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 Sujet du message: La Ville-Haute : le quartier riche
MessagePosté: Mar 28 Oct 2008 14:41 
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La Ville-Haute: le quartier riche


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Située au sommet de la voûte de la Grande Place, la Ville-Haute, le plus haut niveau de la cité, est le quartier royal et administratif de la ville. C’est ici que les Rois Nains siègent et que les grandes institutions établissent leurs état généraux.

A plus d’une centaine de mètres du niveau principal de la cité, la Ville-Haute est atteignable de plusieurs façons. Autrefois, un long escalier escarpé creusé dans la roche montait le long de la grande place. Il existe toujours, mais est peu utilisé en raison de son peu de praticité. La plupart des gens d’aujourd’hui montent grâce à de grands monte-charges solidement ancrés à plusieurs plateformes sculptées qui assurent le trafic entre la Ville-Haute et la grande place.

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 Sujet du message: Re: La Ville-Haute : le quartier riche
MessagePosté: Sam 2 Aoû 2014 20:50 
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Traverser une Grande Place remplie de sergents d'Oaxaca aurait été une plaisanterie à côté de l'ascension que Goont se voyait infligée. Car si Lür et Karl étaient des hommes assez vaillants et forts pour monter de telles marches, Hivann, même avec ses fluides, était suffisamment vieux et comptait bien assez sur la magie pour régler ses problèmes. Jurant comme un enfant, c'est avec les cuisses brûlantes qu'il arriva finalement tout en haut. Juste à côté des monte-charges.

"Oh Karl, vous n'avez pas osé..."

Un sourire malicieux se dessina dans la barbe du vieux mercenaire, qui se contenta simplement de continuer à marcher.

"Voyez cela comme un début d'entraînement !"

D'une certaine manière, l'ascension valait le coup d’œil. Ici, les habitations n'avaient rien à voir avec l'architecture de la Mertar basse. Pour tout dire, Hivann se sentait quelque peu jaloux. Alors qu'on lui avait promis une véritable habitation dans cette ville, il avait au moins espéré un logement d'une qualité aussi supérieure. Au final, il n'avait eu qu'une maison ridiculement petite pour quatre personnes. Tout du moins, pour un noble ynorien, c'était ridiculement petit.
Ici, les bâtiments étaient construits principalement sur la hauteur. Il semblait même que le nombre d'étages minimum pour chacune de ces habitations était d'au moins cinq étages. Mêmes les torches qui illuminaient l'étage précédent étaient troquées ici contre des lampadaires dans la flamme éclairait au moins trois fois plus la large rue qu'ils s'apprêtaient à emprunter. Les façades, même, des bâtiments, comportaient des décorations typiques de la culture thorkine : des pierres taillées de manière géométrique représentant de grands visages de nains, des scènes d'ouvrages... Rien à voir avec l'esthétisme ynorien, mais c'était une culture qui avait aussi ses propres artistes. Mais compte tenu de l'immensité de cet endroit, Hivann se demandait réellement s'ils allaient réussir à trouver leur homme aussi facilement.

"Bon sang, le simple fait qu'Aknaer ait appelé cet endroit "quartier administratif" me donne la nausée. Déjà en Ynorie, j'avais beau jouir de mon statut de maître magicien, cela ne m'aidait passer outre l'ennui monumental de ce domaine."

"Amaury s'occupe du commerce, non ? Nous sommes le matin et rien qu'à voir la boutique d'Aknaer et la Grande Place, il n'y a pas beaucoup d'activité. Et même s'il devait y avoir quelqu'un de présent, le Fusil de Mertar saurait attirer son attention."

Finalement, la marche ne fut pas très longue avant que le trio n'atteigne le bâtiment chargé des relations commerciales. D'ailleurs, il était assez difficile à rater. En haut de l'entrée, une gravure représentant un échange était taillée : un nain encaissant de grandes pièces d'or et donnait un parchemin en échange. La taille des pièces, presque aussi grandes que le parchemin, fit profondément rire le vieux Goont.

"Ah ah ! Au moins on peut dire qu'ils ne perdent pas le nord."

Sur ce commentaire, ils passèrent tous trois la grande porte. Sa masse imposante grinça lourdement mais elle ne fut étonnamment pas difficile à pousser. Quand ils la dépassèrent, Hivann remarqua alors qu'un mécanisme tout en haut de celle-ci semblait la rendre moins difficile à porter. C'est ce même mécanisme qui la referma d'ailleurs juste derrière eux.
Une demi douzaine de grands bureaux de pierre se dressaient alors devant eux, mais uniquement deux étaient occupés. Karl n'attendit pas pour poser la question à la place de son ami.

"Nous recherchons Maître Amaury."

Sans même lever sa tête des carnets et vieux grimoires étalés sur sa table, le thorkin le plus proche répondit.

"Il ne travaille pas aujourd'hui. Revenez d'ici une semaine pour prendre rendez-vous. Si vous n'êtes pas commerçants à Mertar -ce que je suppose puisque vous êtes humains- , je peux vous organiser une rencontre mais cela prendra au moins un mois et demi compte tenu des transactions actuelles."

"Ne vous fatiguez pas, nous ne venons pas pour le commerce mais pour un échange personnel."

"Il habite à l'étage mais..."

Avant qu'il ne puisse répondre, une autre grande porte s'ouvrit au fond de la salle, derrière les bureaux. Un nain étonnamment plus grand que les autres arriva dans une belle robe rouge ouvragée. Sa barbe noire arrivait jusqu'à sa ceinture qui était d'un cuir remarquable, taillé avec des influences ynoriennes dont Hivann ne pouvait simplement pas passer à côté. Ses grandes mains portaient des bagues à chaque doigt, ce qui témoignait d'une part d'une richesse insolente, mais aussi d'un orgueil à tout épreuve. Il prit alors la parole pour son collègue, qui avait davantage l'air d'un disciple à l'instant.

"Je vous ai vu arriver Ser Hivann Goont, pardonnez mon retard. Suivez-moi je vous prie."

L'autre nain se plongea à nouveau dans son travail et les trois humains traversèrent les bureaux pour rejoindre Amaury. L'architecture de ce côté du bâtiment était toute aussi respectable que celle de l'accueil, mais ils ne s'attardèrent pas très longtemps. Ils prirent les escaliers, au grand dam d'Hivann, qui expira lourdement jusqu'au deuxième étage où ils entrèrent dans les appartements de thorkin. Ce n'est qu'à ce moment qu'il se permit de poser la première questions qu'il s'était posée en le rencontrant.

"Comment me connaissez-vous ?"

"N'oubliez pas qu'Umordîl connaît votre fille Sujima. Et vous êtes le seul ynorien dans les parages. Il n'était pas bien difficile de vous reconnaître."

"Alors j'imagine que vous savez pourquoi je suis ici."

Amaury s'en alla un instant dans une autre salle, laissant les trois compères dans le séjour. Il revint avec un plateau supportant une grande théière d'ouvrage clairement ynorien avec quatre petites tasses thorkines. Tout en servant le thé, il répondit à Goont.

"J'ai bien des idées, oui. Le Fusil, cela me paraît clair. Mais j'ai envie de croire que vous êtes là aussi pour une raison plus éthique, puisque je ne vois pas mon ami avec vous."

Quand le thé fut servi, il tendit les tasses première à Hivann, puis à Karl et enfin à Lür. Un très doux parfum aux baies de Kimflier s'en dégageait, ce qui lui rappela tendrement le talent de sa fille Tôhko pour créer des tabacs avec de telles saveurs. Amaury se servit en dernier avant de continuer sa phrase.

"Vous venez m'annoncer la mort d'Umordîl, n'est-ce pas ? Il est mort face à l'Exilé ?"

Hivann ne pouvait pas le cacher. Même Sujima l'avait compris : Umordîl était mort. Mais il n'y avait que lui et Rawf qui savaient de quelle manière. Ce n'était pas l'Exilé mais bien Hivann Goont qui l'avait tué. Le pauvre était manipulé et ne lui avait pas laissé le choix, mais qui pouvait le comprendre sans avoir vécu ce véritable cauchemar ?

"Oui, l'Exilé l'a tué. Je suis désolé, j'ai fait mon possible pour le sauver mais il était trop tard."

"Je n'en doute pas Ser Goont."

Le grand nain marqua une grande pause où il posa sa tasse. Il s'appuya même sur son bureau, tant la nouvelle venait de le choquer. Cela eut tout de même pour effet de surprendre Hivann, puisque la façon dont il avait posé la question de la mort d'Umordîl semblait désintéressée. Mais maintenant qu'il savait, chaque personne présente dans la salle pouvait en témoigner : Amaury réagissait comme un homme qui venait de perdre son frère.

"C'était une personne très proche, pardonnez mon impudeur."

"Je vous en prie, Maître Amaury. Nous ne sommes pas Ynorie, vous avez le droit de réagir à la mort d'un être cher."

Un long silence arriva. Et compte tenu de la responsabilité d'Hivann dans cette histoire, tous les paramètres étaient présents pour le mettre mal à l'aise. Alors après une longue minute d'attente, il se permit d'engager de nouveau la conversation.

"Je vois que vous avez beaucoup d'objets d'Ynorie."

"Oui, je me doutais que vous le remarqueriez. J'aime les jolies choses, comme vous il me semble."

"J'ai entendu dire que vous étiez un collectionneur. C'est ce qui vous a poussé à chercher le Fusil ?"

Les épaules d'Amaury cessèrent de trembler pour un instant, mais Hivann devina que sa démonstration de peine reprendrait dès leur départ. Il avait continué à parler d'une vois tremblante et même en se détachant du bureau où il s'était posé, il tituba un instant. D'un signe de la main, il invita le mage et ses mercenaires à le suivre. Ils traversèrent alors le séjour, puis le bureau (comportant toujours un mobilier remarquable) et enfin, ils se retrouvèrent dans une salle digne d'un véritable musée.
Une lumière manifestement magique (puisque la flamme était bleue) éclairait la salle entière sur un lustre d'une taille magistrale, bien plus grande que celui que possédait Hivann à l'époque où il vivait à Oranan. Et tout autour, des vitrines exposaient différentes pièces d'armes. En avançant un peu, le mage pouvait voir quelques descriptions sous certains objets exposés derrière leurs vitres. Sous un fer de lance brisé, on pouvait lire "Fer de lance retrouvé dans la côte de l'Ours Azur qui décima les gardiens de la caravane du grand Dorian Pied-d'or. Ce dernier fut le seul survivant et mena son combat contre le grizzly pendant trois jours de la forêt kendrane jusqu'aux Duchés."
Quand ils arrivèrent en face d'un fourreau ynorien, Amaury prit la parole.

"Voici le fourreau qui accueillit la Masamune de l'imperturbable. J'ai eu l'honneur de la posséder, mais elle m'a été dérobée par, semble-t-il, un capitaine de votre nation. Un certain "Shou Igami". Je ne sais pas ce que cette lame est devenue aujourd'hui. C'est vraiment triste, elle était l'une des pièces maîtresses de ma collection."

Plusieurs objets, pour la plupart bien détériorés, étaient exposés en narrant des histoires toutes plus incroyables les unes que les autres. Mais Hivann s'arrêta quand il reconnut une pièce ynorienne similaire à ce qu'il avait imaginé pour le fusil. Il avait le percuteur (et seul Zewen pouvait savoir ce que cela signifiait). Et devant lui se trouvait la crosse de la relique. Et contrairement à tous les objets autour de lui, il n'y avait aucune trace d'oxydation ou de cassures. Elle semblait presque neuve, alors qu'elle devait avoir plus d'un millier d'années d'existence. Cette seule vision le conforta dans l'idée selon laquelle il se rapprochait de ses pouvoirs d'antan.

"Alors vous êtes bien en possession d'une pièce du Fusil de Mertar..."

"Une parmi les les cinq. Je ne saurais dire pourquoi, mais Umordîl était persuadé que toutes les pièces se trouvaient dans les sous-sols de notre ville. Alors que la légende en disait finalement bien plus."

"Il n'avait pas tout à fait tort."

Hivann montra alors le fameux percuteur qu'il avait récupéré sur le corps de l'Exilé. Il avait pensé un instant à le garder, pour avoir la garantie de ne pas être volé, mais Amaury était probablement celui avait le plus de connaissances pour pouvoir le reconstruire lorsque les pièces seraient rassemblée. En voyant la pièce, il sembla prêt à vaciller.

"Bon sang... Alors il avait raison..."

"Le Fusil a trouvé ses origines ici après tout. Mais c'est tout ce que j'ai pu trouver."

"Le percuteur était la pièce pour laquelle j'avais émis le plus de doutes. Les autres pièces, j'ai bien quelques pistes pour les trouver, mais vous avez dû braver des dangers incommensurables pour trouver une telle relique..."

"Vous n'imaginez pas... L'Exilé n'était pas un homme sage comme Umordîl m'en avait fait la description. Il était fou, tout bonnement."

Hivann avait toutefois trouvé des objets intéressants. Les quelques billes qui lui servaient de métaux élémentaires seraient forcément utiles pour utiliser le fusil, et la quantité astronomique de potions aurait pu lui rapporter beaucoup si cet imbécile d'Aknaer avait mieux fait son travail. Et surtout, il y avait la main de l'Exilé. Cette main de redoutard qui n'avait pas cessé de vivre, dont l’œil continuait désespérément de bouger. Dès qu'il en aurait le temps, il l'étudierait. Mais pour l'instant, le Fusil passait avant tout.

"Vous dites avoir des pistes pour les autres pièces ?"

"Oui... Mais je me doute que si vous posez la question, c'est pour aller les chercher. Et si vous voulez les chercher, vous ne comptez pas simplement me les remettre pour que je compte le Fusil de Mertar dans ma collection..."

Hivann n'osa tout d'abord pas répondre. Tout comme ses compères d'ailleurs. Il avait plusieurs options : mentir pour amener ce nain à construire la relique pour la dérober plus tard, ou alors dire la vérité et espérer, seulement espérer qu'il soit d'accord. Dans le cas contraire, il devrait lui dérober le Fusil plus tard aussi. Au final, seule la vérité pouvait laisser un potentiel moyen de récupérer l'arme sans avoir à organiser un crime par la suite.

"Je me dois d'être franc avec vous : j'ai risqué ma vie pour cette relique. Je ne compte pas en rassembler les pièces simplement pour que le Fusil reste à jamais dans votre musée."

Amaury n'hésita étonnamment pas. Et en fait, il sourit à la répartie du vieil ynorien.

"Une réponse que j'attendais fortement. Cette relique aurait davantage de valeur entre les mains d'un homme capable de la manier et de lui forger une histoire. Pour l'instant, elle n'est considérée que comme une abomination de la part des nains, car son créateur s'est inspiré de la technologie des elfes gris. Mais si vous lui donner une histoire, et bien lorsque vous aurez récupéré vos pouvoirs, je serais fier de pouvoir la compter dans ma collection. Car vous n'en n'aurez plus besoin. N'est-ce pas ?"

Ici, Goont ne trouva aucun autre recours que celui du mensonge. Il savait déjà que s'il possédait le Fusil de Mertar, même avec ses pouvoirs récupérés, jamais il ne le cèderait. Mais s'il lui disait qu'il ne le donnerait pas, jamais il ne pourrait le reconstruire. Après tout, Amaury avait perdu son propre ami pour ce fusil. Chose qui remettait d'ailleurs cette amitié en question, probablement, par tant de matérialisme. Mais tout de même, Hivann n'imaginait pas que sa sincérité puisse l'aider cette fois-ci.

"Oui, bien sûr. Je n'en aurai besoin qu'un instant, puis je vous le cèderai."

Un rire gras résonna dans le petit musée, alors que le maître Amaury ingurgitait son thé à la manière d'un véritable nain. Hivann se rappela alors qu'il ne l'avait jamais bu, et à son tour le goûta après l'avoir respiré doucement. Il était devenu seulement tiède et le thé était bien trop peu infusé. Ce goût fade anéantit alors l'estime qu'il avait eue pour le représentant du commerce, à voir son intérêt pour l'Ynorie et sa sensibilité quant à la perte de son ami. Dans une moue à peine dissimulée, il avala le liquide alors que ses compagnons faisaient de même, sans vraiment réaliser le désintérêt total que devait suggérer un tel manque de goût.
Puis Amaury reprit la parole après avoir manqué de s'étouffer par tant de bonheur.

"Vous savez comment me faire plaisir mon ami ! Et bien alors je n'ai plus qu'à vous indiquer où il est possible de trouver les trois autres pièces !"

D'un pas joyeux, totalement contradictoire avec la nouvelle de la mort d'Umordîl, Amaury emboîta celui d'Hivann pour aller jusqu'à son bureau. Une très belle carte de Yuimen était déjà accrochée contre le mur de pierre devant lequel était érigée la grande table de pierre. La facture exceptionnelle de cette carte était toutefois gâchée par des marques grossières à différents endroits. Le maître nain indiqua alors, de son gros index, une zone manifestement surélevée par rapport à la ville de Mertar, sur les Duchés des montagnes.

