Une odeur acre me réveilla. Je la perçus directement, c'était celle d'une maison ayant de l'âge, un foyer qui avait vécu et qui était animé depuis longtemps par l'Humain et sa tumultueuse vie. Une odeur d'écorce et même de sève, on sentait presque la forêt présente dans ce modeste foyer, mais ce n'était pas du tout désagréable, au contraire, cela m'apaisait et me rendait comme ivre de liberté. Tout de même, cela me sembla bizarre que dans l'état où je me trouvais, c'est à dire, quasiment dans les vapes, la douleur me taraudant le crâne, ainsi que les brûlures sur la chair de mon avant bras qui me faisaient souffrir le martyr, je pouvais déceler avec précision l'atmosphère qui régnait dans cette pièce. Mon odorat ne me trompait pas.
J'ouvris les yeux, lentement, sans précipitation, craignant de trop brusquer mon organisme encore choqué de cette nuit agitée, puis je découvris effectivement que je me trouvais dans une maison faite de bois. J'étais allongée sur un lit surélevé, qui était situé dans un coin de la pièce. Ma tête étant contre le mur, j'avais une vue d'ensemble. C’était une chambre assez vaste, où bizarrement, il n'y avait seulement qu'un lit, une étagère et une table de nuit. Le strict minimum d'une chambre à coucher donc. Par la porte, qui était juste en face de moi, je voyais de grosses poutres, larges de trente centimètres soutenant, je suppose, la maison tout entière. Au fond, je percevais l'extrémité d'une table de repas, faite de bois elle aussi, où quelques assiettes reposaient, solitaires, comme abandonnées par l'appétit infini de l'homme. Plus loin encore, à travers une petite fenêtre carrée, on pouvait voire une multitude de personnes qui passaient, et dont je ne distinguais, vue mon état, seulement la silhouette. J'en conclus que je me trouvais dans le centre de la grande Tulorim, car le trafic dans la rue semblait vraiment intensif.
Après avoir considéré avec curiosité, le lieu dans lequel je me trouvais, je réfléchis, non sans un sentiment d’inquiétude, aux événements qui m'avaient conduit ici.
(Où suis-je ? Pourquoi m'a-t'on ramenée en cet endroit ?) Calmement, j'essayai de me rappeler la soirée d'hier.
(D'abord j'ai mangé à l'auberge, puis je me suis aventurée dans la forêt pour me baigner dans la source que j'avais repéré la veille. Ca je me souviens, c'est très clair dans mon esprit... Ensuite...J'ai... Necdoten ! Tout est flou.)
Cette perte de mémoire m'agaça, et je poussai un juron en tapant des poings sur l’épaisse couette qui m'enveloppait. L'intense douleur qui me parcourue ensuite le corps, me fit revenir au calme, et je m'immobilisai brutalement. Je découvris alors, l’état de faiblesse dans lequel je me trouvais mes membres étaient engourdis, j’étais blessée à plusieurs endroits et, plus aucune force vitale ne m’habitait. Cependant, j'ignorais d'où venaient ces maux. Et, instinctivement, pour savoir, je passai ma main sur les parties de mon corps douloureuses, en faisant bien attention de ne pas brusquer mes nerfs affaiblis par cette épreuve. Un pansement en lin s'étalait sur mon visage, ainsi qu'un ruban de la même matière, noué tout autour de mon avant bras. Le contact avec cette partie se suivit par une vive douleur de brûlure. En effet, la chair exposé avait frotté sur le bandage, cela me fit pousser un gémissement d'amputé. En proie à cette souffrance, je serrai les dents, lâchai une mince larme d'impuissance puis décidai de ne plus penser aux blessures qui me taraudaient de toutes parts. Puis, essayant de me focaliser sur mon état psychique, je repris la fouille que j'avais entreprise dans ma matière grise.
Je me souvins vaguement d'un combat que j'avais mené, mais ce n'était pas du tout clair. Je n'étais pas le genre de personne qui oubliait ses actions et, en guise de justification, je mis la faute sur l'engourdissement de mon cerveau, mon mal de crâne en était peut être la cause... Soudain, un détail fit tilt, quelque chose dont je ne m'étais pas préoccupée.
(Un mal de crâne? Je ne me rappelle pas...)
Puis, la suite chronologique me vint machinalement: Choc sur la tête... douleur...combat !
