Pour une fois, elle avait envie d'utiliser sa magie : elle se devait de s'améliorer dans ce domaine, même si elle tenait ce don pour une malédiction jusqu'à aujourd'hui, et ne l'avait utilisé que les fois où elle le jugeait absolument nécessaire. La démonstration de l'homme lui avait fait comprendre l'importance de cet art. Elle se devait de la mettre à profit. Mais le souffle de Thimoros ne suffirait pas cette fois. De plus, elle risquait d'atteindre le jeune blond. Il lui fallait un sort précis, quelque chose capable de blesser ou au moins d'immobiliser le serviteur de Gaïa.
Il lui fallait d'abord trouver la forme qu'allait prendre sa magie, comme elle l'avait fait dans la grotte. Ici, ce n'était pas un dôme qu'elle se devait de faire, mais une forme capable d'atteindre précisément la tête du paladin : son imagination se canalisa sur la forme d'une main faite d'ombres, une main suffisamment grande pour enserrer le cou de leur adversaire. Qu'importe la durée, cela serait suffisant pour que Leorcyn puisse en profiter. Bien qu'elle puisse bien s'imaginer cette forme, la fanatique n'osait penser en premier lieu qu'elle pourrait réussir. Cela n'était pas forcément dû à un naturel défaitiste, plutôt à une impossibilité de concevoir qu'une telle chose puisse être réalisée par magie. Elle s'imaginait des limites à la magie qui pourtant n'existaient pas. Essayant néanmoins de garder en tête les paroles de Ziresh, elle se décida tout de même à essayer, qu'importe ses doutes.
Vérifiant que Leorcyn n'était pas en difficulté, elle put voir que celui-ci avait un sourire aux lèvres, toujours en train d'esquiver avec aisance les attaques du paladin, mais toujours à se faire parer lors de sa contre-attaque. Aucun des deux n'arrivaient plus à trouver de véritables failles dans la défense de l'autre. Rassurée pour le moment, elle arrêta son observation, et ferma les yeux, respirant longuement. Elle devait faire abstraction de ses doutes, du bruit, de toute pression. Se concentrer sur ses fluides, voilà sa seule préoccupation pour le moment.
Lorsqu'elle utilisait le souffle de Thimoros, ses fluides se rassemblaient dans ses mains, avant de, lorsqu'elle relâchait son sort, s'échappait dans la direction qu'elle leur ordonnait, sous la forme d'un courant d'air affaiblissant ses ennemis. Point de réelle matérialisation, ici. Sa tâche serait donc de commencer par là : donner une forme à ses fluides. Elle avait précédemment choisi celle d'une main, et allait s'y tenir. Elle avait déjà réussi à créer un dôme, aussi pouvait-elle se servir de son expérience pour réitérer cette manœuvre. En premier lieu, après avoir trouvée sa forme, elle devait visualiser cette main, chose bien plus basique qu'un bouclier.
Ceci fait, ça n'était plus qu'une question de dextérité dans l'utilisation de la magie. Elle était certes inférieure au paladin dans ce domaine, mais ça ne suffirait pas à la décourager. Ses fluides commencèrent à se canaliser en ses mains, qui prirent une légère teinte ombragée, avant de s'échapper doucement de son corps, sous la forme d'infimes particules noires. C'est à ce moment-là que le serviteur de Gaïa comprit ce qu'il se passait dans son dos. Il se retourna rapidement pour fixer la fanatique tandis que, de son côté, elle voyait son sort se matérialiser autour de la gorge de son ennemi. Ses fluides s'étaient assemblées en la forme qu'elle avait imaginé, et d'ici quelques instants, la main allait commencer à se resserrer. Il allait lancer un sort pour empêcher ce que préparait la jeune femme, mais, à cet instant précis, il sentit une étreinte douloureuse au niveau de son cou.
Instinctivement, il tâtonna, le souffle coupé, essayant de voir ce qui l'étranglait, mais il ne rencontra guère que du vent. La main qui l'étranglait n'était visible que de Terra, une main noire autour de laquelle véhiculait une aura d'ombre, serrant de plus en plus fort la zone ciblée. C'était la première fois que ses fluides réagissaient aussi bien et aussi rapidement à sa demande, aussi ne put-elle s'empêcher d'esquisser un sourire de satisfaction. Cependant, tenir son sort actif était bien plus contraignant qu'elle ne l'avait imaginé : cela exigeait une quantité non négligeable de fluides ainsi que beaucoup de concentration ; l'effet se dissiperait sans doute dans peu de temps. Mais ce serait suffisant, il ne restait plus qu'à porter un coup au serviteur de Gaïa pour en finir avec tout ça, et c'était le jeune blond qui allait s'en charger.
