L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Le fort Endiraë
MessagePosté: Ven 31 Oct 2008 15:54 
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Le fort Endiraë


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Emblème de la ville et de la milice


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Cet ouvrage défensif, au cœur même de la ville d’Hidirain, porte le nom d’un elfe légendaire des temps anciens qui, selon les dires, aurait le premier découvert l’emplacement actuel de la cité blanche. Ce fort, bâti de marbre blanc et gris, a plus l’air d’une œuvre d’art que d’un bâtiment militaire, avec de belles tentures qui ornent l’extérieur et des cascades et fontaines qui l'entourent de toute part.

Les longues années de paix ont détourné ce lieu de son aspect originel, le transformant en place forte plus administrative que militaire, où demeurent et travaillent les dirigeants de la ville. Les donjons et tourelles ont ainsi laissé place à de magnifiques palais richement décorés, protégés par les impressionnants gardes blancs en armure d’apparat. Les bâtiments de la milice locale siègent d’ailleurs également dans le fort, au sein de l’aile est. Le long du rempart, la caserne, le sanatorium, l’armurerie, le terrain d’archerie ainsi que les écuries se tiennent côte à côte. Les geôles, quant à elles, seraient situées au sous-sol, accessibles uniquement par la salle des gardes.

Pour atteindre la cour intérieure du fort, quatre portes existent, une pour chaque point cardinal. La défense de celles-ci est assez rudimentaire, seules des petites équipes de deux gardes se relayant afin de surveiller les allées et venues à chacune des issues. Néanmoins, il n’est pas rare qu’une patrouille d’archers sylvains guette les alentours depuis les remparts ; mais vu la tranquillité de la ville, toutes ces formalités ne sont là que pour entretenir l’idée de puissance du peuple elfique. Il est toutefois certain que ce n’est pas la maigre garnison de la cité cachée qui repousserait une armée, seule la discrétion de la ville assure sa subsistance.

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 Sujet du message: Re: Le Fort Endiraë
MessagePosté: Mar 30 Juin 2015 18:33 
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Les deux Hinïons qui défendent les portes du splendide palais sont impressionnants, dans leurs blanches armures de plate, mais à la manière dont ils ont positionné leurs armes, je me demande s'ils ont déjà connu un véritable combat, ou s'il ne s'agit là que d'apparat. J'aurais tendance à favoriser cette dernière hypothèse, légèrement incrédule encore de l'oasis de paix que forme ce lieu caché dans le chaos du monde qui l'entoure. Les dirigeants pensent-ils sincèrement échapper encore longtemps aux troubles d'une guerre qui s'étend à ce que l'on raconte sur plusieurs mondes? Si oui, c'est inquiétant pour l'avenir de la Perle Blanche, et de ceux qui y vivent. Mais pour l'heure, ce n'est pas ma préoccupation première, aussi j'avance jusqu'à me trouver face aux gardes que je salue d'une inclinaison du visage:

"Bonjour, gardes. Je me nomme Tanaëth Ithil, j'ai été invité par Ethëll Findaryë, dont je dois rencontrer les parents."

Les soldats m'examinent de pied en cap, puis l'un d'eux appelle d'un geste de la main un collègue désœuvré avant de me dire:

"Nous avons été informés de votre visite. Veuillez laisser toutes vos armes à l'endroit que votre guide vous indiquera, vous serez ensuite conduit auprès de vos hôtes."

Je hoche la tête pour manifester mon accord à cette demande, bien que me défaire de mes armes ne soit pas pour m'enchanter, et suis sans plus attendre le soldat mandé pour me conduire à destination. Il m'amène d'abord dans une petite salle meublée de plusieurs grands coffres servant visiblement de dépôt provisoire, où je dépose mes armes non sans une imperceptible hésitation à me séparer de cet arc si durement gagné, mais après tout, qu'ai-je à craindre ici, en plein palais Hinïon? Une fois le tout soigneusement rangé dans l'un des coffres, le garde m'invite à le suivre et nous traversons une bonne partie du palais dont la moindre partie est ouvragée, décorée avec un art consommé mais ô combien nuisible à l'aspect purement défensif des lieux. De fort, cet endroit n'a plus que le nom, c'est bel et bien d'un fastueux palais qu'il s'agit, et si j'en juge par le nombre de soldats qui s'y trouvent, Hidirain serait bien incapable de se défendre d'un assaut même réduit de la part d'une armée. Comment cela se peut-il, alors que nous ne sommes qu'à quelques jours de Khonfas, la ville Shaakt, et que les "exploits" des armées d'Oaxaca font trembler le monde? Je secoue pensivement la tête, me demandant s'il faut y voir de l'innocence, de l'orgueil ou de la bêtise, en définitive. Le secret...il est déjà en partie éventé, peu de gens connaissent certes l'existence de cette ville, mais trop quand même pour compter sur cela comme unique défense quand on a des voisins belliqueux animés en sus d'une haine raciale farouche.

Nous ne tardons pas à arriver aux portes d'une riche demeure, gardées elles aussi par deux rutilants Hinïons qui nous regardent approcher sans manifester la moindre bribe d'inquiétude. L'habitation princière est agencée dans ce qui dut être à une époque un puissant bastion interdisant l'accès au centre de l'édifice, mais là encore les vastes ouvertures percées pour laisser entrer la lumière, les balcons et terrasses créées autour pour le seul agrément, ont réduit à néant toute capacité défensive. Hidirain est un rêve. Un beau rêve, mais d'une fragilité qui me perturbe. Qu'arrivera-t'il si le jeune royaume d'Eniod succombe aux forces de Khonfas? Vers qui se tourneront les Shaakts une fois leur conquête achevée? Je frémis à cette idée, non sans me demander fugacement pourquoi je me soucie soudainement de ce lieu, alors que je ne me suis attaché à aucun de ceux que j'ai pu visiter au cours de mes errances. A cause d'Ethëll, évidemment, mais pas seulement car avant même de la rencontrer j'avais déjà cette sensation tout à fait nouvelle pour moi de faire partie de cet endroit, de ses montagnes et de ses forêts, alors quoi?

(Tu changes, Tanaëth. Tu as cessé de fuir et tu réalises que tu fais partie de ce monde, qu'il est magnifique et qu'il mérite d'être protégé.)

