[:attention:]
Ce texte contient des passages à connotation érotique. ![Attention [:attention:]](./images/smilies/attention.gif)
Regard contre regard, nous nous observons, silencieux. Nous n'avons plus conscience du lieu macabre qui nous entoure, il n'existe plus que l'autre.
Lente et inéluctable montée d'un désir torride, incendiaire, qui annihile tout, souvenirs comme serments, attaches passées et présentes, résolutions fermes, rien ne résiste à l'effet ravageur du sort lancé par le Gentâme. Nous ne songeons d'ailleurs pas qu'il s'agit d'un sort, nous ne nous posons pas la moindre question, le monde n'existe plus, il n'existe plus que l'autre. L'autre et ce désir qui étend son ombre flamboyante sur nous comme tombe la nuit, occultant tout.
Llyann glisse une main fébrile derrière ma nuque, m'attirant à ses lèvres pour un baiser sauvage qui achève de m'enflammer. Hâtivement, nous nous débarrassons mutuellement de nos armes et autres affaires qui s'éparpillent autour de nous comme si elles avaient été dispersées par une tornade. Justaucorps et pièces d'armure suivent le même chemin, nos lèvres avides ne se descellant que pour infliger à l'autre légères morsures et autres délicieux tourments, se hasardant en territoire inconnu à mesure que cuirs et tissus malmenés livrent monts et vallées à notre exploration. Dévorés d'impatience, nous ne prenons pas la peine d'écarter plus que le strict nécessaire, roulant au sol entrelacés si étroitement qu'une feuille ne trouverait moyen de se glisser entre nous. Nos corps fiévreux se mêlent sans douceur, à même le sol glacé du temple antique du dieu de la mort, mais nous n'en avons cure.
Les heures s'écoulent, au gré d'une véritable lutte érotique qui ne s'apaise que pour mieux reprendre, nous sommes insatiables, dévorés d'une passion obsessionnelle qui semble ne jamais devoir s'assouvir. La Sindel est plus forte que ne le laisse présager sa fine silhouette, assez pour prendre l'ascendant de temps à autre lorsque elle en a envie, mais cela n'a rien pour me déranger, au contraire. Je me surprends à apprécier d'être sur un pied d'égalité avec elle à ce niveau, cela ne fait en somme que pimenter davantage notre joute charnelle, même si cette dernière n'avait pas précisément besoin d'être épicée davantage. Nos ongles tracent de multiples sillons dans nos dos, nos dents marquent nos corps de morsures qui, bien que féroces, ne vont jamais jusqu'à faire couler le sang, et les souffrances ainsi infligées attisent encore notre désir sauvage qui atteint un paroxysme que je trouverais inquiétant en temps normal.
Je suis debout, adossé à une sculpture ignoble, Llyann me maintenant avec force les poignets au-dessus de la tête pour m'empêcher provisoirement de bouger tandis qu'elle ondule contre moi avec une sensualité torride lorsque l'effet du sort se dissipe comme un mirage dans le désert...
Ethëll...
Je dégage mes poignets d'un geste brusque, atterré, tentant de repousser mon amante qui me dévisage avec une soudaine surprise, elle aussi ébahie de se retrouver dans cette situation des plus scabreuse, mais je n'y parviens qu'à moitié, manquant de force pour m'arracher à l'étreinte de son autre bras passé autour de ma taille. Je la fixe, incapable de prononcer le moindre mot alors que je réalise peu à peu ce qui vient de se passer entre nous. Puis mes yeux se posent sur nos affaires jetées sans aucun ordre, sur le lieu morbide qui nous entoure, avant de revenir se river à ceux de Llyann avec une profonde incompréhension. Comment cela a-t'il pu arriver, par Sithi?! Comment ai-je pu trahir à ce point Ethëll, mes convictions les plus profondes? Je voudrais hurler de frustration, de colère, je voudrais croire que je n'y suis pour rien, que je n'éprouve pas le moindre désir pour cette femme qui me regarde avec au fond des yeux une indicible lueur de peur, de désespoir, mêlée de cette même incompréhension qui me submerge. Je n'ose esquisser le moindre mouvement, sentant avec une acuité surnaturelle la moindre parcelle de mon corps en contact avec le sien, me maudissant alors que je réalise que, toujours plongé en elle, mon désir lui-même me trahit. Par les puissances, que faire? Je la giflerais si je pouvais la croire coupable, mais ce que je lis dans ses yeux anéantit cette hypothèse, elle n'y peut rien, strictement rien. Elle n'ose d'ailleurs pas non plus faire le moindre geste, ni prononcer la moindre parole, littéralement tétanisée et ne sachant pas davantage que moi comment résoudre cette épineuse situation. Nous serions peut-être restés longtemps ainsi si deux larmes n'étaient nées aux coins de ses yeux d'un gris foncé inhabituel avant de rouler lentement sur ses joues, plus émouvantes que n'importe quels mots.