Je sortis brutalement mon bras de la couverture pour confirmer mes songes, malgré la douleur qui me retint presque de bouger, et enlevai le bandage avec délicatesse. Ma chair était à vif à trois endroits, le pue avait été ôté avec soin et les trous ovales étaient de couleur rose pâle ! Ces marques m'horrifièrent, et je me souvins avec dégout l'image du gobelin prononçant la formule destinée à embraser les cailloux. Les détails affluèrent automatiquement à mon esprit comme un fluide de mémoires injecté dans ma cervelle.
(J'ai réussi à gagner ce combat, mais au prix de 3 blessures mineures...nous nous battions à coté d'une grosse dalle de pierre, sur l'amont d'une colline...Et...J'ai gagné)
Je me souvins de cet épisode avec précision. Certes, cela s'était passé très récemment, mais je fus, tout de même impressionnée par la multitude de détails qui affluèrent en vagues successives dans mon esprit. C'était comme si je regardais la scène, assis dans un confortable fauteuil, dans lequel je commentai mes actions d'une voie connaisseuse. Néanmoins, ma victoire face à cette vermine ne suscitait en moi aucune satisfaction. Je n'avais pas un esprit de gagnante et le faite de dominer quelqu'un -quelles que soit les manières- était contraire à l'éthique que je poursuivais. De plus, je n'avais pas du tout honte d'avoir fuit précipitamment. Je n'avais que choisis l'alternative la plus prudente, et il faut le reconnaître… mon adversaire était supérieur à moi. Sa puissance magique me surpassait, et même si mes connaissances en combat rapproché sont assez grandes, elles n'avaient aucune utilité face à la rapidité d'exécution de ses sorts et à sa petite taille qui lui permettait d'esquiver sans difficultés.
(C’est juste une analyse purement tactique) me dis-je, comme pour me rassurer.
Mais j'en avais oublié la question qui m'avait tracassé, qui m'avait fait douter de ma capacité à me rappeler mes actions. Perplexe, je repris mes interrogations.
(Je ne me souviens pas avoir été frappée à la tête, d'où me viens ce maux de tête ?)
J'essayai de fouiner dans mes souvenirs mais ne trouvai pas. Le combat, la fuite, puis plus rien. Peut être m'étais-je évanoui à la suite d'une chute incontrôlée ? C'était surement vrai... ça ne pouvait être que la réalité en faite...Je l'ai surement oublié à cause du choc, que je suppose, était violent.
A priori, mes inquiétudes s'étaient effacées. Mais un doute planait, gênant, comme un fil inatteignable, qui pendait au dessus de ma tête. Je me rappelais bien de quelque chose, mais ca n'avait rien de concret, seulement un cauchemar dont je ne savais plus le sujet. Il était surement lié à l'évanouissement, et ma fuite chaotique, après le combat a due en être l'inspiration directe.
Soudain, un bruit me tira de mes étranges pensées. C'était un cri perçant de harpie, étouffé et dont l'articulation pouvait se résumer à "Miiii". Cette petite plainte me fit sursauter au point que je m'écriai à mon tour, en gueulant à pleine bouche:
"Aaaaaaaah!"
C'était un petit chaton, il était à présent monté sur ma poitrine et me regardai étrangement de ses yeux ovales, couleur jaune ôcre. J'étais horrifié par cet animal, il m'agressait presque de son regard; ce-dernier, innocent, me troublais grandement, par la petite fente, en travers de sa pupille qui captait mon attention, comme une hypnose dont on ne peut pas se détacher. Bien que, dans le désert, ce mammifère n'existe pas, j'en avais évidemment entendu parler au cours de discutions qu’entretenaient les clients avec Père et Mère. Ils en parlaient tous comme une petite bête innocente et mignonne. Moi, au contraire, je n'éprouvais aucune compassion pour ce grotesque animal à poil, fragile, et réellement inutile.
Mon visage perlait de sueur, et je le regardai avec dégout, reculant brusquement la tête quand il me lançait un de ses cris aigus qui aurait pu effrayer n'importe quel prédateur de la savane.
J’essayai de le dégager de ma poitrine surélevée, sans trop oser, à l'aide d'un petit livre ramassé sur la table de nuit.
"Laisse donc cette délicieuse créature tranquille, Jop! " cria une voie d'homme amusée, dans la pièce d'en face.
Prenant mon courage à deux mains, je dégageai l'animal d'un revers, qui s'écrasa comme un vulgaire bousin sur le sol, puis m'écriai d'une petite voie étouffée, timide, remplissant les normes de politesses.
"Euh... Bonjour, merci de m'avoir recueillie dans votre humble demeure."
