RP à connotation sexuelle
Je suis finalement de retour au lupanar après une heure de marche. Dans ma tête papillonne les idées, les doutes et les espoirs. Je regarde de biais Meretricem et éprouve un curieux mélange de crainte et de pitié. Ça me laisse un goût amer dans la bouche. J’ai possiblement tué un gosse, tout en en tirant un certain plaisir… Ou plutôt sans ressentir de peine, pas avant que le pouvoir s’estompe en tout cas… Cet instant fatidique où le pouvoir de l’ombre a afflué en moi, me permettant de terrasser mon adversaire, d’incarner le juge et le bourreau. C’est comme si ce pouvoir que m’a offert Phaïtos m’a corrompu le temps d’un instant. Je n’étais plus maître de mes mouvements, subjugué par cette allégresse morbide… Avant d’entreprendre quoi que ce soit envers Meretricem je dois en parler à Nescia. Il faut que je me calme, que je tire tout ça au clair. Tout cela est trop déroutant, nouveau.
Le bordel est désormais bien peuplé, la nuit est presque tombée. Les clients boivent et mangent en riant, d’autres s’aventurent déjà dans les chambres en galante compagnie. Je baisse la tête et commence d’avancer en esquivant les mouvements brusques et les chopines de bière.
Une fois arrivé à l’étage je rentre dans ma chambre et jubile de joie. Nescia est toujours là, à dormir. Elle doit vraiment manquer de sommeil, mais à cet âge-là c’est compréhensible. Je m’installe à côté d’elle et décale une mèche lui tombant sur le visage.
« Nescia ? As-tu suffisamment dormi ma belle ? »Elle gigote fébrilement et finit par ouvrir les yeux. L’espace d’un instant elle scrute mon visage puis sourit innocemment.
« Il est rare que tu reviennes me voir si vite. Est-ce ma personne ou mes connaissances qui t’attirent ? »Je lui rends un sourire candide avant de répondre :
« Les deux ma belle. »Elle rigole, un rire caverneux venu des tréfonds de sa gorge. Mais avant qu’elle ne parle je lui pose un doigt sur les lèvres et lui relate toute mon aventure. L’épisode avec la poursuite, la fuite éperdue et finalement le coup sournois, les gamins qui m’encerclent. Je lui parle de mon désespoir, de ma peur et de ce sentiment nouveau, quand j’ai utilisé cette magie, l’absence de remord, cette exaltation.
Elle me regarde avec attention, semble boire chacune de mes paroles.
« Phaïtos t’as donné un grand pouvoir, dans la plupart des cas, les mages s’en servent sans contrepartie. Mais tu es comme moi, comme quelques autres, un émotif. Un individu inspiré par les magies qu’il contrôle. Ce que tu m’as décrit ressemble point pour point à ma propre réaction quand j’use de cette magie de l’ombre. » Elle respire avec peine et se ménage une petite pause avant de reprendre
« Chaque magie t’insuffle quelque chose. Je ne peux te parler que de l’ombre et de la glace. Cette dernière te pare d’une logique froide, implacable, dénuée de tout sentiments. »J’assimile ce que Nescia m’enseigne avec une certaine appréhension, ces états d’esprits ne risquent-ils pas de m’entraver plus qu’autre chose ? Je décide d’aller droit au but avec Nescia.
« N’y a-t-il aucun moyen de se débarrasser de ça ? »Je la vois qui part dans un petit gloussement avant de me railler pour ma bêtise. C’est apparemment une chance qui s’offre à moi, pas une malédiction. Il me suffit d’apprendre à maîtriser ce don exceptionnel.
