<Premier RP, peu de temps après le meurtre de Mortil>
Les rues sont sombres et humide. C’est le soir, le soleil s’est couché depuis…j’ignore depuis combien de temps il fait noir. Les puits de lumière ne laissent qu’entrevoir quelques rayons de lune. Beaucoup des torches qui éclairent les rues normalement sont éteintes et celles qu’il reste ne sont pas assez puissantes pour éclairer les rues. C’est comme si d’un coup, toute ma vie aurait été dans le noir et que la lumière de la vérité m’avait aveuglée. Je suis de nouveau dans ce noir et pourtant, dans le passé, le noir me réconfortait et aujourd’hui, il me fait peur. Je marche depuis des heures sans savoir où mes pas me conduirons et je jette des regards furtifs dans les recoins les plus sombres, derrière les barils, partout où l’un d’entre eux pourrait se terrer, m’attendre. Je ne cours pas, courir attirerait l’attention sur moi…se sont eux qui me l’ont apprit. Il le savait, il l’a toujours su, il n’attendait que le bon moment pour me contacter, pour me parler. Il me voulait depuis longtemps. Il a fait de moi exactement ce qu’il voulait que je sois…en tant que sa fille…sa fille… Je rabats le capuchon de ma robe de cuir sur le dessus de ma tête. Le haut de mon visage est caché, on ne voit que le bout de mon nez, ma bouche et le bas de mon visage. Deux longues tresses sortent de ma capuche et retombe en douceur sur le devant de mon corps. Je me frotte les mains, je suis probablement stressée. Comment ne le serais-je pas? Après tout, j’ai tué quelqu’un, un être de ma race, de mon sang. J’ai tué mon géniteur, celui sans qui je ne serais pas la. Est-ce mal? Je suppose que oui. Je n’ai jamais pensé tuer Krog parce qu’il était mon père, c’était contre-nature et puis je n’aurais jamais eu la force de faire une telle chose. Mais lui…pourquoi cela a été si facile à exécuter. Pourquoi je n’ai pas eu besoin de me poser la question et que tout s’est fait tout seul? Je regarde devant moi, une ombre vient de traversé vers une autre rue. Ce n’est pas une forme que je connais, je ne risque rien. À chaque pas, j’ai l’impression d’être suivit. Peut-être n’ont-ils pas encore fait la macabre découverte. Peut-être qu’avec un peu de chance, ils ne s’en rendront compte que demain, ou dans deux jours, et à ce moment-là je ne serai plus en ville. Je serai parti loin. Ils ne doivent pas me retrouver, c’est la seule et unique motivation qui fait avancer mes pieds depuis des heures. Je n’arrête pas de me répéter que s’ils me trouvent, ils me tueront et n’auront pas à se poser de questions. Ils le feront sans en éprouver le moindre remord. Je n’ai jamais entendu parler qu’ils tuaient des gens, mais leur chef est mort, ils vont bien faire une exception. Et puis, je ne suis qu’une naine, et pas très robuste. Je ne suis pas très forte contre les nains. Ils le savent. Mortil qui disait que j’étais sa meilleure…il me flattait, rien de plus. Maintenant que j’y pense, je n’ai rien de plus que tous ces nains de la guilde. Une pensé m’aide à ne pas devenir folle :
(Ils n’ont aucune preuve que c’est moi. Mortil avait une surprise pour moi, il ne l’avait pas dis aux autres que nous devions nous rencontrer en privé. Nous étions loin, près des arbres. Ils n’ont aucune preuve…aucune preuve…aucune…)
Je revois toute la scène dans ma tête. Il était devant moi, souriant et je le regardais avec excitation. Je voulais savoir quelle était cette surprise mystère. Il me complimentait, me disait que j’étais sa meilleure voleuse. Je souriais, comme une enfant, je ne l’écoutais que d’une oreille. Je lui ai fait mon petit sourire charmeur. Il a rit et m’a prit par l’épaule. Je le regardais dans les yeux. Je revois sa bouche bougé, mais je n’entends plus ses paroles. Je le revois parler, je ne l’entends pas, mais ce qu’il me dit me blesse au plus profond de mon âme. L’expression de mon visage se crispe. Je sens une colère inimaginable m’envahir. Instinctivement, je prends le poignard de papa…de Krog…mon père…mon vrai. Il n’a pas le temps de le voir venir, le poignard fait son chemin jusqu’au cœur de ma victime…Chaque instant de ce moment, chacune des paroles qui se sont dites au cours de ces quelques minutes me reviennent en mémoire comme de l’eau glacé me coulant de long de la colonne vertébral et me faisant grelotter.