Il ria d'une grosse voie, puis passant le seuil de la porte il me salua d'un hochement de tête. La vue de cet homme me surpris grandement, je considérai mon sauveur de la tête au pied. Il était étrangement vêtu: une longue robe verte foncé en soie, plutôt féminine, lui tombait jusqu'au pied. Le tissu de l'habit recouvrait ses mains et la partie haute de son torse était dénudé. Il était plutôt âgé, peu être la soixantaine. Du moins c'est ce que je voyais aux rides qui creusaient son large visage. Il avait un gros nez, et au dessus, de petits yeux bleus discrets, ornés d'une pupille verte pâle, affichaient un coté mystérieux à sa personne. Son bouc blanc en pointe lui donnait, par opposition, un aspect amusant. De même, Il portait un chapeau pointu et des tresses d'un blanc d'os tombaient par dizaine sur ses oreilles et sur sa nuque. Je n'avais jamais vu un tel accoutrement...Enfin si, peut-être son étrange chapeau, que j'avais remarqué sur la tête d'un clown au cirque de Elek’bardhan. Naïvement je le lui demandai, comme croyant avoir trouvé son identité :
"Êtes-vous un clown ?...Je veux dire, un faiseur de blagues."
Sa grande personne reposait sur le mur, à droite de la porte et il me regardait curieusement, mais avec une touche d'amusement dans les yeux. Un silence s'ensuivit, puis voyant qu'il ne répondait pas je continuai :
"Euh... faites vous des tours pour épater les enfants?"
Sa réponse fut calme, toujours ornée de la même expression:
"Oui, c'est un peu, ca...je me nomme Zoan et je suis sorcier...ou un magicien si tu préferes." "Vous faites de la magie ?" m'écriai-je, rapidement, excitée de cette révélation "Je trouve ca fantastique, ce concept dépasse les limites du réel, pourriez vous me faire une..."
Il m'interrompit sévèrement, voulant passer à un sujet plus important:
"Assez parlez de moi jeune femme, parlons de vous" Il avait bien insisté sur le mot "jeune", et cela me fit comprendre directement ma naïveté. Je baissai les yeux, honteuse de m'être comportée comme un gamine.
Puis il prit la parole sans attendre que je ne dise mots, commençant le récit de la découverte de mon corps inerte :
"Je vous ai trouvé, évanouie, allongée au fond d'un ruisseau. J'ignore comme vous êtes arrivée dans ce lieu si insolite, mais ce qui est sur c'est que vous étiez mal en point. Un filet de sang s'écoulait de votre crâne et vous aviez multiples blessures. Heureusement pour vous mademoiselle, je vous ai récupéré et amené ici en toute gratitude. Ma fille vous a appliqué ses précieux soins, à l’aide de baumes dont elle a le secret. »
En disant cette dernière phrase, il fit un mouvement de la tête, vers la porte, comme pour dire qu’elle ne se trouvait pas loin et continua, après avoir marqué un long soupir:
«Vous êtes restée une nuit entière dans le froid. Je le sais car votre corps est abattu par une vilaine crève. De plus, je crains que ma fille ne vienne vous diagnostiquer une nouvelle maladie…malheureusement pour vous"
Il s'arrêta quelques instants, songeur, comme apeuré de ma condition, attendant une réaction de ma part. Moi je restai là, à l'écouter. Son récit confirma que j'avais effectivement trébuché dans ma course, et que je m’étais évanouie. Le nouveau mal qu’il m’indiqua ne m’étonna guère.
Le magicien reprit brusquement en élevant la voie, ses yeux plissés en deux fines fentes:
"Je sais ce que vous avez fait auparavant, mais vous, vous ne le savais pas...C'est étrange n'est ce pas ?"
Il me laissa considérer ses propos. Cette question subite, dites comme une accusation, m'avait surprise et troublée. M’avait t'il vu combattre le monstre ?
Tout à coup, l'homme se dressa, touchant presque le plafond et sortit de sa poche un petit caillou qui émettait un léger éclat bleuâtre, puis me le tendis. Je le pris doucement, et le regardai avec une légère curiosité. Il parla avant moi :
"Je l'ai trouvé dans votre poche. Cela ne vous évoque rien ? Vous l'avez ramassé à coté du monolithe." A ses mots, je le scrutai avec méfiance, puis je déclarai agressive, sans répondre à sa question:
"Que savez-vous de cet endroit ? Répondez-moi tout de suite ! Vous m'avez suivit ? Je vais vous écorcher, sale petit crapaud putride ! Vous m'entendez !?"