Pendant plusieurs heures je continue de la questionner, elle me parle de Phaïtos, de la puissance de la magie de l’ombre. Elle me parle de ce pouvoir qui irrigue lorsque je l’invoque chaque veine, chaque parcelle de mon corps. Je suis investi par un pouvoir qui me dépasse, et pour cela je dois me montrer reconnaissant envers celui qui me permet de l’utiliser. Elle me montre alors son poignet, y est inscrit à même la chair le nom de Phaïtos. Sa ferveur envers lui se révèle sans borne. Elle me semble sincère quand elle discourt sur lui, sur son importance dans le monde. La mort fait partie, au même titre que la naissance, de la vie. Elle me rabâche de ne pas l’oublier, de comprendre à quel point je suis redevable envers Phaïtos.
Un sentiment de fierté enfle en moi. Je me sens enfin entier. La maîtrise de ce don magique qui va me permettre d’exister, cette branche que j’attends depuis si longtemps… Sans même qu’elle ne me le demande je me pose sur le sol et en me mettant à genoux, improvise une prière pour Phaïtos :
« Phaïtos, toi qui va me permettre de renaître, de m’accomplir en tant qu’homme je te prie de recevoir mes plus humbles remerciements. Que ton nom soit glorifié à travers le monde et les âges. »Nescia me regarde, son corps tremble et soudain elle se précipite sur moi en criant :
« Tu me rends toute chose grand fou ! »Nos corps s’entremêlent alors dans un ballet passionné. Enfin… Je fais mine d’être aussi excité que Nescia. Je me saisis d’elle et la plaque contre le mur, ses seins collés contre la cloison. Sans céder à la panique, j’entreprends de la faire grimper au rideau, ne lui ménageant pas de pause. Tout pour que ça finisse au plus vite…
La séance se termine par un cri rauque, le sien. Elle tombe à genoux, le corps en sueur. J’ai le souffle court, cette séance comme à l’accoutumée fut éprouvante et mon dard git tête en bas, vaincu.
Tandis que je demande à Nescia de me laisser un peu seul, mon cerveau est en ébullition, les idées fusent, tourbillonnent dans ma tête. Pendant l’acte déjà je pensais à la stratégie à adopter concernant Meretricem. Car il est évident que je dois aller au bout, ne pas trahir Edward Tatch.
La pure logique fait loi, de qui ai-je le plus peur ? De qui puis-je le plus espérer ?
Edward Tatch m’offre la liberté, la possibilité d’en finir avec cette vie pour m’envoler vers de nouveaux horizons. L’oiseau quitte sa cage dorée pour braver les dangers, il se transforme en jeune homme libre qui crie au monde qu’il existe, qu’il vit enfin…
Mais Edward Tatch m’offre également la mort en cas d’échec, ce n’est pas le genre d’homme à contrarier… Je ne peux pas oublier ce fait déterminant. Mais avant d’envisager le pire je dois m’assurer que Meretricem est bien coupable du crime dont on l’accuse.
Et ça risque de ne pas être une partie de plaisir… Deux choix s’offrant à moi, entrer par effraction dans la chambre de Meretricem au risque de me faire prendre, ou feindre un intérêt pour elle et y aller ensemble. Mais dans ce cas elle sera avec moi, ne me laissant guère d’opportunité de fouiller…
(Mais si je me fais prendre à fouiller elle va tout simplement me pendre par la peau des bourses.)Je n’arrive tout bonnement pas à me décider et décide de me laisser un temps de réflexion.
(Comment savoir qu’elle détourne de l’argent alors qu’elle seule gère les fonds… Que puis-je donc faire… ?)Pendant une heure je fomente des plans, généralement plus crétins les uns que les autres. Mais je suis soudain illuminé par la grâce ! Je suis maintenant convaincu que mon idée initiale est la bonne. Il me suffit de pénétrer dans sa chambre pendant son service en tâchant de me faire aussi discret qu’une ombre. Ensuite il va falloir procéder à une fouille en remettant tout à sa place. Maniaque comme elle est, Meretricem est capable de comprendre qu’on a fouillé sa chambre si elle ne retrouve pas ses possessions au même endroit.
Enfin convaincu d’avoir trouvé la bonne solution, je tâche de me reposer un peu dans le lit malgré l’odeur tenace de sueur et de sexe.