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 Sujet du message: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Dim 17 Oct 2010 15:50 
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La Grotte des Trophées

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Non loin de l'Autel de Lune Pleine, vous pourrez tomber sur la macabre Grotte des Trophées.

Ici sont entreposés avec beaucoup de fierté tous les crânes des bêtes et ennemis vaincus, dans une anarchie totale. Des crânes de sangliers, de minotaures, d'humains, d'elfes, de gobelins, de liykors, de worans, d'ours et de loups s'entassent les uns sur les autres.
C'est assez effrayant...

Tout comme l'Autel, la Grotte fait parti de ce territoire neutre où les Liykors n'ont pas le droit de chasser ou de s'entre-tuer.

Depuis peu, des cris lointains résonnent dans la grotte, des pierres bougent toutes seules, des frissons s'emparent de ceux qui s'y rendent. Le lieu serait-il hanté ? C'est ce que les rumeurs disent, en tout cas, parlant d'esprit défunts d'orques profanateurs qui auraient été maudits, nommés contre leur volonté comme gardiens de la Grotte des Trophées et chargés d'effrayer les importuns qui viendraient y fourrer leur nez.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Lun 7 Mar 2011 21:29 
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Un tas de crâne joliment empilé flirtant avec le silence. Pas de cris. Pas de bagarre à proximité. Pas de vent. Pas de bestioles. Un silence de mort. Seulement un petit oiseau, qui par on ne sait quel miracle a échappé à la faim des Liykors noirs du coin. Le volatile, petit moineau naïf, atterrit sur le sommet de la pile d'os. Il sautilla gentillement de crâne en crâne à la recherche d'une miette de nourriture à picorer. Quelle idée de le faire ici, tête de linotte !

Oh mais tiens... Un drôle de truc là aux multiples couleurs. Le piaf le piqua de son bec une fois, deux fois, trois fois, quatre... Une main poilue blanche à trois doigts jaillit de la pile de crâne et se referma sur le corps de l'oiseau.

"Touche pas à mon pompon sale bête !"

Ses narines soufflèrent comme un taureau en colère donnant un son sombre d'une flûte accrochée juste en dessous.

"Je devrais te manger..."

La bestiole qui venait de jaillir des crânes, les pieds et la queue encore enfouis, était une drôle de bestiole. Les yeux oranges, avec deux petites oreilles pointues et un pelage blanc. Craaaash ! Mifasol l'Aniathy sursauta, laissant partir sa proie dans la surprise. Ce bruit venait de l'effrayer comme une gazelle qui perçoit l'odeur du lion. Vite, vite, elle se replongea à l'intérieur de sa cachette, poussant les crânes pour se faire de la place et espérant que personne ne l'avait encore vu. Le pompon multicolore de son chapeau picoré par l'oiseau, flamboyait au dessus de la masse, tel un phare dans la nuit. Une véritable autruche cette peluche.

Contre toute attente, au lieu d'un grognement, d'un bruit de pas de lourd, ou d'un quelconque reniflement, le silence finit par retomber. Prudemment, on vit émerger le couvre-chef dans son entier et deux petits yeux fureteurs. Rien. Soulagée, mais aussi profondément ennuyée, la petite bête sortit de sa cachette. Un dernier coup de patte et la voilà hors du tas de crâne, sa queue avec un pompon à son bout (identique à celui se trouvant sur son chapeau) s'étirant joyeusement derrière elle. Elle qui dormait si profondément, d'un sommeil latent, ne trouvait maintenant plus le sommeil. Des années qu'elle était là, tranquille ! La trouillarde qui avait clamé haut et fort son départ du pays des elfes gris n'avait pas aimé la vie d'aventure. Elle avait préféré se cacher et s'endormir profondément, en espérant ne jamais être dérangée. Sauf qu'il avait fallut qu'un maudit volatile se pointe et en veuille à son chapeau ! SON chapeau ! Les oiseaux n'ont plus intérêt à s'approcher d'elle, c'est moi qui vous le dit. Elle est du genre rancunière.

Mifasol jeta un regard aux alentours, craintive. Il ne fallait pas traîner ici, l'endroit n'était pas sûr. Si jamais un Liykors apparaissait... Sauf que deux grands yeux la narguait déjà.

"Striboulette !"

Sa flûte produisit un son aigu, de surprise. Le juron était de son cru et ne voulait pas dire grande chose à part qu'elle était contrariée. La peluche se plaqua contre la pile de crâne, espérant se sortir de ce pétrin. Il avait fallu qu'elle se réveille alors qu'un individu qui ne lui voulait surement pas du bien traînait dans les parages. Non mais vraiment, foutu piaf !

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Mar 8 Mar 2011 19:56 
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Un territoire neutre la grotte ? Où les Liykors n'ont pas le droit de chasser et de s'entre-tuer ? Tu parles ! C'était bien le cadet des soucis de notre Aniathy de cinquante centimètres. Devant elle se trouvait une horrible bête de 2m de haut à la musculature très impressionnante. Trop impressionnante. Le Liykor s'accroupit pour observer Mifasol, réduisant par là sa taille d'un bon mètre, ce qui faisait encore le double de la taille de l'Aniathy. Ses lèvres se retroussèrent en un rictus mauvais, et de sa gorge sortit un son qu'on aurait pu prendre pour un ricanement. Puis des paroles rauques et mal articulées sortirent de la bouche du monstre.

"Toi, seras mon petit oiseau."

Il n'y avait pas d'illusion à se faire sur ce qu'il voulait d'elle. La manger. Prise d'un regain d'énergie soudain, la poupée sortit une de ses plus belles grimaces toute enfantine. Les lèvres écartées avec ses doigts, les yeux louchant et la langue tirée. Puis elle souffla très fort dans sa flute et courut vite de l'autre côté profitant de la surprise du monstre qui ne devait pas voir de phénomène pareil tout les jours.

Derrière la ligne de départ nous avons Mifasooool et le gros méchant pas beau !
Attention à mon coup de sifflet, partez ! *triiiiii*

Mifasol part à toute allure plantant le monstre qui peine à démarrer. Mais le voilà qui se reprend et part à l'assaut ! Ouh c'était moins une !
L'horrible vient de faire claquer sa mâchoire à quelques centimètres de la gorge de Mimi ! Celle-ci entreprend l'escalade des crânes mais Ohlala chers spectateurs, elle glisse ! Vers la gueule du pas beau !
*l'assistance retient son souffle*
Elle se ressaisit et saute sur la tête du terrible ! Magnifique ! Quel saut acrobatique !
Elle court, elle court et... Noooon ! Le Liyokrs vient de saisir sa queue !
Prions pour son âme qui va bientôt rejoindre les cieux...


Une chanson morbide résonnait aux oreilles de Mifasol, alors que les deux horribles yeux du monstre s'approchait d'elle. Essoufflée par leur course, elle ferma les yeux dans l'attente de sa mort. Peut-être qu'il y a des beaux chapeaux de l'autre côté ?

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Jeu 10 Mar 2011 20:26 
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Mais le coup n'arriva jamais. Mifasol avait pourtant déjà commencé à se repasser sa vie dans sa tête, espérant qu'il la mangerait vite et qu'on en finirait. Les mains sur les oreilles et recroquevillée sur elle-même (ce qui la rendait encore plus petite) elle attendait. Inquiète, elle garda les yeux fermés encore quelques instants, trop effrayée à l'idée de se retrouver encore nez à nez au Liykor, puis prudemment la bestiole entrouvrit l'œil gauche et écarquilla finalement les deux de surprise. Il n'y avait plus un Liykor mais DEUX Liykors ! Ils étaient en train de se battre violemment, ou de... s'embrasser ? Elle ne connaissait pas trop leurs moeurs, et vivait d'ailleurs très bien sans.

Mifasol secoua la tête pour se sortir de sa torpeur, récupéra son chapeau qui avait glissé dans la course et l'enfonça sur ses deux petites oreilles. Un regard à droite. Un regard à gauche. Personne d'autre ! Sans un petit salut aux deux monstres qui avaient l'air fort occupés et grognaient, elle se mit à courir, sa queue au pompon multicolore voletant derrière elle, et sa flûte ballotant sur son torse.

Taticrabistouille ! J'y ai failli laisser mon pompon !

Pfft ! Plus de Mifasol. Ce coup-ci elle ne risquait pas de s'endormir n'importe où, surtout pas à proximité d'un piaf. Tout d'abord, rejoindre la ville. Puis devenir super balèze pour pouvoir bouffer tout les oiseaux. C'est qu'elle est rancunière.

Sauf que la ville c'est par où ? La forêt est vaste, grande,... trop grande.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Sam 26 Avr 2014 22:50 
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Le Territoire du Loup Noir



La Science des Âmes Tourmentées
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Introduction




Wulfin, serrant sa patte, fit disparaître le liykor décapité dans un embrasement de flammes vertes pâles et empressa Goetius de le suivre.

"Maintenant. Plus de bruit. D'autres dans les parages."

Le fanatique obéissait sans rechigner.
Non seulement l'apprentissage que lui proposait la bête l’intéressait grandement, mais il était aussi condamné à être son prisonnier jusqu'à ce qu'elle le laisse s'en aller. Il savait ne pas pouvoir fuir, avec elle. Elle était plus rapide, plus puissante. Ses sens bestiaux étaient plus aiguisés. Il ne ferait pas dix mètre avant d'être retrouvé et déchiqueté. Et, même s'il réussissait par un quelconque miracle à échapper à son attention... Pour aller où ? Cette forêt lui était totalement inconnue, il ne saurait où se diriger et Zewen sait combien de ces créatures pouvaient vivre dans ces bois.

Le liykor avançait rapidement, son pas était si fin et silencieux que Goetius en serait devenu jaloux. A ce rythme, il était obligé de courir et le son de sa propre marche lui semblait assourdissant. D'ailleurs, outre la faune sylvestre que l'on entendait de-ci de-là croasser, ramager, crisser et vrombir, nul autre bruit ne se faisait entendre.

