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 Sujet du message: [Pont-d'Orian] Château du Val d'Orian
MessagePosté: Lun 25 Avr 2011 23:00 
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Château du Val d'Orian


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Le château de la ville du Pont-d'Orian a donné son nom au duché. C'est en effet une place forte présente depuis de nombreuses générations et qui a vécu bon nombre de conflits et de sièges.

Inexpugnable n'est pas le mot cependant, la citadelle ayant été prise une fois il y a de cela cinq générations par l'ancêtre de feu le duc Arthur. Cela fut d'ailleurs l'acte qui unifia les nombreuses seigneuries sous la bannière du Val d'Orian puis, plus simplement, de Valorian.

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Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
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 Sujet du message: Re: Château du Val d'Orian
MessagePosté: Dim 8 Mai 2011 15:24 
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Les deux hommes et la jeune fille, sous le couvert de la nuit, se rapprochèrent de l'imposante citadelle qui dominait la ville. Ils avaient laissé leurs chevaux aux autres membres du groupe et Tisis avait confié son écu à Isabella, celui-ci étant trop imposant pour une infiltration discrète.

Le château était plus grand que celui de Blanchefort, mais il n'était pas mieux défendu, ne bénéficiant pas de la protection des montagnes. Lentement ils se dirigèrent vers les larges douves aux eaux sombres, non loin du pont levis.

Là ils eurent simplement à attendre un moment qu'au loin les premières flammes ne lèchent une maison au toit de chaume. L'alarme ne tarda pas à être donnée alors que les torches du château s'allumaient une à une. Comme ils l'avaient prévu, le roulement des chaînes se fit entendre et le large pont levis descendit dans un grincement plus qu'audible.

Dès qu'il fut à plat, des chevaux s'élancèrent, ainsi que des hommes à pied et la plupart se dirigèrent vers la ville et l'incendie naissant. Certains restèrent cependant sur le pont, pour s'assurer que personne ne tenterait de passer pendant l'action. Ilian jura, n'ayant pas prévu qu'il resterait autant d'hommes en vue, ce qui risquait tout simplement de rendre caduque leur plan.

Tisis étudia les lieux un instant, avant d'avoir une idée. Elle désigna du doigt les appuis du pont, ainsi que les chaînes. En effet, contrairement au pont levis de Blanchefort, celui-ci était doté de larges flèches qui rentraient après dans le mur d'enceinte. Il ne serait pas impossible de passer par les poulies, pour peu qu'ils aient réussi à s'accrocher au bord du pont quand celui-ci se lèverait. Cela ne serait de plus guère voyant avec l'obscurité ambiante.

Les deux hommes parurent dubitatifs, mais elle ne s'en occupa pas et prit les devants. Le plus discrètement possible, masquée par sa cape, elle se dirigea vers les culées, sans se faire remarquer par les gardes postés à côté. Elle entreprit ensuite de se laisser glisser le long de la paroi du fossé, s'y agrippant tant qu'elle pouvait. La surface était loin d'être plate, ce qui lui laissait quelques prises ; les défenses n'avaient en effet pas été conçue pour retenir quelqu'un grimpant dans cette direction, mais bien dans l'opposée.

Ilian et Ordoine n'eurent pas le choix: s'ils voulaient passer en même temps que Tisis, il leur fallait la suivre ou la laisser seule. Ils choisirent tous deux la première solution et se rapprochèrent le plus discrètement possible, tentant eux aussi la difficile escalade. La jeune fille se déplaça horizontalement, lentement certes, mais de manière fluide ; elle avait l'habitude de la montagne et des châteaux, ayant tenté tellement de fois de se glisser dans des recoins difficiles de sa demeure.

Elle atteignit finalement le pont et se retrouva sous celui-ci. Elle pouvait entendre les gardes échanger quelques mots, ce qui l'incita à rester totalement silencieuse. Bien sûr, le pont n'avait guère de prises à cet endroit et il aurait été totalement impossible de se tenir quand il se redresserait. Pour cela, il lui fallait soit un grappin, soit une corde qu'elle pourrait attacher aux chaînes et ainsi se laisser tirer simplement quand les soldats relèveraient le pont.

