Suis-je capable de m'emparer de cette copie dignement?
Peut-être, Sithi en jugera, j'ai mon idée sur la manière de mener cette Danse. Il n'y a qu'un seul être dans cette arène qui soit éventuellement en mesure de me tenir tête individuellement, mais même peu expérimentés, quelques vingt guerriers finiraient indubitablement par venir à bout de ma résistance et de mon endurance. Cela d'autant plus que je ne peux pas me permettre d'en estropier un, cela ferait mauvais genre pour un prétendu Danseur d'Opale et ce n'est pas le but de cette épreuve qui ne touche pas qu'à la maîtrise du combat fort heureusement. Et tout ceci, ils le savent, l'espèrent au moins, je le vois dans leurs yeux. Bien. Dansons.
Je leur adresse un salut guerrier et protocolaire de mes armes, puis brusquement j'avance de trois pas vifs en direction d'un jeune elfe effarouché, il recule instinctivement d'un pas, levant maladroitement son arme en une piètre parade, d'autant plus que je n'ai pas tenté de lui porter un coup...Le demi-cercle se rompt alors que ses deux camarades les plus proches se précipitent sur moi, assez adroits pour se lancer simultanément et avec un angle assez large de par la disposition des protagonistes. Je recule de trois pas fluides, revenant à ma place initiale sans avoir levé mes lames, me dérobant ainsi à l'assaut des deux guerriers qui hésitent soudain à le poursuivre, et s'arrêtent finalement en croisant mon regard. Je leur souris:
"C'est par ma seule volonté que mes armes se meuvent. Approchez."
Ils s'approchent et, plutôt que d'assommer proprement ces "adversaires" bien incapables de rivaliser avec le combattant que je suis devenu au fil du temps, j'entreprends de corriger leurs positions, la manière dont ils tiennent leurs armes ainsi que leurs déplacements. Ils apprécient, visiblement, et le demi-cercle qui m'attendait ne tarde pas à se faire cercle autour de nous, les guerriers échangeant avis et commentaires quant aux techniques utilisées ou expliquées. L'atmosphère tendue qui régnait, précédant le combat, change subtilement, devenant plus joviale et légère tandis que je prends une véritable place de maître d'armes pour la première fois de mon existence, réalisant à cette occasion combien j'ai appris au cours des derniers mois écoulés.
Un moment s'écoule ainsi, tant et si bien que je commence à espérer pouvoir franchir l'épreuve de cette manière pacifique, lorsque ma Faëra me hurle mentalement:
(Baisse-toi!)
Je voue une confiance absolue à ma Faëra, et nous commençons à bien nous connaître, aussi n'a-t'elle pas encore fini de prononcer son avertissement que je réagis instinctivement en pliant les genoux et en penchant le torse en avant pour gagner quelques précieux centimètres si besoin, et je fais bien car une lame passe à moins d'une paume de mon crâne! Un bref regard en coin me révèle deux choses, et par Sithi aucune des deux ne me plaît! La première est que la lame qui vient de me frôler n'a rien d'une arme d'entrainement, elle est affûtée et pas à moitié, de plus c'est une arme d'excellente qualité, rien à voir avec un tranchoir d'apprenti boucher. La deuxième est que celui qui la manie n'est autre que Meglynn aux yeux d'un bleu si étrange, l'un des trois dirigeants de l'Opale. Il me semble en outre déceler une lueur haineuse dans ses prunelles, mais je peux me tromper car le temps ne s'est pas figé, mon regard n'a duré qu'une fraction de seconde.
Accroupi, je pivote vivement sur moi-même en tendant mes deux lames à l'horizontale devant moi, au mieux je lui fracasse une jambe, ce qui n'est pas mortel, au pire je le force à reculer ou à sauter. Dans les trois cas il devrait perdre l'avantage et me concéder une deuxième attaque! Il choisit de reculer, tout en tentant de parer la barre d'acier qui s'apprête à fracasser sa jambe droite sans y parvenir tout à fait. Le coup est rude mais ralenti par la tentative de parade tout de même, et cette fichue moitié de Sindel possède une armure complète d'acier de bon aloi qui amortit le reste du choc, si bien que je doute fort lui avoir seulement fait seulement un bleu avec ma barre à mine! Pas de deuxième coup, donc, car c'est avec l'épée qui m'a frôlé le crâne qu'il vient de parer mes deux lames, son autre main s'abat, munie d'une hache de bataille elle aussi joliment tranchante!
