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 Sujet du message: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Ven 17 Juil 2009 14:59 
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Milice Kendrâne de Bouhen


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Emblème de la ville et de la milice


C'est le bâtiment annexe d'une milice directement sous les ordres de celle de Kendra Kâr, puisque Bouhen est totalement rattachée au royaume Kendran. Cette milice est abondante du fait que la ville est une vraie place forte, ressemblant plus à une caserne qu'à une cité.

Ces hommes, souvent originaires de la cité blanche, n'aiment pas du tout les Shaakts, les Orques et les Gobelins, ni les fanatiques. Il leur est toujours possible de postuler, mais il ne faut pas s'attendre à être bien considéré par les habitants de la ville. Cette milice s'occupe de petites affaires, pour de plus grandes affaires, elle vous redirigera vers le siège de la milice Kendrâne, à Kendra Kâr.

---------------------------------------------------------

Comment s'engager ?

En jeu, vous devez contacter un milicien gradé qui vous inscrira sur une liste secrète. Il vous fournira si besoin du matériel (cf point IV /) aux couleurs de la ville et si possible un premier ordre de mission. La réponse du milicien sera faite par un GM !

HRP: N'OUBLIEZ PAS de demandez dans le SOS GM qu'un GM s'occupant de la milice s'occupe de votre inscription

Comment faire sa mission ?

Une mission vous sera envoyée sur votre fiche de milice et elle se remplit par rp. Ca sera donc à vous de la gérer, en imaginant des péripéties et des aventures mouvementées, des rebondissements et surprises, avec combat si possible. Plus la mission sera complexe, meilleures seront vos récompenses !

Rappel : Les règles de milices

_________________
Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
Pour vos demandes de corrections : C'est là !
Joueurs cherchant joueurs pour RP ensemble : Contactez vous ici !


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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Mar 4 Jan 2011 14:38 
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Après un court trajet dans les rues de la ville, Moebius arrivait enfin devant les portes de la milice. Il fut stupéfié par l'importance du bâtiment, il savait que la milice jouait un rôle crucial dans cette partie de la région mais il ne s'attendait pas à cela. Ce n'était pas qu'un simple bureau dans un coin de la ville, non, c'était une construction imposante devant laquelle on ne pouvait que frémir. Et ce fut d'ailleurs ce qu'il fit. Cet ensemble de grosses pierres sculptées en bloc rectangulaire lui donnait un aspect infranchissable. Mais ce qui fut sans doute le plus impressionnant dans cet ouvrage, n'était autre que la porte d'entrée. Massive, elle était plus haute que deux hommes, et aussi large que la rue, et dans cette porte, une autre plus petite permettait le passage des hommes.

Moebius poussa la porte qui s'ouvrit sans un bruit, contrairement à ce qu'il pensait. Et derrière, à sa grande surprise, la cour fourmillait de milicien qui se préparait à partir en mission en dehors de la ville où juste à prendre leur tour de garde sur les murailles.

Moebius s'approcha de l'un d'entre eux qui ne semblait pas trop occupé, où du moins, qui avait l'air d'avoir le temps de répondre à une ou deux questions.

"-Bonjour, je cherche du travail."
"-Oui, et alors, vous voyez pas que ch'suis occupé?"
"-Je ne voulais pas vous faire perdre votre temps, auprès de qui puis je me renseigner?"
"-Allez voir le sergent là-bas derrière cette porte."
"-Merci"

Moebius s'éloigna assez rapidement du milicien, ne voulant pas l'énerver plus et prit la direction du bureau du sergent. La porte était fermée, et aucun bruit ne semblait provenir de l'intérieur. Il s'approcha de la fenêtre jeta un œil et vit un homme affairé au bureau, penché sur un tas de paperasse. Sans doute le rapport des missions effectuées.
Il retourna vers la porte puis frappa, attendit quelques secondes mais aucune réponse. Il frappa de nouveau, et cette fois ci, la réponse fut immédiate.

"-Entrez"
"-Bonjour Monsieur."
"-Bonjour. Que désirez vous?"

Moebius observa rapidement le sergent. Il portait fièrement les couleurs Kendranes et semblait plein d'assurance. Il avait non seulement de l'allure, mais aussi un maintien qui révélait une éducation de bonne famille. D'un ton amical et accueillant, il savait mettre en confiance son interlocuteur.

"-Je suis arrivé il y a peu en ville et je recherche du travail. Si vous avez quelque chose à me proposer, je le ferai volontiers."

_________________
***Appelez moi Moebius, et tout ira bien.***


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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Lun 8 Aoû 2011 08:53 
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<Voyage chamboulé>

Ils avaient chevauché d'une traite jusqu'à la milice et comme à Kendra Kâr, Adeim demanda à Lester de l'attendre devant le bâtiment et de garder un œil sur le chargement ainsi que sur l'homme qu'ils avaient capturé. Adeim entra dans la milice et sentit de nouveau tous les regards posés sur lui. De toute évidence, les personnes telles que lui n'était pas vraiment apprécié.

Il se dirigea vers un homme et lui demanda où il pouvait trouver le chef de ce post de milice. L'homme, petit et trapu, lui indiqua un bureau au fond d'un petit couloir. Adeim le remercia et il s'y rendit sans plus attendre. Il toqua à la porte avant d'entrer.

Le responsable de la milice était grand et maigre et son bureau était envahi par des papiers en tout genre, comme dans toutes les milices à la réflexion. L'homme regarda Adeim, l'examina dans le moindre détail avant de lui dire qu'il fallait que le jeune homme se décide à parler, car il avait autre chose à faire.

"Tout d'abord, bonjour. Je me nomme Adeim et je suis envoyé par la milice de Kendra Kâr au sujet d'un convois qui pourrait être responsable de l'épidémie qui s'étend dans la cité blanche. Je ne connais pas la nature de la marchandise, car si tel est le cas, je ne veux pas être contaminé ! Le chef est mort accidentellement sur la route, mais j'ai arrêté son bras droit. Il se trouve avec la charrette devant la milice."

Adeim attendit donc une réponse du milicien.

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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Dim 14 Aoû 2011 20:47 
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Le capitaine de la milice te regarda bizarrement. Un convoi depuis Kendra Kâr ? Il n'en avait pas entendu parler ou tout du moins, il n'avait pas été prévenu. Une caisse qui pourrait être à l'origine de l'infection qui ravage la cité blanche, voilà une mission digne du capitaine de la cité kendranne.

Quelqu'un toqua alors à la porte du capitaine, une jeune recrue qui lui apportait des papiers. Le responsable les prit et chassa d'un geste de la main la recrue. Il parcourut des yeux les rapports qu'il venait de récupérer. Son visage s'éclaira alors d'un sourire.

- "De toute évidence, le messager est arrivé après vous. Nous allons prendre en charge ce colis et nous verrons si sa cargaison est suspecte. Je vous relève de vos obligations Adeim. Vous avez rendu un immense service à notre milice."

Il prit alors la direction de la sortie mettant ainsi un terme à votre entrevue.

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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Lun 15 Aoû 2011 10:00 
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<Rapport de mission>

Le capitaine de la milice de Bouhen regarda Adeim comme s’il venait de parler de rats qui auraient envahis son bureau. Visiblement, la communication entre les deux milices n’était vraiment pas au point. Alors que le jeune homme des déserts allait expliquer avec plus de clarté, quelqu’un frappa à la porte et un jeune milicien fit son entrée.

Il donna au capitaine des papiers divers avant d’être congédié par ce dernier. Adeim eut envie de répliquer qu’il n’avait pas fini avec son affaire, mais le jeune humain remarqua que l’homme qui se trouvait devant lui et qui lisait les papiers que l’on venait de lui amené se mit à sourire pour enfin s’adresser à Adeim qui commençait à s’impatienter.

Visiblement la milice kendranne avait envoyé un messager, mais le jeune humain des déserts avait été plus rapide que ce dernier. Il prit en charge le convoi qu’Adeim et Lester avaient amené, remercia gracieusement notre jeune humai, avant du lui dire qu’il était libre de toutes obligations.

