Accompagnée d’Ehemdim, je rejoignis la grande pièce où je m’installai dans le canapé alors que mon fiancé se postait devant la fenêtre, admirant probablement la vue qui était à couper le souffle. Cette situation, Ehemdim et moi au sommet de la hiérarchie d’Equilibrium semblait presque naturelle, mais c’était une douce illusion que je me faisais. Cela ne pourra jamais arriver car il faut que le conseil soit à l’équilibre. Deux elfes au sommet, cela ferait désordre !
Quelques coups toqués à la porte me sortirent de mes réflexions. J’intimais l’ordre d’entrée, notre réunion allait commencer du moins c’était ce que je pensais. En réalité, ce fut une servante sindel qui passa à travers la porte. Elle portait un plateau avec quatre verres et une bouteille. En nous voyant, elle s’inclina puis hésita à s’approcher de la table basse, son visage exprimait à ce moment précis une confusion impressionnante.
- « Dame Aenaria, Monsieur, désolée de vous déranger. »
- « Tu ne déranges pas, je t’en prie entre, nous ne mordons pas. »
Un léger sourire apparut sur son visage lorsqu’elle amorça un mouvement vers la table devant moi.
- « Nathanael m’a demandé de porter ce plateau de rafraîchissement ici en vue de votre réunion. »
- « Il est très prévenant ce magicien. »
- « C’est dans sa nature Ehemdim. Puis-je connaître ton nom, jeune servante ? »
- « Ariae madame. J’ai eu le plaisir de servir votre père, ce sera un plaisir pour moi de vous servir. »
- « Le plaisir est partagé Ariae. »
- « Avez-vous besoin d’autre chose madame ? »
- « Non ce sera tout, merci Ariae. »
Elle inclina la tête puis rejoignit la sortie. Ehemdim vint alors à ma hauteur et ouvrit la bouteille sur le plateau qu’Ariae venait d’amener. Il respira son parfum tout en gardant les yeux fermés puis entreprit de servir les quatre verres. Une fois son œuvre terminé, il s’assit à mes côtés sur le canapé.
- « Le Séduisant, j’adore ce vin kendran. »
- « J’ai déjà eu l’occasion d’en boire, c’est vrai qu’il est délicieux. »
- « Ariae semble être une fille de bonne famille. »
- « Je pense surtout qu’elle sera capable de m’en apprendre plus sur mon père et sur sa vie au sein du Nobelium. »
- « Elle n’a pas du le servir bien longtemps, elle semble jeune. »
- « Même si elle l’a servi un an, ça me suffit. »
Quelques coups furent de nouveau toqués à la porte.
- « Entrez ! »
Nathanael fit son entrée rapidement suivi par Kellan. Ils nous saluèrent de la tête et s’assirent dans les deux fauteuils.
- « Tu es consciente Aenaria que tu violes les règles ? »
- « En ayant l’elfe que j’aime avec moi ? J’en suis consciente mais j’avais besoin de lui parler. Ce qui suit le concerne tout comme ce que je m’apprête à faire par la suite. »
- « Ca m’a l’air sérieux. »
- « En effet. Vous savez probablement que je devais me rendre chez Ehemdim avant de disparaître de la circulation ? »
- « Oui, d’ailleurs un détail m’échappe. Tu ne nous avais pas dit qu’il était malade ? »
- « Si et il va falloir que vous entendiez la version complète de cette histoire. »
- « Il y a certains passages qui pourront être abrégés Aenaria. »
- « Evidemment. Donc vous êtes prêts ? »
- « Avons-nous le choix ? »
- « Je ne pense pas Kellan. »
Ils prirent tous les deux le verre de Séduisant qui était devant eux et s’installèrent confortablement dans les fauteuils.
