors que j’avais juré de l’utiliser pour punir ceux qui nous ont détruits. Mais après tout il y avait bien des humains dans le contingent qui a massacré mon village. Cette réflexion me plonge une fois de plus dans l’incompréhension. Dans tout ce qu’il m’a enseigné, mon mentor opposait les vaillants, droits, justes et fiers hommes, héritier de la lumière, aux répugnants et sales humanoïdes à la peau verte qui infestent le territoire au-delà des montagnes, à peine plus intelligents qu’une bête et juste enclin à la violence, vénérant leur tout aussi méprisable dieu sombre. Leurs dérives physiques par rapport aux hommes témoignant de la corruption de leurs âmes. Mais alors que faisaient certains de nos frères à accompagner ses créatures malfaisantes dans leur destruction ? Arborant des symboles de la fille des ténèbres.

Je n’aurais pas le temps de pousser plus loin toutes les remises en question de mon enseignement aujourd’hui, car la fille vient de lever les yeux et de croiser mon regard, émettant un léger hoquet étouffé et baissant immédiatement les yeux sur son repas. Son compagnon se retourne pour voir ce qui a provoqué cette réaction, son regard est terne et froid, il semble avoir perdu toute la fougue qui l’animait hier soir. Il m’ignore sans rien dire, se retourne pour continuer à manger. Je me lève lentement, faisant craquer mes articulations endolories par les événements de la veille. Mon bâton est là où je l’ai laissé tomber lorsque le bandit m’a mis à terre, et je m’avance lentement pour le ramasser, lui qui hier encore était juste signe de mon rôle de guérisseur et d’enseignant, est maintenant tordu à l’extrémité, couvert de sang, de terre et de boue. Je reprends ma lente marche habituelle avec mon bâton, bien qu’il n’y ait plus personne à impressionner, et m’approche du couple, remarquant une troisième assiette posée près du feu. J’essaye de mettre de côté mon caractère asocial dans cette situation tragique, et tente de retourner dans leurs bonnes grâces avec une proposition, ma voix brisant un silence écrasant qui ne m’avait pas perturbé jusque-là.

« Vos côtes ont l’air de toujours vous faire mal, je peux y jeter un coup d’œil si vous voulez »

Il se retourne à nouveau, lentement, plantant ses yeux verts dans mon regard d’acier. Il me répond d’une voix monotone, rendant encore plus violente sa déclaration assassine.

« Tu peux jouer au guérisseur, faire le beau avec tes pouvoirs, mais au fond tu n’es qu’un démon sorti de nulle part »

Sa femme lève brusquement la tête, le fixant avec un air furieux. Tout comme la dernière fois, je n’ai aucune réponse à lui apporter, je sais très bien que je suis mal vu par la plupart des autres villageois, par superstition, mais cette fois-ci ses paroles me frappent plus qu’à l'accoutumée. Après avoir été témoins du vrai chaos causé par les créatures infernales d’Oaxaca, être considéré comme un démon me choque. Néanmoins je ne démords pas, tel est mon rôle en tant que guérisseur, je reste de marbre devant ses accusations, me promettant d’y réfléchir plus tard. Je réponds calmement, mais ma voix se fait plus grave que d’habitude, presque un grondement.

« Je peux ? » Dis-je en désignant du doigt son côté endolori.

Il ne répond pas mais lève quand même sa chemise sale et tâchée de sang en grimaçant, laissant apparaître un large hématome sous son bras droit. Je soupire intérieurement, content de voir qu’il accepte de se faire guérir malgré son insistance sur ma mauvaise nature. Je m’assois dans l’herbe verte à côté de lui, place mes mains à quelques centimètres de la boursouflure violacée qui déforme sa peau et, comme je l’ai déjà fait plusieurs fois, ferme mon œil en me concentrant pour diriger le fluide de lumière vers mes paumes, l’extrémité de mes doigts et enfin la plaie. Alors que je m’apprête à communier avec ma déesse, comme je le fais à chaque acte magique, la femme prend soudainement la parole.

