L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Village de Stanrock
MessagePosté: Mar 28 Oct 2008 15:01 
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Village de Stanrock


Situé à une petite dizaine de kilomètres de la frontière avec le domaine de Darhàm, ce village est un véritable poste frontière.

Stanrock est un village libre, bien que dépendant de Mertar. Créé à même la montagne il semble imprenable à qui s'en approche. Les légendes racontent que c'est Yuimen en personne qui aurait creusé les roches, mais il n'en est rien. Ce travail a bien été fait par des nains, voilà de nombreuses années.

A l'intérieur des murailles monolithiques se dressent des petites bâtisses tout ce qu'il y a plus normales. Quelques militaires les occupent, de plus en plus nombreux depuis que Darhàm est tombée aux mains d'Oaxaca.

En ces périodes troublées, cependant, nombreux sont les nains et les mercenaires avides d'or qui s'entraînent dans les ruelles autrefois paisibles.

Vous ne trouverez aucun marchand ici, tous sont partis il y a fort longtemps.

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Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
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 Sujet du message: Re: Village de Stanrock
MessagePosté: Mer 13 Juin 2012 18:08 
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Depuis la route entre Darhàm et Mertar.


Une fois de l'autre coté des murailles de pierres, je me renseignais auprès des quelques gardes présents. Ils m'expliquèrent qu'il n'y avait plus aucun marchand présent mais qu'ils acceptaient de m'échanger un peu de nourriture contre mes Yus. Ils m'indiquèrent également un endroit où je pourrais passer la nuit. Une bâtisse à peine plus grande que les autres d'où s'échappaient quelques rires et de la lumière. Une sorte d'auberge où les militaires pouvaient se détendre et les voyageurs se reposer avant de continuer leur route.
Je me dirigeai donc vers ce bâtiment. Une fois à l'intérieur, je fus agressé par l'odeur de bière, de sueur et de fumée qui régnait. Une fois habitué à l'odeur je m'élançai vers le type qui semblait gérer l'habitation. C'était un humain, un Kendran à en juger par son teint pâle et son nez aquilin. On pouvait à sa stature, deviner qu'il était également un militaire. Le dos droit, le torse bombé, le regard fier. Il riait de bon cœur avec un nain au bar. Quand il m'aperçut, il se tourna vers moi et me souhaita la bienvenue avant de demander en quoi il pouvait m'être utile.

"J'aimerais une chambre pour pouvoir passer une nuit tranquille avant de me rendre à Kendra Kâr."
"Une chambre hein ? "
Il se tourna vers le mur où y étaient accrochés une dizaine de clés.
"Si vous aviez aussi de quoi manger..."
" A part les rations militaires on n'a pas grand-chose mais tu m'a l'air affamé. J'vais voir ce que je peux te trouver. "
"Je vous remercie."
"C'est normal. J'ai aucune envie que tu crèves de faim dans une des chambres."

Il me tendit une clé.

"Voilà pour toi. C'est la première chambre à gauche quand tu montes. C'est pas le grand luxe mais tu pourras te reposer convenablement. Va donc t'asseoir ! J'vais t'apporter quelque chose à manger."

Je le remerciai d'un hochement de tête et parti m'installer à une table vide. Quelques visages s'étaient tournés vers moi mais avaient vite repris leurs discussions avec leurs voisins de table. Je soufflais un peu. On allait m'apporter de quoi manger, je pourrais dormir et les provisions des gardes me permettrait de voyager jusqu'à la prochaine ville. La salle était pourvue de plusieurs tables de formes rondes ou rectangulaires en fonction du nombre de personne qu'elles pouvaient accueillir. Sur chaque table se tenait une bougie permettant d'éclairer sa boisson. Les personnes présentes étaient surtout des militaires, nain et humains. Mais je pouvais voir également d'autres voyageurs équipés d'un manteau ou d'une armure décoloré et usé. L'ambiance était joviale, chacun riait et s'amusait. Une table au fond s'adonnait à une partie de carte tandis qu'une autre juste derrière moi se racontait des souvenirs de bataille. Le Kendran revint avec une assiette contenant une bouillie tiède et peu appétissante qu'il déposa devant moi.