(C’est pas trop tôt !)

Adeim se sentait enveloppé dans les ténèbres depuis le malheureux accident qui avait eu lieu sur la route du voyage. Faisant fit des regards, il sortit rapidement de la milice pour retrouver l’air frais, ainsi que son ami. Il allait avoir besoin de son aide.

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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Sam 7 Jan 2017 12:28 
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Dans la forêt

Deux grands yeux le fixent calmement sans ciller. L’enfant s’approche prudemment. A quatre pattes. Sur la pointe des doigts et des orteils. Doucement. Lentement. Il ne faut pas lui faire peur. Il s’arrête de temps en temps pour jauger l’individu qui se trouve face à lui. Les grands yeux continuent de le fixer. Il n’a toujours pas bougé. L’enfant est subjugué par ce qu’il observe. Presque hypnotisé même. Il sait qu’il n’aura que peu de temps. Il avance encore, de plus en plus doucement. La main droite puis le pied gauche. La main gauche puis le pied droit. Chaque mouvement, chaque bruit est étouffé par l’épaisse mousse qui recouvre le sol. Les yeux sont à moins d’un mètre de distance maintenant. Ils clignent très légèrement, presque comme un signe d’agacement. L’enfant est prêt. Ses muscles se contractent. Il est prêt à bondir. Ses jambes se détendent en un clin d’œil, comme celles d’une grenouille verte. Il part les deux mains en avant en direction des yeux et les referme dessus.

Il reprend son équilibre et se redresse. Il secoue la tête pour essayer de chasser les longues mèches brunes qui lui recouvrent le visage. Un sourire se forme alors sur son visage. Un sourire presque carnassier. Comme celui du prédateur heureux d’avoir coincé sa proie, qui se lèche les babines avant de la manger. L’enfant baisse les yeux sur ses mains qui sont jointes et forment une petite cage. Un léger bruissement se fait entendre à l’intérieur de celles-ci. Plus léger que le vent lorsqu’il caresse les feuilles des arbres. Plus doux que l’eau qui s’écoule paisiblement parmi les brins d’herbe. L’enfant est curieux. L’enfant à envie de revoir. Mais il sait qu’il n’aura que peu de temps avant que les yeux ne disparaissent une fois de plus. Rongé par la curiosité, il finit par ouvrir les mains.

Les yeux sont toujours présents dans sa petite main. Son regard se pose sur celui de l’enfant. Un regard d’un violet intense, aux reflets irisés. De petites taches jaunes maculent l’iris, formant des étoiles dans ce ciel sans nuage. Les deux individus s’observent longuement. La scène parait posée hors du temps. L’enfant se retient presque de respirer pour ne pas effrayer ce petit bout de ciel déposé dans le creux de sa main. Les yeux clignent plusieurs fois puis se ferment. L’enfant ne bouge plus, ne faisant plus qu’un avec la nature qui l’entoure, son regard fixé sur ce qu’il a attrapé. Puis les yeux se rouvrent, battent plusieurs fois des paupières et commencent à monter vers les trouées de lumières formées par le soleil à travers le feuillage. L’enfant lève la tête et regarde tristement le papillon s’envoler.

La chasse au papillon lui aura pris une bonne partie de sa matinée. Il s’étire. Son corps est encore endormi. Et le fait de rester immobile pendant de longues minutes n’a pas arrangé les choses. Il se pose en tailleur sur l’épaisse mousse qui recouvre le sol, pose ses bras sur ses genoux et ferme les yeux. Ces quelques minutes de calmes permettent à l’observateur de mieux examiner l’enfant. Son petit corps frêle et androgyne trahit sa jeunesse. Il est entièrement nu. Sa peau pâle aux reflets légèrement cuivrés est maculée de taches de terre et d’humus. De longues mèches sombres et sales tombent sur ses épaules. Son visage semble très doux même s’il est difficile de le décrire précisément avec la distance.

Un léger gargouillis se fait entendre parmi le bruit du vent dans les feuilles et les gazouillis des oiseaux. L’enfant ouvre ses grands yeux verts et met une main sur son ventre. La faim se fait ressentir. Il se relève et regarde autour de lui. Il se dirige d’un pas décidé vers une destination qui semble connue de lui seul. Chacun de ses pas sur la mousse forme un léger creux qui disparait au bout de quelques minutes. Quand il le peut, il préfère marcher sur les épaisses racines arbres alentours qui dépassent du sol. Il s’enfonce de plus en plus dans les bois, faisant le moins de bruit possible, bondissant de pas en pas, tel un jeune faon.

L’enfant est sur le qui-vive. Il sait qu’il n’est potentiellement pas le seul à avoir faim. Et de plus grosses bêtes peuvent rôder dans l'ombre des bois. Tout signe de sa présence est donc à effacer dans ces coins reculés de la forêt. Ses oreilles pointues sont tendues, guettant le moindre bruit suspect. Il sait que le soleil haut dans le ciel lui assure une certaine protection. La plupart des prédateurs de cette forêt préfèrent chasser dans l’obscurité la plus totale. L’enfant fait de courtes pauses régulières. S’arrêtant de respirer pour mieux entendre ce qui se passe autour de lui. Puis il repart, bondissant de plus belle avant de recommencer.

Soudain, il ralentit à l’approche d’une percée de lumière entre les troncs épais. Il est proche de son but. Il sait qu’il doit se montrer vigilant. Doucement, il s’avance vers une large clairière baignée par le soleil de midi. Les herbes sont hautes et se balancent doucement au gré d’une légère brise. Au centre de la clairière, un gigantesque arbre étale ses longues branches décorées de feuilles d’un vert pâle presque blanc. Entre les feuilles, il est aussi possible de distinguer de gros fruits rouge sang. L’enfant sait que ces fruits sont comestibles. Il a déjà vu d’autres animaux en manger. La dernière difficulté reste à atteindre l’arbre sans se faire coincer par un prédateur qui attendait, tapi dans les herbes.

L’enfant prend une grande respiration, se baisse et commence à avancer. Comme pour capturer son papillon. A quatre pattes, sur les articulations des doigts et des orteils. En faisant le minimum de bruit possible. Main gauche, pied droit. En essayant de ne pas faire bouger les herbes parmi lesquelles il se déplace. Main droite, pied gauche. Un insecte vient bourdonner près de son oreille. L’enfant le laisse faire pour ne pas faire de mouvements brusques. Il prend son temps et se rapproche petit à petit de l’arbre. Une fois arrivée au pied de celui-ci, il enfonce ses doigts dans l’épaisse écorce et commence son ascension. Plus rapidement cette fois. Arrivé sur les premières branches, l’enfant se permet de souffler.

La période estivale restait son époque de l’année préférée. La nature se charge de nombreuses provisions et il n’a qu’à tendre le bras pour se servir. Les hivers sont plus difficiles. Il se voit régulièrement dans l’obligation de sortir de la forêt. De se rapprocher des endroits où vivent des êtres qui lui ressemblent mais en plus grand. Cependant ces êtres arrivent à conserver de la nourriture pendant ces périodes stériles. Et quand il est chanceux, il lui arrive même de tomber sur des peaux de bêtes tannées qui lui permettent de se protéger du froid. Un frisson lui parcourt l’échine. Il n’aime pas trop ces êtres bruyants qui vivent en meute. Mais pour l’instant, il n’y a pas d’inquiétude à avoir, l’hiver est encore loin. Il cueille un fruit, s’assoit sur une branche et croque dedans.

Soudain, il sent le souffle chaud d’une bête sauvage dans son cou et un effroyable grognement à faire glacer le sang se fait entendre…


Sur les toits >>>

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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Sam 7 Jan 2017 12:39 
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<<< Dans la forêt

Sur les toits

Je me réveille en sursaut de ma léthargie. Un gros chat tigré feule à côté de moi, puis, m’ayant reconnu, commence à se frotter contre mes cuisses en ronronnant. Je passe une main dans ses poils en souriant. Il a presque réussi à me faire peur.