"Il y a une pièce dont on est presque sûr qu'elle se trouve là. Le Sanctuaire perché. Je n'y suis jamais allé, et pour tout dire, je ne suis pas sûr de croire en ce que l'on en dit. Il paraîtrait que les tombes de trois elfes y reposent. "Une Elfe Blanche du nom de Lïnoä Erihana Maërnilh, feu Compagne de Salmon El, le rôdeur qui parcoure le monde, et Sœur de Lornis, qui repose à ses côtés." C'est ce qu'on en dit en tout cas. Apparemment, Salmon El est mort depuis peu et repose là-bas. Certains disent que "comme il a parcouru le monde et qu'il fut un elfe millénaire, il trouva le canon du Fusil de Mertar et décida de le garder jusque dans sa tombe, pour que jamais l'on ne puisse refaire les erreurs qui ont coûté tant de vies." Une démonstration de sagesse j'imagine..."

"Pourquoi ne pas y être allé ? C'est pourtant tout proche d'ici." fit Lür en s'exprimant pour la toute première fois.

"Umordîl était un homme assez bon pour considérer qu'il ne fallait pas souiller cet endroit par notre présence... Car il est sacré vous savez. On dit qu'il ne faut pas que le sang coule là-bas. Et il s'est tenu à l'idée que les autres pièces étaient dans les sous-sols."

Amaury montra ensuite la ville de Shôry et prit une mine dépitée.

"Le barillet, il me paraît sûr qu'il est dans les environs de la ville de Shôry."

"Shôry ? C'est extrêmement loin ! Et pourquoi quelques sinaris voudraient-ils une telle relique ?"

"C'est... assez gênant. J'avais organisé une expédition vers le Mont Joyce où réside un vieux druide Hinïon : Elrandil Gil-Gandel. Des pistes m'ont indiqué que cet elfe pouvait être en possession d'une partie du Fusil..."

"Et alors ?"

"Et bien, j'avais raison. Il ne voulait pas nous le donner, ni même nous le vendre. Un foutu psychorigide ! Je vous le dis ! Alors on lui a pris. Il a bien essayé de nous arrêter avec la pierre mais on s'est enfui ! Et puis... Et puis dans la nuit, nous avons été attaqué par un clan de sektegs... Pas de morts, heureusement, mais nous avons perdu plusieurs de nos boucs, des provisions, quelques bijoux personnels et... le barillet..."

Un silence régna dans le bureau, et il sembla presque pour Hivann que son guide était plus mal à l'aise pour cette mésaventure que lui ne l'était pour ses mensonges. Sans le montrer, il baissa la tête et soupira d'exaspération, jusqu'à ce qu'Amaury ne montre un troisième et dernier endroit.
Et le lieu qu'il désignait avait tout pour faire trembler le mage.
Pas Omyre. Pas Caix Imoros. Pire.

"Et bien j'imagine que ce sera l'occasion pour vous de rentre visite aux membres de votre famille ?"

C'était Oranan.

"Bon sang, je ne vais jamais pouvoir y entrer sans me faire juger... Vous êtes certain que la dernière pièce est là ?"

"Certain, j'ai envoyé mes émissaires à beaucoup d'endroits et je sais de source sûre que la gâchette est là-bas. Elle passe de mains en mains il paraîtrait. D'abord dans une maison de joies, puis chez le forgeron local... Même dans une petite boutique apparemment plutôt dérisoire."

Puis Lür racla sa gorge pour signifier sa présence. Tout le monde se tourna vers lui.

"Moi, je dois pouvoir y faire quelque chose."

Karl avait décrit ce jeune homme comme capable de former Hivann à l'usage d'un arc et de la magie avec celui-ci. Mais il était vrai que jusqu'ici, Lür, avec sa capuche, son air discret, son agilité et sa capacité à tuer deux hommes en lançant simplement ses couteaux, devait être assez capable d'une certaine discrétion. Il n'était pas un assassin, ni même un voleur, mais un mercenaire pouvait bien être doué de nombreux talents...

"Et bien... Je pense qu'il va nous falloir chercher les autres pièces. Et si vraiment je ne trouve aucun moyen d'y entrer par moi-même, je m'en remettrai à vous."

"Alors tout est bon ! conclut joyeusement le vieil Amaury. Pourtant, il cessa de rire pour prendre un ton davantage sérieux. Toutefois, même si je ne doute pas de vos talents j'aimerais que vous me suiviez. Je voudrais m'assurer de votre valeur."

"Allons bon, maître Amaury ? Revenir en un seul morceau ici ne vous parait pas possible ?" répliqua le géomancien avec surprise.

"Je connais Umordîl, et je connais même votre jeune fille. Mais je ne vous connais finalement pas vous. Je voudrais être certain que vous saurez être digne de ce Fusil, et même, que vous saurez revenir pour me fournir les pièces. Après tout, je ne peux plus compter sur la parole de mon ami, n'est-ce pas ?"

Hivann hésita encore une instant, ne sachant quoi répondre. Il n'avait encore aucune idée de ce qu'on allait lui demander et il avait de plus en plus la sensation qu'Umordîl s'était fait ami avec un personnage quelque peu étrange... Avant qu'il ne puisse répondre, il se sentit presque tiré par le bras quand Amaury se dirigea à nouveau vers les escaliers.

"Venez donc, Hivann. Et seulement vous, Hivann."

_________________
Multi de Ziresh et Jôs.

Ser Hivann Goont, Archer-Mage niveau 10.


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 Sujet du message: Re: La Ville-Haute : le quartier riche
MessagePosté: Dim 3 Aoû 2014 21:19 
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Hivann n'eut qu'à peine le temps de se retourner pour voir les portes se fermer derrière lui. Les visages de Lür et Karl lui étaient apparus. Et ce qu'ils exprimaient n'avait rien de réconfortant : pas de démonstration de confiance ou de courage. Juste un air interrogatif. Et en montant encore les grandes marches de l'escalier, juste derrière maître Amaury, tout le souvenir de sa réaction quant à la mort d'Umordîl lui revint en mémoire. A mesure qu'ils gravissaient les marches, Hivann se demandait encore s'il s'agissait vraiment d'une erreur, et non s'il s'agissait plutôt d'un véritable interrogatoire qu'on allait lui faire passer. Après, il savait mentir. Il n'avait pas peur de soutenir le regard d'une personne en disant ces mots : "Umordîl est mort à cause de l'Exilé, ce n'est pas mon fait". Mais il avait le sentiment que les choses allaient être bien différentes. Et le ton d'Amaury était trop sombre, trop différent d'auparavant. Il se demanda même un instant si ce dernier n'était pas tout bonnement en train de perdre la tête.
Puis enfin, ils arrivèrent à l'étage supérieur. Et déjà, derrière les portes fermées, on pouvait entendre le son peu rassurant de métaux qui s'entrechoquaient. Quand elles s'ouvrirent, c'est une immense salle d'entraînement qui apparut, avec quatre guerriers nains qui se battaient sans retenir leurs coups. Une question innocente vint alors à Hivann.

"Le bureau des commerces n'appartient pas à la ville ?"

"Le bureau, ses sous-sols et les archives oui. Mais les étages supérieurs m'appartiennent."

Finalement, peut-être que la puissance Goont avait été grande autrefois, mais à cet instant, malgré son côté mégalomane, il se sentit infiniment plus humble que le nain qui se trouvait devant lui. Du moins, c'était ce qu'il se disait, mais soyons honnêtes : Hivann était jaloux de voir les possessions d'une personne travaillant dans le commerce quand lui avait accompli mille choses sans pour autant jouir d'une telle démesure.
La salle se voulait étonnamment sobre à côté des autres étages. Pas de décorations ici, mais beaucoup de râteliers d'armes toutes plus différentes les unes que les autres. Seules les dalles sur le sol comportaient encore les traces de l'architecture typiquement thorkine du bâtiment.

"Je vous présente les quatre membres de ma garde personnelle. Ils sont toujours présents dans ce bâtiment et voyez-vous, Umordîl était le cinquième parmi eux."

"Je vois... fit Hivann sans savoir quoi dire de plus. Vous devez être fier."

"Absolument."

Dans une démonstration d'autorité surprenante, le nain Amaury claqua des doigts et ses quatre suivants arrêtèrent immédiatement de se battre. Ils portaient tous de grands marteaux de guerre en acier, ainsi que des armures aussi lourdes et épaisses que celle que portait Umordîl. D'une facture, toutefois, moins impressionnante. Ils s'alignèrent devant le mage alors qu'Amaury les rejoignait doucement. Son ton devenait toujours plus sombre.

"Vous savez, Umordîl était un compagnon fidèle. Nous avons grandi ensemble et si je me suis orienté vers un domaine plus économique, il a toujours préféré l'aventure. Il était doté d'une force exceptionnelle. Je n'ai jamais connu de personnes plus fortes que lui."

"Je n'imagine pas la perte que vous avez subie."

"Et pourtant, vous êtes remonté. Vous êtes remonté seul."

"J'ai eu beaucoup de chance. Je le dois probablement à Zewen."

Hivann se félicita presque pour sa propre pensée qui était que le dieu Zewen le lui devait bien, compte tenu de tout ce qu'il avait enduré dernièrement. Mais à voir le ton acerbe d'Amaury, il sentait venir une confrontation inévitable. Même les quatre nains serraient fort leurs marteaux d'acier. Par sécurité, il commença à concentrer ses fluides en supposant qu'il allait devoir les utiliser. Sous la plante de ses pieds, même, il sentait légèrement trembler la terre qu'il s'apprêtait à manipuler.

"Non, Ser Hivann Goont. Je crois bien que vous le devez à la bague que vous portez à votre doigt."

Le mage se figea. C'était un détail complètement anodin qu'il avait oublié. Ses yeux glissèrent doucement de son interlocuteur jusqu'à sa main droite, encore ornée de la bague d'Umordîl. Cette bague de volonté qui était supposée lui permettre d'annuler tous les sorts psychiques de l'Exilé. Cette bague qu'il avait reprise à Rawf dans son sommeil. Le pire, quand il se rendit compte de son erreur, c'est qu'il se rappela qu'il avait failli l'oublier sur la griffe du grand lupin. Et désormais, il se retrouvait piégé par un simple bijou.
Tentant de garder tout son calme, il inspira longuement, sans pour autant abandonner les fluides qui tremblaient sous la plante de ses pieds.

"Umordîl me l'a donnée au moment d'expirer. Il disait qu'elle serait capable de me sauver."

"Je pense plutôt que vous avez pillé son cadavre."

Le ton d'Amaury n'était plus aussi sombre. Il se changeait davantage en tristesse. Ce qui était autrement plus effrayant, vu ce qu'un homme triste était capable de faire. Hivann pouvait en témoigner après tout. Il avait condamné des centaines de vies après la mort de sa femme, en éludant toute l'éthique dont il était censé faire preuve.

"Avez-vous une seule idée, Ser Hivann Goont ? dit-il la voix tremblante. Avez-vous une seule idée de ce que vous m'avez fait ?"

"J'ai pris cette bague parce qu'il me l'a donnée, c'est tout. Je ne l'ai pas volée."

"Je sais qu'elle était censée le protéger de certains sorts. De sorts psychiques, ce dont l'Exilé était capable. Et pourtant, il est tout de même mort et je vous vois à la surface, portant son bien. Avec cette bague, contre cet homme, il ne serait pas mort. Je sais qu'il s'est passé autre chose."

"Il me l'a donnée, maître Amaury."

Hivann comprenait cette peine, mais les choses évoluaient si rapidement qu'il avait l'impression de faire face plusieurs interlocuteurs aux personnalités changeantes. Il s'était montré tout d'abord enclin à l'aider, il lui avait même montré les endroits où chercher les autres pièces du Fusil de Mertar... Et maintenant, on doutait encore de lui. La vérité n'était pas très loin de ce qu'il disait : il avait récupérée la bague alors qu'Umordîl agonisait et était incapable de sortir de ces tréfonds. Mais il ne pouvait décemment pas lui dire qu'il l'avait tué au final. Il devait s'en tenir à cette version et le convaincre qu'il s'agissait de la vérité. Ou alors, peut-être n'était-ce qu'un grand talent d'acteur ? Peut-être essayait-il de trouver un moyen de le tester, de voir ce qu'il valait ? De donner une raison d'engager un combat contre ces quatre guerriers.
Mais à voir le regard du maître nain, cela n'allait pas se régler à l'amiable. Il était sombre, et si cela suffisait à armer une personne, Hivann aurait probablement été vaincu. Il sentit alors venir la confrontation, pour de bon. Ce qu'il avait prédit même dans les escaliers devenait réalité. Et il allait devoir utiliser sa magie pour de bon... Heureusement, sa concentration l'aidait déjà à anticiper ce qui allait arriver...
Et effectivement, cela arriva.

"Menteur." Conclut simplement le maître Amaury.

Et immédiatement, les quatre grosses masses guerrières s'en venaient pour en découdre avec l'ynorien. Mais ses fluides, déjà implantés dans le sol, se dirigèrent exactement sur la trajectoire des combattants. Deux d'entre eux ne purent alors que franchir trois pas quand le sol s'ouvrit littéralement sous les pieds. Les fluides terrestres d'Hivann avaient agi comme des racines émergeant de la plante de ses pieds, pour aller tailler une ouverture dans la roche. Et puisqu'ils étaient dans un bâtiment, les choses allaient être plus faciles pour lui.
Le sol s'ouvrit donc et happa directement les jambes de deux des combattants nains. En faisant trembler un peu plus ses "racines", Hivann élargit les gouffres, et ils ne furent pas seulement engloutis : ils traversèrent littéralement l'étage pour aller s'écraser plus bas, dans un cri de panique. Le mage put même voir les visages complètement abasourdis de Lür et Porick qui attendaient encore dans le séjour.

"Attachez-les !"
fit-il dans l'urgence avant que les gouffres ne se referment.

Mais il restait encore deux nains à combattre. S'il avait déjà réduit le nombre d'opposants, il allait devoir le faire autrement ici, car ils arrivaient beaucoup trop rapidement. Ce ne fut que l'histoire d'une fraction de seconde quand un marteau de guerre lui arriva en plein visage et qu'il eut la rapidité nécessaire pour ériger un bouclier de pierre qui stoppa net son assaillant. Mais ses espoirs semblèrent presque s'anéantir quand il vit le second marteau s'abattre sur ce même mur de pierre, pour le réduire tout bonnement en morceaux. Cela ne laissa qu'un court instant au vieil homme pour entamer une course afin de marquer une distance entre lui et ses agresseurs.

"Amaury ! Vous devenez fou ! Arrêtez-les !"

"L'Exilé n'aurait pas pu le tuer ! C'est vous ! Vous êtes l'assassin !"

"Je ne l'ai pas tué !"

Un échange inutile. Hivann ne voyait pas même comment le convaincre de faire cesser ses gardiens de se battre. Mais encore une fois, il eut seulement de créer un mur de pierre pour se protéger quand les marteaux s'abattirent sur lui. Toutefois, il eut la prévenance de pas se contenter de cela. Dès que les armes démolirent la roche, il la manipula dans les airs pour en faire faire des armes. Le fait d'ingérer ces nouveaux fluides l'avaient bien aidé, car il fut beaucoup plus rapide cette fois-ci, et sans même utiliser son encensoir, les pierres flottant dans les airs se modelèrent et se transformèrent en véritables pics acérés. Le temps sembla se ralentir, alors que les marteaux s'apprêtaient encore à l'atteindre, ce qui lui aurait probablement brisé des os sans qu'il ne puisse rien faire. Mais les stalactites qu'il venait de former se projetèrent directement devant lui et explosèrent les protections aux avant-bras des deux guerriers nains.
Même s'il s'en sortait brillamment, ce combat risquait de mener à un dénouement problématique : S'il tuait ses opposants, incluant Amaury ou non, il risquait la place de sa famille dans cette ville. Personne ne passerait à côté d'un crime commis dans la Haute Mertar. Mais il ne pouvait pas non plus rester sur la défensive aussi longtemps, sinon il perdrait ses fluides et risquait tout autant la mort. Dans les deux cas, il avait en plus besoin de garder cette possibilité de travailler avec lui. De trouver un moyen de lui faire entendre raison, de se mettre enfin d'accord sur la quête du Fusil de Mertar, puisqu'il puisse partir et revenir seulement lorsqu'il aurait enfin réussi.

"Réfléchissez ! Vous voulez le Fusil non ?"

"Bien sûr que je veux le Fusil. Mais j'aurais dû mieux vous observer avant de vous donner tant de pistes ! Je ne vais pas être le partenaire de l'assassin de mon ami !"

"Il me l'a donnée parce qu'il ne voulait pas que je meure !"

Les nains s'étaient apprêtés à attaquer de nouveau... Mais étonnamment, ils changèrent du tout au tout. Cette dernière affirmation de la part d'Hivann arrêta net l'assaut des combattants. Ce qui eut pour effet, forcément, d'irriter le grand Amaury. Mais l'un d'entre eux prit simplement la parole.

"Umordîl était bien le plus généreux d'entre nous. Qu'il ait donné son seul bien pour sauver une vie, fut-il important sentimentalement, cela lui ressemble..."

"Voilà, continua Hivann, clairement soulagé par la tournure des évènements. Comme il était blessé mortellement, il m'a donné cette bague pour que je puisse avoir une chance face à l'Exilé. Je serais mort sans lui. Mais je ne l'ai pas tué. Non, je ne l'ai pas tué."

A cet instant, Amaury fondit en larmes. La retenue dont il avait fait preuve depuis tout ce temps s'était tout simplement effondrée. Le chagrin fut si intense qu'il en tomba à genoux.

"Mais il ne peut pas être mort comme cela... fit-il dans un sanglot bruyant. Il ne peut pas simplement être parti, tué par les seules mains d'un être dont le pouvoir ne pouvait rien sur lui."

