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 Sujet du message: [Luminion] Les ruelles et habitations
MessagePosté: Lun 25 Avr 2011 14:31 
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Les rues et habitations de Luminion


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Comme tout le reste de la ville, les rues de Luminion sont avant tout faites pour être fonctionnelles. Dans les rares moments de paix, la ville sert de transit entre Kendra Kâr et Oranan et il faut que les marchands et messagers puissent s'y retrouver facilement. Dans les moments de guerre, il faut que l'armée puisse traverser sans encombre.

Les rues sont faites de pierres, avec un système d'évacuation d'eau indispensable à la survie du village. Situé dans une cuvette, au creux du col, il n'est pas rare qu'il soit inondé par la fonte des neiges et les rues sont prévues pour évacuer au mieux l'eau.

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Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
Pour toute question: Service d'aide
Pour les services d'un GM: Demande de service


Je suis aussi Lothindil, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha


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 Sujet du message: Re: Les ruelles de Luminion
MessagePosté: Lun 25 Avr 2011 16:20 
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La nuit vient à peine de tomber sur Luminion, un jeune homme, tête basse, l'air aigri, marche dans les ruelles. Oui, avec ses cheveux tellement clairs qu'on les croirait blond, les yeux bleus et les vêtements bruns, c'est bien lui, c'est notre héros : Gwylin Lobrin, rempailleur de son village. Il vient de sortir de chez Rodéric Tryan, l'huissier de Luminion. Le père Maret, éleveur qui habite non loin vient aussi de passer la porte, un grand sourire aux lèvres. Ces deux hommes ont en commun de tenir serrer contre eux un coffret de bois et de métal qui fait du bruit quand ils marchent. Rodéric vient de vendre la boutique et maison de notre héros à une bouchée de pain, à peine de quoi rembourser le père Maret et avoir trois milles yus supplémentaires.

*****


Le froid me glace sous ma vieille capeline aux couleurs de la guilde des marchands. Normalement, je n'ai même plus le droit de la porter, je ne suis plus un marchand, je ne suis plus rien à vrai dire. Foutue guerre qui m'a ruinée...

"Grrr, trois milles yus seulement. Ce vieux Rodéric n'est décidément qu'un rapiat abominable. Que voulez-vous que je fasse avec seulement trois milles yus ? Il en a tiré moins de dix milles, comment s'est-il débrouillé, l'abruti, elle valait au moins quinze milles, juste pour l'atelier, sans compter la maison. Il aurait pu en tirer le double, voire le triple."

C'est en marmonnant dans ma barbe que j'avais laissé pousser ces derniers jours que je me dirige en direction de l'auberge pour y passer une bonne nuit, à défaut d'autre chose. La pluie qui tombait fine avant que j'entre chez l'huissier est désormais plus épaisse et glaciale, le genre de temps idéal pour marcher dans les montagnes quoi.

*****


A part qu'à force de marmonner en parlant d'argent, il fallait qu'il lui arrive ce qui arriva : il attira un voleur, manifestement heureux de se faire un peu d'argent facile. Il n'imaginait même pas à quel point... Il n'avait pourtant rien de spécial, il n'est pas grand, pas plus d'un mètre soixante, pas beaucoup plus musclé que Gwylin, et guère mieux équipé : juste une cape noire à capuche, une armure de cuir basique et un poignard à moitié rouillé.

*****


Soudain, sans que je n'ai eu le temps de comprendre quoique ce soit, un homme, large, épais, musclé comme une brute me saute dessus. Il tient à la main une arme qui brille sous les chandelles de la ville. Elle est grande, impressionnante, manifestement très tranchante. Me ruant comme un malade, je parviens de justesse à éviter qu'il me saigne comme une chèvre de son couteau et je prends mes jambes à mon cou, la gorge trop serrée pour crier.
Je sers mes dernières possessions tout contre moi : mon coffre avec mes trois milles yus, si je lui donne, j'ai plus rien. J'ai peur, c'est clair, je sais plus trop quoi faire alors je cours, droit devant moi.

*****


Ce pauvre Gwylin est tellement apeuré qu'il n'a pas reconnu la grande fontaine du village. Et pourtant, la milice à gauche et l'auberge à droite aurait tellement pu l'aider... Mais non, il va tout droit, là où la rue est mal pavée, là où on attend le retour du printemps pour remettre ça tout droit parce que l'armée, à force de passer, à démonter la moitié du pavage. Là où n'importe qui a toutes les chances, en courant de nuit, sous la pluie de surcroît, de finir le nez au sol.

*****


J'aurais dû tourner, mais il est trop tard désormais. Je cours dans la large rue, tentant de semer le voleur qui est toujours après moi. La pluie m'empêche de bien voir, mais je garde toujours un oeil sur lui. Je ne le distance pas, et à vrai dire, lui ne me rattrape pas.

"Aïeuhhhhh."

Mon cri de douleur retentit à travers les rues, désertes par ce temps à ne pas laisser un chien dehors. J'ai tellement mal, je suis persuadée que c'est l'autre espèce de truand qui m'a blessé. C'est fini, je suis mort, j'en suis certain. Je vais perdre tout mon sang dans ce lieu et je vais crever ici sur mes derniers yus.

*****


Il exagère, comme toujours. Non, rassurez-vous, il ne va pas mourir, personne ne meurt d'une simple foulure à la cheville. Par contre, il devrait plutôt se méfier du voleur qui est toujours derrière lui et de son couteau !

*****


Le rustre s'acharne sur moi, qui suis déjà cloué au sol à sa merci. Il pourrait prendre mes yus et me laisser crever comme un vieil animal mort sur le bord d'une route. Pourquoi me blesser une nouvelle fois en sautant sur moi avec une telle violence. Je sens le sang qui coule de mon visage et le froid d'une lame courir proche de ma gorge.
Dans un ultime geste de désespoir, je cherche à attraper ma dague qui est à ma ceinture pour lutter.

*****


A part que la dague, Gwylin l'a vendu à Gregorian l'épicier pour acheter ton pain y a trois jours et que le seul fourreau qu'il lui reste, c'est celui de son couteau de table. Et de toute façon, sa dague ne lui aurait pas servi à grand chose, couché sur le ventre, le voleur sur son dos et le couteau sous la gorge.

*****


Rien, pas moyen de remettre la main sur ma dague.

(Où a-t-elle donc disparue ?)

En même temps, ma dague ne m'aurait pas été d'une grande utilité, je pense. Le malotru m'attrape par les cheveux, tire ma tête en arrière, son couteau contre ma jugulaire et vient me susurrer à l'oreille :

"Je vais te laisser la vie sauve, mais part, très loin, sans ton argent et surtout ne revient jamais chercher ton dû, sinon je te tue."

*****


C'est dans ce genre de situation qu'on distingue l'intelligence de Gwylin : il sait reconnaître qu'il a perdu et réagir en conséquence.

*****


Manifestement, celui que j'ai pris pour une brute épaisse est une forme de gentleman cambrioleur prêt à me laisser la vie. Sans attendre qu'il me relance sa proposition, je bondis dès qu'il se lève de mon dos. Sans me retourner, ni demander le moindre reste, je m'évanouis dans la nuit, oubliant tout espoir de récupérer un jour mon argent, ainsi que l'espoir d'une nuit au chaud dans une chambre de l'auberge avec une fille.

Boitant, je traverse la ville vers je ne sais pas où, n'ayant d'ailleurs plus nul part où me rendre. Une chose est certaine, je vais partir loin de Luminion. Je me fixe rapidement une destination, la seule que je connaisse en fait : Kendra Kâr. Pour la première fois de ma vie, je prends une décision plus importante que de savoir si je vais boire une bière brune ou une bière blonde : celle de quitter tout ce que j'ai connu. C'est ainsi que je me ressaisis et me dirige vers les portes Sud de la ville.

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Ne cherchez pas le sérieux dans ce rp, vous n'en trouverez pas !
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Chanson thème : "A l'aventure compagnon" de Naheulband.


En italique, c'est le narrateur extérieur, il vous conte l'histoire en vous expliquant les détails que Gwylin n'a pas capté.
En écriture normal, c'est la vision de la situation par Gwylin.
En bleu, ce sont les pensées et les paroles de Gwylin.
Dans les autres couleurs, ce sont les PNJ qui interviennent.


