Un soupir déchira le silence qui planait dans la salle de cours du manoir de la Baronnie.
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Dis-moi, Ferdinand, as-tu seulement appris tes tables de multiplication ?Cela faisait maintenant un mois que le professeur Helboldt enseignait aux deux enfants de la famille et en ce jour assez particulier, il leur avait collé une petite interrogation. Évidemment, comme ils n'étaient que deux, il prenait souvent l'initiative de leur poser des questions directement, mais parfois, il préférait avoir des copies : cela lui rappelait un peu les salles de cours des petits bourgeois qui se rassemblaient pour acheter une éducation commune à tous leurs enfants. Lorsqu'il pouvait ignorer un élève qui refusait d'apprendre et se concentrer sur les autres... Mais il était bien heureux de n'avoir maintenant plus que deux copies, suffisantes pour ramener un brin de nostalgie sans les inconvénients de la manœuvre.
Quoique, deux copies... c'était peut-être un peu exagéré. Il n'y avait presque rien sur celle de Ferdinand. Quant à celle de Simona, elle semblait de loin exempt de fautes, ce qui ne lui prendrait donc pas longtemps non plus à vérifier. Il soupira à nouveau en voyant s'élever vers lui le sourire innocent du gamin. N'avait-il pourtant pas précisé, la veille, qu'ils feraient mieux de réviser leur arithmétique et tout ce qu'ils avaient vu ces dernières semaines ? Simona avait opiné du chef, aussi attentive qu'à l'ordinaire derrière ses grandes lunettes rondes, tandis que Ferdinand s'était précipité à l'extérieur, dans le jardin. Il ne changeait décidément pas – du moment qu'il n'allait pas chercher un terrain de jeux plus grand...
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Je suis navré, monsieur, finit-il par expliquer avec un sourire en coin.
Depuis sa fugue, le petit aurait dû être recadré par son père. Mais étant en convalescence pendant un moment après celle-ci, il avait été chouchouté et en avait profité pour rester au lit le temps que l'on se calme à son propos. Si bien que ce cher Baron n'avait rien fait à l'encontre de son fils unique et adoré. «
Oui, votre histoire tiens debout, monsieur Helboldt, mais regardez-le... Il est souffrant, vous comprenez ? Inutile de l'embêter davantage avec ces histoires : il a dû souffrir bien plus que vous. » Inutile de dire qu'il était intimé au silence. Le seul avantage qu'il en avait retiré était une certaine considération pour ses connaissances alchimiques et le respect (relatif) du gosse qui, s'il n'apprenait toujours pas grand-chose, avait arrêté de le mépriser et de l'ignorer.
L'horloge sonna onze heures ; Ferdinand se leva et, en un instant, il était déjà sorti. La petite Simona toutefois, ramassa les copies (en lorgnant rapidement sur celle de son frère) avant de les rendre au professeur usé avec un sourire sincère.
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Mes copines vont bientôt arriver. Il faut que j'aille me préparer.Il était vrai que c'était un rendez-vous qu'elle attendait, la petite. C'était surtout elle qui avait pâti de l'incident de la fugue, puisque le Baron avait rendu l'entrée dans son logis impossible pour toute personne extérieure à la maison, tout en veillant à garder ses deux enfants cloîtrés à l'intérieur. Il avait fini par se calmer, mais il y eut bien un temps où Simona était restée désespérément seule à entre ces hauts murs, isolée comme jamais, maintenant qu'Ophélie avait été réaffectée au service du Baron lui-même, et non plus des enfants. Et la Baronne elle-même, en voyage du côté de l'Ynorie, avait indiqué qu'elle s'y plaisait bien et que, même si son retour n'allait pas tarder, elle ne doutait pas qu'elle serait plus en sécurité sur place qu'à la maison où tant de problèmes arrivaient en ce moment. Il faudrait encore attendre une petite semaine avant qu'elle ne prenne un cynore pour revoir ses enfants.