"Je suis désolé maître Amaury, mais vous n'étiez pas là. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c'était un véritable cauchemar."

Il y avait beaucoup de vérités dans tout ce que disait Hivann. C'était un cauchemar et Umordîl avait bien donné sa bague en agonisant. Mais il était bien son assassin. Et d'une certaine manière, il avait une chance inouïe que les choses se soient réglées grâce à la bienveillance d'un seul garde. Car la vérité était toute autre après tout. Et seuls lui et Rawf la connaissaient. Mais si Amaury ne semblait pas encore au courant de l'arrivée du vieux bratien à Mertar, il fallait bien que le mage trouve un moyen de le dissimuler. S'il le trouvait, il serait tout à fait capable d'en savoir plus sur la réalité des choses. Heureusement, oui, heureusement qu'Umordîl était mort dans ces abysses, là où il serait impossible à trouver.
Amaury séchait nerveusement ses larmes, sans même que ses gardiens n'osent l'aider à se relever. Ses yeux révulsés lui donnaient un air presque fou. Par pudeur, les nains restèrent au niveau d'Hivann. Inévitablement, Lür et Karl arrivèrent alors en trombe en défonçant presque la porte de l'étage. Des expressions interrogatrices s'étaient tracées sur leurs visages en voyant la scène, mais personne n'eut dit quoi que ce soit.

"Partez... fit simplement maître Amaury. Gardez la bague, puisqu'il l'a décidé. Quand vous irez chercher le Fusil, j'enverrai des personnes chercher son corps. Il mérite une véritable sépulture."

Un vent de panique invisible traversa la conscience de l'ynorien. Umordîl était mort tout en bas, dans les ténèbres. Les chances que d'autres nains puissent le trouver étaient pour ainsi dire complètement nulles. Mais en voyant la réaction exacerbée d'Amaury, il savait bien que ce thorkin là n'abandonnerait jamais. Qu'il ferait absolument tout pour retrouver son cher ami. Et lorsqu'il le trouverait... Il verrait le carreau de son arbalète. Ce même carreau qui avait traversé sa gorge et que Goont n'avait eu le courage de retirer. Il verrait ses pieds tranchés, ce carreau planté et tout irait contre le géomancien.

"Je suis désolé maître Amaury, je comprends votre peine et j'admire la volonté que vous avez de vouloir récupérer son corps. Mais le danger est trop grand. Ces ruines sont trop labyrinthiques et habitées..."

"J'ai pris ma décision. Cherchez les dernières pièces du Fusil de Mertar. Nous avons le percuteur et la crosse. Plus que trois pièces, et nous rendrons honneur à ce pourquoi Umordîl s'est sacrifié."

Goont n'insista pas. Il savait très bien que de son côté, s'il perdait un de ses enfants, il traverserait vents et marées simplement pour avoir la chance de lui rendre honneur jusque dans la mort. Alors il s'en alla, accompagné de ses deux acolytes. Ils ne furent pas raccompagnés jusqu'à la sortie. Ce n'est qu'une fois dans les rues de la ville haute qu'ils s'exprimèrent enfin sur le sujet.

"Nous avons attaché les deux thorkins que vous nous avez "envoyés". Il s'est passé quoi au juste, tout en haut ?" demanda Lür.

"Cette bague, dit-il en montrant le fameux bijou. Elle appartenait à Umordîl. Il a perdu la tête et pensé que je l'avais tué.

"Ce n'est pas vrai ?"

"Si, bien sûr, mais il n'a pas besoin de le savoir. Il ne va pas comprendre aussi facilement que son ami était manipulé et que j'ai été contraint de le tuer. Je réagirais de la même manière s'il s'agissait de mes enfants."

"Au moins, il ne l'aura pas remarqué avant de nous donné les indications. J'imagine qu'il aurait été beaucoup moins enclin à nous dire où aller, autrement."

"Heureusement que l'un de ses gardes a bien voulu réfléchir à tout cela. J'ai bien cru que j'allais y passer. Ce maître Amaury avait vraiment changé de ton, très rapidement. Je sais qu'il est le seul à qui l'on puisse s'adresser pour reconstruire le Fusil de Mertar, mais je ne pense pas qu'il soit digne de confiance. Il pourrait changer d'avis à chaque instant et pour tout dire, j'ai le sentiment que lorsque l'on aura rassemblé toutes les pièces..."

"Il ne vous laissera pas cette relique, c'est clair. C'est idiot, tout cela à cause d'une bague... Il n'aurait probablement pas réagi si vous ne l'aviez pas vue sa manière de nous accueillir."

"Je ne pouvais pas savoir qu'Umordîl était plus qu'un collègue. Quoiqu'il en soit, s'ils vont effectivement organiser une expédition sous Mertar, je serais en danger. Ma famille, même, serait en danger."

"Les chances qu'ils trouvent son corps dans un tel endroit..."

"Ne sous-estimez pas ce qu'une personne peut accomplir pour un être aimé. Ce maître Amaury croyait infiniment en Umordîl, et sans même être sûr de ce qu'il s'est passé, il a essayé de me tuer. Il fera tout pour le retrouver et lorsqu'il aura découvert son corps, parce qu'il va le découvrir, nous seront tous en danger."

"Bon sang, Goont, tout cela pour une bague !"

"Je connais mon erreur, Ser Wjran ! Et pour la réparer, je vais devoir compter sur vous... Rentrons tout d'abord à la maison. Je dois au moins dire au revoir à mes enfants avant de partir directement pour récupérer les pièces. Je vais réfléchir à la manière dont nous allons organiser les choses."

Le temps de cette discussion, ils arrivèrent déjà très vite aux monte-charges. Et le temps de la descente, Hivann réfléchissait à la manière dont il allait pouvoir dire à ses enfants qu'il allait partir encore une fois. Et rien ne convenait. Il s'en voulait, mais il savait déjà qu'il allait forcément les décevoir.

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Apprentissage de sort évolutif de combat :
Rejet du sol :
Le sol s'ouvre, et emporte [lvl/4] ennemis avant de les recracher. Ils sont sonnés. (mag+1/lvl, maîtrises et esquives-0,5/lvl pour les cibles durant le tour suivant. Si l'action de la cible devait avoir lieu après ce sort dans le tour, cette action est annulée)

_________________
Multi de Ziresh et Jôs.

Ser Hivann Goont, Archer-Mage niveau 10.


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 Sujet du message: Re: La Ville-Haute : le quartier riche
MessagePosté: Dim 3 Mai 2015 17:41 
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Hivann ne rêva pas. Le temps passa en une seconde pour lui, car le souvenir de son envoûtement lui était encore très clair quand il ouvrit les yeux. En revanche, bien évidemment, tout avait changé autour de lui. Plus que l'obscurité de la chambre de Lùthian, c'était dans un noir dont rien ne semblait atteindre son œil qu'il se retrouva. Il dû se baser sur d'autres sens pour deviner où il était. Et de toute façon, ce n'était pas non plus une tâche impossible à réaliser. La pierre humide sur laquelle il se trouvait, les gouttes tombant du haut de sa cellule et les chaînes qu'il avait autour de ses poignets donnaient du sens à tout cela. Ce qu'il avait prédit était arrivé : on savait qu'il avait tué Umordîl et il allait certainement être jugé.

Mais une autre chose lui vint en tête... Ce visage brûlé. C'était arrivé trop vite pour qu'il comprenne, mais cet homme semblait bien le connaître. C'était comme s'il avait d'autres ennemis dont il ne se rappelait pas. Cependant, il n'eut pas à s'interroger bien longtemps. Car comme si on avait attendu qu'il se réveille, une porte s'ouvrit et une lumière éblouissante vint agresser ses yeux. Les torches mouvantes l'empêchèrent de réaliser qui pouvait bien se trouver face à lui, mais ceux qui les portaient l'arrachèrent à ses chaînes et n'attendirent pas même qu'il se mette sur ses pieds pour le traîner à l'extérieur.
Sur le chemin, on ne se priva pas même pour lui administrer plusieurs coups sur la tête, le sonnant régulièrement et l'empêchant de comprendre le chemin qu'ils empruntaient. Le seul moment où il eut du répit fut l'instant où on lui fit prendre une sorte d'ascenseur, comme celui qui lui avait permis d'entrer dans la ville haute, mais plus petit et fermé. Mais à la sortie, on recommença à le frapper tout en l'amenant en haut de nouvelles marches. Cela s'arrêta quand enfin, il entra dans une salle particulièrement décorée. Ce n'est qu'en collant son visage contre le tapis d'un formidable ouvrage qu'il comprit qu'en se relevant, il verrait Amaury, le maître nain qui avait orchestré tout cela. Ce dernier l'empêcha toutefois de faire cet effort en élevant sa voix.

"Je vous préviens, Goont. Si vous commencez à me mentir effrontément ou à jouer l'innocent, vous n'apprécierez pas ce que je vais vous faire."

Hivann acquiesça dans un grognement douloureux. La douleur des coups le quitta progressivement et il put réaliser un peu mieux dans quelle situation il se trouvait. Il avait tous ses vêtements, mais aucune arme ni son paquetage. Il avait au moins sa magie, mais elle était affaiblie et il y avait au moins trois gardes derrière lui qui l'avaient emmené jusqu'ici. Deux têtes de moins les séparait en taille, mais ils n'en étaient néanmoins plus forts et nombreux. Quand il releva enfin la tête pour voir son adversaire, il vit que ce dernier n'était pas seul. Trois personnes l'accompagnaient. Il ne reconnaissait aucune d'elle, si ce n'était l'homme au visage brûlé. Ce dernier revêtait une fine armure de cuir ainsi que des lames de jet en bandoulière. Les deux autres étaient cependant un peu plus atypiques : un jeune homme assis dans un fauteuil roulant, tout en bois et de facture franchement discutable. Sa mâchoire édentée pendait, comme s'il était incapable de la fermer et ses yeux semblaient fixer un tunnel sombre tant il ne réagissait à rien autour de lui. Derrière lui, une femme d'âge mûr : probablement le même que celui d'Hivann. Elle n'avait rien de la qualité de vie d'Amaury ou du mage non plus : elle était grosse, son visage était bouffi et asymétrique et elle ne portait qu'une simple robe grise. Quant à Amaury, il n'avait pas changé. Il était toujours aussi pompeux et pédant. En revanche, son habituel sourire avait été troqué contre un visage sévère. Ce qui était certainement normal.

"Vous souvenez vous un peu de ces personnes ?" demanda le maître nain en tendant la main vers ses compagnons.

Mais Hivann ne pouvait rien dire. Il ne tenta même pas de s'expliquer en regardant ces inconnus. L'homme brûlé réagit alors.

"C'est d'une évidence absolue, pour un homme capable de tuer des dizaines de personnes sans sourciller."

Hivann s'interrogea encore. Il ne voyait toujours pas de quoi il s'agissait. Il n'eut pas à poser la question. Le grand brûlé lui rappela tout.

"Je vous avais demandé de finir ce que vous aviez commencé, Goont, dans les égoûts de Darhàm. Il en fut de même pour la prison de cette ville. Vous avez tué la totalité de mes compagnons et préféré me laisser pourrir en espérant que ma torture et mon exécution publique forgent votre nom. Mais non, Goont, elle vous a condamné."

C'était le Grand Lamin. Ce jeune mercenaire, chef du groupe de résistants à Darhàm. Ceux qui luttaient contre Oaxaca et pour qui il avait travaillé afin de partir pour Mertar. C'était grâce à ce travail qu'il avait rencontré ses propres mercenaires et qu'il avait eu l'argent nécessaire au confort de ses enfants. Mais cet homme était allé trop loin en décidant de frapper son fils, Lùthian. Ce seul acte avait su condamner le groupe entier de résistant en les plongeant dans les flammes, grâce au pouvoir de la poudre.

"J'ai vu cet homme, le Grand Lamin, reprit la dame. Il hurlait votre nom... Ce même nom qui a résonné dans l'Auberge du Voyageur. Celui que vous avez forcé à dire à mon fils et à ceux qui l'ont regardé se faire massacrer. Quand je l'ai vu, j'ai su que les dieux me souriaient. Nous avions enfin la chance de vous trouver et de nous venger."

"Elle m'a sauvé, m'a soigné, et nous nous sommes jurés de vous trouver et de nous venger. Nous savions que vous étiez à Mertar... Quand nous y sommes arrivé, nous n'avons pas eu à attendre bien longtemps avant d'entendre votre nom que vous semblez vouloir si bien forger. Maître Amaury nous a aidés, et inversement."

"Désormais, Ser Hivann Goont, vous allez répondre de vos crimes."

Hivann baissa la tête. Il se rappela de tout cela. Ce jeune homme qu'il avait massacré dans l'auberge, c'était ce jeune Lenny. Un jeune homme à belle gueule qui racontait des tas d'histoires autour de lui. Il avait insulté Taé, ce pourquoi le mage s'en était vengé. Désormais, tout lui revenait en pleine visage. C'était sans doute la volonté de Zewen. Un équilibre était restauré. Mais son inquiétude était encore toute autre. Il savait qu'il paierait de toute façon, à Oranan ou ici. Dans tous les cas il risquait sa vie. Mais ce qu'il voulait, maintenant qu'il avait amené toutes les pièces du Fusil, c'était que ses enfants soient libérés.

"J'ai fait ce que vous vouliez, Amaury. Et j'ai ramené les quatre pièces manquants du Fusil de Mertar. Jugez-moi si vous le souhaitez, mais laissez ma famille en dehors de cette histoire."

A ces mots, le maître Amaury ria effrontément. Un rire gras qui eut de quoi glacer le sang du mage. Il comprit immédiatement que ses enfants n'étaient pas simplement partis. Le nain les avait avec lui. Il avait la main sur sa famille, sa lignée, tout ce qu'il avait de plus précieux. Il fit signe à deux gardes de sortir, leur faisant comprendre qu'ils devaient aller chercher certainement les chercher.
Une longue minute passa, alors qu'Amaury riait encore et qu'Hivann se tenait encore à genoux, les mains liées dans le dos, en attente d'un instant qui serait probablement funeste.

Enfin, les nains arrivèrent. L'un d'eux portait tirait une chaîne à laquelle étaient attachés plusieurs personnes. Pas seulement ses enfants... Tout d'abord, il y avait Porick, puis Lür, puis Karl, ses mercenaires. Et à la suite, il y avait son fils, Lùthian, le visage blême, puis ses deux filles : Taé et Sujima. Les deux étaient terrifiées, contrairement aux hommes présents qui semblaient tout regarder autour d'eux, sans doute pour essayer de trouver un moyen de s'échapper. Mais ils étaient bien trop incapables de se défendre.
Derrière eux, le second garde nain arriva, portant dans ses bras un objet bien insolite...

"Le Fusil... murmura Hivann. Vous l'avez assemblé."

"Vous avez dormi un jour entier, Hivann Goont. Avec toutes les pièces, c'était le temps nécessaire à dix ouvriers talentueux pour assembler cette merveille. J'ai jugé qu'il vous fallait le voir, et voir le pouvoir qu'il renferme."

Les gardes forcèrent les six prisonniers à se mettre à genoux, au niveau du vieil homme. Aucun ne parla, cependant. Amaury empoigna le Fusil. Il était gigantesque, même pour un grand humain comme Hivann. Il faisait presque la taille d'un homme dans sa longueur et le canon, d'un ouvrage nanesque magnifique, lui inspirait un pouvoir monstrueux. L'idée que cette arme puisse cracher un projectile assisté par le feu le fit frissonner. Et cela, d'autant plus lorsqu'Amaury sortit de sa poche un objet tout aussi étrange. Une sorte de pastille métallique au cul plat, brillant.

"Une cartouche de Kéraunos. A ne porter qu'avec des gants, sous peine de recevoir une grosse décharge. J'ai jugé que ce serait une munition convenable pour une première démonstration."

"Je vous en prie, Amaury, ils n'y sont pour rien dans tout ce que j'ai fait ! Ne les tuez pas ! Emprisonnez-moi, torturez-moi si vous le souhaitez, mais ne faites pas ça !"

"Un mensonge..."

Amaury chargea la cartouche dans le Fusil. Pour cela, il fit glisser le barillet et y inséra la munition. Il sembla qu'il pouvait en mettre plus, mais ce nain avait manifestement des intentions de metteur en scène. Il orienta le canon vers la tempe de Porick, puis plus bas, dans le creux de son dos.

"J'ai trouvé votre ami Porick dans les ruines de Mertar. Juste là où se trouvait Umordîl. Un carreau traversait sa gorge... Et j'ai vu l'Exilé. Il n'avait pas ce genre d'arme. Qui d'autre portait une telle arme dans ces ruines, déjà ?"

Hivann baissa la tête. Il était coupable, et c'était désormais une chose connue. Il n'eut pas le courage de lever les yeux quand le hurlement métallique et explosif de l'arme gronda dans le salon. Le choc fut si violent qu'il sentit ses oreilles siffler et l'air et le sol trembler autour de lui. La balle avait traversé le dos de Porick et une décharge invisible le forçait à secouer son corps tout en criant de douleur. Beaucoup de sang coulait autour de lui, et bientôt, la vie le quitta.
Alors qu'Hivann tremblait en imaginant la suite, Amaury tendit l'arme à l'un de ses compagnons : Le Grand Lamin. Ce dernier n'attendit pas pour épauler le Fusil, mais le nain l'arrêta et lui tendit une nouvelle cartouche, tout en faisant une description théâtrale de ce que devait attendre désormais Lür, le prochain sur la file.