Ils passèrent près d'étranges monolithes de pierres, où il n'y avait pas plus d'activité et, après quelques minutes de marche, ils arrivèrent dans une pente. Celle-ci s'enfonçait dans le sol, la terre s'effaçant peu à peu au profit de la pierre. Le peu de lumière qui subsistait dehors s'effaçait à l'intérieur de la grotte et, bien que Goetius fût assez accoutumé à l'obscurité, sans aucune source de lumière, il était aveugle. La bête continuait à avancer sans décélérer.

Goetius, chuchotant fort et s'efforçant tant bien que mal de faire attention où il marchait, brisa le silence : "Faites-moi de la lumière. Je suis incapable de voir dans une telle obscurité."

"Faible, fragile, pathétique humain. Pas d'ordres à me donner. Mais tu dois voir. Mes fluides te rendront la vue. Se taire et regarder."

Deux lumières jaillirent dans le noir. C'était les fluides verts pâles dans les mains de Wulfin qui éclairait timidement la créature. Ses bras étaient tendus vers le bas, légèrement vers l'avant. Le liykor se tenait aussi droit que lui permettait son dos naturellement courbé.
La lumière blafarde donnait à sa gueule un air plus cauchemardesque encore. Puis, elle replia ses pattes l'une contre l'autre devant son torse. Ses tatouages s'illuminèrent alors de la même teinte. Elle fixa alors quelques secondes Goetius, avant d'ouvrir largement les bras en avant. A cette action, ses fluides semblèrent s'expulser, se répandre dans la salle. D'abord chaotiquement, puis, comme si des courants d'air étaient dans la salle, ils se regroupèrent, suivant certaines directions. Mais c'était étrange. Certains se croisaient, allaient en sens inverse. Et soudain, ses fluides touchèrent tous à leurs buts. Dans une explosion de lumières blêmes, des visages difformes, des têtes grotesques, des crânes aberrants étaient apparus. Les fluides leur avait rendu apparence, et ils mouvaient, tournaient en rond, sans vraiment savoir où aller, dans cette grotte dont ils étaient prisonniers.
Au sol, l'on pouvait maintenant voir une montagne de crânes de toutes sortes qui s'élançait vers le plafond.

"Qu'est cette grotte ?", demanda Goetius.

"Mes semblables l’appellent la grotte des trophées. Entasser les crânes des plus belles prises pour défendre son rang. Mais ce qui nous intéresse, morts violentes. Morts violentes, âmes en peine. Âmes en peine permet nécromancie. Regarde les âmes, que vois-tu ?"

Le fanatique les considéra un instant. Ces visions cauchemardesques ne lui faisaient cependant pas peur. Elles l’intéressaient. Il répondit simplement :
"Elles sont différentes. Certaines ressemblent encore à ce que devait être la tête de leur possesseur durant sa vie, alors que d'autres sont des crânes. D'autres encore sont... assez étranges. Elles n'ont plus rien de fixe, on dirait des sphères imparfaites creusées là où se trouvaient la bouche et les orbites."

"Bien. Comme les corps, les âmes se décomposent. Mais pas une question de temps. Phases. Première phase, âme confuse, paniquée, bruyante. Toute sa chair apparente encore car refuse d'accepter sa mort. Peut parler, peut être interrogé. Seconde phase, crâne. Âme énervée, vengeresse. Aucune parole, que cris. Comprends être mort, cherche tourments aux vivants. Pour invoquer, contents de se battre, de retrouver leurs corps. Troisième phase, feu follet. Gémissements, soupirs, pleurs. Oublient leurs vies terrestres, comprennent être condamnés à errer éternellement. Passives. Utiliser pour peur, panique."

"Y aurait-il d'autres phases que vous me cachez ?"

"Patience. Cette nuit, beaucoup de travail. Apprendre à transformer tes fluides d'obscurité en fluides de nécromancie. Apprendre à diriger les feux follets. Apprendre à invoquer des squelettes pour le combat. Apprendre à asservir une âme-compagnon. Pour plus de connaissances, tu reviendras une autre nuit. Avec plus d'argent."



La Science des Âmes Tourmentées - Leçon n°1 : Les fluides de nécromancie

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Méléagant, le personnage l'ayant inspiré

Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
Faites silence.


Dernière édition par Goetius Gomorrheus le Ven 30 Mai 2014 17:07, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Lun 26 Mai 2014 20:07 
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La Science des Âmes Tourmentées - Introduction



La Science des Âmes Tourmentées
-
Leçon n°1 : Les fluides de nécromancie




"D'abord, fluide d'obscurité. Dans ta main."

Goetius s’exécuta et fit appel à ses fluides dans la main droite. Cette matière sablonneuse qui caressait sa paume, longeait ses lignes, se glissait entre ses phalanges, qui était là mais qui ne donnait aucune sensation l'hypnotisait toujours lorsqu'il portait le regard dessus. C'était d'autant plus fascinant quand, lorsqu'elle était propulsé avec une certaine volonté, elle se transformait d'innocente à assassine. Mais il ne se savait encore que trop ignorant en la matière. Ce fluide avait bien d'autres potentiels, c'était certain. Et il était fier d'en apprendre plus aujourd'hui.

"Droitier."

"En effet."

"Change de main."

"Pourquoi ?"

"Pour magie obscure de combat, souvent tu devras utiliser tes deux mains. Main principale plus intuitive, plus rapide, plus forte, plus endurante. Doit être pour sorts directs, offensifs et rapides. Les fluides obscurs basiques. Main secondaire, sorts indirects. Morts se battre pour toi. Viser, moins important. Sorts de zone. Tu dois prendre habitude nécromancie main gauche."

"Vous avez bien des fluides de nécromancie dans les deux mains, vous."

"Oui. Mais ce n'est pas moi qui apprends. Tu apprends. Pour nécromancie à deux mains, d'abord maîtriser nécromancie à une main. Nécromancie à deux mains, pour une autre nuit. Tu reviendras. Avec plus d'argent."

La bête se répétait. Elle semblait vouloir particulièrement insister sur le fait qu'il ait tout intérêt à revenir. Des méthodes d'escroc, pour Goetius. Mais il n'avait pas le choix. Il étouffa donc ses fluides obscurs de sa main droite en la fermant et reproduit la même action de sa main gauche.

"Et maintenant ?"

"Fluides de nécromancie sont fluides obscurs plus âmes troisième phase, feux follets. Feux follets attirés par fluides obscurs comme moustiques par lumière. Feux follets invisibles pour profane, mais toi avoir un maître. Wulfin est ton maître, Wulfin a rendu les âmes visibles. Tends ton bras vers les âmes. Lorsqu'une proche, se concentrer. Vouloir l'absorber. Fluides s'éteindront. Après, âme sera en toi, en ta possession dans ton corps. Et il suffira de désirer l'expulser avec tes fluides obscurs, pour devenir fluide de nécromancie. Simple."

Goetius tendit son bras, la main toujours noire de fluides. Les âmes ne semblèrent d'abord que peu intéressées. Elles continuaient à voltiger en chaos, tournant sans savoir où aller, manquant de se heurter les unes aux autres, relâchant des soupirs, des lamentations et des cris. Une véritable danse macabre, une baguenaude forcée par l'immortalité de l'esprit, qui jongle entre mélancolie, rage et lassitude. Cette addition de sons funestes et angoissants donnait curieusement à l'ensemble un entrain ironique, et elle devenait une mélodie dissonante et désarticulée hypnotisant le spectateur. L'art inconscient des morts, l'orchestre de Phaïtos, qui donnait un concert de sons et de lumières sur une colline de crânes dont certains, la mâchoire ouverte, semblait ébahis par le spectacle.

Goetius se laissa entraîner dans cette contemplation, perdant la notion du temps. Wulfin le rappela à l'ordre :
"Reste concentré ! Âmes dangereuses. Âmes ne doivent pas être regardées longtemps. Sinon, tu es envoûté. Et tu oublies. Tu oublies le temps. Tu oublies la réflexion. Tu oublies ton corps. Fatigue, faim, soif, respiration. Si rien ni personne pour réveiller, tu meurs et tu rejoins."

Wulfin avait raison. Il s'était complètement perdu dans cette distraction. Il ne s'était même pas rendu compte que sa main avait perdu ses fluides. Il cligna des yeux, remua la tête pour s'assurer de la reprise de contrôle de son corps.

"Recommence. Reste concentré. Penser. Tout le temps. Regarder main. Oublier le reste."

Il réitéra, rendant à sa main gauche ses fluides et focalisa son regard dessus. Il s'efforçait de ne pas regarder derrière, vers les âmes. Le temps lui paraissait long. Combien de temps devrait-il rester avec ce bras droit devant lui avant qu'une âme ne daigne s'en rapprocher ? Mais il persista et, au bout de quelques minutes, une lueur s'approcha de ses doigts.

"Attends, hauteur de paume."

Elle s'approcha encore, se fixa juste au-dessus du creux de sa main.

"Maintenant, penser absorber !"

Ça se passa très vite. A peine eût-il entendu l'ordre de Wulfin que l'âme fut aspiré dans sa main et que ses fluides obscurs s’éteignirent. Goetius eût alors un pressentiment étrange. Il s'attendait à quelque chose de plus. Une sensation, un bruit ou un souffle. Un signal qui célébrerait sa première âme absorbée. Mais non, il n'en était rien et cela le déstabilisait un peu. Il ne put s'empêcher de demander à Wulfin :
"C'est tout ?"

"Oui."

"Je devrais faire ça à chaque fois ? Ce sera toujours aussi long ?"

"Non. Corps maintenant imprégné par une âme étrangère. Tu es reconnu nécromant par les morts. Ils le sentent, même si tu ne les vois pas. Âme attire d'autres âmes dans ton corps. Il faut juste vouloir les utiliser, en invoquant tes fluides obscurs. Et tu auras fluides de nécromancie."

Goetius voulut essayer derechef.

"L'autre main."

Ah oui. La main gauche, pas la droite. Il s'était un peu précipité et avait oublié ce détail.
Il tendit l'autre bras, se concentra et immédiatement, une lueur verte apparut. Le fluide de nécromancie. Elle n'avait pas l'apparence sablonneuse du fluide obscur. Celle-ci était plus gazeuse, se troublant comme l'horizon un jour de grande chaleur. Et, de temps en temps, l'on pouvait voir l'âme tentant de se reformer, mimant un visage déformé ou un crâne vaporeux. C'était fascinant.

