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 Sujet du message: Le cimetière des communs
MessagePosté: Sam 18 Sep 2010 11:43 
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Le cimetière des communs


Juste à côté du Mausolée des Valeureux, à quelques kilomètres de Kendra Kâr, se tient ce cimetière peu luxueux. Il y a de grandes fosses, des petites tombes, mais aucune personne un tantinet importante pour la royauté de Kendra Kâr ne sera enterrée dans ce cimetière destiné aux petits habitants de la grande cité.

Quelques miliciens sont parfois envoyés pour surveiller l'endroit et s'assurer que les tombes ne sont pas pillées mais, en général, l'endroit est assez calme.

Le cimetière est entouré par un muret en pierre d'une hauteur d'environ un un mètre cinquante. Quelques arbres centenaires se trouvent à l’intérieur de cette enceinte et des fleurs décorent ce lieu funeste.

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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Dim 19 Sep 2010 16:47 
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Il était tard, et cela faisait longtemps que la nuit avait atteint Kendra Kâr. Rien n'éclairait désormais le cimetière, ajoutant donc un côté encore plus effrayant à celui-ci... Quoique, parfois, une faible lumière pouvait se montrer bien plus terrifiante que la plus sombre obscurité. Mais j'y étais habitué, à cette obscurité, et à ce bon vieux cimetière ! D'ailleurs, je le contemplais actuellement, me demandant pourquoi les visiteurs étaient si rare... Un endroit aussi calme que celui-ci est pourtant quelque chose qui devrait être apprécié. Sans doute que l'ambiance glauque ne plaisait guère, mais c'est cette ambiance qui rendait ce lieu si incroyable. Enfin, de mon point de vue ! Je ne connais meilleur chose qu'une petite balade au milieu des tombes, à regarder les inscriptions sur les pierres rendant hommage aux morts, en se demandant comment était la vie de la personne selon la beauté de sa tombe. On peut même s'amuser à imaginer quelle genre de mort à connue telle ou telle personne et, en regardant sa tombe, savoir si quelqu'un pense encore à eux. Si vous voyez des fleurs fanées, c'est qu'on vient juste une fois par an, le jour du décès sans doute. Si vous voyez un beau bouquet, c'est qu'on a encore du chagrin vis-à-vis de cette personne. Mais aujourd'hui, mes intentions étaient bien plus complexe qu'une simple ballade dans mon cimetière... Oui, dire que c'est « mon » cimetière est un peu disproportionné, je n'en suis que le croquemort ! Mais vu que je suis la seule personne à s'en occuper...

Mais aujourd'hui était un jour spécial. C'était le jour de la semaine que j'avais choisi pour déterrer un petit cadavre. Comment ? Vous n'êtes pas au courant ? Bon, laissez-moi vous expliquer alors: chaque personne a une passion dans la vie, quelque chose des plus communs ou une chose bien particulière. Ma passion, à moi, c'est l'étude des cadavres. Savoir de quoi ils sont morts, quand, où... C'est fou le nombre d'informations qu'un mort peut nous donner ! Et là, vous en êtes au stade où vous pensez que je suis fou... et vous n'avez peut-être pas tort. Mais plutôt que de parler de ça, reprenons notre affaire. La première chose est de trouver une tombe sans décoration aucune. Oui, généralement, on n'aime pas trop retrouver une tombe profanée à l'endroit où siégeait un défunt. Et il faut également vérifier que personne ne se trouve en ces lieux pendant que je déterre la personne, sinon... Mais je n'avais pas à m'en faire sur ce point: comme à son habitude le cimetière était entièrement vide.

Je me promenais entre les tombes, une douce chanson s'échappant de mes lèvres entrouvertes. Un chant qui ne s'accordait guère avec l'endroit, mais qui sans souciez ? « Ah, voilà ma cible ! » dis-je avant de me précipiter vers la tombe délabrée et recouverte de mousses et de moisissures. (Ci git...) J'enlevai les saletés recouvrant le nom et pus lire distinctement « Harang »

(Drôle de nom, mais je suis mal placé pour dire ça...).

M'emparant de la pelle, je commençais à creuser, jetant la terre au loin, quand j'entendis un bruit derrière moi. Bruit qui me glaça le sang: cela ressemblait à une voix de jeune fille, mais elle était extrêmement faible, comme éloignée. Je me retournai et, prenant mon courage à deux mains, cherchai l'origine de cette voix. De toute façon, mon travail m'obligeait à rester au cimetière la nuit... mais surtout à le surveiller. Si j'avais eu la solution de la fuite, je l'aurais adoptée de suite, tant j'avais peur. Mes jambes tremblaient, et de la sueur perlait de mon front. La voix ne faiblissait pas, mais ne se faisait pas vraiment plus forte, à mesure que j'avançais. Je cherchais, cherchais, mais je ne trouvais rien, pas une seule origine possible. Étrange ? C'était le bon mot... Quoique « Terrifiant » aurait été pas mal non plus.

J'avais le cœur qui battait à une vitesse folle. Un simple croassement de corbeau aurait suffit à me faire faire une crise cardiaque. (Au moins, on aura pas à transporter mon cadavre trop loin...) pensais-je, tentant de me rassurer, en vain. Il faut dire que cette voix ne cessait pas. Mais elle n'avait pas de source, apparemment, vu que je venais de traverser le cimetière de long en large, et que je n'avais rien repéré de suspect.

(Mais une telle chose n'est pas possible ! Je ne suis pas fou au point d'entendre des voix tout de même ?)

Je m'assis sur le sol, patientant, scrutant chaque tombe.

(Mais oui ! Si je ne la vois pas, c'est qu'elle est sous terre !)

Mais là, c'était encore pire que tout. Si elle était sous terre, cette pauvre fille, enfin supposée fille, elle n'en aurait plus pour très longtemps. Il fallait que je trouve rapidement, avant qu'elle ne meurt de faim... ou dévorée par les vers. Je réfléchis le plus vite que je pus, et trouvai une solution.

(Si je ne l'ai pas entendu pendant tout le temps où j'ai travaillé ici, c'est qu'elle a été enterré il n'y a pas longtemps!)

Je courus le plus vite que me le permettait mes jambes, chassant la peur de mon esprit, bien que je frissonnais encore par moment. Ma destination ? Ma maison, bien évidemment ! Il y avait une archive des enterrements régulièrement mise à jour... D'ailleurs, en y repensant, j'ignorais qui était la personne qui s'en occupait.

Ma maison était située à proximité du cimetière, pas plus de deux cents mètres devaient les séparer. Normal pour le gardien de cet endroit, n'est-ce-pas ? Vous pouvez trouver ça glauque, mais on s'y fait à force. Et puis, je ne vis pas dans un taudis non plus, contrairement à ce que l'on pourrait croire. C'est une charmante maisonnette et qui, même si elle n'est pas extrêmement grande, ferait envi à bien des personnes. Il faut dire que je l'entretiens assez pour que la moisissure et la mousse ne s'accumule pas dessus, et qu'elle est l'air des plus accueillantes, à l'extérieur comme à l'intérieur, même si la nuit, personne n'oserait l'approcher, mis à part quelques téméraires. Et c'est dans cette bâtisse que se cachait ce qui allait me permettre de trouver qui pousse ces sortes de gémissement. J'ouvris la porte violemment, et commençai à fouiller dans les tiroirs, mettant ma maison sens dessus dessous, pour finalement trouver ces fameuses archives.

« alors... alors... le dernier enterrement a eu lieu... il y a environ une semaine... et c'était celui de... à voilà ! Manimarco ? Ça ne me dit rien... »

Je sortis sans prendre la peine de fermer la porte, puis revins au cimetière, haletant. Je remerciai la mémoire qui faisait une des fiertés de mon peuple: à force d'arpenter cet endroit de long en large, je connaissais de tête l'emplacement de bon nombre des tombes, et je pouvais ainsi diminuer le temps de mes recherches. À certains moments, je m'arrêtais de courir pour tendre l'oreille, et je ne savais si je devais être soulagé ou non d'entendre encore ce même bruit sinistre, et continu, comme un appel au secours. Je m'arrêtai brusquement devant une tombe qui n'avait pas encore connue les ravages du temps, apparemment. On pouvait lire : « Ci git Manimarco »...

Je me mis à genoux puis plaquai mon oreille contre le sol. C'était faible, mais on entendait un peu mieux la voix. Armé de ma pelle, je commençai à creuser... et je continuai... encore et encore...

(Mais c'est quoi le problème avec ce cercueil ? Il est enfoui à combien de mètres ?!)

Je m'assis un moment sur la terre pour reprendre mon souffle. J'ignorais combien de temps j'allais encore creuser, et comment je remonterais après. Il devenait difficile d'évacuer la terre, et il n'était pas rare que j'en reçoive dans la bouche ou dans les yeux. (J'espère que je ne creuse pas pour rien !). J'allais reprendre ma pelle quand, d'un coup, le sol parut se dérober à l'endroit où j'étais, et je tombai. Ce ne fut pas une longue chute, mais elle a été néanmoins douloureuse, surtout au moment où je me suis pris la pelle dans la figure, à l'arrivée... Me relevant difficilement, je mis du temps à m'habituer à l'obscurité environnante.

(Mais c'est quoi cet endroit ?)

On aurait dit un long corridor, mais cela ne pouvait tout simplement pas être possible, je devais rêver. Construire quelque chose comme ça en une semaine, et sans que je ne m'en aperçoive... Je commençai à marcher quand mon pied buta contre quelque chose. Je baissai les yeux et vis l'objet de ma recherche: un cercueil: sans doute était-il tombé ici en même temps que moi... Toujours est-il que j'entendais encore cette voix, mais elle était beaucoup plus forte à présent. Une voix aigu, comme celle d'une jeune fille, mais je ne comprenais pas ce qu'elle disait, ses cris étant atténués par la planche d'un noir de jais la recouvrant. Prenant mon courage à deux mains, je commençai à ouvrir ce maudit cercueil. Un nuage de poussière sortit, me piquant les yeux et me faisant tousser. Je m'essuyai les yeux, puis contemplai l'intérieur de la tombe...

« Un bocal ? Mais c'est quoi ces... » commençai-je. Mais je m'arrêtais bien vite, regardant la chose qu'il y avait à l'intérieur. Cette « chose » émanait une petite lueur proche du jaune. Elle ressemblait à une fée, mais quelque chose en moi me disait que ce n'en était pas une... Mais alors, c'était quoi ? Sa faible lueur éclairait le visage d'un cadavre qui n'avait même pas encore commencé de se décomposer. Sans trop réfléchir, je pris le bocal d'une main, et fixai la créature à l'intérieur. Il me semblait qu'elle me jetait des regards suppliants. Même le plus sombre des abrutis auraient compris qu'elle voulait qu'on la libère. Mais pouvais-je avoir confiance en elle ? Qui me disait qu'elle ne me sauterait pas à la figure, avant de m'arracher les yeux ? Pourtant je ne l'en croyais pas capable. Non pas qu'elle n'en aurait pas la force, mais elle n'avait pas l'air dangereuse. Doucement, je commençais à enlever le bocal avant de recueillir la créature dans la paume de main. Elle ne s'était pas débattue, prouvant qu'elle ne devait pas être hostile. Mais à sa manière de se relever, il me semblait qu'elle n'allait pas très bien. Elle titubait et manqua par deux fois de retomber. Une fois debout, ses ailes se mirent à bouger de façon gracieuse et répétée, pour finalement s'envoler à deux ou trois centimètres de hauteur de ma main. Elle me fixa pendant ce qui me parut être une éternité, puis elle ouvrit la bouche et dit:

« Merci de m'avoir sauvé. Je ne sais combien de temps je serais resté prisonnière si tu n'étais pas venu me tirer de là. Sais-tu ce que je suis ? (je fis non de la tête) Cela ne m'étonne pas vraiment, on ne croise pas des Faera tous les jours, et peu de personnes connaissent notre existence. Mais avant de continuer mon explication plus loin... peux-tu me dire ton nom ?

-Je... je me nomme Margotal. Et... toi ? (Dis-je non sans hésitation, essayant de dissimuler la crainte dans ma voix)

-Et bien, pour faire simple, Je n'en ai pas vraiment actuellement, car mon dernier maitre est mort, comme tu as pu le constater... Et tant que je n'ai pas de maitre, je n'ai pas de nom. Et... je comptais sur toi pour m'en donner un.

-Moi ? Te donner un nom ?

-Oui, et tu deviendrais ainsi mon nouveau maitre, Margotal. Nous serons liés l'un l'autre jusqu'au jour de ton trépas. Cela ne peut être que bénéfique pour toi, et peu de personnes peuvent se vanter d'avoir une Faera à leur côté ! Alors, s'il te plaît, donne moi un nom...

-Je... bon... d'accord... Si tu dis qu'il n'y a pas de risque, et que ça peut te rendre service, pourquoi pas... Alors, quel nom je pourrais te... »

Quelqu'un ou quelque chose poussa un cri derrière moi, avant de bondir et de tenter de m'asséner un coup d'épée. N'écoutant que mon instinct, je fis une roulade sur le côté, attrapant la Faera dans mes mains, en faisant attention à ne pas l'écraser. Regardant en direction de la créature qui venait de m'attaquer, je pus distinguer une sorte de squelette, à en juger par tous ses os à découvert. Néanmoins, ce squelette bougeait, et il tenait une épée. Chose encore plus incroyable, on aurait dit qu'il était animé d'une sorte d'intelligence, puisqu'il venait de tenter de me tuer. Doucement, je dégainai le kriss qui pendait à ma ceinture, avant de fixer mon ennemi qui avançait sans trop se presser dans ma direction. Mais un mouvement attira mon regard à la gauche du sac d'os, et mes yeux s'écarquillèrent: le cadavre de Manimarco reprenait vie à son tour. La Faera, qui s'était à présent posée sur mon épaule, dit:

« Soit ce lieu est maudit, soit il y a un nécromancien pas loin...»

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Dernière édition par Margotal le Sam 2 Oct 2010 12:49, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Sam 25 Sep 2010 17:37 
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D'abord un squelette, maintenant un zombi... Et selon les dires de la Faera, j'allais encore en voir d'autres. Et je crois que je priai un peu pour que ce lieu soit tout simplement hanté, en fait. Deux trois squelettes, je peux arriver à les vaincre, mais un nécromancien par dessus le marché, il ne faut pas rêver non plus ! C'est mon ami le sac d'os qui m'extirpa de mes pensées par une attaque bien mal orientée en ma direction. Je n'eus pas besoin de faire plus qu'un pas de côté pour l'esquiver. Soit mon adversaire était vraiment nul, soit il se moquait de moi. Enfin, ce n'était rien de plus qu'un squelette, après tout. Je m'apprêtais à lui asséner un coup violent ayant pour but de faire voler son crâne, quand une main griffue m'entailla une des rares parties visibles de mes joues, laissant derrière elle trois sillons rouges. Le sang ne tarda pas à couler, et ce sont les yeux remplies de surprise que je dévisageai le zombi qui était la cause de ma blessure.