Cet animal a élu domicile sur les toits de la milice. Les miliciens ne s’en plaignent pas car il chasse les rongeurs qui furètent parfois dans les combles. Nous nous croisons régulièrement en haut au petit matin, quand je sors du dortoir par la fenêtre pour aller contempler le lever de soleil. Au début il était plutôt sauvage et craintif, mais nous avons fini par nous tolérer voire même nous apprécier. Il me tient compagnie quand je suis là-haut et j’imagine que se faire gratter le ventre de temps en temps doit aussi lui plaire.

Je me frotte les yeux de ma main libre pour essayer de me sortir de l’état de somnolence dont je viens de me faire sortir. Ces épisodes m’ont l’air de plus en plus régulier ces derniers temps. Et surtout de plus en plus en plus intenses. J’avais l’impression de connaitre cet enfant, d’avoir déjà mis les pieds dans cette forêt. Sans parler des sensations ! Je pouvais presque toucher les brins d’herbe et sentir le goût sucré du fruit rouge. Pourtant tout cela semblait tellement loin et irréel. Je secoue la tête. Peut-être que je suis fou finalement comme tous les autres aiment le faire remarquer. En tout cas, il n’est clairement pas nécessaire d'en parler avec Théo. Il me répondrait qu’il n’est pas nécessaire de s’appesantir dessus, qu’il n’y a aucune interprétation à chercher dans ce genre de fariboles de bonnes femmes. C’est fou comme on peut être différents tous les deux et pourtant s’entendre à ce point…

« Aïe ! »

Le chat vient de m’attraper l’index avec ses griffes et le mord avec insistance. C’est sa manière de me dire que le temps des caresses est fini. Je retire ma main. Une petite goutte de sang perle au bout de mon doigt que je mets machinalement dans la bouche. L’animal se redresse et part nonchalamment s’asseoir quelques mètres plus loin et commencer sa toilette. Mes yeux se portent sur la mer. Le soleil et déjà haut et le ciel est éclairé de mille couleurs. Au loin, plusieurs bateaux commencent déjà à partir en mer pour pêcher et faire marcher l’économie portuaire de la ville. Plus près, celle-dernière s’éveille peu à peu. Les volets s’ouvrent. Les rues commencent à s’animer en cette matinée qui s’annonce déjà chaude.

Bientôt viendra le moment où nous devrons tous descendre les escaliers qui mènent des dortoirs à la salle commune de la milice. Là, les supérieurs nous assigneront nos différentes tâches de la journée, de la semaine, voire même du mois. Je ne compte même plus le nombre d’années passées ici, à récurer les latrines ou l’écurie, à préparer à manger pour une centaine d’hommes, à aiguiser les armes et raccommoder les bottes trouées… Quand j’étais plus jeune, mes différences physiques avec les humains servaient d’arguments. « Tu sais les gens d’ici n’ont pas l’habitude de voir des elfes alors bon… » « Tu pourrais leur faire peur. » Mais quand mon physique se fut raccordé aux critères humains, les corvées continuaient de me tomber dessus, faisant de cette milice ma prison. Sans compter le nombre d’heures d’entrainements militaires que je devais subir et qui n’étaient jamais mises à profit. Théo, en étant arrivé bien après moi dans ces lieux, avait déjà été recruté comme milicien et participait régulièrement aux missions importantes.

Je secoue la tête à nouveau. Théo était fait pour cela, lui. Il était venu s’enrôler volontairement. Moi, on m’y avait collé, sans se poser la question de si j’étais bien à ma place. Quand j’étais bien plus jeune, j’avais essayé de m’échapper plusieurs fois, mais l’endroit était bien gardé et plusieurs nuits dans les sous-sols me firent passer l’envie de recommencer très rapidement. Puis, avec le temps, j’avais appris à me contenter de cela finalement. J’étais nourri à ma faim tous les jours et je logeais sous un toit. Je profitais du peu de temps libre que j’avais pour venir me réfugier ici. Au moins, personne ne pouvait venir m’embêter. Cette solitude me convenait finalement.

Je tourne la tête en direction du soleil. Au-delà des terres cultivées, on distingue en plissant les yeux la masse sombre de la forêt qui sein la ville à l’est et au sud. Cette forêt qui ne m’a jamais autant appelé qu’aujourd’hui après ce rêve étrange. Je ne sais pas s’il s’agit de la même forêt mais les sensations de la mousse spongieuse au sol ou du vent dans les feuilles des arbres éveillent de lointain souvenir de mon enfance. Enfance dont je ne me souviens finalement que de quelques bribes, le tout ayant été effacé par ces longues années passées auprès des Hommes. De plus ces « souvenirs » sont plutôt basés sur les racontars des autres miliciens. L’enfant sauvage, le bâtard de la forêt… Le souvenir concret qu’il me reste est le collier qui ne quitte jamais mon cou.

Une voix provient du contrebas m’arrachant à mes réflexions.

« T’es encore là-haut, hein ? »


Théo >>>

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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Sam 7 Jan 2017 15:35 
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<<< Sur les toits

Théo

Je retourne et me penche par-dessus le toit d’où provient la voix. La tête blonde et souriante de Théo dépasse de la fenêtre des dortoirs.

« Je savais bien que je pourrai te trouver là en voyant ton lit vide ce matin. Tu m’aides ? »

Il me tend le bras. Je le saisis des deux mains et le tire vers moi. Une fois que sa main arrive à se trouver une prise solide, il se hisse jusqu’au toit à la force de ses bras.

« Tu as grossi, non ? A force de te resservir à la cantine… »
« C’est que du muscle ! » Dit-il en contractant les biceps.

Je lève les yeux au ciel. Venir me déranger pour frimer. Typique de Théo ! Je détourne les yeux en soupirant. Il rigole.

« Je sais que je viens te déranger à chaque fois que je viens ici. Mais bon, au moins je m’assure que tu ne te barres pas définitivement. Ce serait chiant tout seul ici… »
« Oh tu as l’air de bien te débrouiller tout seul ! Et puis, c’est seul moyen que j’ai trouvé pour m’échapper d’ici. Respirer. Je ne suis pas comme toi. Je n’ai pas ta chance de pouvoir courir de ruelles en ruelles, d’aller secourir un chat coincé en haut d’un arbre, ou à… »

Il me donne un léger coup de poing dans l’épaule pour me faire taire.

« Sois pas jaloux ! J’aide les gens comme je peux… »
« Théo ! Preux chevalier au service de la veuve de l’orphelin ! »
« Haha ne te moque pas ! C’est sûr que pour le moment on est loin de cela, mais un jour tu verras ! Ce sera nous qui nous occuperons de véritables missions ! Nous qu’on enverra déloger des campements garzoks infiltrés ou renforcer le front qui fait face aux menaces venant du nord du continent ! »

Il commence à gesticuler en faisant de grands gestes avec ses bras ce qui le déstabilise. Il glisse alors d’un mètre vers le bord du toit. Je me précipite pour le rattraper par le col de la tunique. Je ris.

« Comment veux-tu aller sauver des vies si tu n’es même pas capable de te maintenir en vie toi-même ?! »

Ce garçon m’impressionne. Il peut être parfois lourd et pataud, cognant les tables ou cassant les assiettes s’il ne fait pas attention à ses gestes, mais une fois une épée et un bouclier en main, ses gestes sont sûrs et précis et aucun mouvement n’est superflu. Il me regarde en rougissant et penaud.

« Heureusement que tu es là… »
« C’est vrai qu’à cette hauteur ce n’est pas les garzoks contre lesquels tu serais allé te battre mais plutôt avec les pavés dans la rue ! »
« On peut tous rêver. Je ne sais pas toi, mais moi patrouiller les rues tranquilles de Bouhen ça me va qu’un temps. Cette ville est tellement sûre avec toutes les rondes de la milice qu’on effectue. J’ai l’impression d’être un chien en cage ! J’ai besoin d’action ! »

Je regarde mes pieds et ne répond rien. Il le remarque et s’arrête dans son discours en restant la bouche ouverte. On dirait un enfant qui a fait une bêtise et qui sait qu’il va se faire disputer. Il reprend, gêné.