(Oui...sans doute. Seulement, ma place n'est-elle pas au Naora, parmi les miens, plutôt qu'ici, parmi un peuple que je ne connais pour ainsi dire pas?)

(A ton avis, que se passerait-il, si tu retournais au Naora maintenant?)

(Hum. Je serais envoyé à Raynna dans les dix jours, sans doute.)

Syndalywë ne prend pas la peine de confirmer, nous savons tout deux ce qu'il en serait. Nul besoin d'avoir commis un crime pour être jugé hérétique par le clergé, et quant à se défendre au cours d'un procès dont l'issue est connue avant même qu'il ne débute, autant ne pas y songer. Non, décidément le moment de retourner au Naora n'est pas encore venu, mais viendra-t'il seulement un jour? Les Ithilausters sont puissants, et leur joug omniprésent est très soigneusement verrouillé depuis assez de millénaires pour avoir fait la preuve de son efficacité. Comment ébranler pareil pouvoir? Et même si cela devenait possible, quelles en seraient les conséquences pour les Sindeldi? Les souvenirs transmis par ma Faëra sont évocateurs, une guerre civile a été évitée de justesse lors de la dernière confrontation entre le clergé et ceux qui allaient devenir les Danseurs d'Opale, qu'en serait-il aujourd'hui?

(Euh...Tanaëth...dis bonjour aux gardes, ils te regardent un peu étrangement...)

Je sursaute légèrement au rappel de Syndalywë, réalisant que les deux gardes m'ont certainement salué et froncent maintenant les sourcils devant mon absence de réponse. Je leur souris calmement, et les salue à mon tour:

"Bonjour à vous. Pardonnez-moi, j'admirais votre extraordinaire cité, et j'en ai perdu ma langue! Tanaëth Ithil est mon nom, j'ai rendez-vous avec les parents d'Ethëll Findaryë."

Les gardes se dérident à ma justification, et m'invitent à entrer en poussant les portes de bois clair somptueusement gravées. Je salue et remercie le soldat qui m'a guidé jusque là, puis franchis le seuil d'un pas que je m'efforce de rendre assuré en dépit de la sourde anxiété qui monte en moi à l'idée de rencontrer ces inconnus qui n'auront sans doute qu'une idée en tête: me juger afin de savoir si je suis digne de leur fille. A peine ai-je fait trois pas dans la demeure, qui se présente au premier abord comme un grand hall luxueux donnant sur plusieurs portes latérales et pourvu à son extrémité d'un majestueux escalier montant aux étages supérieurs, qu'un Hinïon bien mis de sa personne sort de l'une des portes et s'avance rapidement vers moi:

"Bonjour, messire Ithil, permettez que je me présente: Madyliann, intendant de la Famille Findaryë. Veuillez me suivre je vous prie, vos hôtes vous attendent sur la terrasse."

Ce disant, il jette un regard quelque peu désapprobateur à ma tenue qui, si elle est propre, n'en est pas moins usée jusqu'à la trame, peu appropriée pour un tel rendez-vous, je dois bien l'admettre. Mais comme je n'en possède pas de meilleure, et que le temps m'a quelque peu manqué pour aller chez un couturier me constituer une nouvelle garde-robe, il faudra bien qu'ils fassent avec, même si je ne doute pas que cela soit un argument de plus en ma défaveur. Je me contente de le fixer au terme de son examen, un léger sourire amusé au coin des lèvres pour dissiper le léger malaise que cette étude a fait naître en moi, puis je lui emboite le pas et gravis à sa suite le monumental escalier sur deux étages. Nous parvenons alors dans une assez grande salle servant apparemment de salon dont le mur opposé à celui où débouche l'escalier est constituée d'une grande arche ouverte donnant effectivement sur une vaste terrasse aux allures de jardin tropical. Nous nous y rendons sans marquer de pause et, au détour d'un massif fleuri, je découvre une sorte d'alcôve végétale au sein de laquelle se trouve une table de marbre circulaire entourée de bancs. Bancs sur lesquels sont assis Ethëll et ses parents, qui aussitôt dardent sur moi une perçante attention. Je déglutis discrètement, puis prend une ample respiration pour me détendre avant de m'avancer vers eux, adressant mentalement une brève prière à Sithi pour que cette entrevue se passe bien...


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Sam 4 Juil 2015 04:02, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Fort Endiraë
MessagePosté: Mar 30 Juin 2015 23:57 
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Mon regard s'est instinctivement rivé à celui d'Ethëll, littéralement aimanté par les profondeurs d'émeraude de ses prunelles, et nous nous sourions simplement, complices, avec tous deux une légère appréhension due à cet entretien qui, sous son aspect privé, est pourtant indubitablement formel et décisif pour notre avenir commun. J'espère avoir appris à me montrer plus convainquant que je ne l'ai été par le passé, lorsque j'ai échoué à faire changer d'avis mes propres géniteurs à propos de Jaëlle... Je n'ai pas trop de toute ma volonté pour m'arracher aux joyaux de lumière qui ornent le beau visage de la jeune Hinïone et prêter enfin une attention soutenue à ses parents, apercevant de justesse le regard légèrement tendu qu'ils s'échangent suite à mon "échange" silencieux avec leur fille.

Comme tous les elfes ou presque, il est difficile de leur donner un âge, tous deux semblent jeunes, ou au moins dans la force de l'âge, et sont vêtus avec un luxe inouï, du moins selon mes habitudes. Si Ethëll tient sans le moindre doute sa chevelure d'or blanc et la forme de son visage de sa mère, c'est de son père qu'elle tient son regard, et ce dernier se lève justement pour m'accueillir, le sourire aux lèvres mais non en ses yeux si semblables à ceux de sa fille. Il s'adresse à moi en langue commune, ce qui ne manque pas de m'étonner un peu. Ethëll ne leur a-t'elle pas dit que je parlais l'Hinïon?

"Bienvenue, jeune Sindel. Ma fille m'a parlé de vous avec beaucoup d'emphase, aussi nous étions fort intrigués de vous rencontrer, Dame mon épouse et moi-même. Je suis Galehen Findaryë, et ma Dame a pour nom Sy'inn, Findaryë également comme vous vous en doutez certainement. Installez-vous donc...Tanaëth, c'est cela? Et bavardons un peu, voulez-vous?"