Cela ne faisait donc que peu de temps que la tension à ce propos s'était réellement relâchée et que la paranoïa était retombée (après tout, personne n'avait tenté d'empoisonner Ferdinand qui s'était intoxiqué seul et par mégarde), aussi était-elle toute excitée à l'idée de revoir ses chères amies. D'ailleurs, si Helboldt se souvenait bien, comme Ferdinand avait lui aussi invité les siens, il devrait tous les surveiller dans le jardin. Selon le vieux Gisors, c'était parce qu'il savait s'y faire avec les enfants et qu'il parviendrait sans mal à jouer la figure d'autorité sur la dizaine de mioches élevés dans le luxe depuis leur enfance. La demande avait été faite avec un petit sourire sournois, même si Helboldt ne comprenait pas bien ce que l'Ynorien lui voulait exactement. Peut-être de la pure jalousie de n'être plus tout à fait le numéro un des domestiques dans le cœur du Baron ?
Arrivé au jardin, il resta sur la terrasse, à l'ombre d'un parasol. Il avait emmené avec lui l'un des ouvrages de la bibliothèque personnelle du Baron – un ensemble formidablement chargé, comptant même quelques exemplaires uniques à Kendra Kâr au moins – et surveillait, du coin de l'œil, les gosses qui jouaient. Aucun d'entre eux ne connaissaient réellement de jeux pour s'amuser : ils faisaient semblant pour la plupart, laissant un sourire masquer leur réalité. S'ils étaient là, c'était parce que leurs parents le leur avaient demandé : ils devaient se montrer aussi courtois que possible pour s'attirer les faveurs de la Baronnie, mais devraient donner un compte-rendu complet dès leur retour, histoire de voir s'il n'était pas possible d'attaquer la famille sur telle ou telle incivilité. C'était d'autant plus primordial que c'était la première visite autorisée dans le manoir du centre-ville et que, même si tous et toutes étaient plus ou moins au courant de ce qui s'était passé dans les grandes lignes – quoique les rumeurs allaient de bon train à propos d'un mystérieux mage aux pouvoirs alchimiques insoupçonnés -, il fallait vérifier avec ses yeux que l'héritier du Baron était encore en bonne santé. Les garçons trottinaient autour de la fontaine de marbre (ils ne devaient pas courir, afin de ne pas chuter et d'éviter d'écorcher leurs vêtements de soie), tandis que les filles discutaient en se promenant entre les massifs, mimant à la perfection leur rôle futur de dames de haute noblesse, à mi-chemin entre la séduction et la politique. Oh, bien sûr, ils auraient à devenir de plus en plus habiles dans leurs flatteries et de plus en plus retors dans leurs critiques, mais cela viendrait avec le temps et l'expérience. Il suffisait d'être patient.
Soudain, l'un des gosses monta sur le rebord nacré de la fontaine et se mit à brailler un discours inintelligible sur la nécessité de vaincre le vil ennemi et de massacrer tous les Garzoks qui viendraient fouler leurs terres. Ses compagnons de jeu l'acclamèrent, quoiqu'on sentît qu'ils étaient un peu déçus de n'être pas à sa place ; mais les filles pestèrent et s'éloignèrent en lançant ouvertement des piques envers ce “tas de barbares dénués de raison”. Helboldt s'était déjà levé dans un soupir, s'avançant vers les enfants pour réclamer du gamin qu'il descendît de son estrade improvisée : mais déjà, de sa botte, il envoyait une gerbe d'eau éclabousser ces demoiselles qui laissèrent un hurlement strident monter dans l'aigu pour exprimer leur mécontentement. Ces quelques gouttelettes risquaient de tâcher leurs robes sur mesure et de ruiner le maquillage hors de prix qu'elles mettaient déjà pour camoufler leurs imperfections naturelles.
Les deux groupes se toisèrent un instant, Simona réellement inquiète et jetant des coups d'œil désespérés vers le professeur qui s'approchait, sévère : mais les garçons, bien loin d'être satisfaits, se précipitèrent sur elles pour les narguer et les pousser par derrière.
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Oh, ça suffit ! tonna Helboldt.