« Désolé, j’oublie tout le temps… »
« Ne t’inquiète pas, ce n’est pas de ta faute. »
« Oui mais je m’en veux parfois. Je suis arrivé après toi et je ne t’ai jamais vu sortir du bâtiment. Sauf quand tu viens ici. »
« Je sais, mais c’est comme ça. C’est à cause de ma différence. » Dis-je avec amertume.
« Ça va tu ne ressembles pas non plus à un monstre ! »
« Non mais les gens ici ne sont pas habitués aux personnes qui ne leur ressemble pas. Les elfes ne courent pas les rues à Bouhen, tu le sais bien. »
« Les Varockiens non plus ! Et pourtant ils ont bien appris à me respecter. »

Il fait craquer ses phalanges en souriant. C’est vrai que le gabarit de Théo fait qu’on préfère l’avoir allié qu’ennemi. Non pas qu’il soit très grand, nous faisons la même taille, mais la taille de ses bras en dissuadait plus d’un à venir lui chercher des noises. D’origine paysanne, une enfance entière passée à la ferme lui avait permis d’obtenir une bonne base physique à force de réaliser des travaux manuels toute la journée. Ces dernières années à la milice n’avait fait qu’accentuer ce qui était déjà présent. Heureusement la nature l’avait doté d’un caractère doux et affable, et il n’agissait jamais comme une brute bête et méchante, cherchant la violence gratuite.

« Oui, j’ai bien vu ça. Certains sont restés plusieurs jours à l’infirmerie. Et toi autant de jours à nettoyer les sols crasseux de la milice et à être privé de dîner… »
« Je n’aime pas quand ils te parlent mal. Au moins moi, ils le font dans mon dos de peur de se faire taper. Ce jour-là, je sais pas, j’ai craqué. Mais au moins on se sera bien amusé tous les deux. Et tu m’auras bien sauvé en partageant tes repas avec moi ! »

Nous rions de bon cœur tous les deux en repensant à ce moment passé. Il s’allonge, les mains sous la nuque, les yeux tournés vers le bleu du ciel, tandis que je reste assis, les jambes pliées et les bras reposant sur les genoux, continuant d’observer la ville qui est désormais en pleine ébullition. Un court instant de silence dans notre conversation nous permet d’entendre les clameurs qui montent du marché situé non loin de la milice. Théo pousse un long soupir.

« N’empêche que, ce serait quand même bien si un jour notre rêve devenait réalité… »

Je sais qu’au fond de moi ce projet est principalement le sien. Je n’aspire pas forcément à tout ce que nous aimons à nous raconter. La capitale, la garde royale, les princesses… Je sais que je ne serai qu’un paria partout là où je vais. Et puis, je suis loin d’avoir ses compétences physiques et martiales. Je ne suis qu’un apprenti milicien moyen voire médiocre, mais tandis que lui est excellent et plein d’ambitions. Le fait de savoir qu’il pourrait partir à tout moment tandis que je serai coincé ici me fait un pincement au cœur. Je regarde vers le bas, les yeux perdus dans le vide, le visage fermé. Je commence à murmurer :

« J’ai comme l’impression de ne pas être vraiment à ma place ici… »

Le bruit d’une cloche provenant du bâtiment sur lequel nous sommes assis m’interrompt. Il se redresse brusquement.

« Ils nous appellent… On ferait mieux d’y aller si on ne veut pas se faire taper sur les doigts ! »

Nous entreprenons alors notre descente pour regagner les dortoirs.


Annonce officielle et préparation >>>

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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Sam 7 Jan 2017 20:04 
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<<< Théo

Annonce officielle et préparation

Le dortoir est déjà désert. Nous descendons les escaliers qui mènent des étages supérieurs à la petite cour interne. Cette dernière est située au centre du bâtiment et sert de lieu pour les entrainements martiaux ou pour les annonces officielles faites à l’ensemble des miliciens. Au vu de la foule déjà présente sur le sable, je penche plutôt pour la deuxième proposition. Quelques têtes se retournent en nous voyant descendre et des jacassements se font entendre entre ceux qui nous ont aperçu. Nous pressons le pas et nous allons nous placer à l’arrière de la foule, attentifs. Je croise les bras pendant que Théo fronce les sourcils. Nous échangeons un regard inquiet tous les deux. Aucun rassemblement n’était effectivement prévu aujourd’hui.

Le capitaine de la milice, un homme d’une quarantaine d’années, au visage marqué par le passé militaire, se racle la gorge pour faire taire le léger brouhaha qui meuble l’espace sonore. L’assemblée se fait d’un coup silencieuse et nous fixons tous notre supérieur hiérarchique. Il annonce d’une voix forte et claire :

« Je vous ai réuni ici en ce jour pour vous faire part d’une décision importante qui vient d’être prise. La décision ne vient pas de moi mais d’en haut. Un héraut de la milice de Kendra Kâr nous est arrivé ce matin avec une importante nouvelle. Je lui laisse désormais la parole. »

Il recule d’un pas. Son visage est fermé, il semble contrarié par ce qui va nous être annoncé. Un homme plus jeune, vêtu d’une armure frappée aux armes de la milice de Kendra Kâr s'avance. Il dégage une forte impression d’autosatisfaction personnelle et son visage est hautain. Le contraste entre les deux hommes de pouvoirs est flagrant. Il parcourt la foule de son regard insolent et affiche un léger rictus entre dégoût et amusement. Il sort un parchemin et nous le lit :

« La suzeraine milice de Kendra Kâr demande à ses postes rattachés de venir grossir les troupes de la capitale. Seuls les meilleurs éléments de chaque milice pourront profiter de cette promotion. La sélection se fera sous la forme de duels entre les différents miliciens et apprentis miliciens, le tout sous le jugement de l’envoyé de la milice suzeraine… » Il nous regarde de haut et finit sa phrase : « …moi-même. Les dix meilleurs miliciens se verront raccompagner l’envoyé vers la capitale, et affecté à leur nouvelle garnison. Toute milice et tout milicien refusant de se soumettre à l'autorité se verra sévèrement puni. »

Il nous brandit le parchemin, pour attester de sa bonne foi et sourit d’un air victorieux. Notre capitaine émet un léger grognement et son visage s’assombrit à nouveau. Un léger chuchotement se fait entendre du côté de la foule. Il s'agit d'une promotion qui ne peut pas se refuser pour la plupart d'entre nous. Je regarde Théo en haussant les sourcils. Il me répond avec un sourire allant d’une oreille à l’autre. L’envoyé enroule le parchemin.

« La sélection commencera à midi. Soyez à l’heure. »

Il fait sèchement demi-tour dans un grand mouvement de cape et rentre dans le bâtiment des supérieurs, notre capitaine sur les talons. Une fois la porte fermée la foule s’agite et de grands éclats de voix se font entendre de tous les côtés. Théo me saisit par les épaules et me secoue, ivre de joie.

« Tu vois je te l’avais dit ! Il ne fallait pas perdre espoir ! On va enfin pouvoir se barrer d’ici tous les deux ! Tu vas voir ! »
« C’est ce que tu crois ?! Bon courage mon grand ! Je me ferai du souci si j’étais toi ! Surtout pour ton petit copain le bâtard qui ne risque pas de quitter les lieux… »

Un milicien plus âgé s’était rapproché de nous. Les bras croisés, les sourcils levés, le sourire en coin, son visage entier transpirant l’arrogance. Théo serre les poings et crache à son adresse :

« Qu’est-ce que t’as toi ? Tu cherches la merde c’est ça ? »
« Laisse ils cherchent juste à nous déstabiliser, ils n’en valent pas la peine… »

Je prends Théo par l’épaule et l’éloigne de la foule sous le regard moqueur de celui qui nous a interpellé. Je pense que beaucoup d’anciens se sentent menacés par le jeune Varockien et certains cherchent à le déconcentrer. Mais je pense qu’il en faudra plus que ça pour essayer de se mettre en travers de sa route.