Cependant, Leorcyn ne réagissait pas. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, et la jeune femme était bien trop occupé à maintenir son sort pour se permettre de le lui expliquer.
*Mais qu'est-ce-qu'il attend ? Frappe !*
Parvenant à se maîtriser malgré tout, l'homme envoya encore un trait de lumière sur la fanatique, qui n'eut d'autre choix que de se jeter au sol pour l'esquiver, rompant le sortilège. Elle entendit son adversaire haleter fortement, et vit qu'il était accroupi. Le jeune blond n'avait manifestement pas tout compris à la situation. Après quelques secondes, le paladin cria :
« Je le savais. Je l'avais senti ! Tu n'es qu'une infâme vermine de Thimoros, adepte de magie noire ! Au nom de ma déesse, je te tuerai ! »
Leorcyn observa un moment Terra, l'air songeur, avant de recentrer son attention sur l'homme, laissant échapper un sifflement aigu tout en tapant des mains, attirant sur lui son regard.
« Voilà de belles paroles, toujours emplies des mêmes idioties de fanatique. Souffres-tu donc d'agir par toi-même, pour venir te réfugier sous pareille idole ? »
Les quelques mots ajoutés par le mercenaire suffirent à mettre définitivement hors de lui leur adversaire. Aveuglé par la rage, il fondit sur Leorcyn s'en prendre garde, l'épée levée, sans défense. Celui-ci en profita donc pour devancer son adversaire en vitesse, et planter sa dague par delà la maille le protégeant, au niveau du ventre. Cependant, la réaction attendue, soit l'arrêt du paladin ne vint pas : à la place, celui-ci laissa tomber son épée et donna un puissant coup de poing au mercenaire, en plein visage. Ce dernier alla s'écraser contre un coin d'une étagère, et sous le choc, perdit connaissance.
La dague plantée dans son ventre était pleine de sang, mais cela n'avait pas l'air de l'affecter. La fanatique n'y comprenait plus rien : comment pouvait-il encore se mouvoir si normalement après une telle blessure ? Le paladin se retourna, contemplant un moment la fanatique, serrant les dents non pas par douleur, mais par rage : il n'avait jamais été aussi furieux. Et les deux gamins qui avaient osé le mettre dans un tel état seraient torturés avant d'être enfin offerts à Phaïtos. Terra ne comprenait pas comment un serviteur d'un Dieu jugé bon pouvait se comporter ainsi. Il n'agissait plus que par simple fanatisme, mais aussi et surtout pour épancher sa colère.
Reprenant sa course, cette fois en prenant pour cible la jeune femme et sans même penser à reprendre son épée, il l'attrapa à la gorge et la plaqua violemment contre l'une des parois de la grotte. Elle n'avait pas eu le temps de réagir, et était maintenant sonnée, sa tête ayant fortement cognée la pierre. Bien que l'ayant attrapé au cou, celui-ci ne l'étrangla pas : ça aurait été trop rapide. À la place, il lui asséna un coup au ventre de son poing gauche. Douloureux, appuyant sur la blessure que lui avait faite auparavant l'homme, cela eut le mérite de lui faire reprendre ses esprits. La fanatique avait encore sa dague dans sa main gauche, aussi tenta-t-elle d'asséner un coup au visage du paladin. Le serviteur de Gaïa, de sa main libre, attrapa le poignet de la jeune femme avant qu'elle n'y parvienne, et le frappa à plusieurs reprises contre le mur, jusqu'à ce qu'elle lâche son arme, la main en sang.
S'empêchant de crier de douleur, elle parvint tant bien que mal à rester concentrer sur son objectif, à savoir survivre. Elle n'arrivait plus à bouger sa main gauche, elle ne la sentait même plus. Pendant qu'elle réfléchissait, le paladin lui asséna un nouveau coup, cette fois au visage, lui ouvrant la lèvre. Agrippant la fanatique par les cheveux, il contempla un moment son visage d'où le sang commençait déjà à perler. Néanmoins, à son sens, ce n'était pas assez. Aussi, il la frappa encore une fois, puis une autre. Désormais, elle saignait également du nez, et son œil droit lui faisait mal, sans doute n'allait-il pas tarder à être boursouflé. Le serviteur de Gaïa se mit à rire, heureux d'enfin pouvoir se défouler, après tout ce qui lui était arrivé. Il n'était pas prêt d'avoir fini, tant qu'elle ne pleurerait pas de douleur et ne le supplierait pas d'arrêter.