"Bon euh... J'te souhaite un bon appétit mais entre nous... C'est dégueulasse."

Il ria et retourna au bar finir la discussion qu'il avait entamée plus tôt avec le nain. J'entamai mon repas sans faire d'histoires. Bien trop affamé pour tenir compte du goût d'un plat. Même si en effet c'était vraiment dégueulasse. Je réfléchissais également à mon avenir incertain. Certes je pourrais traverser le Duché des montagnes, rejoindre Kendra Kâr et probablement changer de continent. Mais ensuite, j'allais à nouveau reprendre des contrats jusqu'à ce que nouveau des larbins Shaakts me mette la main dessus ? Il fallait trouver une solution pour être tranquille, avoir la paix définitivement. Disparaître, devenir une ombre puis un souvenir pour finalement être oublié. Une fois mon repas terminé je saluais le gérant avant de rejoindre ma chambre. Un lit simple reposait contre le mur et un petit poêle à bois chauffait la pièce. Je retirai ma cape et la balançait sur le lit avant de retirer mes dagues de jet. J'en pris une et mit la lame dans les flammes. J'inspectai ensuite ma jambe. Linwen avait fait du beau travail. La blessure se cicatrisait, je ne risquais plus rien. Je devais la vie à une personne que j'avais assassinée. Le regard qu'elle m'avait lancé avant de mourir me traversa l'esprit comme un éclair. Plus jamais on ne m'attraperait et pour cela je devais faire le nécessaire. Devenir méconnaissable. Je saisissais une autre dague et me fit une nouvelle coupe de cheveux. Coupant mèche après mèche jusqu'à avoir la nuque et les oreilles découvertes. Je jetais mes cheveux blancs au feu qui brûlèrent en dégageant une odeur désagréable. Ca ne suffirait pas, mon oreille tranchée et ma joue balafrée restaient des signes distinctifs. Je repris ma lame chauffée à blanc, la fixant un long moment. Je pris ma cape, roulant une partie en boule pour la mettre en mes dents et la mordre fort. Puis je fis ce qu'il y avait à faire pour que mon visage soit méconnaissable.

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 Sujet du message: Re: Village de Stanrock
MessagePosté: Jeu 28 Juin 2012 03:37 
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Recrutement de Arkalan


Trop occupé à te défigurer et à tenter de contrôler la douleur, tu ne vis pas la corneille qui t’observait depuis un petit moment déjà. Sans difficulté, elle lança un vieux livre noir sur toi. Ce dernier s’ouvrit et lorsqu’il te toucha, il t’engouffra presqu’immédiatement. L’oiseau récupéra ensuite le petit bouquin noir et s’envola vers d’autres cieux.

((( Et voilà, dès que le sujet de la quête 28 sera visible, je te demande de te rendre sur le babillard pour y suivre les directives, et ensuite de te rendre à la page de garde couleur et de rp la scène qui vient de se dérouler ici,... Sois la bienvenue dans la quête 28)))

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 Sujet du message: Re: Village de Stanrock
MessagePosté: Ven 21 Juil 2017 17:45 
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Il existe des endroits meilleurs qu’un village fortifié à la frontière de l’Empire d’Oaxaca pour couler des jours paisibles après une vie bien remplie. Stanrock et ses nombreux guerriers et mercenaires nains n’échappent pas à la règle. Pire encore, avec Troglon, c’est sans doute le village le plus exposé aux troupes de la Déesse Noire. Rakha’s al Bünd, lui, n’en a cure. C’est un village qui lui va très bien. La guerre contre Oaxaca, ça fait longtemps qu’il ne s’en préoccupe plus. Ni même qu’il tremble pour la sécurité du Royaume des Nains de Nirtim, dernière patrie valorisée de ce peuple renfermé sur lui-même. Il s’est installé là parce que sans vouloir être au cœur de l’antique cité du centre de ce continent, il peut y vivre tout en profitant des égards dus à son grade : Longue-Barbe. Une reconnaissance des siens venue bien tard, et qu’il n’a jamais pensé mériter ni atteindre un jour.