Elle n'avait pas de corde hélas, mais disposait d'un baudrier en cuir. Toujours accrochée au bord du vide, en équilibre sur la pointe des pieds, elle sortit lentement sa lame, qu'elle glissa dans le carquois de son arc, avec les flèches. Elle entreprit alors de défaire la ceinture, avant de se rapprocher du bord du pont, sous l’œil visiblement inquiet de ses comparses.

Elle se hissa à moitié sur le pont, seule sa tête dépassant du bois. Un garde se tenait juste devant elle, mais de dos, heureusement. Le manche de sa lance était posé sur le sol, juste à côté des lourds anneaux de fer qui tenaient les chaines. Il faisait sombre, malgré les torches que tenaient certains des hommes, ce qui aida la jeune fille dans sa tâche. Elle glissa les mains vers l'anneau, le baudrier à la main. Elle passa alors le fourreau dans un des gros maillons, avant de nouer le cuir par dessus.

La jeune fille se recula alors, après s'être assurée que la lanière, qui dépassait à peine du pont, supporterait son poids. Elle pensait que oui, mais elle avait hélas des doutes pour les deux hommes. Une fois de nouveau en bas, tenant toujours d'une main le cuir, elle vit Ilian faire la même chose de l'autre côté. Il sembla éprouver quelques difficultés, mais finalement il se remit en position et fit un signe positif de la main.

Tisis souffla de répit. Elle n'était pas sûre que Ordoine pourrait passer lui aussi, mais au moins arriveraient-ils tous les deux à se hisser dans les murs sans attirer les regards... Si le plan fonctionnait.

Cela il les le découvriraient assez vite, car bientôt ils entendirent les soldats se diriger vers la forteresse. Ils comptaient sûrement baisser de nouveau le tablier quand les hommes envoyés en ville reviendraient, car il était en effet moins risqué de rabattre le pont levis en attendant. Du moins c'est ce que les gardes étaient en droit de penser...

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Dernière édition par Tisis le Lun 9 Mai 2011 21:27, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Château du Val d'Orian
MessagePosté: Dim 8 Mai 2011 18:20 
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Les chaînes tirèrent sur le bois qui lentement se souleva, dans un grincement inquiétant. Tisis enserra son poignet avec la ceinture, tandis que les douves s'éloignaient d'elle. Elle ferma les yeux pour ne pas être prise de vertige, s'accrochant de toutes ses forces. Ilian avait fait de même, mais Ordoine était resté en bas ; ils n'étaient que deux à présent, pour trouver et éliminer le maître des lieux sans attirer l'attention.

Le pont fut bientôt à la verticale, tandis que tout deux étaient pendus dans le vide. Il n'y eut aucun cri d'alerte, ce qui était bon signe. La jeune fille tenta de grimper et de se hisser ; ses pieds glissaient sur le bois humide et sur la roche, mais elle parvint néanmoins à atteindre le petit renfoncement dans la paroi, là où se trouvaient les poutres de bois.

Elle parvint à y poser le pied, puis, grâce à sa petite taille, à se glisser derrière la poulie, après avoir pris ses armes en main. Elle se trouvait à présent juste derrière les palans, en dessous des hourds de bois qu'elle pouvait espérer atteindre en sautant. Loin sous elle se trouvait la herse et une demi-douzaines de gardes, qui n'avaient rien remarqué du subterfuge.

Ilian apparut de l'autre côté. Elle lui désigna les échafaudages de bois, avant de prendre appui sur ses jambes. Elle avait remis son carquois dans son dos, ainsi que son épée qu'elle avait nouée solidement, afin qu'elle ne tombe pas. Elle sauta et se rattrapa de justesse à la petite rambarde qui donnait sur les hourds, tout en retenant un petit cri. Une nouvelles fois elle se hissa, véritablement dans le château cette fois-ci.