(J’ai tué un nain. Je suis une voleuse, pas une meurtrière. Je n’ai jamais fais mal à un animal et aujourd’hui j’ai enlevé la vie à un être vivant.)
Je tremble de tout mon corps, de tout mon être. J’ai l’impression que mon cerveau tremble, que mes os tremblent, que mon cœur va exploser et que mes yeux vont éclater dans leur orbites. J’ai froid et j’ai chaud. Je sens des sueurs froides me couler dans le dos. Ma respiration se fait de plus en plus rapidement. Mon corps réagit fortement à ce qui vient de se passer. Il ne pensait jamais vivre un traumatisme aussi grand. Je ne pensais jamais que je commettrais un acte aussi…barbare. Je me sens faible, presque desséché. J’ai soif, je passe ma langue sur mes lèvres pour les humecter, elles sont si sèches. Je me frotte les mains de nouveau. Non mais! Vais-je arrêté ces gestes qui trahissent mon lourd secret? C’est trop d’émotions. La première fois que l’on tue…
(Et si…si la prochaine fois c’était moins pire?)
Je me surprends à penser au prochain meurtre que je commettrai, au prochain corps dans lequel ma lame va se glisser. Je secoue la tête, croyant que cela va m’aider à chasser ces idées monstrueuse de mon crâne. Je le revois…s’agrippant à mes mains tenant le poignard enfoncé dans son corps. Je revois son regard s’éteindre.
(Brunhilda, il le méritait…NON…c’était un nain, il n’a rien fait pour……SI….il a brisé ma vie….)
Soudain, je redeviens plus calme…il a brisé ma vie…il a brisé ma vie…je revois la scène dans ma tête, je revois son visage sans poil, son crane chauve, son petit corps…mon père…lui et ma mère? Ma mère…mon père…Krog? Ma mère est morte en me donnant naissance…par sa faute…par ma faute…je n’aurais jamais du naitre. Je ne suis pas la fille de Krog, je n’aurais pas dû faire partie de cette famille. Je le sentais depuis toujours que j’étais différente. Je pensais que ce n’était que dans ma tête. Mon frère est mes sœurs…Que penseraient de moi s’ils apprenaient cela…et Krog. Vais-je retourner à la maison ou est-ce que je risquerais de les mettre en danger après ce que je viens de faire…Ma vie…brisé à jamais…La rage me monte au ventre puis éclate dans ma tête. Tout devient noir dans mon esprit, je n’arrive plus à réfléchir normalement. Je tremble violement puis je sens que mon corps ne le supporte plus. Je n’arrive plus à respirer normalement puis je dois arrêter de marcher. Je me penche vers l’avant, les mains sur les genoux. Je vais être malade, je le sens.
(Par Meno…Krog n’est pas mon père…je suis la fille de ce….de ce…faux-nain!)
Je suis malade. Je n’ai pas mangé depuis des heures, mais je suis malade. Lors de ma première rencontre avec Mortil, j’avais été dégouté de voir qu’il n’avait rien d’un nain, de voir qu’il reniait qui il était, sa vrai nature. Je n’arrive pas à croire que cet être soit mon père. Comment ma mère a-elle pu se retrouver avec lui…et…je n’ose pas imaginer. Je suis de nouveau malade. Peut-être qu’elle ne voulait pas…Peut-être que Mortil a…Je respire de plus en plus rapidement. Je ne supporte pas le scénario de ma conception qui se dessine dans mon esprit. Je ne veux pas être le résultat d’une telle horreur. Je suis malade. Mon nez se met à couler. Je ne m’étais pas aperçu que je pleure. Je pleure de rage. Tout ce que j’étais n’est plus. Je relève la tête et essuies mes joues humide. Je touche le tatouage sous mon œil. Je ne le sens pas, mais je sais qu’il est présent. Je me souviens du jour où je l’ai eu. J’étais si fière, si heureuse. J’ai l’impression à l’instant même que je ne serai plus jamais heureuse. Je me colle dos au mur et me laisse glisser au sol. Je reste ainsi pendant quelques minutes. Je scrute les ténèbres, rien, personne. Au moment où je me relève, je vacille, tout tourne autour de moi. Je suis malade de nouveau. J’espère simplement que personne ne me voit…il n’y a personne. Du moins, je ne vois personne. Et puis, comment pourrais-je voir s’il y a des gens, je suis trop occupé à vomir!