Ainsi vit-il désormais, mirant les guerriers s’entraîner rudement sans être leur maître d’armes. Oh bien sûr il leur dispense de temps à autre quelque conseil avisé, lorsque la théorie trop carrée des instructeurs touche les limites du vécu de terrain, mais la plupart du temps, il se contente de les apostropher de vivats ou de moqueries bien senties, auxquelles les recrues rechignent à répondre. Son rang, encore une fois. Et il a appris à en profiter, taquin.

En cette douce matinée estivale, les fesses posées sur un petit banc de pierre placé devant sa petite masure douillette, la pipe fumante en bouche et le regard clair posé sur un escadron caparaçonné en plein entrainement de manœuvre, il se sent bien. Un sourire hagard orne ses lèvres flétries alors que le sergent-chef hurle sur ce qu’il apprend être un « connard de malappris ayant trop têté les mamelles de sa mère ». Ah, l’armée. On n’y peut pas mettre un pied de travers. C’est pour cette raison qu’il a, à l’époque, vite fait de remettre son tablier pour s’en aller suivre sa propre voie, ses propres aventures. Sans personne pour lui crier dessus qu’il ne puisse ensuite étêter ou molester rudement.

Soudain, cependant, une grimace tire les traits du vieillard, alors qu’une toux irrépressible, quoique vite contrôlée, nait dans sa gorge usée. Sous ses doigts anciens, sa pipe d’écume vient de se briser, projetant de la fumée trop dense dans son conduit œsophagique. Les débris de l’objet tombent mollement par terre alors qu’il se frappe le poitrail, et que deux nanillons d’à peine une centaine d’années s’approchent pour lui venir en aide. Le vieux les rabroue sans tendresse.

« Ah ! Ah laissez-moi, fichez le camp ! Laissez-moi respirer. »

Les deux nains, pourtant bienveillants, s’écartent. Les yeux écarquillés d’incompréhension, ils s’en retournent à leurs activités en bougonnant sur ce vieux con dont la barbe n’est même pas si longue que ça. Et toute trouée, en plus. Mais les yeux de l’ancêtre se baissent tristement sur la raison réelle l’ayant poussé à les envoyer balader. Sur sa main. Légèrement tremblante, par l’émoi plus que par l’âge ou une quelconque maladie, elle se déplie en crissant, dans un bruit de graviers glissant l’un contre l’autre. Ses doigts, striés et durs comme du roc, reprennent leur apparence normale, leur consistance habituelle. La peau parcheminée de sa paume redevient rosée, tachetée de brun, et non plus grise comme la poussière.

Cela fait quelques jours que ça lui arrive, sans qu’il puisse le contrôler, sans qu’il puisse même en comprendre l’origine ou la raison. Ses doigts se rigidifient soudain et prennent l’apparence de la pierre. Ou ses pieds. Ses avant-bras. Son visage, même, une fois, un soir alors qu’il se mettait au lit. Un mal dont il n’a jamais entendu parler de toute sa longue vie. Grommelant, il se lève et s’en retourne dans sa maison, loin de la vue de tous. Car ils ne pourraient comprendre. Toute Longue-Barbe qu’il est, il se ferait exclure de la petite colonie et renvoyer à Mertar pour subir des soins et examens. Et ça, il n’en est pas question.