Le chef, à qui elle ne laissait pas beaucoup d'initiatives, la rejoignit sans un bruit. Il prit son arme en main, une épée de taille courte mais idéale dans pareil lieu, avant d'ouvrir la marche. Quant à elle, c'était son arc qu'elle avait en main, une flèche prête à être tirée. Ilian partit le premier, ouvrant la voie pour qu'ils puissent quitter la grande entrée et se diriger vers les courtines. De là il leur fallait se rendre jusqu'au donjon, ce qui signifiait traverser tous les couloirs jusqu'à la haute cour.

Ils avancèrent le plus à couvert possible, esquivant plusieurs patrouilles de trois ou quatre hommes, qui heureusement n'étaient pas des plus vigilants. Contre toute attente ils atteignirent assez rapidement la dernière tour avant le donjon, un peu trop aisément au goût de la jeune fille. L'homme devant elle semblait un peu trop souvent savoir où regarder et où se cacher. Ce n'était pas très voyant, certes, mais il y avait anguille sous roche.

Elle avait discrètement échangé son arc pour son épée, au cas où il se retournerait contre elle. Ils débouchèrent finalement sur une petite cour, qui était à flanc du donjon. Ils s'y avancèrent prudemment, quand tout à coup elle entendit la porte qu'ils venaient de franchir se refermer derrière elle. Elle se retourna, avant de faire de nouveau face à l'homme, qui lui lança un regard triste.

"Je suis désolé Tisis..."

Elle n'eut pas le temps d'esquiver le violent coup de pommeau qu'il lui donna à la tempe et qui lui fit perdre connaissance.

Tisis secoua la tête, surprise. Elle était toujours entre les murs du château, suivant de près Ilian. Sa main libre se porta à sa tempe, mais il n'y avait aucune trace de coup, comme si elle avait halluciné ce qui venait de se passer. L'homme continuait d'avancer, comme si de rien n'était et elle se décida à le suivre.

Elle avait vécu nombre de choses étranges depuis son retour dans le temps et ce n'était pas le moment de perdre la raison. C'est alors qu'ils franchirent une porte en bois, qui donnait sur une cour similaire à ce qu'elle avait vue un peu plus tôt, une cour tout aussi vide. De la sueur lui coula dans le dos, un mauvais pressentiment la saisissant.

C'est alors que la porte claqua dans son dos, exactement comme elle l'avait entendue quelques minutes auparavant. Elle se retourna de la même manière, avant de nouveau faire face à Ilian.

"Je suis dés..."

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase cette fois-ci ; la jeune fille enfonça sa propre lame dans le corps du chef des rebelles, dont le regard incrédule se posa sur son bourreau. Elle tourna la lame dans son corps, le tuant sans qu'il émettre le moindre son.

Elle sortit la lame du corps d'Ilian avant de se précipiter vers la deuxième porte en bois de la petite cour, celle qui donnait sur le donjon. Elle entendit des pas descendre en trombe les escaliers intérieurs et eut tout juste le temps de plaquer son dos contre le mur de la tour. La porte s'ouvrit et une dizaine de gardes en sortirent un à un, fonçant vers le centre de la cour, certainement le point de rendez-vous qui avait été donné par le traitre.

Les hommes restèrent interdits un instant, instant dont profita la jeune fille pour entrer dans la tour. Les regards se tournèrent vers elle au moment même où elle refermait d'un grand coup la porte de bois, qu'elle barricada avec la grande planche prévue à cet effet. A peine la barre fut-elle en place qu'elle entendit cogner contre la porte de bois, puis des cris d'alerte. Elle s'engouffra dans l'escalier en colimaçon, se devant absolument d'atteindre un étage avant que le reste de la garde ne descende et la prenne d'en haut.

Elle courut et atteignit un passage nu, dans lequel elle s'engouffra. De nouveau elle s'arrêta et colla son dos au mur, totalement immobile, le temps que d'autres hommes ne descendent par les marches qu'elle venait juste de quitter. Le duc était visiblement au courant de sa venue, ce qui compliquait grandement la tâche. Elle était seule à présent et n'avait qu'une seule chance de sauver sa famille et d'obtenir vengeance.