Je respire un grand coup et me redresse avec peine. J’ai l’impression d’avoir expulsé tout le mal que j’ai fait et tout ce qui me rongeait de l’intérieur. Je me sens bien tout d’un coup. J’enjambe l’étang de flux corporel qui recouvre les dalles du sol, et poursuit mon chemin. Je marche doucement cette fois, d’un pas rassuré et sans crainte. Je ne pense plus à rien, mon esprit est complètement vide. Je tourne un coin et m’arrête subitement. Des nains éboueurs finissent de ramasser ce qui devait être des restes de rat géant. Je suis chanceuse de passer à ce moment précis; plus tôt, je j’aurais rencontré celui qui a fait ce carnage. Mon esprit se remet en marche rapidement. Je ne peux pas rester ainsi à me promener, ils finiront par me trouver, ce n’est qu’une question de temps. Je passe près des nains. L’un d’eux me siffle. Je sens mes joues rougir et je me retourne vers celui qui a sifflé et l’observe d’un regard perçant.
« Mais que fais une petite naine seule si tard? Tu es perdu beauté? Je peux te raccompagner… »
Son compagnon nain se met à rire d’un rire gras et ils s’arrêtent au même moment. Je souris en coin, riant de leur imbécillité. S’ils croient m’impressionner ou pire encore, me faire peur, ils se trompent. Je suis peut-être petite, mais je sais me défendre. Je les regarde, sans dire le moindre mot, dirigeant gracieusement ma main gauche vers ma boucle de ceinture où est retenu le poignard en fer. Ils suivent mon geste, s’imaginant dans leur petite cervelle de nain pervers toute sorte de choses. Lorsqu’ils se rendent compte de ce qui se trouve à ma ceinture, ils ont un mouvement de recul. Le nain n’ayant pas encore prit la parole me regarde, les yeux grands ouverts.
« Hey ho! Pas de geste brusque! »
Je tire sur le manche du poignard pour qu’il se retrouve libre dans ma main. Je fixe les nains deux droit dans les yeux et lève le bras pour avoir le poignard devant mon visage. Les nains n’osent pas bouger. Ils ne devaient pas s’attendre à cela et je dois avouer que j’éprouve un malin plaisir à voir leur visage incrédule. La lame de mon poignard reflète la lumière de la torche la plus proche, créant des ombres terrifiantes sur les murs de pierres. J’approche le poignard de ma bouche et lèche la lame en fixant les nains éboueurs d’un regard dément. L’effet désiré se produit. Ils sont peur et reculent rapidement jusqu’à tourner les talons et courir le plus vite possible que leur petite jambes robustes peuvent leur permettre. La scène est si drôle que je ne peux retenir un grand rire. Je ris si fort que j’en ai mal au ventre. Je remets le poignard à ma ceinture et tourne les talons pour continuer mon chemin. Je souris. Je n’arrive pas à croire ce qui vient de se produire et cette scène à complètement effacé le meurtre de Mortil de ma mémoire. Enfin, elle a apaisé son souvenir.
(Je dois quitter cette ville. Les nains auront tôt fait de raconté leur rencontre avec une naine épeurant et les voleurs se rendront compte qu’il s’agit de moi. Je ne dois pas resté ici une journée de plus!)
J’accélère le pas, déterminé à partir. Je n’ai jamais quitté ma petite ville, ce sera tout un dépaysement que de partir, mais l’aventure m’attend et cela m’excite. J’ai hâte de partir, de refaire ma vie ailleurs, bien plus loin, loin des gens qui veulent ma mort. Je serai une voleuse hors paire. J’avance d’un pas déterminé vers ma nouvelle destination : Dàrham.
<Route entre Mertar et Dàrham>
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