Cromax a écrit:
Le soir passe rapidement et après le repas, fait de nos trouvailles du matin, nous nous couchons tous pour une bonne nuit de sommeil. Le matin ne tarde pas à faire apparaître ses lueurs, et nous nous réveillons chacun tour à tour pour nous préparer à une nouvelle journée de marche. Je redoute déjà la traversée des marécages…Je n’ai jamais vraiment beaucoup aimé ces paysages morts et ternes, humides et puants. Je ne me lève pas de très bon poil, donc, et suis d’une humeur assez bougonne le matin, ne parlant à personne. Heureusement, mon petit compagnon aux longues oreilles me comprend et joue un peu avec ma main dans mon sac, tournant autours le plus rapidement possible. Ça ne me rend pas joyeux, mais apaise un peu mes craintes quand à cette journée. Nous nous mettons en marche vers les marécages, mais nous nous rendons très vite compte que l’eau du marais, si c’est bel et bien de l’eau, est très acide et ce paysage morne nous décourage de passer par là. C’est avec un grand soulagement que j’entends Bogast affirmer que nous allons contourner ces marécages par l’ouest. Ma jauge de bonne humeur remonte au fur et à mesure que nous nous éloignons de cet endroit putride… Soudain, une espèce de ronronnement continu se fait entendre.
(Gali ? je ne savais pas que les lapins ronronnaient… Il est peut-être content de s’éloigner de la vase, lui aussi…)
(Ce n’est pas ton lapin…)
En effet, j’en ai la confirmation peu après. Ce n’était pas un ronronnement, mais bien un bourdonnement qui s’amplifie…Il semble venir d’au dessus de nous. Je lève la tête et quelle n’est pas ma stupeur quand je vois un groupe de moustique fondre sur nous à toute vitesse. Si ça avait été es moustiques de taille normale, j’aurait sans doute laissé un ou d’eux d’entre eux me piquer, après tout, ces braves bêtes ont bien besoin de manger aussi…Je les aurais sans doute écrasés après, mais là, mon instinct de survie me fait rapidement dégainer mes deux lames ! En effet, ces insectes, non fiers de faire un boucan dingue avec leurs ailes transparentes, font la taille d’un humain. Ils se ruent vers nous pour nous transpercer de leurs longs dards aiguisés.
Ils tombent sur chacun de mes camarades, les surprenant, ou non, et mes alliés commencent à défendre chèrement leur vie. Je vois Cheylas en proie à un gros moustique dodu, et à mon grand étonnement, elle semble plutôt bien se débrouiller…Je décide néanmoins d’aller lui porter secours, tel le chevalier vole à l’aide de sa princesse…Mais les insectes mutants en ont décidé autrement…
(Attention, derrière toi !!)
Je me retourne presque instantanément pour voir un de ces moustiques géants foncer sur moi à toute allure. Je n’évite son nez pointu que de peu, mais l’animal, rapide, s’éloigne avant même que j’ai pu le blesser… Se relançant dans les airs, il se retourne vers moi pour plonger à toute vitesse, dard en avant, vers ma poitrine. Je ne me désire pas plus que ça me faire empaler vivant par ce genre d’infection de la nature, et à son passage, je m’écarte vivement, rabattant ma lame sur les ailes du malheureux insecte qui se trouve amputé de sa capacité à bourdonner et à voler. Les morceaux d’ailes membraneuses tombent doucement sur le sol, comme des feuilles d’un arbre en automne…Sauf que ici, l’arbre semble avoir la rancune tenace et s’élance à nouveau vers moi, juché haut sur ses six pattes squelettiques. Cette fois, vu la rage que le moustique a mise dans son assaut, je ne peux l’éviter et son dard se plante dans mon armure, juste au niveau des hanches. Heureusement, ma protection es solide et ne perce pas. Soulagé, et voyant e moustique arrêté dans son élan, je n’hésite pas à, de mon épée, lui donner un grand coup sur le dos, et de ma rapière, transpercer l’abdomen de l’animal. Des deux plaies, un liquide jaunâtre gicle et manque de m’arracher un haut-le-cœur. L’insecte aux plaies béantes décide de fuir, mais je ne lui en laisse pas vraiment l’occasion. À peine a-t-il fait demi-tour que je lui coupe en deux l’arrière train d’un large moulinet de mon épée. Le même sang jaune sort de la blessure, et le moustique ressemble à un serveur en queue de pie qui aurait des problèmes gastriques importants, sans vouloir paraître vulgaire… Je le rattrape et lui bondit sur le dos avec mes lames, mais j’atterris sur l’animal sans le blesser davantage. Suis maintenant à cheval sur le dos du moustique, qui se cabre, m’obligeant à lâcher mon épée sur le sol pour me retenir à ses moignons d’ailes. Mon autre main, toujours armée de la rapière, se lève par automatisme pour préserver mon équilibre. L’insecte ainsi chevauché part en trombe vers le reste de ses congénères, ruant et sautant pour me jeter au sol, mais je tiens bon. La chevauchée sauvage de l’insecte géant dure un certain moment. Lui, sautant, ruant, se cabrant en arrière, moi, m’attachant du mieux que je peux aux minuscules bouts de membrane transparente que je lui ai laissé sur le dos, sans rien pouvoir tenter d’autre, afin de ne pas chuter de ma monture.
Mais celle-ci commence à se fatiguer rapidement. Je ne suis pas gros, même plutôt léger, mais ça reste un moustique, et même si il est plus grand que la normale, ce n’est certainement pas dans ses habitudes d’être ainsi monté par un elfe…
Il s’arrête un moment de remuer pour reprendre son souffle, et je profite de cette pause pour planter ma rapière dans son dos, le clouant au sol dans sa chute. Un jet de ce liquide putréfié sort de la plaie et vient tâcher la belle cape que De m’a offert. Je me relève, et, laissant cette sale bestiole à sa lente agonie, m’en vais ramasser mon épée sur le sol. Autour de moi, mes compagnons semblent se débarrasser plus ou moins facilement de leur assaillant. C’est alors que je vois mon moustique à moitié mort essayer vainement de se relever, malgré ses nombreuses et profondes plaies.
(Encore vivant celui-là ?)
M’armant de mes deux lames, je reviens vers lui d’un pas décidé et m’acharne sur sa carcasse jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une espèce de bouillie infâme. J’épargne néanmoins sa tête, que je tranche. Le corps ne ressemble plus en rien à un insecte, si ce n’est les six longues pattes qui entourent cet amas de chairs putrides et hachées vulgairement… Maintenant je peux en être sûr, le moustique est mort…
Nous reprenons notre route, comme si de rien n’était. Les dégâts dans nos rangs ne sont pas trop graves, les insectes géants n’étant pas très puissants…Je remarque alors qu’on a légèrement changé de cap, et qu’on se dirige maintenant vers le Nord-Ouest, ce qui nous éloigne davantage des marais, faisant encore plus augmenter ma bonne humeur, surtout que j’ai pu me défouler sur ce moustique de toutes mes haines accumulées, et il l’a senti passer…
En fin de journée, nous établissons le campement et Bogast demande deux volontaires pour monter la garde de la nuit. Je suis le premier à m’avancer…
« Je n’ai que trop dormi ces temps-ci…Confiez-moi cette garde et dormez en paix. »