(Lui, faut y faire déjà un peu plus attention ! Si il avait eu une arme, j'aurais été bon pour rejoindre cette tribu de non-vivant !).

C'est pourquoi je bondis sur lui, lame pointée vers l'avant, et la lui plantai jusqu'à la garde, avant de l'extirper, créant ainsi un geyser de sang au niveau du torse du malheureux. Ma victime s'affaissa, une flaque se formant à présent autour de lui, tandis que je m'apprêtais à m'occuper de mon deuxième adversaire. La chance était décidément avec moi, puisqu'un coup d'épée mal placée, et heureusement, vint m'entailler le bout du nez. Et c'est le regard rempli de rage que je fixai le sac d'os, avant d'esquiver un deuxième coup puis de donner un puissant coup qui fit tomber son crâne au sol dans un bruit sinistre. Soupirant, je rengainai ma lame et reportai mon attention sur la créature qui avait élu domicile sur mon épaule. Et c'est trop tard que j'entendis le « Attention » qu'elle me cria. Le zombi m'attrapa la gorge et me souleva à environ quinze centimètres du sol. Il faut dire qu'il n'était pas aussi petit que moi, loin de là: il devait bien faire deux têtes de plus que le nain que j'étais. Nous étions si proche que je pouvais sentir son haleine putride, signe qu'il était bien mort, pas de doute à avoir là-dessus. Mon visage vira bientôt au bleu, et je gesticulai, brassant de l'air avec mes bras et mes jambes, n'étant même pas fichu de lui asséner un coup ou de lui faire lâcher prise. La blessure que je lui avais faite dégouliner encore de sang, et il ne devait presque plus lui en rester à présent.

(Bon sang! Mais il lui faut quoi pour mourir à celui-là ?)

Non, décidément, il n'allait pas s'écrouler, et attendre ne changerait rien: j'allais bientôt mourir. Je devais agir intelligemment, ou plutôt de manière un peu plus directe.

Dégainant ma lame, je fis un moulinet avec, qui eut pour but de lui trancher net le bras. Entraîné dans mon élan, je lui plantai ensuite mon kriss dans l'œil qui traversa apparemment tout le crâne, puisse qu'on pouvait voir la pointe de la lame ressortir de l'autre côté. Manimarco lâcha prise un bref instant, qui me suffit pour rouler en arrière. Un bref coup d'œil me permit de savoir que la Faera était encore nichée sur mon épaule, à croire qu'elle ne pouvait plus partir. Mais là, je me rendis compte que la main du zombi était encore en train de me serrer le cou, ses ongles s'enfonçant dans ma chair, m'arrachant une grimace de douleur. Agrippant les doigts du monstre, c'est non sans mal que je les fis craquer un à un, avant de jeter ce qu'il restait du bras par terre. Et là, je commençai vraiment à avoir peur: après tout ce que je lui ai fait, le zombi était encore debout, comme si de rien n'était. « Mais c'est impossible ?! Il n'est toujours pas mort ! » Dis-je, désespérer. La Faera me regarda et me répondit:

« C'est normal. Considère qu'il n'est déjà plus de ce monde: tu ne peux donc pas le tuer ! Mais tu peux l'amocher suffisamment pour qu'il soit dans l'incapacité de se mouvoir... »

Je la pris au mot, et coupai une jambe au monstre qui se retrouva à terre, gigotant, rampant pour essayer de me tuer. Il avançait désormais extrêmement lentement, se servant de sa main pour se rapprocher de moi, plantant ses ongles dans le sol, apparemment incapable de ressentir la moindre douleur. Il me fallait quelque chose pour l'immobiliser. Des yeux, je cherchai l'épée du squelette. Je regardai à droite, puis à gauche, et je la repérai enfin. Je voulus la prendre, mais le squelette ne lâchait pas prise, à croire qu'il était encore en v... « Bon sang ! » Je fis un bond gigantesque en arrière, esquivant un magistral coup d'épée. Le squelette se ranima, même sans sa tête, et se releva, apparemment insensible au coup qu'on pouvait lui donner, lui aussi. Tandis que mon nouvel ennemi chargea de nouveau en ma direction, le zombi m'attrapa la jambe, me laissant échapper un cri de sursaut. Enfonçant ses griffes dans ma chair, il entravait mes mouvements, me forçant donc à trouver une idée pour contrer la charge du squelette.

C'est que je n'avais pas vraiment l'envie de finir empalé aussi minablement.
«  Un Nain se doit de mourir dans l'honneur, pas contre un ramassis de morts-vivants ! » Un vent glacial se leva à ce moment dans la grotte pourtant hermétique, à croire que c'était l'œuvre d'un magicien. Mais il y avait quelque chose de particulier dans ce vent. Il est vrai qu'il avait la possibilité d'influencer directement sur les personnes le ressentant, comme s'il leur prélevait de la force. Peut-être que la vérité n'était pas si loin... Toujours est-il que c'était là ma dernière solution pour me sortir de ce pétrin. Je détestais user d'un quelconque sortilège, mais ce n'était pas le moment de penser à ça. Surtout que la Faera me rappela que les deux créatures que j'affrontais étaient issues des ténèbres, et qu'un tel sort n'allait peut-être ne pas les affecter. Il est vrai que le squelette continuait à courir vers moi, et qu'il n'allait pas tarder à me faire rendre un dernier soupir. Je n'avais plus d'autre choix que de tenter de parer avec mon kriss, priant pour que la lame ne se brise pas. Soudain, la prise du zombi parut se relâcher, jusqu'à ce qu'il ne me retienne plus du tout prisonnier. Mon sort avait fonctionné ! Exécutant une roulade pour passer entre les jambes du squelette, je lui en coupai une, l'envoyant valdinguer sur son « coéquipier », son épée se plantant dans le dos du mort-vivant, le clouant sur place. Mon attaque avait eut plus d'effet qu'escomptée, puisqu'elle venait de priver mes deux adversaires de leur mobilité... Quoique le squelette rampait encore vers moi, même si ce n'était qu'un détail. Le calme retomba au sein du corridor, hormis les cliquetis des os du sac d'os qui se démenait pour ramper dans ma direction, mais il n'arrivait même plus à ramper. Je décidai donc de le laisser là, il ne devait pas y avoir un seul moyen de l'immobiliser.

(C'est étrange, quand même... Deux morts qui reprennent vie ainsi, c'est louche tout de même. J'aimerais bien pouvoir m'enfuir, mais je n'ai aucun moyen de remonter à la surface. Pas le choix, il faut que j'avance. Mais avant ça...)

« Maëlys » Dis-je à la Faera. « Merci Margotal » Répondit-elle en souriant. Frissonnant tout de même de peur, j'avançais à l'opposé de l'entrée, ma nouvelle compagne à mes côtés, me demandant comment nous allions bien pouvoir sortir.

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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Lun 16 Avr 2012 19:13 
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Localisation: Kendra Kâr
La nuit était tombée depuis longtemps sur la belle ville de Kendra-Kâr, et désormais, sortir n'était pas forcément une bonne chose, surtout lorsque l'on était une jeune femme à l'allure frêle. Pourtant, cela ne dérangeait nullement Terra qui arpentait le chemin en direction du cimetière, localisation de l'artefact qu'elle recherchait. Il faut dire que la fanatique pouvait très bien se défendre contre de simples voleurs, armée de sa dague et sachant utiliser la magie des ténèbres. Si cela lui assurait de ne pas avoir à craindre un danger trop important, elle ne pouvait prédire si ça suffirait face à ce qui l'attendait. La jeune femme pourrait tout de même compter sur un allié - bien qu'elle ne connaisse rien de lui - en la personne de Leorcyn. Ce jeune garçon à la chevelure blonde et aux yeux d'un bleu azur, fut le premier des deux mercenaires qu'elle rencontra, et était celui en lequel elle avait le plus confiance, bien que celle-ci ne soit pas élevée pour autant.

Il l'attendait normalement à l'entrée du cimetière, point de rendez-vous qu'elle avait décrétée pour disposer cette fois-ci du temps qu'il lui faudrait pour se préparer. Alors après s'être changée, arborant désormais la tenue que lui avait offerte Bishop, elle était allée s'acheter deux ou trois petites choses qui pourraient probablement lui servir pour cette mission, même si Terra préférait ne pas avoir à s'en servir.

Un brouillard épais avait commencé à se lever avant qu'elle ne quitte l'enceinte de Kendra-Kâr et, à présent, la fanatique ne pouvait guère faire mieux que de distinguer vaguement le chemin de terre qui se déroulait face à elle. Préférant tout de même prendre sa dague à la main, elle commença à se déplacer plus doucement, guettant le moindre bruit. Ces mesures pouvaient paraître excessives, mais elle ne savait pas ce qu'elle pourrait rencontrer au cimetière, sachant qu'un mercenaire avait été porté disparu là-bas. Les grincements du portail à l'entrée du cimetière lui permirent de repérer approximativement sa position, et la mercenaire sut bientôt qu'elle l'avait dépassée lorsqu'elle remarqua que ceux-ci devinrent de moins en moins audibles. Elle n'avait pas vu si Leorcyn l'attendait bel et bien devant le cimetière, ou s'il était peut-être lui aussi entré en son sein. Il allait être difficile de repérer la bonne tombe malgré les indications qu'on lui avait fourni ;

parce que oui, c'est ce qu'elle devait chercher. Un homme se serait apparemment fait enterrer avec la chose qu'il fallait trouver. Terra ne savait pas vraiment plus de détails à ce sujet, et ne savait même pas si cette histoire était vraie ou non. Le commanditaire original de ce contrat avait sans doute omis un certain nombre de détails et en avaient modifiés d'autres. Mais pour autant que la jeune femme sache, ce n'était pas vraiment cela l'important dans une mission, seul l'objectif comptait : le pourquoi, ce n'est pas ce genre de chose dont doit s'accommoder un mercenaire.

Tandis qu'elle avançait, toujours à un rythme lent, Terra comptait les rangées des tombes. « Dernière rangée sur la droite, dixième tombe, aucune épitaphe dessus. » furent les renseignements que lui avait fourni Bishop, sachant que le cimetière s'étendait sur une trentaine de rangées Avec un peu de chance, le mercenaire précédent avait déjà déterré le cercueil, mais ça n'était pas sûr. Terra longeait les tombes pour repérer le chemin qu'elle devait emprunter, et lorsqu'elle arriva à la vingtième rangée, elle sentit quelque chose sur son épaule, comme une main posée dessus.

Une fois la surprise passée, la mercenaire pivota, dague au clair et, sans même prendre le temps d'essayer de distinguer qu'elle était la cause de ce contact, frappa d'un coup vif. Néanmoins, elle n'eut pas le temps de terminer son geste, son poignet ayant été bloqué net par la main de Leorcyn, qui échappa finalement de peu à un coup mortel. La fanatique poussa un soupir, mêlant soulagement de voir que ce n'était rien d'autre que son compagnon et irritation due au fait qu'il n'avait rien trouvé d'autre à faire que d'essayer de la prendre par surprise - chose qu'elle déduisit du fait qu'il semblait heureux de son effet de surprise. D'un côté, cela lui permit tout de même de constater qu'elle ne faisait pas équipe avec un novice, puisque le jeune garçon avait réussi à bloquer une attaque que beaucoup n'aurait même pas eu le temps de voir venir.

« Ahah ! Tu aurais dû voir ta tête ! Pas facile de distinguer quoi que ce soit avec ce temps, n'est-ce-pas ?
- Très drôle... Et si tu n'avais pas eu le réflexe de stopper mon coup, tu aurais fait comment ?
- Pfff... Pour qui me prends-tu ? Je suis bien conscient de mes capacités, et ce n'est pas aujourd'hui qu'une personne telle que toi pourra me vaincre !
- Admettons... Bref, nous sommes proches du lieu où chercher. Tu as pensé à prendre de quoi creuser ?
- Il y a tout ce dont nous avons besoin dans la maison du gardien, ne t'en fais pas. De plus, je ne pense pas que cela soit vraiment nécessaire. Si tu veux mon avis, Bishop en fait beaucoup trop. Ce mercenaire soi-disant disparu n'est parti que depuis quelques heures. La raison de cette inquiétude est qu'il ne faut pas autant de temps d'habitude pour une mission de ce genre. Il a dû tomber sur un imprévu, et n'aurait certainement pas tardé à rentrer. Enfin, vu que ce sont les ordres...
- On verra bien... Il est vrai que son inquiétude paraît excessive, mais il n'a pas vraiment l'air de s'en faire pour le mercenaire au final.
- Pas faux. »

Ensemble, ils s'engagèrent dans la dernière allée et comptèrent le nombre de tombes, et arrivèrent à la dixième. Terra put alors constater que Leorcyn avait raison : la terre devant celle-ci avait été creusée, signe que quelqu'un était déjà passé par là. Le jeune mercenaire tirait déjà la conclusion que Nire, qui était le nom du mercenaire, avait déjà mené à bien sa mission, et était sans doute en train de flâner dans une auberge. Néanmoins, la fanatique préféra tout de même s'avancer jusqu'au bord du trou, voir si elle pouvait en voir le bout. Après tout, vu que le cercueil n'était pas sorti, si tant est qu'il y en avait bel et bien un, il était forcément à l'intérieur. Terra vit quelque chose de tout à fait différent : une sorte d'échelle à cordes, clouée sur les rebords du trou, jusque là masquée par le brouillard, avait été déroulée, s'enfonçant vers une obscurité inconnue. Tandis qu'elle se déplaçait pour vérifier, Leorcyn, qui s'était décidé tout de même à aller vérifier lui aussi si un détail sortait de l'ordinaire, ne fit pas attention et ne vit pas qu'elle se déplaçait. Le résultat fut qu'il la poussa, mais ce qui aurait pu être une simple bousculade, atteint d'autres proportions lorsque la jeune femme perdit irrémédiablement l'équilibre et chuta, dans un hurlement, tandis que le jeune homme criait un « désolé » un peu inutile au vu des circonstances.

Ne sachant pas sur combien de mètres de hauteur pouvaient s'étendre ce trou, elle s'imaginait déjà le pire des scénarios : la mort. Pour autant, la courte durée de cette chute lui amena à abandonner cette idée, surtout lorsqu'elle ressentit une vive douleur lui parcourir la tête, signifiant l'arrivée sur la terre ferme. La fanatique avait atterrie dans une sorte de tunnel, mais elle ne pouvait voir bien loin devant elle, ses yeux ne s'étant pas encore habitués à la pénombre environnante. Se relevant douloureusement, une main sur la tête, elle entendit Leorcyn qui l'appelait.