Il ne faisait plus attention aux réactions de la fanatique qu'il pensait désormais incapable de lui faire quoi que ce soit, désarmée. Néanmoins, au coup suivant qu'il lui asséna, celle-ci riposta, envoyant son poing s'écraser contre la bouche du serviteur de Gaïa. L'effet attendu ne se produisit pas, il n'eut pas particulièrement mal, et ne lâcha même pas prise sur son cou, ne la laissant pas se libérer de son étreinte. Elle n'avait pas assez de force pour pouvoir lui faire suffisamment mal : même la dague plantée dans son ventre ne semblait pas le faire souffrir. La jeune femme avait déjà pensé à la prendre, mais elle n'avait pas assez d'allonge pour ça, bien qu'avec un seul œil valide, apprécier la distance n'était pas forcément chose aisée. De toute façon, il déjouerait sans doute cette manœuvre trop longue.
Il lui fallait frapper plus fort, mais elle n'en avait pas les moyens. Elle ne se découragea pourtant pas tout de suite, et continua à le frapper, sans qu'il ne réagisse ni même ne riposte : il s'amusait désormais à la voir se débattre pitoyablement, sans même parvenir à lui faire mal. Chaque coup lui faisait perdre un peu plus espoir en sa réussite, et bientôt, elle s'arrêta, épuisée. Elle n'était pas résignée, mais elle ne savait pas quoi faire maintenant. Terra tenta donc ensuite de dégager simplement le bras qui la retenait prisonnière, d'abord en essayant de le pousser, puis en lui mordant la main. Toujours aucun effet.
« Tous tes efforts pathétiques me font bien rire, femme. Mais je perds patience, aussi vais-je un peu précipiter les choses. Gaïa sera ravie de me voir accomplir une fois de plus mon devoir. »
Retirant la dague de son ventre, non sans douleur, il la plaqua contre la gorge de la fanatique.
« Tu fais le moindre mouvement, je te tue. »
D'un simple geste, l'homme pouvait en finir avec sa vie désormais, aussi ne préféra-t-elle pas mettre sa parole en doute. Il mit son autre main sur sa blessure d'où le sang s'échappait rapidement. Une aura entoura alors la plaie, qui se referma doucement. Encore un pouvoir de guérison, mais cette fois-ci, il sembla accuser le coup : il montrait enfin des signes de fatigue, sans doute avait-il trop utilisé sa magie. Néanmoins, cela ne changeait rien à la situation : elle était à sa merci.
« J'aurais aimé m'amuser plus longtemps avec toi, vermine, mais ton ami risque de se réveiller et de m'avoir par surprise à nouveau. Alors, adieu. »
Il allait l'égorger, lorsqu'il lâcha soudainement son arme. Il recula de plusieurs pas, sans faire attention à la jeune femme. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, la fanatique, encore sous le choc, se laissa glisser contre la paroi de la grotte, jusqu'à être assise sur le sol sale et poussiéreux. Elle avait le visage en sang, et n'arrivait plus à bouger sa main gauche. Elle n'avait jamais eu aussi mal. Se ressaisissant, il lui fallait profiter du fait que le paladin ne réagissait pas pour l'attaquer. Mais au moment où elle se releva, elle eut un violent vertige, et il lui sembla que la salle entière venait de s'assombrir. S'appuyant de sa main valide contre le mur pour éviter de chuter, elle contempla cette obscurité grandissante. Que se passait-il ?
Il lui sembla entendre un murmure venant du néant. Terra ne comprenait plus rien. La pièce entière était désormais vide, et seuls elle et le paladin demeuraient présents. Lui restait là à regarder le plafond, émerveillé, sans prêter attention à ce qu'il se produisait aux alentours, ni même faire attention à sa présence. Regardant un instant dans la même direction que l'homme, elle ne vit que l'obscurité. Ne percevait-il donc pas la même chose qu'elle ?
Elle entendit à nouveau une voix dans cette obscurité, sans pour autant en comprendre les paroles, puis plus rien, juste un grand silence. Elle sentit néanmoins quelque chose monter en elle, un vieux sentiment, qu'elle n'avait pas éprouvé depuis un long, très long moment. Une envie. Elle avait envie de faire souffrir, de tuer, de se venger du paladin. La fanatique n'avait plus qu'une pensée, c'était de frapper cet homme jusqu'à ce que son visage ne soit plus qu'une bouillie sanguinolente. Elle n'en avait pas la force, elle le savait, mais elle en avait la capacité. Sa magie le lui permettrait.