Toujours accroupi, je poursuis mon tournoiement en me recroquevillant sur moi-même, laissant mes deux armes glisser souplement le long de son épée tout en les ramenant dans mon dos par dessus mon épaule droite afin de parer sa hache. Son fer ripe en crissant sur mes tige d'acier, je me redresse alors vivement en donnant une puissante impulsion à mes deux lames, rien de tel qu'un bon levier comme l'épaule, de façon à repousser brutalement sa hache et me créer ainsi une ouverture. Je parviens bel et bien à repousser sa hache comme prévu, mais en fait d'ouverture je trouve le fil étincelant de sa lame, qui pointe ma gorge à la vitesse d'un serpent venimeux! J'esquive d'extrême justesse en me pliant en arrière et en tordant le cou, mais par Sithi ce bougre est vraiment dangereux!
Je remarque du coin de l'oeil que les guerriers et autres apprentis se sont reculés et semblent proprement effarés de ce qui se passe, en revanche je ne parviens pas à voir Tyrdann, pas plus que Llyann, que se passe-t'il donc bons dieux?! Pas le temps de tergiverser toutefois, après l'épée c'est la hache qui s'abat à nouveau, me forçant à poursuivre mon mouvement de recul, ce que je fais en hâte! Simulant une attaque de mes deux armes, je les lui balance à la figure, les lâchant pour porter de toute ma célérité mes mains à mes véritables armes que je dégaine d'un geste fluide, fini de jouer! Meglynn pare sans grande difficulté mes deux barres d'acier, mais marque un arrêt net lorsque se dévoile le flamboiement de l'Ardente! J'en profite aussitôt pour reculer rapidement de manière à rompre le combat et lance d'une voix assez forte pour être entendu jusqu'aux gradins les plus éloignés:
"Quelle est cette folie?! Rengainez vos armes par Sithi! Nous sommes tous des Elfes, Sindels pour la plupart!"
Tous semblent effarés, tant ceux présents dans l'arène que ceux dans les gradins, mais en l'absence incompréhensible de Llyann et de Tyrdann ils n'osent visiblement remettre en question un dirigeant de l'Opale, bien qu'ils ne comprennent pas. Meglynn en profite pour avancer sur moi, surveillant du coin de l'oeil ma Flamboyante qui semble l'inquiéter au plus haut point, n'aimerait-il pas le feu? Reste que j'ai un avantage sur lui, apparemment: mon collier de célérité. Je me concentre rapidement pour rassembler mon Ki, et je l'expulse en un déchaînement défensif, entamant avec vivacité les pas complexes de cette magnifique danse tourbillonnante tout en préparant la suite, un essai audacieux que j'ai déjà tenté sans y parvenir vraiment.
Mon adversaire est manifestement surpris de l'apparente anarchie de mes esquives et de mes parades, ses lames sont déviées et esquivées les unes après les autres, et pour la première fois je vois le doute apparaître dans son regard. Mais j'arrive à la fin de ma Danse, aussi je concentre une nouvelle fois mon Ki, et tente de le modeler en une forme très proche de ces lames défensives, mais subtilement différente. Plutôt que de favoriser esquives et parades, je m'efforce de favoriser ma technique pure, d'affiner ma concentration ainsi que la précision et la vivacité de mes gestes, bien conscient que je vais y perdre un peu en force, mais qu'importe.