« Alors, qu’avez-vous trouvé au village ? Vous êtes revenu plutôt vite.»

« Rien, il est en ruine » Dis-je, me remémorant brièvement les décombres de la maison que j’ai rencontrée.

Ma réponse sèche la rend muette, elle se retourne vers son repas, perdu dans ses pensées.

« Je suis désolé »

« Vous n’y pouvez rien, vous avez essayé » Dit-elle, sa peine contagieuse résonne en moi.

« Non, je suis désolé de vous avoir obligé à ternir votre âme pour sauver la mienne » Dis-je en me tournant vers elle, l'air grave « Je prends l’entière responsabilité de votre acte, et en assumerais les conséquences devant les dieux »

« Vous nous avez sauvé le premier » Dit-elle d’une voix étranglés, prête à se briser en sanglot.

Mon discours religieux ne semble pas apaiser sa conscience, elle se retourne à nouveau vers son bol, remuant sans but sa nourriture, tentant d’évacuer son anxiété. Elle change brusquement de sujet, me ramenant à une réalité plus prioritaire pour l’instant.

« Nous allons partir sur le lac, et rejoindre Kendra Kar en suivant le fleuve Kenaris, ce sera plus rapide qu’à pied, vous voulez vous joindre à nous ? »

Je sens l’agacement de son compagnon à cette demande.

« Non merci, déposer moi juste avant de rejoindre le fleuve, je suivrais la route à pied »

« Vous êtes sûr ? Ce sera beaucoup plus long »

« Vous devez prendre le messager avec vous, il ne pourra pas marcher facilement lui. Et je ne pense pas que vous ayez suffisamment de provisions pour 4 personnes »
Elle ne me contredit pas sur ce point.
« J’aimerais aussi profiter de ce temps seul, j’ai plein de questions auquel je dois réfléchir sans être dérangé… »

« Si vous voulez » Dit-elle après un moment « Mais si vous avez besoin d’aide, ma famille habite proche de l’entrée est de la ville, au sud de l’arène »

Nouveau soupir agacé.

« J’y penserais, je n’ai jamais visité Kendra Kar encore »

« Je vous ferais visiter avec plaisir » Dit-elle en relevant la tête, un sourire ne masquant pas ses yeux larmoyants.

Je retire finalement mes mains de la blessure, le bleue a bien diminué en volume mais n’a pas complètement disparu. L’homme lâche sa chemise et reprend son repas sans un mot, mais ses mouvements se font plus fluides qu’avant, ce qui emplit temporairement mon cœur de joie. Un petit geste, mais qui contribue à aider ceux qui ont pu échapper aux griffes de la mort. C’est alors que ma migraine revient soudainement me torturer. Chaque battement de cœur envoie une pulsation de douleur qui tambourine violemment contre mon crâne. Je tente de la dissimuler à mes compagnons d’infortune en serrant les dents discrètement et en me massant innocemment les tempes, priant Gaïa de calmer mon martyr, mais je me retrouve vite en sueur, craignant d’être repris d’une crise de tremblement. Le coup qui m’a été porté à la tête semble être plus sérieux que je ne le croyais, et j’aurais besoin de l’aide d’un guérisseur plus expérimenté que moi pour l’ausculter.

Heureusement, un bruit de frottement de tissu les a fait se désintéresser de moi, le messager s’est redressé, il a l’air confus mais bien portant et ils accourent à son chevet, nous allons pouvoir partir ...