Ils espéraient les faire chuter au sol et voir leurs robes brillantes souillées par la poussière, mais pour la plupart, elles étaient suffisamment maline (ou grégaires) pour se rassembler en un troupeau à l'inertie suffisante afin d'empêcher cela d'arriver. Seule Simona finit par se retrouver isolée : l'un des gosses en profita pour lui arracher ses lunettes et les lancer en l'air ; ainsi aveuglée, le monde paraissant maintenant bien flou à ses yeux, ils n'eurent aucun mal à lui faire perdre son équilibre jusqu'à ce qu'elle s'écrase au sol. Helboldt attrapa par le col le gosse qui avait fait ça.
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Toi, dans le salon. Le Baron de Cappique sera bien content d'apprendre comment tu justifieras ton comportement auprès de sa fille...Il ne disait cela que pour effrayer l'enfant, car il n'était pas idiot : le Baron accordait bien plus d'importance à Ferdinand qu'à Simona. Cette dernière lui coûterait tout de même une dot, donc si elle pouvait se tenir tranquille d'ici à ce qu'on lui trouve un parti convenable, c'était tout ce qui lui importait. Mais tous les enfants, déjà, s'étaient tournés vers Simona qui sanglotait, à genoux et face contre le sol. Elle semblait ruminer quelque chose : Helboldt eut un mauvais pressentiment, comme s'il sentait en son for intérieur que quelque chose de grave allait se passer. Il chassa cette considération absurde et se retourna vers la jeune fille.
La petite bouillait. Une colère sourde et froide, peut-être pour la première fois de sa vie, s'éveillait dans ses tripes tandis qu'elle pensait à l'humiliation qu'elle venait de subir devant tous les invités : après un mois d'enfermement, c'était ainsi que sa vie recommençait. En elle, des puissances qui lui étaient inconnues et pourtant si attirantes s'éveillaient, brutales et vengeresses : elle ne chercha pas à les contrôler et, aussi proche de l'humus, elle lui communiqua sa rage.
Alors que les fluides de la petite, sous l'effet de cette colère soudaine, commençaient à s'échapper dans le sol, ce dernier tremblant déjà légèrement, le professeur lâcha l'impertinent gamin et se rua vers sa protégée, la prenant dans ses bras pour l'arracher de la terre. Tous, autour, la regardaient avec des yeux ronds, car ils savaient qu'ils n'avaient pas rêvé : elle venait de faire se secouer la terre. Pas beaucoup, ni très intensément, heureusement, car le précepteur avait été assez rapide, mais suffisamment pour qu'il la considérassent désormais comme un phénomène de foire, un petit miracle, un clown de cirque. En un mot, un mage, vocation rare et jalousée.
Après quelques instants de silence tendu, Helboldt la reposa au sol. Tout était calme : on eût dit que, soudainement, Kendra Kâr s'était tue. C'était faux, bien sûr : simplement, les hauts murs qui entouraient, protégeaient et isolaient la propriété du Baron empêchait la plupart des bruits de la ville d'arriver jusqu'aux oreilles de ces distinguées personnes.
Sans lâcher sa main, le professeur se mordit la langue pour essayer de se calmer et de ne pas songer à l'avenir de la petite, puis proposa :
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Vous devriez, tous... vous devriez rentrer chez vous, n'est-ce pas ?Sans demander leur reste, ils commencèrent tous à se diriger vers la porte. Ils longeraient le couloir doré, récupéreraient leurs propres domestiques, puis repartiraient dans leurs demeures respectives, allant sans doute immédiatement relater l'événement du jour. Dans les yeux du précepteur qui se mit à genoux pour parler dans les yeux à Simona, la tenant par les épaules, on ne lisait que de l'inquiétude.
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Dis-moi, cela ne t'est jamais arrivé, n'est-ce pas ?Elle secoua la tête négativement, essayant de retenir un sanglot. Derrière, Ferdinand, qui dansait d'un pied sur l'autre sans savoir quoi faire, avait récupéré les lunettes de sa sœur pour les lui tendre. Elle les replaça sur son petit nez rond sans un mot, baissant les yeux pour éviter de croiser aucun des regards qui convergeaient vers elle. Helboldt se releva, soupira et lança un coup d'œil vers Ferdinand, sachant que ce dernier allait associer ce phénomène à la magie de terre que le professeur avait déjà utilisé devant lui, dans la forêt.