« Ça va, je vais bien ! Descends, il y a une échelle !
- D'accord, j'arrive ! » dit-il avant de commencer sa descente.

Néanmoins, rien n'est jamais aussi simple avec une personnalité comme celle de Terra, qui pouvait se montrer bien rancunière parfois, surtout lorsque la souffrance entre en ligne de compte. Ramassant une pierre qui traînait sur le sol, elle attendit de distinguer la silhouette de Leorcyn avant de la lui lancer de toutes ses forces. La jeune femme fut d'une précision infaillible et le toucha au bras droit. Le jeune mercenaire en fut si surpris qu'il lâcha prise et percuta violemment le sol, d'un peu moins haut qu'elle tout de même. Contrairement à ce qu'elle avait pensé, il n'eut pas une réaction belliqueuse et, quand il se releva, il ne dit rien d'autre que « on est quittes maintenant ».

Pour le moment, tout deux ne pouvaient rien voir à plus de un ou deux mètres devant eux, alors la jeune femme suggéra d'attendre que leurs yeux s'habituent à cette obscurité - bien que, une fois trop éloignée de la petite source de lumière fournie par le trou dans le plafond, il ne verrait à nouveau plus rien. Il fallait quelques minutes dans ce genre d'occasion alors, pour passer le temps, Leorcyn engagea une conversation faite habituellement pour durer :

« Au fait, je ne sais pratiquement rien de toi. Tu ne peux pas m'en dire un peu plus à ton sujet ? Je sais pas... par exemple, t'as de la famille ici ?
- … Non.
- Hum... Je vois. Enfin, si tu veux pas en parler, libre à toi. Bon, deuxième tentative : Comment tu as fait pour t'en sortir face à des traqueurs obscurs ? Tu n'as pas l'air spécialement forte à la dague, tu dois bien avoir un truc en plus non ?
- Non, je les ai vaincus avec cette dague et mon peu de talent comme tu dis. C'est tout. Je n'aime pas beaucoup parler de moi, au cas-où tu ne l'aurais pas remarqué tout seul.
- C'est vrai que t'es beaucoup moins causante lorsqu'il s'agit de toi... Pff... T'es pas marrante ! » lâcha-t-il avant de s'asseoir par terre, s'adossant à une des parois de la cavité rocheuse.

Terra ne souhaitait pas en dévoiler plus sur elle que le nécessaire, tout simplement car cela pourrait lui retomber dessus à un moment ou à un autre. Pour le moment, il lui fallait comprendre où elle était tombée et ses yeux s'étaient suffisamment adaptés à la pénombre environnante pour en distinguer les parois. La distance séparant celles-ci étaient d'à peine deux ou trois mètres, autant dire qu'ils auraient beaucoup de mal s'ils se retrouvaient en situation de combat. Rien que pour se déplacer, ils valaient mieux qu'ils marchent l'un derrière l'autre. Quant à la direction à prendre, elle était simple : le tunnel commençait ici. Derrière eux, ce n'était que de la roche. Alors, ils avancèrent, prenant la direction opposée au cimetière, quittant donc celui-ci par voie souterraine.

La fanatique s'interrogeait encore sur l'origine de cette cavité rocheuse. Elle savait déjà que la tombe en était un point d'accès, et que devait sans doute se trouver au bout de celle-ci, logiquement, l'artefact donc parlait Bishop. Mais pourquoi était-il là-bas ? Comment le commanditaire pouvait-il le savoir ? Et cet objet, avait-il été dissimulé ? Ou alors, ce tunnel débouchait-il autre part, endroit où se trouverait alors ce qu'ils cherchaient ? Peut-être ne devait-elle pas se poser toutes ces questions, et se cantonner à son simple rôle de mercenaire.

Il y avait cependant un autre mystère, mais celui-ci concernait plus les lois de la physique : comment la terre recouvrant cet endroit avait pu tenir ? À moins qu'il n'y ait eu quelque chose pour la maintenir, cela n'aurait pu être possible. Décidément, cet endroit était tout sauf naturel, et la mercenaire recommençait à s'inquiéter quant à ce qu'ils allaient trouver au bout de ce chemin obscur.

Marchant doucement, Leorcyn devant et elle derrière, ils quittèrent progressivement la source de lumière et finirent bientôt par ne plus rien voir du tout. Ne cédant pas à la panique, Terra se servait des parois pour avancer. Elle n'avait aucune idée de comment ils allaient faire si jamais ils arrivaient dans un espace plus grand, si ce n'est continuait à longer les limites en espérant ne rien manquer. L'inconnu, tapis dans ces ténèbres impénétrables et oppressants, pouvait faire peur mais elle avait vécu une expérience similaire il y a peu, aussi n'était-elle pas autant apeurée qu'elle avait pu l'imaginer.

La fanatique sursauta tout de même lorsque le jeune mercenaire trébucha sur quelque chose et s'aplatit sur le sol dans un juron retentissant. Elle, qui tentait de se calmer, se pencha et, des mains, chercha à tâtons la cause de la chute de son compagnon. Lorsqu'elle les posa sur la chose en question et qu'elle la parcourut de droite à gauche, la jeune femme reconnut bien rapidement la morphologie d'un homme. Le cadavre étant encore chaud, signe d'un décès récent, l'explication la plus logique était donc qu'il s'agissait de Nire, le mercenaire devant à l'origine exécutait leur mission. Cela résoudrait le mystère de sa disparition. Là où Terra aurait pu auparavant refuser d'aller plus loin, elle fit preuve d'un sang-froid proche de l'indifférence la plus totale, et dit à Leorcyn qu'il fallait se remettre en route. Elle devait surmonter cette lâcheté inhérente à sa personne, qu'elle portait désormais comme un fardeau - c'est du moins ainsi qu'elle l'avait ressentie pour la première fois lors de sa coopération avec Ziresh - et qui avait été responsable de bon nombre de ses soucis.

Son compagnon, sans laisser transparaître le moindre sentiment dans sa voix quant à cette découverte (peut-être cela ne lui faisait-il rien) acquiesça, et ils reprirent leur route, à un rythme plus rapide néanmoins.

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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Ven 20 Avr 2012 21:09 
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La nuit tombait quand ils arrivèrent prêt du cimetière des communs.

"Comment comptez-vous entrer ? demanda Gaber. Les grilles sont fermées, la nuit..."

Azra avisa les grilles, fermées, en effet, et se tourna vers le mur. Contrairement à son compagnon, il n'avait aucun mal à voir par dessus et pourrait sans problème le passer. De l'autre côté, s'étendait un chaos de tombes hétéroclites. Mais il remarqua aussi un peu plus loin...

"Je n'aurais même pas besoin de vous porter, suivez-moi..."

Ils avancèrent le long du mur et arrivèrent finalement devant une section effondrée, éclairée par la lune.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?" demanda le messager du marchand.

Hé bien, je pense que nous avons trouvé par où sortent nos squelettiques petits amis..."

Il s'engagea dans la portion de mur abattue, et réalisa que Gaber ne le suivait pas.

"Hé bien ?..."

"Je... Ces histoires de mort-vivant, ce n'est pas pour moi..."

"Vous avez tué un homme, aujourd'hui... les revenants ne crient pas, ne saignent pas..."

"Oui mais... ben ce n'est pas pareil... Mais vous avez raison, je dois vous accompagner de toute façon... Ah, malheur..."


Azra lui tendit la main avec un léger sourire sur sa figure blafarde et l'aida à entrer dans le cimetière.
Le petit homme frissonna.

"Je n'aime pas du tout cet endroit."

"Vous risquez pourtant un jour d'y résider..."

"Vous trouvez ça rassurant ?"


"Oui, moi j'aurais sans doute un fossé ou un caniveau en guise de tombe."

Ils continuèrent à avancer dans l'immense étendue d'édifices funéraires. De temps à autre, Gaber donnait une indication de direction à prendre. Ils se perdirent néanmoins à plusieurs reprises car il était difficile de se repérer la nuit. Finalement, l'homme indiqua trois tombes côte à côte. La terre semblait y avoir été remuée il y a peu.

"Ce sont celles-là."

"Bien, installons nous et attendons de voir ce qui va se passer..."

Ils se calèrent contre un monument plus grand. La nuit était froide et ils commencèrent bientôt à frissonner.

"Rassurez moi, vous avez peur, vous aussi ?" demanda l'envoyé de Caladaar.

"Pourquoi ?"

Vous ne craignez donc pas du tout la mort ?

"Elle arrivera un jour ou l'autre. Plus tôt pour moi que pour bien d'autres. En attendant, je fais mon boulot : je survis. Peu importe de savoir si j'aide un marchand peu scrupuleux ou la malheureuse victime d'une épidémie de folie, je fais ce que je dois faire."

"Vous ne pensez donc pas avoir la moindre prise sur votre destin ?"

"Pas dans les grandes lignes, seulement sur les détails. Un exemple : pour reprendre ce que nous disions tout à l'heure, je vais forcément mourir, mais je peux essayer de choisir comment... Zewen, et les autres dieux aussi, peut-être, fixe notre destin. Il est le seul à avoir le droit d'être libre. C'est injuste, mais les dieux n'ont pas créé le monde pour qu'il soit juste."

"Je pense que vous vous trompez, murmura doucement Gaber. Je pense que les dieux ont autant, sinon plus, de contraintes que nous."

"Si cela peut vous rassurer de le penser..."

Azra refusa de croiser le regard de Gaber. Il avait trop peur d'y trouver de la pitié. Il en voulait aux dieux qui ne répondaient jamais à ses prières, mais il n'avait pas besoin de la condescendance de ses semblables.

"Je suis toute de même surpris : vous êtes bien jeune pour tenir des propos aussi mature. Vous ne ressemblez pas à un paysan sans éducation."

"Mes parents m'apprenaient à lire, écrire et compter pour m'empêcher d'aller jouer dans la boue avec les autres. Je pense pouvoir dire, en effet, que j'ai au moins eu la chance de recevoir une éducation correcte."

Il y avait autre chose aussi, mais il ne comptait pas en parler : sa diction avait peu à peu changé, et la cause était facile à trouver : une voix qui n'était en rien issu d'une épidémie de démence retentit dans son esprit.

(Tu es mien. Tu es moi. Te débattre est inutile car je suis l'aboutissement de ta condition.)

Chandakar ricana. Le jour ou le jeune homme parlerait aussi bien que lui, il serait temps de chercher le secours d'une lame bien aiguisée pour une mort bien propre et sans douleur. Azra serra les dents et dit à Gaber :

"Pour être honnête : je ne recherche pas la mort. Elle me trouvera bien assez vite. Mais d'ici là, j'espère avoir acquis une place dans le royaume du seigneur Phaïtos plutôt que la damnation qui m'est actuellement promise."

Gaber lui adressa un sourire et lui tapota l'épaule. Azra se dit que c'était la première fois qu'il se confiait autant à quelqu'un. Le petit homme avait le don d'inspirer confiance.
C'est alors qu'un hululement glaçant retentit. Ils se plaquèrent à terre tandis qu'une étrange luminescence se répandait dans le cimetière. Ils virent alors avec stupeur trois êtres drapés de linceuls blanc apparaître et se livrer à une danse macabre au dessus des tombes en poussant des plaintes sinistres.

"Qu'est ce que ça signifie ? souffla Azra. Vous me parliez de squelettes ! Je ne peux rien contre ces créatures : ce sont des spectres immatériels !"


"Je... je ne comprends pas ! Je vous assure qu'il s'agissait de squelettes, et assez faibles, en plus !"


Les spectres continuèrent à tourbillonner un instant, puis, ils plongèrent dans le sol. Le silence retomba.

"Là, ça devient vraiment bizarre..." murmura Azra.

Il se leva et s'approcha des tombes. Plus rien ne bougeait mais il se tenait prêt à fuir au moindre signe de retour des spectres.
Soudain, une main osseuse surgit du sol. Azra se jeta en arrière tandis que la terre qui recouvrait les trois tombes s'ouvrait pour laisser paraître trois sinistres mort-vivants qui avancèrent vers lui en titubant.
Le jeune homme se redressa et serra ses poings gantés de cuir et de fer. Il bondit sur son premier adversaire et lui fracassa plusieurs côtes d'un coup avant de lui porter un uppercut qui fit voler sa mâchoire en éclats. Sentant un mouvement derrière lui, il se retourna et envoya un coup qui fracassa le crâne d'un deuxième assaillant. Il remarqua au passage que ledit crâne tomba littéralement en morceau tant il était déjà fissuré et ravagé. Azra fondit alors sur le troisième squelette et lui faucha les jambes d'un coup de pied. Le mort-vivant s'effondra et vola en morceaux.
Le jeune homme allait saluer sa victoire quand une vive douleur lui transperça le bras. Contre tout attente, son premier adversaire était toujours debout et venait de lui infliger une cruelle griffure. Azra se retourna et arracha le crâne d'un coup de poing, laissant les restes disloqués tomber à terre.
Il vérifia ensuite sa blessure qui était heureusement peu profonde.

"Ouf ! s'exclama Gaber. Voilà du travail vite fait bien fait !"

"Je ne suis pas un expert, mais cette affaire me semble bien étrange... Je connais les contes et les légendes qui parlent de spectres et de revenants en tout genre, mais je n'avais jamais assisté à un pareil phénomène. Seul la magie peu ramener des morts à la vie, et je ne vois ici aucun mage..."

"Peut être est-il caché plus loin ?"


"Mais pourquoi réveillerait-t-il encore et encore les même squelettes ? Ceux-ci arrivent à peine à tenir encore debout à force d'être détruit... Pourquoi ne pas prendre des cadavres en meilleur état ?"

"Vous avez une idée ?"

Azra s'approcha et lu les stèles des trois tombes.

"Non, mais j'ai peut-être un indice... Demain, nous irons au temple de Phaïtos, si quelqu'un peut répondre à mes questions, c'est bien la grande prêtresse..."

Le petit homme soupira.

"Tu sais quoi, mon garçon ? Tu me rappels ma femme. C'est une originale qui préfère suivre le culte de Phaïtos plutôt que celui de Gaïa... Tu me proposes d'aller au temple du dieu de la mort après une petite viré au cimetière. Bien, bien, bien... Je commence à t'apprécier, mais je me demande sacrément pourquoi..."