« Grmbl. Et depuis quand les nains ça se change en pierre, hein ? »

Des légendes lointaines parlant de créatures à buste de femme et à corps de serpent changeant d’un regard les impudents ayant osé les regarder dans les yeux lui viennent à l’esprit, mais il les balaie d’un métaphorique revers de la main. Il n’en a jamais croisées, de ces bestioles.

« Des serpents. Pfeuh. Des sornettes oui ! »

Nouveau regard sur sa main. Elle est revenue à la normale, et il retrouve ses phalanges noueuses et sa peau tannée par des décennies d’aventures. Pourtant, il serre fort son poing contre son poitrail, une grimace plaintive sur la face. Non pas qu’il souffre. Il n’a depuis longtemps plus cure des douleurs de son corps. Mais il ne comprend pas. Et ça, c’est inacceptable.

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Rakha's al Bünd


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 Sujet du message: Re: Village de Stanrock
MessagePosté: Sam 22 Juil 2017 16:34 
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Sursaut au milieu de la nuit, respiration haletante, sueur sur les tempes, cœur battant la chamade dans ce buste que les Thorkins trouvent faible et flétri, mais qu’aucun homme, et encore moins d’elfe, ne diraient fluet. C’est pourtant main sur ce poitrail usé que Rakha’s vient de se réveiller, assis dans son lit de chêne et de peau animales. Sa main n’a rien, cette fois, mais il sait que ça a de nouveau agi. Que c’est de nouveau arrivé. Un léger engourdissement des lèvres, une impression de poussière dans le nez, des paupières plus rudes à fermer… C’est son visage qui a été touché, cette fois.

Soupir long, frêle esquive en se glissant hors de son lit pour passer de l’eau d’un bassinet sur ses traits figés par la pierre. Déjà, sa peau reprend le dessus, redevient souple et rosée. En une dizaine de minutes à peine, elle a retrouvé sa consistance normale, permettant à l’ancêtre d’aller se recoucher. Mais il n’y va pas. Le cœur n’y est pas. Allumant un reste de chandelle à l’aide d’un briquet d’amadou, il scrute son visage déformé dans le verre teint d’une jarre vide. Il remarque directement ce qui peut s’y lire : de l’inquiétude. Des rides plus marquées sur le front, une bouche pincée, des yeux au regard vague. Lentement, il se déplace jusqu’à sa table à manger, elle aussi en bois massif. Il s’installe dans un siège recouvert de peau de chevreuil et rembourré de paille, avachi, à peine éclairé par la lueur tremblante de la chandelle l’accompagnant.

Et ses yeux tristes tombent sur l’enveloppe. Cette fameuse enveloppe qu’il a laissée là, décachetée, après en avoir lu la lettre sur vélin royal. Le sceau brisé arborait d’ailleurs les armes du Roi de Mertar. Ou de sa suite de conseillers, en tout cas. Une lettre qu’il avait songé jeter au feu dans son âtre flamboyant. Mais il a retenu sa main, et désormais regrette presque son geste. Le doute s’insinue en lui, trop présent en vérité pour le qualifier encore de doute. Car s’il n’en a pas encore pleine conscience, sa décision est pourtant prise : il suivra les consignes de celle-ci. À corps défendant, quittant sa retraite paisible, il reprendra la route entouré d’une escorte pour rejoindre la capitale naine, où l’attendra l’objet de sa mission.

Un soupir dans la pénombre. Ça y est, il est décidé. Demain, il devra rassembler quelques nains de confiance qui accepteront de l’accompagner à Mertar et dans le reste du Royaume. Car une antique forteresse s’est éveillée depuis peu dans les Montagnes. Une forteresse autrefois tenue par des elfes, mais depuis longtemps désertée. Une inquiétude du conseil de sa Majesté qui préfère envoyer un être chevronné, capable et sagace, savant et expérimenté, pour enquêter sur cette subite renaissance. Une Longue-Barbe. Mais pas n’importe laquelle : Lui. Le seul nain des environs qui n’enverra probablement pas bouler les oreilles pointues avant-même qu’ils n’aient eu le temps d’expliquer leur présence, si tant est qu’il s’agisse bien d’elfes. Le seul qui pourrait éviter un incident diplomatique, fut-il un vieillard décati.