- « Cette histoire remonte à très loin. Lorsque nous étions des enfants à Balsinh. Aenarion, Gameleb, Tamìa, Ehemdim et moi étions liés comme les cinq doigts de la main. Nous avions la chance d’avoir des parents qui nous permettaient de nous retrouver chez l’un ou chez l’autre pour jouer ensemble et faire pleins d’autres choses comme se cultiver ou faire du sport ensemble. Nos parents y voyaient un véritable intérêt car cela leur permettait de vaquer à leurs occupations chacun leur tour. »
- « Ce que nous ne savions pas, c’est que vers nos 10-12 ans, nos parents ont scellé nos futurs unions. Gameleb avec Aenaria et Tamìa avec moi. Je n’ai jamais su qui était la promise de ton frère d’ailleurs. »
- « Moi non plus à vrai dire. »
- « Quoi qu’il en soit, lorsque nous avons atteint nos 40 ans, nous avons été séparé de nos familles respectives. Aenarion a choisi la voie diplomatique, celle des Ninsalit, Tamìa et Gameleb sont devenus des Maenauster, des prêtres alors qu’Aenaria et moi avons choisi la voie des armes, les Hirdam. »
- « Durant 50 ans, nous n’avons fait que nous croiser avec Tamìa, Gameleb et mon frère. C’est seulement à travers nos parents que nous nous tenions au courant de l’avancée de la formation de l’un ou de l’autre. Ehemdim et moi avons découvert de profonds sentiments l’un pour l’autre et durant de nombreuses années, nous en avons profité, sachant pertinemment que le jour de nos 90 ans, nous devrions faire un trait sur cet amour. »
- « Ce fameux jour est arrivé et comme vous le savez, les parents d’Aenaria ont été tués ainsi que son prétendant Gameleb. Pour ma part, lorsque j’ai appris que je devais vivre le reste de ma vie avec Tamìa, j’ai littéralement explosé parce que même tout petit je n’arrivais pas à supporter son air supérieur. Je ne concevais pas de me marier et avoir des enfants avec cette psychopathe. Je pense que c’est là que ça a commencé. »
- « Quoi donc ? »
- « Nous pensons que Tamìa a décidé de se venger d’Ehemdim pour l’avoir laissé tomber et de moi parce qu’elle a du apprendre que j’étais amoureuse de lui. En s’en prenant à Ehemdim, elle s’en prend indirectement à moi. Elle a donc jeté un sort sur lui qui lui fait perdre complètement la raison et manipule ses souvenirs. »
- « J’ai pris l’elfe que j’aime pour une voleuse, j’ai failli la tuer et le pire c’est que je l’ai trompé avec Tamìa. Je n’ai plus le contrôle sur mes faits et gestes, même ma faera n’y peut rien. »
- « Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Si tu es maudit, comment se fait-il que tu sois conscient de tes mouvements en ce moment même ? »
- « Puis-je avancer une théorie ? »
- « Vas-y Nathanael, je t’en prie. »
- « Je pense qu’Aenaria est la cause de sa rémission. »
- « Pardon ? Tu as perdu l’esprit mon vieil ami ! »
- « Si j’ai bien compris, le sort qu’a jeté Tamìa a fait perdre la raison à Ehemdim, changeant sa vision de la réalité. Aenaria qui était sa fiancée est devenue sa pire ennemie. J’ai bon jusque là ? »
Ehemdim et moi ânonnâmes en cœur aux propos de Nathanael qui était sur la bonne voie. J’en profitai pour attraper mon verre de vin et le portai doucement à mes lèvres.
- « Je suppose donc que d’une manière ou d’une autre, Aenaria a réussi à bloquer le sortilège. Mais comment, cela reste un mystère. »
Je reposai mon verre et me préparai à répondre lorsqu’Ehemdim posa sa main sur ma cuisse.