Les sarcasmes d'un mort

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Merci et à Inès pour la signature
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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Jeu 4 Oct 2012 19:45 
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La suite de leur route se fit dans un silence pesant. Terra ne voulait - et n'aurait pas osé de toute façon, ne sachant quoi dire dans une situation de ce genre - rien dire, et Leorcyn, pour une fois, ne souhaitait pas parler. Le chemin, jusqu'ici, ne s'était jamais élargi ou n'avait pas eu l'air de présenter d'embranchements, et les minutes paraissaient de plus en plus longues. Pour tout dire, la fanatique commençait à regretter qu'il ne se passe rien, surtout maintenant qu'ils avaient découvert le cadavre de Nire - du moins le supposaient-ils - certainement assassiné. Mais par qui, ou par quoi ? Ils n'avaient pu identifier la cause de sa mort, encore à cause de l'absence de lumière. Alors qu'elle y réfléchissait, Leorcyn s'arrêta et prononça enfin quelques paroles, mais sur un sujet totalement différent :

« Est-ce-que tu le vois, toi aussi ? Dit-il en désignant un point lumineux au bout du chemin.
- Oui. Maintenant, oui. Je n'avais pas fait trop attention à ce qu'il se passait devant nous.
- Bizarrement, je ne pense pas que ce soit une sortie. On a pas passé assez de temps dans cet endroit pour qu'il fasse déjà jour. Alors, c'est quoi ?
- … De la magie, probablement. »

Tandis qu'ils avançaient, arme à la main, prêts à attaquer au moindre signe de mouvement, la jeune femme put confirmer qu'il s'agissait bien là de magie et non pas de torches : la lumière était bien trop forte pour être due à autre chose qu'un sort. Un sort de lumière en plus. Et cela, la fanatique le savait, n'était pas bon pour elle.

Si le point de lumière ne les avait pas conduits à une sortie, il les avait au moins amenés enfin en un espace plus grand, d'une vingtaine de mètres de large environ. Cet agrandissement soudain n'était pas dû au hasard puisque l'endroit avait eut droit à un aménagement : des amas de livres, mal empilés dans des étagères en bois pourris plaqués contre les parois, suffisaient à prouver que quelqu'un, à défaut de vivre ici, avait au moins fait de cette partie du tunnel un lieu de travail. De plus, au centre de la pièce se trouvait une très grande table en bois sur laquelle étaient déposées de nombreuses choses, comme des parchemins, des fioles, des livres et autres instruments et outils dont la jeune femme ignorait totalement l'utilité. Elle ne savait pas qui était ou qui fut la personne travaillant ici, mais elle ne devait pas être banale.

Le plus important dans cette salle résidait plutôt dans le fait qu'une personne fouillait dans cet amoncellement d'affaires sur la table, sans doute à la recherche de quelque chose de précis de par la façon dont elle avait de jeter à terre tout ce qui était papiers et fioles lorsqu'ils lui gênaient son champ de vision. L'homme n'avait qu'à peine tourner la tête lors de leur arrivée, avant de reprendre sa fouille comme si de rien était. De là où elle était, Terra pouvait juste dire que l'inconnu avait de longs cheveux bruns lui arrivant en dessous de la nuque, était plus grand qu'elle ou Leorcyn d'une dizaine de centimètres, et qu'il portait une armure argentée semblant bien lourde, ainsi qu'une épée longue. Quelques secondes passèrent avant que l'homme s'exclame, après avoir pris entre ses mains gantés un objet de la taille d'un galet qu'il avait trouvé sur la table :

« Enfin ! Il était bien là tout compte fait ! »

Ni la fanatique, ni le mercenaire n'avaient bougé durant ces quelques instants, mais c'est le blond qui intervint le premier, sans doute après être arrivé à la même conclusion que la jeune femme : cette personne était l'assassin de Nire, et l'objet qu'il venait de trouver, celui que le contrat leur demandait de ramener. S'avançant de quelques pas en direction de l'inconnu, dague pointée en sa direction, Leorcyn commença à lui parler, sur un ton se voulant volontairement menaçant :

« Vous avez intérêt à me donner cet objet immédiatement, mercenaire, si vous tenez à la vie...
- … Un mercenaire... Moi ?

L'homme, qui devait bien avoir dépassé la trentaine selon Terra, parut surpris d'avoir été nommé ainsi. Il contempla pendant un moment celui qui venait de lui parler, avant de porter son attention sur la jeune femme. Il émit un petit rire avant de reprendre :

« Vous feriez mieux de faire attention avant de vociférer vos menaces, jeune homme. Il se pourrait que vous puissiez tomber sur plus fort que vous.
- Ne vous en faites pas, je sais quand je dois tenir ma langue. Mais là, ce n'était pas nécessaire à vrai dire.
- Insinuez-vous que vous vous pensez supérieur à moi ?
- C'est l'idée. Plus important : si vous n'êtes pas un mercenaire, qui êtes-vous, et que faites-vous ici ?
- … Pourquoi devrais-je vous répondre ?
- Encore une fois, parce que c'est dans votre intérêt.
- Je n'aimerais pas avoir à vous tuer inutilement, aussi vais-je vous révéler une chose : cet objet, que vous êtes venus chercher, n'est pas anodin : il renferme une puissante magie, une magie sombre. Son possesseur désirait l'immortalité, et est mort au moment où il allait l'obtenir. Je me dois de détruire cette relique, avant qu'il ne se risque à tomber entre de mauvaises mains, comme votre employeur notamment. Alors, mercenaires, partez.
- Super, un serviteur de Gaïa... soupira Leorcyn. Qu'importe vos raisons, je possède les miennes de vouloir cet objet, et sa nature m'importe peu à vrai dire. Alors, pour la deuxième et dernière fois, donnez-le moi !

Comme il fallait s'y attendre, le serviteur de Gaïa dégaina son épée, pointant le bout de la lame en direction des deux mercenaires. Il reposa la rune sur la table, sûr et certain de sa victoire imminente. Le blond, qui avait déjà sa dague en main, commença à sautiller sur place, dans l'attente de son adversaire. Terra, qui n'avait aucune envie de se battre autrement que si elle y était contrainte, recula de plusieurs pas jusqu'à rencontrer une paroi contre laquelle elle s'adossa, soupirant tout de même face à l'habitude belliqueuse de son compagnon. Elle ne comptait intervenir que s'il était en danger. Pour le moment, elle se contentait de regarder la boule de lumière situait au plafond qui éclairait la pièce. Son éclat avait un côté apaisant, normal pour un possesseur de fluides de lumière. La fanatique ne possédait guère que de l'obscurité en elle, et elle s'en voulait d'être née ainsi. D'ailleurs, si cet homme s'apercevait de la nature des fluides de la jeune femme, les choses s'aggraveraient sûrement pour elle.

Ce fut le paladin qui attaqua le premier, perdant patience face aux sautillements incessants du jeune mercenaire. Ce dernier fit un petit saut en arrière pour éviter une attaque horizontale, avant de bondir en avant, tentant d'asséner un coup de dague au visage nu de son adversaire. Celui-ci, désemparé par une riposte aussi rapide, chuta, dos au sol, en essayant de reculer, n'ayant pas eu le temps de parer, ce qui lui sauva au final la vie. Leorcyn manqua de tomber lui aussi, surpris, mais parvint à reprendre son équilibre en s'appuyant sur la table. Se retournant rapidement, il put voir que le paladin ne s'était pas encore relevé et, plutôt que d'en profiter pour lui asséner un coup décisif, le blond préféra se moquer ouvertement de son adversaire, le pointant du doigt, ne s'arrêtant de rire que lorsqu'il se mit enfin debout. La jeune femme - qui n'avait pu s'empêcher de rire un peu - ne le voyait désormais plus que de dos, mais il n'était pas difficile d'imaginer le visage crispé de rage que devait arborer le paladin.

« Arrête de te foutre de moi !
- Tiens ? Mais où sont donc passées les belles paroles ? »

Ce fut la raillerie de trop. Le paladin, rapidement, leva la paume de sa main droite - tenant son épée de la gauche - au niveau du torse de son adversaire. Devant l'incrédulité passagère de son coéquipier, Terra se vit dans l'obligation de lui crier : « il va utiliser de la magie, fais attention! »
Leorcyn, écoutant la mise en garde de la fanatique, redoubla de prudence, scrutant le moindre fait et geste de son opposant. Cela lui permit de ne pas être trop surpris lorsqu'un jet de lumière fusa en sa direction, prêt à frapper son torse et ainsi mettre fin au combat. Effectuant une roulade sur sa droite, il releva la tête juste au bon moment pour voir que son adversaire, qui avait anticipé son mouvement, s'apprêtait à lui asséner un coup d'estoc au visage. Le blond esquiva l'attaque de peu, simplement en penchant la tête, et enchaîna par un coup de pied dans le ventre de son ennemi qui, bien qu'étant suffisamment protégé pour ne pas ressentir la douleur, ne put s'empêcher de reculer. Cela permit au mercenaire de prendre à nouveau ses distances. Terra, toujours assise dans son coin, était impressionnée par les réflexes et le sang froid de son compagnon qui, bien que confronté à de la magie, gardait un léger avantage face au serviteur de Gaïa. Enfin, pour le moment...

Ce que n'avait pu prévoir Leorcyn, c'était les autres sorts que possédaient le paladin. N'ayant été que peu confronté à de la magie, il ne se doutait pas de ce qui pourrait lui arriver ensuite, aussi restait-il constamment aux aguets des mouvements de son ennemi, dague levée, prêt à riposter dès que l'occasion se présenterait. Lorsque l'homme se mit à nouveau dans la même position que lorsqu'il avait projeté un trait de lumière, le jeune mercenaire se prépara à se pencher suffisamment pour esquiver l'attaque sans pour autant perdre son opposant de vue. Néanmoins, plutôt qu'un simple jet, ce fut une lumière éblouissante qui s'échappa du paladin, aveuglant le blond. Terra, elle, ne fut pas atteinte, puisqu'elle était derrière le serviteur de Gaïa. Savourant sa réussite, ce dernier brandit son épée, prêt à l'abaisser sur le mercenaire qui, lui, ne bougeait pas, occupé à se frotter inutilement les yeux. Autant dire que si la fanatique ne faisait rien, c'en était fini de lui.

Seulement, il était bien trop tard pour attaquer. Trop tard pour lancer un sort. Trop difficile de réussir à lancer sa dague sur l'homme. La seule chose qui lui vint à l'esprit à ce moment fut...

« Gloire à Thimoros ! »


… Une idée... qui valait ce qu'elle valait. Cependant, aussi incroyable que cela puisse paraître, le paladin s'immobilisa, avant de se retourner vivement vers elle, paraissant oublier jusqu'à l'existence de Leorcyn. Une réussite totale, si ce n'était le fâcheux problème que maintenant, la cible, c'était elle. Quelle bonne idée, vraiment.

Avec son compagnon toujours occupé à recouvrir la vue, Terra ne pouvait pas vraiment compter sur une aide immédiate de sa part : il lui fallait combattre seule. Courant à présent, épée pointée sur elle, le serviteur de Gaïa était déterminé à la tuer avant d'en finir avec son premier adversaire. Tout cela à cause d'une simple phrase, et fausse de surcroît. Enfin, ça, il ne pouvait pas le savoir. Avançant légèrement pour ne pas se retrouver acculée contre une paroi, la fanatique ne savait comment elle allait faire pour se battre à égale avec le paladin : il la surclassait au niveau de la magie, il possédait une armure, et elle ne pouvait compenser la différence de portée entre leurs armes par son agilité, contrairement à Leorcyn. Ce n'était pas un affrontement qu'elle pourrait gagner. Le mieux qu'elle pouvait faire, c'était de se défendre le temps qu'il revienne au combat.

La fanatique n'avait que peu de temps pour réfléchir à comment procéder. User de ses fluides sombres n'auraient certainement pour effet que de rendre son adversaire plus furieux encore, même si l'effet de surprise pouvait être en son avantage un léger instant. C'est pourquoi elle ne devait pas utiliser sa magie pour le moment, attendre l'instant où elle serait vraiment utile, aussi faible soit elle. La jeune femme allait donc devoir guetter le moment opportun pour s'en servir, si celui-ci avait le temps d'arriver. Le paladin, lui, avait commencé à courir, épée en avant, prêt à frapper d'un coup décisif. Il devait bien se douter que la mercenaire n'allait pas être aussi fort que Leorcyn. Bien qu'il n'est pas tort, cela pourrait constituer un avantage supplémentaire.

Au moment où le serviteur de Gaïa arriva à sa portée, elle se décala rapidement sur sa gauche, avant de juste tendre sa jambe, exécutant un simple croche-pied qui suffit à envoyer l'homme au sol, emporté par sa charge. Décidément, il n'était pas très prévoyant. N'étant pas comme son compagnon à se moquer de ses ennemis lorsqu'ils chutent, Terra, s'étant rapprocher vivement de lui, essaya de lui décocher un coup de dague dans le cou mais son opposant roula sur la droite pour esquiver le coup, avant de se remettre maladroitement, car précipitamment, debout. Il avait le visage maculé de terre et de poussière mais n'en paraissait pas gêné. La seule chose qui le dérangeait actuellement, c'était l'humiliation qu'il avait subi à deux reprises. Que deux gamins réussissent à le ridiculiser ainsi, pour lui, c'était une raison supplémentaire de se débarrasser d'eux.

La jeune femme, elle, se disait qu'elle avait peut-être ses chances de le vaincre sans l'aide de Leorcyn. Si elle réussissait à le faire chuter à nouveau, elle aurait l'occasion de réagir plus vite et de lui asséner un coup fatal. En effet, la fanatique ne s'attendait pas du tout à ce que son croche-pied réussisse aussi bien, elle n'avait donc même pas anticipé le fait qu'il puisse tomber. Cela avait un côté rassurant de savoir que ce combat était à sa portée.

N'ayant plus à l'esprit le simple fait de devoir gagner du temps, Terra commença à parcourir doucement la distance la séparant du paladin, son arme brandit devant elle tandis que l'homme, le visage toujours crispé par la rage, semblait ne pas bouger. Ce n'est que lorsque la jeune femme se fut suffisamment rapprochée de lui qu'il leva à nouveau sa main,comme lorsqu'il avait aveuglé Leorcyn. Instinctivement, elle masqua ses yeux avec sa main libre. Lorsqu'elle réalisa la feinte, elle ne put faire mieux que de reculer précipitamment tandis que l'épée du paladin lui laissait une douloureuse entaille au ventre.

Peu profonde, la souffrance qu'elle lui procurait n'était pas anodine. Les réflexes de la fanatique lui avait une fois de plus sauvées la vie car, si elle n'avait pas perçu la feinte de l'homme, elle serait sans doute morte. Cette simple pensée l'effraya suffisamment pour qu'elle commence à prendre rapidement ses distances, si bien que son dos heurta violemment une des étagères remplies de livres. Se rendant compte qu'elle était désormais acculée, chose qu'elle avait essayé d'éviter, la peur se décupla : elle perdait totalement le contrôle de la situation. Tout cela à cause d'un coup.

