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 Sujet du message: Les anciens RP de Lindeniel
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 19:56 
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La réception...


Ils étaient tous là, tous ceux que Lindeniel détestait, tous ceux qu'il haïssait. Les humains prétentieux aux airs de pantins voulant imiter de leur mieux la grâce elfique étaient venus avec leurs donzelles à la peau masquée par de la poudre de riz, futile maquillage qui les faisaient se croire aussi pure qu'un Hiniön, mais qui les faisaient plus ressembler à des squelettes sans formes ni vie. Leurs habits colorés et serrés au maximum pour tenter de leur conférer un rien de finesse rendaient ridicule la façon dont ces pimbêches se pavanaient. On eut dit une basse cours remplie de volailles caquetant à tout va et ne cessant d'observer si sa voisine avait une robe plus élégante ou prestigieuse. Le baron Wilfried, un humain connu et reconnu dans Tulorim, arborait ce soir un gigantesque chapeau garni de plumes diverses aux couleurs chatoyantes qui faisaient ressembler sa cime à un nid d'oiseau exotique. Sa femme la baronne avait un corset tellement serré qu'elle en devenait presque aussi rouge que sa robe à volants, et ce malgré la poudre blanche qu'elle avait éparpillée sur ses pommettes rondelettes. Ils étaient les invités principaux de mon père ce soir, et il les avait placé respectivement à sa droite et à sa gauche. Tout le monde ici savait qu'il ne fallait pas laisser les époux Wilfried l'un à côté de l'autre plus de quelques minutes sans qu'une dispute n'éclate.

Lindeniel avait encore une fois été relégué au rang inférieur et la place qui lui avait été désignée pour le banquet était à l'opposé de celle de son père, à l'opposé des places d'honneur... Il avait préféré ne pas se joindre à cette écoeurante compagnie parfumée d'odeurs lourdes et répugnantes qui, disaient-ils, les séduisaient...

Assis sur le rebord d'une fenêtre, ses gants blancs en main, Lindeniel observait la mascarade des invités hypocrites qui discutaient et riaient pour bien se faire voir de l'autre. Il savait qu'aussitôt le dos tourné, chacun de ces invités recevrait mille critiques acérées dans le dos, comme autant de poignards qui assassinaient lâchement sans même que l'infortuné, qui ne valait alors guère mieux que ses détracteurs, se sut trahi...

Ah comme il les détestaient tous, comme il abhorrait ces bourgeois et ces nobles qui se vendaient corps et âme à ce qu'ils appelaient le plaisir de la table et du bon vin. Juste une bande de décadents qui ne pensaient qu'à s'empiffrer de tourtes fourrées de farces grasses et ignoblement juteuses, ou encore de viande en sauce écoeurante, le tout arrosé lourdement par des vins aux arômes vomitifs qui laissaient en bouche un goût d'alcool qui persistait jusqu'au lendemain en des relents qui auraient mis à mal le pire des ivrognes. Lindeniel ne comprenait pas comment il avait fait pour les supporter aussi longtemps, sous l'égide glaciale de son paternel sévère et froid. Combien de fois avait-il eu envie de leur dire la vérité en face, de leur mettre le nez face à leurs ridicules moeurs, et combien de fois encore n'avait-il pas été arrêté par la peur de représailles de son père...

La soirée était déjà bien avancée et les clowns burlesques qui formaient l'assemblée parlaient désormais fort, sous l'appui généreux de l'alcool qu'ils avaient ingéré sans faillir. Pitres esclaves de leurs estomacs et reins, ils ne pensaient qu'à épancher leur soif et leur faim aux frais de l'hôte généreux qui les accueillait ainsi toutes les saisons... Quatre fois par année, c'était donc la même sérénade, les mêmes rituels stupides et les mêmes paroles insensées et superflues. Comme Lindeniel rêvait d'être loin de tout ça, de ces gens affreux, de ces grotesques humains.

Il y avait certes quelques elfes dans l'assemblée, mais ils étaient en très petite minorité et leurs agissements ne valaient guère mieux que ceux de leurs compatriotes mortels...Ils en avaient encore plus l'air bêtes, à se joindre à tous ces dégénérés décadents, si bien qu'ils le devenaient aussi... Aucun d'eux pour rattraper l'autre. Juste Lindeniel, qui regardait maintenant son reflet dans la vitre rendue opaque par l'obscurité de la nuit. Sur le verre, son visage pâle était reflété et attirait son regard. Il pouvait rester des heures à se regarder comme ça, s'admirant lui-même, recoiffant de temps en temps une mèche mal placée de sa longue chevelure immaculée.