J'approuve d'un hochement de tête la prononciation de mon prénom, puis je m'incline avec une grâce un peu rouillée devant les deux nobles, répondant à Galehen dans sa propre langue en souriant poliment:

"Ma Dame, Messire, c'est un honneur de vous rencontrer, je vous remercie de me recevoir."

Une pause, tandis que je me demande brièvement comment me présenter, car si cet accueil pourrait sembler tout à fait anodin, la question sous-entendue est claire pour qui connaît les subtilités ayant cours entre Elfes de quelque noblesse: De quelle lignée puis-je me prévaloir? Quelles sont mes origines, sont-elles assez élevées pour seulement justifier le temps qu'ils me consacrent, sans même parler encore d'approcher leur fille? Quoi qu'il en soit les parents d'Ethëll sont visiblement surpris que je m'exprime en leur idiome, et si le père jette un regard quelque peu désapprobateur à sa fille en reprenant place, sa mère au contraire semble amusée par la situation, et lui adresse un discret clin d'oeil complice. Je profite de cet instant pour répondre à l'invitation de m'asseoir et m'installe face à eux, souriant pour moi-même de constater à quel point Ethëll joue à la perfection son rôle de fille timide et obéissante, bien loin de ce qu'elle m'a laissé entrevoir d'elle la nuit précédente. C'est Sy'inn qui reprend la parole, me scrutant avec attention pour me demander en Hinïon:

"Ainsi, Tanaëth, alors que vous avez rencontré notre fille durant la nuit passée, vous voici devant nous, ses parents. Je ne doute pas que vous connaissiez nos coutumes principales, puisque vous parlez admirablement notre langue, aussi vous comprendrez certainement ma surprise. Que souhaitez-vous de nous, au juste?"

Je cille légèrement à la question posée, inhabituelle car beaucoup trop directe dans ce contexte, ce qui signifie que son sens n'est pas le premier dans ce cas précis. J'ai une brève pensée pour mes propres parents et notre intendant, qui m'ont appris cette langue étrange aux multiples sens qu'emploient les nobles pour dire les choses sans les dire, et je réponds avec le plus grand calme, toujours souriant:

"Vous présenter mes hommage, ma Dame, Messire, me semblait relever de la plus élémentaire politesse, après avoir fait la connaissance de votre très charmante fille dans des circonstances un peu particulières, comme elle n'aura pas manqué de vous en informer je suppose."

La mère d'Ethëll me sourit finement, et je crois voir dans son regard une certaine approbation amusée à ma réponse, mais son père prend aussitôt le relai:

"Nous avons appris ce qui s'était passé au temple de Moura, en effet, et avons quelque peu conversé avec Mane afin de savoir qui vous étiez, messire. J'avoue cependant que nous sommes restés sur notre faim, nul dans la région ne semble vous connaître."

Nous y sommes. Déjà. J'accroche brièvement le regard d'Ethëll, puisant dans l'espoir que j'y lis la confiance nécessaire pour me lancer dans cet instant clé de la rencontre, instant que j'attendais en réalité bien plus tardivement. Je n'ai qu'une brève hésitation sur la manière dont je dois me présenter, Sithi a éclairé mon chemin et je le suis instinctivement, naturellement:

"Rien d'étonnant à cela, je viens tout juste d'arriver dans votre région et n'ai que le souhait d'en préserver la paix, c'est bien malgré moi que ces événements fâcheux ont troublé la paix du sanctuaire de Moura. Permettez alors que je me présente plus amplement afin de répondre à vos interrogations sans plus tarder."

Un instant de silence, juste assez long pour permettre au patriarche d'accéder à ma requête d'un geste d'invite à continuer, et je poursuis:

"Je me nomme Tanaëth Ithil, Fils unique de Veyann et Maeyl Ithil, tous deux décédés aujourd'hui. Ma mère siégeait au conseil de Nessima, et mon père fournissait une grande partie des métaux nécessaires à l'approvisionnement de l'armée du Naora, du moins celle stationnée dans notre ville et ses alentours. Ma lignée remonte à la lointaine Eden, la terre de nos origines, je suis le descendant d'Ethërnem Ithil, qui fut le fondateur et le dirigeant d'un ordre de combattants voués à Sithi, et de la fille de cette dernière, Syriën."

Les trois Hinïons me dévisagent avec une discrète incrédulité, étonnés sans doute de mes dernières paroles. Sy'inn se reprend rapidement et me demande d'une voix douce:

"Seriez-vous en train de nous dire, messire, que vous descendez en droite ligne de votre divinité Sindel?"

"Oui, Dame, bien que cette filiation remonte à plus de vingt millénaires, et que nous ne considérions pas exactement Sithi comme une divinité, mais plutôt comme notre créatrice et protectrice. Elle se mêlait souvent aux Sindeldi, du temps d'Eden, la situation alors était bien différente de celle de Yuimen actuellement et je suppose que de nombreux Sindeldi pourraient aujourd'hui se targuer de posséder une goutte du sang de notre bienfaitrice."

Galahen réfléchit une seconde en silence, puis il me questionne à mi-voix:

"Cette filiation, aurait-elle un rapport avec cette Banshee qui a attaqué le temple de Moura? Mane nous a fait part de vos paroles, son récit nous laisse supposer que vous avez de profonds différents avec vos prêtres, qui dirigent en réalité votre peuple si mes informations sont exactes."

J'acquiesce lentement, réfléchissant soigneusement à mes paroles avant de me risquer à lui parler de cela:

"C'est une longue histoire, qui prend sa source sur Eden, du temps où mon ancêtre dirigeait cet ordre dont je vous ai parlé, les Danseurs d'Opale. A l'époque déjà, le clergé de Sithi était tout-puissant, et dominait sans conteste le peuple Sindel. Mon ancêtre s'est dressé contre eux, après que les prêtres lui aient ordonné de massacrer une population civile, ce qu'il a catégoriquement refusé d'accomplir. Une guerre fratricide a failli éclater, mais elle a heureusement pu être évitée et les Danseurs d'Opale ont bientôt pris une place importante, assez pour contrebalancer le pouvoir des Ithilausters. Lors de la chute d'Eden, les Danseurs d'Opale se sont sacrifiés pour permettre la fuite de notre peuple, tandis que les prêtres étaient parmi les premiers à passer le fluide qui les mena ici, sur Yuimen. Leurs opposants ayant été éliminés lors de cette catastrophe, les prêtres reprirent les rênes du pouvoir et détruisirent tout ce qui se rapportait de près ou de loin à leurs concurrents, n'hésitant pas à envoyer au bagne de Raynna ceux qui contestaient leur version des faits. Je suppose qu'ils conservèrent pour leur propre usage certaines listes de noms et surveillèrent de près ceux qui avaient été proches de cet ordre déchu, prêts à écraser toute renaissance de ce qu'ils considèrent comme une hérésie. C'est sans doute de cette façon qu'ils en sont venus à s'intéresser à moi."