Terra ne saurait expliquer ce qui lui arrivait, mais tout cela était assurément en rapport avec l'obscurité qui était apparue. Peut-être tout cela n'était qu'une manifestation de ses fluides, mais en ce cas, qu'arrivait-il au paladin ? Elle s'en fichait à vrai dire, tout ce qu'elle avait à l'esprit était la mort violente et imminente qu'elle allait lui infliger. Il avait pris du plaisir à la frapper sans qu'elle ne puisse se défendre, ça allait être son tour. Sa magie ne lui permettait certes pas de soigner, mais elle en avait compris l'essence désormais : elle infligeait des souffrances, inspirait la crainte, et provoquait la mort. Tout ce qui était lié à ce domaine était sien : si elle souhaitait la souffrance du paladin, sa magie l'aiderait.
L'obscurité se retira, et la douleur revint. Pourtant, elle n'y faisait plus attention désormais. Tout semblait n'avoir été qu'une hallucination, mais ce sentiment était toujours présent : il subirait des tourments bien plus horribles que ce qu'il avait prévus pour elle. Le paladin semblait avoir repris ses esprits lui aussi. Il venait de vivre une expérience étrange, il lui avait semblé avoir vu un ciel, un magnifique ciel au sein de cette grotte. Bien que tout cela n'avait été qu'illusion, il se sentait apaisé désormais. Cependant, son combat n'était pas terminé, il avait encore deux fanatiques à châtier. Lorsqu'il chercha Leorcyn du regard, il put remarquer qu'il n'était toujours pas revenu à lui. L'homme allait donc devoir en premier lieu s'occuper de la fille. Elle était de toute façon inoffensive, son état ne lui permettrait pas de le vaincre. Cependant, au moment où il se retourna, il put voir la jeune femme lui bondir dessus, comme prise d'une force nouvelle, le plaquant au sol, à califourchon sur lui, bloquant ses deux bras en appuyant ses jambes dessus.
Lors, tout se passa rapidement. Toujours désarmée, la jeune femme n'en parut pas pour autant dérangée. Elle commença à frapper l'homme de sa seule main valide, sans grand effet pour autant. La fanatique ne parvenait toujours pas à réellement lui faire mal. Pour le moment. Mais à force d'insistance, le visage de son ennemi commençait à se maculer de sang. De son nez et de sa bouche s'écoulaient des sillons rouges. Terra ne se rendait pas compte de l'état de son poing, dont la peau s'arrachait et les phalanges se brisaient. Elle n'en ressentait aucune douleur, ne retirant de ce qu'il se passait uniquement du plaisir. Ce sentiment horrible, qui n'avait normalement plus d'attrait pour son être, avait resurgi, et bien qu'elle ne puisse en expliquer la raison, et bien qu'elle se soit jurée que ça n'arriverait plus, cela lui était utile pour le moment, aussi n'y réfléchit-elle pas plus que ça. Elle se contentait de marteler de coups le visage de l'homme qui était de plus en plus en sang, le nez cassé, les dents enfoncés, les yeux boursouflés. Il n'arrivait plus à réagir, il s'était de prime abord laissé faire, amusé, mais maintenant, il était sonné et ne pouvait guère faire mieux que subir la folie de la jeune femme.
L'explication de ce soudain gain de force ne trouvait pas de raison chez le paladin. Terra, elle, comprenait parfaitement. Elle le sentait, elle sentait ses fluides la renforcer, lui permettant cette prouesse physique. Néanmoins, et bien que cette idée puisse la terrifier, et soit horrible à simplement l'imaginer, elle percevait que sa vie lui échappait petit à petit. Plus exactement, elle se sentait faiblir à chaque coup qu'elle portait, et pourtant elle frappait de plus en plus fort. Bien que paradoxal, ce fonctionnement semblait pourtant normal. Il aurait été naïf de penser que la magie sombre lui aurait octroyé cette force nouvelle sans une contrepartie, alors quoi de mieux que de sacrifier un peu de sa propre vie pour tuer ses ennemis. Il n'y a ni beauté ni espoir dans l'obscurité, juste de la crainte et de la souffrance. Mais qu'importe, du moment que le serviteur de Gaïa, à présent totalement méconnaissable, regrettait son erreur, regrettait de s'en être pris à elle, regrettait d'avoir pris du plaisir à la voir souffrir.