Une voix retentit juste au niveau de l'entrée du passage qu'elle venait de prendre:

"Vous deux, avec moi, on fouille cette pièce jusqu'au logis. Les autres prenez les étages supérieurs. Elle peut pas être loin."

Son visage se tordit d'effroi en entendant les hommes arriver. Il ne leur faudrait pas plus de quelques secondes pour la découvrir. Elle aurait sûrement eu le temps de se jeter vers l'autre partie du couloir, mais elle aperçut des torches et entendit des bruit de pas. Elle était faîte comme un rat, cernée des deux côtés. Elle jura intérieurement et se maudit pour sa sottise. Jamais elle n'aurait du faire confiance à qui que ce soit...

Elle pria sans s'en rendre compte, souhaitant de toute son âme que malgré tout elle ne soit point vue...

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 Sujet du message: Re: Château du Val d'Orian
MessagePosté: Dim 8 Mai 2011 20:19 
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La jeune fille s'était recroquevillée sur elle-même dans le coin qui lui était accessible, la capuche rabattue sur sa chevelure trop voyante. Il s'agissait d'une démarche des plus désespérées, car la pièce ne faisait pas plus de deux mètres de large. Elle retint son souffle quand une des torches apparut dans l'embrasure de la petite entrée dénuée de porte, avant que le garde qui la tenait ne rentre dans les lieux.

Il agita sa torche et regarda à droite et à gauche, avant de s'avancer. Deux autres hommes entrèrent et firent de même, avant de passer leur chemin, sans remarquer la jeune fille qui n'osait y croire. Les hommes rejoignirent ceux qui venaient d'en face et celui qu'elle avait déjà entendu s'exprima:

"Vous avez rien vu?
-Non, elle est pas passée par là.
-Rejoignez les autres, fouillez les étages.
-A vos ordres sergent."

Ils repassèrent tous devant la jeune fille et sortirent du couloir pour remonter les escaliers. Elle resta immobile un instant, jusqu'à ce qu'ils se soient éloignés, avant de s'autoriser à se mouvoir de nouveau. C'est avec un grand étonnement qu'elle se rendit compte qu'elle ne pouvait voir son bras, recouvert par l'étoffe de sa cape. Cela lui prit un moment d'incrédulité, mais elle se souvint de ce que lui avait dit Dame Odeline lors de leur dernière rencontre: elle avait fait brodé des symboles nouveaux sur la cape et lui avait bien dit qu'ils pourraient la faire disparaitre si elle le souhaitait. Elle n'y avait pas prêté attention sur le moment, l'esprit bien trop occupé par les rêves terrifiants qu'elle avait commencé à faire, mais cela lui revenait.

Seule sa cape était invisible, elle percevait parfaitement ses mains quand celles-ci dépassaient légèrement, tout comme son épée qui était encore au clair. La jeune fille ne resta pas à admirer la magie ceci dit. Un sourire s'était greffé sur son visage, car c'était bel et bien là sa chance de rejoindre les appartements du duc sans se faire repérer, malgré toute l'agitation.

Elle se mit à courir, vers l'autre bout du passage, jusqu'à atteindre des couloirs plus grands et mieux décorés, preuve qu'elle avait pénétré dans la partie du donjon réservée au logis. Plusieurs fois elle croisa des gardes, mais il lui suffisait de se plaquer contre un mur, cachée par la cape, pour qu'on ne la repère pas.

La chance lui sourit une nouvelle fois quand elle entendit un sergent dire à deux autres:

"Allez avertir le Duc qu'elle a disparu."

La jeune fille profita de l'occasion pour suivre les deux hommes, ce qui lui épargna la longue recherche des appartements de Tristan. Elle n'avait en effet aucune idée du temps que cela mettrait pour que les effets de la cape se dissipe et qu'elle soit de nouveau vulnérable. Il fallait en profiter tant que cela durait.

Les deux hommes la menèrent à une grande porte, devant laquelle deux hommes en armure noire étaient postés. il semblait clair que ceux là n'étaient pas de simples soldats, mais bien des hommes de la garde personnelle du duc. Il restait à espérer qu'il n'y en aurait pas d'autre à l'intérieur.