Le paladin en était sûr à présent, il avait gagné. C'était évident. Un ennemi déstabilisé par la peur est un ennemi vaincu. De plus, sans possibilité de fuite, autant dire que la fanatique n'avait aucune chance de survivre à son prochain assaut. Il allait porter un coup horizontal, et la tête de son ennemie roulerait sur le sol. À cette simple pensée, le paladin sourit : un autre serviteur de Thimoros qui aillait mourir de sa lame. Il se préparait à décapiter son adversaire, paralysée par la peur, quand une fiole atteint sa tête, éclatant en une multitude de morceaux de verres, laissant de nombreuses coupures sur le visage du serviteur de Gaïa qui cria de douleur, s'écartant de la jeune femme, encore sous le choc.

Leorcyn, qui était bien évidemment la personne ayant lancé la fiole, rejoint la jeune femme, la remerciant d'avoir détourné son attention. Constatant son état, le mercenaire fit ce qui lui semblait être juste : il lui administra une baffe. La douleur piquante lui fit reprendre ses esprits, et pas qu'un peu puisqu'elle ne s'était même pas rendue compte de la présence de son coéquipier. Posant sa main sur sa joue douloureuse, elle le dévisagea un moment et il y avait de quoi : ses yeux étaient injectés de sang, et le contour de ceux-ci était irrité. Dans cet état, la fanatique se demanda s'il avait pu vraiment viser avec précision, mais elle préféra ne pas y penser.

Encore une fois, elle avait vu la mort lui passer de près, et encore une fois, elle n'avait pas été capable d'agir en conséquence. Elle se sentait faible, plus que jamais. Leorcyn, lui, n'avait pas montré la moindre peur lors de son combat, même en sachant que son adversaire pouvait user de magie. Elle, rien qu'en s'étant faite légèrement blesser, avait perdu tous ses moyens, immobile, à la merci de son assaillant. La fanatique s'en voulait, elle s'était pourtant promise que cela ne se reproduirait plus. Le jeune blond fit un léger sourire avant de déclarer qu'ils étaient quittes.

Le paladin avait commencé à se calmer, sans doute cela avait-il un lien avec le fait que sa main, plaquée contre son visage, était auréolée d'une lueur blanchâtre, signe qu'il utilisait sa magie pour se soigner. Les coupures faites par les débris de la fiole commencèrent alors à se résorber jusqu'à tout bonnement disparaître. Il restait encore du sang plus ou moins séché sur son visage, et ses cheveux lui collaient donc à la figure. Bien que soigné, il souffrait encore. Néanmoins, cette blessure n'était pas physique, mais touchait directement à sa fierté. Lui, qui avait toujours mené le combat pour sa déesse, en châtiant toutes personnes n'osant ne serait-ce que nommer les dieux chaotiques, n'allait-il pas pouvoir s'occuper de deux êtres ridicules ? C'en était hors de question : il vaincrait, qu'importe le moyen utilisé. Par deux fois, la victoire sur ses ennemis lui avait échappé de peu. Maintenant qu'ils étaient réunis, le paladin allait évidemment devoir redoubler de prudence, mais au moins, aucun des deux ne pourrait avoir la possibilité de sauver l'autre aussi facilement. Il le savait, il en était capable : il allait vaincre.

Plus prudent qu'auparavant, le serviteur de Gaïa pointa la paume de sa main sur la jeune femme, libérant un trait de lumière de petite taille. Ne s'y attendant pas, la concernée ne réagit pas, mais son coéquipier, si. Il lança un tabouret sur la trajectoire du sort, qui explosa en une gerbe blanche qui souleva un nuage de poussière. Il ne restait désormais plus que deux pieds au projectile. Traversant le nuage, le paladin avait son épée levée, et il ne lui restait plus que quelques pas à franchir pour pouvoir l'abattre sur le mercenaire. Lui réagit rapidement, lançant un autre projectile, cette fois-ci un livre. Le destinataire dut arrêter sa course pour le détourner de la main gauche. Profitant de ce court laps de temps, Leorcyn fondit sur son adversaire, visant sa gorge. Celui-ci, ayant prévu l'endroit visé, put facilement l'éviter malgré la gêne occasionnée par le projectile. Trop proche pour une attaque normale, l'homme pivota sur lui-même, portant ainsi un assaut horizontal que le jeune blond esquiva en bondissant en arrière. Terra ne comptait laisser Leorcyn se battre seul cette fois, aussi réfléchit-elle ) un moyen de se rapprocher du serviteur de Gaïa sans que celui-ci ne puisse s'en apercevoir. L'un des défauts les plus importants chez cette homme, hormis son fanatisme exacerbant, c'est qu'il ne protégeait pas sa tête, aussi pouvait-elle finir le combat en un coup.

Sa blessure au ventre ne la gênait pas, maintenant qu'elle avait passé le cap de la peur. Le combat entre les deux hommes semblaient se répéter : l'homme attaquait, Leorcyn esquivait, il ripostait, le paladin paraît, puis ré-attaquait... Le paladin semblait moins prompte à se lancer dans des assauts aveugles qu'il y a quelques instants, et c'était bien dommage : c'est sur cela que la jeune femme aurait pu compter pour trouver une ouverture mais pour le coup, elle devait abandonner cette idée. Elle ne pouvait pas essayer de l'attaquer directement, elle n'était pas capable de pouvoir esquiver aussi bien que Leorcyn. Si d'aventure la fanatique n'arrivait pas à l'atteindre et qu'il devait riposter... Elle avait déjà vécu cette scène quand elle avait pris son ami Ziresh pour un ennemi : en quelques instants, elle s'était retrouvée en position de faiblesse, incapable de faire le moindre mouvement, alors qu'elle avait bénéficié de l'effet de surprise. Il ne lui restait plus que les projectiles, ou la magie.

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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Dim 14 Oct 2012 21:29 
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Pour une fois, elle avait envie d'utiliser sa magie : elle se devait de s'améliorer dans ce domaine, même si elle tenait ce don pour une malédiction jusqu'à aujourd'hui, et ne l'avait utilisé que les fois où elle le jugeait absolument nécessaire. La démonstration de l'homme lui avait fait comprendre l'importance de cet art. Elle se devait de la mettre à profit. Mais le souffle de Thimoros ne suffirait pas cette fois. De plus, elle risquait d'atteindre le jeune blond. Il lui fallait un sort précis, quelque chose capable de blesser ou au moins d'immobiliser le serviteur de Gaïa.

Il lui fallait d'abord trouver la forme qu'allait prendre sa magie, comme elle l'avait fait dans la grotte. Ici, ce n'était pas un dôme qu'elle se devait de faire, mais une forme capable d'atteindre précisément la tête du paladin : son imagination se canalisa sur la forme d'une main faite d'ombres, une main suffisamment grande pour enserrer le cou de leur adversaire. Qu'importe la durée, cela serait suffisant pour que Leorcyn puisse en profiter. Bien qu'elle puisse bien s'imaginer cette forme, la fanatique n'osait penser en premier lieu qu'elle pourrait réussir. Cela n'était pas forcément dû à un naturel défaitiste, plutôt à une impossibilité de concevoir qu'une telle chose puisse être réalisée par magie. Elle s'imaginait des limites à la magie qui pourtant n'existaient pas. Essayant néanmoins de garder en tête les paroles de Ziresh, elle se décida tout de même à essayer, qu'importe ses doutes.

Vérifiant que Leorcyn n'était pas en difficulté, elle put voir que celui-ci avait un sourire aux lèvres, toujours en train d'esquiver avec aisance les attaques du paladin, mais toujours à se faire parer lors de sa contre-attaque. Aucun des deux n'arrivaient plus à trouver de véritables failles dans la défense de l'autre. Rassurée pour le moment, elle arrêta son observation, et ferma les yeux, respirant longuement. Elle devait faire abstraction de ses doutes, du bruit, de toute pression. Se concentrer sur ses fluides, voilà sa seule préoccupation pour le moment.

Lorsqu'elle utilisait le souffle de Thimoros, ses fluides se rassemblaient dans ses mains, avant de, lorsqu'elle relâchait son sort, s'échappait dans la direction qu'elle leur ordonnait, sous la forme d'un courant d'air affaiblissant ses ennemis. Point de réelle matérialisation, ici. Sa tâche serait donc de commencer par là : donner une forme à ses fluides. Elle avait précédemment choisi celle d'une main, et allait s'y tenir. Elle avait déjà réussi à créer un dôme, aussi pouvait-elle se servir de son expérience pour réitérer cette manœuvre. En premier lieu, après avoir trouvée sa forme, elle devait visualiser cette main, chose bien plus basique qu'un bouclier.

Ceci fait, ça n'était plus qu'une question de dextérité dans l'utilisation de la magie. Elle était certes inférieure au paladin dans ce domaine, mais ça ne suffirait pas à la décourager. Ses fluides commencèrent à se canaliser en ses mains, qui prirent une légère teinte ombragée, avant de s'échapper doucement de son corps, sous la forme d'infimes particules noires. C'est à ce moment-là que le serviteur de Gaïa comprit ce qu'il se passait dans son dos. Il se retourna rapidement pour fixer la fanatique tandis que, de son côté, elle voyait son sort se matérialiser autour de la gorge de son ennemi. Ses fluides s'étaient assemblées en la forme qu'elle avait imaginé, et d'ici quelques instants, la main allait commencer à se resserrer. Il allait lancer un sort pour empêcher ce que préparait la jeune femme, mais, à cet instant précis, il sentit une étreinte douloureuse au niveau de son cou.

Instinctivement, il tâtonna, le souffle coupé, essayant de voir ce qui l'étranglait, mais il ne rencontra guère que du vent. La main qui l'étranglait n'était visible que de Terra, une main noire autour de laquelle véhiculait une aura d'ombre, serrant de plus en plus fort la zone ciblée. C'était la première fois que ses fluides réagissaient aussi bien et aussi rapidement à sa demande, aussi ne put-elle s'empêcher d'esquisser un sourire de satisfaction. Cependant, tenir son sort actif était bien plus contraignant qu'elle ne l'avait imaginé : cela exigeait une quantité non négligeable de fluides ainsi que beaucoup de concentration ; l'effet se dissiperait sans doute dans peu de temps. Mais ce serait suffisant, il ne restait plus qu'à porter un coup au serviteur de Gaïa pour en finir avec tout ça, et c'était le jeune blond qui allait s'en charger.

Cependant, Leorcyn ne réagissait pas. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, et la jeune femme était bien trop occupé à maintenir son sort pour se permettre de le lui expliquer.

*Mais qu'est-ce-qu'il attend ? Frappe !*

Parvenant à se maîtriser malgré tout, l'homme envoya encore un trait de lumière sur la fanatique, qui n'eut d'autre choix que de se jeter au sol pour l'esquiver, rompant le sortilège. Elle entendit son adversaire haleter fortement, et vit qu'il était accroupi. Le jeune blond n'avait manifestement pas tout compris à la situation. Après quelques secondes, le paladin cria :

« Je le savais. Je l'avais senti ! Tu n'es qu'une infâme vermine de Thimoros, adepte de magie noire ! Au nom de ma déesse, je te tuerai ! »

Leorcyn observa un moment Terra, l'air songeur, avant de recentrer son attention sur l'homme, laissant échapper un sifflement aigu tout en tapant des mains, attirant sur lui son regard.

« Voilà de belles paroles, toujours emplies des mêmes idioties de fanatique. Souffres-tu donc d'agir par toi-même, pour venir te réfugier sous pareille idole ? »

Les quelques mots ajoutés par le mercenaire suffirent à mettre définitivement hors de lui leur adversaire. Aveuglé par la rage, il fondit sur Leorcyn s'en prendre garde, l'épée levée, sans défense. Celui-ci en profita donc pour devancer son adversaire en vitesse, et planter sa dague par delà la maille le protégeant, au niveau du ventre. Cependant, la réaction attendue, soit l'arrêt du paladin ne vint pas : à la place, celui-ci laissa tomber son épée et donna un puissant coup de poing au mercenaire, en plein visage. Ce dernier alla s'écraser contre un coin d'une étagère, et sous le choc, perdit connaissance.

La dague plantée dans son ventre était pleine de sang, mais cela n'avait pas l'air de l'affecter. La fanatique n'y comprenait plus rien : comment pouvait-il encore se mouvoir si normalement après une telle blessure ? Le paladin se retourna, contemplant un moment la fanatique, serrant les dents non pas par douleur, mais par rage : il n'avait jamais été aussi furieux. Et les deux gamins qui avaient osé le mettre dans un tel état seraient torturés avant d'être enfin offerts à Phaïtos. Terra ne comprenait pas comment un serviteur d'un Dieu jugé bon pouvait se comporter ainsi. Il n'agissait plus que par simple fanatisme, mais aussi et surtout pour épancher sa colère.

Reprenant sa course, cette fois en prenant pour cible la jeune femme et sans même penser à reprendre son épée, il l'attrapa à la gorge et la plaqua violemment contre l'une des parois de la grotte. Elle n'avait pas eu le temps de réagir, et était maintenant sonnée, sa tête ayant fortement cognée la pierre. Bien que l'ayant attrapé au cou, celui-ci ne l'étrangla pas : ça aurait été trop rapide. À la place, il lui asséna un coup au ventre de son poing gauche. Douloureux, appuyant sur la blessure que lui avait faite auparavant l'homme, cela eut le mérite de lui faire reprendre ses esprits. La fanatique avait encore sa dague dans sa main gauche, aussi tenta-t-elle d'asséner un coup au visage du paladin. Le serviteur de Gaïa, de sa main libre, attrapa le poignet de la jeune femme avant qu'elle n'y parvienne, et le frappa à plusieurs reprises contre le mur, jusqu'à ce qu'elle lâche son arme, la main en sang.

S'empêchant de crier de douleur, elle parvint tant bien que mal à rester concentrer sur son objectif, à savoir survivre. Elle n'arrivait plus à bouger sa main gauche, elle ne la sentait même plus. Pendant qu'elle réfléchissait, le paladin lui asséna un nouveau coup, cette fois au visage, lui ouvrant la lèvre. Agrippant la fanatique par les cheveux, il contempla un moment son visage d'où le sang commençait déjà à perler. Néanmoins, à son sens, ce n'était pas assez. Aussi, il la frappa encore une fois, puis une autre. Désormais, elle saignait également du nez, et son œil droit lui faisait mal, sans doute n'allait-il pas tarder à être boursouflé. Le serviteur de Gaïa se mit à rire, heureux d'enfin pouvoir se défouler, après tout ce qui lui était arrivé. Il n'était pas prêt d'avoir fini, tant qu'elle ne pleurerait pas de douleur et ne le supplierait pas d'arrêter.