« Comprends-tu seulement ? Qu'importe Gaïa, qu'importe Thimoros, qu'importe les Dieux. Ta croyance, ton fanatisme, t'a aveuglé et mené à ta perte. Comprends-tu maintenant ? Je ne te tuerai pas pour satisfaire un quelconque dieu obscur, ou un fanatisme écœurant : nul besoin de justifier mes actes sous l'égide d'une entité. Je ne te tuerai que pour mon propre plaisir. »
Pouvait-il seulement encore l'entendre ? Il respirait encore, mais était-il encore conscient ? Qu'importe désormais. Levant son poing, elle l'écrasa de toutes ses forces sur la gorge du paladin dans un craquement horrible.
C'était fini. Essayant de se lever, elle retomba aussitôt : ses jambes ne la portaient plus. Était-ce la manifestation de la contrepartie de son sort ? Contemplant sa main, elle put voir le résultat de cet acharnement sur l'homme maintenant défunt : elle avait les ongles arrachés de même que sa peau, et le simple fait de bouger les doigts lui faisaient affreusement mal. Comment avait-elle pu continuer à se battre ainsi ? Regardant autour d'elle, elle put voir que Leorcyn n'était toujours pas réveillé. Heureusement qu'il ne l'avait pas vu ainsi. Terra remarqua ensuite que la lumière artificielle crée par le serviteur de Gaïa continuait à briller, bien que son créateur se soit éteint.
Que s'était-il donc passé, lorsque la salle avait semblé s'assombrir ? Quelle était l'explication à ce phénomène ? Elle avait déjà pensé à ses fluides, mais pourquoi ? Tout cela avait été indépendant de sa volonté, et elle ne se voyait pas capable d'une telle chose. Pourtant, elle avait le sentiment que la chose responsable de la réapparition de cette vieille envie n'avait été autre que ses fluides. Elle ne saurait l'expliquer, mais elle en avait l'impression. De plus, c'est à ce moment-là que cette envie de voir son ennemi souffrir s'est manifestée, et pas avant : jusqu'ici, elle s'était battu surtout pour sa survie, mais là, elle s'était jetée aveuglément sur l'homme, et aurait pu se faire tuer s'il n'avait été pris par surprise. Mais qu'importe désormais, Terra semblait être redevenue elle-même.
Lorsque Leorcyn reprit connaissance, il vit la jeune femme assise aux côtés du corps sans vie du paladin. S'approchant du défunt, une main sur sa tête encore douloureuse, il put voir son visage en sang, défiguré. La fanatique aussi avait plusieurs blessures au visage. De plus, elle avait d'affreuses cernes sous les yeux, et sa peau semblait s'être assombrie. Il en ignorait la raison, mais il s'agissait en fait des contrecoups d'une sur-utilisation de la magie des ombres.
« Tu te sens bien ? »
La jeune femme ne sut pas trop quoi répondre : dire qu'elle allait bien alors qu'elle était blessée et qu'elle venait de tuer un homme à force de le frapper aurait été un peu horrible. À la place, elle haussa les épaules et lui retourna la question.
« Oui, oui, ça va, juste l'impression d'avoir raté quelque chose. C'est moi ou tu l'as tué en le martelant de coups ? - Comme tu peux le voir. » dit-elle en lui désignant du menton ses mains.
Grimaçant, il s'imagina la scène, elle en train de frapper son ennemi avec tant d'insistance que ses propres mains s'étaient brisées. Si il savait...
Durant les quelques minutes qui précédèrent le réveil du jeune blond, Terra en avait profité pour fouiller dans la besace de l'homme, et n'y avait trouvé rien d'autre que la rune que cherchait leur employeur. Déçu, elle l'avait observé un moment, essayant de comprendre en quoi une si petite chose pouvait conférer l'immortalité - en admettant que les informations du paladin fussent vraies - mais n'avait constaté rien d'autre que des inscriptions étranges. Elle avait senti également quelque chose dans cet objet, quelque chose de malsain, mais cela ne l'avait pas vraiment préoccupé. Aussi, lorsque Leorcyn, qui était allé récupérer sa dague, lui demanda où était la rune, elle la lui tendit, non sans mal. Mais lorsqu'il la frôla des doigts, personne n'aurait pu prévoir ce qu'il allait se produire.
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tentative d'apprentissage des sorts évolutifs :
Main sombre : Une force mystérieuse et sombre semble venir étouffer votre adversaire telle une main sur la gorge (mag+1/lvl)
Force obscure : Vous sacrifiez un peu de votre énergie vitale pour attaquer plus fort (-1PV/lvl, for+3/lvl). Le gain de force dure lvl/2 tours.
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