Il plaça sa main blanche sur la vitre glacée cernée d'obscurité. Il se savait beau, il se sentait exceptionnel, supérieur, comme si il surpassait tous ceux qu'il rencontrait. Ils n'étaient que des cafards, tous, comparé à lui. Une étoile dans l'obscurité qui brillait sans que personne ne s'en aperçoive... Un long soupir déposa une fine pellicule de buée sur la vitre, et il s'amusa de voir son souffle ainsi se métamorphoser. Il souffla à nouveau, doucement, faisant sortir par petites doses la chaleur de son corps. Derrière lui, les rires étaient de plus en plus nombreux et chacun d'entre eux était plus bruyant que l'autre. Mais Lindeniel était dans sa bulle, fermé à toutes ces sottises sans intérêt pour lui. Il se contemplait, se mirait dans la fenêtre, absent de la réception de son père, absent même de sa maison. Il s'était déconnecté de ce monde matériel pour vaguer dans celui des songes, où il se voyait, lui, seul, beau, enfin reconnu comme celui qu'il était.

Un mouvement derrière lui le fit sortir de sa rêverie. Sans se retourner, il scruta la vitre, et derrière son reflet pâle et parfait se dressait celui d'un autre, un humain assez âgé, une longue chevelure grise qui lui tombait sur les épaules. L'homme avait un air sévère et ses lèvres étaient cachées par une moustache coupée soigneusement. Son habit coloré contrastait fortement avec la pâleur terne de ses yeux bleus surmontés de sourcils gris et droits. Le baron Wilfried avait finalement abandonné son couvre-chef magistral, mais n'en perdait pas moins de sa prestance.

(Futilité! Que me veut donc cet homme qui se croit sage et expérimenté? Que croit-il donc pouvoir m'apporter, hormis de l'ennui et du dégoût!)

Lindeniel ne bougea pas, restant face à la fenêtre. Le baron s'impatienta et toussa doucement dans sa main. Un rictus de dégoût naquit sur les lèvres de Lindeniel qui imaginait aisément le vieil homme cracher ses glaires dans une quinte de toux qui l'emporterait à jamais dans l'autre royaume... Il espérait pouvoir jouir un jour de ce spectacle, de le voir mourir, lui et ses semblables ornés de fanfreluches et de rubans colorés. L'elfe blanc ne se retournait toujours pas. Aussi, le baron décida d'entamer la conversation, certain d'avoir capté l'attention du fils de son hôte...

« Vous êtes bien pensif, comme à votre habitude...A votre jeune âge ne vaut-il mieux pas profiter du repas et de la fête? »

Lindeniel faillit s'étouffer sous la crédulité de cet humain qui croyait tout savoir... Il serra sa main sur sa paire de gants...

(Que croit-il donc connaître sur moi? Mon jeune âge? Je suis deux fois plus âgé que lui...Que ne me laisse-t-il donc tranquille...)

« Vous savez, ces fêtes, au delà de leur caractère lucratif sont de bons moyens de se forger une place dans la vie des hautes sphères de la cité...Il serait confortable pour vous de vous joindre à nous plus souvent... »

La mine écoeurée de l'elfe blanc persistait encore et encore sur son visage harmonieux. Il n'en pouvait plus d'entendre ces discours moralisateurs et conseillers à son égard. La colère bouillonnait maintenant en lui, prête à sortir d'un coup...

(Quel abruti! Je n'ai pas besoin de pistons ni même de relations pour m'en sortir, moi! Qu'il attende que je me montre sous mon vrai jour, là il aura peur, ils auront tous peur. Et ils plieront sous mes volontés, exhaussant le moindre de mes souhaits...Je veux voir ramper cette vermine infectée à mes pieds! Si il savait...Mes sphères sont bien plus hautes et lumineuses que celle de la haute bourgeoisie de cette ville décrépie!)

Il ne laissa pas éclater sa rage. Comme à chaque fois, l'image du visage de son père se superposait à la haine qu'il ressentait sur la noblesse de Tulorim. Et plus rien ne pouvait sortir. Son père, cette image sévère et cruelle dans l'éducation qu'il avait apporté à son fils. Jamais il n'oublierais cette image, jamais ne s'éteindrait la rancoeur qui l'habitait depuis sa plus tendre enfance. Si il n'avait pas su lui apporter l'amour d'un père, il avait parfaitement compris comment se faire respecter en utilisant les peurs les plus animales de Lindeniel.

Agacé par l'attitude de l'elfe blanc, le baron Wilfried commença à s'aigrir et sa voix prit un ton de reproche à l'égard de Lindeniel.

« Ayez, je vous prie au moins la décence et la politesse de me regarder quand je vous adresse la parole! »

Le reflet du vieil homme dans la vitre fit naître un léger sourire au coin des lèvres de l'elfe. Il attendit encore une dizaine de secondes sans bouger pour faire davantage mariner ce vieux prétentieux de baron et se retourna finalement vers son interlocuteur, le même sourire narquois collé sur le visage. Il ne prononça cependant pas un seul mot pour répondre aux propos de l'humain dont seul le regard marquait à présent l'irritation, qu'il essayait au mieux de dissimuler. Lindeniel soutint sans aucune difficulté ce regard plein de reproches de ses beaux yeux noirs. Les billes bleutées du barons finirent par décrocher le ténébreux regard de l'elfe, qui se sentit alors magistral. Il venait ainsi de se confirmer à lui-même, même si il en était déjà persuadé, son inégalée supériorité face au vieux noble. Lindeniel savait que ce genre de personnage détestait les affronts du genre, mais aucune mise à bas n'était suffisante pour réduire la haine que l'elfe entretenait pour tout ce qui n'était pas lui, et en particulier pour ceux qui voulaient lui ressembler...