Et ce n’est pas par devoir qu’il y va. Certainement pas par souci de rendre service non plus. Il a passé l’âge de suivre le moindre caprice de ses pairs, et n’a par ailleurs jamais fait preuve d’une allégeance particulièrement marquée. Non, s’il y va, c’est non seulement parce que son cœur réclame l’aventure, et qu’il ne lui plait guère, finalement, de vieillir posément, quand bien même l’a-t-il espéré. Mais aussi parce qu’il craint que ce mal qui le touche ne soit une traduction fort littérale de l’expression : « s’encrouter ». Non pas qu’il y croie foncièrement, mais… le doute est là. Et les elfes, peut-être, pourront l’aider à trouver les origines de ce mal qui lui pèse, sans pour autant le cantonner au rang des impotents à faire surveiller dans un hospice des derniers jours.

Un nouveau soupir. Un pas lent vers la couche abandonnée plus tôt, où il retrouve le sommeil plutôt vite. Demain, il aura besoin de toutes ses forces et de son énergie pour débuter ce nouveau périple à travers les monts enneigés.

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Rakha's al Bünd


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 Sujet du message: Re: Village de Stanrock
MessagePosté: Dim 23 Juil 2017 15:49 
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Le lendemain, c’est maussade que le vieux al Bünd quitte sa maisonnette pour prendre la route d’un des baraquements des fiers guerriers nains. Quelques raideurs dans le dos dues à l’énervement ou l’excitation d’un départ proche biaisent sa démarche, et il entre dans une baraque de pierres clopin-clopant, toussotant dans sa manche pour se faire connaître, appuyé sur une canne de marche d’un bois aussi noueux que ses propres membres. Les soldats présents, caparaçonnés dans leur épaisse armure d’origine mertarienne, le fleuron des forges de Nirtim, saluent distraitement, mais respectueusement, l’arrivant. Il ne faut pas une minute pour que le général en poste à Stanrock arrive à la rencontre du vieillard, la mine fermée.

« Bienvenue à vous, Vénérable. Que nous vaut le plaisir de votre visite ? »

Malgré l’aspect poli de la question, le ton employé est presque agressif. Les Longues-Barbes ont beau être fort respectées dans la société naine, elles n’ont pas de passe-droit partout pour autant, et leur visite dans une institution, si elle n’est pas formelle, est souvent à l’origine de râleries inopportunes, quoique souvent justifiées. Il n’y a rien de pire qu’un vieux qui croit tout savoir, mieux même que les gérants dudit lieu. Certes les vieillards nains sont des puits infinis de sagesse et de connaissances, mais ce sont aussi de vieux râleurs comparant sans cesse le présent à leur fameux bon vieux temps, singeant les vieux d’alors qui faisaient tout pareil. Rakha’s sait qu’il marche sur des œufs en venant là sans s’être préalablement annoncé, aussi pare-t-il ses traits ridés d’un franc sourire accommodant.

« Oh rien de bien grave, rassurez-vous Général. Une simple demande émanant directement de Mertar, que je voudrais traiter avec vous. »

L’épaisse moustache blonde et bouclée du thorkin gradé remue un instant au-dessus de ses lèvres, et alors que l’un de ses broussailleux sourcils ne se lève, il rétorque :

« De Mertar hein ? Hé bien que veulent-ils, par Meno ? »

Meno, seconde divinité nanesque à la mode, après Valyus. Plus pertinente à citer dans un juron que leur protecteur de toujours, et dénotant surtout d’un tempérament flamboyant. La voix rauque et fatiguée du vieux nain répond d’un air entendu :

« Ils ne nous laissent jamais de répit, n’est-ce pas ? Il s’agit d’une… affaire dont il serait préférable de parler en privé. »

Un bref regard circulaire autour de lui indique à Rakha’s que les soldats proches sont bien curieux de ce qui se trame là. Et pas discret pour un sou, encore bien, regards tournés vers le duo avec un intérêt non feint. Il se serait bien donné la peine de les rabrouer, sans doute l’aurait-il naturellement fait, d’ailleurs, mais présentement il préfère laisser ce plaisir au Général, qui ne se fait pas attendre pour asseoir son autorité.