"Maintenant, apprendre à s'en servir."



La Science des Âmes Tourmentées - Leçon n°2 : Dévoiler les âmes

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Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
Faites silence.


Dernière édition par Goetius Gomorrheus le Ven 30 Mai 2014 17:09, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Mar 27 Mai 2014 11:13 
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La Science des Âmes Tourmentées - Leçon n°1 : Les fluides de nécromancie



La Science des Âmes Tourmentées
-
Leçon n°2 : Dévoiler les âmes




Wulfin frappa sa main contre l'autre et, brusquement, ils se retrouvèrent dans le noir. Seuls les fluides de nécromancie de Goetius éclairaient faiblement ses environs. Les âmes qui virevoltaient alors n'étaient plus visibles, ni audibles. Cela énerva l'apprenti.

"Je vous ai dit que je n'y voyait rien dans cette obscurité !"

"Oui. C'est toi qui va éclairer. Comme Wulfin tout à l'heure. J'ai dit. Âmes attirent âmes. Mais âmes cachées, invisibles. Fluides de nécromancie, eux, visibles. Sont gorgés d'âmes. Il faut relâcher ces fluides. Ils se fixeront sur les âmes. Les envelopperont. Rendront leurs cris audibles."

"Ne peut-on pas les éclairer sans les rendre audibles ? Je n'aime pas le bruit."

"Non. Si visibles, audibles. Meilleur pour faire peur. Mais ta maîtrise n'est pas la mienne. Tu n'as pas l'habitude de tes fluides, tu n'as pas encore beaucoup d'âmes en toi. Tu n'éclaireras pas autant et tu éclaireras moins d'âmes. Les cris, pareil. Moins forts. Plus tu maîtriseras, plus d'âmes seront dévoilés. Et leurs luminosités seront plus fortes. Et leurs cris seront plus audibles."

Il n'était pas vraiment satisfait de cette réponse. Lui qui supportait si mal le bruit, il aurait à y faire face de plus en plus souvent. Et difficile de rester discret dans ces conditions. Il insista :
"Il n'y a vraiment aucun moyen ?"

"Non. Si visibles, audibles. Toujours. Wulfin a déjà dit."

Il grogna. L'entêtement de son élève l'énervait.

"Maintenant, te taire. Questions plus tard. Se concentrer sur la zone dans laquelle tu veux délimiter ton sort. Ici, grotte. Et expulser. Fluides trouveront âmes seuls."

"Et les mouvements de bras que vous faisiez ?"

"Pour nécromancie à deux mains. Tu n'apprendras pas aujourd'hui. Quand tu reviendras. Avec plus d'argent."

Décidément, c'était une idée fixe. Comprenant qu'il n'aurait pas plus de précisions, Goetius s’exécuta. Les fluides s'échappèrent de sa main et commencèrent à tournicoter dans la grotte. Comme lorsque le liykor le fit. Puis ils se mirent à suivre des directions et ils arrivèrent enfin sur les âmes, semblant se briser sur elle comme dans de petites explosions verdâtres.
Wulfin avait raison. Goetius en avait éclairé moins du quart de celles qui se trouvaient là tout à l'heure. Il n'y en avait là plus qu'une dizaine, éclairant si faiblement qu'il ne pouvait toujours pas voir les parois de la grotte convenablement. Point positif pour l'amoureux du silence, leurs sons étaient très étouffés. On ne pouvait que très vaguement les entendre, et encore fallait-il tendre l'oreille.

"Faible débutant. Mais sort réussi. Maintenant, tu dois les diriger."

"Comment ?"

"Devine."

"Je vous ai payé pour me donner une leçon. Si je dois tout deviner, à quoi bon ?"

"Deviner, c'est la leçon. Beaucoup de connaissance en nécromancie sont à deviner. Réfléchir, se poser des questions, expérimenter. Nécessaire. Avec ce que tu as déjà appris, tu peux deviner."

Goetius comprenait l'idée, mais il n'aimait pas avoir à tâtonner devant le liykor.

"Dis ce que tu penses."

Il réfléchit. Il n'avait pas appris à donner d'ordres directs aux âmes. Wulfin avait juste répété que les âmes attiraient d'autres âmes. Donc, pour les diriger, il suffisait d'envoyer ces fluides à un endroit choisi pour que les âmes s'y rendent.

"Je dois envoyer mes fluides de nécromancie contre quelque chose de précis. Les âmes s'y dirigeront."

"Essaye. Sur moi."

Il exécuta sa conclusion. Un filet de fluide alla vers le liykor qui se laissa faire. Il se dispersa lorsqu'il fut arrivé sur lui. Les âmes n'y firent même pas attention.

"Bien essayé. Mais les fluides de nécromancie ne comportent pas d'empreintes d'âmes suffisantes pour les attirer vers une cible. Par contre, si les fluides de nécromancie te permettent de rendre les âmes des morts visibles aux mortels, l'inverse est aussi possible. On peut rendre visible les âmes des vivants pour les morts. C'est un sort temporaire que l'on peut envoyer vers n'importe quelle créature mortelle. Ton erreur était de viser mon corps. Maintenant, concentre-toi et vise mon âme. Une âme de mortel."

"Mais vous êtes un nécromant. Votre âme est déjà visible par les morts."

"Tu n'écoutes pas les paroles. Se concentrer. Les âmes des morts peuvent sentir que d'autres âmes défuntes sont enfermées dans un corps mortel. Celui du nécromancien. Là, les âmes sont attirées doucement comme le moustique par la lumière. Souvenir. Mais elles ne voient pas l'âme du nécromancien lui-même. Par contre, si tu rends une âme de mortel visible, même celle d'un nécromant, elles se rueront dessus de colère, de haine, de jalousie. Mais elles ne peuvent rien faire matériellement à cette âme encore vivante. Elles chercheront à mordre, à cogner, mais rien ne se passera. Elles traverseront le corps, crieront de toutes leurs forces autour. Les nécromants apprennent à ne pas se laisser impressionner par les morts, mais le commun des mortels panique à ces visions. Pendant qu'ils sont distraits et qu'ils oublient leurs défenses, vulnérables. Attaque facile."

"Et comment je suis sensé faire pour rendre visible une âme vivante aux âmes défuntes ?"

"Vise l'âme de l'être que tu veux hanter. Même si tu ne peux la voir, elle est dans mon corps. Tu dois penser à l'âme, non au corps. Les fluides se fixeront d'eux-même."

Goetius commençait à avoir le cerveau en ébullition. Toutes ces subtilités étaient importantes et il fallait ne rien omettre. Déjà, ne pas se tromper de bras. Le bras gauche. Invoquer les fluides d'obscurité en n'oubliant pas de penser aux âmes qui étaient dans son corps. Voilà. Les fluides de nécromancie sont apparus. Maintenant, penser à l'âme de Wulfin et... envoyer.

Les fluides s'envolèrent rapidement jusqu'à la bête. Immédiatement, les âmes que l'on pouvait voir flotter se tournèrent vers elle. Comme si elle apparut d'un coup dans leur univers et les surprit. Elles s'enragèrent immédiatement, se ruèrent vers la créature. On les entendait hurler des vociférations d'outre-tombe, foncer sur elle. C'était incroyablement violent. Mais Wulfin lui, s'amusait de leur impuissance. Il riait aux éclats de les voir ainsi s'agiter. Et, soudain, il en appela à ses propres fluides. D'une main, il envoya ses fluides vers le centre de la pièce et les âmes restés invisibles redevinrent visibles. De l'autre, il les jeta sur Goetius. Les âmes se détournèrent du liykor pour se précipiter vers l'apprenti. Il venait de lui jeter le même sort. Mais plus d'âmes, plus bruyantes et plus hideuses, étaient là.

Il comprit le test. Le loup voulait le voir paniquer comme une pucelle. Il ne lui ferait pas se plaisir. Il ne bougea pas, fronça juste les sourcils de mécontentement. Les hurlements lui tapaient sur le système. Ce brouhaha était une torture.

Soudain, il dit : "Silence !"

Le liykor, d'un geste de main, fit taire les âmes. Ils se retrouvèrent à nouveau dans l'obscurité totale.

"Tu n'as pas peur des morts. Grande qualité pour un nécromancien... Sais-tu pourquoi je ne t'ai pas occis avec tous tes petits copains de Kendra Kâr ?"

Goetius ne répondit pas à cette question qu'il devinait rhétorique.

"Vous ne voyiez rien. Vous ne saviez pas ce qui se passait. Ils ont commencé à courir, à frapper dans le vide. Tous. Ridicules. Mais toi, tu es resté droit, debout. Et tu as fermé les yeux. Tu n'as pas peur des morts. Tu n'as pas peur de la mort. Tu seras puissant. Aucun doute. Tu continueras ta formation. Tu reviendras. Avec plus d'argent. Héhé. Encore. Et encore. Héhé. Comme l'ont fait tous ceux à qui j'ai appris. Héhé. Et le jour. Où. Je n'aurais plus rien à t'apprendre. Tu deviendras intéressant. Nous aviserons. Maintenant, il te reste à apprendre. L'invocation de squelettes et l'âme-compagnon."



La Science des Âmes Tourmentées - Leçon n°3 : Invoquer des morts-vivants

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Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
Faites silence.


Dernière édition par Goetius Gomorrheus le Ven 30 Mai 2014 17:11, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Ven 30 Mai 2014 00:06 
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La Science des Âmes Tourmentées - Leçon n°2 : Dévoiler les âmes



La Science des Âmes Tourmentées
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Leçon n°3 : Invoquer des morts-vivants




"Allez. Encore. Éclaire les âmes.", ordonna calmement Wulfin.

Goetius s'y prenait avec plus de confiance. Tendre le bras gauche. Pensez aux âmes. Appeler ses fluides. Expulser. Attendre et laisser agir.
Un jeu d'enfant.