J'enchaîne donc avec cette tentative, risquée certes mais il me semblait être assez proche d'un résultat la dernière fois que je l'avais tentée, et de défense je passe soudainement à l'attaque, utilisant vicieusement mon Flambeau pour lancer une attaque de pointe en direction de son visage casqué! Il recule précipitamment, parant en catastrophe ma lame de la sienne, mais je colle à son mouvement en changeant de jambe d'appui, de façon à lui menacer l'aine de ma rapière. Il ne parvient pas à esquiver cette fois, mais la pointe de ma fine rapière frôle le défaut de l'armure, hésite, et ploie rudement avant de déraper! Maudite! Et bien sûr, l'autre bougre en profite pour tenter de me fendre le crâne de sa hache! Je ramène l'Ardente en parade et en urgence et, si mon geste est assez moyen, le fait que ce faisant la flamme se rapproche de la trogne de mon adversaire suffit à lui faire abandonner son intention au bénéfice d'un pas en arrière, ce que je mets immédiatement à profit pour piquer à nouveau de ma rapière en direction de sa gorge. Une nouvelle fois ma fine lame ripe contre sa saleté de plate, ça commence à m'agacer sérieusement! Je m'efforce de mettre cette colère au service de ma danse, de la modeler plus exactement tout comme mon Ki, du calme, de la maîtrise, de la précision par Sithi! Danse Sindel!
Meglynn me lance à son tour une pointe vicieuse de son épée, visant mon genou droit, cela m'ennuie mais je suis contraint de parer avec l'Enflammée, j'aurais préféré la maintenir haute! Le demi-elfe poursuit son attaque au moyen de sa hache, un sale coup de taille placé pile dans l'ouverture, inévitable à ma connaissance, qu'a engendré ma parade. Un sale coup parce que je suis dans l'obligation de parer avec ma rapière, et que ce n'est pas exactement l'arme idéale pour parer franchement une hache. Ce que l'autre damné sait très pertinemment, d'ailleurs, à voir son petit sourire en coin! Quand on n'a pas le choix...je pare donc, priant Sithi pour que ma lame résiste au choc. Et elle résiste! Brave! Sourire qui s'efface. Je fais décrire un brutal arc de cercle remontant à mon Ardente, menaçant gravement sa capacité de reproduction future, il tente bien de parer mais sa lame est trop loin et mon attaque percute son armure à l'entrejambe avant qu'il n'ait pu l'interposer. Il a bien de la chance de la posséder, cette armure, car elle empêche que je le fende en deux, mais le choc n'en est pas moins assez violent pour qu'il se plie en deux en hurlant de douleur! Je lui balance un coup de pied, du talon pour être précis, en plein front alors qu'il est plié en deux, l'envoyant se recroqueviller misérablement et en pleurant de souffrance au sol, puis je m'approche de lui et glisse le tranchant de ma rapière contre la peau de sa gorge, l'entamant imperceptiblement au passage.
"Pourquoi voulais-tu ma peau? Qui t'envoie?"
Meglynn gémit, crachotant quelques mots incompréhensibles des tréfonds de son malaise, mais une légère pression sur ma lame suffit à le faire haleter précipitamment:
"Maître...ma place...ils...ils ont dit..."
"Ils? Qui ça ils?"
"Pas...pas parler!"
Je pose un pied à l'endroit exact où l'épée ardente a frappé, appuyant légèrement en rétorquant d'une voix dure:
"Oh mais si tu vas parler. Je t'assure. Mieux vaudrait pour toi maintenant...ça fera moins mal."
"Je...le père...de Lyann...Ithilausters...mais...pas parler...il...tuerait...moi."
Le père de Lyann. Averren, Ithilauster de son état, s'acharnant à ma perte, à celle de ma famille, pour une raison que j'ignore totalement. Chouette. Même ici son influence est parvenue à s'infiltrer. Je me penche sur le blessé pour lui extorquer quelques renseignements supplémentaires lorsqu'un carreau d'arbalète se fiche dans le front de mon prisonnier! Je me retourne en vitesse, juste assez rapidement pour voir qu'ils sont deux, placés en haut des gradins, et que le deuxième décoche un carreau en ma direction! J'ai le temps de ramener ma rapière en protection, un geste désespéré, de songer à relancer une danse défensive, ça va vite un carreau d'arbalète, puis je me le prends dans la cuisse droite! Je m'étais toujours imaginé qu'un carreau d'arbalète ça ne se sentait pas trop, je veux dire par là comme un coup de dague très effilée, mais en fait je me prends un sacré choc au moment de l'impact!