Le reste de la matinée se déroule sans encombre, chacun vaquant à ses occupations ou trainant dans la cour, pressé d’en découdre. Des petits groupes se sont formés par affinité. Chacun se toise, se jauge, s’évalue. Nous nous sommes placés dans un coin avec Théo. Il fait les cent pas de son côté, le visage décidé. Ses yeux brillent à l’idée de pouvoir enfin accomplir son rêve. Avec ses compétences martiales, il n’a aucun doute sur le résultat de son duel, quelque soit l’adversaire. Je suis nettement moins rassuré que lui. Même si je sais que je ne suis pas mauvais au combat, certains miliciens me surclassent sans difficulté et je ne suis pas sûr de faire partie des dix meilleurs de la caserne.

Peu avant midi, l’armurerie grouille de miliciens venus s’équiper en grande hâte. Nous y faisons aussi un tour avec Théo. Je le vois prendre une épée longue et un bouclier, ses armes de prédilection. Il frappe le bouclier du plat de la lame.

« Avec ça, c’est sûr ! Demain je pars à Kendra Kâr ! »

Son optimisme me redonne un semblant d’espoir. Je m’approche pour ma part d’une longue lance en bois terminée par une lame en acier. C’est l’arme que je maitrise de loin le mieux et l’allonge supplémentaire offre de belles possibilités en combat. Je soupèse l’arme et la fait tournoyer dans l’air pour vérifier son équilibre. Personne n’est à l’abri d’un sabotage. Une fois satisfait, je choisis aussi une petite targe que Théo m’aide a fixer sur mon avant bras gauche. Une protection supplémentaire ne sera pas du luxe.

Midi arrivant, nous nous réunissons tous à nouveau dans la cour. Une arène de fortune a été dessinée sur le sable. Le héraut et le capitaine sont assis côte à côte sur un des bords de l’arène. L’envoyé paraît amusé par ce qui va se produire tandis que notre supérieur affiche un air sombre et a les bras croisés en signe de protestation. J'imagine que l'idée de se faire « voler » ses meilleurs éléments ne doit pas lui plaire. Le héraut se lève et déclare :

« Les règles sont simples. Vous devez mettre votre adversaire hors d’état de nuire le plus rapidement possible. Chaque combat sera tiré au sort et durera un sablier. En cas d’égalité au bout du temps imparti, les deux combattants seront éliminés. Vous ne possédez tous qu’une seule chance de faire vos preuves alors ne la gâchez pas. »

Il marque une pause.

« Evitez juste de vous tuer ou de vous blesser gravement, cela gâcherait le plaisir du spectacle… »

Un sourire sadique s’affiche sur son visage. Il plonge dans un petit sac de cuir posé à côté de lui et ressort un premier bout de parchemin. Il le déroule et annonce :

« Kívan affrontera… »


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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Dim 8 Jan 2017 14:43 
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La main replonge dans le sac. Je serre les dents. Il a fallu que cela tombe directement sur moi. Le seul avantage que je peux y voir est que je vais être débarrassé de ce duel rapidement. Il ne manque plus qu’à connaître qui va être mon adversaire. La main ressort tenant un bout de papier froissé. L’envoyé de Kendra Kâr déroule le papier et déclare :

« Théo Alistair ! »

Nous restons tous deux bouche bée. Plusieurs sourires ravis se forment sur le visage de nos voisins qui nous observent du coin de l’œil. Tous doivent désormais être rassurés de ne pas avoir à affronter le colosse blond. Une bonne partie d’entre eux doit aussi éprouver un plaisir sadique à l’idée de nous voir combattre l’un contre l’autre.

« Je vous rappelle que vous êtes évalués sur vos performances martiales, alors ne faites pas semblant. Si je juge que vous ne combattez pas à votre juste valeur, je vous disqualifierai tous les deux. Maintenant faites place et que les deux premiers désignés se placent au centre de l’arène ! »

Son commentaire est sans appel. Nous ne pourrons pas faire semblant. Théo ouvre la bouche comme s’il voulait protester. Je lui donne un coup de coude dans les côtes pour le faire taire. Voici l’opportunité qu’il attend depuis qu’il est arrivé ici. Il est hors de question qu’il passe à côté de cette chance ! Mon engouement pour la capitale est nettement moins fort que le sien. Je pourrai survivre encore quelques années ici. Il est certain que je perdrai un précieux allié et ami ici, mais je dois faire ce sacrifice pour lui. Ma décision est donc prise : Théo gagnera ce duel. De toute façon, l’issue du combat est déjà connue de tous, donc impossible de tricher...

Les miliciens s’écartent en marge du cercle tracé sur le sol. Nous avançons vers le centre de l’arène. Nous avons à peine le temps d’échanger quelques mots, de la voix la plus basse possible, afin de ne pas être entendu.

« Je vais te laisser gagner. »
« Pourquoi ? Il doit y avoir un autre moyen… »
« Non tu as bien compris toi aussi. C’est à toi de gagner. »
« Mais et toi ? »
« Peu importe, fais le pour moi. »
« Mais… »
« Tais toi ! Tu n’auras qu’à m’assommer quand je te ferai signe. »
« … »
« Bats toi convenablement, c’est tout ce que je te demande. »

Je m’écarte avant qu’il ne proteste à nouveau. Le héraut, s’assoit, retourne le sablier placé à côté de lui et déclare d’une voix forte :

« Que le meilleur gagne ! »

La stratégie que je viens d’improviser est simple. Nous devons nous battre comme aux entraînements, au meilleur de nos capacités. Face à lui, je ne pourrai en réalité pas faire grand chose. Quand il est armé de son bouclier, sa défense est quasi impénétrable. Un vrai roc ! Je pourrai au mieux esquiver ses coups et essayer d’en placer un de temps avec la hampe de ma lance pour ne pas le blesser. Puis, au moment opportun, je ferai une faute de placement et lui laisserai une ouverture. Je sais qu’il saura la saisir. En espérant qu’il ne fasse pas de bêtise en déclarant forfait d’ici là.

Nous nous faisons face. Son visage est fermé mais ses grands yeux bleus sont écarquillés et trahissent une certaine inquiétude. Il reste immobile ne sachant pas quoi faire. Je m’approche alors rapidement de lui, saisit mon arme à deux mains et effectue un arc de cercle avec ma lance du bas vers le haut pour venir lui asséner un coup avec le bout non métallique de mon arme. Il pare sans difficulté le coup d’un revers du bouclier et revient dans sa position initiale. Je fais pivoter le haut de mon corps vers la droite pour essayer de venir l’attaquer sur son côté non protégé. Il lève sans effort son épée et pare mon coup du plat de sa lame puis revient à nouveau dans sa position initiale, toujours quasiment immobile.

Je recule d’un pas et fronce les sourcils en le regardant droit dans les yeux. Il ne peut pas faire semblant ! Sinon nous serons disqualifiés tous les deux et il aura aussi perdu ! S’il ne veut pas jouer le jeu alors je vais devoir essayer de l’agacer. Je sais qu’il n’aime pas être mis en position de faiblesse, surtout quand il se sait maître de son élément. Je commence à alterner les attaques à gauche et à droite en faisant des moulinets de ma lance sans pour autant chercher à le toucher. J’augmente la vitesse des rotations au fur et à mesure. Je vois ses yeux qui essayent de suivre les mouvements de la lame, tentant de déterminer de quel côté je vais attaquer. Le bruit régulier de la lance fendant l’air ne l’aide pas à se concentrer et je sens qu’il commence à perdre patience. Puis sans aucun signe de ma part je lui assène un coup de hampe sur la tête.