"Alors. Les âmes en peine, seule et unique aspiration : revenir dans le monde des vivants. Impossible pour elles de le faire toutes seules. Durant une vie, l'esprit et le corps sont indissociables. Au moment de la mort, ils se séparent. Nécromancie permet momentanément ou définitivement, ressouder. Grâce à son pouvoir, le nécromant permet à l'âme de revenir dans un corps, pas forcément le sien. Il est alors possible de les laisser libres comme de les soumette à sa volonté. Cela permet beaucoup de sort. Invocation de morts-vivants. Appropriation de l'âme-compagnon. Et tu reviendras. Avec plus d'argent. Héhé. Pour résurrections. Pour transformation en liche."

Goetius commençait vraiment à se lasser d'entendre ça et la façon de parler changeante de Wulfin était des plus dérangeantes. Mais il restait concentré.

"Pour invocation de morts-vivants, voir les âmes pas nécessaires. Mais aujourd'hui, il te faut voir comment cela se produit. J'explique. Lorsque le nécromant use de ses fluides sur ce qui fut anciennement un corps, il permet à l'âme de le réintégrer et de l'user comme s'il fut toujours en vie. C'est pour cela que même sans yeux, il peut voir. Sans muscles, il peut se mouvoir. S'il lui manque une jambe, il ne perdra pas l'équilibre ni ne boitera. S'il lui manque les deux jambes, il lévitera à leur hauteur. Seul si l'âme avait un handicap de sa vie, elle continueras à l'avoir dans sa mort."

"Sont-ils silencieux ?"

"Si tu le désires, oui. Il y aura toujours le bruit de leurs mouvements. Mais tu peux imposer la discrétion et empêcher les cris. Ils ne sont que pantins."

Voilà qui devenait très intéressant. Si contrôler une armée de cadavre silencieux était faisable et si facile, il ne s'en priverait pas. Cependant, il devait y avoir un problème quelques part, sinon les nécromanciens seraient déjà en train de gouverner le monde et l'on trouverait des morts-vivants à chaque coin de rue. Ça serait fantastique.

Il demanda donc :
"Si c'est si facile, pourquoi ne pas en créer des hordes gigantesques ?"

"Plusieurs raisons. Si la nécromancie doit rester secrète, c'est qu'elle a toujours eu beaucoup d'ennemis. De nombreux aventuriers cherchent toujours à nous éliminer pour nous rajouter à leurs faits d'armes et les autorités de nombreuses nations nous pourchassent. Mais ces crétins ne sont pas les plus dangereux. Le clergé de Gaïa par contre possède des mages de lumière redoutables, les théurgistes, qui peuvent réduire à néant une armée de morts-vivants. Leur seule mission est d'annihiler les nécromants. De toujours, ils ont cherché à nous diviser, à nous éliminer, à empêcher la transmission de nos connaissances."

"On dirait qu'il vous font peur..." dit Goetius, avec dédain.

"Ne te méprends pas. On peut les tuer. Beaucoup sont déjà morts de ma main et ont rejoints les rangs des âmes en peine. Héhé. Mais ne les sous-estime pas. Ils sont malins. Ils connaissent nos façons de faire. Ils peuvent nous déposséder de nos pouvoirs. On ne peut se débarrasser d'eux en usant de magie obscure. Il faut improviser d'autres méthodes. Je leur ai survécu uniquement parce que je suis un liykor noir. Que j'ai appris à me mouvoir en silence et à combattre farouchement, qu'ils étaient dans mon territoire et que j'en connais les pièges alors qu'eux n'étaient que de faibles humains ou elfes fragiles qui ne savaient pas où ils étaient tombés. Ils se sont jetés dans... Héhé... La gueule du loup. Mais il faut rester vigilant. Surtout toi, qui n'est qu'un homme."

Cette dernière remarque sonnait comme une insulte et Goetius ne voulut pas s'étaler là-dessus. L'encapuchonné ne pouvait s'empêcher de mépriser la crainte du liykor. S'il n'avait pas le cran de réunir une telle armée à cause de quelques uns de ces théurgistes, lui n'aurait pas ce problème.

"Bon. Quelles sont les autres raisons ?"

"Tu vas les constater par toi-même. Exercice. Avec fluides de nécromancie, vise des squelettes. Pense à leur maîtrise."

Il s'attela à la tâche. Invocation des fluides de nécromancie dans la main gauche, expiration des fluides vers le tas de squelettes. Les âmes, en haut, s'agitèrent dès qu'elles remarquèrent le sort et se précipitaient, semblant se battre dans leur plan, pour arriver premières dans les corps. Lorsqu'elles arrivèrent dans les os, elles reconstituèrent l'assemblage des os. Cela fit un vacarme incroyable, le tas immense tremblant et s'effondrant en une avalanche d'ossements qui se brisaient. Wulfin eût un grand fou rire moqueur en voyant la scène et Goetius se boucher les oreilles pour étouffer le son, se tourna et ferma les yeux pour éviter le nuage de poussière qui lui arrivait dessus.

Lorsque tout se calma, il toussa les particules d'os que cela lui avait fait avaler et lui hurla :
"Vous êtes fou à lier ! Pourquoi vous m'avez laissé faire ça ?"

"Pour que tu retiennes la leçon. Alors, où sont tes squelettes ?"

Il regarda brièvement parmi les décombres. Les morts-vivants n'étaient plus là, les âmes semblaient toutes avoir repris leur vol au centre de la salle.

"Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi ça n'a pas marché ?"

"Le lien entre l'âme défunte et le corps réanimé est fragile. Lorsqu'un mort-vivant de base reçoit un grand choc ou que le nécromant perd sa concentration, l'âme s'échappe du corps. Plus d'âmes sont contrôlées, plus difficile est d'être concentré sur tous. Pour cette raison, le nécromant débutant a tout intérêt à diriger ses invocations de loin, sans prendre part au combat et en nombre restreint. L'expérience seule permet d'apprendre à pouvoir contrôler de plus en plus de morts-vivants et à exercer d'autres tâches durant un même temps. Pour commencer, invoque-en deux. Dépêche-toi."

Deux squelettes. C'était ridicule. Que pourrait-il faire avec deux minables squelettes ? Lui voulait pouvoir produire une armée, tout de suite, pour conquérir les duchés. Il prit cependant son mal en patience et repris son sort. Non pas pour invoquer deux mais cinq squelettes. Ils s'assemblèrent et eux restèrent droits. Ils ne bougeaient pas, se contentaient de rester debout.

Wulfin pouffa de la présomption de son élève. Cette audace ne pouvait lui apporter que des ennuis. Il ne releva cependant pas et dit :
"Maintenant, donne-leur des ordres."

"Regroupez-vous !", ordonna l'apprenti.

"Penser. Pas parler. Ils accompliront tout ce qui leur est possible."

Il les fit marcher en rang de droite à gauche, sauter, escalader les murs, ramasser parmi les débris des fragments d'os qui pourraient leur servir d'armes. Cet exercice l'amusait un peu et ils songeaient à toutes les activités qu'il pourrait leur faire faire. La cueillette d'alnathea notamment, les faire construire des murailles, creuser des fossés, rester dissimuler dans l'eau, grimper dans les arbres, envoyer des messages et, bien sûr, répandre la peur ou se battre pour lui. Il trouva d'ailleurs bête de ne pas pouvoir l'essayer maintenant sur un ennemi.

"Il faut que je vois ce qu'ils peuvent donner au combat.", dit-il à Wulfin.

"Prévu. Prochain exercice. Le vacarme a raisonné dans la forêt. Territoire de chasse proche. Bleiz va arriver. Tu le tueras avec ce que tu as appris."

"Très bien. Je le tuerais."



La Science des Âmes Tourmentées - Exercice pratique [:attention:]

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Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
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Dernière édition par Goetius Gomorrheus le Dim 1 Juin 2014 20:10, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Ven 30 Mai 2014 23:02 
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La Science des Âmes Tourmentées - Leçon n°3 : Invoquer des morts-vivants



La Science des Âmes Tourmentées
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Exercice pratique
[:attention:]




Wulfin lui ordonna alors d'arrêter ses sorts, de faire silence et de se préparer. Les âmes s'enfuirent des squelettes. Les os se dispersèrent en fracas au sol. Les âmes furent dépourvues de leur éclairage verdâtre et Goetius se retrouva une fois de plus dans les ténèbres.

Son adversaire allait se présenter de lui-même. Il ne fallait plus qu'attendre.
Seul le bruit de la brise s'engouffrant dans la grotte et caressant la végétation extérieure se faisait entendre. L'apprenti nécromancien restait immobile. Ses chausses restaient collées au sol comme si elles furent faites de plomb. Il craignait qu'en bougeant, il l'entende. Il était nerveux. Son adversaire ne se montrait toujours pas et des inquiétudes naissaient. Entendrait-il arriver l'ennemi liykor malgré le pas si fugace et léger des siens ? Ne le verrait-il pas dans le noir ? Si c'était le cas, il serait tué avant de s'en rendre compte. Il savait ces questions dénuées de sens, mais il se sentait à son désavantage. L'idée que Wulfin puisse l'aider ou venir à son aide en cas de problème n'effleura même pas son esprit. Lui-même n'aurait pas bouger le petit doigt, il était donc acquis pour Goetius de ne jamais compter sur les autres, "les autres" étant une notion pour laquelle il n'avait que du mépris et de la haine.

Soudain, un bruit à l'entrée de la grotte. Il devinait que c'était celui d'un liykor venant de sauter d'au-dessus du pas de la grotte jusqu'au sol terreux. Ce n'était pas le bruit d'une chute, mais d'un bond lourd mais contrôlé. Il renifla vers l'intérieur et se mit à grogner.
"Wulfin, chien puant ! Ton odeur empeste de la charogne avec laquelle tu copules ! Tu n'as plus rien à faire dans nos sanctuaires... Sors te battre, banni !"

"Non."

"Héhéhé... Aurais-tu peur Wulfin ? Où comptes-tu encore souiller les ancêtres d'un sacrilège ? Veux-tu vraiment provoquer la colère des Géniteurs en te battant avec un des tiens sur une terre sacrée ?"

