Il fut réveillé au petit matin par des coups sourds.
« Ouvrez cette porte ! C'en est assez ! Le patron vous avait prévenu ! »Le garçon ouvrit péniblement les yeux. Il tenta vaguement d'assimiler ce qui l'entourait. La vieille femme qui l'avait hébergé semblait terrifiée.
« Je n'ai pas l'argent ! Pitié, monsieur ! Je ne dérange personne ! »Il y eut un choc formidable et la porte bascula vers l'intérieur. Le fracas était tel qu'il acheva de réveiller le garçon.
« Vous étiez prévenu ! Puisque vous ne pouvez pas payer, votre maison sera rasée pour laisser place à la demeure de meilleurs citoyens. »L'homme qui venait de parler était une énorme brute qui avait dû baisser la tête pour rentrer dans la maison. Il portait à la main un gant de métal poli qui semblait particulièrement lourds et épais. En fait, c'était avec ça qu'il avait fracasser la porte.
Azra, bien qu'impressionné, se leva et tenta de se dresser de toute sa faible stature. Encore une injustice ! En un sens, il était rassurant de voir qu'il n'était pas la seul victime, mais il brûlait d'envie de faire avaler sa morgue à cet odieux personnage, négligeant totalement qu'il était bien plus petit et moins fort que lui.
« Foutez le camp ! » s'exclama-t-il.
La brute ricana :
« Qu'est-ce qu'on a là ? Un petit oisillon égaré qui veut jouer les héros ? Viens donc pour voir... »« Non ! cria la vieille femme.
Il n'a rien à voir là dedans, laissez le partir ! »Mais Azra s'était déjà élancé pour porter un coup de poing furieux. Hélas, ledit poing fut intercepté par le lourd gantelet du costaud qui l'envoya d'un revers bouler par terre. Il éclata de rire et lui cracha dessus. Le jeune homme se redressa et se mit en position de combat plus calmement. Il allait falloir faire marcher sa cervelle s'il voulait se sortir de là...
Profitant de son agilité, il tourna rapidement autour de son opposant, mais faillit être prit par surprise par un coup de pied en traître. Il esquiva et porta un coup sous le talon pour tenter de le déséquilibrer en profitant de la jambe tendu. Mais le colosse était trop massif pour tomber si facilement.
Il chargea. Azra faillit être pris de cours par la sauvagerie de l'attaque, mais il parvint à exécuter in-extremis une contre-attaque fatale qui envoya son poing ganté dans le menton de l'homme. Celui-ci recula avec une grimace, visiblement touché, mais pas assez gravement pour renoncer. Azra voulut pousser son avantage mais ses bras étaient trop court et, avant d'avoir pu le toucher, il recevait dans le ventre un poing d'acier qui manqua lui couper le souffle. Heureusement, il avait souplement évité l'essentiel du coup. Il fallait à tout prix épuiser son ennemi. Avec un peu de chance, son énervement finirait par lui faire faire des erreurs.
Azra passa donc à une tactique de harcèlement, portant un coup, faisant semblant. Il envoyait sa main d'un côté, puis, avant que l'autre ne l'intercepte, il la retirait et révélait que le vrai coup venait de son autre main pour frapper le bras tendu dans une attaque plus agaçante que vraiment efficace.
Son ennemi devenait de plus en plus féroce et, à plusieurs reprises les feintes maladroites d'Azra faillirent le conduire à sa perte. Une fois la brute, aillant vu le coup venir, lui accrocha sa deuxième main et l'envoya voler, de sorte qu'il renversa la table. Il parvint néanmoins à rouler et à se relever, un peu étourdit. La vieille femme pleurait et il commençait à se demander s'il allait arriver au bout de ce combat.
La brute était franchement furieuse et semblait aussi avoir hâte que ça se termine. Il fonça à nouveau à l'attaque. Azra attaqua lui aussi dans l'espoir de le surprendre. En deux pas, ils avaient parcouru la distance qui les séparaient... mais Azra esquivait au dernier moment, tourbillonnait et remplaçait son coup directe par une attaque en revers qui aboutissait dans les reins de son ennemi.
Celui-ci grogna et se retourna avec une vivacité inattendu. En fait, il avait anticipé cette énième tentative de feinte et en profita pour lui envoyer son impressionnant poing de métal dans l'estomac.