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 Sujet du message: Re: Les ruelles de Luminion
MessagePosté: Lun 7 Jan 2013 10:55 
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La ville de Luminion était grise, pierreuse et sinistre. Et donnait l'impression d'avoir déjà été détruite et reconstruite plusieurs fois, ce qui, étant donné son emplacement, était bien possible.
Acceptant d'obéir à la petite voix dans sa tête, Azra chercha la première maison sur sa droite... sauf que ce n'était pas vraiment une maison. Plutôt une cabane misérable et ouverte à tout vent. Il fit la grimace. Vu que le bâtiment suivant était une écurie, il était bien forcé d'admettre que c'était là le lieu où il devait passer la nuit. La tentation de continuer plutôt à marcher était forte, mais il la combattit. Il était maître de son propre corps, au nom de Phaïtos !

Il frappa à la porte. Une vieille voix chevrotante retentit :

« Que voulez-vous ? »

« S'il vous plaît, madame, je suis épuisé et j'ai besoin d'un gîte ! J'ai ma propre nourriture, je veux juste dormir au sec ! »

Disant cela, il avait pris sa voix sa plus enfantine et la plus pitoyable. Il remarqua que cela devenait difficile. Sa gorge produisait des sons de plus en plus graves et il n'aimait pas ça. Cela suffit néanmoins et la porte s'ouvrit sur une petite vieille vêtu de haillons.

« Il n'y a rien à voler de toute façon... oh, mais entre donc, mon garçon ! Pauvre de toi ! Tu dois être frigorifié ! »

Il put donc entrer dans la misérable masure. Il faisait sombre, il n'y avait qu'une pièce avec un lit, une table et des placards. La vieille femme referma la porte.

« Je crains de ne rien avoir pour toi, mon gars : pas de couverture et, hélas pour les lois de l’hospitalité, pas assez de nourriture pour pouvoir la partager... »

« Ce n'est pas grave, j'ai ma cape et ma nourriture... D'ailleurs je n'ai pas très faim, si vous m'excusez, je ne vais sans doute pas tarder à m'endormir... »

« Je le comprends bien. Quelle mauvaise mine tu as ! Tu aurais peut-être mieux dû aller dans une auberge... »

« Je n'en ai guère les moyens. » mentit-il.

Dire qu'il venait ici parce qu'une petite voix intérieur lui avait dit n'était sans doute pas la meilleurs façon de se faire bien voir. D'autant plus qu'il ne comprenait pas trop pourquoi cette... faera... lui avait demandé de dormir ici. Il grignota un peu de viande séché tandis que la vieille prenait un bouillon. Un soupçon de scrupule le força à lui donner un peu de viande. Il pourrait en racheter en ville, ce n'était pas un gros paiement en regard de la possibilité de dormir à peu prêt au sec.
Après, il se coucha et s'endormit aussitôt sans un mot, sous le regard attendri de la vieille femme.

Sans surprise, il se retrouva dans le monde ténébreux de son propre esprit. Cela devenait une habitude. Un corbeau parut et vient se poser devant lui. D'une voix puissante et grondante, il clama :

« Me voilà ! As-tu un nom pour moi ? »

À une époque, Azra aurait été impressionné, autant par la voix que par le grand corbeau à trois yeux qui se tenait devant lui. Mais il commençait à être habitué et fatigué de tous ces jeux du destin.

« Qui es-tu ? Vraiment ? »

« Je te l'ai dit. Je suis une faera... j'ai longtemps servis des nécromanciens et des prêtres de Phaïtos. Je me suis lié à toi car j'ai perçu ton grand destin et ta dévotion envers notre dieu. »

Azra soupira. Il n'en saurait pas plus... Quel nom pouvait-il bien donner à cette créature étrange qui changeait de voix et qui apparaissait comme un corbeau à trois yeux ? Il était fatigué et n'avait guère envie de penser à tout cela. Un corbeau... Autant lui donner un genre de croassement comme nom.

« Arek. »

« Quoi ? »

« Tu veux un nom et bien je te le donne : Arek. »

« Arek ? »

La voix était soudain plus aigüe.

« AREK ??? J'ai été Sombraran, Noerkar-au-ailes-noires et Selkis le mangeur d'âme ! J'ai eu mille maîtres, tous plus terrifiants les uns que les autres ! À leur côté, j'ai participé à de grand évènements, guerres et complots, et ils me révéraient et se confiaient à moi ! Et lorsque je viens à toi, Azra, petit mortel, tu me donnes pour nom... Arek ??? »

« Oh bon, calme toi, je vais changer, si ça ne te va pas... »

« Trop tard... »

La voix était maintenant parfaitement féminine, presque enfantine. Une voix de petite fille boudeuse. Et curieusement, cela semblait plus naturelle que la grosse voix maléfique.

« Soit, je suis Arek, ta faera. Je te guiderais, et je serait ta confidente secrète, nul ne saura que j'existe car toit seul peux me voir. »

Alors, sous les yeux d'Azra, le corbeau changea et, émerveillé, il vit apparaître à la place une petite créature. Elle était humanoïde mais avec des oreilles pointues. Quelques morceaux de tissus noirs cachaient les parties les plus gênantes de son anatomie, mettant en valeur la blancheur des autres. Détail qui contrastait nettement avec ses airs de petite fée à la mine vexé, elle portait un crâne de corbeau en guise de casque, et il en tombait une cape de plume noires qui l'enveloppait en grande partie.
Sans voix, il s'agenouilla pour la voir de plus prêt. Elle était mignonne comme tout, et en même temps très semblable à lui, et il sentit une bouffée de ce qu'il devait bien appeler de l'amour le submerger.

« Alors... tu vas m'aider ? Mais qu'est-ce que tu es, exactement ? »

La réponse se fit avec un petit ton prétentieux qui, Azra le constata avec amusement, lui ressemblait beaucoup ! En temps, normal, il en aurait été irrité mais là... il lui semblait que ces ressemblances faisaient belle et bien d'elle une bonne confidente.

« Je suis une faera, un esprit de l'aube des temps. Tu peux me voir comme une petite déesse en fait, car je suis né plus ou moins en même temps que les dieux. Mais c'est du passé. Moi, et d'autres comme moi, nous recherchons les gens marqués par le destin pour vivre des aventures à leur côté. Pour ma part, je suis également une servante de Phaïtos. J'aide les gens à comprendre sa volonté. »

« Pourquoi un tel maître ? »

« Les faera sont faites de fluides, et je suis constitué presque exclusivement de fluides de l'ombre, je n'avais donc guère le choix... J'ai toujours servis des nécromanciens, ils sont souvent plus calmes que les adeptes de Thimoros. »

« Même des lords nécromants ? »

« Ah ! La belle époque ! Je ne savait plus vers qui me tourner tant ils étaient merveilleux ! Mais certains étaient de vrai monstres, et je ne voulais pas de ceux-là... Mais qu'importe, nous ne sommes pas là pour parler de mon passé mais de ton avenir. »

Azra claqua des mains :

« À la bonne heure ! Si tu m'expliquais pourquoi tu m'as envoyé ici, et également pourquoi je dois me rendre à Omyre ? »

« Il y a des choses que je ne peux pas te dire... Oh, Azra, tu sais, la vie de faera n'est pas toujours très joyeuse. Je sais beaucoup de choses, mais comment pourrais-tu devenir un héros si tu savais tout d'avance ? »

Allons bon ! Un héros ! Ça commençait à bien faire !

« Je ne suis pas une saleté de héros ! J'en ai marre que tout le monde veuille décider de mon destin pour moi ! Je pourrais être à mon village, tranquille... »


« … à te faire tabasser par des petites brutes sans cervelles ? À rêver de partir loin ? À rêver de pouvoir te venger et montrer aux autres ce que tu vaux ? »


Le garçon ne sut quoi répondre. Elle avait raison. Il avait envie de devenir grand et puissant pour en mettre plein la vue aux autres...

(Suis-je vraiment différent de Chandakar ?)

« Tu pourrais devenir comme lui... mais je vais faire de mon mieux pour que tu évites ça. »

Et elle lisait dans ses pensées, en plus... Il soupira.

« Alors je me rend à Omyre, comme ça ? Et je verrais ce qu'il se passe ? »

« Oui. »

Il soupira.