"Non."

Bleiz semblait faire les cent pas à l'orée de la caverne. On voyait sa silhouette, armée d'une sorte de large pique, s'y dessinait. Il voulait en découdre avec Wulfin mais il avait peur de livrer bataille dans l'enceinte. Peut-être aussi cachait-il sous ses airs d'arrogance une appréhension envers l'attitude du nécromant. Sans doute pensait-il Wulfin capable d'assez de folie pour l'entraîner dans une rixe blasphématoire. Ou connaissait-il ses talents de réveilleur des morts et alors redoutait-il de se retrouver, impuissant, à lutter contre des rebuts d'outre-tombe pendant que son véritable ennemi, en marionnettiste, restait intouchable, protégé par la sainteté de l'endroit.

Toujours était-il que ses réponses sommaires le laissait dans l'impasse et il ne pouvait plus que le provoquer de loin en espérant le pousser à livrer combat à l'extérieur.
Aussi, il ne semblait ni voir, ni sentir Goetius. C'était inespéré. Et le fanatique restait crispé. Il échafaudait des plans à toute allure dans son esprit, il tenait ses bras devant lui, attendant la moindre occasion pour les laisser s'enflammer de ses fluides.
Le bras gauche pour les fluides de nécromancie, c'était intégré. Mais de sa main droite, il ne savait que faire. Il hésita entre sortir son stylet ou invoquer sa magie obscure. Puis il alla jusqu'à se dire qu'il pourrait faire fi des conseils de Wulfin et d'user de nécromancie des deux mains. Mais lui aussi se retrouvait dans une impasse. S'il usait de magie avant que Bleiz rentre au sein de la grotte, il se dévoilerait. Il perdrait son effet de surprise. Il serait handicapé. Il fit cependant preuve de patience et conserva son calme. Il rageait intérieurement. Il savait que la bête de Blakalang s'amusait du désarroi de ceux qui vont être confronté. Elle ne répondait aux diverses provocations que par d'uniques mots y coupant court. Bleiz devenait ridicule au fur et à mesure de ses tentatives, ses incitations à la lutte ressemblant de plus en plus à des supplications frustrées. Aussi en eût-il assez et conclut son discours en disant :
"Cette grotte n'a qu'une sortie, Wulfin. Tu ne peux y rester indéfiniment. Tu t'obstines à t'y calfeutrer, soit. Lorsque tu seras décidé à lui abréger la souffrance de ton insultante présence, je serais présent."

"Voilà qui risque de faire une longue attente, Bleiz.", se moqua-t'il. "Veux-tu que je t'épargne de ce fardeau ?"

"Vas-tu sortir ?"

"Non. Tu vas rentrer."

"Je n'ai pas ton impiété, Wulfin."

"Tu n'auras pas à te battre contre un autre liykor dans ce site sacré, Bleiz."

"Je connais tes pouvoirs."

"Je n'en userais pas."

"Je ne suis pas si crédule."

"Tu connais ma réputation, Bleiz. Tu sais que je n'ai qu'une parole."

"Si ce n'est pour quelques manigances, pourquoi voudrais-tu me faire entrer ?"

"Tu vieillis, Bleiz. Ton odorat n'est plus ce qu'il était. Ne sens-tu donc l'odeur d'une proie ?"

Goetius s'affolait. Wulfin était en train de signaler sa présence !
Bleiz renifla encore.

"Un humain est là ! Que fais-tu avec un humain ici, Wulfin ?"

"Qu'importe ? Voici mon marché, Bleiz. Tues-le. Si tu réussis, je sortirais."

La bête de Blakalang semblait avoir tout prévu. Ce Bleiz n'était pas un idiot, mais il disposait maintenant de sa parole et d'un défi à relever. En avouant la présence de Goetius, il lui révélait une fausse manigance. Celle de vouloir fatiguer son adversaire avec une proie avant de rentrer dans la danse. Une proie humaine, fragile. Un défi idiot qui serait réglé en moins de deux et qui ne l'épuiserait pas une seconde. Wulfin jouait sur sa réputation et sur sa présumée folie.
Et avec un liykor aussi présomptueux que Bleiz, qui lui nourrissait une telle incompréhension mêlé de haine, cela finit par marcher.

Il s'avança dans la grotte, le bruit de ses pas avançait vers Goetius.

Le fanatique devait réagir promptement. Le liykor était dans l'obscurité totale maintenant, il ne le voyait plus du tout. Rapidement, il invoqua ses fluides de nécromancie dans la main gauche en s'apprêtant à les projeter pour révéler les âmes environnante mais, à peine furent-ils en sa main qu'il fut surpris par la gueule de l'ennemi, éborgné en son œil droit, qui était déjà à moins de deux mètres de lui.

D'effroi, il laissa tomber les fluides de nécromancie. Il s'agissait de survie, alors plutôt se rabattre sur la simple magie d'obscurité qu'il maniait avec aisance que de faire des tentatives hasardeuses. En éteignant les flammes vertes, il se retrouvait alors encore dans le noir. D'une main puis de l'autre, il projeta à l'aveugle ses souffles de malveillance pure. Un râle terrible se fit entendre, et il redoubla ses attaques encore et encore. Il s'épuisait dans sa précipitation.
Puis, délivré par la fatigue de cette frénésie, il cessa. Il était essoufflé et toujours aveugle. En tendant l'oreille, il finit cependant par entendre un bruit. Un bruit qu'il connaissait déjà. Un bruit de crépitement. Le bruit produit par la magie noire lorsqu'elle entrait en contact avec de la peau. Il l'avait touché. Il l'avait touché. La localisant à l'oreille, il était cependant toujours à cran et ne voulait pas prendre le moindre risque. Dans la précipitation de l'idée, il envoya trois nouvelles salves en direction de la source du bruit. Il n'eût en retour aucun nouveau son. Ni un râle, ni un choc, ni des pas, rien. Il commençait à envisager l'éventualité que le liykor ait pu se prendre une majorité des coups portés et ait succombé. Mais il n'y avait qu'une manière de s'en assurer. Voir son cadavre. Il étouffa ses fluides obscurs et tenta de se ressaisir. Il devait se calmer et se remémorer ce qu'il venait d'apprendre. Main gauche. Se concentrer sur ses âmes intérieures, invoquer ses fluides. La pâle flamme de la nécromancie apparut en main gauche. De prime abord, il n'y avait rien à portée de vue. Mais il n'y voyait pas à deux mètres. Cependant, s'il ne voyait que peu, il se rendait bien compte que rien ne l'attaquait plus depuis plusieurs secondes. C'était quelque peu rassurant. Mais Wulfin ne disait rien lui non plus. Il ne troublait pas le silence. Peut-être ne disait-il rien car Bleiz était toujours en vie. Peut-être ne disait-il rien car il n'avait pas user des sorts qu'il lui avait appris. Peut-être ne lui disait-il rien car cela ne le satisfaisait pas du tout et qu'il s'était mis en chasse à son tour.

Non sans appréhension, il décida d'en avoir le cœur net. Après tout, il avait appris à se servir des âmes pour éclairer l'endroit. C'était le moment où jamais d'user de ce sortilège. Il expulsa ses fluides, qui tournicotèrent avant d'aller se fixer sur quelques unes des âmes qui infestaient l'endroit. En attendant, la lumière apparaissait puis disparaissait de part et d'autres. Là où était Bleiz, il ne s'y trouvait plus. Pas plus que le cadavre au sol qu'il espérait trouver et, s'il s'était enfui par l'entrée, la seule véritable source de lumière de l'endroit, il l'aurait vu. Goetius tourna son regard vers le promontoire sur lequel se situait auparavant Wulfin. Il y était toujours, dans l'exacte même position. Les yeux de l'apprenti se fixèrent sur lui, plein d'incompréhension. Bleiz avait-il donc disparu ? Dévisager son maître ne l'aidait pas. Il se contentait de le fixer à son tour avec un air méprisant, une grimace dégoûtée.

Il n'avait fait attention car son essoufflement camouflait le bruit, mais le bruit de crépitement, bien que plus faible, était toujours présent. Il était à peine audible. Et Bleiz devait le maudire à ce moment-là, car ce fut grâce à lui qu'il comprit. Son adversaire, blessé, était allé se carapater de l'autre côté de la montagne d'ossement. Il n'eût pas le temps de mettre cette révélation à profit. A peine le comprit-il que le liykor décida de prendre les devants et, dans un grand rugissement, de repartir à l'assaut. En renversant plusieurs os sur son passage, il sauta plusieurs mètres devant lui avant de se précipiter vers sa proie. La lumière dévoila son torse blessé d'où s'échappait une fumée noire. Son bras et son épaule droite avait été touché plusieurs fois, en hauteur, et la brûlure maléfique s'étendait jusqu'à la base du cou. Plus haut, la moitié droite de sa gueule était à demi-dévoré par les brûlures obscures, qui suintait d'un sang noirâtre. Pour ultime attaque, il projeta sa godendac en sa direction. Goetius n'aurait pas eu le réflexe de l'éviter en la voyant arriver vers lui. Au contraire, il se figea. Mais il n'en eût aucun mal car sans doute à cause de ses blessures, de son œil absent ou de l'effet de ces deux handicaps cumulés, le jet n'atteint son but. La godendac passa d'une tête au-dessus de la cible. Aussitôt, l'apprenti nécromant, fluides nécromantiques toujours en main, décida de dévoiler l'âme du liykor.

Le loup terrible fut aussitôt poursuivi par les esprits des trophées accumulés dans l'espace. Il ne comprit clairement pas la nature de ces apparitions qui se mirent à lui foncer à travers le corps en des râles infernaux. Il s'en débattait à grands coups de griffes, puis gesticulant dans des gestes confus. Se battre contre ces visions d'horreur était devenu sa plus grande préoccupation et il sembla instantanément oublier Goetius, Wulfin, l'endroit où il était, tout le reste. Il luttait contre des fantômes inoffensifs.