"Et voici une cartouche d'Hélcéa. Un métal élémentaire de glace. Vous savez déjà comme les choses peuvent être fragiles une fois gelées... Mais je vais vous donner une chance, Hivann."

Alors que le Grand Lamin insérait la nouvelle balle dans le barillet, Amaury s'avança vers lui et se pencha, comme un nouveau spectateur.

"Le jeu de la vérité. Je vais épargner une personne à chaque histoire vraie."

Le canon de l'arme fut orienté vers le buste de Lür, qui plongea ses yeux paniqués dans ceux du mage. Il ne fit que murmurer un mot : "La vérité".

"Qu'avez-vous fait à mon encontre, Ser Goont, quand vous êtes parti chercher ce Fusil ?"

Hivann réfléchit... Il craignait la menace du nain, mais pour dire vrai, à part trouver les parties du Fusil, il ne se rappelait pas avoir orchestré quoi que ce soit contre Amaury. Pour tout dire, à la fin, il pensait davantage à se rendre pour sauver ses enfants. La seule chose qu'il avait faite...

"J'ai envoyé Lür protéger ma famille, car je pensais que vous trouveriez Umordîl."

C'était vrai... Et pourtant, cela ne suffit pas. Encore fois, le même grondement sourd rompit l'air dans la salle et le projectile pénétra la chair du pauvre Lür. Mais son corps, cette fois-ci, se givra d'un coup. Il eut le temps d'expirer seulement une épaisse vapeur alors que son buste venait s'écraser sur le sol... Et se réduire en morceaux de chair congelée infâmes. Cette vision écœurante, Hivann ne put pas la soutenir, mais Amaury l'y força en l'attrapant par la nuque.

"Je vous ai donné une chance... Mais vous ne voulez pas jouer. Je sais que vous avez parlé de moi à Elrandil et que vous avez brûlé le Sanctuaire Perché. Cela valait bien au moins l'exécution de votre complice. Bien, au suivant !"

Le Grand Lamin passa cette fois-ci le Fusil à la mère de Lenny, celle-là même qui l'avait sauvé et voulait venger son fils. Amaury, lui, lui passa une nouvelle munition dont il fit encore une fois la description.

"Une balle de Xiuhl. Juste tiède au toucher, mais avec une arme comme le Fusil de Mertar, le métal peut chauffer jusqu'à une température remarquable. De quoi faire souffrir mes ennemis..."

La femme orienta le canon vers le ventre de Karl. Mais lui ne réagit pas contrairement à ses précédents compagnons. Il fermait les yeux, seulement en attente de ce qui allait lui arriver.

"Je sais que vous avez tué Umordîl. Je sais que depuis votre départ, vous orchestrez le moment où vous vous retournerez contre moi. Je vous donne des chances de sauver vos amis, mais vous continuez de mentir effrontément. Est-ce que je dois vraiment vous en donner encore ?"

"Oui, maître Amaury... Je vous en prie, laissez-les !"

Mais cela, encore, ne suffit pas. La troisième balle fut tirée dans le même bruit assourdissant et traversa le ventre de Karl. La douleur, en revanche, fut insoutenable. Humble au départ, il ne put s'empêcher de hurler de douleur alors que la munition le brûlait et laissait échapper une odeur de cuisson insoutenable qui le prenait aux entrailles. Il n'allait pas s'arrêter. Et vus les airs des trois bourreaux, ils ne semblaient pas enclins à l'exécuter pour le libérer de ses souffrances.

"Tuez-le !" supplia Hivann.

Mais Amaury ne fit que rire...
Cependant, quelque chose le coupa dans son élan assassin. Un garde fit irruption dans la salle et marcha vers lui. Dans la confidence, il lui confia un mot à l'oreille, élargissant plus encore son sourire malsain.

"Et bien, faites entrer !" dit-il avec engouement.

Et le garde partit. Ils restèrent ainsi, tous là, deux cadavres, trois vivants effrayés et un être agonisant, surveillés par leurs assassins.
Après une longue minute suivie par les cris de Karl, le garde arriva. La personne qui le suivit eut tout pour effrayer Hivann. Il en reconnut immédiatement la robe ynorienne et son masque d'or. Elle se mit aux côtés des bourreaux, avant de retirer ce qui cachait sa face. Un visage brûlé, liquéfié, borgne et à la mâchoire encore apparente se dévoila. Elle bégaya, la voix enrouée par ses blessures.

"Vous me reconnaissez, Hivann."

"Iwa Ishwari." répondit-il, honteux de ce qui lui était arrivé et redoutant désormais tout ce qui allait arriver.

Un silence régna. Seules ses filles se tournèrent vers la femme en reconnaissant ce nom. Elles regardèrent ensuite Hivann, comme pour chercher à comprendre ce qui avait pu arriver à Oranan. Mais le risque planant autour d'elles les en empêchant. Il était difficile de savoir quelles étaient les intentions de cette femme, tant son visage déformé, autrefois pourtant si magnifique, l'empêchait de montrer une quelconque expression. Dans un élan désespéré et incohérent, Hivann pleura et supplia.

"Je vous en supplie, Iwa, sauvez mes enfants ! Laissez-les !"

"Je ne puis, cher Hivann."

"Pourquoi ?" demanda-t-il encore, comme oubliant ce qu'il avait pu faire.

"Pourquoi ?" me demandez vous ? Mais parce que vous avez tout détruit autour de vous. Parce que vous m'avez trompée comme vous avez trompé votre femme. Parce que vous avez violé le Pavillon d'Or qui a fait de moi la femme que j'étais. Parce que vous m'avez détruite. Parce que j'ai réalisé que mon amour pour vous n'était qu'un jeu, un instrument. Parce qu'il est temps que je fasse couler autour de la honte que vous m'avez infligée un fossé de sang. Entendez-vous, Hivann ?"

"Iwa... Je..."

"Taisez-vous."

Elle n'eut pas même besoin de crier cet ordre. La colère qu'elle transpirait était si ambiante que même ses alliés en tremblaient.

"Vous auriez dû veiller sur vos enfants, Hivann. Aujourd'hui, plus rien ne les sauvera."

"Iwa..."

"Tenez, Hivann. Je hais toute votre abominable famille de Goont. Cette lignée de démons. Et vous le tout premier que j'ai si follement aimé."


Hivann baissa encore la tête. Jamais, de toute sa vie, pas même quand il fut trépané, pas même quand on le condamna à l'exil, il ne se sentit aussi mal et faible, et incapable de se défendre. Il sentait qu'en une seconde, il pouvait tout perdre.

"J'ai une haine incommensurable pour votre fils Ethian, qui marche dans vos pas, et manipule et le Pavillon d'Or, et la République, et l'armée ynorienne. J'ai horreur de votre fille Thôko qui alimente une capitale prestigieuse de drogues qui pourrit leur esprit. J'ai du dégoût pour votre fille Taé qui expose son corps et son nom au monde entier, comme si le sang qui coule autour de votre famille ne l'atteignait pas. J'ai de la répugnance pour Sujima, qui porte ce nom et qui ne se gêne pas pour voler tout ce qu'elle peut autour d'elle, ne craignant aucune représaille. Et quand à votre prétendu soldat de fils, Lùthian, un beau soldat ma foi : incapable de se battre ! Sans honneur, sans gloire, sans rien d'autre qu'un nom !"

Le vieil homme sentit une grande colère monter en lui, et il tenta un instant de se lever, mais, seulement de sa voix, elle le remit à sa place.

"Laissez-moi finir. J'ai horreur de ce que vous avez fait à Oranan. Que vous ayez autorisé l'emploi de sorts monstrueux qui ont dévisagé notre prestige. Du fait que vous ayez peuplé le bagne de personnes illustres et le Pavillon de monstres, si bien que vous avez blessé la République de façon permanente. J'ai honte, tellement honte de savoir que vous m'avez salie, que vous m'avez manipulée et qu'il aura fallu que j'attende d'être détruite pour commencer à comprendre ce que vous êtes. Que je puisse nommer votre nom avec cette pensée : celle que vous êtes un monstre lâche qui s'est caché dans l'Exil. Que je puisse dire ceci : "Hivann Goont n'est et n'a toujours été qu'un démon"."

Tout semblait se sceller. Amaury lui donnerait le Fusil, et elle tuerait probablement ses enfants, et enfin, lui. Et effectivement, il le fit. Il ne présenta pas de nouvelle munition cette fois. Seulement, il en donna une à cette femme, désormais impressionnante, qui colla le canon contre la tempe de Lùthian. Ce qu'il y avait de plus effrayant, c'était qu'il ne semblait pas même vouloir y échapper. Il avait gardé cet air sinistre du moment où son père l'avait quitté dans sa chambre à celui où on s'apprêtait à l'exécuter. Un air d’acceptation de la mort.
Hivann ne put le supporter. Dos au mur, il dressa son corps tout en restant à genoux. De grandes larmes coulaient sur ses grosses joues.

"Iwa... Je t'en supplie. Je te le demande sur l'amour que j'ai pour eux, sur tout ce que j'ai de plus précieux. Pas au nom de mes enfants que tu détestes, mais de ta famille que tu chéries. Je t'en prie, je te demande leurs vies. Je me trancherais les veines si tu le souhaites. Je boirais le même acide qui t'a défigurée si cela peut les sauver. Je pourrais m'abandonner à la montagne et laisser les charognards dévorer mon corps, si bien qu'il ne resterait de moi plus que cette pierre qui trône en mon front. Je t'en supplie. Grâce pour mes enfants. Tu m'as entendu à Oranan... Je n'ai plus la volonté de récupérer tout le pouvoir que j'avais. Je veux me rendre. Je veux payer de mes péchés. Par pitié, je joindrais les mains sur je les avais pas attachées, je pleurerais sur ton sein si je le pouvais. Fais de moi ce que tu veux, mais ne leur fais pas de mal !"

Cette déclaration, si sensible, qui ne lui ressemblait pas, sembla faire flancher tout le monde autour de lui. Les airs sévères des bourreaux se radoucirent... Et Iwa Ishwari baissa le canon. Elle s'approcha seulement de lui, à petits pas, comme attendrie. Un instant, Hivann eut peur qu'elle change d'avis et même, qu'elle retourne l'arme contre lui... Mais il l'accepta vite. Si cela pouvait sauver Lùthian, Sujima et Taé, alors c'était un sacrifice qu'il était prêt à payer.
Elle arriva face à lui, qui ferma les yeux. Elle pointait toujours l'arme vers le sol, et puis, très douce, elle se pencha vers lui. De sa main libre, douce, épargnée par l'acide qui eut raison de sa beauté, elle caressa le visage du mage, de manière presque complice. Elle passa ses doigts dans sa barbe, puis sur sa joue. Elle lui caressa même le crâne. Dans ces actes, il sembla pour le mage qu'il redécouvrait ce qu'il avait pu vivre avec elle. Ce seul instant où il fut à sa merci, il se rappela de courts moments, des fragments de lorsqu'il était avec elle. Aucune culpabilité vis à vis de son adultère, de sa trahison pour Inoka. Juste, ces caresses. Sur ces douceurs qui effacèrent le danger autour de sa lignée, Iwa s'adressa à lui, chuchotant d'une voix douce et moins atteinte par ses blessures.

"Voilà... C'est bien cela, aimer."

Elle continua à le caresser un moment, comme cédant à cette démonstration d'amour... Mais il n'en fut rien. D'une jalousie incroyable, elle retira sa main, arrachant tout l'espoir qu'avait pu nourrir le vieil homme. Et d'une dextérité inattendue, elle épaula le Fusil qu'elle orienta directement vers le front de Lùthian. Le même grondement funeste résonna dans la salle, alors que l'arme crachait le feu et que le projectile traversait le crâne de l'enfant. Ses sœurs hurlèrent et se jetèrent sur lui, comme dans un élan désespéré pour le ramener à la vie, alors qu'Hivann assistait sans pouvoir rien faire, à la mort du dernier de ses fils.
Il voulut se lever un instant, mais la douleur de cette vision le paralysa. Bientôt, il fut pris d'une nausée qui déforma toute la vision qu'il avait de la pièce. Ses bourreaux se changèrent en silhouettes immenses qui couvrirent sa vue. Au centre de cette nouvelle obscurité, il ne put que voir l’œil ignoble d'Iwa, puis le corps gisant de son fils, jusqu'au moment où il sombra.

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MessagePosté: Mer 6 Mai 2015 16:20 
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Lorsqu'Hivann se réveilla, il se retrouva manifestement dans le même cachot que celui où on l'avait cueilli. De toute évidence, son traumatisme avait été bien trop profond, bien trop intense pour que ses bourreaux soient capables de le réveiller. C'est d'une tragique lucidité qu'il se rendit à l'évidence : On ne voulait pas de lui mort. On voulait le briser, le forcer à voir sa famille mourir, avant de le tuer. Et lorsqu'on le tuerait, sans cela se passerait-il plus lentement.
Alors qu'il se réveillait, il plaqua ses mains contre sa tête. L'image de son fils tué ne cessait de lui reparaître, alimentant une rage qui accélérait sa respiration et lui demandait un effort de maître pour s'empêcher de hurler. Le Grand Lamin, Lenny et sa mère, Amaury, et enfin Iwa Ishwari... Il ne pouvait plus se résoudre à fuir désormais. Il allait les tuer. La seule inquiétude qu'il avait était au sujet de ses filles. Il ne savait pas où elles étaient et il espérait seulement que son évanouissement n'avait pas duré trop longtemps pour qu'elles soient encore en danger. Mais il était certain, cependant, qu'elles étaient encore vivantes. Il savait aussi que Rawf réussirait à le rejoindre à un moment. Ils ne seraient que deux êtres contre une armée, mais il s'en fichait. La colère était trop grande et sa vengeance serait instantanée.

"Je vais les tuer." murmura-t-il en plaquant ses mains contre les chaînes qui le retenaient au sol.

Dans une intention purement irréfléchie, il concentra ses fluides de façon à dématérialiser le métal. Il lui fallut attendre un moment, tant sa rage enrayait l'écoulement de ses fluides terrestres, mais il réussit tout de même après une quinzaine de minutes. Comme on ne vint pas le chercher à ce moment là, cela lui convint tout à fait. Il avait au moins quelques minutes pour que sa haine ne finisse par faire bouillonner la géomancie en lui. Aussi, quand il se vit contraint d'ouvrir la porte de sa cellule, le sort de terre glaise encore actif ne le fit pas attendre. Il détruisit immédiatement le verrou et s'engagea dans le couloir qu'il n'avait pas eu encore l'occasion d'observer. Il ne craignait plus rien. La mort, cela ne l'importait qu'à moitié. Il se sentait, plus que tout, capable de sauver ses filles et de tuer ses ennemis.
Le couloir déboucha directement sur l'ascenseur qu'il avait emprunté avec les gardes la première fois. Il y avait un levier qu'il tira instinctivement et il fut tracté sans aucune incidence. Mais quand il déboucha sur le hall qui l'avait mené jusque dans les appartements d'Amaury, c'est un tout autre accueil qui lui fut réservé. Six gardes étaient présents, beaucoup trop en somme alors qu'il n'avait plus aucun de ses équipements. Et surtout : on l'attendait. Ils étaient tous alignés là, face à la cage d'ascenseur qui venait s'arrêter devant eux. Ils étaient tous armés de lances et elles étaient maintenant toutes pointées vers le mage.
Pour autant, il n'était pas effrayé.

"Vous n'auriez pas dû vous mettre sur le chemin d'un père en deuil."

Ses fluides bouillonnant en lui, il n'eut pas de peine à les faire circuler partout dans son corps. La pierre qui trônait en son front brillait encore plus intensément que jamais alors que la géomancie commençait à émaner des pores de sa peau. L'un des nains prépara son arme en la levant au niveau de la gorge du mage, mais ce dernier ne bougea pas. Pas même quand la pointe de la lance alla se loger en ce point vital... Car au moment à le métal vint le percuter, c'est une chair magiquement déformée qui l'accueillit. Un sort de chair de pierre, aux propriétés altérées par sa propre Pierre d'Oubli, avait fait pousser une véritable carapace de rubis autour de lui. Il en était presque changé en golem, tant son corps était entièrement protégé par son sort. C'est ainsi qu'il marcha littéralement sur les lances, sans plus craindre ses assaillants.