Mon insulte méprisante ne le toucha guère, on avait même l'impression qu'il s'y attendait. Il ne put s'empécher de remarquer ironiquement, en prenant un air amusé:
"Ah ! apparament, cela vous évoque plus que quelque chose"
A ces mots, mes lèvres tremblèrent et je le regardai maintenant avec une méchanceté non dissimulée. A cet instant, j'aurais voulu le tuer, après l'avoir fait souffrir en découpant ses petits membres de rat. Son lob d'oreille me scrutait bizarrement, ce qui augmentait encore plus ma colère contre ce fourbe, et je voulais, quant à lui, le découper soigneusement avec un petit canif, quelque chose de bien propre, sans effusion de sang. Puis, après lui avoir fait subir milles souffrances, les plus terribles et douloureuses, je lui planterais un pieu dans le coeur, pour percer son âme corrompue de poison. J'étais devenue hargneuse et ces horribles pensées indésirées affluaient sans arrêt dans mon esprit, aussi morbide qu'inconcevable. Ma tête était devenue celle d'une démente, d'une folle, qui aurait égaré sa lucidité. Quand je pris conscience de mon état psychologique actuel, je ne me reconnaissais plus de tout. Au départ, cela me surpit, puis introspectivement m'affola. Ce mot "monolithe" avait fait resurgir des émotions fortes dans mon esprit, des émotions qui échappaient à mon contrôle avec facilité. J'ignorais pourquoi ma réaction était si subite et violente, mais cependant, je pris conscience, intérieurement, que c'était mal et que ca n'apportait rien de bon. Seulement de la souffrance et du malheur éternel.
Puis depuis cette hargne meurtrière je devenais paniquée. Cela se voyait nettement sur mon expression, je me pris le visage dans mes mains suantes et pleurai discrètement. Je ne savais pas d'où venaient ces larmes, qui sortaient, elles aussi, de nulle part. Mon regard se posa sur le magicien, implorante, comme pour demander de l'aide après une terrible épreuve. Lui avait l'air de savoir exactement ce qu'il m'arrivait. Il s'approcha de moi en trois grandes enjambées, et me dis calmement comme on apaise un enfant apeuré
"Ne pleurez pas jeune femme, je vais vous expliquer. Votre esprit se voit troublé, et c'est tout à fait normal."
Ca voit m'apaisa, c'était comme mon père qui me consolait le matin après un cauchemar d'enfant. Me calmant, je l'écoutai alors encore plus attentivement Il prit un air grave et déclara:
"Vous avez été victime d'un sortilège... le monolithe en question n'est pas une dalle ordinaire... vous avez du vous en douter. Quand la nuit est totale, il se met à emmètre une couleur bleutée qui ensorcèle tout les esprits égarés. Par malchance, ou peu être, par un peu trop de curiosité, vous vous êtes retrouvée à coté de cet objet magique. »
Il me regardait avec de la pitié, mêlée d’une tendre compassion. Je restai ébahie, le regard vide, ne sachant quoi répondre. Cela me semblait si irréel, et je ne me rappelai pas m'être fait ensorceler, comme il le disait. Voyant que je ne comprenais pas, il m'éclaira :
"Le souvenir d'un terrible cauchemar la nuit dernière peut être ? »Le mot "cauchemar" me fit peur et je tressaillis de tout mon être. Effectivement, je me rappelai bien avoir fait un mauvais rêve et, justement, il m'avait étrangement troublé. Cependant, je ne l'avais jamais associé à un souvenir concret. Je répondis d'une petite voix, peu convaincu de moi-même :
"Oui... je crois bien"
Mais je ne voulais pas croire en son histoire d'hypnose, et subitement, je me mis sur la défensive, me rappelant que cet homme était un inconnu, et que je n'avais aucune raison de lui faire confiance. Je repris d'une voie plus forte :
"Attendez !... Qu'est ce qui me fait croire que vous n'êtes pas un imposteur ? Je n'ai aucune raison de vous croire!"