- « Elle a utilisé nos souvenirs communs pour faire ressortir ma véritable personnalité. Ce fut très douloureux pour moi mais entre sa présence à mes côtés et les souvenirs qu’elle fait rejaillir, j’arrive à rester « normal » dirons-nous. »
- « Je n’avais jamais entendu parler de sortilège aussi étrange. C’est incroyable le pouvoir que développe cette elfe. »
- « C’est d’ailleurs fort inquiétant. Si jamais elle arrivait à t’atteindre Aenaria, elle pourrait t’utiliser toi ainsi que les ressources de la guilde pour faire ce qu’elle veut. »
- « C’est pour cela que je vous ai convoqué ici. Je vais partir pour le Naora probablement ce soir pour retrouver la trace de Tamìa. Nous avons peur qu’elle s’en prenne à nos familles respectives. »
- « Excuse-moi de dire ça Aenaria, et je dis cela sans te manquer de respect, mais ta famille est morte. »
- « Tu as raison, mais je parle ici de tous les domestiques du manoir de Faronia, ma maison. C’est aussi ma famille, même si le sang qui coule dans nos veines est différent. »
- « Je n’ai jamais eu de vrai famille, je suis désolé. »
- « Tu as une famille Kellan, c’est nous ta famille. »
- « Je sais mon ami. Revenons à ce qui nous concerne. Si j’ai bien compris tu vas aller sur le Naora pour une durée indéterminée pour débusquer cette Tamìa. »
- « C’est mon intention oui. Je ne sais pas combien de temps je serais absente et je préfère ne pas faire de prévisions que je ne saurais tenir. »
- « Tamìa a dit qu’elle allait s’occuper de nos familles respectives sur le Naora. J’aurais bien accompagné Aenaria, mais vu ma condition et le long trajet en aynore, c’est impossible. »
- « Nous pourrons garder un œil sur toi durant l’absence de ta fiancée. »
- « Co…Comment vous savez ? »
- « Rien ne nous échappe Ehemdim. Des félicitations s’imposent. »
- « Merci Kellan. »
- « Merci beaucoup, mais je vous en prie gardez ce secret. Nous risquons notre vie, notre union est illégale. »
- « Nous en sommes conscient, nous quatre sommes les seuls au courant, protégez les secrets des autres fait parti de notre politique. Nous serions prêt à mourir pour le protéger donc ne vous en faites pas. »
- « Nous nous connaissons depuis peu de temps et je vous demande tant, pourrais-je un jour vous rendre la pareille ? »
- « Tu n’as pas à t’inquiéter pour cela Aenaria. »
- « Donc tu nous abandonnes de nouveau ? »
- « Oui, j’aurais bien voulu me reposer un peu plus après cette épuisante aventure mais je n’ai guère le choix. Si je veux garder mon fiancé en vie ou même ma petite personne, je dois partir. »
- « Est-ce que tu souhaites que l’un de nous t’accompagne ? »
- « C’est gentil mais les non sindel ne peuvent entrer à Balsinh. »
- « Foutus elfes ! Ce n’est pas forcément contre vous mais merde quand même ! »
Nous partîmes tous les quatre dans un grand rire jusqu’à ce que Nathanael ne reprenne rapidement son sérieux. Je me calmai immédiatement et il me regarda intensément comme si il avait quelque chose d’important à me dire.
- « Aenaria est-ce que je peux te parler en privé s’il-te-plaît ? On va laisser les maîtres d’armes discuter entre eux pendant ce temps. »
- « Suis-moi dans la chambre. »
Je me levai du canapé et me dirigeai vers ma chambre, rapidement suivi par l’aquamancien. Il ferma la porte derrière lui et se tourna vers moi.
- « Que puis-je faire pour toi ? »
- « Le temps où tu batifolais avec ton fiancé, et ne me dis pas le contraire, les draps m’en disent beaucoup, j’ai fait quelques recherches dans notre bibliothèque sur la maîtrise de puissants pouvoirs magiques comme les tiens. J’ai découvert un mot, un seul mot qui a un rapport avec l’augmentation de ta réserve magique : l’ordalie. »
- « L’ordalie ? Mais qu’est-ce que c’est ? »
- « Je n’ai pas trouvé grande information là-dessus. Dans un vieux parchemin poussiéreux, j’ai réussi à déchiffrer deux mots : « objet » et « ordalie », le texte était pratiquement effacé et surtout très incomplet. »
- « Si je comprends bien, double mission pour moi : trouver et traduire en justice Tamìa et en apprendre plus sur l’ordalie et ce que c’est que ce mystérieux objet. La première mission me semble relativement simple sachant que j’ai énormément d’information, la seconde en revanche va être une véritable enquête de terrain, mais ça ne me fait pas peur. »
- « Parfait, alors je ne peux que te souhaiter bonne chance. »
- « Est-ce que je peux te demander un petit service en retour ? »
- « Bien sur, ce que tu veux. »
- « Est-ce que tu peux garder un œil sur Ehemdim durant mon absence ? »
- « Bien sur. »
- « Merci Nathanael. »
- « Oh ! J’allais oublier un petit détail. »
- « Lequel ? »
Pour toute réponse, il chercha dans les différentes poches de sa ceinture un objet. Lorsqu’il trouva son bonheur, il sourit et me présenta un petit carnet couvert de cuir.
