Jumeaux des flots

Connaissez-vous l'histoire de ces jumeaux ?
Un frère, une soeur, nés près des eaux ?

Un village en bord de mer,
Vit naître ce singulier duo,
Dont les pleurs rappelaient parfois
Le tumulte des flots.

Coeurs purs et douces voix,
Yeux bleus tels la mer,
Côtoyant le royaume de Moura,
Son coeur fort partagèrent.

(refrain)
Au royaume de l'eau,
Moura est souveraine.
Et les appelés des flots,
Au creux de ses bras amène.

Unis auparavant,
Les jumeaux se séparèrent.
Le frère devint pécheur,
La soeur resta à terre.

Chaque jour Moura priant,
Elle protégeait son jumeau.
Le frère était reconnaissant
De voir endossé son fardeau.

Au royaume de l'eau,
Moura est souveraine.
Et les appelés des flots,
Au creux de ses bras amène.

Puis par un songe Moura, amère,
La soeur avertit du pire.
S'il ne la priait point,
Son frère allait périr.

Alertée la jeune soeur,
Au matin supplia son frère.
"Ouvre-lui donc ton coeur,
Avant de prendre la mer."

Au royaume de l'eau,
Moura est souveraine.
Et les appelés des flots,
Au creux de ses bras amène.

Se montrant confiant,
Le frère lui répondit.
"Nous sommes un seul ma soeur,
Alors en mon nom Moura prie".

La soeur pria longuement,
Y mettant toute son âme.
Mais Moura courroucée,
Eleva quand même ses lames.

Au royaume de l'eau,
Moura est souveraine.
Et les appelés des flots,
Au creux de ses bras amène.

Les débris du navire
Au matin s'échouèrent,
Sur cette berge dont les flots
Prenaient un goût amer.

Ses espoirs déchirés,
La soeur doucement pleura.
Et dans les flots glacés,
Décidée, s'élança.

Au royaume de l'eau,
Moura est souveraine.
Et les appelés des flots,
Au creux de ses bras amène.

Nageant dans ces flots,
Qui autrefois la berçaient,
Un Drakarn la remarquant
Auprès d'elle vint danser.

"Pourquoi jeune enfant,
Ces larmes teintant mon eau ?"
Son chagrin expliquant,
La soeur conta ses maux.

Au royaume de l'eau,
Moura est souveraine.
Et les appelés des flots,
Au creux de ses bras amène.

Peiné par son histoire,
La bête l'encouragea.
"Il reste un peu d'espoir,
Allons donc voir Moura".

Au coeur de son royaume,
Moura avait tout entendu.
Portés par les courants
Ces mots l'avaient émue.

Au royaume de l'eau,
Moura est souveraine.
Et les appelés des flots,
Au creux de ses bras amène.

"Je ne peux te rendre ton frère,
Car Phaitos a vaincu.
Mais pour tes mots sincères,
Son coeur te sera rendu."

Dans les mains de la soeur,
Une amulette brilla.
La voix du frère s'élevant,
Son doux coeur réchauffa.

Au royaume de l'eau,
Moura est souveraine.
Et les appelés des flots,
Au creux de ses bras amène.

"Pardonne-moi ma soeur,
J'aurais du t'écouter.
Puisse toujours mon coeur
Demeurer à tes côtés."

Toute sa vie durant,
La soeur Moura pria.
L'amulette sur son coeur,
Tout le temps demeura.

Et quand elle s'éteignit,
Bien des siècles après cela,
L'amulette s'assombrit
Et jamais plus ne brilla.