Il ne faisait plus attention aux réactions de la fanatique qu'il pensait désormais incapable de lui faire quoi que ce soit, désarmée. Néanmoins, au coup suivant qu'il lui asséna, celle-ci riposta, envoyant son poing s'écraser contre la bouche du serviteur de Gaïa. L'effet attendu ne se produisit pas, il n'eut pas particulièrement mal, et ne lâcha même pas prise sur son cou, ne la laissant pas se libérer de son étreinte. Elle n'avait pas assez de force pour pouvoir lui faire suffisamment mal : même la dague plantée dans son ventre ne semblait pas le faire souffrir. La jeune femme avait déjà pensé à la prendre, mais elle n'avait pas assez d'allonge pour ça, bien qu'avec un seul œil valide, apprécier la distance n'était pas forcément chose aisée. De toute façon, il déjouerait sans doute cette manœuvre trop longue.

Il lui fallait frapper plus fort, mais elle n'en avait pas les moyens. Elle ne se découragea pourtant pas tout de suite, et continua à le frapper, sans qu'il ne réagisse ni même ne riposte : il s'amusait désormais à la voir se débattre pitoyablement, sans même parvenir à lui faire mal. Chaque coup lui faisait perdre un peu plus espoir en sa réussite, et bientôt, elle s'arrêta, épuisée. Elle n'était pas résignée, mais elle ne savait pas quoi faire maintenant. Terra tenta donc ensuite de dégager simplement le bras qui la retenait prisonnière, d'abord en essayant de le pousser, puis en lui mordant la main. Toujours aucun effet.

« Tous tes efforts pathétiques me font bien rire, femme. Mais je perds patience, aussi vais-je un peu précipiter les choses. Gaïa sera ravie de me voir accomplir une fois de plus mon devoir. »

Retirant la dague de son ventre, non sans douleur, il la plaqua contre la gorge de la fanatique.

« Tu fais le moindre mouvement, je te tue. »

D'un simple geste, l'homme pouvait en finir avec sa vie désormais, aussi ne préféra-t-elle pas mettre sa parole en doute. Il mit son autre main sur sa blessure d'où le sang s'échappait rapidement. Une aura entoura alors la plaie, qui se referma doucement. Encore un pouvoir de guérison, mais cette fois-ci, il sembla accuser le coup : il montrait enfin des signes de fatigue, sans doute avait-il trop utilisé sa magie. Néanmoins, cela ne changeait rien à la situation : elle était à sa merci.

« J'aurais aimé m'amuser plus longtemps avec toi, vermine, mais ton ami risque de se réveiller et de m'avoir par surprise à nouveau. Alors, adieu. »

Il allait l'égorger, lorsqu'il lâcha soudainement son arme. Il recula de plusieurs pas, sans faire attention à la jeune femme. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, la fanatique, encore sous le choc, se laissa glisser contre la paroi de la grotte, jusqu'à être assise sur le sol sale et poussiéreux. Elle avait le visage en sang, et n'arrivait plus à bouger sa main gauche. Elle n'avait jamais eu aussi mal. Se ressaisissant, il lui fallait profiter du fait que le paladin ne réagissait pas pour l'attaquer. Mais au moment où elle se releva, elle eut un violent vertige, et il lui sembla que la salle entière venait de s'assombrir. S'appuyant de sa main valide contre le mur pour éviter de chuter, elle contempla cette obscurité grandissante. Que se passait-il ?

Il lui sembla entendre un murmure venant du néant. Terra ne comprenait plus rien. La pièce entière était désormais vide, et seuls elle et le paladin demeuraient présents. Lui restait là à regarder le plafond, émerveillé, sans prêter attention à ce qu'il se produisait aux alentours, ni même faire attention à sa présence. Regardant un instant dans la même direction que l'homme, elle ne vit que l'obscurité. Ne percevait-il donc pas la même chose qu'elle ?

Elle entendit à nouveau une voix dans cette obscurité, sans pour autant en comprendre les paroles, puis plus rien, juste un grand silence. Elle sentit néanmoins quelque chose monter en elle, un vieux sentiment, qu'elle n'avait pas éprouvé depuis un long, très long moment. Une envie. Elle avait envie de faire souffrir, de tuer, de se venger du paladin. La fanatique n'avait plus qu'une pensée, c'était de frapper cet homme jusqu'à ce que son visage ne soit plus qu'une bouillie sanguinolente. Elle n'en avait pas la force, elle le savait, mais elle en avait la capacité. Sa magie le lui permettrait.

Terra ne saurait expliquer ce qui lui arrivait, mais tout cela était assurément en rapport avec l'obscurité qui était apparue. Peut-être tout cela n'était qu'une manifestation de ses fluides, mais en ce cas, qu'arrivait-il au paladin ? Elle s'en fichait à vrai dire, tout ce qu'elle avait à l'esprit était la mort violente et imminente qu'elle allait lui infliger. Il avait pris du plaisir à la frapper sans qu'elle ne puisse se défendre, ça allait être son tour. Sa magie ne lui permettait certes pas de soigner, mais elle en avait compris l'essence désormais : elle infligeait des souffrances, inspirait la crainte, et provoquait la mort. Tout ce qui était lié à ce domaine était sien : si elle souhaitait la souffrance du paladin, sa magie l'aiderait.

L'obscurité se retira, et la douleur revint. Pourtant, elle n'y faisait plus attention désormais. Tout semblait n'avoir été qu'une hallucination, mais ce sentiment était toujours présent : il subirait des tourments bien plus horribles que ce qu'il avait prévus pour elle. Le paladin semblait avoir repris ses esprits lui aussi. Il venait de vivre une expérience étrange, il lui avait semblé avoir vu un ciel, un magnifique ciel au sein de cette grotte. Bien que tout cela n'avait été qu'illusion, il se sentait apaisé désormais. Cependant, son combat n'était pas terminé, il avait encore deux fanatiques à châtier. Lorsqu'il chercha Leorcyn du regard, il put remarquer qu'il n'était toujours pas revenu à lui. L'homme allait donc devoir en premier lieu s'occuper de la fille. Elle était de toute façon inoffensive, son état ne lui permettrait pas de le vaincre. Cependant, au moment où il se retourna, il put voir la jeune femme lui bondir dessus, comme prise d'une force nouvelle, le plaquant au sol, à califourchon sur lui, bloquant ses deux bras en appuyant ses jambes dessus.

Lors, tout se passa rapidement. Toujours désarmée, la jeune femme n'en parut pas pour autant dérangée. Elle commença à frapper l'homme de sa seule main valide, sans grand effet pour autant. La fanatique ne parvenait toujours pas à réellement lui faire mal. Pour le moment. Mais à force d'insistance, le visage de son ennemi commençait à se maculer de sang. De son nez et de sa bouche s'écoulaient des sillons rouges. Terra ne se rendait pas compte de l'état de son poing, dont la peau s'arrachait et les phalanges se brisaient. Elle n'en ressentait aucune douleur, ne retirant de ce qu'il se passait uniquement du plaisir. Ce sentiment horrible, qui n'avait normalement plus d'attrait pour son être, avait resurgi, et bien qu'elle ne puisse en expliquer la raison, et bien qu'elle se soit jurée que ça n'arriverait plus, cela lui était utile pour le moment, aussi n'y réfléchit-elle pas plus que ça. Elle se contentait de marteler de coups le visage de l'homme qui était de plus en plus en sang, le nez cassé, les dents enfoncés, les yeux boursouflés. Il n'arrivait plus à réagir, il s'était de prime abord laissé faire, amusé, mais maintenant, il était sonné et ne pouvait guère faire mieux que subir la folie de la jeune femme.

L'explication de ce soudain gain de force ne trouvait pas de raison chez le paladin. Terra, elle, comprenait parfaitement. Elle le sentait, elle sentait ses fluides la renforcer, lui permettant cette prouesse physique. Néanmoins, et bien que cette idée puisse la terrifier, et soit horrible à simplement l'imaginer, elle percevait que sa vie lui échappait petit à petit. Plus exactement, elle se sentait faiblir à chaque coup qu'elle portait, et pourtant elle frappait de plus en plus fort. Bien que paradoxal, ce fonctionnement semblait pourtant normal. Il aurait été naïf de penser que la magie sombre lui aurait octroyé cette force nouvelle sans une contrepartie, alors quoi de mieux que de sacrifier un peu de sa propre vie pour tuer ses ennemis. Il n'y a ni beauté ni espoir dans l'obscurité, juste de la crainte et de la souffrance. Mais qu'importe, du moment que le serviteur de Gaïa, à présent totalement méconnaissable, regrettait son erreur, regrettait de s'en être pris à elle, regrettait d'avoir pris du plaisir à la voir souffrir.

« Comprends-tu seulement ? Qu'importe Gaïa, qu'importe Thimoros, qu'importe les Dieux. Ta croyance, ton fanatisme, t'a aveuglé et mené à ta perte. Comprends-tu maintenant ? Je ne te tuerai pas pour satisfaire un quelconque dieu obscur, ou un fanatisme écœurant : nul besoin de justifier mes actes sous l'égide d'une entité. Je ne te tuerai que pour mon propre plaisir. »

Pouvait-il seulement encore l'entendre ? Il respirait encore, mais était-il encore conscient ? Qu'importe désormais. Levant son poing, elle l'écrasa de toutes ses forces sur la gorge du paladin dans un craquement horrible.

C'était fini. Essayant de se lever, elle retomba aussitôt : ses jambes ne la portaient plus. Était-ce la manifestation de la contrepartie de son sort ? Contemplant sa main, elle put voir le résultat de cet acharnement sur l'homme maintenant défunt : elle avait les ongles arrachés de même que sa peau, et le simple fait de bouger les doigts lui faisaient affreusement mal. Comment avait-elle pu continuer à se battre ainsi ? Regardant autour d'elle, elle put voir que Leorcyn n'était toujours pas réveillé. Heureusement qu'il ne l'avait pas vu ainsi. Terra remarqua ensuite que la lumière artificielle crée par le serviteur de Gaïa continuait à briller, bien que son créateur se soit éteint.

Que s'était-il donc passé, lorsque la salle avait semblé s'assombrir ? Quelle était l'explication à ce phénomène ? Elle avait déjà pensé à ses fluides, mais pourquoi ? Tout cela avait été indépendant de sa volonté, et elle ne se voyait pas capable d'une telle chose. Pourtant, elle avait le sentiment que la chose responsable de la réapparition de cette vieille envie n'avait été autre que ses fluides. Elle ne saurait l'expliquer, mais elle en avait l'impression. De plus, c'est à ce moment-là que cette envie de voir son ennemi souffrir s'est manifestée, et pas avant : jusqu'ici, elle s'était battu surtout pour sa survie, mais là, elle s'était jetée aveuglément sur l'homme, et aurait pu se faire tuer s'il n'avait été pris par surprise. Mais qu'importe désormais, Terra semblait être redevenue elle-même.

Lorsque Leorcyn reprit connaissance, il vit la jeune femme assise aux côtés du corps sans vie du paladin. S'approchant du défunt, une main sur sa tête encore douloureuse, il put voir son visage en sang, défiguré. La fanatique aussi avait plusieurs blessures au visage. De plus, elle avait d'affreuses cernes sous les yeux, et sa peau semblait s'être assombrie. Il en ignorait la raison, mais il s'agissait en fait des contrecoups d'une sur-utilisation de la magie des ombres.

« Tu te sens bien ? »

La jeune femme ne sut pas trop quoi répondre : dire qu'elle allait bien alors qu'elle était blessée et qu'elle venait de tuer un homme à force de le frapper aurait été un peu horrible. À la place, elle haussa les épaules et lui retourna la question.

« Oui, oui, ça va, juste l'impression d'avoir raté quelque chose. C'est moi ou tu l'as tué en le martelant de coups ?
- Comme tu peux le voir. » dit-elle en lui désignant du menton ses mains.

Grimaçant, il s'imagina la scène, elle en train de frapper son ennemi avec tant d'insistance que ses propres mains s'étaient brisées. Si il savait...

Durant les quelques minutes qui précédèrent le réveil du jeune blond, Terra en avait profité pour fouiller dans la besace de l'homme, et n'y avait trouvé rien d'autre que la rune que cherchait leur employeur. Déçu, elle l'avait observé un moment, essayant de comprendre en quoi une si petite chose pouvait conférer l'immortalité - en admettant que les informations du paladin fussent vraies - mais n'avait constaté rien d'autre que des inscriptions étranges. Elle avait senti également quelque chose dans cet objet, quelque chose de malsain, mais cela ne l'avait pas vraiment préoccupé. Aussi, lorsque Leorcyn, qui était allé récupérer sa dague, lui demanda où était la rune, elle la lui tendit, non sans mal. Mais lorsqu'il la frôla des doigts, personne n'aurait pu prévoir ce qu'il allait se produire.


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tentative d'apprentissage des sorts évolutifs :

Main sombre : Une force mystérieuse et sombre semble venir étouffer votre adversaire telle une main sur la gorge (mag+1/lvl)

Force obscure : Vous sacrifiez un peu de votre énergie vitale pour attaquer plus fort (-1PV/lvl, for+3/lvl). Le gain de force dure lvl/2 tours.

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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Ven 14 Mar 2014 20:27 
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Inscription: Mar 16 Avr 2013 11:53
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Le vent dans les cheveux, un petit bouquet de fleurs des champs dans la main, l'esprit encore embrumé par la colère, Alexander se dirigeait vers le cimetière de la ville. Il avait besoin de se retrouver seul avec sa mère. Celle-ci était morte il y a une dizaine d'années, emporté par la maladie, laissant sa famille derrière elle. Il avait confectionné le petit bouquet de fleurs avec celles qui bordaient le chemin.

Il entra dans le cimetière et prit le chemin de la tombe de sa mère et reconnu une silhouette familière. Ilyana se trouvait là, se recueillant. Elle se retourna quand elle entendit les pas d'Alexander et parut surprise de le voir ici. Sans un mot celui-ci déposa le bouquet sur la pierre et alla se positionner à côté de sa sœur.

Tu t'es encore disputé avec père?

Le jeune homme se contenta de sourire. Sa sœur savait comment il était, jamais il ne venait ici, mais quand il se disputait avec son père, il avait besoin de s'éclaircir les idées et se recueillir.

Pourquoi a-t-il fallu que les dieux la rappellent à eux aussi tôt?

Alexander enlaça Ilyana et lui murmura au creux de l'oreille.