Les deux époux se concertent brièvement en silence, puis alors que Galahen s'apprête à poser une nouvelle question, Sy'inn le coupe en se levant et en contournant le banc pour me prendre par le bras, geste qui m'incite à me lever à mon tour en la dévisageant avec étonnement. Elle me sourit posément, puis d'un ton qui ne souffre pas de refus me précise:

"Venez mon cher, allons faire quelques pas, si vous le voulez bien."

Je remarque du coin de l'oeil le soulagement perceptible de Galahen et l'air un peu inquiet d'Ethëll qui parait étonnée du geste de sa mère, mais déjà cette dernière m'entraine d'un pas vif et je n'ai pas le temps d'approfondir davantage la question, d'autant que, dès que nous sommes hors de portée de voix, elle me scrute avec intensité avant de me demandant songeusement:

"Vous nous placez dans une situation quelque peu délicate, Tanaëth, en avez-vous conscience?"


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 Sujet du message: Re: Le Fort Endiraë
MessagePosté: Mer 1 Juil 2015 00:07 
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Je soutiens le regard de Sy'inn, ne parvenant pas à définir si elle parle du risque que les Ithilausters poursuivent leur traque et en viennent à menacer plus ou moins directement Hidirain, ou s'il s'agit de tout autre chose, comme par exemple un engagement marital du même genre que celui que mes parents m'avaient concocté. Je parle l'Hinïon assez couramment et connais certaines de leurs coutumes, mais mon savoir en la matière est loin d'être exhaustif. Je lui réponds donc avec prudence:

"Je crains, ma Dame, de ne pas saisir l'entièreté de vos propos."

"Vous êtes un guerrier, messire, cela saute aux yeux, et sans vouloir en rien vous offenser, votre tenue révèle que vous arpentez les chemins depuis nombre d'années. Vous aurez donc sans doute compris que si nous vivons ici en paix, c'est uniquement parce que nous nous dissimulons au reste du monde, notre armée ne saurait lutter avec succès contre les hordes de Khonfas si ces derniers connaissaient l'emplacement d'Hidirain."

Je ne peux qu'approuver ses paroles, curieux de savoir où elle veut en venir exactement, mis à part cette remarque somme toute aimable sur mon statut d'errant sans le sou. Elle poursuit, se penchant ici et là pour humer le parfum de quelques fleurs:

"Comprenez ceci, messire: il serait dangereux pour nous que vos ennemis tournent leur attention vers Hidirain, nous vivons isolés mais n'en savons pas moins que les prêtres Sindeldi ont le bras long, et qu'ils sont puissants. Je suppose qu'ils savent déjà que vous êtes ici, puisque cette Banshee vous a retrouvé?"

"Je n'en sais rien, Dame. Il est possible qu'elle m'ait suivi seule, et que nul ne sache où, tout comme il est envisageable qu'elle ait été surveillée. Toutefois, le Naora a bien d'autres problèmes plus pressants qu'un nobliau de province exilé ayant des idées peu conformes avec les convictions religieuses du clergé. Ce d'autant plus que, contrairement aux apparences, le clergé est très divisé et en proie à des luttes internes permanentes."

L'Hinïone réfléchit quelques instants puis rétorque:

"Ils semblent pourtant sérieusement vouloir votre perte, pour vous envoyer une Banshee. Ce n'est pas la moindre des créatures maléfiques. Je frémis en pensant que ma fille a affronté telle atrocité, Tanaëth, et je n'ai guère envie que cela se reproduise, comme vous pouvez l'imaginer. Ceci étant, vos arguments me semblent fondés, mais pouvez-vous m'assurer que votre présence ici ne nous attirera pas d'autres ennuis similaires?"

Je secoue lentement la tête négativement, accrochant son regard avant de lui répondre à mi-voix:

"Vous savez que je ne le peux pas, Dame. Ce dont je puis vous assurer en revanche, c'est que quiconque voudrait nuire à Hidirain me trouvera sur son chemin. Vous parliez voici quelques instants du secret qui, seul, vous protège du chaos extérieur, pensez-vous sérieusement que cela suffira encore longtemps? Certains connaissent votre existence, des rumeurs courent parmi les aventuriers, combien de temps s'écoulera-t'il avant que cela ne vienne à des oreilles malveillantes?"

Je lui laisse quelques instants pour examiner la portée et les implications de mes paroles, puis reprends:

"Vous l'avez observé, je parcours les chemins depuis nombre d'années. Partout la guerre sévit, les armées d'Oaxaca ont même attaqué Tahelta, la capitale du Naora, et ce malgré la puissance considérable de nos armées. De plus en plus de terres sont sous sa domination, et bien rares sont ceux qui se dressent contre elle. Déjà, cela ne fait pas le moindre doute, son influence occulte s'étend à Khonfas, même si cette dernière demeure encore indépendante de la déesse sombre d'après ce que j'en sais. Vous avez déjà vu une carte de l'Imfitil, Dame, j'en suis certain, mais avez-vous réalisé l'importance stratégique des montagnes d'Hidirain? Depuis ce massif, il serait possible à une armée d'envahir par surprise n'importe quel royaume le bordant. Tout comme ces montagnes pourraient servir de refuge inexpugnable à ceux qui s'opposeraient à Oaxaca, pour autant qu'elle ne puisse pas mettre la main dessus en premier."

Sy'inn me coupe d'un geste un peu désabusé, murmurant juste assez haut pour que je l'entende:

"Je sais tout cela, Tanaëth. Le conseil le sait. Seulement on ne change pas les mentalités des anciens en quelques jours, ni même en quelques années lorsque cela concerne des Elfes. Certains s'inquiètent, tout comme vous semblez le faire, mais ils sont minoritaires, la plupart veulent croire que le secret nous protégera éternellement."