« Hey ! Retournez à vos exercices, bande de gougnafiers ! »

Puis, se tournant vers l’aïeul :

« Bon, bon. Suivez-moi. »

Et tous deux se rendent jusqu’à son bureau personnel, table large et basse recouverte d’une peau de vache ornée de quelques vélins noircis d’encre ou de fusain, ainsi qu’une ou l’autre arme abandonnée là « au cas où ». De la vraie philosophie naine, ça. Il ne faut jamais manquer d’armes, où qu’on soit. Ainsi n’est-il pas rare de voir une hache plantée dans le dossier des latrines, ou sous des glaives épais sous les matelas de paille. S’installant sans même proposer au vieux de s’asseoir lui-même – ce qu’il n’hésite cependant pas à faire aussitôt, subitement grognon – sur un gros siège tapissé de cuir, le général reprend la parole d’un ton impatient.

« Alors ? »

Le côté bourru du fier guerrier d’élite qu’il a devant lui fait un instant sourire le ser al Bünd, qui se lisse le résidu de barbe avant de finalement répondre à l’impatience de son vis-à-vis.

« Comme je le disais, il s’agit d’une demande de Mertar. Ils m’envoient en mission pour je ne sais quelle forteresse d’oreilles pointues dans nos montagnes, et ils demandent que je sois accompagné d’une escorte. »

Le nain blond bondit de sa chaise en brandissant sa hache et éructe :

« Des elfes dans le Royaumes ? Par Meno, mais c’est une armée qu’il leur faut envoyer, et pas un ancêtre ! »

Puis, une fois la vive réaction passée, et sous le regard inquisiteur et empli de reproches de Rakha’s, il se ravise.

« Sans offense, bien sûr. »

Le vieillard lève une main, signe qu’il n’a pas été blessé par la réaction du guerrier. Et il répond, explicatif.

« Non, non. Il ne s’agit pas de les chasser. Juste de voir ce qu’ils font là. Combien de guerriers solides seriez-vous prêt à me concéder pour ce voyage ? »

« Ah. »

Abattu dans son belliqueux entrain, il se rassoit, déconfit, la mine boudeuse. Il grommelle quelques propos incompréhensible, puis hausse le ton pour être entendu du vénérable nain.

« Scrogneugneu, des guerriers, des guerriers. Ils en ont de bonnes, à Mertar. On est sur le front ici ! Les guerriers, on en a besoin pardi ! »

Là où l’instant d’avant il a semblé prêt à envoyer toutes ses troupes sur le castel inconnu, il semble désormais retors à l’idée de se séparer de seulement quelques-uns pour une mission diplomatique. On ne changera pas les nains : obtus, têtus et aux idées bien arrêtées. Rakha’s le sait, et en tient compte dans sa réponse : le général ne changera pas d’avis.

« Bon, bon. Pas un trop grand nombre alors. Mais juste quelques-uns. Deux-trois, pour prouver votre bonne fois. »

« Hm. »

« Il serait dommage qu’on vous taxe de rebelle dans la vieille cité, n’est-ce pas ? »

« Hmmm. »

« Et puis, nous pourrons bien entendu compter sur des montures qui sauront nous amener prestement à destination… »

« HMMMMMM. »

La moutarde montait au nez du militaire, même si Rakha’s le savait dans l’obligation de céder à son marchandage, sous peine de se faire traîner dans la boue par les bureaucrates qu’il semble tant détester. Le vieux filou en joue, bien entendu, et c’est tout sourire qu’il annonce :