Parce que les dieux n'existent pas...S'ils existaient cela n'aurait eu aucun sens...C'est la nature...

Elle soupira devant le peu de foi de son frère, jamais il n'avait cru à des dieux se jouant des humains. Il préférer attribuer le bien comme le mal aux gens ou à des coups du sort, mais jamais en une divinité qui s'amuserait à rire d'eux.

Maitre Lirio ne s'occupera pas de toi petite sœur, il doit me tenir la main jusque Shory...Retrouver la cargaison de vin de père...Et puis tu ne sais pas manier une arme.

Elle lui donna une tape derrière la tête qui le fit sourire.

Tu peux parler...J'ai ouïe dire que Lirio avait arrêté ta lame avec sa main seule.

Il s'écarta de sa sœur, étonné qu'elle aie cette information.

Comment le sais-tu? Tu n'as pas le droit de voir mon entrainement normalement!

Bah...c'est-à-dire que...


Alexander se mit à rire à gorge déployée, reconnaissant bien là sa sœur, tandis que celle-ci avait la mine contrite par cet aveu.

Je vois qu'on s'amuse bien Baltar!

Reconnaissant la voix le rire d'Alexander s'arrêta brusquement, les sens en alerte, sentant le danger. Il se plaça devant sa petite sœur, faisant bouclier contre toute éventualité.

Et en plus je vois que tu as ramené celle qui me désire plus que tout...

Va crever Elkins!

Ilyana, tais-toi s'il te plait.


Arrivant près d'eux Ayren Elkins, accompagné de deux hommes à la mine patibulaire. Alexander en déduisit que cela devait être ses gardes du corps...Ou ses hommes de main. C'était un jeune garçon à peu près du même âge qu'Alexander, des cheveux noirs mi-longs, un bouc tout aussi noir et des yeux perçant comme des poignards. Il avait choisi la voie de la facilité au fil des années, jouant sur son influence et celle de son père pour avoir ce qu'il voulait....Hors il voulait Ilyana...et celle-ci se refusait à lui.

Oh Ilyana très chère, un tel langage est indigne dans la bouche d'une si jolie femme, je devrai t'apprendre les bonnes manières...

S'avançant d'un pas Alexander s'interposa, bloquant la vue d'Ayren sur sa petite sœur.

Touche à un seul de ses cheveux Ayren et tu as ma parole que je coupe ce qui fais de toi un homme.

Halte-là Baltar, je suis venu courtiser la damoiselle, je n'ai que faire de tes menaces vaines.

Jamais je ne t'aimerai Ayren, jamais!


Le visage d'Elkins s'assombrit, il claqua des doigts et les deux brutes s'avancèrent avec des intentions malsaines. Alexander s'avança bien décidé à s'interposer, c'est alors qu'un poing aussi gros qu'un bloc de pierre vint s'abattre sur sa pommette, lui faisant voir trente-six chandelles. À quatre pattes sur le sol, tentant de voir clair, Alexander ne vit pas arriver le coup de pied qui l'envoya rouler un peu plus loin.

Allons, allons Ilyana, tu vois ce que tu fais subir à ton frère? Tu vois comment il souffre par ta faute?

Il s'avança en direction de la demoiselle pendant que les deux lourdauds s'avançaient vers Alexander pour l'occuper.

Cours Ilyana!

Les paroles de son frère firent l'effet d'un électrochoc et la jeune femme se mit à courir dans le cimetière à la recherche d'un garde ou d'une autre solution. Alexander essayait doucement de se lever pendant que ses deux adversaires s'avançaient vers lui. Il feintait son état de choc pour pouvoir agir promptement à la prochaine attaque. L'adrénaline et la peur de voir quelque chose de mal arriver à sa sœur, le jeune homme, penché en avant, se laissant saisir par son adversaire et avant que celui-ci ne frappe, envoya son poing dans l'entre-jambe, touchant les bijoux de famille.

L'homme se retrouva immédiatement à genou sur le sol, se tenant les parties, les larmes aux yeux. N'ayant que très peu de temps, Alexander se retourna sur le second adversaire, fit un pas un arrière pour éviter un coup-de-poing qui le frôla à peine, et envoya ses deux mains, plié de façon adéquate, de part et d'autre de la tête du second loubard.

Il avait réussi à frapper sur les oreilles, l'homme s'écroula devant lui, désorienté par cette contre-attaque éclair. Alexander se pencha sur l'homme et lui envoya son poing dans la figure l'assommant pour de bon, puis il en fit de même avec l'homme à genoux. Reprenant son souffle, le jeune homme se mit à regarder dans le cimetière tentant de retrouver la trace de sa sœur, puis il se mit à courir pour la chercher.

Ilyana...

Courant dans le cimetière à la recherche de sa sœur, de sombres pensées l'envahissaient au fur et mesure que le temps passait. C'est sur le chemin de la sortie, qu'il l'entendit crier, n'entendant que le sang battant à ses tempes, le jeune homme se précipita dans la direction du cri, redoutant le pire. Il vit sa sœur contre un mur, bloqué par Ayren qui commençait à lever la main sur elle.

Alexander s'avança sans rien dire tandis qu'Ilyana poussait de petits cris de douleur à chaque gifle qu'elle recevait sous les rires de l'ainé de la famille Elkins. Celui-ci ne l'avait pas remarqué, Alexander en profita pour faire rapidement passer son bras au niveau de la gorge de l'homme et le tira en arrière, loin de sa sœur.

Celui-ci essaya de se débattre mais l'ainé Baltar eu la présence d'esprit de se pencher vers l'arrière, empêchant Ayren de récupérer son souffle et de garder une certaine stabilitée! Il voulait tuer cet affreux homme qui représenter de nombreuses choses qu'il détestait, pour les coups bas que celui-ci lui avait fait subir. Il serra d'avantage son avant-bras sur la gorge, entrainant un gargouillis de la part de l'étranglé. Seulement Ilyana pensa à quelque chose que lui-même n'avait pas imaginé

Alexander arrête! Pense à ce que dirait Edéa si tu tues son frère!

Il réalisa sur l'instant qu'il faisait quelque chose de mal, quelque chose que la femme qu'elle aimait aurait énormément de mal à pardonner. Le jeune homme relâcha immédiatement son étreinte de la gorge d'Ayren, reprenant son souffle suite au duel de force qu'il venait de terminer. Toussotant et reprenant son souffle de façon bruyante, d'une voix étranglée il s'exprima :

E...E...Edéa? Que?!

Alexander soupira, il s'était confié qu'a peu de personnes sur son aventure avec Edéa, dont Ilyana, elle avait juré de garder le secret, mais pour le bien de celui-ci elle fut obligée de rompre sa promesse, empêchant Alexander de commettre l'irréparable. Seulement Ayren comprit également ce qui se passait entre sa sœur et Alexander, un rictus mauvais apparu sur son visage.

Tu...Tu cou..Tu couches avec....ma sœur!

Alexander ne répondit pas, serrant sa sœur contre lui, s'assurant qu'elle n'avait rien de méchant. Elle avait quelques marques, mais rien de bien méchant, cependant, il avait envie de la venger. C'est à ce moment-là qu'Ayren sortit une dague de sa manche et se rua sur le jeune homme. Mu par son instinct de protection, Alexander bouscula sa sœur pour l'écarter du combat et s'interposa sur la trajectoire.

L'ainé Baltar tenta d'attraper le poignet tenant l'arme pour stopper la charge de son ennemi, mais sa main se referma sur l'arme. Il avait mal anticipé la trajectoire et maintenant une douleur cuisante se propageait dans sa main. Cependant, Alexander tint bon malgré la douleur.

Comment as-tu osé toucher à ma sœur?!

C'est alors qu'il envoya son front en direction du nez d'Ayren, le cartilage craquant sous l'impact, son adversaire tomba à la renverse, lâchant son arme. Sous l'effet de la douleur, Alexander se massa le front tout en examinant sa main blessée, ne faisant pas attention à ce qui se passait autour. Il entendait son ennemi geindre. Voyant qu'il n'avait qu'une blessure mineure, son regard se porta sur Ayren, il se tenait le nez, ses mains étaient maculées de son propre sang. Cependant, son regard était tourné sur Ilyana qui était armée de la dague.

Ilyana, non! Il n'en vaut pas la peine, c'est toi qui me l'as fait comprendre tout à l'heure.

Il s'approcha doucement de sa sœur qui était comme sous une emprise extérieure. Elle était comme omnibullé par l'arme, en transe, était-elle entrain de peser le pour et le contre? Voulait-elle se venger? Alexander attrapa doucement l'arme, l'enleva des mains de celle-ci et la prit dans ses bras.

C'est tout Ilyana, je te le promets, plus jamais il ne te touchera.

D'un seul coup Ayren se leva et se mit à courir, s'enfuyant du cimetière.

Soyez maudits! Je me vengerai!


Alexander le laissa se sauver, il devait avant tout veiller à la sécurité des siens. Il secoua légèrement sa sœur qui sortit doucement de son état de choc passager.

C'est bon, je vais bien...Je...Donne-moi cette dague, au cas où il refait un coup pareil, j'aurai quelque chose pour me défendre...

Il savait qu'il faisait peut-être une erreur, mais il allait partir pour Shory et ne serait pas tout le temps présent pour la défendre. Il lui tendit doucement la dague.

Je veux que tu l'utilises uniquement si tu es en danger Ilyana. Et je ne plaisante pas...

S'assurant de s'être bien fait comprendre, il serra tendrement sa sœur et prit le chemin du retour.

Nous n'avons que trop tardé ici, rentrons, les autres vont s'inquiéter.

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Alexander Baltar, Kendran


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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Mar 15 Déc 2015 00:27 
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Inscription: Mer 2 Déc 2015 16:19
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Les enterrements sous la pluie sont toujours plus solennels. Elle apporte aux convives la confirmation, de la part du monde, que leur tristesse, supposée à tous ceux qui participent à ce genre de cérémonie, est prise en compte, validée par la réalité. Un temps aussi maussade ne peut que se déchaîner sur la terre lorsqu’un proche se voit rappelé des vivants. Le ciel lui-même pleure le défunt. Si cette métaphore était véridique, le cosmos entier regrettait Bruno et sanglotait à grosses larmes. Les trombes d’eau inondaient le cimetière des communs alors que chacune des personnes venues lui rendre un dernier hommage commençait à s’en aller. La cérémonie avait été sobre, et cela convenait à Jeanne. Beaucoup de gens manifestèrent leur amitié à la toute nouvelle veuve. Leurs rares amis proches, bien sûr, avaient été d’un soutien sans faille pendant les deux jours consacrés à l’organisation de l’enterrement. Mais Jeanne fut touchée par le nombre de soutiens divers et variés ; clients et fournisseurs, autres bouchers et poissonniers, quelques dockers et miliciens, paysans et voisins vinrent en nombre faire leur adieu à cet homme radieux que fut son mari. Comme la tradition l’exigeait, ce fut la première personne encore en vie qui fit le premier discours, symbolisant l’entrée dans le monde de Bruno. En l’état, il s’agissait d’Alain, puisque Renne et Folon, ses parents, étaient décédés. Ce qu’il dit alors était plein de tendresse et nombreuses furent les personnes à sangloter. Ensuite, ce fut Fanon, le prêtre de Yuimen qui les avait mariés qui prit la parole, l’union symbolisant l’entrée dans le monde des adultes. Calme et plein d’espoir, il tentait de rappeler l’implacable vérité de la vie qu’était la mort tout en voulant faire dépasser aux convives les passions tristes qu’amenait cette absurdité. Puis, Jeanne prit la parole, en tant que dernière personne à l’avoir toucher. Ce fut rapide. La colère teintait son deuil.

Certes, la cérémonie n’avait pas la flamboyance de celles que l’on retrouve au Mausolée de Valeureux. Jeanne détestait ce nom. Bruno était valeureux, bien plus que bien des dignitaires enterrés dans des caveaux en or. Cependant, elle avait été bienveillante pour la veuve. Elle fut étonnée de voir à quel point elle eut besoin de cela. En rentrant de la fosse, deux jours auparavant, elle se coucha immédiatement. À son réveil, il était mort. Les larmes ne furent arrêtées par aucun de ses proches pour une journée entière. Puis s’immisça la fureur. Celle-ci bouillait désormais en elle sans connaître de fin. Jeanne le cachait, restait sobre et triste aux yeux de tous, mais n’était plus la même femme. Elle commençait à arpenter une voie qu’elle savait sans retour. Ses yeux ne connaissaient plus les traces salines de la tristesse. Ils se faisaient juges, acerbes, acharnés. Tout manque à la convenance, à la morale, à l’honnêteté apparaissait clair pour elle. Elle le sentait en elle, il y avait un manque profond de bon sens dans cette ville et cela avait tué son mari. Peut-être était-ce l’orgueil d’une veuve, mais elle n’en doutait pas : elle changerait le monde ou le monde la tuerait. Mais il n’y aura plus de paix dans cette ville, joyaux d’honneur et de bonté dans les récits, tant qu’il n’y aurait pas de justice. Chaque déviance du code moral des plus simples lui soulevait des hauts de cœur. Il suffisait de voir Corène pour savoir que l’esprit des justes était bafoué par bien plus que les criminels.

Elle restait sur le côté du chemin, saluée et réconfortée par l’ensemble du ballet qui la connaissait, en larme, drapée d’une robe et d’un voile de deuil si cher que beaucoup purent croire que c’était son mari que l’on enterrait. Mais non. Les attentions pour la bouchère étaient rapidement oubliées pour aller saluer la mère éplorée. Elle répondait à chaque caresse sur son épaule par de petits reniflements. « Où est mon cher petit ? Où peut être mon Guy ? Oh, mon chéri, prions pour que rien ne te soit arrivé ! »

« Pas l’once d’une décence chez cette femme. Faire un tel spectacle à un enterrement ne révèle qu’une chose sur vous : vous êtes une piètre personne, » pensait Jeanne tout bas en attendant de pouvoir partir, la tête de Julia sur l’épaule. En attendant de pouvoir raccompagner le prêtre de Yuimen afin de célébrer le dernier rite, personnel cette fois, elle observait les faits et gestes de la petite foule en marche lente, les rires et les messes basses qui masquaient déjà la mort de Bruno. « Je serais intraitable, inflexible, intransigeante, maintenant. Ma bonté pour les immoraux s’est envolée avec toi, mon aimé. J’espère que tu sauras pardonner mes actes si nous nous revoyons, car j’agis pour le bien de ceux que l’on ne regarde pas. »


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Jeanne


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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Mer 30 Déc 2015 18:35 
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Localisation: kendra kâr
Après quelque heure de marche Hatael arriva enfin au cimetière des communs où était enterré Vivianna. Il prit quelques minutes de respiration pour calmer sa nervosité

(tant d'années que je suis partie ... )

il alla se recueillir sur la tombe de Vivianna se mettant a genou non pas pour prier mais pour adresser quelques mots à la tombe où repose la femme qui l'a élevée.