Il reste abasourdi une à deux secondes. Je souris et lui fais un clin d’œil. Son visage change d’expression : ses yeux brillent d’une ardeur nouvelle et il se fend d’un sourire amusé. Ça y est, le combat va enfin pouvoir commencer ! Il change de position, prêt à attaquer. Je déglutis. Maintenant que je l’ai cherché il va falloir que j’encaisse ses coups en essayant de minimiser les dégâts. Il fend l’air de sa lame, enchainant les coups d’estoc et de taille. Je pare avec difficulté ses attaques, chacun de ses coups me faisant reculer vers le bord de l’arène. Soudain, un violent coup de bouclier m’envoie valser sur le sol. Je fais une roulade pour amortir l’impact et me relève un peu chancelant.

Je m’essuie le coin de la bouche d’un revers de la main gauche. Il va falloir que je change de stratégie pour gagner encore un peu de temps. Ses coups sont difficilement prévisibles et je ne peux pas tous les parer. Je ferme les yeux quelques secondes pour regagner mon souffle. L’image de l’enfant sauvage de mon rêve s’impose alors à moi. Son instinct lui permettait de se préparer face aux prédateurs, sans pour autant qu’il sache où ils étaient ni quand ils allaient attaquer. Un sifflement dans l’air survient à ma gauche. J’ouvre les yeux et effectue un pas de côté sur la droite sans réfléchir. Je vois la lame de Théo passer devant mes yeux. Il fait un pas en arrière et me regarde, un peu surpris du fait que j’ai réussi à esquiver son attaque les yeux fermés.

Il effectue une rapide attaque horizontale. Je me baisse tout aussi rapidement pour esquiver le coup. Il se recule à nouveau, les sourcils froncés, presque déçu de ne pas réussir à me toucher. De mon côté, tous mes sens sont en ébullition, mes muscles sont contractés et toute mon attention se porte sur les éclairs métalliques de son épée qui attaque. Il fait une nouvelle fente en avant et je parviens encore à l’esquiver. L’écart entre moi et sa lame a cependant bien diminué. Son coup suivant m’atteint et le plat de sa lame me frappe de plein fouet. Je serre les dents. C’est qu’il n’y va pas de main morte ! Je recule d’un pas et émet un léger raclement de gorge. S’il continue comme ça, je n’aurai même pas besoin de faire semblant de me faire mettre KO par un de ses coups. Il a compris à mon attitude qu’il avait frappé un peu fort. Je hoche légèrement la tête à son attention et nous reprenons notre combat.

Tous mes sens sont focalisés sur ses attaques. J’essaie de parer avec difficulté chacun de ses assauts par une esquive ou en bloquant avec ma lance. J’accuse les chocs avec difficulté. Puis, petit à petit, mes mouvements se font de plus en plus fluides, reptiliens. Je réponds à chacun de ses coups par une dérobade, une feinte, un pas de côté, une parade, une roulade ou une pirouette bien placée. L’ivresse du combat me gagne. Je m’enroule autour de lui, gagnant en souplesse ce qu’il perd en adresse. Ses coups sont de moins en moins précis, de plus en plus erratiques. Mais toujours, ils me frôlent et me passent à côté sans atteindre leur cible. J’ai l’impression que l’enfant de mes songes habite chacun de mes mouvements, se riant du danger, dansant avec la lame, adversaire mortel dont il n’a que faire. On dirait qu’il joue avec le prédateur qui fait face à lui. Il ne cherche pas à l’attaquer mais juste à l’agacer de ses pitreries. Le premier qui s’épuisera de leur jeu sera le perdant.

Notre danse mortelle dure au moins une minute avant qu’une vive douleur ne se fasse ressentir au niveau de mon flanc droit.


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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Dim 8 Jan 2017 14:47 
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A force de redoubler d’efforts à vouloir me toucher, les gestes de Théo étaient de moins en moins précis et de plus en plus violents. Une de ses attaques, plus puissante que les autres, est venu s’abattre sur ma lance, brisant la hampe de bois. Emportée par l’élan, la lame a fini sa trajectoire, se plantant dans mon flanc droit, sous les côtes, lacérant ma chair, me transperçant de part en part et m’arrachant un léger cri au passage. La puissance du coup et la douleur ressentie me font chanceler. Je tombe à genoux en serrant les dents et lâche ce qu’il me reste d’arme. Ma main gauche se porte vers l’endroit où je viens d’être touché. Mes doigts commencent à se couvrir de sang. Les spectateurs étant loin de la scène, personne ne semble avoir encore compris ce qu’il venait de se passer. Même Théo est encore aveuglé par son esprit combattif. J’entends alors l’envoyé de Kendra Kâr déclarer :

« Vainqueur : Théo Allistair ! »

Théo me regarde de loin éclatant de joie. Mais son sourire s’efface rapidement lorsqu’il aperçoit le sang goutter de son épée. Je le vois qui reste planté sur place dans un premier temps, ne sachant pas quoi faire. Je tente de le rassurer mais ma blessure m’arrache plus une grimace qu’un véritable sourire. Il sort de sa torpeur, lâche son arme et son bouclier et se précipite vers moi en criant :

« Ne restez pas plantés là ! Allez chercher de quoi le soigner, merde ! »

Je vois l’ensemble des miliciens qui regarde la scène d’un air béat. Plusieurs d’entre eux se regardent, abasourdis, et deux se dirigent enfin vers l’infirmerie en courant. Mon ami s’agenouille aussi, me saisit par les épaules et commence à se répandre en excuses. Je l’écoute d’une oreille distraite et commence à examiner la blessure, ressentant chaque morceau de ma chair meurtrie. A travers mon habit découpé par la lame, une longue plaie se dessine sous mes côtes. Du sang en coule doucement colorant mes habits d’un pourpre sombre. La blessure semble profonde mais les organes n’ont heureusement pas l’air atteints. Je place ma main gauche sur la blessure, pensant que je vais stopper le saignement d’un simple contact. La douleur me fait grincer les dents.

Une étrange sensation se fait alors ressentir. Mon corps semble parcouru par un étrange phénomène. Comme si de petites volutes étincelantes parcouraient chaque recoin de mon organisme, d’abord isolées puis se concentrant au fur et à mesure en direction de ma main gauche. Ma paume s’illumine d’une paisible lueur, quasiment imperceptible dans un premier temps, puis la lumière se fait de plus en plus vive. Accompagnant l’éclat, une douce chaleur se propage le long de mon flanc, diffusant lentement sous ma peau. La douleur semble s’estomper au contact de ma main, comme si la blessure s’était envolée.

Je lève les yeux vers Théo voulant l’interroger du regard sur ce à quoi nous sommes en train d’assister tous les deux, mais mon regard est capté par autre chose. De manière presque imperceptible, je distingue une forme vague se détacher sur l’ombre d’un des murs de la cour, derrière la foule des miliciens qui nous regarde. On dirait une silhouette humanoïde, vêtue d’une large cape et encapuchonnée. Ce qui m’impressionne le plus est que cette apparition semble être intangible, comme constituée d’ombres. Seul le bas de son visage est visible. Je distingue avec difficulté ses traits mais j’ai comme l’impression qu’elle me sourit. L’ombre met son index sur ses lèvres, me faisant signe de ne rien dire. La scène à laquelle je viens d’assister dure quelques secondes à peine.

La lumière et la chaleur se sont arrêtées. Je suis pris de vertiges et la tête commence à me tourner. Mes forces commencent à me quitter. Ma vision se trouble. Je ne perçois plus rien du monde qui m’entoure, qui devient de plus en plus flou et brumeux. J’ai l’impression de distinguer quelques silhouettes floues se rapprocher de nous. J’entends la voix de Théo qui m’appelle et commence à se déformer elle aussi, pour ne devenir plus qu’un bruit distant. Mon regard se plonge dans celui de mon ami, dernière accroche dans le monde réel. Un léger sourire se forme avec difficulté sur mes lèvres et je lui dis dans un souffle :

« Je te l’avais dit que tu gagnerais… »

Avant de m’écrouler lourdement au sol, inconscient.


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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Mer 11 Jan 2017 19:39 
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Je me réveille doucement. J’ai été allongé dans une petite pièce sombre, éclairée uniquement par la lumière provenant d’une grande fenêtre située sur ma droite. Je reconnais relativement rapidement l’infirmerie de la milice. Au dehors, le soleil se couche et le ciel se colore de nuances de rose et de rouge. Je me rends compte que je suis resté inconscient plus longtemps que je ne le pensais. J’essaie de m’étirer, chaque muscle de mon corps me faisant horriblement mal suite aux efforts fournis pendant le combat dont je sors.