« Alors, marché conclu ? »

Une main tendue. Et l’autre de répondre, lui serrant la main, non sans une mine réticente :

« Marché conclu, ouais. Vous aurez trois bons guerriers et des montures pour vous escorter jusque Mertar. Mais une fois là-bas, qu’ils se débrouillent avec vous : mes hommes reviennent ici avec les quatre boucs. Qu’ils vous fournissent une escorte à leur tour, par Meno ! »

Voilà. Ce n’est finalement pas si difficile que ça. Il s’en sort bien. Trois guerriers, c’est largement suffisant, lui qui a toujours préféré voyager seul. Et puis des bouquetins de Mertar pour traverser les montagnes, il n’y a rien de meilleur. Et ça épargnera ses vieilles jambes. Ils se secouèrent la main vivement, puis Rakha’s prend congé du militaire, retournant jusqu’à sa maisonnette pour faire les derniers préparatifs de voyage et, bientôt, retrouver sa fameuse escorte.

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Rakha's al Bünd


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 Sujet du message: Re: Village de Stanrock
MessagePosté: Lun 24 Juil 2017 17:47 
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À peine une heure après son entrevue avec le général en poste à Stanrock, il est fin prêt à prendre la route, et à passer pour une nouvelle aventure le pas de sa petite porte. C’est à l’instant où sa vieille patte fébrile en touche la poignée de bronze que trois coups sont portés sur cette dernières, secs et puissants. Aussitôt, il ouvre l’huis pour tomber nez à nez avec un guerrier nain tout caparaçonné s’apprêtant à réitérer ses heurts insistants… Mais sur le nez du vieillard cette fois. Étourdi, à moins que ce ne soit ce casque complet ne laissant pour les yeux qu’une fine bande sombre pour le laisser voir, il faut que Rakha’s intervienne pour le stopper dans sa course, d’un coup de sa canne sur le haut de son crâne couvert de métal.

« Oh ! On se réveille là-dedans. M’as-tu pris, malappris, pour un vieillard décrépit ? Si voilà mon escorte, alors ne tardons pas, mettons les voiles vers notre destination ! »

Le nain caparaçonné, apparemment confu, bien qu’on ne puisse observer de son anatomie que le bas de sa barbe dépassant de son casque, grise et touffue, se séparant en deux pointes entretenues, étouffe quelques explications inaudibles.

« Hmmmpf gnnpf hmmpf. Huummmf. »

Sacré nom d’un bouloum chauve ! Ils auraient pu confectionner quelques trous auprès de la bouche pour qu’on l’entende parler, à l’ingénierie. Mais non. Pour un nain, être protégé signifie ne rien laisser passer, et certainement pas en fragilisant le métal d’une armure en y perçant des trous. Et cet olibrius dans son armure complète le couvrant de la tête aux pieds, fort élégante ceci dit, dans la teinte d’un bronze rougi aux jointures dorées, en est le parfait stéréotype. Un vrai tank de derrière les fagots. On le mettrait au milieu d’un champ de bataille qu’il en ressortirait indemne sans avoir à bouger le petit doigt. Le fleuron des armées Mertariennes !

Le vieillard secoue la tête d’un air las. Se barder de cette manière n’est clairement pas la stratégie la plus pratique, hors d’un frontal terrain de guerre. Épuisant, le port de cette armure au quotidien alourdit son porteur et afflige sa mobilité. Déjà qu’un nain ce n’est pas très vif… Le vieillard a toujours préféré à la plate épaisse une maille solide mais bien plus souple, qu’il porte encore aujourd’hui même, quoique de piètre facture par rapport à celles qu’il arborait autrefois, et heureusement couverte par un long manteau de fourrure rendant ce qu’il manque à sa naturelle et regrettée carrure. Il n’a le temps de repousser le gaillard plus haut que lui de presque une tête qu’une voix féminine prend le dessus. Mais attention, pas une voix fluette et délicate comme ces pucelles elfes au chant horriblement cristallin, ou ces catins humaines gémissant mièvrement au moindre compliment. Non. La voix d’une naine, féminine certes, mais robuste et vaillante comme le roc d’un mont éternel.

