Sèvothyr, Raftael, Fluron et Ernest entrèrent à la file indienne dans l’auberge des voyageurs et jetèrent des regards circulaires une fois à l’intérieur. La grande pièce n’avait pas encore beaucoup de monde étant donné que la soirée débutait, des marins et autres individus à la mine patibulaire étaient occupés à se défier entre eux à des jeux d’alcool et à des bras de fer. Quelques filles de joie paradaient lentement entre les tables en jetant des regards sulfureux à tout-va, et faisant des mimiques très explicites quand les yeux d’un homme se posait trop longtemps sur elles.
Soudain Sèvothyr aperçut enfin Zarachy à une table dans un coin peu éclairé de la pièce, et le rejoignit en se frayant un chemin entre les tables crasseuses où étaient attablés des ivrognes qui « chantaient » comme des orques de son point de vue. Ses trois compères le suivirent , Raftael et Ernest se faisant un peu ralentir par deux demoiselles sur-maquillées et très légèrement vêtues, que le premier ignora superbement, quand à Ernest, il rougit jusqu’au oreilles, marmonna des paroles inaudibles avec un sourire gêné et rejoignit Raftael.
Zarachy était attablé dos au mur avec à son côté un individu vêtu d’une grande cape grise foncée, dont un capuchon de même couleur cachait entièrement ses traits. Les quatres compagnons s’installèrent silencieusement, tournant le dos au reste de l’auberge. Un silence plana sur la table ronde, tous observaient l’homme aux cicatrices, Raftael demeurant impassible, Fluron et Ernest affichant une expression mêlant la curiosité et la crainte. Zarachy lui, les détaillait un à un d’un regard indéchiffrable. Sèvothyr avait remarqué qu’il avait légèrement cillé en apercevant Ernest, quand à l’inconnu il demeurait immobile.
Enfin l’homme aux cicatrices prit la parole, un sourire sans joie en coin :
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Content de constater que vous êtes venues… et en si grand nombre, apparemment notre ami *il adressa un signe de tête à Sèvothyr*
vous a relaté notre rapide entretien.
Tous approuvèrent d’un rapide hochement de tête, hormis Fluron, qui la bouche grande ouverte observait Zarachy avec de grands yeux ronds, visiblement impressionné.
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Je suppose que vous êtes impatients de savoir ce qui vous attend si vous partez avec moi ?
Nouveau hochement de tête collectif, enfin presque….. un petit filet de bave commençait à couler au coin de la bouche grande ouverte du demi-gobelin.
Puis avant que Zarachy puisse continuer Ernest demanda :
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Excusez moi, quand vous dites partir… Où cela veut il dire plus précisemment ?
Le sourire bestial s’élargit sur le visage couturé de son interlocuteur, ce qui fit frissonner le jeune homme.
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Tulorim gamin, c’est de là que je viens et là que je repars demain.
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Tulorim ??? ça alors tu as entendu Raftael ? ça se trouve carrément sur Imiftil, jamais un jour j’aurais imaginé avoir la chance de quitter ce continent !...-
Baisse le son veux tu *dit doucement Zarachy de sa voix grondante, ce qui fit de suite taire Ernest*
Ce dernier jeta un coup d’œil au-dessus de son épaule, tout les autres occupants de l’auberge étaient toujours à leurs tables ou au comptoir, en train de brailler, boire ou se pavaner en jouant des mécaniques.
Là où le petit groupe s’était attablé, dans un coin de la grande pièce, ils étaient tranquilles, écartés de bruit et à l’abri des oreilles indiscrètes s’ils ne parlaient pas trop fort. Le jeune humain rajusta ses lunettes, gêné, et reporta son attention sur l’homme aux cicatrices :
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Excusez moi.Zarachy reprit :
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Je fais parti d’une petite organisation nommée la Bégra-Shest, notre travail consiste à assurer la protection de petits marchands en ville contre les vols ou la « concurrence agressive ».
Sèvothyr demanda :
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Vous êtes des mercenaires en quelques sortes.-
Effectivement.Raftael prit soudain la parole :
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Vous avez pourtant l’air de plus que ça.Un silence lourd régna entre eux, l’homme aux cicatrices, dévisageait l’humain d’un regard acéré, dur. Puis lentement le sourire sans joie refit surface.
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Je prends cela comme un compliment, en effet j’ai dans ma vie fais autre chose qu’être mercenaire, mais cela c’est une autre histoire et cela ne vous regarde pas. Actuellement je suis le chef de la Bégra-Shest, après nous ne faisons en effet pas que du mercenariat, il nous arrive parfois de partir personnellement en exploration dans certains endroits par exemple, mais ce n’est pas courant.Nouveau moment de silence, que rompit Sèvothyr.