« Tu te réveilles enfin… »

Je tourne la tête vers la gauche d’où vient cette voix que je ne n’arrive pas à identifier. Une longue silhouette encapuchonnée et vêtue d’une longue cape sombre est assise à côté de moi, le haut du corps dans l’ombre de la pièce. Je me redresse brusquement et m’arrête en plein milieu de mon mouvement.

« Ne t’inquiètes pas. Je ne te veux aucun mal. » La voix de l’étranger est douce et délicate. Presque chantante.
« Je n’aurais pas attendu que tu te réveilles si je te voulais le moindre mal de toute façon. »
« Qui êtes vous ? »
« Tu as l’air remis de tes récentes émotions. C’est bien, je te préfère en pleine forme pour ce que nous avons à discuter ensemble. »
« Vous ne m’avez pas répondu ! Qui êtes vous ? »

J’élève légèrement la voix, quelque peu agacé par le fait que cet étranger ne daigne même pas répondre à ma question. Soudain une pensée fugace me traverse l’esprit.

« Vous êtes l’homme que j’ai aperçu pendant le duel ! C’est bien ça ? »

Il balaie ma question d’un geste de la main.

« Chaque chose en son temps. Cela n’a aucune importance pour le moment. »

Je fronce les sourcils, méfiant. Il continue son discours, faisant peu attention à mes réactions.

« Tu n’auras pas été facile à approcher en tout cas. Ton ami est resté veiller sur toi avant d’être convoqué pour finir ses duels. Il revenu après et vient de repartir il y a quelques minutes à peine. »
« Théo ? Où est-il ? Est-ce qu’il va bien ? »
« Ne t’inquiète pas, ton ami va très bien. Il part dès demain matin pour Kendra Kâr. »
« Où est-il ? Il faut que je le voie ! »

Il m’interrompt encore, d’un geste de la main.

« Son destin et le tien sont dorénavant séparés. Il est désormais trop tard pour vouloir changer les futurs possibles. Il ira réaliser le sien à Kendra Kâr. C’est désormais à toi de savoir ce que tu veux. »

Je réalise enfin qu'aujourd'hui était le dernier jour où je verrai Théo. Même j'ai pris la décision de le laisser partir sans moi à Kendra Kâr plus tôt dans la journée, les véritables conséquences de mon acte viennent seulement de s'imposer à moi. Cet homme était peut-être finalement mon opportunité de quitter ce lieu moi aussi. Et il n'avait pas tort en me faisant remarquer que s'il avait voulu me nuire il aurait pu le faire dans mon inconscience. Il ne semble pas non plus menaçant. Peut-être est-il de mon côté après tout ? Je me détends un peu.

« Que voulez-vous dire par cela ? »
« Tu n’es pas un militaire. Mais je pense que ce n’est pas à moi de te l’apprendre. En revanche, tu possèdes d’autres talents qu’il serait dommage de laisser péricliter. »
« De quoi voulez-vous parler ? »
« Comment appellerais-tu ce qui s’est passé ce midi ? »

J’avais complètement oublié l’épisode des mains lumineuses. Je tire le drap et constate que mon flanc est intact et lisse, sans la moindre trace de blessure. Plus que surpris, je fronce à nouveau les sourcils et ose :

« De la magie ? »
« Oui. Et pas n’importe laquelle. Tu sembles posséder une certaine affinité pour les fluides de lumière, et ce de manière innée. En revanche tu manques cruellement d’entraînement. Si tu t’évanouis à chaque enchantement lancé, je ne donne pas cher de ta peau. »
« Des fluides de lumière ? » Il ricane.
« Je vois que l’éducation qui vous est fournie dans ce taudis est plus que déplorable. Oublie ce que je viens de dire. Ton petit tour de passe-passe n’est en tout cas pas passé inaperçu auprès de tes camarades. M’est avis qu’ils vont essayer de se débarrasser de toi d’une manière ou d’un autre. La magie est toujours un peu effrayante pour ceux qui ne la comprennent pas. Vu que tu n’as fait que te guérir, tu évites déjà le bûcher. En revanche, si dès demain matin tu n’es pas présenté, de gré ou de force, au temple de Gaïa de la ville, alors je ne comprends plus les humains. »

Il part dans un léger rire cristallin puis marque une pause. Je sens son regard se poser sur moi, inquisiteur. Il reprend.

« Je te propose une autre alternative à la place. Plutôt que de laisser ton talent végéter dans les couloirs encensés d’un temple humain, tu peux aussi me suivre. Je te formerai aux bases de la magie et t’apprendrai à apprivoiser tes talents innés. Mais il te faudra par la suite t’entraîner pour réellement maîtriser ce don et seule l’expérience que le monde peut t’offrir te le permettra. Choisis et choisis bien. Mais fais vite, car nous n’avons que peu de temps à notre disposition. »

Sa voix suave, caressante et charmeuse se fait presque impérieuse lorsqu’il me formule cette proposition. L’ensemble des informations ingurgitées au cours des dernières minutes me laisse sans voix. Devant mon absence de réponse il enchaine alors.

« Si tu décides à me suivre rejoins-moi aux portes de la ville situées à l’est. Si tu n’y es pas présent au lever du soleil, alors je m’en irai. »

Sa silhouette se fait évanescente et l’étranger disparaît. Même si je ne m’y plais pas, la milice m’a accueilli pendant de très nombreuses années et je n’aime pas trop l’idée de la déserter. Mais ma curiosité et l'offre d'un meilleur futur possible me donnent envie de suivre cet inconnu. Et l’idée de retrouver une liberté qui m’a été arrachée ne fait qu’appuyer cette proposition. Ma décision est donc prise. En revanche, le capitaine ne me laissera jamais partir de mon plein gré. En ce moment, avec la guerre déclarée, chaque homme est précieux. D’autant plus qu’il vient de se faire enlever ses dix meilleurs éléments par la milice de Kendra Kâr. Il faudra donc je trouve un moyen de m’échapper d’ici. Sachant que si l’on me retrouve, je risquerai de subir une sévère punition de la part de mes supérieurs.

Je sors du lit et m’habille en toute hâte, mes effets personnels ayant été déposés sur un tabouret au pied du lit. Je me mords la lèvre. Est-ce que je ne suis pas en train de faire une énorme connerie ? Je me ravise. Il est de toute façon trop tard pour les remords. J’ouvre lentement la porte pour ne pas la faire grincer et dès que l’embrasure me permet de passer, je me faufile discrètement dans la cour.

De nombreux éclats de voix proviennent régulièrement du réfectoire situé de l’autre côté du bâtiment. Il doit être l’heure du dîner et tous les miliciens doivent être réunis dans cette grande pièce commune. Tant mieux, cela ne rendra ma fuite du bâtiment que plus aisée. J’aperçois l’entrée du bâtiment un peu plus loin sur ma gauche. Deux silhouettes font les cent pas devant l’entrée. Impossible de sortir par là. J’aurai du mal à justifier un tour en ville à cette heure tardive, d’autant plus que je sors normalement peu de la caserne. Sans compter les évènements de ce midi. Il va donc falloir trouver une autre solution.

Le bâtiment dans lequel nous vivons ne présente pas d’autre issue évidente. Il y a bien une petite porte située dans les cuisines mais avec l’ensemble de la garnison en train de manger, cette solution n’est même pas envisageable. Je lève les yeux au ciel. Si près du but et déjà en échec ! Soudain, une idée me vient. Les toits ! Mais bien sûr ! Le dortoir doit être désert à l’heure qu’il est et je sais comment glisser sur les toitures à partir de la fenêtre qui s’y trouve. Je tourne sur ma droite, longeant le mur, en direction des escaliers et passe devant une petite porte légèrement entrouverte d’où s’élève le bruit d’une discussion. Il s’agit des quartiers du capitaine. Quelques bribes de la conversation arrivent à mes oreilles.