Elle secoue lentement la tête, s'apprêtant à dire quelque chose, mais peinant à trouver les mots adéquats sans doute. Mais existent-ils seulement? Je ne les connais pas. Je cherchais en moi le moyen de la repousser sans dureté, mais ces deux perles transforment ma pensée, mon intention, je ne peux pas la rejeter froidement, je ne peux pas...alors j'essuie ses larmes d'une très douce caresse de la main, puis pose un doigt en travers de ses lèvres, sans détacher mon regard du sien, murmurant simplement:
"Ne dis rien. Ce qui est fait est fait..."Je l'enlace tendrement d'un bras autour de la taille pour l'attirer contre moi, l'incitant de mon autre main, légère et caressante, à poser la tête sur mon épaule, ce qu'elle fait sans chercher à résister. Dieux, que suis-je en train de faire?! Ce simple geste serait anodin, purement amical en d'autres circonstances, mais là, alors que la peau nue de son ventre s'appuie à même la mienne, alors même que nos corps sont encore joints, couverts d'une légère pellicule de sueur issue de nos ébats, il en est tout autrement. De légers tressaillements agitent soudain l'Elfe blottie contre moi, et je sens quelques gouttes tomber sur mon épaule alors qu'elle se met à pleurer doucement, s'efforçant de n'en rien laisser paraître mais en vain, comment dissimuler quoi que ce soit dans ces conditions? Je la serre contre moi un peu plus fortement, caressant sa chevelure soyeuse d'une main, plus troublé que je ne peux l'exprimer, d'autant que les paroles du Gentâme me reviennent à l'esprit, sa réponse à ma question de savoir pourquoi elle m'avait causé tant d'ennuis. Par amour... quel sens à ces paroles, et quel sens à ces pleurs alors? Regrets de ce qu'elle a fait? Mais qu'a-t'elle fait au juste? Je n'ai pas une confiance aveugle en ce que m'a dit l'entité, loin s'en faut, mais le moment ne se prête pas exactement à creuser ce sujet. Seulement, à quoi se prête-t'il au juste, ce moment? Question des plus embarrassante, qui ne se poserait pas en ce qui me concerne s'il n'y avait pas Ethëll, car force m'est de reconnaître malgré mes états d'âme que Llyann est extrêmement séduisante. Je me sens rosir alors que s'imposent à mon esprit quelques images des heures qui ont précédé, et rougir franchement en percevant de la manière la plus intime qui soit le corps pressé contre le mien.
Mais après tout, au point où nous en sommes, et étant donné nos chances assez minces de sortir vivants de ce labyrinthe inextricable, pourquoi ne pas accepter simplement ce qui est, et le vivre pleinement?
D'un geste doux mais ferme, je pousse ma compagne à relever la tête pour être en mesure d'accrocher son regard brouillé de larmes, puis tout en lui laissant la possibilité et le temps de se dérober, ce qu'elle ne tente pas, je pose mes lèvres sur les siennes pour un long baiser dépourvu cette fois de la moindre brusquerie. Elle y répond après une légère hésitation, s'enhardissant peu à peu jusqu'à se libérer de toute entrave, et ne tarde pas à m'étreindre à son tour avec une fougue un peu désespérée, maladroite.