Je sais que je n'ai que quelques très brefs instant avant que la douleur n'arrive, je rengaine donc à toute vitesse mes deux lames, prenant quand même garde de ne pas me roussir avec l'Ardente, puis je me saisis de mon arc, le bande d'une flèche que je gèle vivement en priant Yuia, et lâche un trait sur celui qui a tiré sur Meglynn et qui finit juste de recharger! Ma flèche se plante dans son épaule droite, le faisant pivoter et sans doute crisper les doigts car son carreau part et va se ficher dans le ventre de l'un des guerriers qui se trouve dans l'arène, lui faisant ouvrir de grands yeux surpris! Je décoche un nouveau projectile gelé à l'intention du deuxième, mais il plonge à l'abri d'un banc de pierre et ma flèche se brise en percutant misérablement le mur.
Et moi je commence à avoir misérablement mal. Je serre les dents, me concentrant pour chasser la douleur de mon esprit, puis je bande une nouvelle fois ma relique de glace, attendant l'instant propice pour décocher. L'arbalétrier sort soudain de sa cachette, mais c'est moi qui tire en premier. Ma flèche décrit une très légère courbe, vu la distance, moins de cinquante mètres, le tir est presque droit, rapide, invisible. Un joli tir, vraiment. Le problème c'est qu'une flèche a besoin d'un peu de temps pour atteindre sa cible. Bien assez pour que le type appuie sur sa gâchette avant que mon trait ne se fiche dans son oeil droit. Et presque assez pour que le carreau ainsi lâché me perfore de part en part le bras gauche, exposé puisque en avant pour tenir l'arc. Manque de bol, je mets toujours mon unique protège-bras à droite. La vie est mal faite parfois.
Je déguste. Je trinque. Mais si cela pourrait vous mettre l'eau à la bouche, rassurez-vous, j'en bave aussi. Deux carreaux d'arbalète dans la viande, ça fait fichtrement mal. Ça n'a l'air de rien ces petits bouts de bois, mais par Sithi, je ne suis pas une chochotte mais là j'en ai les larmes aux yeux. Se détendre. Évacuer la douleur, faire ce qui doit être fait. Je respire profondément à trois reprises avant de parvenir à ordonner d'une voix qui ne tremble pas:
"Attrapez-moi l'arbalétrier blessé, fichez-le à poil et soignez-le sommairement, puis fourrez-le dans un cachot bien profond sans rien d'autre sur lui que ses frusques! Trouvez-moi Lyann et Tyrdann, et faites venir un guérisseur bon sang, il y a des blessés ici!"
Sortant enfin de leur hébétude, les habitants de l'Opale de Lune exécutent mes ordres sans moufter, dépassés par les événements et dépourvus de toute autre forme de commandement dans l'immédiat. Un guérisseur plus ou moins improvisé ne tarde pas à arriver, je n'ai eu que le temps d'aller, ironiquement, récupérer cette copie de l'arme de mon aïeul, que j'examine attentivement lorsque l'Hinïon guérisseur s'approche de moi. Il extrait habilement le trait encore planté dans ma cuisse, bref épisode pendant lequel j'en profite pour lui enseigner tout ce que je sais en matière de jurons en Sindel, puis nettoie les plaies avec un alcool fort avant d'y poser des cataplasmes d'herbes et de bander le tout bien serré. Je le remercie, puis me dirige en clopinant vers la grande salle de réunion, suivi par toute une cohorte d'elfes déboussolés.
Il me faut un moment pour me rendre à ladite salle, même si bien vite un Sindel s'est proposé de me servir d'appui, mais à peine y suis-je parvenu que Finwë se précipite vers moi en clamant:
"On les a trouvés! On les a trouvés!"
Je m'assieds sur le premier siège venu, en grimaçant la moindre il faut l'admettre, puis je réponds au jeune Taurion:
"Hum, calme-toi un peu! Qui avez-vous trouvé?"
"Mais Llyann et Tyrdann! Ils étaient dans un coin de l'armurerie, assommés et ligotés!"
Je soupire discrètement de soulagement, ainsi à priori ces deux-là ne sont pas impliqués dans ce traquenard, voilà qui me rassure un peu.
"Bon, excellent, vous les avez détachés et réveillés?"
"Ben détachés, oui, réveillés on a réussi pour Tyrdann, mais Llyann elle a une très grosse bosse..."
Le maître d'armes arrive d'ailleurs dans la salle à cet instant, d'une démarche un peu hésitante et un filet de sang coulant encore sur sa tempe gauche:
"Que s'est-il passé par Sithi?!"
