rp précédent iciVous avez déjà entendu parler des règles élémentaires de savoir vivre à table? Imaginez les bien: usage de petits couverts, tenus délicatement, maniés à gestes mesurés. On coupe de petits bouts, que l'on mastique doucement, avec méthode, en prenant son temps... Vous voyez bien? Faites table rase, jetez tout à la poubelle et balancez celle-ci par la fenêtre sans ménagement, c'est l'inverse auquel vous allez maintenant assister.
Maltar suit Magda sans poser de question, en prenant soin de ne pas faire tomber son nouveau kit de soin magique de poche. Remarquablement remis de ses blessures, il est toutefois toujours épuisé, peut être même plus qu'avant que le lutin ne fasse office, il ne saurait dire. Il laisse l'instinct et les habitudes prendre le dessus, observant le monde de loin, à la limite de la somnolence. Il mémorise le trajet vers la sortie de la ville, quelques endroits d'où il lui sera facile d'escalader jusqu'aux toits en cas de fuite. Machinalement, il se décale vers le centre de la rue à chaque intersection afin de pouvoir anticiper toute personne qui planquée au coin, souhaiterai l'agresser... Il fait tout ça sans y penser, l'esprit braqué vers la bière et la bectance promise et maintenant toute près si la naine tient parole.
Il finissent par atteindre la taverne, dont le gobelin ne regarde même pas la devanture. D'ailleurs, il en a oublié le nom. Mais ce n'est pas une priorité. Suivant la naine, il regarde du coin de l’œil les autres clients dans l'immense salle à manger de la taverne. Toujours par automatisme, il note les viandes saouls, les personnes lui lançant des regards mauvais et qui l'attaqueraient sans doute sur le champ s'il n'était pas accompagné de Magda, les joueurs, les endroits où il pourra probablement chapardé quelques yus en cas de baston généralisé et les personnes qu'il n'approchera sous aucun prétexte à moins de trois métre, même saoul comme un milicien de Dahram un soir de solde.
Il suit Magda jusqu'à une longue table où reste quelques places libres. Bien sur, il se place dos au mur, et assez loin de la table pour pouvoir facilement se jeter en dessous de celle-ci si le besoin s'en faisait sentir, mais aussi assez proche pour la renverser et réfugier derrière pour s'abriter des divers projectiles. Il le fait toujours sans y penser, cela fait depuis qu'il a l'age de s'attabler dans une taverne qu'il s'installe ainsi, et il n'a jamais eu de raison de changer ses habitudes. Une fois assis, il saisit le lutin somnolant sur son épaule et l'installe au bord de la table, entre lui et Magda. Il note aussi mentalement que si jamais il envoyait valdinguer la table, il faudrait qu'il pense à le ramasser avant, ou le petit corps du lutin risquait de mal régir au vol plané.
Il attendent ainsi un petit moment, pendant que Magda commande le manger et le boire à la serveuse, qu'elle a l'air de ben connaitre. Le service est rapide, et les voici tous trois devant une solide portion et une grande chopine.
Et Maltar revit. Il baffre à pleine main, le contact de la viande chaude et graisseuse contre sa peau arrivant presque à le faire jouir à lui seul. A chaque bouchée, il sent avec délectation la texture des fibres de viandes se défaisant sous ses dents et sa langue, liées à la douceur du saindoux coulant presque déjà dans ses veines! Il mord à pleines dents, en répandant à chaque coup sur ses joues et son menton osseux, sur ses mains et jusqu'à ses coudes d'où dégouline le jus. Il se jette d'abord sur la viande, évidement, puis la marie aux légumes. Un autre jour il les aurait laissés : les légumes, c'est bon pour les lapins. Mais il est trop affamé. Et puis avec un bonne gorgée de bière, ça passe bien et même mieux que ça! Cette bière après ces deux jours de voyage difficile et d'effort, c'est "comme la vierge marie qui vous pisse au travers du gosier"! Maltar ne se souvient plus bien de où il avait entendu cette expression, mais il l'aime bien, même s'il se demande qui pouvait bien être cette fameuse Marie, dont il était dans ses souvenirs question du pucellage...
Entre deux gorgées de bière, il constate que le lutin ne touche qu'aux légumes, et encore, avec parcimonie, précautionneusement, avec une préférence marquée pour ceux ayant le moins trempé dans les succulents sucs de viande. Encore un foutu "végétabonarien", probablement... Foutus bouffeurs de laitues! Mais bon, de toute chose on peut tirer du bon, et face à tant de dégout, le gobelin se dépêche de vider la viande de l'assiette d'Adrayk dans la sienne avant que le lutin, sait on jamais ne retourne à la raison et change ses habitudes alimentaires pour un régime plus sain.
Entre deux petites bouchées, celui-ci finit par prendre la parole de sa douce petite voix, visiblement peu à l'aise en pareil lieu de mauvaise vie.
"
Alors, humm… Mer… Maltar, la jambe va-t-elle mieux ?"
"T'crois qu't'aurais trainé jusqu'ici si ç'avait pas été l'cas"Il réfléchit deux secondes, puis rajoute:
"Merci."Cela lui arrache la gueule, mais cela plairait sans doute au lutin, ce qui pourrait s'avérer utile s'il souhaite pouvoir refaire appel à ses services bénévolement une prochaine fois.