Où suis-je ?
Au Paradis ? En Enfer ?
Je sens l'eau remuer mes oreilles, une lueur apparait et se fait de plus en plus forte, elle me brûle les yeux. Je réalise soudain que j'ai les yeux fermés, je les ouvre.
Le soleil était la source de la lueur, je suis étendu de tout mon long, au milieu d'un lac inconnu, je flotte sur l'eau, le calme est apaisant. Mais cette paix est éphémère...
L'eau possédait une odeur particulière, une odeur que je reconnais peu à peu : celle du sang, mon sang.
Un ouragan défile dans ma tête, tout me revient, la mission à Exech, le massacre du clan et...
"Giranmak !"Un tic d'agitation me parcourt le corps, mais une douleur intense me stoppe, mes plaies étaient encore béantes. Je me remet à la verticale et nage, non sans peine, jusqu'à la terre proche.
Arrivé sur la terre, je m'allonge, je n'en peux plus, je suis fatigué, épuisé. Le sang a arrêté de couler, mais la douleur est insupportable à chaque mouvement.
La question se repose :
"Où suis-je ?"Chapitre 1 : Le miracle de Moura.
Mes yeux se réhabituent à la lumière, je vois ce qui m'entoure : les collines, les montagnes, les forêts... Je suis bien loin d'Exech.
Le lac en face de moi m'est totalement inconnu, un tel lac n'existe pas en Exech, ni en Imiftil d'ailleurs...
Le doute me prend de court : serai-je sur un autre continent ?
Une autre question me bouscule plus tard :
"Comment-suis-je arrivé là ?" Le lac était calme et tranquille, le ciel bleu et l'herbe d'un vert vif et vigoureux. Il est clair que je suis arrivé bien loin.
Au loin, des cabanes de pêcheur. Aucun bruit à part celui du vent ne filtre.
Je me relève péniblement, devant moi se dressaient les modestes cabanes, et, à ma grande surprise, je sens une odeur familière, la mort. Cet endroit n'était pas épargné.
Des cadavres de chevaux et de cavaliers se laissaient entrevoir près d'une cabane isolée. Je m'avance en boitant, mettre un pied devant l'autre était devenu une épreuve pénible.
Je me rapproche, et me retrouve en face des cadavres : il y avait ici deux sinistres squelettes d'un blanc immaculé, l'un appartenait à un cheval, et l'autre à ce qui était sensé être un humain. Non loin d'ici, un autre cheval gisait sur le sol, criblé de flèches et près de lui, un homme massacré par des griffures qui, par leur profondeur, me parurent comme celles d'un Lykior.
Je sens derrière moi un faible vent chaud, surpris, je me retourne brusquement. Un cheval me regardait fixement, il avait des griffures saignantes sur son flanc, les mêmes. Mais qui a donc perpétué un tel massacre ? Ces questions sont sans réponses, je me rends compte que des traces de sang pointaient vers une bien modeste cabane de pêcheur.
Ma curiosité est des plus fortes, j'entre dans la cabane et je vois devant moi, un vieillard sur un lit de paille, mort.
C'est son sang qui coule jusqu'en dehors de la baraque. A côté de son lit, un petit pot contient les flèches qui ont été probablement la cause de sa mort. la scène en face de mes yeux est l'apogée des funérailles du vieillard, les bras en croix et les yeux fermés.
Cette vision me rappelle un souvenir douloureux, il est exactement dans la même position que Giranmak, mon ami woran, tué par un lâche.
Je sors du tombeau de bois le cœur lourd. Le massacre des hommes et des chevaux me fait face, des questions restaient cependant en suspens : Qui a fait ça ? Comment suis-je arrivé là ? Où suis-je ?
Le lac était alimenté par un fleuve tout aussi calme, je décide donc de suivre le fleuve, j'arriverai bien quelque part...
Le cheval me regardait toujours, ses plaies saignaient encore. Je reviens dans la cabane et, en fouillant un peu dans les sacs du vieil homme, je retrouve des bandages de très bonne qualité. Aussitôt, je me presse de recouvrir mes plaies. Après mes actions, le cheval me regarde encore plus fixement et je comprends ses idées, avec tout le mal d'un blessé, je le monte lentement, et nous partons tous deux pour
suivre le cours d'eau, espérant arriver dans un endroit civilisé.