Goetius ne le craignait plus maintenant. Il se sentait puissant, fort de part sa connaissance. Lui savait les esprits inoffensifs, mais Bleiz n'en savait absolument rien. Et cette information, cette minuscule information changeait absolument tout. Rien que pour ça, il ne regrettait pas de s'être mis en recherche du savoir des nécromants. Et grâce aux simples bribes qu'il avait appris ce jour-même, il avait l'aval sur une créature qui n'aurait fait qu'une bouchée de lui jusqu'alors. Et là, l'ennemi était à sa merci.
Mais il n'en ressentait pas pour autant du plaisir. Il ne pouvait pas s'en amuser. Les cris d'effroi de Bleiz et les hurlements des esprits lui tapaient sur les nerfs. Il se surprit alors à contredire sa pensée de la dernière seconde en s'affirmant qu'il n'userait plus de ce sort qu'en cas d'ultime recourt. Ces bruits étaient ignobles, allaient dans les aigus, lui vriller les tympans. Il était difficile de faire plus désagréable.

C'en était assez, il fallait en finir vite. Mais le liykor restait dangereux pour lui. Il ne pouvait risquer de s'y confronter lui-même. Le déploiement de force qu'il exécutait était certes chaotique mais risquait toujours de lui coûter cher. Mais s'il ne pouvait lui-même s'approcher, il avait maintenant le moyen de faire s'en approcher d'autres à sa place. Il décida donc de mettre à profit ses précédentes leçons et profitant de ce temps pour envoyer ses fluides contre des crânes au hasard. Les quatre squelettes humanoïdes furent pourvues d'une mission simple : le faire taire. Il les fit récupérer de grands os à terre, des fémurs de trolls et d'autres grandes créatures qu'ils devaient manier de leurs deux mains, qui pouvaient servir d'autant de masses. Le liykor continuait de s'agiter en tout sens, faisant valdinguer des ossements avec fracas. Il heurta ses pieds contre des fragments d'os brisés au sol et, dans le même geste, il écrasa par mégarde une longue pointe dans son talon et relâchant un rugissement de douleur. Le sang s'écoulait vivement de son pied. Le rouge de son sang glissait sur le blanc des os et inondait le sol.

A cet instant, ses cris commençaient étrangement à ressembler à ceux des esprits ; l'on entendait en eux tout son malheur. L'angoisse, la souffrance physique, la frustration, la rage et le désespoir se mêlait en une sirène horrifique. Cette musique donna le sourire à Wulfin, mais elle ne faisait qu'irriter toujours plus Goetius.
A cet instant, il aurait été difficile de dire si Bleiz avait ne serait-ce que remarquer la présence des morts-vivants s'approchant de lui ou si les âmes l'attaquant lui avaient fait perdre toute attention sur tout le reste. Lors qu'ils s'approchèrent, ses gestes brusques, confus et brutaux suffirent à décapiter deux d'entre eux pendant que les deux restant s'étaient mis à le rosser de grands coups de fémurs dans le dos, dans le ventre et contre la gueule. Une dizaine de coup plus tard, il s'effondra lourdement au sol. Comme il ne supportait plus tout ce bruit, il en profita pour enfin faire taire les âmes et révoquer les squelettes. Les esprits se remirent à voguer en rond et les squelettes, qui se disloquèrent, leurs os tombant et rebondissant sur le corps du liykor.

Bleiz ne criait plus. Il ne se débattait plus. Sa face était en charpie, ravagée. Elle suintait de sang. Sa mâchoire n'était pas seulement déboitée. Elle était décalée vers la gauche de son visage, et tendait vers le sol, ne tenant au reste de son crâne que par quelques lambeaux de peau s'y accrochant comme si cela avait encore une quelconque importance. Il n'était pas tout à fait mort. Il semblait vouloir tousser, mais il ne faisait que s'étouffer dans son sang avec quelques gargouillis et expulsait difficilement quelques gouttes de sang qui lui retombaient de toute façon dessus. Dans une mare de son propre sang, il souffrait de quelques spasmes et autres tremblements. On aurait dit un poisson fraichement pêché essayant vainement de nager dans l'air.
Comprenant que ce n'était pas tout à fait fini, le fanatique alla pour l'achever. Non pas par compassion, il était bien incapable de ressentir ce genre d'émotion mais pour le forcer au silence une bonne fois pour toute. Il vit son visage détruit et eût une mimique de dégoût. Il rencontra brièvement son regard. Son dernier œil était toujours illuminé du souffle de la vie, mais il n'était déjà plus là. Il s'agitait encore, mais il ne s'arrêtait nulle part. Il regardait dans le vague. C'était clair. Il n'était pas encore mort, mais il s'agissait déjà d'une âme en peine.

Goetius sortit son stylet de la poche, plaqua d'un pied la tête du liykor contre le sol et lui enfonça d'un geste sec la courte lame noire dans la tempe. Il y eût un craquement. Celui du trou percé dans l'os. C'était un bon poignard. Au sortir de l'arme, un filet de sang s'échappa. Le liykor était mort. Vraiment mort cette fois-ci. Il ne faisait plus aucun bruit. Il n'en ferait plus aucun. Ceci était bon.



La Science des Âmes Tourmentées - Leçon n°4 : Lier une âme-compagnon

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Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
Faites silence.


Dernière édition par Goetius Gomorrheus le Dim 1 Juin 2014 22:28, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Dim 1 Juin 2014 22:26 
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La Science des Âmes Tourmentées - Exercice pratique [:attention:]



La Science des Âmes Tourmentées
-
Lier une âme-compagnon




Goetius, exténué, mit genoux à terre et laissa glisser l'arme sanglante du bout de ses doigts. Il ne pensait plus à rien. Ses fluides de nécromancie s'éteignirent et les âmes cessèrent de luire.

Il sortait de la transe du combat avec exaltation. Cette puissance qu'il avait entre ses mains... C'était fantastique. Il se repassait la scène dans la tête. Cet enchaînement de sort qui s'était imposé de lui-même, l'ennemi terrassé...
Ses ambitions pouvaient se réaliser, il le savait. Faire face aux plus terribles des créatures, faire cesser leur vacarme...
Il était l'embryon d'un futur dieu. Le dieu du silence, qui trouverait sa place entre Phaïtos et Zewen. Et en l'honneur du dieu qu'il serait un jour, il s'en faisait son bras armé. Il propagerait sa volonté, tournerait les royaumes troublés des vivants en terres sereines de ruines muettes. Tel était son destin.

Wulfin ne se manifesta pas d'un bruit durant la méditation de son apprenti. C'était à se demander s'il était encore là.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, la Bête de Blakalang éclaira à son tour les âmes et le regardait fixement. Elle semblait le juger. Quelque chose ne l'avait pas plu dans ce qu'elle avait vu se passer sous ses yeux. Mais elle ne dit mot sur le sujet. Elle n'évoqua pas d'un mot le combat qui venait de se dérouler.
Goetius n'en attendait pas moins. Il espérait juste l'avoir impressionné. Lui avoir mis froid dans le dos. Lui faire ressentir qu'un jour, il se dressera bien au-dessus d'elle.

Le liykor se contenta de poursuivre le plus magistralement du monde son cours :
"Tu as dévoilé les âmes. Tu leur as rendu des corps. Tu les as renvoyé à l'invisible. Tu les as dépossédé de leurs enveloppes. Ses sorts sont sans importance. Ils se perdent dans le temps."

Il fit un silence, marchant tranquillement jusqu'à se rapprocher de Goetius.
"Voici venu le temps pour toi d'apprendre un sort qui importe. Héhé. L'enchantement d'un compagnon. Tout nécromancien se doit de faire un choix à un moment ou à un autre. Celui d'une âme forte, dont le prix pour l'asservir est une partie de sa propre âme. Ici, la difficulté n'est pas le sortilège, mais le choix qui en découle. En payant ton tribut, tu donnes à cette âme un pouvoir immense. Celui de redonner matière à son corps. Celui de lui rendre sa réflexion et son identité. Celui d'emporter possessions en son plan. En contrepartie de ce privilège, tu es libre de l'invoquer et de la révoquer à ta convenance. Elle obéira au moindre de tes ordres. Elle sera ton serviteur jusqu'au-delà de ta propre mort."

"Fera-t'elle silence ?"

"Si cela est ton souhait."

Cette information suffisait à satisfaire Goetius. Mais Wulfin n'en avait pas terminé :
"L'âme choisie conservera la matérialité de l'état dans lequel se trouve son corps au moment de l'enchantement. Ainsi si tu décidais de faire de Bleiz ton compagnon, il reprendrait possession de son corps ici-présent et ne connaitrais nul pourrissement. Si tu choisis une âme ancienne dont le corps n'est plus que poussière, c'est en ectoplasme qu'elle te servira."

L'encapuchonné comprenait le message. Il fallait juste choisir l'âme la plus digne de le servir. Ce ne serait certainement pas celle de Bleiz.

"Où trouver les âmes les plus puissantes ?"

"C'est la question que se posent tout les nécromanciens. Et c'est celle que tu devras te poser sans mon aide. Je ne suis ici que pour te donner l'occasion de ce choix."

Ce n'était pas plus mal. Il n'aurait de toute façon pas tenue compte des conseils de Wulfin et fait comme il lui chantait. Il en avait assez de sa présence, de cette grotte, de cet apprentissage. La fatigue lui pesait et il lui pesait de poursuivre son attention.

"Alors dites-moi comment je dois faire."

"Portez main au cœur. Invoquer fluide nécromancie. Penser sa propre âme. Penser âme choisie. Perte de connaissance. Âme liée."

"C'est tout ?"

"Aussi simple que ça. Mais à n'utiliser qu'une fois."

"Pourquoi ?"

Wulfin ne répondit pas à cette question. Lui aussi semblait en avoir assez.

"Tu sauras. Quand tu reviendras. Plus tard. Avec plus d'argent. Héhé. Maintenant, tu m'ennuies."

La Bête de Blakalang invoqua alors un squelette et reprit :
"Suis. Direction Tour des Dieux. Héhéhé. Tour des Dieux, Tour des Dieux. Fou. Fou. Fou..."



