En me baladant dans les rues de la ville, je suis arrivé devant le temple de Yuimen. Notre Mère et notre Père, comme nous l'appelons. La beauté des portes de ce temple me poussèrent à rentrer y faire une prière. Ces monstres de fer forgé étaient une invitation. Les elfes faisaient vraiment de très belles choses.
Une fois à l’intérieur, je découvris un jardin exceptionnel. Je fus soudain transporté dans les montagnes verdoyantes de notre campement. La flore y était abondante en plein été. J’adorais passer des heures assis dans l’herbe à contempler les plantes danser avec le vent. Me retrouver dans cette intérieure me remplit de joie. Après un long voyage, j’avais bien besoin d’une telle image réconfortante. Je me sentais un peu chez moi.
Au milieu de toute cette verdure, je vis un promontoire surmontée d’un autel de pierre. C’était là que mes pas me dirigeaient. Je pris le temps d’absorber le maximum d’odeur avant de m’agenouiller devant cet autel.
Oh Yuimen, notre Mère et notre Père,
Protège mon voyage dans cette contrée éloignée,
Protège mes amis qui sont restés derrière moi.
Je fais la promesse de venir t’honorer aussi souvent que mon aventure me le permettra.
Alors que je posais ma main sur l’autel, un étrange phénomène se produisit, je me suis endormi. Mes pensées se sont mises à vagabonder et je me perdis dans le néant, je rêvais.
Quelque chose d’étrange m’arriva, je marchais dans une forêt qui ressemblait beaucoup à celle qui entourait mon village. Je cueillais des fleurs et des racines pour le dîner lorsqu’une forte lumière vint m’éblouir. Je fus obligé de mettre un genou à terre pour me protéger les yeux. J’entendis des pas qui se rapprochaient de moi. Quelqu’un avançait vers moi et je n’avais aucun moyen de me défendre. Je me recroquevillai sur moi-même en attendant la sentence divine, car à part un dieu personne ne pouvait être aussi lumineux.
- « N’aie pas peur, jeune liykor. Tu as été choisi. Relève-toi. »Cette voix profonde, qui semblait sortir des entrailles de la terre, me fit trembler quelque peu. La puissance que ce personnage dégageait se ressentait dans toutes les plantes autour de moi. Je me suis relevé tout en gardant ma main droite, paume tournée vers mes yeux, pour me protéger. Je me rendis rapidement compte que cela était inutile, l’intensité du halo qui entourait cette personne avait diminué.
- « Es-tu Kalispero ? »Cet inconnu connaissait mon nom. Je devais garder mon calme, de toute façon, j’étais sans défense et la fuite n’était pas une solution. La diplomatie était la meilleure option.
- « Oui, c’est bien moi. Mais qui êtes-vous ? »- « Je suis celui qui protège cette terre, je suis celui qui va et qui vient. Je suis celui que ton peuple nomme Notre Mère et Notre Père. Je suis le dieu Yuimen. »La seule chose que je réussis à faire fut de m’agenouiller et de baisser la tête pour lui témoigner mon respect. Comment devait-on se comporter lorsqu’on parlait avec un dieu ? Mon cœur battait la chamade, je n’avais jamais senti une telle excitation me parcourir le pelage.
- « N’aie crainte, je ne te veux aucun mal. Ne reste pas ainsi tête baissée, regarde-moi, tu ne crains rien. »Je m’exécutai sur le champ et eus la chance d’admirer Yuimen dans toute sa splendeur. Peau sombre, d’un âge avancé, il portait les cheveux en catogan. Ses yeux d’or semblait me transpercer de partout, la cicatrice sur sa joue devait être le témoin d’un passé lourd de combat.
- « Je suis à votre service. »- « Je voudrais que tu me rendes un service. »- « N’importe quoi. »Servir un dieu était un privilège rare, si Yuimen me demandait de me couper la queue, je le ferais.
- « Donne-moi ta main droite et tu sauras quoi faire. »Je m’exécutai sans même chercher à comprendre la nature de ses propos. Je tendis la main droite paume vers le bas. Le dieu tendit sa main gauche et me toucha le dessus de la main droite et tout devint flou.
Je me réveillai devant l’autel de pierre dans le temple de Yuimen. Je ne compris pas tout de suite ce qui venait de m’arriver. Ce ne fut que lorsque je sentis une légère brûlure sur le dessus de la main droite que je compris. Le dessin d'un petit loup noir venait de faire son apparition sur le dessus de ma main droite. Je venais de rêver et je savais maintenant ce que je devais faire pour honorer la promesse que j’avais faite au dieu.
Je me suis agenouillé une nouvelle fois devant l’autel.
Merci Yuimen
Je me relevai et pris la direction de la sortie. J’avais des choses à faire.