L'un d'entre eux prit le message avant de congédier les deux hommes. Il frappa deux petits coups et sembla attendre une réponse. Il entra finalement, pour ressortir quelques secondes plus tard et reprendre son poste. La jeune fille se rapprocha, lentement, l'épée sous la cape.

Elle était à portée de coup quand l'un des hommes sembla enfin interpellé et regarda dans sa direction, l'air totalement surpris, sans doute de voir quelques empennages de flèches dépasser d'un carquois invisible. Il n'eut pas le temps de faire le moindre son car la lame de Tisis fendit l'air, lui tranchant la moitié de la gorge. L'autre homme porta la main à son arme, mais n'eut pas le temps de dégainer: la jeune fille lui enfonça l'arme entre les articulations de l'armure, lui déchirant le foie. Elle tourna d'un mouvement sec son arme et il tomba sur le sol dans un petit cliquetis d'armure.

Tisis sortit alors son arc et encocha une flèche, avant de donner deux petits coups à la porte. Une voix ne tarda pas à lui parvenir, une voix dure et injonctive, qui ne laissait pas de place à la faiblesse. Elle ne l'avait jamais entendue, mais elle savait au fond d'elle que c'était Tristan qui lui avait répondu.

Le corps tendu, le visage couvert de sang, elle entra.

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 Sujet du message: Re: Château du Val d'Orian
MessagePosté: Lun 9 Mai 2011 23:09 
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La jeune fille repéra immédiatement deux autres gardes du corps, qui restèrent figés devant son apparition fantomatique. Elle relâcha la première flèche qui traversa la pièce avant de se ficher dans la poitrine du plus grand des deux hommes. L'autre porta la main à son épée, alors que Tisis encochait un second projectile. Il s'élança vers elle, mais pas suffisamment rapidement: le bois pénétra sa gorge à bout portant et l'homme recula de quelques pas, avant de tomber à genoux et de s'éteindre dans un immonde gargouillis sanglant.

L'adolescente referma la porte derrière elle et encocha une autre flèche, avant de poser son regard sur son Némésis. Dans un large fauteuil recouvert de velours, Tristan était assis, impérial. Ses mains gantées posées sur les bras du siège, il était immobile, la surprise ne semblant même pas habiter son dur visage à la barbe parfaitement taillée.

Elle sentit la magie de la cape la quitter, alors qu'elle réapparaissait aux yeux du monde, l'arc bandé et le sang bouillonnant. Lentement, très lentement elle se déplaça sur le côté. Elle enjamba l'une de ses victimes et s'éloigna de la porte, pour pouvoir garder le duc en ligne de tir sans pour autant se laisser prendre à revers par les gardes qui ne tarderaient pas à accourir.

C'était le moment où elle devait tirer, elle le savait. Il fallait qu'elle abatte le monstre qui était à sa merci, avant qu'il ne fasse davantage de mal. Même dans cette position de force, elle ne pouvait dire qu'elle se sentait à l'aise, tant l'aura du sombre personnage était présente, écrasante.

D'une voix régale il s'exprima finalement, rompant le silence qui s'était instauré entre les deux ennemis:

"Je vous attendais, Victoire de Blanchefort. Pas dans ces circonstances, je l'avoue, mais je savais que vous viendriez à moi. Mieux encore, je le voulais."

Elle ne devait pas se laisser flouer comme tous ceux qu'il avait réussi à contrôler. Son frère s'était laissé faire, tout comme nombre de personnages politiques qui aujourd'hui le regrettaient amèrement. Le regard azur ne l'avait pas quittée un seul instant ; il ne transpirait aucune inquiétude de l'homme, qui se pensait, ou plutôt se savait intouchable. Elle allait lui montrer que rien n'était plus impossible.