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 Sujet du message: Re: Lac de Hynim
MessagePosté: Jeu 26 Juil 2018 23:51 
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Un nouveau départ :

Enfin un bref moment de joie dans le désespoir ambiant. Il leur raconte brièvement sa mésaventure, confirmant les événements qu'ils ont observés à distance. D'après ses dires, dès que le maire a entendu les cris venant de la forêt, il l’a envoyé requérir l'aide de nos proches voisins, espérant nous épargner un long enfer en réagissant vite. Bien mal lui en prit de s’exposer en terrain découvert ainsi, même s’il ne pouvait le savoir, c’est ainsi qu’il fut rattrapé par une flèche qui le mit à terre. Une fois fini, mes compagnons racontent à leur tour leur version de l’histoire, détaillant comment ils ont fui le village par chance car ils étaient à proximité de leur embarcation dès que les monstres sont sortis de la forêt. Une fois ma migraine calmée, je m'approche d’eux. Ma simple présence, ombre ténébreuse au tableau serein qu’ils représentaient jusque-là, met fin à leur discussion nostalgique et emplit de regret, souhaitant à tout prix rejouer la scène en l’améliorant comme ils l’auraient voulu. Je ne m’adonne pas à ce jeu, ils ne font que remuer le couteau dans la plaie béante que ses évènements laissent sur nos cœurs et mémoires et je refuse de penser au passé révolu, mais de voir ce qui peut doit être fait maintenant. Dans un acte que j’estime légitime dans une telle situation, je donne au messager la moitié de ma portion de nourriture et lui demande si je peux inspecter sa blessure pour m’assurer qu’elle cicatrise correctement, demande qu’il accepte avec reconnaissance. Pendant que je défais le bandage qui dissimule sa blessure, je décide de leur faire part moi aussi de ce que j’ai vu, et vécu, après la chute de notre ville. D’un ton neutre, ni rageur ni attristé, je prends la liberté de leur dire que le village n’est plus que la parodie de ce qu’il était, même habitants, mais scène tout à fait différentes. Les gens qu’ils ont connus dans leurs quotidiens passent maintenant leur temps à se dévorer entre eux, errant sans but dans un lieu maudit où le soleil n’osera plus poser son regard et où la terre est souillée et déformée par la magie sombre qui hante les lieux. Je les informe également de ce que j’ai trouvé à la destination de mon court périple, juste mort et désolation, pas de morts-vivants aperçus, les derniers habitants du lieu étant les corbeaux qui tournent en rond autour des ruines du village. Je ne réalise pas le choc que mes paroles sans détours provoquent chez ceux qui n’ont pas l’habitude de faire des cauchemars atroces presque chaque nuit qui précède le soleil, et me rend compte de l’horreur de mes paroles lorsque j’entends les bruits de la nature, pourtant très léger, retentir plus fort que la respiration de mes auditeurs. Pendant que j’inspecte rapidement l'état de sa blessure, je leur laisse quelques instants pour digérer mes terribles révélations et me décide à changer de sujet afin d’éviter une nouvelle crise de panique. Je demande au messager la signification des deux petites pierres qu'il transportait dans sa sacoche, mais il me confirme qu'il ne sait absolument rien de leur utilité, seulement qu'il était censé les donner aux maires de l’autre village en guise de « compensation » pour service rendu à la communauté.

« Vous pouvez les garder, c’est le prêtre qui les avait amené avec lui et qui les a donnés au maire, j’imagine qu’elle vous revienne maintenant » Dit-il d’un ton creux.

Mais son regard est toujours vide, de même que pour les deux autres occupants du camp. Sa blessure guérit bien, il ne reste plus qu’une petite partie ensanglantée au milieu d’une cicatrice en croix. Je souhaiterais bien finir le travail, mais la nature s’en occupera bien mieux que moi, même si je sais qu’au fond, je tente de me trouver une honteuse justification afin d'éviter de subir une nouvelle migraine intense. Remarquant soudainement l'état déprimé dans lequel mes paroles les ont laissés, je tente de leur changer les idées, mais le résultat est mitigé.

« Sinon, votre cheval est toujours là » Dis-je en essayant d'adopter un ton un peu plus enjoué, mais le résultat ne me convainc pas moi-même.