La première lance avait simplement ricoché contre sa gorge et trois autres l'avaient frappé encore. Deux au flanc, une dernière à l'épaule, mais son sort le préparait déjà. Quand la cinquième vint le frapper, il n'eut aucune peine à la la bloquer sous son épaule et à en briser le manche avec son bras de roche. Véritable monstre magique, il n'en avait que faire des attaques qu'on lui portait. Parfois, des débris de pierre voletaient un peu à l'impact, mais son objectif n'était pas d'éviter les coups. C'était de rejoindre le centre de cet amas d'ennemis au plus vite, et il n'eut pas à s'en faire longtemps. Très vite, il se retrouva au milieu d'eux, qui essayaient encore de forcer sa chair. Et cela commençait à être malgré tout dangereux. Car plus ils essayaient, plus Hivann pouvait sentir sa carapace céder petit à petit.
Mais il était au centre du groupe désormais. Et il pouvait lancer un de ses sorts les plus efficaces. Dans un cri dont un étrange écho métallique émanant de sa forme de colosse, il frappa le pied sur le sol. Les fluides encore brûlant en lui jaillir au moment du choc et créèrent une incroyable onde qui déforma la propriété du sol tout autour de lui. Comme si ce dernier s'était transformé en eau, un raz de marée rocheux ensevelit les guerriers nains autour de lui. Sauf qu'il ne s'arrêta pas là. Comme il pouvait manipuler la roche à sa guise, il souleva la terre qu'ils avaient sur eux pour la laisser s'abattre plusieurs fois de suite. Leurs armures se déformèrent et les cris de guerre qui retentissaient auparavant s'était transformés en cris de douleur. Seuls deux des nains avaient réussi à échapper au cercle que le mage avait formé autour de lui. Mais ils n'avaient pas cessé de combattre pour autant. Et cela devint d'autant plus dangereux que la carapace magique de l'ynorien commença sérieusement à s'effriter pour ne laisser plus apparaître que ses vêtements et sa peau.

"Vous auriez mieux fait de me laisser le champ libre."

Sans même leur laisser le temps de répliquer ou d'attaquer, il invoqua encore sa géomancie et fit apparaître cette fois-ci trois stalactites, juste derrière ses ennemis. Leurs propriétés extrêmement solides, capables d'ignorer l'armure d'un adversaire eut bien vite raison des deux derniers combattants : leurs plastrons furent traversés par les projectiles magiques et transpercèrent littéralement leurs poitrines. Des combattants, il n'en restait plus un de vivant, ou au moins de conscient. Jamais jusqu'ici il n'avait été aussi efficace dans un combat. Sans doute la colère et l'utilisation de ce tout nouveau sort avaient eu raison de ses ennemis. Cela serait sans doute bien pire face aux prochains qui se mettraient sur son chemin.
Mais il lui manquait encore ses affaires. Au moment il le réalisa, il se rendit compte qu'il y avait encore un de ses ennemis sous les décombres, qui tentait discrètement de s'en aller. L'ayant repéré, il n'y alla pas par quatre chemins. Il l'attrapa par le col de son armure et l'en sortir, ignorant ses blessures probablement graves.

"Où sont mes affaires ? Mon encensoir ?"

"Laisse tomber, mage... dit le jeune nain péniblement. Amaury a tout, et même si tu nous as vaincus nous six, tu ne seras pas capable de fuir la ville."

Ne l'épargnant pas, Hivann lui administra un coup sur la tête, lui signifiant de répondre à sa question. Mais le nain n'en fit rien. A la place, il eut le courage et l'inconscience de répondre d'une manière qui eut raison de la fierté de l'archer-mage. Trop sûr de lui, il ne vit pas venir le poignard que le jeune guerrier prit à sa ceinture et planta dans sa hanche, manquant heureusement de peu ses entrailles, mais l'immobilisant malheureusement sur place. Sous la douleur, le vieil homme fut contraint à rouler sur le côté en recevant le coup, alors que son nouveau bourreau se relevait et empoignait de nouveau sa lance, maintenant brisée. Qu'importe, il n'avait besoin que de la lame pour le vaincre. Alors il s'approcha de lui, le mage qui dût rompre la concentration de ses fluides en étant attaqué, et s'apprêta à la frapper une ultime fois. Mais la porte du hall claqua.

Le nain leva les yeux et une expression de terreur se dessina sur lui. Hivann ne vit qu'une gigantesque ombre le couvrir, jusqu'au moment où un fauve monstrueux se jeta sur lui. Il en reconnut immédiatement son compagnon, Rawf, qui alla jusqu'à planter ses crocs dans la gorge du dernier guerrier vivant. L'humain entendit le son d'un os craquer, un son écœurant qui le força à détourner le regard. Cependant, il était bien heureux de voir son fidèle écuyer.

"Je t'ai attendu pendant un moment, Rawf."

"J'ai fait au plus vite, rawf. On m'a retenu longtemps dehors. Quand j'ai entendu les bruits, je les ai ignorés, rawf."

Hivann tenta de se rappeler. Sans doute Rawf voulait-il parler des coups de feu, ces sons qu'il n'avait jamais entendus auparavant. Cela s'était tout de même passer un jour après qu'il ai passé les portes de Mertar, mais après tout, il ne lui avait pas donné assez d'indications pour qu'il trouve son chemin. Au moins, il était là désormais, et à deux, ils sauraient bien plus facilement trouver leurs adversaires. Hivann retira le poignard de sa hanche. L'entaille était profonde, mais même s'il souffrait atrocement, il ne saignait pas trop. Il ne voulait pas non plus perdre de temps à se soigner. Il le ferait après les avoir trouvés.

"Allons, Rawf."

Ainsi, il passèrent la porte du hall, pour s'aventurer plus profondément dans les quartiers de maître Amaury.





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Apprentissage de sort évolutif de combat :
Chair de Pierre :
Votre peau devient peu à peu de la roche aux propriétés magiques, pouvant devenir aussi résistante que du diamant, ce qui vous ralentit sensiblement dans vos actions. (End+2/lvl pendant lvl/4 tours, maîtrises-0,5/lvl et esquives-0,5/lvl.)

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MessagePosté: Jeu 7 Mai 2015 12:23 
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Au moment où ils passèrent la porte, déjà, Hivann ne put s'empêcher d'être surpris. Il s'attendait à ce que quelques gardes soient encore sur leur route, mais les deux seuls présents étaient morts. A en voir les profondes blessures à la gorge, il comprit bien vite qu'un coup de griffe de la part de Rawf eut vite fait de les vaincre. Mais cela l'amena à une nouvelle interrogation.

"Tu as croisé beaucoup d'ennemis ?"

"Quelques uns, rawf."

"Combien ?"

"Je ne sais compter que jusqu'à dix, rawf."


Le meilleur des écuyer, encore une fois. Rawf n'avait aucune blessure, pas même une quelconque déchirure sur son kimono. En revanche, son pelage était bien devenu écarlate. Il semblait que ce dernier n'avait pas attendu une seconde au moment où il eut entendu les coups de feu. Hivann, en revanche, dominé par sa colère, avait été moins efficace. Désormais, sa blessure à la hanche le faisait boiter, si bien que Rawf lui demanda s'il devait le porter. Mais trop fier, l'ynorien refusa.

"Je dois te dire une chose, Rawf. Lorsque l'on sera face à un nain noble, une mère avec un légume et deux personnes brûlées... Ne les tue pas. Immobilise-les s'il le faut, mais garde moi ce plaisir."

"Comme avec l'Exilé, rawf ?"

"Comme avec l'Exilé."


Car dans les ruines de Mertar, en combattant la créature qui protégeait la première pièce du Fusil et qui avait créé une véritable usine à torture, Hivann ne l'avait pas tuée. Il l'avait immobilisée en se transformant lui-même en roche. Laissant le champ libre à Rawf, qui avait été lui-même torturé par ce monstre. C'était sans doute le meilleur présent qu'il pouvait lui faire.
En continuant dans les couloirs, ils ne rencontrèrent pas plus d'ennemis, donc. Et mieux encore : Hivann se rappelait encore du chemin menant aux appartements du maître nain. La douleur fut intense quand il s'agit pour lui de monter les escaliers, mais au moment d'ouvrir la porte double qu'il avait déjà passée la première fois, il se sentit bien plus vivant qu'il ne l'avait été. Le grand lustre perché illuminait toute la salle, d'une manière bien plus soutenue que n'importe lequel des couloirs ici. Alors ayant subi l'obscurité de son cachot, il eut une certaine difficulté à ce que ses yeux s'adaptent à une telle luminosité. Mais quand ce fut le cas, il reconnu bien vite la salle. C'était la première qu'il avait visitée, au moment où le nain l'avait chargé de retrouver les pièces du Fusil. Comme un salon de thé. Et évidemment, dans un tel lieu devaient se trouver ses invités.
Rawf n'attendit pas. En un éclair, il reconnut l'homme brûlé dont parlait Hivann et il engagea une course phénoménale jusqu'à lui. Il termina sa charge par un saut bestiale jusqu'à atterrir sur son torse, le faisant chuter en arrière. En revanche, la mère de Lenny eut bien de la peine à s'enfuir, tentant de tirer le fauteuil de son fils. Le mage n'eut aucune peine à l'arrêter en manifestant ses fluides : Il fit ouvrir une faille terrestre juste sous les pieds de la dame qui chuta en arrière et se retrouva piégée dans la roche. Même boitant, Hivann la rattrapa rapidement pour poser un pied sur elle.

"Restez au sol !" imposa-t-il.

Il se retourna. Rawf maintenant fermement sa proie dans la même position, la gueule ouverte et les pattes lui attrapant les avant-bras. Puisqu'il était maître de la situation, Hivann lâcha la femme et attrapa rapidement deux chaises qu'il colla au fauteuil du jeune homme qu'il avait autrefois agressé. Il y traîna ensuite la mère.

"Ramène-le ici, Rawf."

Le loup fit de même.

"Égorge quiconque essaie de s'enfuir."

Les otages ne bougèrent pas. L'ynorien, lui, s'écarta un instant pour trouver quelque chose qui puisse servir de lien. Il n'y avait pas de corde ici, mais il ne priva pas d'arracher l'un des rideaux qui pendait aux grandes fenêtres. Il noua ensuite rapidement les mains de ses victimes en utilisant le même tissu, les forçant à rester collées l'une à l'autre. Quand cela fut fait, il invita son compagnon à s'écarter.

"Où sont mes filles ?"

Évidemment, personne ne répondit. Ce n'était pas grave. Il savait que le Grand Lamin était un homme fier et autrefois fort. Mais il avait un avantage avec la mère de Lenny. sans attendre, il attrapa le jeune paralysé et lui administra un coup violant au ventre. Anesthésié par sa condition, il ne broncha pas, mais sa mère fondit en larmes.

"Elles sont avec Amaury et Dame Ishwari ! Laissez-le !"

Lamin pesta devant la faiblesse de la femme à laquelle il était attaché. Quand Hivann demanda où étaient ses armes, il n'eut même pas à préparer un second coup : elle céda encore et expliqua que tous ses équipements étaient dans la salle d'exposition, pas encore étudiées, et que c'était aussi là que se trouvait le nain et ses filles. Elle se laissa choir en avant sur la chaise, d'une certaine manière rassurée que son fils soit épargné. Mais Hivann ne s'arrêta pas simplement là.
D'ordinaire, il aurait pu avoir de l'empathie pour cette femme qui a voulu venger son fils. Il aurait pu la trouver formidable, même. Mais sa volonté eut raison de trois de ses compagnons et de l'un de ses enfants. Ce n'était pas une chose qu'il pouvait pardonner. Il s'approcha alors du Grand Lamin, s'adressant à tous ces bourreaux qui avaient tué ses mercenaires.

"Porick était un imbécile, mais c'était un imbécile qui protégeait ma famille. De même que Lür et Karl."

"Tu veux me faire regretter, Goont ? Tu as tué tous les miens. Je n'ai aucune espèce de regret."

"Ceux-là étaient des amis. Les tiens ne signifiaient rien pour moi. Voilà la différence."

"Je sais très bien où tu veux en venir. Tu veux me torturer un peu plus ? Tu veux me laminer encore, en espérant que je puisse divulguer la toute puissance de ton nom ?"

"Non, Lamin..."


Il s'écarta et observa autour de lui. Il y avait des couverts pour le dîner, et il eut une envie irrépressible de le torturer un peu plus... Mais il n'avait pas le temps. Pour le bien de ses enfants, il devait agir vite.

"Tu connais cette expression, non ? "La vengeance est un plat qui se mange froid" ?"

Lamin ne répondit pas, ne sachant à quoi s'attendre.

"Évidemment que tu la connais. Tout le monde la connait. Sache pourtant que beaucoup de gens se trompent sur le véritable sens de cette phrase. Tu vois, on pense souvent que la vengeance est présentée comme un plat cuisiné, qui aurait cuit et dont on attend qu'il refroidisse... Qu'en somme, il s'agisse d'attendre longtemps, avant d'agir au bon moment... Mais c'est très différent."

Il s'approcha de l'homme et plaqua l'une de ses mains, insufflée de fluides, sur le front de grand brûlé.

"En vérité, c'est un plat qui se mange froid, seulement parce qu'on ne prend pas le temps de le faire cuire."

Sur ces mots, il fit jaillir de sa main un étau de boue épais qui enserra la tête du mercenaire. La bouillasse s'infiltra très rapidement dans son nez et sa gorge alors qu'il ne pouvait plus trouver aucun moyen de s'échapper. Il réussit un instant à sa décoller de sa chaise, emporter ses deux compagnons d'infortune avec lui et faisant hurler la mère. Mais finalement, il tomba rapidement, raide mort, la face salie contre le sol.

"Je vous en prie ! Laissez-nous ! Laissez au moins mon fils !"

"Je vous en prie ! Je vous en prie !" Je vous en foutrais ! l'imita-t-il, de la façon la plus cinglante possible. J'ai dit ces mêmes mots quand je vous ai demandé d'épargner mes amis, et surtout, d'épargner mon fils ! Vous qui en avez un, vous auriez dû comprendre."

"J'ai eu tort ! Je le reconnais, j'ai eu tort, je n'aurais pas dû me venger !"

"Oh, au contraire. Ça au moins, je le comprends. C'est que j'aurais fait. Et c'est ce que je fais."

Sur ces mots, il attrapa l'enfant par la nuque et le projeta sur le sol, bien en évidence devant la femme. Et sans attendre, sans même ajouter un quelconque effet de mise en scène, dominé par le souvenir de la mort de ses compagnons et de Lùthian, il lui administra un coup de pied derrière la nuque, comme celui qui l'avait rendu ainsi, paralysé. Quelque chose se rompit à ce moment, et la mère hurla comme un animal blessé en voyant sa progéniture rendre l'âme.
Il s'approcha ensuite d'elle, prêt à la tuer grâce à ses fluides. Mais quelque chose le rappela à l'ordre. Pas sa conscience non... Il se rappela vite qu'il avait utilisé beaucoup trop de ses fluides. Qu'en arrivant jusqu'ici, il avait dû se battre et utiliser un maximum de sa magie pour rester en vie et que ses anciens bourreaux ne s'enfuient pas. Et il en avait encore besoin pour vaincre le nain. Alors finalement, il s'écarta d'elle, la laissant espérer un court instant qu'elle pourrait rester en vie. Elle était restée là, à genoux aux côtés du cadavre de son fils, alors que lui s'approchait de la salle d'exposition, dont les portes étaient encore fermées. Et au moment où il s'apprêta à les pousser, conservant son esprit de vengeance, il la condamna.

"Rawf. Finis-en avec elle."

Et le loup s'approcha de la mère, alors qu'Hivann venait rencontrer ses derniers ennemis.

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 Sujet du message: Re: La Ville-Haute : le quartier riche
MessagePosté: Dim 10 Mai 2015 16:44 
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Il sembla que rien n'avait changé dans cette salle d'exposition. Elle était toujours aussi ridiculement décorée, remplie de reliques diverses et variées et les lustres brillaient encore de toutes leurs flammes. En revanche, il ne vit pas encore ses filles, ni le nain. Et pour cause, il n'en avait visité qu'une partie pour voir qu'Amaury possédait une pièce du Fusil de Mertar, mais une partie infime. Il dût alors s'y engouffrer un peu plus pour essayer de trouver ceux qu'il cherchait.
En avançant parmi toutes les reliques, il eut l'envie irrépressible de s'en emparer d'une, mais il savait qu'il risquait de s'aventurer vers un terrain dangereux en utiliser une arme qu'il ne connaissait pas, insufflée d'une magie qu'il ne pouvait maîtriser. Mais heureusement, très vite, il trouva ses armes. Son encensoir, son arbalète, et même son paquetage. Tout était là, disposé simplement sur une petite table à l'autre bout de la salle. Instinctivement il s'y dirigea, bien que prudemment. C'est seulement en ayant traversé la totalité du "musée" qu'il entendit quelque chose. Le bruit d'un choc répété, accompagné de pleurs. En entendant seulement, Hivann imagina le pire. Son imagination, avec cette situation, l'emmena très loin. Et ses filles étaient en train d'être déshonorées ? Et si Amaury, emporté dans sa fureur, avait décidé de les violer ?

Il n'attendit pas une seule seconde. En empoignant l'encensoir, bien qu'éteint, il se dirigea vers le bruit qu'il avait entendu. La colère le faisait trembler et il n'essaya pas même de se cacher pour surprendre son ennemi. Mais quand il arriva jusqu'à son but, le spectacle qui lui fut offert était bien différent de ce qu'il avait cru. Amaury était allongé sur le sol et sa plus jeune fille, Sujima, lui assénait des coups de poignard, encore et encore, sans s'arrêter. Taé, elle, était recluse à quelque mètres, en boule et en pleurs. Au grand soulagement d'Hivann, elles étaient toutes les deux intactes, sans blessures. Seul le nain arborait de nombreuses tâches de sang et les mains de Sujima étaient si tâchées qu'il était difficile de voir sa peau en dessous. La voyant s'acharner, perdre presque son humanité, il s'approcha d'elle dans le but de l'arrêter. Mais quand il fut juste derrière elle, dans sa rage, elle donna un coup hasardeux dans son dos, certaine qu'il s'agissait d'un ennemi.
D'instinct, et profitant de l'épaisseur de son manteau qui sut arrêter le coup, le vieil homme attrapa son poignet de la main droite et l'enlaça de la gauche. Et comme réalisant que tout s'était arrêté, qu'elle ne risquait plus rien, l'enfant changea du tout au tout. Elle explosa en larmes incontrôlées et bégaya des paroles incompréhensibles jusqu'à avoir la force d'ordonner ses mots.