"J'ai été étonné, quand j'ai reçu un message d'Ilian qui m’avertissait que vous aviez connaissance de mes plans, mieux que mes propres généraux. Pauvre Ilian, quelle mort tragique... Qui aurait pensé qu'après avoir trompé notre ami le comte et ses rebelles, il se ferait avoir par une enfant. Comment avez-vous tout appris? Au point où nous en sommes, vous pouvez me le dire."

Elle haussa les épaules et lui répondit froidement:

"Il ne vous a pas menti, j'ai déjà vécu tout cela.
-Les portes du silences... Je n'aurais jamais pensé que le roi utiliserait cela contre moi.
-Vous avez beaucoup d'ennemis."

Il se contenta de sourire à la réplique cynique de son interlocutrice.

La porte s'ouvrit en trombe et deux hommes armés entrèrent, pour s'arrêter lorsque le duc leva la main. Tisis était prête à lâcher l'encoche, ce que Tristan savait. S'il voulait avoir la moindre chance, il devait l'affaiblir moralement auparavant. Elle, se devait d'apprendre l'emplacement de documents secrets entre lui et Anatole. Les hommes sortirent sous l'injonction de leur maître et refermèrent la porte derrière eux, perplexes.

"Rien ne sert de prendre espoir Tristan, ce soir vous mourez pour vos crimes.
-Alors pourquoi, chère Victoire, ne pas m'avoir déjà tué? Je sais pourquoi, et vous aussi... Si vous tirez, vous n'aurez plus aucun moyen de sortir d'ici vivante et vous ne pourrez empêcher ce qui est sur le point d'arriver à Blanchefort. Vous l'avez vécu, vous savez à quel point les événements peuvent être tragiques. Ceci dit, vous avez tort sur une chose: rien n'a été de mon fait, je n'ai fait qu'appuyer les ambitions démesurées de votre frère. Voyez vous, Victoire, c'est lui et lui seul qui est venu me trouver, pour me proposer ce plan qui est le sien. Je n'ai fait que de l'aider, contre une infime rémunération."

Sa main droite alla alors prendre quelque chose à sa ceinture, un rouleau de parchemin qu'il montra à la jeune fille:

"Voilà la preuve que vous êtes venue chercher. Tout y indique la culpabilité de votre frère, et c'est là que vous devrez faire un choix."

Elle vit à ce moment précis un petit scolopendre tomber sur l'épaule du duc, qu'il chassa d'un geste las. L'attention de Tisis se porta un instant sur la petite fenêtre, qui, elle le voyait aux reflets des bougies, était parcoure par plusieurs de ces étranges insectes, très loin de lui être inconnus.

"Vous pouvez me tuer tout de suite. Rien n'arrêtera mes hommes, pas à temps pour sauver votre famille. Vous mourrez ici et ce sera votre frère qui gagnera la partie. Il sera duc et sans ennemi, il dirigera votre duché et ce sera la descendance de ce traitre abject qui régnera sur vos terres."

Les doigts de Tisis tremblaient à présent. Elle haïssait cet homme plus que tout au monde, mais elle ne réussissait pas à tirer. Il avait peut-être raison, si jamais elle choisissait de se venger, c'était son duché qui perdrait le plus. Si elle mourrait là, Anatole conduirait Blanchefort à sa perte. C'était un destin plus terrible encore que ce qu'elle essayait de modifier ; au moins était-elle parvenue à reprendre les rênes du duché avant le désastre, mais s'il ne restait que son frère félon...

La rage grandissait en elle, brûlante comme la lave, la consumant. Elle le haïssait et elle voulait le tuer. Ce n'était pas comme lorsqu'elle avait tué son frère dans l'autre temps, ni comme elle avait tué les brigands ou ces gardes du corps. Non, là c'était le sang de l'homme qu'elle souhaitait voir couler, simplement pour qu'il souffre et expie.

Une douleur sourde la prit au ventre, là où se trouvait le symbole qui était censé repousser l'esprit fou qui la prenait pour la messagère du chaos, celle qui modifiait le temps. Elle n'avait encore provoqué aucun grand changement, mais quand elle lâcherait sa flèche, le monde serait totalement autre.