Malgré ce mauvais jeu d'acteur, mes paroles ont l’effet désiré sur le messager, il retrouve le sourire en voyant son destrier passer le temps un peu plus loin. Je ré applique un bandage sur sa blessure, et le laisse se lever pour aller rejoindre sa monture, apparemment heureux qu'elle ait pu survivre à l'apocalypse. Je ne suis pas expert en ce qui concerne le comportement animalier, mais vu que la bête se laisse toucher, en plus de s'approcher de son propriétaire, j'imagine qu'elle est aussi contente de le revoir.
Cette scène de retrouvailles pittoresque fait oublier temporairement aux deux autres la profondeur de leur désespoir, et leurs visages se tordent dans une forme de sourire attristé, hésitant entre deux émotions. Bien que je déteste les longues discussions, et que parler plus de trois phrases me fatigue, je sais qu’il est de mon devoir de les sortir de leur torpeur. J'en profite alors pour m'asseoir avec eux et entamer une discussion qui me semble importante, et qui permettra peut-être de leur changer les idées : notre voyage.

La discussion dure une bonne heure, au bout de laquelle nous nous sommes mis d'accord sur les modalités de notre traversée. Malgré les divergences d'avis, accentué par l'arrivée du messager au milieu du débat, le ton reste calme et réfléchi. Nous ne traverserons pas le lac de bout en bout en passant par le centre. Nous avons tous eu vent des différents mythes et légendes qui circulent sur les eaux troubles et profondes qui trônent au milieu du lac, et nous ne préférons pas éveiller je ne sais qu’elle monstruosité de Moura qui hantent ses profondeurs, ou pire encore.
Nous prenons donc le risque d'être repéré en longeant les rives du lac, ce qui sera plus long, mais ainsi le cheval pourra nous suivre de loin, et nous éviterons les ténèbres abyssales. Nous rangeons dans un silence religieux tout ce qui a été déposé à terre pour la nuit afin de les monter à bord de l’embarcation, avant d’embarquer à notre tour et de partir pour le large.

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 Sujet du message: Re: Lac de Hynim
MessagePosté: Jeu 26 Juil 2018 23:54 
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Un nouveau voyage :

Notre balade n’est pas de tout repos. Comme prévu, longer la rive nous prend bien plus de temps que ce que nous aurions voulu. Le soleil sera passé de l’est à l’ouest durant notre traversée, et voyager ainsi sous un soleil de plomb, dans une embarcation qui n’a pas été conçu pour accueillir autant de personnes et d’objets, agité par les remous de l'eau rend la navigation difficile et le voyage inconfortable. Ce n’est pas sans risque non plus, et nous manquons de nous échouer et d'abîmer notre embarcation plusieurs fois, à des endroits où le fond de l’eau est soudainement moins profond, ou encore à cause d’un coup de vent emportant notre barque trop lourde. Néanmoins je somnole une bonne partie de la traversée, et m’exprime peu lorsque j’arrive à rester éveillé, me contentant de répondre avec deux bruits différents, un pour exprimer mon approbation, et l’autre mon désaccord lorsqu’une question m’est posée. Je les laisse discuter de tout ce qu’il compte faire une fois à Kendra Kar, ce qu’il faudra faire et visiter, qui il faudra aller voir et, il semble avoir oublié tout le malheur qui les accablait avant notre départ, mais personne ne se soucie des autres survivants, et jamais il ne leur vint à l’esprit de prévenir une quelconque autorité sur ce qui s’est passé ici en arrivant dans la grande ville. Pour ma part je pense que je vais me rendre directement au temple de Gaïa, je ne vois pas quel autre lieu pourrait m’accueillir, je n’ai ni familles ni amis qui m’attendent dans la grande ville.