Le baron essaya de reprendre un minimum de contenance face à l'elfe magnifique qui le toisait toujours sardoniquement, et tenta à nouveau de soutenir son regard. Lindeniel sourit intérieurement, sachant bien que le vieil homme ne pouvait plus rien contre lui désormais. L'elfe avait gagné une bataille, et s'apprêtait déjà à remporter la guerre. Le sourire de Lindeniel n'accentua encore davantage. Il venait d'avoir une idée dont le machiavélisme le fit tressaillir de bonheur.

(Je suis horriblement génial. Cet homme qui se croit grand se sentira bientôt très petit, tout petit, tel une larve d'insecte face à son maître incontesté...Ah il a voulu me prodiguer des conseils en utilisant son expérience...Et bien il apprendra à ses dépends que personne ne devrait conseiller un être supérieur...)

Le sourire de Lindeniel déstabilisa légèrement le baron Wilfried. Cela ne se marqua que par un très léger haussement de sourcil sur le masque de chair impassible du visage de l'humain. L'elfe blanc saisit alors l'occasion pour écraser à jamais cet homme imbu de lui-même qui avait osé tenir front à celui qui se croyait l'égal des dieux... Saisissant le regard de son vis-à-vis, il baissa les yeux pour regarder l'humain de haut en bas avec un rictus de supériorité certaine et de mépris sauvagement agaçant. Il savait que ce genre de personne ne pouvait accepter dignement ce genre d'affront, en particulier si ils étaient les invités d'honneur d'une soirée huppée. Après ce regard empli de dédain, il tourna à nouveau les talons et après un dernier regard satisfait sur son parfait reflet dans la fenêtre de la maison, commença à marcher vers les lourds et richement décorés escaliers de marbre de la salle de réception, comme si il voulait se mettre en évidence au dessus de ces gens qu'il méprisait. Il atteint les marches sans que le baron eut le temps de réagir. Sans le voir, Lindeniel savait que l'humain bouillonnait intérieurement. Il était temps d'asséner le coup final qui réduirait à néant cet invité d'honneur fantoche aux airs de nobliau âgé sûr de lui. L'elfe blanc se retourna une dernière fois vers la victime de son plan et lui porta à nouveau un regard de dédain, un regard écrasant par son insolence. Aussitôt, il tourna à nouveau les talons pour commencer son ascension.

Une marche, rien ne se passe.

(Jusqu'ici, rien d'anormal)

Une deuxième, des pas sur le sol en marbre. Les pas secs et claquants du baron qui s'approchait du monumental escalier.

(Tout se passe comme prévu, il bouillonne de rage, cet écervelé marqué par de trop nombreuses années de célébrité à la tête de la noblesse de cette écoeurante cité...)

Encore une marche, la troisième, celle qui devait faire s'accomplir le plan de Lindeniel, le pas qui allait changer la vie du baron qui ne serait plus jamais vu pareil par ses semblables... Wilfried s'arrêta en bas des marches et regarda avec haine l'elfe blanc qui continuait son ascension. Ses joues étaient empourprées de rage, qu'il laissa finalement éclater, criant désormais de colère sur celui qui l'avait offensé.

« Sale elfe! Comment peux-tu me considérer de la sorte, tu ne mérites pas d'être ici parmi nous! »

(Que de contenance dans une colère qui est pourtant bien supérieure...Il faut encore le faire mariner un peu...)

Les regards des invités se tournèrent vers la scène qui se déroulait en bas des larges marches de marbre, arrachant quelques mots de stupeur à cette foule de bourgeois véreux et poudrés jusqu'aux cils. Lindeniel se retourna posément vers son agresseur et le regarda de haut, sur sa place surélevée terriblement bien calculée. Sa voix angélique fut calme, mais assez claire pour que le maximum de personnes entendent ce qu'il avait à dire... Ses syllabes étaient incisives, tranchantes...

« Que vous arrive-t-il donc, cher baron? Pourquoi ce débordement que je ne comprends pas...Comment dois-je le prendre sinon comme une insulte et un affront envers moi qui ne vous ais rien fait? »

Le regard du baron se fit plus haineux encore, mais personne hormis Lindeniel ne le vit, puisque l'homme était dos à l'assemblée. Le public ne fut témoin de cette colère vive que par les paroles criées de l'humain qui avait perdu toute contenance de soi.

« Un affront? Mais pour qui tu te prends, espèce de fils à papa indigne de tout ce luxe! Tu devrais mourir pour ces mots, chien infidèle! »

Les lèvres de Lindeniel s'emplirent un court instant d'un sourire ravis qui fit se rendre compte au baron de sa monumentale erreur. Il avait perdu pied en public et avait laissé s'exprimer sa haine. L'elfe blanc prit alors un visage macabre par sa froideur et laissa couler ces mots comme un poison qui lentement s'insinue dans la plaie d'un homme mordu par le pire des serpents.

