Pont 5- dernière partie
Après une rotation de quatre-vingt-dix degrés, elles longèrent le nouveau mur, comptant une fois de plus leurs pas. Rendue à quatre-vingt-six,
celle-ci ralentit de peur de se heurter encore le nez sur un autre mur. Alors aussitôt l’autre accéléra bien malgré elle et franchit le cap du quatre-vingt-huit pas sans incident. Elles poursuivirent alors la marche et ce ne fut qu’au cent quatre-vingt-huitième pas, alors qu’elle n’y pensait plus, qu’elle se fracassa violemment
le nez, la nuque contre le mur d’en face.
Cette fois-ci on put entendre :
Grrrrrr, ha,ha,ha, cling,clang, clang, grrrrrr,ha,ha,ha.
Grrrrrrrrrrrrrrrrr. Les Virinas demeurèrent perplexes. Il leur sembla que certains bruits ne provenaient ni de leur bouche, ni de leur estomac ou d’un quelconque autre orifice. Elles déduisirent alors qu’ils arrivaient du centre de la pièce ou plus justement loin du mur sur lequel elles s’adossèrent.
Puis de nouveaux
cling, clang, clang, grrrrrrrr parvenèrent plus près de leurs oreilles de garzok.
Cette fois, elle n'eurent plus de doutes et reconnurent sans difficulté le cliquetis des chaînes, ainsi que le puissant grognement grave et rauque d'une bête enragée.
Et encore plus près,
cling, cling, clang, cling, clang, grrrrrrrrrrrrrrrr, Ça s’approchait encore,
cling, cling, clang, cling, clang, grrrrrrrrrrrrrrrr,
Et encore,
cling, cling, clang, cling, clang, grrrrrrrrrrrrrrrr, humff, shlack.Ça s’était arrêté !
Peu importait la nature de la bête qui se trouvait là, elle ne pouvait avancer davantage, sa chaîne apparemment rendue au bout de sa course. Seuls d'énormes postillons visqueux et collants parvinrent sur les vêtements de Virina.
Immobile, elle attendit et réfléchit. Elle pouvait remercier le ciel que le propriétaire de la bête lui ait fourni une chaîne trop courte pour atteindre l'extrémité de la pièce. Pour la guerrière cet homme n'était qu'un :
Idiot !Futé !Idiot, car il suffisait à l'intrus de rester appuyé contre le mur puisque la chose grognante ne pouvait jamais l'atteindre. De plus, il suffisait au prisonnier de l'obscurité de brandir son épée pour décapiter la bête sans être touché.
Futé ! Si l'animal gardait le centre, c'était sûrement par ce qu'il protégeait la porte de sortie, qui en l’occurrence aurait la forme d'une trappe sur le plancher. Le prisonnier de l'obscurité serait donc condamné à marcher le long du mur toute une éternité ou plutôt jusqu'à ce que LA MORT vienne le chercher.
Fière de son idée,
Virina arma sa main droite de sa rapière alors que celle-ci bien malgré elle l'empoigna dans sa main gauche. Comptant utiliser le tranchant de son arme blanche, elle fit un puissant mouvement horizontal
de la droite vers la gauche de la gauche vers la droite, à la hauteur de sa taille visant à décapiter la tête de l'être enchaîné. Mais l'arme, bien que manœuvrée habilement, ne fendit que l'air et provoqua un déchaînement d'aboiements enragés.
"Ruff, grrrr, ruff, ruff, grrrrrrr "L'animal, apparemment un canidé, avait évité sans peine l'attaque de la garzok. Mais aucunement démontée pour autant, Virina récidiva une seconde, troisième et quatrième fois. Ses coups étant toujours aussi puissants et violents ne tranchèrent pourtant que l'air environnant.
La barbare émit l'hypothèse que contrairement à elle, l'agile bestiole puante pouvait la discerner dans le noir. Afin de rendre le combat plus équitable, il lui fallait donc trouver une façon de connaître la position de l'animal. Virina fit appel à sa mémoire et aux fois qu'elle avait croisées des chiens ailleurs que dans son assiette. Elle se rappela ainsi que les rares occasions où ces stupides clébards demeuraient en place sans bouger ou trémousser de la queue, c'était lorsqu'ils s'acharnaient à gruger un os. Il fallait donc que la guerrière lui offre de quoi l'occuper.
C'est ainsi que sans réfléchir davantage
la guerrière tendit son poing droit fermé et
celle-là son poing gauche devant elle.
Comme si on venait de lui présenter le plus alléchant os garni de chairs et de moelle, le canidé bondit sur le bras de Virina et y mordit à pleines dents. Cette fois les guerrières ne purent réfréner un cri de douleur chacune suivi d'un rire inquiétant.
Mais heureusement, elle se ressaisit à temps et profita de l'immobilité momentanée de la bête acharnée pour lever son bras
gauche droit armé de son sabre et violemment lui trancher le cou
de gauche à droite de
droite à gauche. La bête couina de surprise, sa mâchoire lâcha prise et sa tête déboula avec fracas par terre.
Maculée de sang de la tête au pied, et à genoux sur le plancher de pierre, la guerrière cherchait à tâtons le cadavre du gros monstre qui lui avait entaillé le bras... Après quelques secondes de recherche, elle trouva une tête de bonne dimension avec des dents très affilées, mais qu'un tout petit corps à peine plus gros que celui d'un lapin. Ceci expliqua cela. La petite taille de l'animal lui avait permis d'esquiver sans peine les violents coups de la barbare.
Ne se préoccupant plus du corps de sa victime, Virina empoigna la chaîne à deux mains. S'étant débarrassé de son adversaire le plus bruyant, il lui restait le second qui était toujours là à l'épier : l'obscurité.
Pour cette Virina, dans le noir, elle se sentait comme dans un espace clos, restreint, un endroit extrêmement petit où elle peinait à y prendre place. Cette obscurité l’envahissait, l’oppressait.Pour celle-là, le noir représentait le néant, un espace si grand qu’il était impossible d’en voir les limites. Aucune frontière n’existait et elle s’y sentait perdue comme si elle n’était qu’une toute petite fourmi déambulant dans un univers trop grand.
Mais toutes les deux savaient qu'elles devraient combattre cet ennemi invisible afin de se rendre là où elles croyaient trouver la seule issue de cette sombre pièce. Alors elle s'agrippa à la chaîne de sa main
droite gauche et s'y accrocha comme à une bouée qui l'empêcha de se noyer dans cet océan d'obscurité, toujours à quatre pattes
avançantreculant pas à pas jusqu'à ce qu'elles trouvèrent un anneau d'acier qu'elles
tirèrent poussèrent et
vice versa de toutes leurs forces.
La trappe s'ouvrit et la lumière fut !
((( 1 005 mots )))