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Silence, toi. Tu n'as qu'à aller revoir tes règles de calcul.Cette fois-ci, l'enfant ne discuta pas, même si le ton était un peu irrespectueux. Il rentra dans la maison et disparut. C'est timidement que Simona chercha à attirer l'attention d'Helboldt, qui lui sourit tendrement.
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Il faut que nous allions voir ton père, fit-il simplement.
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Le baron de Clappique suait comme une énorme vache coincée dans une fournaise. Il semblait affecté par le climat, bien sûr, mais aussi par les nouvelles qui lui étaient arrivées, et qui provenaient à la fois de l'intérieur de sa maisonnée et des autres qu'il avait naturellement placées sous surveillance. Il fallait bien vérifier que les concurrents dans la course aux honneurs, aux pouvoirs et aux richesses ne soient pas plus proches de leur but que lui.
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N'aurais-tu pas pu déclencher cela à un moment où il n'y avait pas d'invités ! Fulmina-t-il une énième fois.
Le professeur, juste derrière sa protégée, un peu à sa droite, ne rajouta rien au rapport parfaitement objectif qu'il venait de lui faire de ce qui s'était déroulé sous ses balcons. Quant à Simona, elle était encore trop effrayée à songer aux conséquences de cette magie pour placer le moindre mot face à son père si grand et si puissant. Celui-ci, enfin, tourna son regard vers elle, la considérant avec un air où se mêlaient incertitude, crainte et une touche de colère. Elle baissa rapidement les yeux tandis que le professeur faisait un pas en avant : aussitôt, le regard inquisiteur du paternel se dirigea vers lui, avec ses foudres et ses reproches implicites.
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Je ne veux pas que quiconque soit davantage en danger. Faites ce qui doit être fait pour qu'elle n'use plus de cette... magie, désormais.Il était clair qu'il considérait ce genre de phénomènes comme anormaux. Ils étaient rares, certes : et d'ailleurs, ceux qui en avaient la possession avaient tôt fait de se lancer dans des carrières atypiques, telles que prêtre fervent (et naturellement célibataire), mage de la cour (renonçant naturellement à tout titre), érudit (bien trop souvent sans conjoint et sans enfants), ou encore (pire) vadrouilleur, parcourant les grands chemins en quête d'aventures pour se distraire – en aucun cas, à son opinion, des voies pour sa fille, qui était dotée d'un nom plus important que tout le reste, nom qu'il fallait honorer par un mariage et une vie réglée.
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Monsieur, si je puis me permettre, ce don est en elle et elle ne pourra jamais s'en défaire.Le baron poussa un soupir de mécontentement en levant les yeux au ciel, semblant en vouloir aux Dieux mêmes, tandis que Simona, inquiète, écoutait avec attention.
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En revanche, il est possible pour elle d'essayer de contrôler ses pouvoirs, via des enseignements appropriés. Dès lors, elle ne représentera plus un danger pour personne, et elle pourra même s'en servir pour se défendre, à l'avenir.Deux paires d'yeux soudainement intéressées se tournèrent vers lui.
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Je ne souhaite pas embaucher de nouveau personnel, indiqua toutefois le baron.
Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : que les finances étaient en berne. À trop s'isoler pour se protéger soi et sa descendance... Mais Helboldt n'aurait jamais osé demander des précisions.
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Je... pourrais lui montrer les bases : j'ai connu des mages et j'ai pu observer leurs pratiques, autrefois, ajouta-t-il rapidement en songeant qu'il ne mentait pas tout à fait, sans révéler non plus la vérité à son propre propos.
Ensuite, nous pourrons faire appel, ponctuellement, à un professeur spécialisé, par exemple à la Tour de la thaumaturgie... -
Excellent. Kieran Kloryn me doit des faveurs depuis que je lui ai obtenu quelques ouvrages rares... Le professeur hocha de la tête et le baron les congédia d'un signe fatigué de la main. Posant ses mains sur les épaules de Simona, Helboldt la guida dans les couloirs du manoir, un petit sourire aux lèvres. Ils furent bien vite de retour dans la salle de cours, où les attendait un Ferdinand attablé à lire et relire des pages de cours.