« Allons, dore d'un sommeil profond et réparateur, maintenant... »

Il voulut dire quelque chose mais la petite faera se rechangea en corbeau et s'envola sous son nez, et le battement de ses ailes plongea le garçon dans un sommeil sans rêve.

Éternelle malédiction

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Dernière édition par Azra le Dim 13 Jan 2013 22:24, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de Luminion
MessagePosté: Lun 7 Jan 2013 11:08 
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Il fut réveillé au petit matin par des coups sourds.

« Ouvrez cette porte ! C'en est assez ! Le patron vous avait prévenu ! »

Le garçon ouvrit péniblement les yeux. Il tenta vaguement d'assimiler ce qui l'entourait. La vieille femme qui l'avait hébergé semblait terrifiée.

« Je n'ai pas l'argent ! Pitié, monsieur ! Je ne dérange personne ! »

Il y eut un choc formidable et la porte bascula vers l'intérieur. Le fracas était tel qu'il acheva de réveiller le garçon.

« Vous étiez prévenu ! Puisque vous ne pouvez pas payer, votre maison sera rasée pour laisser place à la demeure de meilleurs citoyens. »

L'homme qui venait de parler était une énorme brute qui avait dû baisser la tête pour rentrer dans la maison. Il portait à la main un gant de métal poli qui semblait particulièrement lourds et épais. En fait, c'était avec ça qu'il avait fracasser la porte.
Azra, bien qu'impressionné, se leva et tenta de se dresser de toute sa faible stature. Encore une injustice ! En un sens, il était rassurant de voir qu'il n'était pas la seul victime, mais il brûlait d'envie de faire avaler sa morgue à cet odieux personnage, négligeant totalement qu'il était bien plus petit et moins fort que lui.

« Foutez le camp ! » s'exclama-t-il.

La brute ricana :

« Qu'est-ce qu'on a là ? Un petit oisillon égaré qui veut jouer les héros ? Viens donc pour voir... »

« Non ! cria la vieille femme. Il n'a rien à voir là dedans, laissez le partir ! »

Mais Azra s'était déjà élancé pour porter un coup de poing furieux. Hélas, ledit poing fut intercepté par le lourd gantelet du costaud qui l'envoya d'un revers bouler par terre. Il éclata de rire et lui cracha dessus. Le jeune homme se redressa et se mit en position de combat plus calmement. Il allait falloir faire marcher sa cervelle s'il voulait se sortir de là...
Profitant de son agilité, il tourna rapidement autour de son opposant, mais faillit être prit par surprise par un coup de pied en traître. Il esquiva et porta un coup sous le talon pour tenter de le déséquilibrer en profitant de la jambe tendu. Mais le colosse était trop massif pour tomber si facilement.
Il chargea. Azra faillit être pris de cours par la sauvagerie de l'attaque, mais il parvint à exécuter in-extremis une contre-attaque fatale qui envoya son poing ganté dans le menton de l'homme. Celui-ci recula avec une grimace, visiblement touché, mais pas assez gravement pour renoncer. Azra voulut pousser son avantage mais ses bras étaient trop court et, avant d'avoir pu le toucher, il recevait dans le ventre un poing d'acier qui manqua lui couper le souffle. Heureusement, il avait souplement évité l'essentiel du coup. Il fallait à tout prix épuiser son ennemi. Avec un peu de chance, son énervement finirait par lui faire faire des erreurs.
Azra passa donc à une tactique de harcèlement, portant un coup, faisant semblant. Il envoyait sa main d'un côté, puis, avant que l'autre ne l'intercepte, il la retirait et révélait que le vrai coup venait de son autre main pour frapper le bras tendu dans une attaque plus agaçante que vraiment efficace.

Son ennemi devenait de plus en plus féroce et, à plusieurs reprises les feintes maladroites d'Azra faillirent le conduire à sa perte. Une fois la brute, aillant vu le coup venir, lui accrocha sa deuxième main et l'envoya voler, de sorte qu'il renversa la table. Il parvint néanmoins à rouler et à se relever, un peu étourdit. La vieille femme pleurait et il commençait à se demander s'il allait arriver au bout de ce combat.

La brute était franchement furieuse et semblait aussi avoir hâte que ça se termine. Il fonça à nouveau à l'attaque. Azra attaqua lui aussi dans l'espoir de le surprendre. En deux pas, ils avaient parcouru la distance qui les séparaient... mais Azra esquivait au dernier moment, tourbillonnait et remplaçait son coup directe par une attaque en revers qui aboutissait dans les reins de son ennemi.
Celui-ci grogna et se retourna avec une vivacité inattendu. En fait, il avait anticipé cette énième tentative de feinte et en profita pour lui envoyer son impressionnant poing de métal dans l'estomac.
Cette fois-ci, le garçon fut violemment étourdit et suffoqua. Il fut projeter en arrière et percuta du crâne une armoire. Sonné, il resta étendu là un peu trop longtemps et son ennemi était sur lui.

« Je vais te faire cracher tes dents, sale môme ! »

(Tes pouvoirs ! Utilise tes pouvoirs !)

C'était la première fois que Chandakar se manifestait depuis un moment, et cela remis d'aplomb le garçon. Il avait raison, c'était le meilleur moyen, même si ça risquait de lui attirer des ennuis. En un éclaire, il pensa à Rendrak. C'était maintenant qu'il avait besoin de sa grande carcasse !
Avant qu'il puisse en penser plus, il fut soulevé et projeter plus loin. Son épaule lui faisait mal. Non, rectification : tout son corps lui faisait mal.

(Comment je fais pour l'invoquer ?)

(Défait ce que tu as fait !)

Comment avait-il fait déjà ? Il avait imaginé qu'il éteignait une bougie... Il se concentra et tendit la main. Il fit un geste sensé évoquer l'allumage d'une bougie...
À sa plus complète surprise, cela marcha sans problème. Un énorme nuage noir se condensa derrière la brute pour former le liykor.

« Tu vas chialer, gamin, et tu l'auras bien cherché ! »

« Vous... vous feriez mieux de surveiller vos arrières... »

« Bouh ! » rugit Rendrak, penché sur l'oreille de l'homme.

L'homme sursauta violemment, tenta de se retourner. Mais il fut projeté par terre. Il resta suffoqué en voyant de liykor mort-vivant le dominer de toute sa hauteur. Rendrak se jeta sur sa cible qui se débattit du mieux qu'elle pouvait. Surpris, Azra constata que malgré son avantage de départ évident, son ami avait de la peine à avoir le dessus. Ses gestes étaient maladroits et peu précis, et seul la terreur de son adversaire l'empêchait de se faire mettre en pièce.
Azra se releva et se précipita à son secoure. Sentant sa présence, le liykor s'écarta juste à temps pour laisser passer un coup de poing qui sonna la brute. Azra frappa et frappa encore, mais, il fut bien vite poussé par le squelette qui, saisi de la fureur de son maître, trancha la gorge de l'homme d'un coup de griffe.

Le silence tomba sur la petite maison délabré. Épuisé, Azra mit un certain temps à se relever.

« Bon sang... »

C'est alors qu'il sentit son sang se glacer. La vieille ! Il se retourna... et la vit étendu, morte.

« Non ! »

Elle avait dû faire une crise cardiaque en voyant apparaître Rendrak. Le garçon sentit des larmes d'impuissance envahir ses yeux. Encore une fois, sa malédiction avait frappé un innocent.

« Une maison sans richesse. Ce n'est pas là qu'on trouvera de l'or... » marmonna Rendrak.

(Tu n'aurais pas dû lui donner ta viande, ça aura été du gâchis, finalement.) déclara Chandakar.

« Taisez-vous ! Tous ! »

Et il pleura un bon coup, soulagé de pouvoir faire baisser la tension.

« Il ne faut pas rester ici... » murmura Rendrak, plus doucement.

Azra hocha la tête mais s'approcha d'abord de la brave femme.

« Phaïtos, entendez ma voix. Cette âme qui s'avance vers vous, charitable et pourtant morte dans le tourment, mérite une place décente dans votre royaume. Phaïtos, mon seigneur, je vous dédis cette âme, puissiez-vous plutôt punir celui qui le mérite vraiment. »

Alors, la voix d'Arek se fit entendre :

(Voilà ! Maintenant, tu découvres la bonne voie de la nécromancie...)