- « Mon maître de magie, que tu connais, m’avait donné un carnet identique lorsque j’ai commencé ma recherche de puissance magique, certes à un niveau moindre que le tien mais quand même. Je suppose que tu n’as jamais eu de maître de magie, je vais donc agir en tant que tel et te dire ceci : note tout ce que tu découvriras durant ton parcours initiatique. Lorsque tu douteras ou que tu seras perdue, regarde les notes que tu auras prises, elles te remettront sur la bonne voie. La clé pour la maîtrise est la pratique régulière de temps de méditation intérieure. »
Je pris le carnet que l’aquamancien me présentait tout en inclinant légèrement la tête.
- « Ce sont des paroles bien sage Nathanel. Je m’y tiendrais, je prendrais le temps de garder une trace de tout ce que je découvrirais. »
- « Je ne me fais aucun souci là-dessus. Si jamais tu as besoin, sache qu’il y a quelques membres d’Equilibrium qui vivent sur le Naora. »
- « Comment les reconnaitrais-je ? »
Pour toute réponse, Nathanael leva sa main gauche et la posa sur son cœur, mettant ainsi en avant l’anneau de l’équilibre qui ornait son doigt. Je me mis à admirer ma propre bague de l’ouroboros qui ornait mon index gauche. Je relevai le visage et souris à l’humain.
- « L’anneau de l’équilibre, notre signe de reconnaissance. »
- « Quoi qu’il arrive, fies-toi toujours à ton instinct. Il t’a gardé en vie jusqu’à maintenant, il ne te laissera jamais tomber. »
- « J’essaierai de m’y tenir. »
- « Et maintenant, rejoignons les autres. J’ai peur qu’ils se soient entretués. »
- « Sage ou pas, si Kellan a touché à un seul cheveu d’Ehemdim, je le tue sur le champ. »
- « Je suis encore une fois impressionné par la dévotion et les sentiments que tu as envers ton fiancé. C’est une véritable force pour toi. »
- « Je suis incapable de concevoir ma vie sans lui. Je suis persuadée que s’il lui arrivait malheur, mon cœur le sentirait aussitôt. Notre lien est tellement profond et tellement ancien que nous souffrons de l’absence de l’autre. »
Nathanael sourit et rouvrit la porte de ma chambre. En la passant, je constatai que Kellan et Ehemdim semblaient en grande conversation. Mon fiancé s’intégrait plutôt bien à la guilde, cependant il n’en connaissait que les hautes sphères. Il avait commencé par le haut et devrait bientôt perdre la mémoire de nouveau avant de pouvoir pleinement entrer à notre service. Je réalisais maintenant que je l’aurais probablement sous mes ordres un jour où l’autre lorsque mon périple sera terminé sur le Naora. Etrange impression que celle-ci.
Nous nous rapprochâmes des garçons interrompant leur conversation.
- « J’ai hâte de croiser le fer avec ton fiancé Aenaria. »
- « Et pourquoi donc ? »
- « Il semble posséder une grande expérience en la matière. »
- « Plus longue que la tienne, cela ne fait aucun doute. »
- « Ahahah, très drôle. Merci de me rappeler que vous avez une vie plus longue que nous. »
- « Ne le prend pas mal Kellan. J’ai également hâte de tester mes capacités contre toi. Nous n’avons pas eu le même enseignement. Le mien est académique alors que toi tu as l’expérience du terrain depuis le début, tu as probablement des connaissances que je n’ai pas. »
- « Je l’aime bien cet elfe ! »
- « Si je ne m’abuse, il y a quelques minutes, tu nous as clairement dit merde ! »
Nous rigolâmes tous les quatre de bon cœur avant de reprendre notre sérieux.