"Il a... Il a essayé papa ! Il a essayé !"

"Ca va, c'est fini, c'est fini. Nous sommes en sécurité maintenant."

"Lùthian... Ils... Ils l'ont... Oh par Zewen !"

Hivann savait très bien ce qu'un homme aussi perfide et avide de vengeance aurait pu vouloir essayer. Et pour avoir emmené ses filles dans un endroit reclus de ses invités, il ne pouvait s'agir que d'une chose. Quelques secondes après, Taé rejoint l'embrassade. Pendant un instant, il leur sembla à tous que leurs seuls liens familiaux pouvaient tout vaincre. Que ce rassemblement réglait une partie, même une infime partie de ce qui était arrivé. Ils restèrent un long moment comme ça, les uns contre les autres. Quand Hivann vit que Rawf assistait à la scène, il l'invita de même. Le gigantesque colosse lupin entoura la famille de ses bras, les conservant dans un cocon de protection. Mais le mage n'eut pas longtemps à attendre pour se rendre compte que le danger planait autour d'eux. Car s'il n'y avait peut-être plus de gardes, il restait toujours celle qui avait tiré sur la gâchette.

"Où est Iwa ?" demanda-t-il à ses filles.

"Elle est partie !"

"Quoi ? Seulement partie ? Mais où ?"

"Elle a quitté la ville. Elle n'a pas voulu rester. Bon sang, papa, comment as-tu pu trahir notre mère !"


Hivann se sentit un interdit. Il avait bien pensé à la réalité de cet amour pendant un instant, mais c'était encore trop incroyable pour lui. Par ailleurs, il ne comprenait pas ce départ. Depuis le début, cette femme semblait vouloir se venger, mais maintenant elle était partie... Probablement pour Oranan, leur ville de retour. Avait-il exprimé du regret ? Ou bien compte-t-elle se venger d'une autre manière ? C'était incroyable de la voir ici après de telles blessures. Mais pour une femme aussi douée en alchimie, sans doute avait-elle pu trouver de quelconques remèdes pour survivre à cet acide. En somme, elle n'allait pas être seulement une femme vengeresse à cause d'un amour non partagé... Elle allait très probablement devenir un ennemi contre l'entière famille Goont.

"Je ne me souviens même pas de cette femme ! Elle est folle, j'en suis certain. Une véritable érotomane, voilà tout. Et sa maladie ne pardonne pas ce qu'elle a fait à Lùthian. Je lui ferai payer !"

Il regarda autour de lui. Il écouta aussi. Toujours pas d'ennemis. Le danger semblait s'être écarté pour un moment. Mais en balayant la salle des yeux, il vit une chose qu'il avait presque oubliée, tant l'importance de sa famille s'était imposée à ses yeux... Le Fusil de Mertar gisait à côté du corps d'Amaury, défiguré par ses plaies. L'ynorien se releva et se détacha de sa famille jusqu'à prendre l'arme tant recherchée. Il reconnaissait toutes les pièces, auxquelles étaient ajoutées d'autres parties qui étaient manifestement manquantes. Les parties semblaient être en cuivre à cause de la teinture, mais sans pouvoir expliquer de quoi il s'agissait, Hivann comprit que ce n'était pas cela. C'était incroyable de se dire qu'une arme millénaire pouvait être aussi avancée technologiquement. Et là, alors qu'il la tenait entre ses mains, dans toute sa lourdeur, sachant qu'elle renfermait une telle puissance, il se sentit incroyablement puissant. Le barillet, la crosse, la gâchette, le canon, le percuteur... Tout était là, assemblé en une seule, unique et magnifique arme. Il semblait que même les décorations prenaient un autre sens maintenant qu'elles étaient mélangées ensemble.
Comme une bandoulière y avait été fixée, il la mit dans son dos et se tourna vers le corps du nain. Tout à l'heure, il s'était amusé à sortir tout un tas de munitions diverses pour torturer sa famille. Désormais, il s'en servirait. Il se rappela d'ailleurs qu'il y avait des munitions en Keraunos, mais il possédait lui-même des gants, donc il ne risquait rien. Et déjà, il sentit qu'Amaury payait ses instincts de metteur en scène. Il y trouva d'abord une petite pièce métallique tout à fait différente des balles. Quand il la sortit, il comprit vite de quoi il s'agissait : un moule. Un moule qui semblait pouvoir donner la forme des cartouches, de quoi lui permettre d'utiliser le Fusil de la manière dont il le souhaitait. De plus, il y trouva évidemment les munitions... Les balles n'étaient pas simplement mélangées dans ses poches : il avait fait fabriquer des petites parties de bandoulières en cuir afin d'y organiser les différentes munitions. Des cartouches en Keraunos, en Xiuhl, en Helcéa et en Mithril. Chaque partie en cuir pouvait contenir six munitions et il n'en restait plus que cinq de chaque. Sachant qu'Hivann lui-même possédait déjà des munitions en Gravilay, et en Olath, il ne lui manquerait pour que de l'Ondyria et du San-Divyna pour avait la totalité des métaux élémentaires qu'il serait capable d'utiliser avec ce Fusil. Il aurait encore longtemps besoin d'apprendre à l'utiliser correctement, mais c'est un sentiment intense d'accomplissement qui l'emporta quand il prit l'arme, fit coulisser le barillet et y inséra sa première cartouche. Les balles rentraient précisément à l'intérieur, s'adaptant exactement aux fentes. Il pouvait en mettre encore plusieurs, manifestement pour les moments où il aurait besoin de tirer rapidement, mais il se contenta d'une seule. Une simple balle de Mithril. Et enfin, il rangea le barillet qui fit un claquement métallique, signifiant que l'arme était prête à tirer. Redécouvrant sa puissance qu'il devrait pourtant abandonner pour permettre à sa famille de vivre à Oranan, il se fit une promesse.

"Je vais tuer cette femme." dit-il doucement.

Il gagnerait ce procès et il la tuerait. Mais ce procès, il n'en fit pas mention devant ses enfants. Ils devaient partir immédiatement pour Oranan. D'ici peu de temps, il se pouvait tout à fait que de nouvelles personnes viennent rendre visite à Amaury et qu'ils découvrent ce carnage. Alors Hivann serait encore en danger. Mais dans sa ville première, il resterait vivant. On le garderait vivant, jusqu'à le juger, même si cela devait se terminer par son exécution.

"Il faut y aller maintenant. Préparez-vous. Nous partons pour Oranan."

Ses filles furent évidemment surprises, mais désormais, n'importe quel endroit serait plus sécuritaire que Mertar. A Oranan au moins, il y avait une république, un ordre respecté où ils seraient en sécurité. Et pour tout dire, ils ne pouvaient pas encore engager la conversation maintenant. Ils parleraient pendant le trajet, mais là, ils ne pouvaient pas rester.
Alors sans attendre, ils quittèrent les corps des bourreaux et se dirigèrent vers la sortie. Ils purent constater, d'ailleurs, à quel point Rawf s'était battu, tant les corps de leurs ennemis gisaient là, nombreux. Beaucoup n'avaient pas même eu le temps de dégainer leurs armes. Ils ne les comptèrent pas, mais il leur sembla qu'il y avait bien plus d'une quinzaine de victimes... De quoi faire craindre encore l'impitoyable nom de Goont.

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Multi de Ziresh et Jôs.

Ser Hivann Goont, Archer-Mage niveau 10.


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MessagePosté: Ven 28 Aoû 2015 16:58 
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La grande place

« Nous arrivons maintenant dans ville haute. »

Daemon est subjugué par la beauté du quartier, il n'écoute même pas Korben, fier de décrire l'histoire de sa ville.

L’architecture est légèrement différente d'en bas, de nombreuses maisons sont en bois, un matériaux rare en ces lieux, les ornementations sont très travaillés. La richesse s'affiche sur chaque mur, sur chaque toiture, sur chaque fenêtre et sur chaque porte. Les ruelles sont exceptionnellement propre et les autochtones très bien sapés.

Au dessus des autres bâtiments, comme un géant au milieu d'une forêt, le palais royal s'impose dans des proportions gigantesques. De multiples tours, reliées entre elles par des ponts, s'alignent autour d'un donjon central encastré dans la paroi. Les fenêtres s'illuminent en constellations harmonieuses, tandis que les fortifications se parent de sculptures sublimes. Tout ici semble être un concentré d'art nanique, les matériaux sont riches et taillés dans les moindres détails.

Daemon croise une naine vêtu d'une grande robe émeraude sertie d'opales. Il n'a guère prêté attention aux femmes dans la ville basse, mais il réalise que les histoires décrivant les Thorkines à barbe sont fausse.

Korben salut encore d'autre Thorkins et tape la causette en présentant brièvement Daemon et son boulot de passeur. Les ragots fusent, les histoires aussi. Tous semblent impressionnés par ses blessures et son œil crevé.

Quelques rues plus loin, Korben annonce qu'ils sont arrivés à destination, un renfoncement abrite une porte en métal frappée d'un bas relief représentant un tonnelet de bière. Pas de doute, c'est bien la demeure de Korben.
La porte semble dénuée de serrure, encore une fois le nain agite les bras et menace. Daemon comprend et se détourne, tandis qu'il bidouille dans son dos pour activer le mécanisme d'ouverture.


Thôrond « Ours qui gronde »

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 Sujet du message: Re: La Ville-Haute : le quartier riche
MessagePosté: Ven 8 Sep 2017 02:56 
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Arc du Souffle du Voile

Chapitre XXX : La Comtesse Cédure


Au fur et à mesure que la plateforme s’élevait du sol, Akihito se rendait compte des proportions gigantesques de la Grand’Place. La statue de Valyus, qui faisait pourtant cinq bons mètres de haut, rapetissait à vue d’œil. Les résidences de la Ville Haute se détaillaient elles aussi avec plus de netteté : leur architecture externe laissait apparaître des balcons finement taillés dans la pierre, des fenêtres aux volets de bois rouge, des moulures sur les façades. De nombreux blasons ornaient également le dessus des balcons pour qu’on puisse rapidement identifier leurs propriétaires. C’était donc plus qu’un simple moyen de profiter du puits de lumière tranquillement, c’était la vitrine des nobles pour y afficher sa richesse. Un peu à l’opposé de là où il montait, Akihito aperçu deux loggias de marbres, un balcon à la rembarde d’or et un dont les moulures étaient incrustées de gemmes précieuses.
Se retournant vers un des Thorkins montant avec lui, Akihito lui demanda où il pourrait trouver la maison de la Comtesse Cédure.
« La comtesse Cédure ? Mais bien évidemment jeune homme, répondit avec un ton solennel le nain richement habillé. Vous voyez la balustrade à colonnades blanche, dont les colonnes semblent briller d’éclats rouges ?
- Celle à proximité du monte-charge à droite ? Oui je la vois, acquiesça-t-il.

- C’est la demeure de Mme Cégure. En suivant l’avenue circulaire, vous n’aurez aucun mal à la reconnaitre. Son blason est une rose rubis sur livrée blanc.

- Je vous remercie infiniment monsieur !

- Je vous en prie, mon employeur est un vieil ami de la Comtesse, il est donc normal que je sache où elle habite. »

Le monte-charge arriva enfin à destination à une centaine de mètres du sol, soit fournissant un à-pic plus vertigineux que tout ce qu’avait pu voir l’enchanteur dans sa vie. Malgré le danger c’était un sentiment grisant de se retrouver aussi haut, observant les minuscules silhouettes de nains en contrebas. (C’est amusant de se dire qu’un si petit peuple ai construit une aussi haute structure.)
La population marchant dans ces rues était nettement plus riche que celle plus bas. La soie, l’hermine, la fourrure : les vêtements des passants faisaient passer le jeune homme pour un paysan en comparaison. Néanmoins le jeune homme n’en avait cure et focalisait plus son attention sur les riches décorations qui parsemaient les devants des maisons. Les rues étaient quant à elles entièrement pavées et chaudement éclairées par des trouées dans le plafond relié à d’autres puits de lumières. Les yeux grands ouverts Akihito perdit un instant l’objet de sa venue et déambula pendant une dizaine de minutes dans les longs corridors pavés, s’émerveillant de tout ce qui passait devant ses yeux. D’autant plus que sa taille humaine lui permettait une vue dégagée pour admirer tout ce qui s’offrait à lui. Les passants ne lui daignaient pas un regard : ils devaient avoir plus l’habitude que les autres de voir des humains avec les riches marchands, les ambassadeurs humains, les différents princes et princesses… (C’est agréable de ne pas se sentir dévisager pour une fois.)
Revenant finalement à sa mission, il se mit à chercher la maison portant le blason de la Comtesse. Arrivant devant une maison dont la porte semblait faite d’or massif, Akihito estima qu’il était devant celle de la maison avec la balustrade du même métal et devait donc continuer à marcher un petit peu. La rose de rubis apparue enfin, frappée en vrais rubis à même la porte. Le bois enchâssant les gemmes semblait assez épais pour dissuader n’importe quel voleur de vouloir voler les pierres, à moins de partir avec la porte toute entière. Akihito sonna le heurtoir en argent qui était accrocher juste en dessous de la rose sur la porte et un son mat résonna dans la rue et dans la maison. Une poignée de secondes plus tard, la porte s’ouvrit sur un Thorkin sans âge, aux traits tirés et sévères, portant la livrée de la maison en un costume blanc élégamment taillé. D’un regard critique, ce qui semblait être un majordome détailla le jeune homme avant de s’adresser à lui.
« Plait-il ?

- Bonjour Monsieur, suis-je bien à la demeure de madame la Comtesse Cédure ?

- En effet. Et vous êtes… ?

- Akihito Yoichi, un voyageur Oranien. J’aimerai m’entretenir avec la comtesse si c’est possible.

- Non.

- Mais… » Akihito n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot de plus que la porte se refermait déjà, entendant les pas s’éloigner derrière. Loin de le décourager, il fit de nouveau retentir le heurtoir argenté. Le Majordome revint de nouveau ouvrir la porte.

« Encore vous ?

- Laissez-moi m’expliquer, je suis à la recherche du Marteau Runique de Valyus et…

- La Comtesse ne sait rien à ce sujet. Au revoir. »
dit-il avant de fermer de nouveau la porte. Passablement énervé, l’enchanteur frappa de nouveau la porte du heurtoir, ce qui fit revenir le majordome qui commençait lui aussi à être énervé.

« Ecoutez jeune homme, la Comtesse se repose et ne reçois pas le premier venu comme cela, alors veuillez partir immédiatement, où j’appelle la Ga-

- Balfert, qui est-ce ? résonna une voix forte derrière la porte.

- Un voyageur, ma dame. Il souhaitait s’entretenir avec vous, mais je le fais partir sous peu. D’ailleurs, il allait le faire, n’est-ce pas monsieur ?

- Mon brave Balfert, laissez-le entrer.

- Mais, ma dame… balbutia le majordome en passant sa main dans les rares cheveux blancs qui lui restaient sur la tête.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, je sais que vous serez là en cas de besoin. Cela fait longtemps que je n’ai pas eu de compagnie.

- Comme vous le souhaitez Comtesse. »

Le majordome ouvrit la porte au jeune homme qui s’engouffra dans le vestibule, remerciant au passage le nain. Il renifla d’un air dédaigneux et l’invita d’un signe de tête à le suivre. Pour une maison suspendue au sommet d’une caverne à même la roche, elle semblait particulièrement spacieuse. (On pourrait même considérer que c’est un manoir.) pensa Akihito en passant en dessous d’un lourd lustre de cristal et de métal blanc/doré, dont les pendants émettaient une douce lumière dorée sortie de nulle part. Impressionné par ce phénomène, le jeune enchanteur ne fut pas au bout de ses surprises en apercevant que tout l’éclairage était effectué par ce curieux métal.
Le Thorkin Balfert ouvrit la porte sur une large pièce s’apparentant à un salon et se plaça près de la porte, invitant l’humain à y pénétrer. Akihito ne se fit pas prier et entra dans la salle largement éclairée par deux grandes fenêtres et la large porte fenêtre qui ouvraient toutes sur la Grand’Place. Assise sur une chaise en face d’une table devant l’une des fenêtres se trouvait la Comtesse Cédure. Petite pour une Thorkine, elle portait ses cheveux poivre et sel en un épais chignon percé de deux aiguilles. Une robe couleur safran l’habillait élégamment et réhaussait son teint plus clair. Malgré un visage marqué par le temps, les deux yeux verts qui observaient le jeune homme ne semblait pas avoir perdu leurs éclats. Une certaine espièglerie s’y cachait d’ailleurs, espièglerie renforcée par le sourire en coin qu’elle arborait.
« Ca alors, un humain ! Un métis je dirais, Wiehlennois et Ynorien, je me trompe ?

- C’est tout à fait ça, acquiesça Akihito, impressionné. Je me nomme Akihito Yoichi, d’Oranan. C’est un honneur de vous rencontrer, Comtesse Cédure.

- Oh je vous en prie, laissez tomber les titres avec moi, j’ai passé l’âge pour être prise avec des pincettes. Appelez-moi Margaret.

- Eh bien, ravi de vous rencontrer Margaret.