C'est ainsi qu'Azra quitta une fois de plus une ville comme un voleur. Comme prix de cette piètre victoire, il ramassa le sinistre gantelet de métal étincelant de l'homme de main. Il ne s'arrêta qu'un bref instant pour refaire des provisions avant de filer au plus vite, Rendrak bondissant d'ombre en ombres pour le pas être vu des rares passants en cette heure matinale. Puis, ils s'éloignèrent de Luminion tandis que le soleil hésitait à pointer par dessus les montagnes, dans la vallée qui commençait à descendre vers les ténèbres d'Omyre.

Invocation raté



(((Tentative d'apprentissage de la CCSA feinte)))

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 Sujet du message: Re: Les ruelles de Luminion
MessagePosté: Sam 13 Sep 2014 00:04 
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Chaud, comme à son habitude, Léon avait chaud. Il sortit du cimetière et s’engagea dans les ruelles en direction de la taverne. Ce jour là, comme tous les ans, il était venu se recueillir au caveau familial, seul témoignage de sa richesse passée, où gisaient ses parents. Demain, il ferait route vers son village, pour retrouver l’agréable fraîcheur des montagnes. Pour le moment, il lui fallait trouver de quoi manger et un toit pour la nuit.

Il soupesa machinalement sa bourse bien qu’il connu précisément le montant qu’elle contenait : rien! Sa flasque en revanche était encore bien pleine. Il bu une longue lampée de vin, puis, s’aidant de son bâton, Léon pris lentement la direction du Gars’rock. En période estivale, cette dernière était largement fréquentée jusque tard dans la nuit et les gérants, qu’il connaissait, ne refuseraient pas son aide.

La suite, par ici, au Gars'rock.

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Léon Arthès - Guerrier


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 Sujet du message: Re: [Luminion] Les ruelles et habitations
MessagePosté: Mar 19 Avr 2016 10:51 
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Propre. Enfin propre. Après des journées entières à baigner dans sa crasse, sa sueur, couverte de sang séché et de terre, Anastasie avait finalement pu prendre un bain. Et ses affaires étaient en train d'être lavées et séchées par la milice de Luminion, où elle avait été invitée à passer la nuit.

« Je n'avais pas plongé mon corps dans de l'eau bouillante depuis près de deux semaines, » fit-elle à sa camarade en terminant de sécher ses cheveux. Ils étaient dans un sale état, après tous les récents événements. Une teinture forcée aux fluides de lumière, des journées entières sans soin, des combats dans la boue et la crasse, ils avaient perdu de leur splendeur passée.

Ak'Laharikah, qui sortait tout juste de sa propre baignoire, attrapa à son tour une serviette pour éponger l'eau fumante qui ruisselait le long de son corps basané. C'était la première fois qu'Anastasie la voyait entièrement nue ; son corps était menu, mais loin d'être frêle. Comme elle l'avait deviné dès leur rencontre, tous ses muscles étaient finement dessinés, de ses mollets jusqu'à ses bras, en passant par des abdominaux qui avaient quelque peu cédé leur féminité. Un coup d’œil vers son propre corps confirma à la noble ce qu'elle avait déjà deviné : ses propres courbes, qui avaient toujours été peu marquées, commençaient à disparaître totalement au profit du même genre de musculature que sa camarade de voyage. Se basant plus encore que la milicienne sur son agilité, au détriment de sa force, elle était encore loin d'avoir abandonné les quelques détails qui faisaient d'elle une femme désirable pour la majorité des hommes, mais les changements étaient nets si on la comparait à ce qu'elle était seulement une poignée de mois plus tôt.

« Tu devrais couper tes cheveux, » fit la femme des dunes à son attention.

La noble haussa les sourcils, intriguée par la soudaine suggestion de sa pourtant si peu loquace compagne de voyage.

« Tu regardais ton corps avec inquiétude, » expliqua l'autre d'un ton neutre. « Je comprends. Pour faire ce que nous faisons, nous abandonnons tout ce qui nous rend désirables en tant que femmes aux yeux des autres. Nos quelques surplus de chair disparaissent, nos muscles se dessinent, nos corps se couturent de cicatrices diverses, et nos visage se durcissent à mesure que nous expérimentons les noirceurs de ce monde. Nos cheveux sont la seule part de féminité qu'il nous reste. Si tu les coupes, ils s'abîmeront moins, et tu pourras les maintenir coiffés plus facilement. Et rester au moins en partie une femme comme une autre. »

Anastasie hocha la tête doucement. Elle était étonnée qu'une femme comme Ak'Laharikah ait si longuement pensé à de telles choses, mais ses paroles semblaient sages. Et cela expliquait la coiffure à la fois martiale et élégante qu'elle avait arboré en toutes circonstances jusqu'à ce qu'elle prenne ce bain. Ses cheveux étaient maintenant lâches, mais ils semblaient toujours être particulièrement bien entretenus.

« Je peux te les couper, » offrit-elle finalement. « J'ai l'habitude. »

La jeune femme hésita quelques secondes, dubitative. Elle n'avait même pas encore décidé si elle allait suivre son conseil. Attrapant une mèche de cheveux, qu'elle porta devant ses yeux pour les observer, elle songea à son passé, à la fois si proche et si lointain, de jeune femme coquette et élégante. Elle avait presque intégralement abandonné ces considérations superficielles, mais une part d'elle était nostalgique de sa prestance d'antan. Elle faisait certes toujours tourner les têtes, et semblait alimenter quelque peu les fantasmes des miliciens de Luminion, au vu de leurs œillades peu discrètes lorsqu'elle avait pénétré la caserne, pourtant crasseuse et décoiffée. Mais c'était peu, comparé à ses entrées remarquées à la cour de Kendra Kâr quelques mois plus tôt, et l'attention qu'elle suscitait allait en décroissant.

« D'accord, » finit-elle par accepter.

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MessagePosté: Sam 4 Fév 2017 22:08 
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L'élégante ambassadrice Ynorienne et la jeune Kendrane, pupille du Duc de Luminion, s'arrêtent lorsque je parviens à leurs côtés et se tournent vers moi, intriguées de ma demande, sans doute. Leurs yeux s'écarquillent à la vue de Sinwaë et elles reculent prudemment de quelques pas, l'Ynorienne portant instinctivement la main à la poignée d'une fine dague au fourreau d'ivoire. Je pose une main apaisante sur l'encolure de mon fauve et m'incline légèrement pour les saluer en souriant aimablement:

"Je vous présente Sinwaë, il ne vous fera aucun mal si vous évitez les gestes brusques. Il est surtout curieux, laissez-le sentir vos mains et parlez-lui calmement, vous aurez vite un ami."

Je surveille attentivement la manoeuvre, prêt à intervenir vivement si Sinwaë faisant mine de jouer à l'idiot, mais il se contente de flairer longuement chaque main tendue plus ou moins fermement avant d'aller fouiner alentour en quête d'un amuse-gueule sans doute. Je reprends à l'attention de la belle femme aux yeux bridés:

"Sa Seigneurie m'a appris que vous deviez vous rendre prochainement à Oranan et semblait en outre fort marri de n'avoir été en mesure de répondre à votre requête. Je pourrais vous être de quelque utilité, si vous acceptiez d'entendre ma proposition."

L'émissaire de l'Ynorie me scrute attentivement durant quelques secondes, indéchiffrable, puis elle opine simplement en répondant:

"Je vous écoute messire...Ithil, c'est bien cela?"

Elle m'invite d'un petit geste de la main à marcher avec elles et nous poursuivons lentement notre marche en direction de Luminion alors que je la remercie d'un signe de tête et me lance:

"C'est exact ma Dame, Tanaëth Ithil est mon nom. Je représente un ordre de guerriers, voué à Sithi, qui rejoint aujourd'hui la lutte contre les forces d'Oaxaca. C'est à ce titre que je suis venu voir le Duc, mon ordre se proposant de mettre certaines de nos compétences et quelques combattants au service de sa cause."

L'ambassadrice me fait signe de poursuivre d'un petit signe du menton et la jeune fille se cantonne dans son rôle de sage et timide jeune fille de la noblesse, bien que ses prunelles luisent de curiosité, si bien que j'enchaîne:

"Mon ordre n'est pas soumis à la royauté Kendrane, nous pouvons intervenir là où le Duc, à son plus grand regret, ne le peut. Il m'a laissé entendre, très indirectement, qu'il aurait souhaité pouvoir répondre favorablement à vos demandes et vous aider à sécuriser cette route si cruciale pour les échanges commerciaux et amicaux entre vos deux pays. Et en cela, l'Opale peut lui rendre service et être son bras armé. De manière tout à fait officieuse, bien entendu."