"le regret pèse encore sur mes épaules tu es morte par ma faute mais, je te promets que je ferai tout pour ne plus faire de mal a d'innocent j'apprendrais à contrôler cette...chose en moi et à vivre en paix avec cette marque"

pendant son recueillement Hatael senti une présence derrière lui et se retourna immédiatement

"bonjour étranger connaissiez vous cette femme nommée Vivianna ?"

Hatael pris quelques secondes à réfléchir
(je ne peux pas lui dire que je suis l'enfant qu'elle a élevé , mon passé pourrait me rattraper)

"oui...c'était ... une amie"

"pourtant je ne vous ai jamais vus à Kendra Kâr ou dans ses environs"

"oui je voyage énormément et je reste que très peu de temps dans les parages"

"je vois .. je comprends mieux je ne vais pas vous importuner plus longtemps"

"bon vent l'ami"

Hatael se releva puis sortie du cimetière , il doit se diriger vers Kendra Kâr il a encore plein de chose a apprendre pour se perfectionner voir peut être même avoir des fluides magiques pour apprendre a s'en servir et augmenter sa capacité magique

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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Mar 26 Déc 2017 16:48 
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La lueur de la lune était particulièrement vive maintenant que Leidenstein y faisait attention; ses reflets sur les brins d'herbe humides donnaient une impression de mer émeraude s'étendant jusqu'aux premiers champ de terre retournée. Les ombres de la forêt derrière lui s'étendaient comme un spectre rampant au sol pour venir l'enserrer mais n'obtinrent à aucun moment l'attention de l'homme errant. Dans cette pâle lueur nocturne ses cheveux et son visage étaient semblables à un os blanchi par le temps qui lui donnait un air de revenant venu hanter les mortels en cette nuit spéciale; il était affreux à voir, non pas par sa laideur, mais par sa démarche claudicant et l'immobilité de son visage fixé dans une crispation de douleur. Après un certain nombre de pas, il lâchait régulièrement un léger gémissement et reprenait son chemin de croix. La main serrée sur sa poitrine le pressait tant qu'on eût cru que son coeur tâchait de s'enfuir par une plaie ouverte et que seul ce pénible effort l'en empêchait. En tout cas la vérité était tout aussi douloureuse et chaque inspiration, doublées en ce temps d'effort, lui arrachait une douleur lancinante à la côte brisée qui menaçait sans doute de se loger dans un organe. Il avait un peu peur qu'un bris d'os ne vienne aux poumons, ou pire.

Par moment, il se demandait s'il n'était pas mourant, s'il ne saignait pas quelque part autrement qu'à son pectoral couvert de sang coagulé auquel s'était mélangé sa chemise imbibée d'une tâche autrefois écarlate et désormais bien plus sombre. L'envie de dormir lui prenait à des moments inattendus et il ne savait s'il perdait la tête ou si sa marche l'avait enfin épuisé suffisamment pour que son corps se rebelle et cesse toute activité. Plusieurs fois il manqua de trébucher, et c'était même ce qui l'avait motivé à éviter les champs, dont les sillons formaient désormais des obstacles mortels à sa promenade de pénitence. Il n'avait de toute façon croisé personne, et avec une lune si haute et si pleine cela ne risquerait pas de changer avant le petit matin. Et quand bien même mettrait-il la main sur un paysan qui ne voudrait pas l'empaler à son tour pour conjurer le mauvais sort, trouver quelqu'un capable de le soigner serait une affaire bien plus délicate encore.

Pourtant, malgré le brasier qui brûlait dans sa poitrine, il ne pouvait simplement pas s'imaginer mourir. Au mieux, il se voyait s'allonger, là, au sol, et se faire ramasser le lendemain pour se faire emmener dans un temple ou bien être rapporté à la milice, mais l'idée que la vie quitte son corps était au delà de sa psyché; il jouissait d'une immortalité qui lui était propre et que lui seul pourrait s'ôter au moment voulu.

L'être immortel tituba un peu trop et manqua de chuter, seulement pour se redresser lourdement sur une jambe, glisser et chuter pour de bon. Un juron ancien aux "r" roulés déchira le silence et Leidenstein resta sur quatre appuis pour ce qui lui sembla une éternité. Une chaleur nouvelle lui fit craindre que sa plaie s'était rouverte et que le sang coulait à nouveau, mais une rapide inspection l'en dissuada et lui apporta la force de se remettre sur deux pattes, s'appuyant sur un muret non loin.

Après un rapide coup d'oeil, le pâle homme perçut malgré la pénombre relative une silhouette accroupie à quelques mètres, qui lui tournait le dos, masquée par un imposant manteau dont la noirceur profonde semblait aspirer la lumière autour de lui. Ses murmures se faisaient parfois un peu plus bruyants qu'elle ne le voudrait et laissait échapper de longues litanies de prières incompréhensibles pour un non initié, ce qu'était exactement l'errant garçon. Laissant sa dignité de côté, il se hissa avec bien peu de grâce sur la pierre froide pour passer de l'autre côté sans se faire plus de mal que nécessaire,
et le soupir à son arrivée sembla aspirer tout l'air de son corps hors de lui : il était essoufflé.

Courbé, endolori, la nuque endolorie à force de relever la tête pour guetter cette mystérieuse prière, il lui sembla voir la capuche de la pleureuse tardive se tourner vers lui, mais aucun visage ne lui parvint, un voile de ténèbres opaques étouffait les traits de l'inconnue dont la voix se faisait de plus en plus féminine à mesure qu'il s'y attardait, et dont le rythme le berçait sans qu'il ne s'en rende plus compte que ça.

Titubant une nouvelle fois, sa cheville se tordit à un angle qu'il n'aurait jamais cru possible sans se briser et la terre sur laquelle reposait l'extrémité de son talon se déroba sous lui, s'affaissant quelques centimètres plus bas. La chute ne fut pas gracieuse et Leidenstein découvrit à son insu ce qui devait accueillir prochainement la tombe d'un défunt et n'avait pas été encore achevé : une petite fosse. Ne perdant pas de son équilibre légendaire, ce fut vers l'avant que son corps se projeta et pendant quelques demi-secondes il espéra pouvoir se retenir simplement par les bras en une position de pompe un peu bancale; La faiblesse qui le rongeait en décida autrement et il fut emporté par son poids, ses bras ployant et bien qu'amortissant la chute lui firent heurter la terre meuble sans plus l'endommager. Il avait chut sur coudes et épaules et sa poitrine meurtrie n'avait pris qu'une légère vague de douleur que la fatigue fit bien vite taire, mais ses jambes lui donnaient l'impression d'appartenir à une marionnette dont les fils auraient cassé : s'il les sentaient toujours, elles se dérobaient autant que ses bras et il se retrouvait désormais à gesticuler, se souillant de terre funeste en espérant se hisser de ce piège aussi pathétique que nerveusement irritant; sa colère ne parvenait même pas à exploser et couvait, parvenait à ébullition jusqu'à ce que la lune immaculée ne se teinte pour lui de rouge.

Lorsqu'un rugissement impuissant s'échappa de ses poumons, ce ne fut guère plus qu'un râle d'agonie qui mourut aussitôt que sa cage thoracique le rappela à l'ordre, et s'il parvint à ramper légèrement pour tirer le haut de son corps hors de terre, la vision de la silhouette s'enfuyant en courant le gifla d'une nouvelle vague de désespoir qu'il ne sut cette fois-ci comment gérer. Se rouler en boule et gémir était l'option la plus naturelle qui lui vint en tête, mais son amour propre parvint finalement à reprendre les rênes et d'un bond le livide guerrier échappa pour de bon à l'étreinte des profondeurs.

Haletant comme après un effort herculéen, il ferma les yeux sans même s'en douter et sembla dormir des années durant. Instinct de survie, habitude de ne dormir que d'un oeil,
il lui était impossible de deviner ce qui l'avait poussé à se réveiller subitement aux bruits de botte qui accouraient de l'autre côté de l'endroit. Calmement, sa main se porta à son fourreau, mais il resta autrement immobile, alors que la lueur d'une torche dansait en cavalant, léchant les tombes de plus en plus proches de ses pâles réverbérations.

Pour Leidenstein, la lune était toujours d'un rouge sanguin.


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 Sujet du message: Re: Le cimetière des communs
MessagePosté: Sam 15 Déc 2018 04:15 
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Inscription: Sam 23 Déc 2017 22:48
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Par quel bond miraculeux il était parvenu à se tirer de la fosse dans laquelle il s'était engouffré, Leidenstein n'était plus capable de s'en rappeler. Il était sur ses pieds, et haletait comme un chien en savourant les rapides goulées d'air qui le faisaient pourtant tant souffrir. Mais la souffrance n'était pas un handicap suffisant pour l'empêcher de poursuivre sa route, et n'avait jamais nourri de crainte chez lui : il vivait pour la douleur, pour donner et recevoir.

Alors que le mystérieux manteau se défilait au détour d'une tombe, suivit de la lueur d'une torche, le flambeau qu'il guettait jusqu'alors se rapprocha pour révéler un jeune milicien, plus jeune encore que lui. Celui là n'était qu'un simple gardien du lieu, sans doute novice en patrouilles, et n'avança vers Leidenstein que pour mieux le voir. Lorsque les flammes léchèrent suffisamment le teint blafard de l'errant bretteur, le jeune soudard fit une moue que les ombres masquèrent à l'interprétation.


Qu'est-ce que vous faites là ? souffla-t-il avec un brin d'animosité dans la voix. Il ne s'agissait pas de la voix d'un jeune homme insouciant embarqué dans quelques aventures le dépassant, mais du ton qu'aurait pu employer Leidenstein quelques années auparavant. Il était fier, méfiant, et serait sans doute prêt à répondre à l'appel du devoir le temps venu.

Un léger sourire traversa douleur et fatigue pour fendre le visage du triste sire, aussi irrégulier qu'une cicatrice. Comme d'un seul homme, les belliqueux adversaires s'emparèrent de leurs lames et firent briller le métal sous une lune sanglante. La bouche du guetteur s'ouvrit mais l'arme de Leidenstein fut plus rapide, et le choc des tranchants masqua les sommations qui tournèrent finalement au ballet d'injures. Aussi sûr à l'escrime qu'au verbe, le sanguinaire couvrit généreusement son adversaire de sobriquets aussi variés qu'exotiques. Hélas, le gardien ne sembla pas répliquer aussi mal avec son arme et manqua de peu d'entailler le pâle guerrier à plusieurs reprises.

Leidenstein soupira plus qu'il ne reprit sa respiration alors que quelques pas suffirent à le séparer de l'autre épéiste. Il boitait, toussait du sang, et ses jambes menaçaient de se dérober à nouveau sous lui. Chacun de ses mouvements était d'une lenteur insoutenable et s'accompagnaient d'une lame de douleur plantée sous sa peau. Seule l'inexpérience de son compagne de passe d'arme le sauvaient chaque fois d'une mort certaine, et sa main gauche était trop occupée à soutenir son thorax endolori pour se permettre de manier une deuxième arme. Sous la lune sanguine, c'était le sien qui coulait pour le moment.

Comme attendu d'un débutant ou d'un grand maître, le garde abattit sa lame sur celle de Leidenstein afin de l'écarter, et ce dernier n'eut qu'à presser son pommeau vers l'avant pour que l'ensemble pivote, et qu'un coup vertical vienne s'abattre sans grand fracas sur son casque. Lorsque le jeune homme leva les bras dans un autre réflexe, le pâle sire grimaça et se déroba de l'étreinte pour reprendre ses forces. Mais son adversaire avait déjà perdu sa fougue, et la raison avait accompagné la réflexion en voyant l'état pitoyable du voyageur.


Il suffit. Je ne sais pas ce que vous avez, mais vous devriez vous soigner au lieu de vous battre. s'exclama-t-il avec un ton qui se voulut autoritaire, mais qu'une note finale plus aigue tâcha d'anxiété.

Par deux fois, Leidenstein toussa dans sa main, rengainant son épée longue sans honte aucune. Il sentait ses forces l'abandonner et déjà la lune lui semblait plus blanche, la rage le quittant peu à peu. La lueur des torches s'agita devant lui alors que le milicien cherchait quelque plaie ou trace visible sur lui sans succès. Tapotant avec méfiance l'épaule du triste sire, il s'éloigna afin de chercher ses compagnons pour lui porter secours.

Quelques minutes s'écoulèrent dans le silence que promettait ce lieu à tous tôt ou tard, et le sanguinaire bretteur observait la terre avec la langueur de celui qui oscille entre conscience et repos du guerrier. Récoltant un peu de la terre meuble dans sa main comme le ferait un fidèle de Gaïa, il cracha cependant son habituel défi à la divinité, et quelques autres au passage. Il refusait les griffes de la mort. Une fois soigné, il pourrait enfin...
Encore vivant ? l'interrompit une voix féminine particulièrement douce. Son regard se leva difficilement et devant lui sembla apparaître un ange, parfait mélange de la beauté innocente de la femme devant lui, et du délire léger occasionné par ses blessures. Sa chevelure brune, ondulante, sembla flotter comme dans de l'eau. La main qui relevait son menton lui donna une sensation cotonneuse, mais terriblement froide. A peine. reprit-elle de sa voix paisible, mais qui lui paraissait un peu trop détachée, désintéressée. Il comprenait à présent qu'aucun ange n'était venu le chercher. Une profonde menace émanait désormais, une sueur froide inconfortable qui coulait sur son échine comme une promesse de mort prochaine. Quand son regard se posa sur le manteau noir comme la nuit, ses craintes se confirmèrent.

Pas que cela m'intéresse. acheva son bourreau, dont le sourire n'était plus qu'une grimace démoniaque soutenue par un regard brûlant d'ambitions mauvaises. Ses mains étaient des serres de harpies qui soutenaient pourtant sa tête, et ses sens l'abandonnaient d'autant plus vite qu'elle pourrait être en train de drainer son essence vitale. Les mots vinrent dans son esprit, mais pas à sa bouche. Le sang en sortit par caillots poisseux, et les ténèbres l'entourèrent peu à peu. Les serres de la jeune femme redevinrent doigts de coton, et la nuit eut merci de lui en lui offrant pour dernière image le visage angélique qu'il avait tout d'abord entraperçu.

Comme une nourrice berçant un enfant, la profane reprit les incantations qu'il avait interrompu auparavant, tenant dans ses bras la marionnette inconsciente que la lune immaculée éclairait toujours.


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