« Baron, vos paroles ne sont pas dignes de votre rang! Je suis persuadé que personne ici ne pourrait accepter chez lui un individu aussi vulgaire et violent, c'est une honte que vous soyez ici à la place d'honneur! »

L'elfe blanc se tourna vers l'assemblée des fêtards colorés pour les prendre à témoin.

« N'êtes-vous pas de mon avis? Ne mérite-t-il pas une sanction disciplinaire pour cet écart grave de conduite? »

Les murmures de confirmation naquirent dans la salle un peu partout. La noblesse commençait à se réveiller, et les manipulateurs qui visaient la place du baron ne tarderaient pas à enfoncer davantage le clou...Aussi, la machination lancée, Lindeniel se tourna à nouveau vers le baron Wilfried, qui avait l'air excédé et en même temps totalement abattu.

« Mais peut-être, baron, vos mots ont-ils dépassé votre pensée...Je ne vous tiens pas rigueur de votre remarque blessante...Devons-nous tout vous pardonner? La sanction est-elle vraiment nécessaire... Chacun a droit à une chance n'est-ce pas? »

Des protestations s'amplifièrent dans la salle. Quelques bourgeois refusaient de pardonner Wilfried et le clamaient haut et fort. La masse des nobles suivirent sans accroc la verve des beaux-parleurs et bientôt, la soirée se mua en lynchage public. Les quolibets affligeants naissaient de toutes parts pour qualifier le baron qui semblait se racrapoter sur lui-même.

« Traître, parjure à la haute société! »

« Il mérite le bannissement! Sortez-le! »

« Comment de tels propos peuvent-être prononcés ici! C'est une honte! »

« Ce grossier personnage n'a plus sa place parmi nous! »

Les paroles incisives se multipliaient et bientôt, l'épouse grotesque du baron fut poussée près de son mari. Un comte vêtu de blanc et de noir ordonna aux laquais de sortir ce couple de grossiers individus. Aussitôt, les serviles esclaves en livrée de la maison du père de Lindeniel se mirent en mouvement et approchèrent le couple Wilfried, les empoignant poliment, mais fermement par les bras. Le baron ne marqua aucune résistance. Il était abattu, ses derniers retranchements étaient tombés. La sortie vers où se dirigèrent les serviteurs se trouvait en haut des fameux escaliers et le couple passa juste à côté de l'elfe blanc qui regardait Wilfried d'un air satisfait. Au moment où ce dernier passa à ses côtés, il lui souffla doucement un mot à l'oreille... Un mot que personne hormis le baron déchu n'entendit...

« Vos conseils ne valent rien, ex baron ridicule...Voyez vous-même où vous en êtes aujourd'hui... »

Le regard que l'homme jeta à l'elfe était celui d'une promesse de vengeance. Mais banni de la haute société, Wilfried ne pourrait plus aussi facilement approcher de Lindeniel... Ce désir de vengeance l'accompagnerait dans sa tombe...

Lindeniel se tourna vers la salle une fois le couple mis dehors. Il leva les mains au ciel, attirant l'attention de tous. Il aimait se sentir ainsi le centre de toute l'attention, admiré dans toute sa splendeur, fut-ce par ces mécréants indigne de siéger à sa table...

« Chers convives, cet incident est clos. Poursuivons-donc cette soirée sans ces parjures infâmes... »

Tous se tournèrent à nouveau vers le banquet pour profiter de cette fin de soirée qui serait maintenant rythmée par les discussions animées sur l'évincement du couple Wilfried. Lindeniel prit rapidement congé de cette assemblée pitoyable pour se retirer dans ses appartements... Il était fier de lui, il se sentait supérieur, unique, exceptionnel. Il s'installa devant un grand miroir et passa le reste de la soirée à admirer sa prestance et son charme incontestables. Un sourire sadique et une lueur maléfique dans les yeux ornaient ce visage pâle aux traits épurés.

_________________
Lindeniel Il Thirnasael, noble Hinïon dans la tourmente d'une quête onirique.

Tous méprisables...


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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Lindeniel
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 20:00 
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La punition...


Les derniers invités de la réception quittaient la grande demeure du père Il Thirnisael, pour la plupart d'humeur joyeuse et guillerette, ayant bu plus que de raison et critiqué avec vigueur le baron déchu de ses fonctions d'invité d'honneur. Ce petit incident, loin d'avoir gâché la soirée, lui avait donné un peu de piment, un peu d'action dans l'ennui des nobles et bourgeois, généralement las de ces soirées mondaines où rien ne se passait qu'ils ne cessaient d'organiser.