Elle marque une pause, observant sa ville depuis le bord du jardin suspendu, si pensive que je n'ose interrompre sa contemplation. Elle finit par me faire à nouveau face, et darde un regard incroyablement acéré dans le mien en reprenant avec une sourde ironie:

"Mais, messire, les considérations existentielles d'Hidirain ne sont pas la raison de votre venue, pas la principale du moins. Alors dites-moi, sans détour cette fois, pourquoi êtes-vous venu vers nous?"

Je lui souris spontanément, un éclat vif dans le regard:

"Je suis venu vous demander votre bénédiction pour courtiser Ethëll, Dame. Cela doit vous sembler bien soudain, j'en suis conscient, mais..."

L'Hinïone m'interrompt d'un geste entendu de la main, se laissant aller à un léger rire cristallin avant de reprendre mon bras pour m'entraîner vers son mari et sa fille, me confiant en marchant:

"Je sais reconnaître l'amour quand il éclaire les yeux des Elfes, Tanaëth. Je l'ai vu dans ceux de ma fille, à ma plus grande surprise car elle n'avait jamais semblé prêter attention à ses soupirants, pourtant nombreux, jusqu'à ce matin. Et je l'ai vu dans les vôtres lorsque vous les avez posés sur elle en arrivant. Ceci étant, Ethëll m'a appris que vous deviez vous rendre à Rock Armath, est-ce exact?"

"Oui, Dame, c'est exact."

"Puis-je vous demander pour quelle raison?"

"Bien entendu. Tout d'abord la curiosité, l'envie de découvrir cette cité Thorkine, je n'en ai jamais visité. Et puis, mon ami Woran et moi avons entendu quelques légendes parlant de reliques perdues dans les souterrains abandonnés, une dague de Rana et une épée ardente, nous pensions donc nous lancer à leur recherche."

"Je vois. Vous a-t'on prévenu que les dangers étaient grands, dans les zones hors du contrôle faiblissant des Thorkins?"

"Oui, l'aubergiste du Neligo solitaire nous a prévenus."

"Et pourtant vous comptez toujours y aller. Pourquoi au juste?"

"Je suis un guerrier, Dame. Mes armes sont pour moi ce que le marteau et l'enclume sont au forgeron. J'ai besoin de lames plus appropriées que celles que je possède afin d'exercer mon art du combat pleinement, et cette épée ardente pourrait bien répondre à mes attentes, si j'en crois la légende qui l'entoure."

L'Hinïone soupire imperceptiblement, s'arrêtant pour me scruter attentivement, les yeux légèrement plissés:

"La guerre, l'art du combat, des armes...est-ce là votre conception d'une existence heureuse, Tanaëth? Éteindre des vies, est-ce là votre idéal?"

Je la fixe au fond des yeux pour lui répondre avec le plus grand sérieux:

"Je rêve d'un monde en paix, Dame, où les êtres partageraient leurs ressources et leurs savoirs en bonne entente, et bâtiraient des villes aussi belles et harmonieuses que la vôtre. Seulement il n'en va pas ainsi, l'avidité, la volonté de puissance, de domination, de gloire, font qu'il y aura toujours des êtres pour tenter d'écraser les autres. Je n'éprouve pas le moindre plaisir à prendre des vies, bien au contraire. Mais si votre cité était attaquée aujourd'hui, je serais heureux de savoir me battre, car cela me donnerait une chance de la protéger. Et c'est cela, mon idéal, celui-là même prôné par mon ancêtre Danseur d'Opale: protéger ce qui est pur, ce qui est beau, dans notre monde. Il faut que certains se chargent de cette tâche, c'est une nécessité. Et puisque je le peux, quel genre d'être serais-je, si je n'assumais pas ma part de cette responsabilité?"

Sy'inn incline lentement le visage, un geste d'approbation, me scrutant avec un léger sourire aux lèvres, puis elle me répond:

"Vous seriez un être commun, banal, un parmi des milliers d'autres. Mais aucun être de cette espèce n'aurait pu entrer en possession de l'arc de Galael, mon jeune ami, aussi je ne suis guère surprise de découvrir que vous êtes...particulier."

Je tique à ses mots, bredouillant:

"Mais...comment savez-vous..."

"Allons, les voyageurs ne sont pas si courants à Hidirain, pensez-vous donc que nous laissons entrer n'importe qui sans garder un oeil sur nos visiteurs?"

"Non, évidemment. Je vous avoue que cela me rassure quelque peu, d'ailleurs. Mais je ne pensais pas que cet arc serait aussi connu."

"Les temps de paix que nous vivons nous laissent tout loisir d'apprendre les histoires et légendes de nos ancêtres, tout comme ils nous permettent de développer les arts, mais de manière générale mon peuple aime à se souvenir de ses origines au travers des contes, aussi cela ne devrait pas trop vous étonner. Je doute cependant que beaucoup d'êtres hors d'Hidirain aient entendu parler de cet arc de Yuia, ne vous inquiétez donc pas trop à ce propos. Mais venez, rejoignons mon époux et ma fille, je vous ai monopolisé bien trop longtemps déjà."


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 Sujet du message: Re: Le Fort Endiraë
MessagePosté: Mer 1 Juil 2015 12:44 
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Rapidement, nous rejoignons Galahen et Ethëll toujours assis autour de la table de marbre intimement dissimulée dans son alcôve végétale, et sur laquelle ont été déposées des boissons rafraîchissantes. Sy'inn sourit à sa fille et à son mari, puis suggère à ce dernier, après un imperceptible hochement de tête auquel il répond en miroir:

"Mon cher époux, puis-je vous proposer de laisser notre invité en compagnie de notre fille? Ils n'ont guère du avoir le temps de bavarder la nuit passée, au vu des événements survenus."

L'Hinïon se lève posément, me dévisageant pensivement, puis propose son bras à sa Dame avec galanterie en me disant:

"Ni Sy'inn ni moi ne souhaitons empêcher notre enfant d'être heureuse, aussi nous ne nous opposerons pas à ce que vous fassiez plus ample connaissance. J'ai certaines affaires à gérer cet après-midi, il est donc peu probable que nous nous revoyions avant votre retour de Rock Armath, puisque ma fille m'apprend que vous devez vous y rendre. Lorsque vous reviendrez, nous aurons une conversation, vous et moi, si vous le voulez bien. Je vous souhaite d'ores et déjà un bon voyage, que Yuimen vous garde!"