Nous le lui expliquons, chacun et chacune y va de son commentaire, jusqu'à ce que le vieux Sindel fasse taire tout le monde pour avoir une version claire de l'histoire. Me faisant ensuite face il me dévisage gravement un long moment en silence, puis finit par sourire légèrement en me disant:
"Bien joué, tu t'es bien débrouillé. Il va falloir qu'on mette tout ça au clair, et qu'on interroge ce prisonnier. Mais avant cela, je vois que tu as récupéré l'enjeu de la joute, et je juge que tu l'as fait dignement. Alors bienvenue, Tanaëth Ithil, descendant d'Ethërnem Ithil et Danseur d'Opale, en L'Opale de Lune!"
Llyann entre à cet instant, pâle et appuyée sur une jeune Hinïonne habillée comme une guerrière, et lance au vieux maître d'armes:
"On a un gros souci si ce qu'on m'a appris en venant est vrai. Donne-là lui, Tyrdann!"
Il me dévisage une nouvelle fois, puis acquiesce d'un hochement de tête à l'attention de la Sindel et me fait signe de le suivre d'un signe de la main. Intrigué je lui emboîte le pas, non sans un regard étonné à Llyann qui me lance d'un air étrangement las et gêné:
"Elle te revient. C'est ton héritage. Je te dois au moins cela..."
Je m'arrête net, la fixant droit dans les yeux pour demander:
"Quoi? Que veux-tu dire? Explique-toi!"
"Pas maintenant, s'il te plaît. J'ai la tête qui tourne et tu n'es pas en meilleur état. Prends ce qui te revient, et reposons-nous. Demain, demain nous parlerons. Je te le promets."
Je la scrute une seconde en silence, puis je hoche la tête en guise d'accord, et me détourne pour emboîter le pas à Tyrdann qui s'empare d'une lampe à huile, l'allume, puis me conduit d'un pas calqué sur le mien, c'est à dire clopinant vaille que vaille dans couloirs et escaliers plongeants en serrant bien fort les dents et en repoussant de menus vertiges ici et là. Nous finissons quand même, à force de descendre, par arriver au fond d'un couloir, devant une petite porte ronde comme la lune qu'elle représente, faite de mithril bleu, ce métal si rare qu'on ne trouve qu'au Naora. Le vieux maître d'armes tire l'un de ses colliers de sa chemise, pourvu en guise de pendentif d'une clef de même métal qu'il insère dans la serrure et manoeuvre aussitôt. La lourde porte s'écarte ensuite d'une simple poussée, et d'un geste d'invite Tyrdann me fait signe d'entrer.
Je franchis la porte en l'admirant, tout comme les murs de la citadelle elle est ornée de fines et délicates scènes lunaires, de la plus poétique à la plus guerrière. Dirigeant ensuite mon regard vers ce que l'huis dissimulait, je découvre une simple petite pièce hémisphérique d'une douzaine de mètres de diamètre environ, dont les murs opalins sont percés d'ailleurs de douze niches identiques. Elles sont toutes simples, des quarts de sphère évidée à même la masse du roc presque translucide, d'un mètre et demi de large environ, pour la moitié de profondeur et de hauteur. Dans l'une d'elle je remarque une petite statuette de femme d'aspect antique, esquissé dans une pierre volcanique un peu semblable à de la pierre ponce. Dans une autre, un coffret de bois vermoulu, d'une taille susceptible de contenir une coupe. Un casque de mithril bleu fendu en deux. Je dis bien fendu. A moins que les deux moitiés n'aient jamais été réunies. Un coup d'oeil interrogatif à Tyrdann m'apprend qu'il n'en sait pas plus que moi à propos de cette étrangeté. Puis, dans la dernière niche occupée...une épée. Une lame simple, épurée, droite de ligne et elliptique de formes, identique à celle dont je me suis emparé lors de leur fichu "jeu". Elle est posée sur deux croissants de lune en ébène, et il me semble que le métal qui la constitue n'est pas exactement le même que celui de la copie en ma possession, mais je ne suis pas un expert en la matière, loin s'en faut. Je la prends délicatement en demandant mentalement à Syndalywë:
(C'est la vraie?)
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