Lindeniel n'avait pas bougé depuis qu'il était rentré dans sa chambre. Il s'était placé devant son miroir et s'était longuement contemplé, repassant en lui tous les moments de cette soirée. Il était fier de lui, comme à son habitude, et le fait d'avoir ridiculisé une personne qu'il méprisait particulièrement gonflait son ego d'une auto-satisfaction importante. Il se regardait lui même, terrible dans sa beauté, sa peau pâle comme les nuages qui couvraient le ciel et le soleil en hiver, recolorant tout de cette splendeur immaculée qu'est la neige. C'est à ça qu'il se comparait, à ces nuages et au vent qui les poussaient. Eux seuls avaient le pouvoir de couvrir le ciel et d'inonder la populace indigne de sa pureté glaciale. Ses deux yeux noirs étaient fixés sur leur propre reflet, et ils semblaient être deux billes d'onyx posés délicatement sur un tissus de satin blanc.

Il n'y avait plus personne désormais dans la maison bourgeoise, hormis le père, le fils et l'armée de laquais qui déjà s'affairaient au rangement de la salle des fêtes, malgré l'heure tardive. Lindeniel restait sans bouger, songeur, mais des pas dans le couloir menant à ses appartements le tirèrent de sa rêverie. Grâce à son ouïe exceptionnelle, et aussi à son habitude de la maison, il reconnut sans peine les pas de son père, avec ses chaussures laquées à talon en bois. Il marchait nerveusement... Involontairement, l'elfe blanc frissonna en entendant cette démarche agressive. Les semelles claquaient sur le sol de marbre et s'approchaient de la chambre de Lindeniel. Quand les pas s'arrêtèrent, sur le seuil de sa porte fermée, il tressaillit. Son père était fâché, et si il en devinait la raison, il ne pouvait en mesurer les conséquences. Il resta sur sa chaise, sans bouger, guettant dans le miroir le mouvement de la poignée qui descendait lentement pour que la porte en bois riche s'ouvre finalement. Il était pétrifié. Il n'avait peur que d'une personne, son père. Et c'était pire quand ce dernier était énervé. Les gongs commencèrent à tourner sur eux-même, dévoilant le reflet de l'obscurité du couloir sur le miroir qu'il ne pouvait se résoudre à quitter des yeux, ou du moins jusqu'au moment où son père apparut dans l'entrebâillement de la porte. Sa peau et ses cheveux étaient blancs, comme ceux de Lindeniel, mais ses yeux étaient d'un gris glacial, sans vie. Il croisa ce regard dans le miroir, mais ne put le soutenir. Aussitôt, il baissa la tête vers la tablette en acajou sur laquelle il était appuyé. La porte termina de s'ouvrir dans un léger grincement qui fit à nouveau frissonner de frayeur l'elfe blanc. Il sentis alors la présence de son paternel dans ses murs. Ce dernier avançait doucement, calmement dans le dos de son fils. D'une main, il ôtait souplement le gant blanc qui recouvrait l'autre. Après quelques secondes, il s'immobilisa dans le dos de Lindeniel, qui retint soudainement sa respiration. Il n'osait pas bouger, pris de terreur devant la punition que son père pouvait lui infliger. Car si Lindeniel avait émerveillé les convives par son sang froid et sa beauté dramatique lors du lynchage du baron, cela n'impressionnait pas le moins du monde son père. Lui, il savait que tout ce qui s'était passé était intentionnel, et il ne pourrait jamais le pardonner...

La main du père se leva, puis s'abattit sur le crâne de l'elfe avec une violence inouïe. Lindeniel reçut par surprise le choc et ne put retenir un petit cri de stupeur et de douleur mêlées. La voix de Lindar, son père, retentit dans la pièce.

« Regarde ton père quand il se présente à toi, fils indigne! »

Lindeniel se retourna doucement sur son tabouret, encore sous le choc du coup, pris sous cette imposante voix qui le commandait sans qu'il puisse faire quoi que ce soit. Une fois face à son père, il leva les yeux vers son visage. Lindar avait les traits durs et sévères. Le regard inquisiteur qu'il posait sur son fils fit rabaisser à nouveau la tête de celui-ci. De nouveau, la main nue se leva pour s'abattre en une gifle puissante sur la joue de Lindeniel. Le choc fut si rude cette fois que l'elfe blanc tomba de son tabouret sur le sol dur de sa chambre. Se massant le visage, il releva le regard vers son père, un regard implorant. Mais le chef de famille ne comptait pas céder si facilement sa colère. Il reprit la parole, criant presque, d'un ton toujours aussi glacial.

« Tu devrais avoir honte de ce que tu as fait! Tu ne mesures pas les conséquences de tes actes, irréfléchis!! »

Dans un sursaut de courage, Lindeniel répondit, la voix tremblante.