- « Bon Aenaria, je pense qu’il est temps pour nous de te laisser. Bonne chance et bonne chasse. »
- « Tes intentions, contrairement à celles de ton adversaire, sont nobles, tu ne peux que gagner ce combat qui t’attend. »
- « Merci Nathanael, merci Kellan. »
Ils s’inclinèrent tous les deux dans une sorte de légère révérence avant de prendre congé. Une fois partis, Ehemdim s’approcha de moi.
- « J’ai l’impression qu’il m’aime bien tous les deux. »
- « Tu leur as effectivement laissé une bonne impression. »
- « Nous devrions préparer tes affaires pour partir. Plus vite tu partiras, et plus vite je serais guéri. »
Je remarquai alors que sur la table se trouvait un autre plateau avec de la nourriture facilement transportable dans mon sac. Décidément, les garçons avaient toujours un coup d’avance sur moi. J’allais devoir faire des efforts pour me mettre à leur niveau. J’attrapai mon sac que je passai à Ehemdim afin qu’il y mette la nourriture pendant que j’enfilai mes pièces d’armures qui étaient propres. J’attrapai ensuite mon épée, mon bouclier et mon fiancé me tendit mon sac avec une petite lueur de tristesse dans les yeux. Je l’attachai dans le bas de mon dos et me tournai vers le sindel.
- « Pourquoi faut-il toujours que l’on se quitte alors que nous venons tout juste de nous retrouver ? »
- « La fatalité, le destin, qui peut le dire ? Je reviendrais, c’est tout ce que tu dois retenir. »
- « Je sais mais le temps où je serais lucide tu vas énormément me manquer. »
- « Tu vas me manquer aussi mon amour. »
J’attrapai sa chemise et l’attirai à moi pour l’embrasser une dernière fois avant Sithi seule savait combien de jours. Je tirais ma force de lui, j’avais besoin de courage pour retourner sur nos terres et affronter Tamìa, lui seul pouvait me donner tout ceci. Notre baiser dura quelques secondes qui me parurent une éternité mais ce fut à contre-cœur que j’y mis un terme.
Je caressais doucement le visage d’Ehemdim, ma main glissa jusqu’à ses lèvres. Il l’attrapa et l’embrassa délicatement avant de la lâcher. Il ne fallait pas que je m’éternise sinon je ne pourrais pas le quitter. Je jetai un dernier regard dans sa direction alors que j’étais maintenant près de la porte.
- « Tu ferais bien de rentrer rapidement chez toi. Qui sait ce que tu serais capable de faire ici ou dans les rues de la ville ? »
Il acquiesça à mes propos de la tête et je le vis disparaître dans ma chambre. J’en profitai pour partir et commençai à descendre les escaliers en me disant que la route allait être bien longue avant mon retour. Cette mystérieuse ordalie allait bien compliquer mon affaire et la prolonger ad vitam eternam. Mais si cela permettait de contrôler un peu plus les fluides que j’avais en moi, soit, je ferais les recherches nécessaires à cette quête.
Je descendis les marches afin de rejoindre la cour centrale du Nobelium. Le soleil déclinait considérablement, il n’allait bientôt plus tarder à se coucher. Je profiterai de la nuit pour me reposer avant d’attaquer une nouvelle journée chez moi, sur le Naora. Me rendant près de l’entrée, je trouvai ma monture qui s’abreuvait tranquillement à l’ombre d’un sycomore. Je le sifflai et aussitôt il leva la tête dans ma direction. Il trotta doucement vers moi, je lui flattai l’encolure en le caressant dans le sens du poil.
- « Il est temps pour toi et moi de retourner sur mes terres Célestion. »
Il ânonna de la tête comme si il avait compris le sens profond de mes paroles. D’un saut je me mis en selle et les gardes ouvrirent les portes du Nobelium me laissant ainsi sortir. Je talonnai les côtés de ma monture et rapidement nous nous mîmes en direction de la zone d’embarcation d’où j’étais partie il y a peu vers une île encore inconnue. Je jetai un dernier regard en direction du lieu central de ma guilde quelque peu nostalgique. Jusqu’à présent, je n’avais fait qu’aller et venir au gré de mes besoins. Je me fis la promesse qu’à mon retour je m’investirai pleinement dans leur projet.