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Concrètement, que ferions nous avec vous, qu’est ce que cela nous apportera? *C’était surtout sa dernière question qui l’interessait*
-
Vous commenceriez par de petites missions, le temps que vous vous entrainiez et vous amélioreriez au combat déjà. Ensuite celà pourra vous ouvrir les yeux sur certains points et vous faire découvrir des choses différentes. Vous seriez payés, et aurait le droit de partir si cela vous chante un jour. Ensuite si vous choisissez de rester vous pourrez gagner en puissance grâce à mes entrainements et les missions que nous ferons, vous pourrez combattre pour des idéaux, car il est clair qu’à vous voir vous n’avez pas encore vu assez de ce monde pour vous faire une bonne vision de certaines choses, car si, de suite, je vous demandais pour quoi vous vous battez, que me répondriez vous ?Son sourire s’élargit quand il vit qu’aucun ne répondit. Il continua alors son discours, commençant à parler de Tulorim, de sa situation politique, du conseil des 7 marchands qui dirigeait la ville, des royaumes voisins, d’Imifilt.
Plus il parlait et plus ils prirent conscience de leur ignorance.
Il finit son discours en disant :
-
Si vous le désirez je pourrais élever vos capacités physiques au point que vous deviendrez de redoutables combattants, je pourrais élever vos conscience et enrichir vos connaissances pour que vous puissiez tout connaître de ce monde et de la véritable force, et ainsi vous armer d’une volonté d’acier aussi redoutable qu’une lame.Il posa son regard indéchiffrable sur chacun d’entre eux.
-
Que choisissez-vous alors.Il y eut un petit moment de silence, et Sèvothyr fût le premier à prendre la parole.
-Je vous suis.Quand aux autres ils demeuraient pensifs, Raftael impassible, Ernest se grattait le menton d’un air pensif et Fluron clignaient bêtement des yeux le regard dans le vide.
Zarachy se leva de sa haute taille.
-
Je pars demain tôt demain matin, si vous voulez vous joindre à moi retrouvez moi devant l’auberge à l’aube.
Il leur adressa un bref signe de tête, et les laissa. Le mystérieux individu au visage caché, qui n’avait pas bougé et dit un mot depuis qu’ils étaient arrivés se leva aussi et suivit l’homme aux cicatrices. Tout deux montèrent à l’étage où se trouvaient les chambres.
Ernest poussa un petit soupir :
-
Mercenaire, combattant….. c’est pas trop mon truc moi. *Il cala son menton dans sa paume*
Encore acquérir des connaissances et tout ça, là je suis d’accord mais le reste..m’attire peu ou me laisse perplexe je dois avouer.
-
M..moi j’aimerais s…savoir me déf…défendre, et devenir un gr…grand combattant !
Après un moment de silence Raftael dit :
-
C’est surtout qu’il n’a rien précisé de ces idéaux et valeurs en question.
-
Ne t’inquiètes pas, au pire tu pourras partir il a bien dit que vous pourriez partir quand cela vous chantera *railla Sèvothyr*
Quelques ivrognes arrivèrent et s’affalèrent sur la table voisine.
Les 4 compères se jetèrent un regard et se dirigèrent vers la sortie.
-
Moi en tout cas je pars avec lui.
Les trois autres le suivirent, perdus dans leurs pensées, aucun d’eux ne virent Zarachi et son mystérieux compagnon qui se tenaient derrière la rambarde à l’étage au-dessus. Soudain l'individu vêtu de sa grande cape et capchon dit d'une voix grave, calme et monotone:
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……….Ils viendront selon toi ?L’homme aux cicatrices hocha lentement la tête avec un sourire bestial, de là-haut ils avaient entendu tout le reste de leur conversation malgrés la distance:
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Ils viendront……. Surtout le gris nommé Sèvothyr. *Son sourire s’élargit*
Il a soif de pouvoir.-
………Les deux humains par contre….. Zarachy hocha à nouveau la tête.
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Celui à lunettes n’a pas du tout la trempe du genre de personne que je recherche, quand à l’autre il est très méfiant, mais ça lui passera.
Il émit un petit rire semblable au grondement d’un ours.
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Au pire s’ils se font trop gênants tu t’en chargera discrètement, c’est ta spécialité non?L'individu fit un geste imperceptible de son bras, même si on observait attentivement son dos, on ne pouvait distinguer la forme d'un grand bâton courbe, semblable à la moitié d'un bois d'un trés grand arc, accroché derrière lui et dissimulée par son ample cape grise foncée.
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Adieu Pachak