L'Ynoriene s'arrête et se tourne légèrement vers moi pour demander, toujours aussi indéchiffrable:

"Voilà qui est intéressant. Mais dites-moi, messire Ithil, comment votre ordre, dont je n'ai jamais entendu parler, réussirait-il là où deux nations échouent à maintenir l'ordre?"

"Pour la simple raison que nous sommes libres d'agir, Dame. Nous pouvons nous rendre sur le territoire de l'Empire Oaxien et lui porter les coups que vous n'êtes en mesure de donner."

L'ambassadrice me jette un regard un peu sceptique mais, en parfaite diplomate, elle biaise habilement et répond:

"Je ne doute pas, messire, que mon pays accueille favorablement votre aide. Ceux qui sont prêts à lutter contre nos ennemis y sont toujours les bienvenus, l'Ynorie est un pays accueillant."

"Dans ce cas, accepteriez-vous que je vous serve d'escorte jusqu'à Oranan? Il me semblerait respectueux de faire part de mes intentions à vos dirigeants et d'obtenir leur aval avant de guerroyer sur vos terres. Vous pourriez m'expliquer en chemin la nature exacte de vos préoccupations."

L'Ynorienne me jauge une nouvelle fois, longuement, puis elle sourit très légèrement et opine du chef:

"Les routes ne sont pas sûres, la protection d'une épée supplémentaire ne se refuse pas. J'accepte votre offre, Messire, pour autant que sa Seigneurie ne s'y oppose pas car cette jeune demoiselle est sous sa protection et c'est ensemble que nous irons à Oranan. Par ailleurs, compte tenu de vos intentions, rencontrer le conseil avant d'agir me semble sage."

J'incline légèrement le visage, songeant déjà à la suite de ma longue et lente danse diplomatique, et lui réponds:

"Ce sera un plaisir, ma Dame. Quand souhaitez-vous partir?"

"Il me faut encore traiter quelques affaires, nous nous mettrons en route dans une quinzaine. Si tout se déroule comme je l'espère," ajoute-t'elle avec un léger froncement de sourcils.

"Fort bien, cela me laissera le temps de régler quelques détails également. Je vous retrouve au castel dans quinze jours?"

"Ce serait parfait. Resterez-vous à Luminion durant ce temps?"

Voilà une excellente question, à laquelle je n'ai pas encore de réponse précise. Je dois prendre le temps de réfléchir à ce qui s'est passé ces derniers jours, aux discussions que j'ai eues avec Kardân et le Duc, mais aussi à la place exacte de l'Opale dans ce conflit. Il serait bon aussi que je me rende à la forteresse Clair de Lune, il faut que je parle à son nouveau Commandeur et que j'organise certaines choses avec lui, la situation l'exige. Mais ce n'est pas la porte à côté et, sans monture, il me faudrait bien plus de quinze jours pour faire l'aller et le retour. C'est à mon tour de froncer un peu les sourcils, pensif:

"Je ne sais pas encore exactement, Dame, il est possible que je m'absente quelques jours. Mais je serai là à l'heure dite."

L'ambassadrice me sourit sereinement et joint ses mains pour une légère courbette alors que nous arrivons à l'entrée du bourg:

"Si Rana le veut. A bientôt, alors, messire Ithil."

Je lui retourne une petite inclinaison du visage et du buste en guise d'au-revoir et adresse un sourire aimable à la jeune pupille du Duc avant de les quitter pour aller flâner dans la bourgade inconnue.


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Mar 28 Fév 2017 22:16, édité 1 fois.

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MessagePosté: Lun 6 Fév 2017 00:05 
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Nous quittons l'académie et nous dirigeons vers la taverne, salués par bon nombre de passants, soldats et civils qui, tous, semblent connaître le maître d'armes. Quelques-uns s'extasient sur Sinwaë, d'autres s'en écartent prudemment mais dans l'ensemble la présence de Rolf paraît rassurer les gens et nul ne fait mine de vouloir chasser mon compagnon du bourg, à mon plus grand soulagement. Je profite d'un instant de calme pour demander au Kendran:

"Je viens d'arriver et je n'ai pas vu d'auberge, sauriez-vous où je peux trouver une chambre pour quelques nuits?"

"Oui, bien sûr. Certains habitants accueillent volontiers les voyageurs, mais vous pouvez aussi utiliser le dortoir de l'académie, ou encore demander au tavernier de vous loger, il a une mansarde qu'il loue parfois. Comme vous préférez."

"Mmm. Je vais demander au tavernier s'il peut m'héberger, dans ce cas, je dors peu et je craindrais de déranger des hôtes."

Je pourrais aussi dormir à l'académie et en profiter pour m'entraîner, mais je ne vais pas y passer quinze jours et je préfère avoir un lieu où je puisse rester seul pour me reposer, l'idée de partager une petite pièce avec trois ou quatre ronfleurs n'a rien pour me plaire. Cela ne me dérangeait pas, autrefois, mais le temps a passé et la solitude est devenue une habitude profondément enracinée en moi. J'éprouve un étrange sentiment de vide en voyant combien Rolf est connu et apprécié dans cette bourgade, cela me rappelle ma jeunesse à Nessima, si lointaine désormais. Depuis, j'ai côtoyé des êtres bien sûr, voire sympathisé avec certains, mais ces relations sont toujours restées sans lendemain, à peine ébauchées que déjà je repartais. J'ai eu l'impression d'avoir trouvé une terre où je pourrais m'établir en découvrant Hidirain, j'y ai noué quelques amitiés, j'y ai même connu l'amour, mais qu'en reste-t'il aujourd'hui? Cela fait des mois que je n'ai vu Ethëll et nous avons passé si peu de temps ensemble que même son visage est devenu un peu flou dans mes souvenirs. J'ignore si je la reverrai un jour, sans doute vais-je passer des années sur Nirtim pour atteindre mes objectifs et, si j'y parviens, il me faudra retourner au Naora.

Une sourde mélancolie me gagne à ces pensées, je suis en train de réaliser peu à peu qu'il n'y a aucun avenir pour moi à Hidirain. C'est un lieu de paix et ma place est au coeur des combats, aux côtés des miens car tel est le rôle qui m'a été dévolu par notre Mère. Hidirain n'était qu'un havre provisoire, mes rêves de m'y établir avec Ethëll n'étaient qu'illusion fallacieuse, sans le moindre espoir de lendemain. Ce soir...ce soir je lui écrirai de ne pas m'attendre, cela vaudra mieux que de la laisser se languir interminablement d'un retour qui ne viendra peut-être jamais. Ce soir...si j'en trouve le courage.

"Vous voici bien morose...Allons, haut les coeurs! Une bonne soirée à la taverne vous rendra le sourire! Nous y sommes presque. Au fait, je ne vous ai pas encore demandé votre nom..."

Je me force à sourire à l'humain et le renseigne laconiquement sur mon patronyme, puis il pousse la porte de la taverne et me fait signe d'y entrer en précisant d'un ton encourageant:

"Il y a toujours foule en soirée, mais vous verrez, l'ambiance y est très chaleureuse et ils ont reçu dernièrement un petit vin de Blanchefort dont vous me direz des nouvelles..."


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 Sujet du message: Re: [Luminion] Les ruelles et habitations
MessagePosté: Lun 6 Fév 2017 19:59 
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Une fois rassasiés, ce qui n'est pas une mince affaire en ce qui concerne mon Ithilarthëa, nous sortons de la taverne alors que le soleil se lève à peine, encore dissimulé par les montagnes environnantes. Ayant encore deux bonnes heures devant moi avant mon rendez-vous à l'académie, Rolf Baguaudaim n'étant apparemment pas un lève-tôt, j'en profite pour laisser mon fauve se défouler un peu dans les bois jouxtant de la ville puis je me dirige vers la forge repérée la veille. A l'instant où je m'apprête à en franchir le seuil, une voix féminine s'élève dans mon dos, que je reconnais comme étant celle de l'ambassadrice Ynorienne:

"Messire? M'accorderiez-vous un instant?"