« Mais père, il m'avait provoqué... »

« Ne réponds-pas à ton père! »

Lindar arma un coup de pied qui atterrit dans le ventre de son fils, arrachant un soupir forcé à celui-ci. Lindeniel se tint le ventre, plié en deux de douleur. Il n'arrivait plus à reprendre sa respiration, qui se faisait haletante. Dans son esprit revinrent les nombreuses scènes de sa jeunesse semblables à celle-ci, où son père, unique parent, et donc unique éducateur, le frappait vigoureusement pour lui faire entrer des leçons de morale et de vie. Il avait voulu forger un fils parfait, à son image, et il avait réussi, selon Lideniel. Cependant il déplorait les méthodes violentes que son paternel utilisait sur lui pour lui inculquer des valeurs. Il ne s'y était jamais habitué et à chaque fois, c'était une humiliation supplémentaire de ne pas savoir répliquer aux coups de son père. À chaque fois, des idées lugubres et macabres naissaient dans l'esprit de Lindeniel, mais jamais il ne serait passé à l'acte. Son père le tenait par la peur, il l'avait dès son plus jeune âge traumatisé et imposé une discipline dure et sévère à son enfant. Le corps courbé sous la douleur, l'elfe blanc n'osait plus ouvrir les yeux de peur de croiser à nouveau ce regard d'acier qu'il craignait tant. Mais Lindar ne comptait pas en rester là...

« Relève-toi, larve! Tu n'es pas un Il Thirnisael si tu te traîne au sol comme un insecte! Allons, obéis! »

un nouveau coup de pied fit perdre toute envie de rester plus longtemps sur le sol. La douleur était atroce, comme à chaque fois, mais il se releva quand même, péniblement, s'écartant de son père pour se soutenir aux murs de la chambre. Il gardait la tête baissée, ses longs cheveux blancs lui tombant devant le visage.

(Un jour tu me le paieras! Lindeniel ne se laisse pas insulter de la sorte, même par sa seule famille...Tu regretteras alors tes gestes!)

Lindar approcha son fils, menaçant. Il le saisit par le col,le souleva et le plaqua au mur. Lindeniel sentit sa gorge se serrer et le conduit qui lui permettait de respirer se réduire. Une sensation d'étouffement s'empara de tout son être, mais il ne pouvait rien faire pour se débarrasser de la main oppressante de son père. Jamais il n'avait osé lever la main sur lui, par peur ou par respect... Lindar étranglait son fils, et il s'en rendait compte, il le faisait consciemment, de sang froid, comme une punition dûment méritée. Il reprit la parole. Sa voix était moins forte, mais toujours aussi froide. Il regardait son fils dans les yeux, et Lindeniel ne parvenait pas à soutenir ce regard acéré qui lui était forcé.

« Tu mérites une punition pour ce que tu as fait...Je vais être clément, car tu n'as pas gâché la soirée, et aussi parce que cet ingrat de Wilfried a toujours été mon rival, mais le fait que cet incident puisse déteindre sur la réputation de ma maison me reste en travers de la gorge... »

Il serra encore plus l'étreinte sur la carotide et la trachée de son fils.

« Tu vois ce que je ressens maintenant, par ta faute! »

Il relâcha sa main, laissant Lindeniel s'effondrer assis sur le sol, toussant pour récupérer l'air qui lui manquait, la main sur la gorge.

(Il va trop loin...Je le déteste...)

« Tu vas descendre dans la salle des fêtes et la ranger seul...Tout devra être fini demain à l'aube! »

(Quelle offense! Me demander de ranger, à moi? Cette punition est indigne, je ne peux m'y plier...)

« QU'EST CE QUE TU FAIS ENCORE LA? »

Lindeniel se releva d'un bond, et malgré ses pensées obscures, se dirigea vers les escaliers qui menaient à la salle des fêtes. C'était le seul moyen qu'il avait de fuir son père...

Tout était silencieux et sombre désormais dans les escaliers, et Lindeniel avançait en scrutant sa grande ombre qui s'étendait sous ses pieds, immense, comme si son âme surdimensionnée par son ego élevé ressortait de son corps pour s'étaler sous son regard satisfait. Même dans l'obscurité Lindeniel trouvait le moyen de se contempler. Il aimait à regarder se mouvoir cette silhouette gracile sans visage... Il corrigeait sa démarche à chaque pas, la tête haute et une posture royale. Pourtant ce n'était pas la fierté qui étreignaient ses pas. Il n'avait encore une fois pas su résister aux affronts de son père, et se dirigeait maintenant lâchement vers sa punition. La haine grondait en lui comme le tonnerre lointain lors d'une nuit d'orage. Mais nul éclair de violence n'était sorti pour évacuer ce trop plein de rancoeur.

Bientôt, il arriva dans la salle des fêtes éclaire par quelques chandelles qui permettaient aux serviteurs de ranger la pièce. Ceux-ci s'affairaient autour des tables pour tout remettre en ordre. On aurait dit une fourmilière grouillant d'insectes après qu'une catastrophe soit arrivée. Tous courraient dans tous les sens pour s'occuper de sa tâche et cela formait un chaos de laquais qui passaient de droite à gauche sans jamais se frôler, des montagnes de plats inachevés dans les mains. Vu du point de vue de l'elfe blanc, tout ça ressemblait à un balais calibré où l'effet de désordre était recherché, mais où le moindre mouvement était calculé... Hélas, il n'avait pas le coeur à s'émerveiller de cette danse de propreté.