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Ferdinand, pourrais-tu aller réviser dans ta chambre s'il te plaît ? Simona et moi avons besoin de la salle.Sans se faire presser, le garçon disparut après les avoir ostensiblement examinés : mais ils n'avaient rien de plus sur eux que la dernière fois. Ce qui était important, c'étaient ce qui était en eux, en magie, plus que ce qui se voyait du dehors. Le professeur, pour une fois, s'assit, puis invita Simona à faire de même en face de lui.
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Dis-moi, sais-tu d'où vient la magie ?Elle fit non de la tête.
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Tu as en toi ce qu'on appelle des fluides, ou potentiel magique. On dit qu'à l'origine, le monde fut créé avec les huit fluides originels...Il s'approcha du tableau et nota successivement le nom des différents domaines, les classant par deux.
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La lumière et l'ombre, le feu et la glace, l'eau et la foudre... la terre et l'air. Toi, tu maîtrises la terre, pour le moment... Mais tu ne pourras donc jamais maîtriser l'air, de même qu'un mage maîtrisant la lumière ne maîtrisera jamais l'ombre, et ce pour chacun des quatre couples. Tu comprends ? -
Oui, fit-elle en hochant de la tête.
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Bien. Tu as donc ces fluides en toi, mais tu dois les relâcher en-dehors à chaque fois que tu lances un sort, si bien que tu les perds. -
Mais alors, maintenant, je n'en ai plus ! S'exclama-t-elle, ravie.
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Effectivement. Si tu essayais de lancer un sortilège maintenant, tu ne pourrais probablement pas. En revanche, après un repos ou la consommation d'une potion appropriée, tu peux récupérer ces fluides, donc il faudra de toute façon que tu apprennes à les contrôler. Elle soupira, baissant les yeux.
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Je ne sais pas si j'y arriverai. -
Ne t'inquiète pas. Nous avons un peu de temps... Je pense que ça suffira aujourd'hui pour la théorie, n'est-ce pas ? Je te propose un exercice très simple. C'est un... art, enseigné par certains moines, qui leur permettent de garder un contrôle parfait sur leur corps et leur esprit, dès lors qu'il est poussé jusqu'à l'excellence : mais pour nous, ça devrait suffire à te permettre de te calmer lorsque tu sentiras que tes émotions interfèrent. Ce qu'il faut que tu comprennes, c'est que celles-ci rendront certes ta magie plus puissante, plus intuitive aussi, mais elle sera aussi déchaînée, incontrôlable... Elle opina du chef, relevant pour la première fois vers lui un regard déterminé.
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Je suis prête. -
Bien. Ça s'appelle la méditation. Pendant la demi-heure qui suivit, il lui montra l'unique posture qu'il connaissait, celle du lotus – bien qu'il sut qu'il en existait d'autres -, avant de lui expliquer comment contrôler sa respiration et sentir son lien avec la terre, son élément dédié. Il lui révéla qu'elle aurait probablement toujours plus d'affinités avec cet élément, qu'il devait représenter la fermeté qu'elle avait en elle, l'assurance trop longtemps enfouie. À chaque fois, elle hochait de la tête, prenant les paroles d'Helboldt pour la vérité pure, même lorsque ce n'étaient que des encouragements de sa part. Il lui demanda d'essayer de ne penser à rien, de vider son esprit de tous ses soucis, puis de visualiser un paysage et de se focaliser sur le ciel, où elle devait chasser tous les nuages. Et il la laissa faire, s'y mettant à son tour. Exercice ardu, il n'y arriva qu'après de longues minutes de concentration et, finalement, il posa sa main sur l'épaule de Simona pour la tirer de sa propre réflexion.
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Ça suffira pour aujourd'hui. -
Mais je n'ai pas encore réussi ! Protesta-t-elle.
J'y étais presque ! -
C'est normal, pour une première fois. Nous réessaierons demain. Ils se levèrent et se rendirent ensemble à la salle à manger, où le repas fut fort silencieux tandis que Ferdinand et Clappique, d'un côté, observaient les deux apprentis mages concentrés sur leur assiette.