Le Mort aux Millions de Pas

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Playlist de Goetius Gomorrheus
Méléagant, le personnage l'ayant inspiré

Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Mer 28 Déc 2016 21:41 
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Il fallut encore des jours et des jours de marche pour arriver aux alentours de la grotte. Les liykor apportaient de la nourriture, ce qui était fort heureux car Azra avait une fâcheuse tendance à oublier que Zéphanie avait besoin de s'alimenter. Il préférait méditer et renforcer ses ossements en préparation du combat à venir. Elle le prenait pour un ascète étrange, ignorant toujours sa vraie nature, ce qui était fort bien. Il n'avait pas peur d'une bande de garzok mais n'était pas stupide au point d'y aller comme un pétale de cerisier dérivant vers un pré aux vaches.

Les repas étaient essentiellement constitués de fruits des bois puisqu'ils n'avaient rien pour faire du feu, mais la fille s'en accommodait fort bien. Il lui sembla se souvenir que dans sa vie précédente, la nécromancienne était végétarienne, afin de ne pas plus porter la souffrance et le malheur dans le règne animal que chez les Hommes.

Puis finalement, le chef argenté vint les trouver pour leur annoncer qu'ils entraient dans la zone sacrée. Ici, il était inutile de compter sur une quelconque aide du clan : comme annoncé, c'était le seul lieu où les liykor noirs ne se battaient pas, pour respecter le repos des ancêtres.

Il y avait en effet quelque chose dans l'air. Zéphanie semblait être la seule à ne pas le sentir, mais rétrospectivement, Azra devait bien comprendre pourquoi : mélange d'odeur et de sentiment, c'était autant une impression tenace qu'une odeur acre naissant dans le cerveau sans passer par le nez, et une même odeur semblait s'attacher aux pas de l'immortelle jeune fille. Une odeur de blasphème, un sentiment de cadavre... Sans doute sa condition de liche l'y rendait-elle plus sensible. Ici était un haut lieu de la mort. Plus qu'un cimetière, ce lieu inspirait la profondeur insondable du temps et les abîmes de la mort.

C'est sous une demi-lune ambivalente qu'ils virent le signe qu'ils approchaient : un autel, simple table de pierre grossièrement taillée. D'après le chef des liykor, les meutes se rassemblaient ici autant pour parler que pour hurler à la lune, en l'honneur du Père et de la Mère. C'est du moins ce qu'Azra avait pu retirer des quelques paroles du chef et de Rendrak. Ce dernier était mal à l'aise, répétant qu'il n'y avait aucune richesse à tirer d'ici et qu'ils feraient mieux de s'en aller. Mais Azra refusa, continuant à grands pas vers la caverne.

C'était là le cœur de l'étrange sensation d'étrangeté. Au flanc d'un pic rocheux qui se dressait, solitaire, sous la lune, il y avait une ouverture béante d'où semblaient déborder les crânes d'innombrables victimes, garzoks autant qu'humains, déposés là en offrande aux ancêtres. Zéphanie hésita, Rendrak aurait tourné les talons s'il n'avait pas été lié par sa condition, et Azra marqua lui-même un temps avant de s'engager vers l'ombre de la caverne.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Dim 1 Jan 2017 18:44 
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C'est alors qu'une forme s'en déplia. Un garzok imposant qui leur jeta un regard mauvais. Il porta un cor à sa bouche et souffla, et le son tonitruant sonna comme le blasphème d'une vie s'étant égarée dans les profondeurs des enfers. Le guerrier tira ensuite une épée et s'élança sur Azra... qui esquiva sans peine sa charge et récolta son âme d'un geste fluide et mortel. Mais déjà, des profondeurs, montait le bruit de l'arrivée d'autres ennemis. Zéphanie voulu s'élancer vers eux, tremblante de fureur, mais Rendrak la devança et, de son crochet, faucha un adversaire, puis un autre. Les garzoks surpris avaient une fâcheuse tendance à sortir un à un, ce qui leur valu bien des pertes dès le début du combat. Azra, comme en transe, avançait pas à pas, terrassant tout ce qui se dressait sur son chemin. Quand il entra sous l'ombre de la caverne, la vague d'ennemis reflua.

L'obscurité ne l'avait jamais gêné, mais une fois dans la grotte, il fut forcé de ralentir. Il croisa le fer avec un premier colosse et sa dague lança des étincelles contre la lame. Il dut se baisser pour éviter le coup d'un deuxième et, pour la première fois, fit un pas en arrière. À ce moment-là, Rendrak arriva et engagea l'un des garzoks profanateurs. Crochet de boucliers volaient dans une danse qui rendait le seul fait de se tenir debout dans le caveau dangereux. Azra et son adversaire reculèrent avant de croiser le fer à nouveau. Cependant, l'énorme épée ne servait pas beaucoup son porteur dans un milieu clos, et Azra avait beau jeu de dévier la lame juste assez pour lui éviter de le toucher. Finalement, il se glissa sous la garde de son ennemi et le transperça.

Zéphanie suivait, n'osant pas se joindre à la bataille, elle n'avait guère la place, de toute façon. Elle regardait d'un air fasciné la lame du nécromancien qui était maintenant presque invisible sous les âmes qui l'enveloppaient.

Finalement, ils arrivèrent dans une salle plus large, où s'étaient rassemblés et organisés une dizaine de garzoks. Azra chercha des yeux celui qui semblait leur chef et trouva bien vite un colosse bardé de cicatrices, portant une peau de loup sur les épaules et une double-hache à la main. Tranquillement, le mort-vivant éleva la voix :

« Que faites-vous ici ? »

Le garzok se frappa la poitrine en grognant :

« C'est chez nous, maintenant ! Oranan croit avoir gagné la guerre mais ils n'ont gagné qu'une bataille ! Moi et les restes de mon régiment, on n'a pas voulu revenir à Omyre dans le déshonneur. On est resté ici pour préparer la prochaine bataille avec ces imbéciles de liykors... Et toi, tu fais quoi ? »

Ainsi c'était cela... des réfugiés de la guerre récente qui cherchaient un moyen de piller davantage sans trop risquer leur vie... Azra agita doucement sa dague et plusieurs ennemis frémirent en voyant les âmes danser en gémissant.

« Je suis le messager de la mort, venu ramener un peu d'harmonie dans le monde des vivants... »

Tout en disant cela, il invoqua son pouvoir d'une manière inédite. Il appela les âmes des liykors qu'il avait tué à venir lui prêter main-forte et elles répondirent. Désormais, il n'était plus un, mais multitude. Il faudrait bien cela face à un tel nombre d'adversaires. Ils s'élancèrent vers lui et Rendrak entra en action. Les moulinets de son crochet les empêchaient de manœuvrer pour encercler le nécromancien. Ce dernier l'encouragea :

« Vas-y ! Garde les flancs ! Je m'occupe du front... »

Une première épée jaillit dans sa direction. Il savait depuis longtemps comment gérer cela, il l'esquiva et vint au corps à corps, trop près pour l'allonge du garzok qu'il abattit d'un coup. Un autre frappa et sa lame dévia sur sa robe. Rendrak pouvait garder son flanc gauche, mais avait évidemment du mal, dans ce cas, à s'occuper du flanc droit... Qu'à cela ne tienne, la liche engagea le combat contre deux ennemis et, porté par les âmes des morts, frappa deux coups foudroyants. Il sentit que les liykor fantômes se gorgeaient de la force vitale de ses victimes avec plaisir. Il fallait bien, sans quoi c'est de lui qu'ils se nourriraient...

Son compagnon mort-vivant venait de renverser un ennemi d'un coup de bouclier un peu maladroit, mais se rattrapa bien vite de ce demi-échec en l'achevant à terre. Deux assaillants l'attaquèrent dans le dos, mais leurs armes parvenaient à peine à égratigner ses ossements noircis. Le chef à peau de loup hurla :

« Ne vous occupez pas du compagnon, c'est le nécromancien, qu'il faut vaincre ! »

Il s'avança pour attaquer à son tour, sa hache balayant l'air. Il semblait en avoir une parfaite maîtrise et Azra fut forcé de reculer. Une lance fondit vers lui et il se baissa de justesse. Son regard se porta sur le lancier... juste à temps pour le voir tomber en hurlant, dévoré par le feu noir de Zéphanie. Il revint vers le chef et tenta de le contourner, mais sans succès. Malédiction ! Il fallait pourtant qu'il le touche pour nourrir les âmes des liykors. Il les sentait déjà commencer à absorber sa propre essence vitale. Le garzok exhorta ce qui lui restait d'homme à passer à l'attaque, mais Rendrak, hurlant, les menaçait de telle sorte qu'ils ne pouvaient faire autre chose que se défendre contre lui.

Azra tenta finalement une approche, mais aussitôt, la hache de cueilli et l'envoya bouler plus loin. Heureusement, la robe des Ol'Toga tenait bon ! Sans cela, un tel coup l'aurait mis en morceaux... Il roula à terre pour éviter un coup de haut en bas qui tinta sur la roche, puis se releva. Le temps qu'il se remette en position, le garzok était à nouveau en garde. Coriace, celui-là ! Que faire ? Relâcher les âmes et invoquer son pouvoir ? Avant qu'il puisse le faire une attaque horizontale manqua de peu ce qui aurait été son ventre s'il en avait encore eu. L'autre ne lui laissait pas le temps de planifier ! Quelle solution ?... il repensa au coup de khi, qu'il avait appris. Il se concentra et tendit son arme. La hache se leva pour frapper à nouveau, mais une onde de choc jaillit et frappa le garzok en pleine face, le faisant tituber. Bon sang que cette technique était épuisante ! Mais il n'avait pas le temps, il fallait attaquer maintenant !

Luttant contre l'étourdissement consécutif à sa propre attaque, le jeune mort-vivant s'élança et porta la pointe de sa lame directement dans le ventre de son ennemi. Celui-ci hurla et recula, et sa lame s'abattit maladroitement, manquant sa cible de peu. Poussant son avantage, Azra frappa encore, encaissa un coup de poing au visage, puis un autre dans les côtes. C'est à ce moment-là que son ennemi prit pleinement conscience de ce qu'il combattait. Son visage se décomposa en un masque d'horreur. Les coups de poignards pleuvaient sur lui, bien plus vite qu'un humain n'aurait pu frapper, mais, dans un dernier effort, il releva sa hache qui frappa le masque et l'ouvrit de force...