Un peu plus tard, encore légèrement haletants et plongés dans l'espèce de torpeur qui suit parfois l'acte d'amour, nous nous dévisageons avec une certaine gêne, ne sachant trop comment entamer la nécessaire discussion que nous devrons avoir, ignorants de ce que l'autre pense, de ce qui l'a amené dans ces lieux oubliés. Je m'interroge sur le sens des révélations du Gentâme, ne cernant pas les tenants et aboutissants d'une histoire qui me dépasse, mais ce qui me perturbe le plus est bien de savoir que je viens de coucher avec la fille de celui que j'ai considéré depuis ma rencontre avec Moraen comme étant mon pire ennemi. Seulement, si la créature de Phaïtos a dit vrai, l'Ithilauster n'est pas l'instigateur de mes ennuis, la vraie responsable selon lui n'étant autre que cette femme que je tiens encore dans mes bras, auquel cas je viens de faire l'amour à la meurtrière de tous ceux que j'ai aimés, Jaëlle, mes parents, Moraen...Dieux...comment surmonter le profond dégoût que cette supposition fait naître en moi? Suis-je donc tombé si bas? Et si nous nous en sortons, comment vais-je expliquer ça à Ethëll?! Je frémis, m'assombrissant notablement, mais je sais aussi que ces questions n'auront pas la moindre importance si nous ne parvenons pas à trouver une issue. Dans l'immédiat il y a pourtant une interrogation qui doit trouver réponse, et je la pose d'un ton neutre:
"J'aimerais comprendre une chose, Llyann...qu'es-tu venue faire ici?"La Sindel me dévisage un instant en silence avant de se décider:
"Chercher des réponses, je savais qu'il y avait un Gentâme ici, et qu'il pourrait m'apprendre ce que je désirais savoir.""Et c'est...tout?""Plus ou moins..."Je me détache d'elle en fronçant les sourcils, me relevant pour récupérer pensivement mes affaires avant de la fixer à nouveau avec une certaine froideur:
"Plus ou moins? Cette créature a aussi répondu à certaines de mes questions, Llyann, et elle t'a désignée comme étant responsable de la mort de plusieurs de mes proches. Je crois que tu me dois quelques explications, et il vaudrait mieux qu'elles soient...convaincantes."La Sindel se relève à son tour, un éclat de colère brûlante dans les yeux, et malgré la tension soudaine je ne peux m'empêcher d'être profondément troublé par la vision surréaliste de la sculpturale nudité de mon amante au sein de cette salle macabre. Le contraste qui émane de cette scène est tout simplement saisissant, mais elle interrompt mon observation admirative d'une réponse rageuse qui me fait ciller:
"Responsable de la mort de tes proches?! Comment oses-tu, par Sithi?! Si le simple fait d'exister fait de moi une coupable à tes yeux, Tanaëth, alors tu ne vaux pas mieux que mon père! Tu as baisé avec moi de ton plein gré alors que tu me prends pour la meurtrière de ta famille?! Tu veux que je te dise ce que cela fait de toi?"Je la dévisage en silence, longuement, surpris de cette rage qui enflamme ses paroles et ses prunelles, puis je lui réponds calmement après avoir mis un semblant d'ordre dans mes pensées:
"Je ne t'accuses pas. Je cherche à comprendre. Il y a eu trop de "coïncidences" dérangeantes dans ma vie ces derniers temps pour que je puisse encore croire qu'elles ne sont que le fruit du hasard. A commencer par notre rencontre ici, il n'y avait pas une chance sur un milliard pour que cela arrive naturellement, Llyann, et tu le sais aussi bien que moi. Alors je veux des réponses, je suis las d'être le jouet de je ne sais quelles manigances occultes."Elle me fixe durement pendant quelques instants, puis se détend un peu et me demande d'un ton plus doux:
"As-tu déjà entendu parler des Danseurs D'Opale? De l'Opale de Lune?"Je tressaille à sa question, de plus en plus perplexe devant la tournure des événements, qui me semblent former une nasse de plus en plus complexe, de plus en plus incompréhensible. Des intrigues dans l'intrigue, à n'en plus finir, par Sithi comment les êtres peuvent-ils se livrer à d'aussi tortueuses machinations?! J'hésite à lui avouer ma connaissance des Danseurs, puis-je me fier à elle alors que je ne sais rien de sa place dans le subtil jeu dont je ne parviens plus à percevoir les règles ni le but? Syndalywë choisit cet instant pour se manifester en me réprimandant mentalement:
(Tsssk! Ouvre les yeux, souviens-toi de ce que tu as appris, du passé que tu as vu dans mes souvenirs!)(Euh...je me souviens, mais...)Le Fil d'Or du Destin. La marque de Sithi. Le tatouage que nous arborons tous deux. L'évidence me saute soudain aux yeux, je frissonne en y décelant des implications...vertigineuses. Réalisant de justesse, perché que je suis au bord d'un gouffre insondable représentant des plans divins qui ne peuvent être compris par des mortels, que Llyann attend une réponse de ma part, je murmure:
"Je sais ce que sont les Danseurs d'Opale, oui. Mais je n'ai jamais entendu parler de cette Opale de Lune.""Sont? Il n'y en a plus depuis notre exil d'Eden. Leurs arts se sont perdus, d'eux il ne reste qu'un espoir incertain entretenu par une poignée d'Elfes follement idéalistes et utopistes. Qui vivent dans un lieu secret nommé l'Opale de Lune."Je hausse un sourcil incrédule à ses paroles. Ainsi il resterait des Sindeldi au fait de ce passé, et plus encore, ils le perpétueraient dans le plus grand secret depuis des millénaires? Rien d'absolument invraisemblable en y songeant, mon peuple a toujours été féru de secret et conservateur quant à ses traditions, mais comment Llyann est-elle au courant de l'existence de ce lieu? Par le Gentâme? Et où se trouve-t'il? De nombreuses questions me viennent à l'esprit, mais un bref regard au lieu qui nous entoure les souffle pour n'en laisser qu'une seule: que faisons-nous encore ici?! Je grimace légèrement en réalisant notre folie, nous venons de passer des heures à copuler comme des animaux dans un temple Shaakt de Phaïtos hanté par un Gentâme, et les dieux seuls savent quoi d'autre. Mes yeux se posent brièvement sur la porte fermée indiquée par l'entité, derrière laquelle l'épée ardente est censée se trouver, puis reviennent se river à ceux de Llyann alors que je lui désigne l'huis d'une main:
"Nous devrions nous rhabiller et quitter ce lieu. Mais avant de partir, je veux aller prendre une épée qui se trouve derrière cette porte. C'est pour elle que je suis venu dans ces souterrains. Connais-tu un chemin de sortie?""Oui, faisons cela, je sais comment sortir d'ici. Quant à cette épée, sa présence ici est connue à l'Opale de Lune, c'est en parlant avec un des rares à avoir survécu à ce qu'il y a derrière cette porte que j'ai appris l'existence de ce Gentâme. Je te déconseille fortement d'aller plus loin, Tanaëth, seul un très puissant maître d'armes aurait une chance, et encore serait-elle maigre.""Hum. Et...tu sais ce qu'il y a derrière cette porte?""Une sombre terreur, une atrocité monstrueuse qui ressemble à une araignée plus ou moins humanoïde, extrêmement rapide et résistante. L'Elfe qui m'en a parlé lui a échappé de justesse grâce à un sort de feu. Elle semble le craindre, d'après lui, mais pas au point de renoncer à sa proie. C'est un antre de ténèbres, Tanaëth, oublie cette épée, je t'en conjure! Sortons d'ici, il y a d'autres armes puissantes dans le monde, ta vie n'est-elle pas plus précieuse qu'une lame?"J'ai un sourire un peu crispé à sa question, qui me rappelle les paroles de la mère d'Ethëll m'enjoignant de ne pas risquer ma peau inconsidérément pour cette arme. Seulement, sa présence en ces lieux bien particuliers soulève en moi un problème de conscience: qu'arriverait-il si les Shaakts se souvenaient de cet endroit et apprenaient qu'une telle relique s'y trouve? Ils réinvestiraient aussitôt ces lieux, s'empareraient de la relique puis utiliseraient ce temple comme base stratégique pour étendre leur domination dans ces souterrains. Et tôt ou tard, ils finiraient par tomber sur la cité Thorkine, réaliseraient qu'il n'y demeure que quelques poignées de Nains et l'envahiraient pour s'approprier les nombreux trésors de ce peuple. Après quoi viendrait inéluctablement la chute d'Hidirain, bien incapable de résister à un assaut en règle, d'autant plus s'il est lancé par les portes même de leurs alliés. Un bien sombre tableau, dont je ne puis prendre le risque qu'il se produise, s'il est en mon pouvoir de l'empêcher. Et là est toute la question, suis-je capable de vaincre cette créature pour m'emparer de la relique ardente? Il n'y a pas dix manières de le savoir...