Je m'incline légèrement, lui répondant avec un certain formalisme surtout destiné à empêcher ma joie de se manifester trop ostensiblement après l'accord qu'il vient de me donner:

"Je vous remercie, messire Findaryë, de l'honneur que vous me faites. Je serai ravi d'avoir l'occasion, que j'espère très prochaine, de converser avec vous dès mon retour. Puisse Sithi veiller sur vous et votre famille."

Il hoche la tête, satisfait de ma réponse, puis c'est au tour de Sy'inn de rajouter:

"Souvenez-vous que votre vie vaut bien davantage que n'importe quelle arme, Tanaëth, et soyez prudent. Oh, et jetez donc un coup d'oeil aux gravures du manteau de cheminée, au salon, avant de partir. A bientôt j'espère, puisse Gaïa vous préserver."

Je m'incline une nouvelle fois, approuvant ses paroles de prudence d'un sourire et lui répondant:

"Je n'oublierai pas. Merci, Dame, pour tout. Au plaisir de notre prochaine rencontre, j'ai beaucoup apprécié de parler quelques instants avec vous. Que Sithi vous protège."

Elle me sourit cordialement, pour ce que je peux en juger, puis quitte la terrasse avec son époux, tous deux disparaissant bien vite à l'intérieur de la demeure fastueuse et me laissant seul avec Ethëll au sein du cocon végétal qui prend soudain une allure des plus intimes. Pas une seconde je n'avais imaginé me retrouver seul avec elle lors de ce rendez-vous, pas plus que je n'avais imaginé que ses parents me donneraient aujourd'hui leur accord, d'ailleurs. Mais je réfléchirai au pourquoi du comment plus tard, préférant profiter simplement de ces instants offerts en compagnie de la jeune Hinïone, que je contemple d'ailleurs en souriant avec douceur. A mon regard, elle se lève sans autres façons et s'approche de moi, un sourire malicieux et taquin aux lèvres:

"Je suis heureuse que tu sois venu, Tanaëth. Je me demandais si j'avais seulement rêvé, la nuit passée."

Je me lève à mon tour, prenant tendrement l'une de ses mains entre les miennes et y posant un délicat baiser sans quitter ses yeux de mes prunelles avant de lui répondre sur le ton de la plaisanterie:

"Peut-être sommes-nous encore en train de rêver? Auquel cas je n'ai guère envie de me réveiller, ô princesse des ondes."

Son rire mélodieux envahit le jardin suspendu comme le chant d'un oiseau enjoué, elle presse avec force mes mains, comme pour s'assurer de leur réalité, puis m'adresse une œillade mutine en rougissant un peu, murmurant timidement:

"Alors si nous sommes dans un rêve...ne devrions-nous pas en profiter?"

Troublé par ses paroles dont je ne suis pas certain de comprendre ce qu'elles signifient concrètement, je la dévisage quelques instants en silence, admirant les lignes pures de son visage, rehaussées et mises en valeur par la magnifique robe vert pâle savamment décorée de délicates incrustations de perles irisées. Sa chevelure d'or blanc semble former comme un écrin solaire à ses yeux d'émeraude, qui me scrutent avec une légère inquiétude alors que mon silence d'incertitude se prolonge quelques secondes. Je ne suis pas de ceux qu'une belle femme met mal à l'aise par sa simple présence, mais là, force est d'avouer que je me sens timide, gauche, ne sachant comment réagir à ses mots ambigus. Oh, et puis après tout...

Je l'attire lentement à moi, lui laissant tout loisir de refuser mon geste, mais comme elle n'en fait rien, je l'enlace amoureusement d'un bras et orne sa joue d'une caresse éthérée de ma main libre avant d'approcher mes lèvres de son oreille pour lui murmurer:

"Vous a-t'on déjà dit que vous étiez une adorable tentatrice, radieuse ondine? Prenez garde, je ne suis pas certain de vous résister bien longtemps..."

Ethëll rougit de plus belle, tournant instinctivement la tête pour me regarder, ce qui a pour résultat d'amener ses lèvres délicatement ourlées à un cheveu des miennes, et je ne peux m'empêcher alors de m'y abreuver d'un fugace baiser qui ne fait que rajouter au trouble de l'Hinïone. Elle passe ses bras autour de mon cou, pressant avec légèreté son corps ferme contre le mien, puis me répond d'un souffle:

"Je...je n'ai pas très envie que vous me résistiez...Tanaëth."

Je recule un peu le visage pour river mon regard dans le sien, imperceptiblement tremblant au contact sensuel de nos corps mais me refusant de céder au désir torrentiel qui me submerge, et lui demande de ma voix la plus douce:

"Ethëll...êtes-vous certaine...d'avoir fait le bon choix? Nous nous connaissons si peu...vos parents, qu'en diront-ils s'ils apprennent que..."

Elle pose un doigt en travers de ma bouche pour me faire taire, vite remplacé par ses lèvres qui se joignent aux miennes pour un baiser, chaste d'abord, puis qui se teinte de passion brûlante alors que nous nous enhardissons peu à peu. Puis, à court de souffle, nous nous dévisageons en silence, souriants, rayonnants, et Ethëll me murmure:

"Pourquoi pensez-vous qu'ils nous aient laissés seuls? Ils ne sont pas naïfs, loin de là. Vous allez partir au devant de grands dangers, et moi..."

Sa voix s'étrangle dans sa gorge, ses prunelles s'humidifient, brillantes comme des étoiles, et je repousse tendrement une mèche de sa chevelure en l'invitant d'un sourire encourageant à poursuivre, ce qu'elle finit par faire d'un souffle à peine audible, gênée:

"Je...j'espère que vous me reviendrez...mais...ci cela ne devait pas advenir...je voudrais quand même que ce soit vous qui..."

C'est à mon tour de sceller ses lèvres d'un baiser très doux, que je prolonge sans plus de retenue cette fois, puis mes lèvres glissent lentement sur sa joue, jusqu'au creux de son cou, à son oreille enfin pour lui répondre avec une immense tendresse:

"Je reviendrai, Ethëll, très bientôt. Et alors je vous ferai découvrir l'amour, avec une joie infinie. Mais aujourd'hui...j'aurais l'impression d'être...un voleur. Il n'y a jamais qu'une première fois et je veux être libre de vous aimer dignement, sans être pressé par le temps, sur le départ. Comprenez-vous?"