« Hey le vieux, on se calme d’accord ? C’est pas d’gaieté de cœur qu’on t’emmène dans nos terres. C’est ici qu’on fait la guerre et qu’on a besoin de nous. Alors on s’la ferme et on se presse fissa pour cette mission moisie, c’est clair ? »

La demoiselle, car elle était bien jeune, arbore une armure plus souple que son compagnon, de cuir clouté garni de fourrures et, pièce notable, d’une spalière de bronze épais en forme de tête de sanglier. Sa longue chevelure châtain coule en de jolies boucles sur ses épaules épaisses, et son regard marqué par des peintures de guerre darde l’ancêtre d’un mépris courroucé. Une tendresse certaine naquit chez le vieux pour cette donzelle n’ayant pas froid aux yeux. Elle lui rappelait le propre feu qui l’animait plus jeune, et l’esprit rebelle qui l’avait poussé à quitter l’armée, là où chez elle cette ferveur semble plutôt la pousser à y rester, et à s’y donner corps et âme. Elle tient à la main une formidable hache à deux mains plus grande qu’elle, à la lame aussi tranchante que stylisée, d’un style purement nanique.

Là encore, Rakha’s n’a le temps d’en placer une qu’une troisième voix intervient, plus rauque cette fois, pour remettre la fougueuse à sa place.

« Holà jeunesse, modérez vos paroles, c’est à une Longue-Barbe que vous parlez. Il est parmi les plus sages de notre peuple. Ce sont les Anciens, la mémoire des Thorkins, nos aïeux respectables et respectés en tous points. Ils sont les fondations de notre civilisation, nos bases pour l’avenir. »

Surpris par ce discours de vieux suceur, le nain rabougri tourne ses yeux clairs dans la direction de la voix mâle, pour tomber sur la silhouette d’un nain à l’âge bien avancé, quoique moins que le sien, arborant une mine sévère et une pilosité poivre et sel partiellement masquée par une coule de cuir. Une formidable arbalète au bras droit, le regard vif et fier, et des épaulières de métal couvertes de piques. En voilà un qu'il ne vaut mieux pas charger, fût-il spécialiste à distance.

Ainsi donc ce sont ces trois nains que le vénérable général a choisi pour accompagner le ser al Bünd pour sa tâche. Une boite de conserve incapable de parler, une guerrière farouche à la fierté mal placée, et un vieil arbalétrier radoteur qui ne semble s’entendre avec la jeunesse… qui le lui rend bien, au vu des noms d’oiseaux qui fusent dans l’air.

« Vieux débris. »

« Jeune impudente ! »

Un soupir, voilà tout ce qui peut sortir en cette heure de la bouche du vieux nain. Puis, après un temps, une lasse prise de parole.

« Bon… Je suis au moins aussi enchanté que vous de me taper la route jusqu’à Mertar puis jusqu’à cette forteresse. Je n’ai rien d’un vieux noble à caresser dans le sens du poil, ni d’une lopette qui va se faire intimider par les premiers gueulards venus. Alors oui, on va y aller, et en silence encore bien. »

Bougon, comme le reste du groupe sauf la boite de conserve tentant d’émettre un avis sans doute éclairé, ils arnachent les quatre boucs qui leur serviront de monture et prennent la route des monts, sortant par l’arrière du petit village que Stanrock, que Rakha’s al Bünd ne reverra pas de sitôt. Mais ça… il ne le sait pas encore.

« Hmmmpf gnuuuh Pfrrrr. Hmm gnnn ! »

_________________
Rakha's al Bünd


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