- Aidez-moi à me lever voulez-vous ? Nous allons nous installer tranquillement sur le balcon. Balfert, un thé de Naora s’il vous plaît. Et pour vous, ce sera…?

- Un peu d’eau, merci. » répondit-il en tendant le bras à la vieille Comtesse pour l’accompagner sur le balcon où deux lourds fauteuils attendaient, autour d’une table d’échecs. Malgré sa taille, les sièges semblaient avoir été conçu pour également recevoir les humains plus grands. La Thorkine se issa sur son siège rembourré de coussins blanc et rouge et s’y installa confortablement. Akihito prit le siège opposé et en profita pour jeter un coup d’œil à la vue. (Impressionnante.)

« Impressionnante n’est-ce pas ? C’est le premier mot qui vient à l’esprit des gens qui viennent ici. Je peux y regarder ce qui s’y passe en bas, comme le retour de cette chère Exarque. La petite Rifa ne vous a pas trop malmené j’espère ?

- Non non, rien de bien… Attendez, comment êtes-vous au courant de ça ? » demanda l’enchanteur. Il était vraiment estomaqué : la vieille comtesse semblait très bien informée… (Trop bien informée.) pensa-t-il en se mettant tout à coup sur ses gardes. La Comtesse le vit certainement se raidir et éclata de rire.

« J’ai mes petits secrets, dit-elle avec malice. Mais ne vous stressez pas comme ça voyons, je ne vous veux aucun mal, ajouta-t-elle en donnant une petite tape sur le bras du jeune homme.

- Donc, vous savez surement la raison de ma présence ici ?

- L’information, c’est le pouvoir, le nerf de la guerre. J’ai su cultiver mon réseau d’informateurs au sein de Mertar pour être au courant de tout, même après ma retraite de la cour. Pour répondre à votre question, je ne sais pas pourquoi vous êtes là, mais je sais que vous vous intéressez à la Faerunne ainsi qu’au Marteau de Valyus. Votre visite aurait-elle un rapport avec l’un de ces deux sujets ? »


Balfert arriva, déposa le thé et le gobelet d’eau sur la petite table à côté du plateau d’échecs. (Tiens, les blancs sont en train de perdre.) pensa Akihito en prenant son gobelet. Il n’était pas particulièrement doué aux échecs, mais il en connaissait les règles et savait y jouer. (Même si père me bat à plates coutures à chaque fois.) Le majordome alla ensuite se poster à l’entrée du balcon, autant pour être disponible pour la maîtresse des lieux que pour vérifier que tout se passait bien avec son invité.

« Vos sources sont très efficace en effet. L’une des bibliothécaires ?

- Bien vu. Sinon, je pencherai pour le Marteau. Si c’était la Faerunne, vous seriez peut-être venu me voir avant. Sauf que bon, je ne suis pas très qualifié pour ça et je ne connais rien aux métaux élémentaires.

- Pas tant que ça, vous vous éclairez grâce à de la San-Dyvina non ?

- Mmmh, monsieur Yoichi vous êtes très observateur vous aussi !

- Je vous retourne le compliment, je viens bel et bien pour le Marteau de Valyus. Enfin, pas tout à fait.

- Je me disais bien aussi, ce n’est pas trop ma tasse de thé la forge. Je préfère du thé de Naora comme celui-ci !
dit-elle en buvant avec un sourire un peu de son thé, visiblement très fière de son jeu de mot.

- J’ai appris que vous étiez à la cour du roi Doure il y a bien longtemps. Je l’ai appris grâce aux mémoires qu’il a écrit et vous n’êtes pas sans savoir que c’est également durant son règne que le marteau a été créer, puis dérobé le même jour que la disparition du roi.

- Oh oui, je me souviens du lendemain… murmura la comtesse en plongeant dans ses souvenirs. Tout le monde s’affolait : un roi disparu, des maîtres forgerons Thorkins assassinés, une relique volée, la journée avait été mouvementée.

- SI je viens vous voir, c’est que toutes les rumeurs qui circulaient à l’époque semblaient toutes provenir de vous. Et comme il n’y a rien de mieux que de s’abreuver à la source elle-même, j’ai décidé de venir vous voir pour démêler le vrai du faux. » annonça l’oranien.

La vieille Thorkine posa sa tasse et croisa ses mains sur sa poitrine. Les yeux fermés, elle se balança d’avant en arrière. Elle se plongeait dans ses souvenirs, faisant revenir du plus profond de sa mémoire tout ce qu’elle savait de cette époque.

« Cela remonte à plus de deux cents ans…. Murmura la Comtesse. Mais heureusement pour vous, nous les Thorkins avons une très bonne mémoire, dit-elle en ouvrant les yeux et en les plongeant dans les siens. Que voulez-vous savoir ? »

Akihito sourit. (Doure Barbe Ecarlate, quand je sortirai de chez la Comtesse, ta retraite sera écourtée.)


A suivre…

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 Sujet du message: Re: La Ville-Haute : le quartier riche
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Chapitre XXXI.1 : Vol à l'Etalage


Prenant ses aises dans le fauteuil bien qu’un peu petit, Akihito rassembla mentalement ses questions et les posa à la Comtesse.
« Il courait une rumeur comme quoi Doure Barbe Ecarlate aurait eu une aventure amoureuse avec une femme du peuple, une boulangère apparemment. Est-ce vrai ?

- Sans le moindre doute. La boulangerie est devenue du jour au lendemain la fournisseuse exclusive de la cour et bien que leur pain soit bon, ma foi le précédent était bien meilleur.

- C’est un peu léger pour baser des faits dessus, non ? demanda Akihito, perplexe.

- Dans un palais, qui sont les meilleurs informateurs ? interrogea la malicieuse Thorkin.

- Les gardes, répondit Akihito après un instant de réflexion.

- Perdu ! Bien que les gardes soient effectivement une bonne source de renseignement, ils sont parfois trop loyaux pour livrer des informations. Non, ce sont les domestiques. Elles traînent partout, sont de sempiternelles commères et ne rechignent pas à livrer ce qu’elles savent contre une petite pièce.

- Logique.

- Ces domestiques donc, s’occupent également des chambres. Faire les lits, récupérer le linge sale, etc. Elles sont toujours occupées à droite à gauche et sont donc partout tout le temps. Elles voient parfois des choses qu’elles ne devraient pas, comme un roi embrassant une femme avec un tablier de boulanger.

- Comment pouvez-vous faire confiance à des propos pareils ? Il serait aisé de mentir et inventer une scène aussi croustillante juste par appât du gain, remarqua le jeune homme.

- Là encore, vous n’avez pas tort mon garçon ; c’est pour cela que mon réseau était aussi efficace : je vérifiais chaque information. Saviez-vous par exemple qu’à chaque déplacement de ladite boulangère au palais, les soirs où elle passait la nuit au château les domestiques avaient interdictions de pénétrer dans la chambre royale ? Curieux, non ?

- Vous m’avez convaincu. Qu’est devenue cette femme après la disparition du roi ?

- Elle est restée à la tête de son établissement, le Moulin Souterrain. Elle s’est mariée, a eu des enfants, des petits enfants. Elle serait restée folle amoureuse de son amant, si bien que chaque anniversaire de sa disparition, elle va fleurir son mausolée.

- Mmmh. Et sur le Roi Doure ? Si vous deviez le décrire en quelques mots, que diriez-vous ? questionna ensuite le fulguromancien.

- Chasseur, bon vivant, déterminé et fier. C’était un très bon roi, amateur de la chasse pour les frissons qu’elle procurait et pour la joie de manger le fruit de sa chasse. Il adorait manger. Il pouvait entrer dans des colères noires contres des cuisiniers si un plat arrivait froid. C’était malgré tout un roi apprécié de tous. Enfin, de la plupart, il a eu ses détracteurs naturellement.

- Le culte de Valyus ?

- Entre autres. Les fluides de feu du roi l’ont poussé à se tourner d’abord vers Meno et les différents incidents avec des adorateurs de Valyus l’ont convaincu de leur vouer une haine farouche. Enfin, haine, je n’irais pas forcément jusque-là, mais le langage fleuri qu’employait le roi à leur encontre quand il se trouvait à proximité de mes informatrices prouve bien qu’il ne les portait pas dans son cœur.

- Je vois, c’est bien ce que j’avais cru comprendre dans ses mémoires. » dit Akihito en réfléchissant. Les pièces du puzzle commençaient lentement à s’imbriquer les unes dans les autres et un schéma s’en détachait. Néanmoins, il lui manquait quelques informations.

« C’était un bon magicien ?

- Pas vraiment. Malgré tous ses efforts, il n’arrivait pas à progresser beaucoup.

- Il n’a pas cherché à trouver des artefacts pour augmenter sa compréhension de la magie ?

- Vous savez très certainement que les artefacts dont vous parlez se lie à leurs propriétaires : en sa qualité de roi, Doure Barbe Ecarlate n’avait pas le luxe de quitter ses fonctions le temps de se mettre à leurs recherches.

- Très bien, Margaret. J’aurai une dernière question…

- Est-ce que je pense que c’est le Roi Doure qui a volé le Marteau ? devina la vieille dame.

- Encore une fois, c’est exact. (Elle a un vrai don pour deviner et analyser les gens !)

- Je pense que malheureusement, oui. Je ne sais pas encore pour quelle raison il l’aurait fait, mais son comportement avait bien changé. A mesure que la date de fin du Marteau approchait, il devenait plus taciturne, plus préoccupé. On se demandait si sa femme n’avait pas découverte sa maîtresse, mais il n’ne était rien. Puis cette disparition si soudaine, sans raison valable… Ca ne lui ressemble pas.

- Pas d’ennemis mortels ? Pas de tensions avec des pays voisins, les Garzoks ?

- Rien de tout ça. Juste cette frustration vis-à-vis de la magie. Cela semblait le ronger depuis un moment, se rappela la vieille Thorkine. Sa fierté le rendait insatisfait sur ce point-là. J’imagine qu’il n’en a pas parlé dans ses mémoires ?

- Pas vraiment non.

- Voilà. En fin de compte, la seule chose qui me bloque, c’est que je n’arrive pas à comprendre pourquoi il serait parti avec ce fichu marteau…

- J’ai peut-être une réponse… » dit le jeune en repensant à ce que lui avait dit le vieux Aknaer, peu avant qu’il ne quitte sa boutique.

« Et n’oublie pas petit, l’identification de runes, ça prend parfois du temps mais ca reste ton domaine de prédilection ! Les enchanteurs, vous maniez l’arme à la magie !
- Merci Aknaer, je saurais m’en rappeler ! Si je retrouve le Marteau, croyez bien que vous serez le premier à le voir !

- En parlant de ça gamin… Ce Marteau est un puissant artefact mais ce que je ne t’ai pas dit, c’est qu’il a été créé par des Enchanteurs POUR des Enchanteurs. Le Marteau décuplerait ta force à mesure que tu le manies grâce aux nombreuses runes qui le parsème, mais également ta magie et sa compréhension profonde. L’arme qui allie parfaitement la force et la magie… Si jamais tu venais à remettre la main dessus, toi un enchanteur, je pense que ce serait mieux que tu la gardes. Dans une certaine mesure, ce serait comme s’il t’avait choisi ! bref je te fais perdre ton temps, retourne chez toi que je puisse fermer ma boutique ! »

« Le Marteau a été créé pour augmenter le potentiel magique de celui qui le manie, en plus de sa force. Pour le Roi Doure, c’était l’opportunité rêvée : l’artefact qu’il cherchait depuis si longtemps pour maîtriser sa magie, enfin à portée de main. Et en plus, il pouvait porter un coup au culte de Valyus par la même occasion et faire d’une pierre, deux coups !
- Il semblerait que vous aillez vous aussi vos propres informations… Vous comptez vraiment mettre la main sur ce Marteau à ton tour ? demanda curieusement la noble.

- Si j’en ai l’occasion, je voudrais pouvoir le manier. Puis en tant que Fidèle de Valyus, ce serait une occasion de venger ses créateurs morts aussi injustement…


- Vous m’avez l’air bien décidé jeune homme, déclara la Comtesse Cédure, une lueur amusée dans les yeux. Vous me plaisez bien, monsieur Yoichi. Je suivrai la progression de votre quête avec impatience !

- Je vous remercie de vos précieuses informations Margaret. Je vous suis redevable et si jamais je peux vous être d’une quelconque utilité, dites-le-moi !

- Rétablissez la vérité sur ce vol me rendra bien assez heureuse, mais je prends note de votre dette envers moi, dit-elle en lui souriant. Bien, mes vieux os ont besoins de repos. Balfert, raccompagnez ce charmant monsieur au monte-charge s’il vous plaît.

- Prenez soin de vous Margaret ! » répondit Akihito en guise de salutation avant de suivre le majordome en livrée rouge et blanche.

A suivre…

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 Sujet du message: Re: La Ville-Haute : le quartier riche
MessagePosté: Ven 29 Déc 2017 19:23 
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Chapitre XLV.2 : Escapade Nocturne


Au bout d'un bon quart d'heure en tout, Akihito arriva enfin au sommet de l'escalier. Il arrivait à proximité d'un des lourds montes charges qui étaient inactifs durant la nuit. L'endroit n'était donc que peu surveillé, mis à part par un milicien de garde qui piquait du nez avec de lourds ronflements. Akihito l'ignora et se tourna vers la paroi de la Grand ‘Place. L'escalier arrivait pile sous le balcon d'un noble quelconque, à tel point qu'en tendant les bras, Akihito put s'accrocher à la balustrade en fer forgé. Il laissa tendu le petit doigt pour ne pas l'endommager et testa la solidité de sa prise. Les barreaux en fer, solidement enfoncés dans la pierre, ne bougèrent pas d'un iota sous les impulsions de l'enchanteur. Satisfait, il se hissa en utilisant le mur sur sa gauche pour pouvoir monter sur le balcon. Tirant sur les bras comme lors des tractions qu'il faisait sous la tutelle de son père, Akihito se hissa avec facilité sur le balcon. Il avait pris soin de vérifier que les lumières étaient éteintes avant de se hisser, aussi il put évoluer sans crainte sur le balcon aux volets fermés.

Son plan était on ne peut plus simple : passer par les balcons plutôt que par la rue pour pénétrer dans la maison de la comtesse. En effet, passer par la rue était suicidaire puisque c'est là qu'il pouvait rencontrer le plus de gardes et il n'avait aucune idée de comment rentrer par l'unique porte massive de bois. A contrario, passer par le balcon offrait l'avantage d'être moins repérable car tous les habitants dormiraient surement et ne seraient pas sur le balcon. De plus, si la comtesse avait verrouiller la porte, il pourrait toujours fracturer la fenêtre, infiniment moins solide que la porte d'entrée.

Pour atteindre le balcon de la maison Cédure, Akihito devait traverser une demi-douzaine de balcons. Certains étaient reliés entre eux par une petite corniche formée de gravures que Akihito pourrait exploiter pour passer le vide qui séparait les balcons. Il passa ainsi les deux premières maisons en s'accrochant à la balustrade, passant par-dessus et atteindre de sa jambe gauche le sol du second balcon. Il se trouvait alors dans une sorte de semi grand écart entre les deux plateformes et d'une impulsion sur sa jambe droite, se propulsait vers le rebord suivant en s'agrippant fermement de sa main gauche. La première fois qu'il fit ça, il avait les jambes qui tremblaient alors qu'il regardait la paroi, son regard irrésistiblement attiré vers le bas. Pour s'empêcher de penser à ça et se concentrer sur sa tâche, il se répétait sans cesse un mantra. (Si je regarde en bas, j'ai peur. Si j'ai peur, je me déconcentre. Si je me déconcentre, je glisse. Si je glisse, je meurs. Si je regarde en bas…). En se répétant sans cesse ces paroles, le jeune homme parvint à atteindre finalement le quatrième balcon. Il n'en restait plus que deux mais un problème surgit : au fut et à mesure qu'il avançait, l'écart augmentait. Là, l'espace de vide avait triplé de largeur et devait faire au moins quatre mètres. Il ne pouvait pas faire comme les fois précédentes.

Akihito déposa son sac sur le balcon et se munit de la corde ainsi que de son épée. La pioche et la hache ne lui serait d'aucune utilité pour ce qu'il s'apprêtait à faire, pas plus que les potions. Il devait être le plus léger possible. Laissant le sac sur le balcon pour le récupérer plus tard, Akihito se tourna vers sa prochaine destination. Il attacha la corde à la balustrade de marbre et l'autre extrémité au manche de son épée qu'il avait spécialement emmailloté de tissus pour l'occasion. Il envoya alors son épée sur le balcon suivant en rentrant inconsciemment la tête dans les épaules. (Faut pas que ça fasse trop de bruit, sinon je suis fichu !). L'épée tinta contre la pierre dans un léger tintement étouffé, au grand soulagement de Akihito. Tendant la main, Akihito utilisa ses capacités pour détecter le fer contenu dans la lame de son arme et la localiser plus précisément. Une fois que ce fut le cas, il pencha la main au-dessus du vide paume orienté vers l'épée et usa une fois de plus de ses pouvoirs pour attirer la lame à lui. Dans un raclement lui aussi étouffé, l'arme volée passa entre deux des piliers de la rambarde de pierre et se dirigea vers la main du fulguromancien. Il la récupéra, détacha la corde de la poignée et admira d'un air satisfait la boucle qu'il venait de faire entre les deux rambardes de pierre. Il détacha alors le nœud qu'il avait fait en premier lieu et noua alors les deux cordes avec un nœud bien serré appris par son père. (« Un nœud extrêmement difficile à défaire peut aider dans bien des situations ! » Encore une fois, Père a eu raison.)

