Ma pseudo-épouse et le grand blond avec des chausses noires semblaient de mon avis : la proposition d’entrer dans le manoir était un traquenard, et les niais tombant dedans ne pouvaient que se faire trouer la peau, à l’intérieur de celui-ci. Par mille façons possibles. Du coup, les voix se firent plus agressives, plus malignes, plus malsaines… Et aussi plus présentes. Par une force inconnue en ces terres, elles giflèrent le géant borgne, et propulsèrent un Lyikor noir de poils au milieu du groupe, comme la porte l’avait fait, juste avant, avec l’elfe blond.
Revanchardes et puériles, les voix imposaient leur force et leurs idées, puisqu’elles n’étaient apparemment pas assez fines et intelligentes pour le faire de manière détournée, usant de manipulation et de ruse. Elles allaient proposer des énigmes… Ma spécialité, en quelques sortes. Et même si je n’avais aucune envie d’y répondre et d’entrer dans leur jeu ou leur manoir, je ressentais comme un défi poindre pour la rationalité qui me caractérisait.
Mais avant de nous imposer la première, les voix fanfaronnèrent et se vantèrent de leurs pouvoirs. De la télépathie, déjà, puisqu’elles étaient au courant pour la non-existence de notre couple, qu’elles ne tardèrent pas à mettre à jour. Je me demandai alors quel était leur intérêt de briser ce petit jeu… Elles posaient des énigmes, un jeu, en soi, et refusaient que nous en fassions autant. Voix militaires et dictatoriales, imposant leurs idées et leurs secrets et refusant que nous en ayons entre nous. J’aimais de moins en moins la situation dans laquelle je m’étais fourrée, par simple esprit moqueur, initialement.
Là où l’eau fit déborder le vase, ce fut quand cette voix railleuse m’indiqua que mes sarcasmes, je pouvais me les garder. J’avais toujours eu du mal à me conformer à l’autorité, particulièrement, même, lorsqu’elle n’était pas fondée. Je devrais prendre ma revanche face à ces provocations gratuites. Je n’étais pas du genre à me laisser faire. Je n’allais pas être le petit soldat sans saveur tout sage et obéissant qu’ils semblaient vouloir. Je n’étais pas une machine. J’avais beau ne pas les montrer, j’avais des sentiments, des émotions, et dans le cas présent, des ressentiments.
« Pourquoi écouterais-je les ordres de voix qui prônent la politesse sans même avoir eu celle de se présenter ? Pourquoi devrais-je cesser les sarcasmes devant des voix qui les manient tout autant ? De quel droit pensez-vous avoir l’ascendant sur nous, lâches que vous êtes, de ne pas même vous montrer. »
Je me tournai vers Elylia, poursuivant malgré tout dans ma petite comédie.
« Allons ma mie, n’écoutez leurs dires, ils ne sont que serpents sifflants et persifleurs. »
Et puis, ils citèrent l’énigme. Un truc avec des nénuphars qui pullulaient dans une mare. J’observai ladite mare, tout en me repassant en pensée le fil de l’énigme… Et la réponse associée.
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- Selen Adhenor -
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