Le duc continua:

"Ou alors vous pouvez partir avec ces documents et je ferai arrêter l'attaque. Je le puis et vous aurez sauvé votre famille. Je ne vous demanderai rien en échange, je préfère vivre pour voir le futur de mes propres terres que mourir pour votre tant haï frère..."

Elle regrettait presque d'être venue, du moins aurait-elle du le regretter. Si elle avait simplement arrêté l'attaque, le duc n'aurait pas pu faire ses manigances, mais non, elle avait choisi de se venger et de partir dans des plans impossibles. Elle avait brûlé la chance que lui avait donné le roi et aujourd'hui elle en vivait les amères conséquences.

La proposition du duc, quant à elle, n'était là qu'uniquement pour la mettre en confiance. Il avait voulu la piéger mais n'avait pas réussi et c'était là sa dernière chance de pouvoir la vaincre.

Si elle l’exécutait, elle aurait du mal à sortir d'ici vivante, c'était chose sûre. Si elle partait avec les documents, elle avait toutes les chances pour qu'il la fasse tuer à peine eut-elle lever sa garde. Et même si elle parvenait à rentrer jusqu'à Blanchefort, voire qu'elle réussissait à sauver son château, il aurait toujours gagné.

Elle était véritablement dans une position traitresse, chacun de ses choix était cruel et douloureux. Le duc avait la main haute, même s'il ne tenait pas l'arc et il avait cette chance de ne pas avoir ce choix à faire. De toute façon elle le regretterait et devrait vivre avec, même si la vie en question risquait d'être considérablement raccourcie.

La fenêtre était à présent recouverte de scolopendres et son ventre était devenu très douloureux, si bien qu'elle était à moitié pliée sur elle-même. Prenant sans doute son attitude pour un doute, l'homme continua la partie d'échecs, avançant de nouveaux pions pour forcer la jeune fille à capituler:

"A moins que vous ne vouliez remplacer votre frère. Avec ces documents, même si vous arrivez trop tard, il perdra le titre de duc et vous serez la seule à pouvoir le réclamer."

Tisis n'avait qu'à moitié entendu la proposition de l'homme, car un autre son s'était fait entendre, plus distant. De nouveau elle avait perçu le grondement rauque qui la hantait et la poursuivait. Peu importe ce qu'elle faisait à présent, elle était obligée de changer de manière drastique le cours des événements. La colère du monstre n'en serait que plus grande et violente et une simple marque sur son corps ne la protégerait plus.

La jeune fille n'avait guère le temps, elle devait choisir entre la justice et la survie, entre la vengeance et la soumission. Serait-elle comme tous ceux que le duc avait asservis, ou serait-elle assassin et martyr?

La fenêtre craqua tandis qu'une nuée d'insecte s'infiltra dans la pièce. Le duc, totalement surpris, se leva d'un bond et recula d'un pas avant de regarder la jeune fille.

Elle ne lui dit que ces quelques mots:

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 Sujet du message: Re: Château du Val d'Orian
MessagePosté: Mar 10 Mai 2011 19:34 
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"Vous pouvez mourir heureux d'avoir vaincu, car c'est un monstre désormais comme vous qui causera votre trépas.

Le duc ne recula ni ne trembla pas, ne fit pas le moindre geste. Il se contenta de sourire, alors que la pièce se remplissait d'un flot d'insectes qui volaient en tout ses et qui fouettaient au passage les deux mortels ennemis. Il répondit d'une voix sombre, alors qu'il se rendait compte qu'il n'y aurait pas d'autre échappatoire que la mort.

Alors je meurs heureux, heureux d'avoir crée un enfant digne de moi, même si c'est la fille de mon ennemi.

Il écarta lentement les mains, invitant la jeune fille à commettre un nouveau meurtre. Le temps s'était comme figé en cet instant précis, le moment où elle souillait son âme pour toujours. Ses doigts quittèrent la corde de l'arc, celle-ci râpa contre ses phalanges avant de propulser la flèche de l'avant. Elle vit le projectile glisser contre l'arc avant de commencer à tourner sur lui-même dans l'air envahi par les insectes monstrueux.