Elle me scrute, hésitante, puis hoche la tête en me souriant timidement:

"Oui...je crois. Alors allez, et ne me faites pas languir trop longtemps, j'attendrai votre retour avec...impatience."

J'incline gravement le visage en guise de promesse, puis l'embrasse avec une sensualité volcanique avant de me détacher d'elle, à regret, m'inclinant courtoisement en lui répondant:

"A très bientôt, Étoile au charme incomparable. Notre prochaine rencontre de tardera pas, je vous en fais la promesse, et nous danserons alors ensemble sur les chemins merveilleux de la vie."

Un dernier sourire, un ultime regard, puis je me dirige sans me retourner vers mon destin, sachant fort bien que si je la contemple encore une fois, je n'aurais plus le courage de m'éloigner d'elle. Parvenu dans le salon, j'examine les gravures de la cheminée, ainsi que me l'a conseillé Sy'inn, et ce que j'y découvre me laisse pantois.

L'arc des Glaces...Galael...si parfaitement représentés que je reconnais sans la moindre hésitation possible l'Hinïone reposant dans son sarcophage de glace, mais bien vivante dans la scène représentée. Une scène simple au demeurant, qui montre probablement un conseil des Hinïons de l'époque, au sein duquel se distingue nettement Galael du fait de l'aura qui l'entoure, symbolisée par de délicats flocons de neige, tous différents les uns des autres. Et au-dessus de la gravure, un blason, sans doute celui des Findaryë. Je plisse les yeux, perplexe, me demandant si c'est là la raison pour laquelle les parents d'Ethëll m'ont accepté si facilement. Cet arc, cette Hinïone, auraient-ils été liés à leur famille par le passé? Cela me semble plus que probable, mais j'approfondirai cette question à mon retour, ne voulant pas faire attendre davantage mon compagnon Woran. Songeur je reprends donc ma marche et quitte d'un pas rapide le fort après avoir récupéré mes armes, me dirigeant sans plus tarder vers les portes de la cité Thorkine de Rock Armath.


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 Sujet du message: Re: Le Fort Endiraë
MessagePosté: Jeu 5 Mai 2016 17:31 
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Les gardes en somptueuses armures blanches s'écartent devant Sy'inn sans même qu'elle ait besoin d'un geste, et cette fois je suis apparemment autorisé à conserver mes armes, étant ainsi accompagné par l'une des dirigeantes d'Hidirain. Elle me conduit directement dans une aile un peu retirée de l'édifice, puis m'invite d'un sourire à franchir la porte devant laquelle elle finit par s'arrêter. J'entre donc, me retrouvant dans un vaste et lumineux bureau richement meublé donnant sur une terrasse avec vue sur les cascades parant le fort de leurs jaillissement cristallins.

Le père de ma tendre promise se trouve sur cette terrasse, contemplant le paysage, mais il se retourne à mon arrivée et je discerne sur son visage une inquiétude profonde qu'il dissimule bien vite sous un sourire de bienvenue. Je le salue, puis m'assieds à son invitation sur l'un des confortables fauteuils situés face à son bureau pendant que lui-même prend place sur son siège magnifiquement sculpté. Il garde le silence quelques instants, me dévisageant sans trop savoir comment aborder la conversation, puis se risque:

"Messire Ithil, je suis bien aise de vous revoir céans, ma fille craignait pour votre vie alors que vous arpentiez les dangereuses profondeurs de nos montagnes. J'aurais souhaité vous laisser le temps d'arriver, mais...mon épouse vous a-t'elle entretenu de nos quelques...inquiétudes actuelles?"

"Brièvement, oui. Quelques Shaakts en maraude dont vous ne parvenez pas à vous débarrasser d'après ce que j'en ai compris.

"En effet. Ils sont dangereux, vraiment dangereux, Tanaëth, douze des nôtres ont péri en tentant de s'opposer à eux. Dont l'un de nos plus talentueux maître d'armes, à notre plus grand désarroi."

Il se penche un peu vers moi, me scrutant avec gravité:

"Je ne vous connais guère, mais je connais l'existence de l'Opale de Lune, étant un de leurs contacts ici. J'ai eu de vagues échos m'informant que vous en aviez pris le commandement. Même si ce lieu n'est plus ce qu'il était, il n'en reste pas moins qu'il vous aura fallu démontrer vos talents martiaux pour prendre tel poste, je présume. D'autre part, nos amis Thorkins font grand cas de votre vaillance, ils ont été très surpris que vous reveniez de cette faille des tempêtes, certains de leurs plus farouches guerriers n'en étant pas sortis vivants. Mais entendez-moi bien, personne ne vous oblige à risquer votre vie pour nous aider. Vous ne nous devez rien."

Je rive mon regard au sien, réfléchissant aux implications de ce qu'il vient de me dire, la défense d'Hidirain est peut-être médiocre mais au moins leurs services de renseignements sont-ils efficaces. Je soupèse soigneusement ma réponse avant de la lui donner:

"Messire Findaryë, j'ai prêté serment devant Sithi de protéger Hidirain et le Rock, mes lames sont à votre service. Outre cela, je vois que vous êtes fort bien renseigné, je représente en effet l'Opale dorénavant, ainsi que l'Ordre des Danseurs. Je souhaitais précisément discuter d'une collaboration plus étroite entre nous, nos intérêts sont communs et il est bon d'avoir des alliés sûrs en temps de paix comme en temps de guerre. Nous pourrions former certains de vos combattants, en échange de quoi les intéressés pourraient nous rejoindre. Nous renforcerions vos défenses en cas de coup dur et participerions au maintien de la paix dans la région. L'Opale n'a plus de raison d'être secrète pour les habitants d'Hidirain, au contraire il est temps qu'elle prenne sa place parmi vous. Mais réglons d'abord ce problème qui vous préoccupe, nous aurons bien le temps d'aborder cette possible coopération ensuite si elle vous semble intéressante."

Le tribun m'écoute attentivement, puis incline le visage en signe d'approbation avant de me répondre avec ménagement:

"Il serait bon que quelques hauts faits viennent appuyer l'idée de cette collaboration, en effet. Certains parmi nous n'ont guère d'affection pour les sangs-mêlés, je le crains, ils ne verront sans doute pas d'un oeil favorable une entente plus ferme avec l'Opale. Il serait bien vu également que vous vous engagiez dans la milice d'Hidirain, ce serait un signe clair de votre implication dans la région. Et puis cela vous offrirait certains avantages également, dont des primes de mission et de l'équipement."