… puis, un dernier coup l'envoya rejoindre les âmes de la dague.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Lun 2 Jan 2017 21:21 
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Un silence surnaturel tomba sur la caverne des ossements, et Azra tourna le regard vers Zéphanie qui le fixait d'un œil horrifié. Alors, il leva bien haut la dague et clama :

« Âmes qui avez profané ce lieu, entendez ma voix ! Moi, lord Azraël, messager de Phaïtos, pour vos pêchers, je vous condamne à être les gardiens de ce lieu pour l'éternité ! Pas d'enfer maudit, ni de repos éternel, hanteurs désespérés, car vous devrez veiller à ce que ce lieu ne soit plus jamais profané ! »

Les âmes des garzoks, hurlantes, s'éparpillèrent dans les pierres et les ossements, désespérées et condamnées à servir de gardiennes à ceux qu'elles avaient tentées de soumettre. Puis s'adressant aux liykors qu'il avait tués :

« Voyez ! Vos ancêtres ont retrouvé le repos. Maintenant, partez en paix. Dormez ! Dormez ! Et, quand Phaïtos le permettra, vous reviendrez dans une vie meilleure. »

Et les âmes disparurent dans les profondeurs des enfers.

La nécromancienne ressuscitée prit sa tête entre ses mains et hurla. Elle tomba à genoux en tremblant, claquant des dents, puis, retirant lesdites mains, les regarda d'un air horrifié. Ses yeux allaient et venaient, nerveusement, comme cherchant désespérément un point ou se raccrocher. Elle le trouva... dans la face osseuse d'Azra. Mais ce n'est pas ce nom qu'elle employa, d'un ton chargé de haine :

« Chandakar... que m'as-tu fait ? »

Rendrak dansait d'un pied sur l'autre, hésitant. Il ne comprenait pas ce qui se passait, mais le jeune homme, lui, ne comprenait que trop bien :

« Je ne suis pas Chandakar, expliqua-t-il. Je suis Azraël, le légataire de son humanité, le reliquat de son âme perdue... »

« Tous... tous ces souvenirs ! Ils... un monstre ! Il... tu... m'as condamné à une vie éternelle et dépourvue de sens ! Je n'arrive pas à rejoindre mon Seigneur Phaïtos... Pourquoi ? »

Azra tenta de s'approcher doucement, prudemment... il fit un pas.

« Il t'aimait. Dès qu'il t'a vu, il était fou d'amour, mais sa transformation en liche le condamnait à ne jamais pouvoir l'exprimer... »

« Je n'ai toujours vécu que dans l'attente de la mort, comme une fidèle servante de mon Dieu ! Ma tâche achevée, j'aurais participé au renouvellement du monde... »

« … alors il a tout fait pour toi ! Pour la première fois, il a accompli des actes de magie insensés avec un autre but que d'accroître son pouvoir. À ta mort, il pensait avoir échoué, il ne lui restait plus rien... »

Deuxième pas.

« … Je suis devenue une hérésie, un blasphème vivant... »

« … Il ne pouvait plus supporter cette vie, écartelé entre ses devoirs et sa soif de pouvoir... quand il a causé la destruction des Lords, il a juré d'avoir sa vengeance et de détruire le monde ! »

Troisième pas. Elle se redressa :

« Tu vas payer... vous allez tous payer ! »

« Zéphanie, calmes-toi ! Il faut nous préparer ! Il reviendra et j'aurais besoin de toi pour le contrer ! Il n'a plus de sentiments, plus rien, juste un pouvoir incommensurable ! »

« Alors je l'anéantirais ! Et je vais commencer par anéantir ses créations ! »

Des éclaires de ténèbres jaillirent de ses mains. Azra tenta de les éviter, mais le pouvoir du souffle de Thimoros dépassait l'entendement et il fut projeté à terre, tremblant. Rendrak réagit et se porta à son secours, mais un nuage noir s'assemble devant lui, laissant apparaître... un jeune semi-elfe ? Azra eut juste le temps de comprendre qu'il devait s'agir de son compagnon, ce dernier invoqua des flammes sur sa lame et engagea le combat avec le liykor-squelette.

« Zéphanie ! » cria l'apparition dans un mélange de stupeur, de passion et de fureur.

« Ash ! »

L'émotion dans le cri de la nécromancienne était telle qu'Azra sentit une bouffée de jalousie qui n'était pas la sienne monter en lui. La mémoire de Chandakar pulsait en lui, lui rappelant qu'elle avait pris comme compagnon dans la mort un jeune aventurier qu'elle aimait et qui était mort pour elle. Il se redressa et hurla :

« Tu n'as pas à me donner de leçon ! Je n'ai rien fait que tu n'ai déjà commis avant ! »

Elle le regarda d'un air horrifié... et, le voyant assembler ses pouvoirs, quitta la caverne en courant. Comme dans un rêve, ou un cauchemar, Azra courut à sa suite. Ils abandonnèrent tous deux leurs compagnons engagés dans une danse de mort et se lancèrent dans une course folle vers la sortie. C'est à peine s'il réalisa qu'ils avaient quitté la caverne. Il courait, courait, lui hurlant de revenir, criant qu'il voulait vivre avec elle pour l'éternité, qu'il voulait voir le monde s'écrouler en cendres et dresser un trône fait de montagnes, un trône duquel ils pourraient, ensemble, admirer la mort des continents, la mort des mondes, la mort des étoiles, la mort de la Mort...

Il s'arrêta au bord d'une roche lisse, dominant un torrent qui avait creusé un profond sillon dans la forêt montagneuse. Il n'y avait partout qu'un chaos d'immenses rochers polis par les crues terribles que devait connaître ce cours d'eau chaque hiver. Mais aujourd'hui, le niveau était bas et une chute serait mortelle. Pourtant, la ravine était trop large pour que Zéphanie ait pu sauter... alors où était-elle ?

Un bruit. Il se retourna et la vit, éclairé par la lueur ambivalente de la demi-lune. Ses cheveux dansaient légèrement dans la faible brise et son expression était teintée de tristesse. Il tendit la main vers elle :

« Les Messagers du Corbeau nous attendent, Zéphanie... vient. Ensemble, nous recréerons l'ordre disparu et nous lui redonnerons sa splendeur passée ! » siffla-t-il, d'une voix emplie d’exaltation par l'anticipation de ce glorieux destin.

Elle secoua la tête et invoqua son pouvoir une nouvelle fois. Une main des ténèbres gigantesque frappa avec une telle intensité qu'Azra fut rejeter en arrière. Son pied dérapa sur la pierre lisse.

« Zéphanie !!!! »

Elle disparut de son champ de vision.

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 Sujet du message: Re: La Grotte des Trophées
MessagePosté: Mar 3 Jan 2017 19:45 
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Sous le soleil levant, une main se posa sur le rebord d'un ravin. Combien d'heures pour remonter ce pauvre trou ? Si sa condition de mort-vivant le protégeait de la noyade, il n'en restait pas moins assez faible physiquement.

Une chance inouïe. C'était ce qui avait sauvé Azra. La cape des Ol'Toga s'était brusquement gonflée pendant la chute et l'avait ralenti au point de le faire atterrir dans le torrent comme une fleure. Au final, le sortilège avait été plus douloureux que le choc ! Cela dit, des chutes, il y en avait eu d'autres, au fil de ses tentatives pour retrouver les hauteurs, mais la cape l'avait protégé.

C'est épuisé, avec les os fêlés, qu'il était finalement arrivé au sommet. Rendrak le rejoignit, salement amoché, pestant après le « morveux » de la Lord Nécromant qui était bien plus fort qu'il n'y paraissait. Seuls ses ossements semblables à de la pierre noire lui avaient permis de ne pas finir en pièces. En revanche, il avait à peine pu effleurer son adversaire qui s'était finalement retiré sur un ordre mental de sa maîtresse, laissant au liykor le désagréable sentiment que si le combat s'était éternisé, il l'aurait perdu.

Ils s'assirent tous les deux en silence. Épuisés et choqués par ce qui s'était passé cette nuit là. Azra n'en revenait pas. Il pensait être débarrassé de Chandakar, mais il s’apercevait qu'au contraire, il avait plus que jamais de la peine à distinguer sa personnalité de celle qui l'avait si longtemps habité. Il fallait se rendre à l'évidence. Azra était bel et bien mort sur Aliaénon, et un étrange hybride dément était né à sa place. Il serra les poings. Une chose de plus à faire payer à ce maudit revenant qui lui pourrissait la vie depuis si longtemps !

Comme pour achever cette mauvaise matinée, voilà que le chef liykor argenté s'approcha. Azra et Rendrak se mirent aussitôt en garde, craignant de n'être pas en état de vaincre la meute.

« Votre grotte est libre, alors que voulez-vous ? »

Le liykor noir fit un geste étrange qu'il traduisit immédiatement :

« Remerciement. »

La liche le regarda, surprise, tandis qu'il continuait :

« Lord Azraël, vrai serviteur de la mort. La mort juste. J'ai senti les mauvais garzoks. Maintenant ils protègent la grotte, se lamentent et leurs lamentations donnent des frissons. Mais nous savons qu'ils sont avec nous. Merci. »

Azra se détendit. Il l'avait presque oublié avec tout ça... Ils avaient au moins réussi quelque chose. Le liykor expliqua qu'il n'attaquerait plus aussi inconsidérément les fermes en plein cœur de l'Ynorie, et qu'il accueillerait avec plaisir le nécromancien. Les créatures de Blakalang continueraient à chasser les humains, bien sûr, mais juste occasionnellement, en l'honneur du Père et de la Mère, comme ils l'avaient toujours fait.

C'est ainsi qu'Azra quitta le territoire des liykor noirs en ayant accompli un nouvel exploit. Mais déjà, son esprit se tournait vers l'avenir : Zéphanie était partie et il devait la retrouver. Il ne se rendrait pas à Endor sans elle.

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