« Bâtard… Temple… Gaïa… Vaurien… Débarrasser… »

L’inconnu avait raison ! L’idée de passer d’une prison à une autre me réjouit assez peu. Même si la nouvelle que l’on me promet est dorée. J’ai enfin l’opportunité de partir de cet endroit, je ne compte pas la laisser s’échapper aussi facilement. Arrivé à l’escalier, je grimpe les marches quatre à quatre et arrive au niveau des coursives qui entourent la cour. Je me rapproche de notre lieu de repos à pas de loup, sur la pointe des pieds pour ne pas faire grincer le vieux plancher en bois. Quelques grincements se font parfois entendre mais ils sont masqués par les fortes clameurs provenant de la cantine. Arrivé au dortoir, je referme la porte derrière et m’appuie contre elle, profitant de cet instant de calme pour respirer un grand coup.

La fenêtre est légèrement entrouverte. Je me penche par l’embrasure et regarde quelques badauds plus ou moins éméchés qui déambulent dans la rue. Au loin, deux miliciens facilement identifiables à leur tenue patrouillent dans une rue plus large. Merde ! J’ai oublié que la ville était aussi parcourue de nuit par la milice avec les temps qui courent. Et je suis plus que facilement identifiable étant moi-même milicien et bouc émissaire favori de mes camarades. Il faut que je trouve le moyen de me travestir et d’ainsi éviter d’être reconnu. Je me retourne et mon regard balaye la pièce. Il s’arrête sur un bout de tissu élimé et informe, suspendu sur une patère. Une cape ! Je la saisis et la revêts. Elle est un peu grande mais dispose d’une large capuche. Elle fera l’affaire pour ce soir.

Je grimpe sur le rebord de la fenêtre et entreprend mon ascension. Si grimper sur ce toit est devenu un jeu d’enfant pour moi, en descendre sera une autre paire de manches.


Sous les lumières de la nuit >>>

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 Sujet du message: Re: Milice Kendrâne de Bouhen
MessagePosté: Lun 19 Mar 2018 04:31 
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Partie précédente

Un bruit lointain semblable à un hurlement me réveillai. J’étais allongé sur un sol froid et humide dans une pièce très sombre.

(Ou suis-je ?)

Je me levais lentement, prenant le temps de trouver mon équilibre. J’avais le dos endolori et chaque mouvement me faisait lâcher un gémissement. Petit à petit, mes yeux s’habituaient à l’obscurité et je découvris plus en détail la pièce dans laquelle je me trouvais.
En haut d’un des murs, une ouverture donnant sur l’extérieur, protégée par des barreaux, représentait la seule source de lumière de la cellule. Continuant mon analyse de la pièce, j’en concluais que la seule sortie possible était donc cette porte de bois qui semblait fermée, devant laquelle était disposé une assiette d’un ragout peu appétissant.

(Je dois être en prison. Ils n’ont vraiment pas apprécié ce que je leur ai faits)

Je décidais de m’asseoir dans un coin de la pièce attendant qu’on vienne me chercher. La pièce était froide et humide rendant inconfortable toutes les positions possibles. Un silence pesant régnait dans la cellule et la seule fenêtre présente ne me permettait pas d’observer le ciel, m’empêchant de savoir précisément quelle heure il était. Mon attente me semblait infinie. Je regardais le mur en face de moi, résigné. Parfois, des hurlements déchiraient le silence pesant, hérissant les poils de tout mon corps.

Un bruit de claquement de porte me réveilla en sursaut. Combien de temps avais-je dormis, je n’en avais aucune idée. Le ragout avait disparu mais l’assiette était toujours bien présente, surement l’œuvre de quelques rats. Il me semblait que la nuit était tombée. La lumière des torches illuminait encore ma cellule, projetant des ombres sur les murs aux formes évocatrices. J’imaginais sans mal certaines créatures effrayantes se dessiner.
Quelqu’un sifflait dans le couloir, du moins il me semblait. Ce son aigu et désagréable me remplissait le crâne. Ce bruit incessant devenant insupportable, je ne résistai plus et me précipitai vers la porte en la frappant de toutes mes forces.

"Vous pouvez pas arrêter de siffler !" M’exclamai-je.
Malgré cela, j’entendais toujours ce sifflement qui me rendait fou.
Après un certain temps, je décidais résigné à m’assoir dans un coin reculé de ma cellule, me bouchant les oreilles avec mes bras.

Il était là, en face de moi. Il me regardait en souriant. Je pouvais voir le trou béant qu’il avait dans la joue, laissant visible une partie de ses dents. Il s’approchait de moi, laissant trainer derrière lui la boule de fer accrochée à une longue chaîne. Effrayé, je levais mes bras devant moi cherchant désespérément à me protéger.

"Ne m’approchez pas !"

"Je sais que tu viens. Renonce. Tu vas tout perdre."

Sans avertissement, le pirate s’écroula à quatre pattes et fut pris d’une toux sèche. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Du sang se mit à couler de sa bouche et son visage se déforma. Une partie de son crâne s’était décomposé et je pouvais presque distinguer sa cervelle. Sa poitrine s’ouvrit répartissant sur le sol les différents organes qu’il avait dans le ventre il y a peu. Quelques secondes plus tard, il s’effondra sur le dos. Ma tête se mit à tourner. Une odeur de pourriture m’envahit. Je perdais peu à peu connaissance. Toutefois, malgré l’obscurité, je pouvais nettement le distinguer. Ce n’était plus le visage du pirate qui gisait à mes pieds. C’était le visage de Gayo Lodir, le capitaine de la Mouette. Mon capitaine.

Je me réveillais une nouvelle fois en sueur. Je ne sais pas combien de temps s’était écoulé. Quelques secondes, quelques minutes ? Une musique triste et monotone, semblable à une flûte, s’était ajoutée au sifflement qui persistait toujours. Il n’y avait plus d’éclairage dans ma cellule, la torche avait dû s’éteindre.
Sans savoir réellement pourquoi, je me mis à fredonner. Je me souvenais du visage ; son visage. Je l’avais vu mourir devant moi, se vidant de son sang.
Perdu dans mes pensées, c’est une pierre lancée dans ma cellule qui me fit sursauter. Je pestais envers la personne qui s’amusait à réveiller les prisonniers et me saisis de l’assiette vide, toujours devant la porte, afin de la lancer. Affaibli par le manque de nourriture et de sommeil, je trébuchais sur le sol. Je lâchai un cri de douleur lorsque je tombai sur mon poignet. Me relevant tant bien que mal, rien ne semblait cassé mais la douleur était encore bien présente. Baissant les yeux à la recherche de l’assiette, j’aperçus la pierre qu’on venait de me lancer. Un message, qu’une faible luminosité nocturne éclairait, y était accroché :

Hertann,
Les grandes exécutions ont lieu demain, nous te sortons de là dès que possible. Tiens-toi prêt.

L’équipage, le navire. Ce message eut l’effet d’une douche froide. J’attendais désespérément qu’on vienne me chercher afin de me relâcher, mais il n’en serait rien. Je revoyais nettement les affiches rouges, placardées dans toute la ville annonçant que toutes les personnes en prison à cette date se feraient exécutées.

Demain…

Ce mot que je n’avais même pas voulu prononcer semblait résonner dans cette petite pièce vide.
Il fallait que je me prépare, que je sois prêt si les autres venaient me libérer.
J’attendais ainsi plusieurs heures, mais personne ne vint. Mes sens s’affolèrent lorsque je distinguais par la petite ouverture les premiers rayons du soleil levant.
Les coups résonnèrent dans la cellule. Trois coups distincts frappés sur la porte, suivis par une phrase qui ne laissait aucun doute.

"Colle toi au mur les mains en évidence, on vient te chercher. S’exclama une voix grave."

Deux gardes pénétrèrent dans la pièce et me bandèrent les yeux. Les exécutions allaient commencer, et personne n’était venu me sauver.

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