Nous ne faisons aucune rencontre, bonne comme mauvaise. Aucune créature cauchemardesque ne surgit des profondeurs pour nous entraîner dans l’antre de Moura, mais aucun pécheur n’est présent sur le lac qui est pourtant censé être rempli d’agitation à cette heure de la journée ... Nous arrivons finalement en vue du bord de la berge sud du lac, la route partant vers le sud se détachant du paysage visible au loin, comme une balafre sur la face de la nature s’engouffrant dans une immense forêt dont la verdure semble s'étendre à l'infini. C'est ma destination et le chemin que je vais suivre pendant un moment. Il n’y a pas âmes qui vivent à l'horizon, aucune caravane ne cahote lentement vers sa prochaine ville d'arrêt, aucun pèlerin ne part en voyage dans des lieux éloignés, la route est déserte, pour le moment. L'embarcation finit par rencontrer la terre avec un choc qui conclut à merveille les conditions de cette traversée. Alors que je descends prudemment de la barque, la femme me tend avec un sourire une gourde remplie d'eau, il est vrai que je ne serais pas allé bien loin sans, et je me sens un peu bête de ne pas y avoir pensé moi-même, je lui rends son sourire en remerciement. Pour la nourriture, je me débrouillerai ou tiendrais le coup, on peut tenir longtemps sans manger et je n’ai de toute façon pas un énorme appétit. Après de rapide et bref au revoir, un peu enjoués pour certain, et qu’elle me fait promettre de les retrouver dans la grande ville, je les laisse repartir vers leur destination, le cheval toujours trottinant le long de la berge. Je me retrouve de nouveau avec mes compagnons habituels, la solitude et le silence.

Je les regarde pendant un moment s'éloigner vers la branche du fleuve alors qu'ils me font des signes d’au revoir, jusqu'à ce qu'il ne soit plus visible entre les branches de la végétation environnante, le fleuve traversant l’épaisse forêt, ils disparaissent à l'ombre des fourrés. On voit que nous sommes loin de la ville, la nature domine totalement la zone, et les discussions humaines sont remplacées par le piaillement incessant des oiseaux. Ici, la route est réduite à une large bande de terre envahie d'herbe parasite et rendue irrégulière par le passage des bêtes de sommes et des cargaisons. Je n’ai plus qu'à espérer qu'elle ne s'est pas transformé en marécage au milieu du chemin, déjà que ma traversée me semble peu attrayante. Je réajuste ma ceinture, ainsi que l'épée et le chandelier qui y est accroché, tente de dépoussiérer ma tenue tachée de terre et de sang, et, marmonnant une prière à Gaïa pour qu'elle veille sur moi durant mon pèlerinage, me met finalement en marche.

L'ombre des arbres et le vent qui se lève me font plus de bien que je ne souhaite l'admettre après cette journée passée sous la chaleur tapante du soleil. Je n'ai pas compté les heures qui se sont écoulés depuis que j’ai entrepris mon pèlerinage et je suis maintenant entouré d’une verdure étouffante, et les bruits sortant de la forêt n’ont rien d’encourageant, du simple craquement un peu trop proche d’une branche, à l’envol des oiseaux en passant par des grognements sourds au loin. La faim se fait également douloureusement sentir et la nuit tombera bientôt, j’estime à environ deux heures le temps qu’il me reste avant d’être plongé dans l’obscurité. Je commence à regretter mon choix, je ne sais pas où je vais pouvoir me reposer pour la nuit, et la traversée me semble bien plus longue que ce que j’espérais, il me faudra encore bien quelques journées entières de marche intensive pour y arriver. Je décide de m’isoler des sensations extérieures en me concentrant sur mes pensées. Mais alors que je me replonge en pleine réflexion sur les évènements récents, tentant de comprendre pourquoi des hommes se mettraient au service de Garzoks pour détruire un village dans son intégralité, et dans quel but, mon attention se porte soudainement sur les évènements qui se déroulent un peu plus loin devant moi sur la route. Ma tranquille solitude est perturbée par trois silhouettes humanoïdes qui se détachent du paysage, avec des profils tout à fait différents.

Suite

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