"Je ne peux pas prendre le risque que les Shaakts trouvent cette relique et apprennent l'existence de ce lieu, Lyann. Je vais aller récupérer cette lame, puis nous sortirons et j'irai convaincre les Thorkins de la nécessité de sceller définitivement tout accès à ce temple. Tu devrais m'attendre de l'autre côté du pont, cela te laisserait le temps de t'échapper si c'était cette créature qui sortait du temple à ma place."Elle soupire, se contentant de s'habiller et de se rééquiper rapidement, ce que j'imite sans tarder, vérifiant au passage le parfait affûtage de mes lames. Elle finit par se tourner vers moi après avoir contemplé quelques instants l'inquiétante porte, le regard dur et le visage sévère:
"Tu n'as pas changé. Très bien, je vais venir avec toi, ensemble nous avons peut-être une chance. Mais après, tu me suivras où que je t'emmène, sans poser la moindre question. Ai-je ta parole?"Je la scrute longuement en silence, puis finis par incliner le visage en souriant légèrement:
"Tu as ma parole. Merci, Lyann. Mais pas de folie, d'abord on survit et ensuite on avise pour l'épée. Nous pouvons toujours revenir avec des renforts."Elle acquiesce avec simplicité, puis s'avance rapidement vers moi pour déposer un fugace baiser sur mes lèvres avant de dégainer sa redoutable épée à deux mains et de la pointer vers la porte en me disant:
"A toi l'honneur."J'opine, contrôlant que toutes mes lames soient parfaitement positionnées et accessibles, puis je me saisis de mon arc et expérimente pour la première fois son maniement, avec une dextérité et une fluidité que je ne me connaissais pas! J'ai l'agréable impression qu'il a été fait exprès pour moi, et c'est une sensation vraiment extraordinaire d'équilibre et de puissante souplesse qui se dégage de cette arme d'exception. J'effectue quelques essais pour placer de façon adéquate mon carquois, veillant à ce qu'il ne me gêne pas non plus pour combattre à l'épée, puis après avoir encoché une flèche dont j'ai vérifié la parfaite droiture, je m'avance vers la porte, et fait péniblement jouer le lourd mécanisme d'ouverture de ma main libre, l'autre tenant l'arc détendu et maintenant la flèche en place. Quelques lugubres grincements se font entendre alors que le mécanisme invisible déverrouille l'huis morbide puis, lorsque le mouvement semble avoir cessé, j'applique une rude poussée du pied sur l'un des battants, ramenant ma main à la corde de mon arc que je tends à moitié, prêt à décocher une flèche meurtrière au moindre mouvement suspect.
La porte s'ouvre, juste assez pour nous laisser passage, et pour laisser exhaler du lieu maudit une effroyable puanteur de cadavres pas frais mêlée d'une infection acide que je ne peux rattacher à aucune odeur connue. Je plisse les narines, écoeuré par la pestilence ignoble, puis je franchis résolument le seuil de cet antre ténébreux, tous les sens aux aguets.