La corde était bien tendue entre les deux balcons. Il l'avait mise suffisamment proche du mur pour qu'il puisse s'en aider pour traverser le vide. (Il va falloir voyager léger.) Il remit son épée nue dans son fourreau dans son dos et avança. Il passa par-dessus la rambarde, s'accrocha aux deux cordes en même temps et avança en posant ses pieds sur les moulures qui couraient tout le long du mur. Son corps était légèrement en biais mais cela lui évitait de faire reposer tout son poids sur la corde. Akihito avança lentement, un pas après l'autre, une main après l'autre. Même s'il s'aidait des deux cordes et que celles-ci étaient tendues au possible, le fulguromancien sentait que plus il se rapprochait du centre de la corde, plus ses appuis étaient faibles, la corde se tendant. Au milieu du trajet, il ne pouvait plus toucher que la paroi du bout des pieds. Il perdit volontairement ses appuis qui l'épuisaient plus qu'autre chose et décida de continuer jusqu'à avoir de nouveau des appuis en comptant sur la seule force de ses bras. Avec un sourire ironique, le jeune homme se fit la réflexion que comme toujours, il avait plus confiance en la force de ses bras que celle de ses jambes. (Allez mon vieux, t'as quoi, deux mètres à parcourir ? On se bouge ! Et regarde pas en bas parce que si tu regardes en bas, tu…) Le mantra recommença à résonner alors qu'il avançait il était suspendu dans le vide par la seule force de ses bras et déjà de grosses gouttes de sueur sur son front et le long de son dos perlaient. Néanmoins, les muscles endurcis par l'entrainement lui permettaient de pouvoir avancer sans trop de soucis, malgré une prise désagréable avec un doigt inopérant. En somme, la transpiration était plus dût à la dangerosité de la situation que l'effort en lui-même.

Une poignée de secondes plus tard, il arrivait au bout de la corde et s'aida du mur pour remonter. Une fois sur le balcon, il prit un instant pour reprendre son souffle et en profita pour voir comment il ferait pour passer au balcon de la comtesse. Il vit avec soulagement que l'écart n'était pas aussi grand que le précédent et que la corde ne serait pas nécessaire. Il franchit le vide de la même façon que pour les premiers balcons, arrivant enfin à destination. (Eh bah, c'était pas de tout repos !) pensa Akihito, tout de même très fier de lui. Mais c'est là que la partie la plus difficile arrivait : trouver comment rentrer puis trouver les informations qu'il cherchait et le tout sans se faire repérer. Il s'approcha discrètement de la porte qui menait à l'intérieur de la maison et la tâta à la recherche d'une poignée ou d'une éventuelle serrure.

La chance sourit enfin à Akihito. La comtesse ne devait pas se douter qu'un éventuel intrus passerait par l'extérieur et n'avait pas munie sa porte d'une serrure : d'une simple pression, le jeune homme ouvrit la porte et pénétra sans un bruit dans la pièce sombre. Ses yeux s'habituèrent rapidement à l'obscurité, si bien qu'il put commencer à distinguer vaguement les formes du salon qu'il avait visité quelques jours plus tôt. Les vieux sièges, le bureau, tout y était. Akihito ne connaissait pas la maison mais pensait que si la comtesse devait écrire ou lire des lettres à la secte du Marteau des Runes Enflammées, il y avait de bonnes chances que ce soit sur ce bureau. (Sauf si elle s'amuse à avoir plusieurs bureaux dans sa maison. Remarque, c'est une noble…)

Néanmoins, un problème restait à résoudre : la lumière. Obtenir les lettres ne servait à rien s'il ne pouvait les lire. Il avait une solution à ça : en préparant son plan, Akihito se souvint des lustres de San-Divyna qui éclairaient le couloir de la comtesse Cédure. Un seul morceau du lustre fournissait un halo de lumière éclairant faiblement dans un rayon d'un mètre et quelques et sa petite taille permettait d'étouffer rapidement sa lumière. Il avait alors pensé à en prendre un morceau pour pouvoir poursuivre ses recherches. Avançant lentement à tâtons dans la pièce, l'enchanteur se rapprocha de l'endroit où sa mémoire situait approximativement la porte. Du bout des doigts, il toucha le mur avant de les faire courir le long de celui-ci jusqu'à ce qu'il rencontre une surface faite de bois : la porte. Il l'entrouvrit doucement et passa un œil discret avant de pénétrer sans un bruit dans le couloir.

Levant les yeux, son regard se posa sur une lueur étouffée par un tissu noir. Puisqu'il était un homme dans une maison de Thorkin, bien des choses étaient à sa portée. Du bout des doigts, il cherchât un des coins du tissu pour le défaire et le trouva finalement, accroché à un anneau par un crochet au plafond. Le drap tomba et bientôt une douce lumière blonde éclaira une partie du couloir. Elle aveugla momentanément le jeune homme qui s'habitua rapidement à la luminosité. Il observa le lustre et vit que tous les morceaux de San-Divyna était taillés de la même manière : un prisme formé de deux pyramides à trois côté allongés collés par leur base. L'ossature du lustre était en métal précieux, mais le métal lumineux y était relié par une simple lanière de cuir avec une pièce de métal argenté qui enchâssait le métal de lumière. Le son feutré de l'épée quittant doucement son fourreau rompit silencieusement le silence et avec une infinie précision, le jeune homme coupa une lanière le plus à la base possible du lustre, faisant tomber dans sa main tendue en dessus le prime lumineux. La tâche fut ardue car il ne fallait pas cogner les autres morceaux pour faire le moins de bruit. Il fut tenté de prendre plus de ce métal précieux et rarissime, mais il devait laisser le moins de traces de son passage : un pendant qui disparaît sur la grosse trentaine passerai inaperçu pour un moment, mais plus serait repérable.

La source de lumière en main, Akihito fixa de nouveau le drap pour cacher le lustre et se dirigea vers le bureau de nouveau quand un bruit le fit sursauter : quelqu'un ouvrait une porte à l'étage ! L'enchanteur mit le prisme dans une de ses poches et entra le plus discrètement possible dans le salon dont il ne ferma pas totalement la porte, le loquet aurait tôt fait de prévenir la personne éveillée d'un invité indésirable. Akihito observa par la porte entrebâillée un vieux Thorkin en tenue de nuit descendre en baillant, une bougie à la main. (Le majordome !) reconnut-il. Il ne se souvenait plus de son nom, juste qu'il était aussi strict qu'inamical envers le jeune humain. Il descendit les escaliers, entra dans une pièce et de ce qu'entendit Akihito, se servit un grand verre de liquide qu'il but goulument. L'intrus retenait toujours sa respiration quand le vieux majordome remonta les marches et que la porte se referma, replongeant la maisonnée dans le silence.

Akihito relâcha sa respiration et retrouva son souffle. (j'ai eu chaud… A cinq secondes près, je me faisais attraper !) Ne cherchant pas à s'éterniser plus que nécessaire, il sortit le San-Divyna de sa poche et s'avança vers le bureau. II se pencha au-dessus du bureau et après avoir attendu immobile dans le noir une poignée de minutes pour s'assurer du silence, l'enchanteur commença à fouiller dans le tiroir du bureau. Les lettres étaient soigneusement entassées, classées par ordre chronologique. L'état des dernières lettres ne laissaient pas de doute sur leur ancienneté. Pendant une demi-heure, Akihito fouilla dans les lettres pour essayer de trouver une lettre qui l'intéressait. Cependant, aucune d'elles n'étaient adressées à un quelconque Numéro 1, à tel point que Akihito douta un instant de ses déductions et des accusations à l'encontre de la Comtesse.

Un grincement de vieille marche en bois se fit entendre dans la maison. (Bordel, ils savent pas dormir tranquillement ici ?). Par sécurité, Akihito alla discrètement se mettre derrière la porte. Cette précaution s'avéra utile car la porte s'ouvrit quelques instants plus tard, laissant entrer une silhouette que le mage devina être Margaret. Malgré la pénombre, elle se déplaçait aisément dans la pièce et vint s'asseoir dans un fauteuil en fredonnant. Elle fredonna en tapotant l'accoudoir du bout de ses doigts en rythme. Akihito décida d'intervenir et se glissa derrière la Comtesse, la lame de son épée mise à nue. Alors qu'il allait la ceinturer et la bâillonner de sa main, un événement inattendu se produisit : la Comtesse se releva subitement, fit le tour du petit guéridon en face du fauteuil et alla s'asseoir sur le fauteuil de l'autre côté. Elle cogna légèrement le bord de la table au passage mais ne sembla même pas s'en soucier, recommençant à fredonner une fois installée. Décontenancé, Akihito se déplia et approcha lentement le métal lumineux du visage de la Comtesse Cédure : ses yeux étaient clos. (C'est donc ça ce qu'on appelle le « somnambulisme » ?)

Akihito en avait déjà entendu parler : une étrange maladie du sommeil qui faisait bouger le corps de quelqu'un durant la nuit sans que celui-ci en ait conscience. La personne parlait également parfois durant cette phase. Le fulguromancien agita sa main illuminée plusieurs fois devant ses yeux, mais aucune réaction ne vint. (Elle dort vraiment en marchant… Apparemment, il ne faut jamais réveiller un « somnambule ». Ils ont le sommeil lourd dans ce genre de situation mais on dit que s'il se réveille, ils confondent la réalité et les songes et peuvent prendre ce qui les entourent pour des monstres en les associant avec leurs visions oniriques. Et j'ai pas vraiment besoin de ça.)

Laissant la vieille Thorkine fredonner dans son coin, Akihito s'en retourna à son exploration. La lettre qu'il avait lue dans le bureau de la secte datait d'il y a quelques mois et aucune des lettres qu'il épluchait ne traitait de près ou de loin à un quelconque Marteau. Rien que des informations, des commérages, ainsi qu'une relation épistolaire accrue avec sa fille, une naine envoyée dans une riche famille de Kendra-Kâr proche du Roi Solomon VI. Rien de bien palpitant. Dans un discret soupir, Akihito se rendit à l'évidence : ce bureau ne contenait rien qui concernait la secte ou le Marteau. Il eut alors une pensée : des lettres aussi peu recommandables n'étaient surement pas mises avec les autres, peut-être la chambre de la vieille Comtesse recèlerait les lettres convoitées ?

L'occasion était parfaite : la vieille Comtesse dormait hors de sa chambre, il pouvait donc y pénétrer sans soucis. Il devait juste faire attention au majordome qui avait lui aussi des moments d'insomnies. Il sortit discrètement du salon et se retrouva de nouveau dans le couloir. La luminosité du San-Divyna perçait à travers un pli mal remit par Akihito et éclairait faiblement l'escalier de bois. Akihito en observa les marches tant bien que mal et estima celles qui risquaient le plus de craquer. De par son expérience dans les retours furtifs chez lui de nuit, après un long moment passé à la Bibliothèque d'Oranan, Akihito reconnaissait les marches qui craquaient via les fissures qui les zébraient. Prudemment, le jeune homme monta les marches en profitant de sa grande taille pour en sauter plusieurs à la fois. Une petite dizaine d'enjambées et une frayeur causée par le craquement non prévu d'une marche plus tard, Akihito arriva sur le palier du premier étage. La chambre de la Comtesse fut facilement identifiée, c'était celle dont la porte était encore ouverte après l'escapade nocturne de la vieille dame. La chambre contenait un grand lit (Pour des Thorkins.) au centre de la pièce, une petite percée donnant sur la rue, un miroir à pied, une antique armoire et une table de chevet. L'armoire était chichement garnie de vêtements et à moins que la Comtesse ne s'amuse à cacher les lettres dans les plis de ses vêtements pliés, elle ne contenait rien d'intéressant.

Une vieille malle prenait la poussière sous le lit mais la déplacer aurait fait un boucan pas possible, aussi Akihito l'ignora. Ne restait plus que la table de chevet, munit d'un seul tiroir. Il le fit glisser délicatement et trouva dedans une boite à bijoux somptueuse ainsi que différentes babioles apparemment très importantes pour la Thorkine. Il y avait notamment une lettre de sa fille annonçant qu'elle se mariait. Mais aucune trace de soupçons. Dépité, Akihito désespéra à l'idée de ne pas savoir qui lui en voulait assez pour fournir des informations aussi précieuses aux fous furieux de Meno. Peut-être Aknaer ? (Non, s'il l'avait voulu il m'aurait capturé dans mon sommeil. Un des autres nains de la caravane ? Peu probable. Mais alors qui ?)

Akihito hésita un instant à voler la boite à bijoux posée sur le lit : mais il n'était pas un voleur et devait ne laisser aucune trace visible sur son passage et une boite à bijou, c'est sacrément remarquable. Il la reposa donc dans le tiroir et alors qu'il posait sa main sous le fond du tiroir pour faire glisser le tiroir dans son rangement, deux choses arrivèrent. La première, c'est que Akihito remarqua que le fond était anormalement haut par rapport à la profondeur du tiroir, ce qui ne laissait que deux possibilités : (Soit le menuisier est un branque, soit il y a… Un double fond !) Faisant glisser tous les effets de la Comtesse au fond du tiroir, Akihito releva délicatement la planche en bois, révélant un double fond. Il en tira une petite liasse de lettres reçu par un certain « M1 ». Fou de joie, le jeune homme les sortis de la cache. Le deuxième événement se déroula au même moment : la porte grinça et des pas retentirent dans la chambre. Akihito se pétrifia sur place. Etait-il prit la main dans le sac ?

(Merde !)

A suivre…

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Dernière édition par Tergeist le Lun 7 Fév 2022 14:04, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Ville-Haute : le quartier riche
MessagePosté: Ven 29 Déc 2017 19:32 
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Dans le chapitre précédent…

Arc du Souffle du Voile

Chapitre XLVI.1 : L'assassin qui ne voulait pas abandonner


Les pas légers de la comtesse résonnèrent dans la chambre : peu désireux de se faire prendre sur le fait, le jeune homme se tendit brusquement et resta immobile. Il espérait que la comtesse passe de l'autre côté du lit pour se coucher car l'obscurité de la chambre à coucher ne le cachait pas totalement. La main crispée sur son épée et prêt à bondir, Akihito vit la Thorkine se diriger d'un pas lent vers son lit vers le visiteur importun. (Non pas par là pas par là pas par là… ! Hein ?) La démarche peu naturelle de la maitresse des lieux l'intrigua. C'est lorsqu'elle apparut en face de lui et grimpa sur son lit sans le voir que Akihito comprit : elle était remontée de la même manière que lorsqu'elle était descendue, en étant « somnambule » !

(Quelle maladie étrange décidément…) pensa Akihito alors qu'après quelques grognements incompréhensibles, la Thorkine se mit à ronfler avec entrain. Discrètement, il sortit de la chambre en refermant tout doucement la porte, les lettres sous le bras. Il descendit rapidement les marches, traversa silencieusement la maison et retrouva finalement l'air libre. Il y prit une grande goulée d'air frais, il avait retenu sa respiration au moment où la comtesse avait pénétré dans la chambre et ne la relâchait que maintenant. Il se munit ensuite de son éclat de San-Divyna et commença à examiner les lettres de M1. Celles-ci se révélèrent bien plus intéressantes, plus que ce qu'il aurait pu espérer. Il lut en diagonale une vingtaine de lettres qui recouvraient plusieurs décennies : de ce qu'il comprenait, grâce à son réseau d'informateurs, la Comtesse Margaret avait découvert la présence de la secte et de leur implication dans le vol du Marteau. Ils avaient aidé le roi à assassiner les enchanteurs elfiques et Thorkins avant de le cacher jusqu'à sa mort. En les découvrant, elle leur avait proposé un marché : elle n'avait que faire du marteau mais son réseau d'informateurs lui importait plus et avait parfois besoin de se débarrasser de quelques gêneurs. En échange de ne pas divulguer leur existence et de les financer en partie, la Comtesse avait obtenu de parfaits espions et hommes de main qui l'aidèrent dans plusieurs basses besognes. Elle aurait ainsi commandité la mort de plusieurs nobles ou fils de nobles qui la gênait.

Avec ces lettres, Akihito avait de quoi la faire juger par la Justice et la Milice de Mertar sans soucis, les preuves étant sans équivoques. Il trouva également ce qui l'intéressait le plus, le but de son cambriolage : la localisation du Marteau runique de Valyus. La comtesse possédait suite à un héritage quelconque une mine assez éloignées des nouvelles mines utilisées et dont les filons étaient presque épuisés. Il y avait logé le « Sarcophage du marteau », mention que Akihito ne comprit pas trop. Ils avaient également trouvé un « gardien » mais l'enchanteur ne trouva aucune mention claire sur son identité. (De toute façon, qui qu'il soit, je vais devoir l'affronter).

Le jeune homme glissa les documents avec précaution sous ces vêtements pour retraverser dans le sens inverse les balcons. Etant préparer à ce qu'il aurait à faire, le retour se fit bien plus aisément. Il récupéra son sac dans lequel il logea les lettres dont certaines, abimées par le temps, s'effritaient pratiquement sous ses doigts. Il revint sans encombre à l'escalier de pierre et discrètement, s'enfonça dans ses ténèbres.

A suivre…

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