Il me répondit en haussant lui aussi le ton de ses propos, me faisant paraître insignifiante :
"Quel toupet ! Je vous sauve de la mort et vous me traitez d'imposteur... Mesurez la chance que vous avez, impertinente ! Certains, à Tulorim subissent la même magie que vous, et eux, n'ont pas le privilège d'avoir quelqu'un pour les guider" Il se calma un petit peu: "Comprenez jeune fille, ces cauchemars détruisent littéralement des vies ! Si je ne vous en avez pas parlé, cet épisode vous aurez hanté pendant au moins cinq ans. La magie maléfique est toujours présente dans votre petit crâne en ce moment même !... Excusez-moi de ma soudaineté, mais il est vital que vous preniez conscience de ce fait. »
J’avais l’impression, que mon père me grondait en personne. Mais, il semblait, que l'homme essayait de me protéger de part ses propos méchants, bien que je fus terrifiée par ec qu'il me disait sur ce cauchemar. Voyant que ma colère s'était effacée pour laisser place à un air affolé il reprit plus calmement, après un soupir:
"Jeune guerrière, je lis en vous comme dans un livre, votre cœur est bon...et peut être trop bon, voire même, pour vous critiquer, un peu naïf. Ne soyez pas tourmentée...je ne compte pas vous voler quoi que ce soit, d’ailleurs, je n’en vois pas l’utilité. Vous êtes pauvre comme un vieil aveugle."
Il émit un petit rire discret en cachant sa bouche du revers de sa main gauche, puis reprit en toute bonté :
"Comprenez, jeune fille. Je ne désire que vous aidez. »
Je restai, là, adossée au mur sylvestre, réfléchissant à tout ce qu'il m'avait dit. C'est vrai, j'avais entendu parler de cette histoire de cauchemars dans la boutique de mes parents, des voyageurs venus de Tulorim paraissait horrifiés à l'abord de ce sujet. Les mots "fléau", "folie" ou "magie noire" revenaient souvent. Cela m'était sorti de l'esprit. Néanmoins, je ne voulais pas croire que ca m'était arrivé à moi, je trouvais ca absurde. Mais au fond de moi, quand je voyais ce grand magicien si sur de ses propos, ayant vécu et vu d'innombrables choses dans sa longue vie de vieillard, je savais qu'il avait raison. Comment pourrais-je débattre face à cet homme ? Je suis aussi ignare face à ce nouveau monde qui s'offre à moi, qu'un nouveau bébé tout droit sortie du ventre maternelle. Je ne connais que la culture de mon pays, tous les peuples régnant sur les vastes continents de Yuimen sont inconnus pour moi et j'ai tout à découvrir des innombrables magies de ce monde... Je suis déjà condamné par une de celles-ci, et je n'ai aucun pouvoir pour les combattre. Contrairement à ce digne clown qui ne fait que guider les faibles vers la lumière.
Je me rendis compte de mon impuissance et fis une moue désespérée. Puis je le questionnai d'un air las :
"Vous dites qu'une magie obscure entrave mon esprit?"
Il était resté calme pendant que je considérai ses propos, comme une sorte de méditation face au malheur qu'il pouvait voir sur mon visage. Ma phrase soudaine le sortis de sa rêverie. Il répondit toujours aussi calmement
"Oui, mais il existe un moyen de vous libérer... écoutez moi attentivement. Je vais revenir aux sources du problème pour bien vous faire comprendre. "
Il racla bruyamment sa gorge et commenca son récit de conteur:
"La création de ces artefacts remonte à très longtemps. On ne sait à quelle époque ils furent édifiés. Etait-ce il y a 1000 ans ? 500 ans ? Aucuns indices présents sur ces artefacts ne peuvent nous l’indiquer. On sait seulement qu’autrefois ils regorgeaient de magie très puissante, et que maintenant, il n’en reste qu’un brin. Suffisant à déclencher, parfois, ce terrible fléau. Une légende raconte que ces objets furent crée pour la guerre. De puissants mages auraient eu la charge de construire des machines à tuer par la magie. Mais, ces objets de magies n’auraient pas été ordinaires En effet, ils permettraient de contrôler l'esprit des gens où de simplement les faire mourir dans d'atroces cauchemars, plus que réels. Personnellement, je ne crois pas en cette histoire, qui me semble trop banale. C’est juste l’explication qu’a donné l’opinion publique pour justifier la présence de ces étranges objets qui causent tant de mal. " Il prit une pause pour aller chercher une tasse de café dans l'autre pièce, puis en revenant, il déclara d'une voie appliquée:
"Ca, c'est la première partie de l'histoire, tu suis ?"
J'acquiesçais d'un hochement de tête, son récit me passionnait. De même, je trouvais cette situation étrangement ironique: j'étais allongée sur le lit, la couverture remontée jusqu'au cou, et lui me contait ses histoires qui m'hypnotisaient réellement. Cela rappelait, naturellement, la scène de l'histoire racontée à l'enfant pour s'endormir. Rien de significatif, mais simplement comique, avec une touche de complicité entre nous, qui avait été confirmé par le tutoiement qu'il venait d'employer.
_________________ Kaedas, guerrière humaine du peuple des dunes
Lor dund'ishim ahoumana lir kaedas
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