(Quels incapables...On se demande bien à quoi ils servent, ils n'ont presque rien fait encore!)

Il avança un peu dans la pièce. Quelques humains l'aperçurent et bientôt, chaque serviteur stoppa sa course effrénée et tous les regards se tournèrent vers lui. Il regardait cette marmaille insidieuse qui l'entourait de leurs regards curieux et hébétés. Personne n'osait intervenir en voyant ainsi débarquer au milieu de la nuit le fils unique du maître de maison. Lindeniel les toisait avec mépris, mais n'engagea la parole avec aucun d'eux. Ce qui jeta un froid supplémentaire parmi l'assistance. L'elfe blanc abominait s'adresser à ces créatures abjectes qu'il considérait comme ses inférieurs à tout point de vue. Les voir ainsi le regarder comme des animaux ruminants qu'on aurait mis là pour décorer le faisait bouillir de rage. Il les détestait, tous autant qu'ils étaient. Chacun d'eux, chacun de leur regard était une insulte pour lui.

(Je les hais, ils sont insupportables! Que ne continuent-ils point à ranger? Ça me ferait moins de boulot!)

Les serviteurs se regardaient maintenant entre eux, se jetant des regards curieux. Tous se demandaient ce que Lindeniel faisait là. Au bout de quelques secondes de flottement, l'un d'etre eux, plus courageux que les autres, s'avança en se courbant à moitié pour mimer maladroitement une révérence. Il se releva ensuite, mais ne regarda pas l'elfe dans les yeux. Tous ici savaient que le regard inquisiteur de Lindeniel était insupportable par son dédain. Il parla alors...

« Monsieur, pouvons-nous faire quelque chose pour vous? »

(Ah l'abruti! Ils sont plus stupides encore que je ne le pensais...Il croyait peut-être que je venais ici pour les regarder oeuvrer dans leur besogne de bouseux?)

La hargne contre ces laquais augmentait encore dans l'esprit de l'elfe blanc. Le mépris qu'il avait envers eux n'atténuait en rien la haine qui bouillonnait toujours en lui. Sa voix était plus froide que les neiges éternelles des grands monts de l'Imiftil.

« Déguerpissez d'ici, je vais ranger à votre place... »

L'humain le regarda, interloqué.

« Pardon monsieur? Que dites-vous? »

« Vous avez très bien compris, je ne me répéterai pas, partez d'ici... »

« Mais monsieur, que vous arrive-t-il? »

La patience de Lindeniel céda. Il expulsa sa colère sur le pauvre serviteur.

« DEGAGEZ!!! INCAPABLES! SORTEZ D'ICI, VOUS ENTENDEZ, VERMINE? »

Le laquais sursauta et fit un geste à ses congénères. Sans plus aucun mot, ils quittèrent la pièce le plus rapidement possible, prenant bien soin d'éviter l'endroit où se tenait l'elfe blanc, fulminant, le regard perdu dans le vide, les poings serrés dans ses gants blancs. Une fois que le dernier serviteur fut parti, refermant la porte blanche derrière lui, Lindeniel relâcha la pression de ses doigts, mais ne bougea pas pour autant. Sa rage était maintenant légèrement sortie, et il devait la ravaler pour ne pas qu'elle explose davantage. Son père ne lui permettrait pas un tel écart...Surtout lors d'une punition...

Se calmant légèrement, ou du moins maîtrisant ses envies de tout démolir, Lindeniel reprit pouvoir sur lui même. Il jeta un regard dédaigneux aux tables parsemées de montagnes de plats non terminés, d'assiettes empilées et de verres à moitié vides. Son dédain se mua très rapidement en dégoût. La nourriture froide qui reposait sur les plateaux prenait une couleur immonde à la lueur de quelques rares chandelles qui étaient restées là après le départ des servants. Lui qui détestait manger, voir ces petits mets à moitiés dévorés par les gloutons bourgeois le dégouttait tout bonnement, et il ne put réprimer un haut-le-coeur en regardant les plats en sauce gras et malsains, lui qui se contentait habituellement d'un fruit frais à chaque repas. Il trouvait que tous ces amoncellements de bouffe étaient écoeurants et fournirait aux nobles la clé d'accès à leur propre perte.

(Tous des décadents, ils ne méritent pas de vivre...)

Il s'avança vers la plus proche des tables et la regarda, las avant même d'avoir commencé. Quelques victuailles traînaient encore sur celle-ci. Une carcasse tiédissante d'un lapin aux cuisses arrachées traînait encore dans un jus de légume parsemé de morceaux de végétaux flottant lamentablement dans cette sauce trop liquide et désormais froide. Une pomme de terre gorgée de liquide s'était échappée du plat et avait sali la nappe. Elle reposait encore contre un couteau sale posé à côté d'un verre de vin rouge non terminé. Les bords du plat étaient maculé de traces de la sauce. Tout ce spectacle répugnait Lindeniel. Il regarda une à une les autres tablées, toutes dans un état plus ou moins similaire. Il poussa un soupir déprimé avant de doucement ôter ses gants blancs qu'il ne pouvait résoudre à salir. Il regarda alors ses paumes, tout aussi immaculées, et décréta qu'elles non plus ne devaient pas être tachées.