Cette fois-ci, le garçon fut violemment étourdit et suffoqua. Il fut projeter en arrière et percuta du crâne une armoire. Sonné, il resta étendu là un peu trop longtemps et son ennemi était sur lui.
« Je vais te faire cracher tes dents, sale môme ! »(Tes pouvoirs ! Utilise tes pouvoirs !)C'était la première fois que Chandakar se manifestait depuis un moment, et cela remis d'aplomb le garçon. Il avait raison, c'était le meilleur moyen, même si ça risquait de lui attirer des ennuis. En un éclaire, il pensa à Rendrak. C'était maintenant qu'il avait besoin de sa grande carcasse !
Avant qu'il puisse en penser plus, il fut soulevé et projeter plus loin. Son épaule lui faisait mal. Non, rectification : tout son corps lui faisait mal.
(Comment je fais pour l'invoquer ?)(Défait ce que tu as fait !)Comment avait-il fait déjà ? Il avait imaginé qu'il éteignait une bougie... Il se concentra et tendit la main. Il fit un geste sensé évoquer l'allumage d'une bougie...
À sa plus complète surprise, cela marcha sans problème. Un énorme nuage noir se condensa derrière la brute pour former le liykor.
« Tu vas chialer, gamin, et tu l'auras bien cherché ! »« Vous... vous feriez mieux de surveiller vos arrières... »« Bouh ! » rugit Rendrak, penché sur l'oreille de l'homme.
L'homme sursauta violemment, tenta de se retourner. Mais il fut projeté par terre. Il resta suffoqué en voyant de liykor mort-vivant le dominer de toute sa hauteur. Rendrak se jeta sur sa cible qui se débattit du mieux qu'elle pouvait. Surpris, Azra constata que malgré son avantage de départ évident, son ami avait de la peine à avoir le dessus. Ses gestes étaient maladroits et peu précis, et seul la terreur de son adversaire l'empêchait de se faire mettre en pièce.
Azra se releva et se précipita à son secoure. Sentant sa présence, le liykor s'écarta juste à temps pour laisser passer un coup de poing qui sonna la brute. Azra frappa et frappa encore, mais, il fut bien vite poussé par le squelette qui, saisi de la fureur de son maître, trancha la gorge de l'homme d'un coup de griffe.
Le silence tomba sur la petite maison délabré. Épuisé, Azra mit un certain temps à se relever.
« Bon sang... »C'est alors qu'il sentit son sang se glacer. La vieille ! Il se retourna... et la vit étendu, morte.
« Non ! »Elle avait dû faire une crise cardiaque en voyant apparaître Rendrak. Le garçon sentit des larmes d'impuissance envahir ses yeux. Encore une fois, sa malédiction avait frappé un innocent.
« Une maison sans richesse. Ce n'est pas là qu'on trouvera de l'or... » marmonna Rendrak.
(Tu n'aurais pas dû lui donner ta viande, ça aura été du gâchis, finalement.) déclara Chandakar.
« Taisez-vous ! Tous ! »Et il pleura un bon coup, soulagé de pouvoir faire baisser la tension.
« Il ne faut pas rester ici... » murmura Rendrak, plus doucement.
Azra hocha la tête mais s'approcha d'abord de la brave femme.
« Phaïtos, entendez ma voix. Cette âme qui s'avance vers vous, charitable et pourtant morte dans le tourment, mérite une place décente dans votre royaume. Phaïtos, mon seigneur, je vous dédis cette âme, puissiez-vous plutôt punir celui qui le mérite vraiment. »Alors, la voix d'Arek se fit entendre :
(Voilà ! Maintenant, tu découvres la bonne voie de la nécromancie...)C'est ainsi qu'Azra quitta une fois de plus une ville comme un voleur. Comme prix de cette piètre victoire, il ramassa le sinistre gantelet de métal étincelant de l'homme de main. Il ne s'arrêta qu'un bref instant pour refaire des provisions avant de filer au plus vite, Rendrak bondissant d'ombre en ombres pour le pas être vu des rares passants en cette heure matinale. Puis, ils s'éloignèrent de Luminion tandis que le soleil hésitait à pointer par dessus les montagnes, dans la vallée qui commençait à descendre vers les ténèbres d'Omyre.
Invocation raté
(((Tentative d'apprentissage de la CCSA feinte)))