"Je vais y songer sérieusement, merci de ce conseil messire Findaryë. Concernant ce groupe de Shaakts, avez-vous des renseignements, des pistes, pour les retrouver?"

"Venez demain matin à la milice, si vous le voulez bien, nous pourrons organiser cette expédition et vous transmettre les derniers renseignements en notre possession."

"Très bien, dans ce cas je vais allez présenter mes hommages à Ethëll si vous le permettez, je vous retrouverai demain matin comme convenu et irai ensuite chasser ces Shaakts de vos montagnes si c'est en mon pouvoir."

Il opine en se levant, nous nous serrons la main et je quitte le bureau pour me diriger d'un pas leste en direction du palais appartenant aux Findaryë, le coeur battant légèrement plus vite à l'idée de revoir mon ensorcelante naïade.


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 Sujet du message: Re: Le Fort Endiraë
MessagePosté: Sam 7 Mai 2016 12:13 
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Je suis reçu par le cérémonieux intendant de la maison Findaryë, Madyliann, qui lorgne d'un air imperceptiblement désapprobateur mes armes et armures. Sans doute est-il plus habitué aux tenues élégantes de la noblesse Hinïonne, seulement je ne possède que mes rudimentaires frusques militaires, usées jusqu'à la corde certes, mais propres. L'intendant se reprend rapidement, ce qui ne manque pas de m'amuser car j'ai toujours observé avec une certaine ironie cette capacité qu'ont les précieux et précieux de tous peuples à occulter les détails gênants au nom de la bienséance, et il me conduit directement sur l'une des vastes terrasses arborisées de la luxueuse demeure.

Je n'ai que le temps d'ouvrir grand les bras pour réceptionner la jeune Hinïonne, qui se jette sur moi en criant mon prénom assez fort pour que tout Hidirain soit au courant de ma présence! Elle m'enlace avec force, riant et pleurant en même temps comme si nous ne nous étions pas vus depuis des mois, ce qui est en réalité le cas, et c'est avec une émotion bien peu habituelle que je lui rends son étreinte, réalisant à cet instant à quel point elle m'a manqué. au bout d'un moment, je me détache doucement d'elle pour mieux la dévisager, murmurant:

"Ethëll...cela fait si longtemps...tu es plus belle et envoûtante encore que dans mes souvenirs, ô resplendissante étoile. Comment vas-tu?"

Elle rougit légèrement en baissant les yeux à mes compliments, puis relève son beau visage pour me scruter à son tour avec une intensité brûlante:

"J'ai eu si peur que tu ne reviennes pas...mais tu es là, enfin, alors je vais merveilleusement bien! Tu as...changé, mon beau guerrier. Tu ressemblais à un jeune mercenaire errant, lorsque nous nous sommes rencontrés, mais aujourd'hui...tu as l'allure d'un général avec cette belle armure! Viens, raconte-moi tes aventures, veux-tu?"

Elle s'empare de mon bras et m'entraîne jusqu'à l'extrémité de la terrasse qui s'achève sur quelques marches menant dans un vaste et somptueux jardin digne d'un palais royal tant il est soigné et travaillé. Ethëll me dirige sur l'une des petites allées recouvertes de gravier qui paraissent le sillonner, écoutant attentivement mon récit et ne reprenant la parole que lorsque nous atteignons les rives d'un petit ruisseau dissimulé par de véritables murs de végétation:

"Te souviens-tu de la promesse que tu m'as faite en partant, Tanaëth?"

C'est à mon tour de rougir joliment, comment aurais-je pu oublier? Je frôle sa joue d'une tendre caresse, lui répondant d'un souffle:

"Oui..."

Elle me dévisage d'un air infiniment touchant, mélange d'anxiété, d'excitation et de timidité teintée d'audace, et me souffle au creux de l'oreille:

"Alors...honore la..."

Je la contemple avec une certaine surprise, m'apprêtant à lui demander si le lieu et le moment sont bien adéquats, mais elle scelle mes lèvres d'un baiser langoureux avant d'ajouter d'un ton faussement sévère:

"Ne t'avise pas de chercher une excuse, Tanaëth, je t'ai attendu assez longtemps!"

Il est de ces instants dans la vie où les mots ne servent plus à rien, des instants où seuls les actes ont un sens. Et puis, force m'est d'avouer que je n'ai pas la moindre envie de me dérober de toute manière, bien au contraire. Aussi, plutôt que de lui répondre d'une quelconque platitude inutile, je l'attire lentement contre moi et l'embrasse avec une douceur extrême, douceur qui ne tarde guère à se teinter d'une passion embrasée, volcanique.

Que dire des heures qui suivent? Parfois les mots ne suffisent pas à exprimer les émotions que nous ressentons, parfois ils sonnent creux quels que soient les qualificatifs extravagants qu'on leur adjoint. Vous parlerais-je de ces instants, alors que les mots pour les décrire me fuient? Essayerais-je seulement? Je ne sais pas. Je ne crois pas. Ces heures n'appartiennent qu'à nous, le monde n'existait plus alors à nos perceptions que comme un écrin sans grande importance, lointain et diffus. Le temps lui-même s'écoulait autrement, certaines secondes paraissaient des heures, et certaines heures filaient aussi pressées que des secondes. Passé, avenir, plus rien de cela n'existait. Il n'y avait qu'elle, il n'y avait que nous. Que pourrais-je dire de plus? Rien, si cela ne tenait qu'à moi, mais Syndalywë proteste, me murmurant mentalement:

(Le guerrier idéal puise sa vaillance dans une profonde tristesse, et dans une infinie tendresse. Sans ces deux sentiments, sa vaillance est aussi fragile qu'une tasse de porcelaine. Que veux-tu qu'il reste de toi, lorsque tu auras rejoint Sithi? Le souvenir de tes hauts faits d'armes, nus et dépourvus de tout le reste?)

Suis-je autre chose que mes lames, en définitive? Suis-je autre chose qu'un combattant, qu'un tueur en puissance? Ces quelques instants me portent à le croire, mais comme le remarque ma Faëra, si nul n'en a jamais connaissance, qu'en restera-t'il? Rien, ou si peu. Je souris imperceptiblement. Je suis mes lames. Je ne suis que cela. Hormis pour une seule et unique personne. Et c'est amplement suffisant.


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