L'homme recula lorsque la flèche se ficha dans sa poitrine, déchirant ses chairs, ses muscles et ses os pour s'enfoncer jusqu'à son cœur pourri. Une de ses mains se plaça sur la blessure ouverte. Le sang commençait déjà à souiller l'étoffe de son pourpoint d'une tâche noirâtre et humide.

Tristan tenta de faire un pas, dans un dernier geste, comme s'il refusait toujours de succomber, comme si même la mort ne voulait de son engeance maudite. Mais il ne parvint pas jusqu’à elle; il s'écroula de tout son long dans un bruit sourd.

Comme pour répondre au dernier râle du tyran, la fenêtre éclata alors qu'une marée de créatures approchait, pour dévorer celle qui avait apporté le chaos, celle qui avait changé le cours de l'histoire à jamais. Si elle avait été dans cette même situation du temps qui avait été le sien avant les portes du silence, elle se serait certainement laissée engloutir par l'absolue terreur de ce monstrueux esprit.

Mais elle avait encore quelque chose à faire avec sa vie broyée. Elle avait encore un espoir infime de sauver son duché, sa famille, ses terres. Si elle se laissait mourir, elle donnait raison au duc: tout cela n'avait été pour rien, simplement pour la vengeance.

Reprenant courage elle se précipita vers le corps encore chaud avant que le gros de l'armée d'insectes ne pénètre dans le château. Ses mains se posèrent sur le parchemin, qu'elle tira de toutes ses forces pour l'arracher de la poigne encore puissante du duc. Elle parvint à le retirer au moment où la grande porte s'ouvrit. Les gardes restèrent perplexes devant cette vision de fin du monde, ce qui laissa une chance inespérée à la jeune fille qui bondit comme une furie, se forçant à ignorer les morsures et les piqûres nombreuses des hideux insectes.

Elle entendit le hurlement des hommes alors que la masse grouillante leur passait sur le corps avant de prendre la jeune fille en chasse.

Tisis courut comme jamais encore elle n'avait couru, dévalant les couloirs alors que derrière elle le corps immense de l'esprit noircissait les lieux, répandant les ténèbres et l'horreur. Elle croisa plusieurs gardes, mais aucun n'eut la folie que de tenter de l'arrêter: ils coururent pour certains ou se jetèrent au sol pour les moins chanceux qui finirent dévorés vifs.

Elle rejoignit le même escalier en colimaçon qu'elle avait précédemment pris, sautant littéralement les marches alors que la chose gagnait du terrain. Certains scolopendres parvenaient à l'atteindre et à faire entrer leurs dards dans sa peau fine, mais elle ne ralentissait pas ou presque.

Elle atteignit la porte qu'elle avait barricadée un peu plus tôt et remercia les dieux, car les gardes ne l'avaient pas laissée fermée. La jeune fille jaillit dans la petite cour et referma la porte derrière elle pour gagner quelques précieuses secondes. Elle s'éloigna et entendit un bruit sourd alors que l'abomination déchirait le bois sans cesser de hurler de cette voix rauque et gutturale qu'elle avait déjà entendu par le passé:

"Messagère du chaos! Ton âme nous appartient!"

Tisis dépassa le corps encore présent d'Ilian et fonça vers les remparts, qu'elle gravit par les escaliers étroits qui menaient au chemin de ronde. La porte explosa sous le poids du monstre qui rattrapa bien vie le peu d'avance qu'elle avait prise.

L'alerte avait été donnée, la grande cloche sonnant dans l'air, comme pour annoncer la destruction prochaine de la fille du duc, dont le souffle était de plus en plus court. Elle se força, continua malgré tout, alors qu'elle était giflée et cinglée, jusqu'à atteindre le sommet des hauts murs.

Si ses souvenirs étaient corrects, toute l'enceinte donnait sur les douves. Si elle avait tort, son destin serait de s'écraser contre le sol en contrebas. Elle n'eut pas le temps de vérifier: elle sauta par dessus un créneau, toujours poursuivie et traquée, et commença une longue chute...

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