Je me retourne instinctivement, pas vraiment certain que c'est à moi qu'elle s'adresse, mais son regard posé sur moi ne laisse pas le moindre doute sur la question, si bien que je m'incline courtoisement en la saluant:

"Ma dame, le bonjour. Vous êtes bien matinale. Que puis-je pour vous?"

Elle me rend une petite révérence, mains jointes devant son buste, puis m'invite à faire quelques pas avec elle en glissant une main légère sous mon bras.

"J'ai appris par un soldat que vous logiez à la taverne, j'espérais avoir l'occasion de vous parler avant que vous ne partiez, raison pour laquelle je suis venue si tôt."

"Je vais sans doute rester en ville jusqu'à notre départ, réflexion faite. Mais je vous en prie, dites-moi ce qui vous amène?"

"Je suis inquiète, messire, à propos de ce voyage pour Oranan. Voyez-vous, il serait très fâcheux qu'il arrive quelque chose à la pupille de sa Seigneurie pendant qu'elle se trouve sous ma responsabilité, cela compliquerait sans doute les relations déjà fragiles que nous entretenons."

Je l'observe pensivement durant quelques secondes à ces mots, puis lui demande calmement:

"Je comprends. Mais si le duc accorde tant d'importance à sa pupille, pourquoi ne délègue-t'il pas un détachement pour assurer sa sécurité?"

"C'est très simple: si chère que lui soit Elayne, elle passe après la défense de ses terres. Le Duc n'a déjà pas assez de troupes pour sécuriser l'entier de ses frontières en temps normal, or il semblerait qu'il y ait actuellement une recrudescence de raids dans la région. Il refuse donc de se séparer de soldats pour nous escorter, préférant assurer la sécurité des villages exposés plutôt que celle de sa seule pupille."

"C'est compréhensible...Ceci étant, je serai à vos côtés et assurerai votre protection, il faudra plus que quelques maraudeurs garzoks pour vous mettre en péril."

La belle ambassadrice me dévisage gravement en hochant la tête, puis elle reprend à mi-voix:

"Je n'ai aucun doute à ce propos, sire Ithil, votre aide nous sera précieuse et je vous suis reconnaissante de nous l'avoir proposée. Mais il y a des choses que vous ignorez, ce n'est pas un hasard si je suis contrainte de prolonger mon séjour ici."

"Eh bien, si cela ne constitue pas un secret d'état, expliquez-moi en quoi ces...choses pourraient rendre notre voyage plus périlleux?"

"C'est là un sujet fort délicat messire, et je ne connais de vous que votre nom," répond-elle prudemment.

Je m'arrête et tourne le visage vers elle pour river un regard amusé au sien:

"En cela vous avez un avantage sur moi, madame."

L'Ynorienne me retourne un fin sourire tout en me dévisageant d'un regard perçant, puis elle finit par répliquer doucement:

"Il est vrai. Je me nomme Mayia Matsuno, sire Ithil. J'ai grand besoin de votre aide, mais..."

"Mais vous ne savez pas si vous pouvez me faire confiance. Je crains fort, dame Matsuno, qu'il n'y ait pour vous qu'une manière de l'apprendre. A vous de décider si vous êtes prête à prendre ce risque. Quoi qu'il en soit, c'est un plaisir et un honneur de faire votre connaissance."

Nous reprenons notre marche en silence tandis que l'ambassadrice soupèse pensivement le pour et le contre, je m'abstiens de troubler ses réflexions car c'est un choix qu'elle doit faire seule. Aucun discours de ma part ne pourrait lui démontrer que je suis digne de sa confiance, je le sais assez pour ne pas même tenter de la convaincre à ce sujet. Une longue minute passe avant qu'elle ne reprenne enfin la parole:

"Certains indices nous incitent à penser que l'empire Oaxien possède un ou plusieurs informateurs à Luminion, le Duc a ouvert une enquête discrète mais sans résultat pour l'instant. Le fait est que plusieurs convois ont été attaqués peu après leur départ de ce lieu, alors que rien ne pouvait laisser supposer la présence de troupes ennemies dans les environs. Étrangement, seules les caravanes transportant des marchandises précieuses ou à caractère militaire sont attaquées, les autres sont passées sans problème."

J'incline doucement le visage pour la remercier de ce pas qu'elle vient de consentir à faire en me révélant ces événements, réfléchissant rapidement aux implications de ce qu'elle vient de m'apprendre avant de répondre:

"C'est ennuyeux, en effet. Si je comprends bien la source de votre inquiétude directe, vous craignez que l'ennemi ne soit informé de ce voyage et de la présence d'une proche du Duc à vos côtés, peu protégée qui plus est?"

"Précisément, messire. Même si le Duc n'est pas homme à céder au chantage, un tel otage permettrait sans doute à l'ennemi d'obtenir quelques avantages. Elayne n'est pas au courant des détails de la stratégie de son parrain bien sûr, mais il n'empêche qu'elle a des yeux et des oreilles parfaitement fonctionnels. Elle en sait plus sur les défenses de Luminion que n'importe quel soldat, sieur Ithil, et même que la plupart des officiers. Messire de Pérussac n'a pas d'enfants et, sans vouloir le dénigrer en rien, je crois qu'il sous-estime la curiosité et les capacités d'analyse de sa jeune pupille, et donc les risques qu'il encourrait si elle tombait entre des mains malveillantes."

"Je vois..."

Songeur, je garde le silence quelques instants en examinant les tenants et aboutissants de cette histoire ainsi que les possibilités de résoudre cet épineux problème. J'ai bien quelques idées qui me viennent, mais il faut que je prenne le temps d'y songer sérieusement, si bien que je pose ma main libre sur celle de l'Ynorienne toujours posée au creux de mon bras et lui souris calmement en la regardant droit dans les yeux:

"Laissez-moi la journée pour y réfléchir, gente dame, je vais voir ce que je peux envisager pour contrer ce risque. Pouvez-vous me rejoindre ce soir à la taverne afin que nous en reparlions?"

"Il serait peu séant que je me rende dans une taverne à soldats, messire, à plus forte raison pour parler de telles choses. Il y a un étang discret derrière le castel du Duc, peut-être pourrions-nous nous retrouver là-bas?"

"Vous avez raison, ce serait préférable. Au coucher du soleil?"

"Ce sera parfait. A ce soir donc, messire."

J'opine du chef et la salue courtoisement, puis je me rends à la forge en me demandant comment je vais bien pouvoir débrouiller cette situation inquiétante alors que l'enquête du Duc n'a rien donné. Il serait évidemment possible de prendre une route imprévue et de passer par le sud du massif, mais cela rallongerait notablement la durée du voyage et je ne suis pas certain que les deux femmes apprécieraient la rudesse d'un tel chemin. Quant à confondre le ou les indicateurs supposés, il y aurait bien un moyen mais il nécessiterait l'appui du Duc. Or ce dernier m'a clairement fait entendre que je ne l'obtiendrai pas avant d'avoir fait mes preuves, ce qui signifie qu'il va falloir que je me débrouille seul...


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 Sujet du message: Re: [Luminion] Les ruelles et habitations
MessagePosté: Lun 20 Fév 2017 21:02 
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Au bout d'un petit chemin contournant le château, je trouve Mayia Matsuno assise sur un tronc d'arbre renversé près de l'étang se trouvant derrière le castel du Duc de Luminion. Elle est si absorbée par ses pensées qu'elle ne remarque ma présence qu'au moment où Sinwaë s'approche d'elle pour la flairer. Satisfait de son examen, mon fauve ne s'attarde pas et va farfouiller dans les fourrés environnants tandis que je salue l'ambassadrice d'un sourire. Elle m'invite d'un signe à prendre place près d'elle et me dévisage d'un air légèrement anxieux:

"Messire. Quelles nouvelles?"

Je m'installe à ses côtés et lui réponds à mi-voix:

"Pas grand chose, je le crains. Toutefois il semblerait qu'il y ait effectivement un espion Oaxien et que ce dernier ait des accès aussi bien au sein de l'intendance militaire que parmi les marchands, ce qui restreint un peu le champ des recherches."

"C'est un début. Auriez-vous imaginé une manière d'en apprendre davantage?"

"Peut-être. Tout dépend de la manière dont cet espion informe ses employeurs. S'il se déplace en personne, ou s'il utilise des pigeons, il devrait être possible de le confondre. S'il utilise de télépathie, ce sera beaucoup plus délicat."

L'Ynorienne opine songeusement et garde le silence quelques instants avant de reprendre:

"Comment le découvrir?"

"En tendant un piège. J'aimerais que vous fassiez semblant d'avancer le jour de votre départ et que vous vous arrangiez pour que ce soit su par l'intendance de l'armée. Si vous mettez le Duc dans la confidence et que vous lui demandez de vous autoriser à emprunter un chariot pour ce voyage, notre traître devra alors se presser pour informer ses commanditaires, ce qui nous donnerait une chance de le démasquer. Du moins s'il se..."

Je m'interromps soudain et tourne la tête en entendant Sinwaë gronder de manière menaçante dans les épais fourrés couvrant les pentes se trouvant à l'ouest de notre position, aurait-il débusqué quelque chose? Pas une proie en tout cas, il se serait contenté de lui tomber dessus en restant aussi silencieux qu'un fantôme, alors quoi? J'hésite à le rappeler, s'il est tombé sur un simple habitant de Luminion et qu'il venait à l'attaquer cela pourrait poser problème, mais il fait presque nuit et je vois mal ce qu'un simple citoyen ferait dans ces fourrés à cette heure. Je murmure à Mayia:

"Je crois que nous sommes surveillés...Regagnez le castel et faites le nécessaire pour que tout le monde croie que nous partirons dans six jours, voulez-vous? Je vous recontacterai."

Mayia ayant approuvé ma demande d'un discret signe de tête, je rajoute à haute voix:

"Fort bien, nous partirons dans six jours comme vous le désirez. A bientôt, Dame."

L'ambassadrice acquiesce sans un mot et se lève aussitôt pour se diriger vers le château. Je lui fais signe de presser le pas en entendant des bruits de course et de branches brisées du côté de mon Silnogure, puis je me dirige sans plus tarder vers ces sons insolites, bien décidé à savoir de quoi il retourne.


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 Sujet du message: Re: [Luminion] Les ruelles et habitations
MessagePosté: Ven 24 Fév 2017 16:42 
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La petite est assise dans un cachot. Elle n’est plus si petite maintenant. Elle a déjà un corps de jeune fille. Des gouttes glissent parfois le long des murs auxquels elle est adossée, parois sombres et glissantes. Elles tombent sur le sol, le flic et le floc régulier est la seule chose, le seul bruit troublant ce silence inquiétant. Elle est assise, prostrée, n’osant plus faire un bruit.

Le temps passe, des heures s’écoulent. Peut-être qu’une journée est déjà passée. Elle ne fait rien, pourtant. Elle a déjà abandonné depuis longtemps l’idée de s’échapper. Son corps maigre et faible, son regard vide de toute autre émotion.

Elle l’entend arriver. Elle ne se lève pas, son corps est bien trop douloureux pour ça. Certaines traces de coups n’ont toujours pas disparu, d’autres n’ont pas cicatrisé. Elles vont s’infecter si la petite ne fait rien. Et pourtant elle reste assise là, assise dans la crasse, saignant, semblant hors du temps. Le regard vide, toujours.

Elle tend l’oreille au bruit de ses pas qui se rapprochent. Elle le voit derrière, même les yeux fermés elle est capable de le voir. Il serait prêt à tatouer l’intérieur de ses paupières humides pour qu’elle en reste capable même dans son sommeil.

Il ouvre la porte, la mine réjouie.

Alors, mon petit oiseau de malheur ? Tu es heureuse de me voir, n’est-ce pas ? Lève-toi pour me montrer combien ma simple vue te rend heureuse.

Elle le regarde, comme s’il parlait une autre langue. Comme s’il venait d’un autre monde. Comme s’il était un monstre. Parce qu’il est un monstre. Elle baisse la tête, et ne bouge pas.

Tu ne m’as pas entendu ?” demande-t’il, question rhétorique.

Il semble à la fois répugné par son comportement et amusé.

J’ai dit “Lève-toi” ! Quand je dis lève-toi, tu dois te lever !” hurle-t’il, lui donnant un coup de pied.

Il sourit. Il a le même sourire que celui d’un l’enfant qui a écrasé une fourmi. Il continue de la frapper. Elle finit par lever les yeux en sa direction, fatiguée.

Pourquoi te fatigues-tu ? Tu sais que cela ne fonctionne plus sur moi. On finit par s’y habituer, aux coups. A la douleur qui emplit ton corps.” dit-elle, lasse.

Il semble joyeux. Elle lui a répondu. Il relève alors son menton, afin qu’elle puisse le voir.

Oh, alors tu ne m’ignores plus, Petit Oiseau ? Enfin ! Je commençais à être tenté par l’idée de te faire du mal.

Tu m’en fais déjà, du mal. Ne vois-tu pas ces traces qui sillonnent ma peau, ces cicatrices qui la parcourent, ce sang qui la colore ? Et pourtant, c’est à l’intérieur que j’ai le plus mal.

Il fronce les sourcils. Ça l’étonne.

C’est par amour que je te fais ça. C’est parce que je t’aime. J’aime ta peau dans cet état, j’aime ton corps brisé. Personne ne te voudra jamais si ton corps garde cet aspect. Il n’y aura que moi qui vais continuer à te vouloir, à t’aimer. Comme je suis généreux de continuer à le faire ! Tu devrais me remercier, Petit Oiseau. Et puisque personne ne t’aimera, la seule personne que tu pourras aimer, c’est moi.

Elle rit. Il s’agit d’un rire amer, mêlé de désespoir et de tristesse, il a le goût du sang.

Tu sais, les pires blessures sont intérieures, mon Maître. Celles que tu me fais cicatriseront. Il restera des traces, peu visibles. Et puisque tu sembles penser que seul le physique peut compter pour aimer, je te montrerai le contraire.” déclare-t’elle, martelant bien ses mots.

Pour ça, Petit Oiseau, il faudrait que tu partes d’ici. Mais tu ne le peux pas. Tu es enchaînée. Je t’ai coupé tes maudites ailes, celles qui auraient pu nous séparer. Je t’ai sauvé, mon petit corbeau. Tu resteras ma reine, tu resteras avec moi jusqu’à ta mort. Et quand tu partiras chez Phaïtos, je te retrouverai. Même en enfer.

Elle se lève, et ses yeux bleus se plantent dans les iris noirs du jeune homme. Elle est déterminée.

Petit Oiseau retrouvera ses ailes. Petit Oiseau s’en ira. Je volerai loin. Je ramènerai ma mère à la maison. Et je parcourerai le monde. Je trouverai quelqu’un que j’aimerai. Et tu sais quoi ? Il m’aimera. Nul besoin d’un corps pour aimer quand tu ne peux pas voir. Et l’amour rend aveugle. Nous viendrons, et nous te tuerons. Tu partiras chez mon dieu, mon dieu que j’aime plus que tu as cru que je pouvais t’aimer. Et tu ne trouveras pas le repos.

Il la regarde. Elle reste campée sur ses pieds, bien ancrée au sol. Et il rit. D’un rire fou. Des spasmes le parcourent.

Tu veux aimer, pas vrai ? Tu vas aimer.

Il la plaque violemment contre le mur, où elle s’effondre comme poupée de chiffon. Il déchire ses frusques, et dans l’obscurité la petite perdit toute la pureté qu’elle avait réussi à conserver. Des cris déchirants perçent l’ombre, accompagnés de sanglots.

Une fois qu’il eut terminé, il la lâcha, la projetant sur le sol. Elle saigne abondamment. Des couteaux sont sur le sol, il les a utilisés. Elle est choquée par ce qui s’est passé, elle n’imaginait pas que cela aurait pu se passer comme ça. Il lui a fait mal. Il l’a...elle ne veut pas utiliser le mot.

Voilà comment tu vas aimer. Voilà comment tu vas aimer. C’est moi qui suis le premier à te l’avoir fait, Petit Oiseau. Je t’ai fait l’amour, Petit Corbeau.

Elle contemple tout ce sang. Elle n’ose pas regarder plus bas ou s’examiner.

Non. Tu as osé…

Elle ne veut pas bouger. Elle sent la douleur parcourir son corps, elle ne peut pas bouger.

Dans ma vie, tu m’as fait bien des choses. Bien du mal. Ce n’est qu’une continuité des choses j’imagine. Et tu ne m’as pas fait l’amour. Tu m’as violée. Tu me l’as pris, comme tu m’as tout pris. Tu es un monstre.” crache-t’elle, dégoûtée.

Il perd son sourire vainqueur, qui est remplacé aussitôt par un sourire sadique. Il s’approche d’elle, et s’accroupit, pour la regarder de plus près.

C’est vrai Petit Oiseau ? Je t’ai violée, tu penses ? Alors on va s’amuser.

Il sort, et fouille une des jarres. Il en sort des couteaux et des fioles de liquides tous plus étranges les uns que les autres.

On va s’amuser, mon Petit Oiseau de malheur...

La dernière chose qu’elle put voir avant de sombrer dans la douleur et dans l’horreur fut son sourire sadique, fou, accompagné du “je t’aime” qu’il lui murmura.


Je me réveillai soudainement, au chaud, sous de grands draps blancs. Je refermai mes paupières devant la lumière qui provenait de la fenêtre, pour les rouvrir doucement. Ma tête vacille pendant quelques instants, avant que je puisse pleinement reprendre l’usage de mes capacités physiques. Au delà des draps, tout est froid, et je me réfugie en dessous, tout en couvant la pièce du regard.

Au bout de quelques minutes, tout me revient. Le voyage, qu’à cause de la douleur je ne pus pleinement apprécier, mais dont je garde le souvenir des plaines verdoyantes, des forêts de conifères au bois sombre et des monts à cols blancs qui transperçaient les nuages.

Mon mal de ventre, mes interrogations, mes craintes, et peut-être...mon enfant… Je posai doucement les mains sur mon ventre que je caressai, avant de me rendre compte que la douleur avait presque disparu, et que je ne portais plus mes “vêtements”. J‘étais en robe, une robe blanche dans un tissu doux et soyeux, probablement du satin.

Je me trouvais sous des draps blancs eux-aussi, dans une chambre toute de bois, avec des rideaux gris les couvrant à moitié, laissant passer une lumière cristalline. En dessous de celle-ci, dans un fauteuil, se trouvait Asad, endormi. De l’autre côté, la porte. Je pouvais choisir entre le réveiller et m’en aller.

Mais comment m’en aller seule ? La douleur, même lointaine, reviendrait si je faisais un effort, et monter à cheval pourrait la faire rapidement revenir. Je n’avais pas mes affaires, de plus, et mon esprit encore embrumé ne se souvenait que de l’essentiel, alors je ne pourrais retrouver le Castel d’Endor.

Et puis Asad ne méritait pas cela. Quand bien même il m’avait kidnappée...il semblait sincèrement désolé. Et surtout, il ne m’avait pas abandonnée et avait pris soin de moi, m’ayant ramenée ici pour me soigner en prime. Rien que pour cela, il ne méritait pas que je l’abandonne ici. Il ne m’avait pas abandonnée, je devais faire de même avec lui.

Je quittai la chaleur des draps, et quand je posai les pieds à terre, je vacillai, avant de me stabiliser. Visiblement, je n’avais pas encore totalement récupéré. Je marchai doucement, posant les pieds l’un après l’autre, pour finalement parvenir au fauteuil.

Asad, murmurai-je doucement en secouant sa main, Asad…

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 Sujet du message: Re: [Luminion] Les ruelles et habitations
MessagePosté: Mar 7 Mar 2017 11:13 
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Arc du Souffle du Voile

Chapitre XI.2 : Un verre de trop au Gars'Rock



Le soleil venait à peine d’amorcer sa phase du crépuscule que déjà la nuit tombait dans la ville de Luminion : celle si était tellement encaissée dans les montagnes que les habitants ne profitaient pleinement du soleil qu’une à deux heures avant et après son zénith. Le reste du temps, ils devaient se satisfaire de la simple réverbération des rayons sur les flancs de montagnes, ce qui expliquait le peu de passants dans la rue à cette heure pourtant peu tardive.
Les rues de la ville étaient tout ce qu’on pouvait attendre de celles d’une ville bâtie pour tenir un poste stratégique entre humains et Garzocks d’Oaxaca : larges pour les mouvements de troupes, rectilignes pour un repérage rapide, et encadrées de bâtiments aussi trapus que solides.
Point de passage obligé pour les caravanes se dirigeant vers l’ouest du continent, Brumal et ses compagnons connaissaient bien la ville et l’unique endroit où ils pourraient séjourner le temps d’une nuit, à savoir la taverne/Auberge du Gars’Rock.

« Tu vas voir gamin, le tavernier Rogoune vend la meilleure bière de tous les Duchés des Montagnes ! Ct’ une belle bière blonde brassée avec beaucoup d’amour, une vraie beauté ! Le Rubis des Montagnes qu’certains l’appelle, mais ceux-là y connaissent rien, ils ont pas gouttés à l’hydromel d’chez nous !


- Je ne dis jamais non à une petite mousse Brumal, et je serai ravi de faire le comparatif entre le Rubis des Montagnes et l’hydromel Thorkin ! »
déclara son passager avec un sourire.


A suivre…

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Dernière édition par Tergeist le Lun 7 Fév 2022 13:40, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: [Luminion] Les ruelles et habitations
MessagePosté: Jeu 20 Juil 2017 16:25 
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Je retrouve avec un surprenant plaisir les ruelles claires et droites de Luminion, peut-être parce je pensais ne jamais les revoir. Quelques rares passants me reconnaissent et me saluent d'un geste de la main, les autres se contentent de m'observer brièvement, avec une certaine surprise parfois.

Il ne me faut que quelques minutes pour parvenir à ma première destination: la forge d'Ardâr. Il me tarde de pouvoir revêtir mon armure de mithril, mais aussi de me débarrasser de tout le barda que j'ai récupéré sur les corps de mes ennemis.


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 Sujet du message: Re: [Luminion] Les ruelles et habitations
MessagePosté: Ven 21 Juil 2017 18:26 
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Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
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J'ai à peine fait quelques pas au sortir de la forge que je me fais héler:

"Messire Ithil?"

Je me retourne en direction de la voix en attrapant Sinwaë par le collet à tout hasard et souris aimablement en reconnaissant l'humain qui m'a interpellé:

"Sergent Fardel, heureux de voir que vous êtes bien rentré."

L'homme s'approche et me tend une main que je serre vigoureusement, il faisait partie des prisonniers que j'ai libérés dans le premier camp Garzok que j'ai anéanti et semble en bien meilleure forme que je ne l'ai trouvé. Ses yeux bruns jadis éteints brillent maintenant de santé et son corps de guerrier dans la force de l'âge a retrouvé sa souplesse, les haillons qui le vêtaient, eux, ont été remplacés par l'uniforme des gardes du Duché.

"Je craignais de n'avoir eu l'occasion de vous remercier, sire, nos éclaireurs ont fait état d'une véritable chasse à l'Homme, à l'Elfe devrais-je dire, près du fleuve. Et comme vous ne reveniez pas, j'ai supposé qu'ils vous avaient eu. Vous avez le temps de venir boire un verre à la taverne ce soir?"

"Ils ont bien failli avoir ma peau, mais Sithi veille sur moi et, la chance aidant, je m'en suis tiré. Quant au verre, ce sera avec plaisir, oui. Pour l'heure il faut que j'aille voir le Duc, savez-vous s'il se trouve au Castel?"

"Très probablement, en tout cas il y était il y a une heure. Mais venez, je vous accompagne, je dois justement m'y rendre pour inspecter un arrivage de fournitures."

Nous nous mettons en route sans plus tarder, échangeant nos histoires depuis le moment où nous nous sommes quittés, voilà maintenant bien des semaines. J'apprends avec plaisir que les six humains survivants ont pu regagner Luminion sans encombre, il ouvre quant à lui de grands yeux effarés lorsque je lui relate en gros ce qui m'est arrivé. L'idée de mettre ma parole en doute ne semble pourtant pas l'effleurer, peut-être parce qu'il a assisté au carnage que j'ai perpétré pour les sortir du pétrin. bavardages aidant, le chemin nous semble plus court que de coutume et nous ne tardons pas à parvenir aux portes du Castel, une vision qui me ramène quelques temps en arrière, avec le sentiment étrange que c'était dans une autre vie.


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