(Zewen, mon ami, mon frère, le seul que je respecte, envoie moi un signe, fais un geste!)

Lindeniel resta un instant sans bouger dans la semi-obscurité de la pièce, la respiration faible, comme si il s'attendait à ce qu'il se passe quelque chose...Mais rien ne vint, ou du moins, pas tout de suite. Son regard se posa sur un curieux objet abandonné à la table principale. Il s'avança pour rejoindre l'endroit et s'assurer qu'il ne s'agissait pas de l'ombre d'un nouvel aliment à moitié dévoré. Il fut surpris de remarquer là une petite statuette noire en forme de chat assis, la tête dressée fièrement et les oreilles droites. Il la reconnut aussitôt. Elle appartenait à la femme du baron Wilfried. Cette grotesque dame dodue ne la quittait jamais, sous prétexte qu'elle lui apportait de la chance. Le grigri était plutôt bien sculpté et Lindeniel le ramassa pour le regarder de plus près.

(Curieux que cette bouffonne l'ait laissé là...Il ne lui aura pas porté chance cette fois, elle n'aurait peut-être pas du le quitter, cette sotte...)

Au même instant, la porte de la salle des fêtes s'ouvrit doucement pour lisser place à cinq serviteurs, menés par celui qui avait osé prendre la parole quelques minutes plus tôt. L'elfe blanc dissimula la statuette derrière son dos et s'avança vers les hommes qui pénétraient dans la salle. Sa voix, bien que toujours aussi froide, avait perdu de la haine qui l'animait lorsqu'il les avait chassé.

« Que faites-vous encore là? Je vous avais demandé de déguerpir! »

Le même homme, visiblement le plus courageux de la bande, répondit presque aussitôt.

« Monsieur, nous avons appris que c'était une punition que monsieur votre père vous avait donnée...Cette tâche est ô combien ardue à effectuer quand on est seul, aussi, nous venons vous aider, si vous le permettez... »

(Quels abrutis...à leur place je jubilerais de me voir ranger seul ce fatras infâme... Profitons de l'occasion...)

« Bien...Continuons le rangement alors... »

Il fit deux pas sur le côté et indiqua les tables encore en piteux état. De son autre main, il glissa doucement la statuette dans sa poche pour que personne ne la voie. La coïncidence de l'intervention des laquais et la prise de ce porte-bonheur troublait un peu Lindeniel. Il ne savait que penser si c'était le fruit du hasard ou si cet objet apportait vraiment de la chance à son porteur... Dans le doute, il ferma les yeux un instant...

(Je te revaudrai ça vieux frère...)

Il releva les paupières et vit les employés de maison effectuer leur travail sans même se soucier du fait que lui ne faisait rien alors qu'il s'agissait de sa punition. Il s'approcha d'une table et regarda les couverts sales qui trônaient dans une assiette presque propre. Il les regarda avec dégoût avant de s'asseoir confortablement dans la place qui aurait du être la sienne lors de ce repas, à la droite du siège de son père.

Un ou deux serviteurs lui jetèrent un regard mauvais, mais rabaissèrent aussi rapidement la tête quand ils croisaient le regard acéré de Lindeniel.

(ha...pauvres incapables, faibles et trop gentils...Ils n'oseraient pas me défier du regard...Leur bétise n'a d'égal que leur laideur...Ils sont fait pour ces basses besognes, et je suis fait pour flotter au dessus d'eux et pour les remettre à leur place si besoin en est...)

Le rangement se continuait sans l'elfe blanc, qui regardait simplement les laquais faire son boulot avec un air mi satisfait, mi répugné... Mais la haine contre son père grondait toujours en lui telle une bête sauvage dans sa tanière...

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Lindeniel
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 20:06 
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La vengeance...


Assis sur son luxueux siège, le regard perdu dans le vide, Lindeniel ne tenait maintenant même plus compte des serviteurs qui s'escrimaient autour de lui pour ranger à sa place la salle des fêtes. Plus aucun d'entre eux n'avait osé ni parler, ni jeté un regard dans la direction de l'elfe blanc. Ils savaient très bien ce que pourrait leur coûter une révolte auprès du fils tyrannique de leur employeur non moins doux... Déjà, ils regrettaient avoir proposé leur aide à ce fils de noble imbu de sa personne qui les regardait maintenant comme des vers rampant pour son plaisir. Mais ils savaient tous qu'ils ne devaient rien dire. Ils savaient tous qu'un seul mot pouvait les amener à devoir quitter sur le champ le service de la famille Il Thirnisael et ainsi les mettre sans préavis à la rue, sans logement, sans argent et sans nourriture. Ils avaient ici une place d'esclaves, presque, certes, et étaient bel et bien considérés comme tels par les deux habitants de la maison, Lindar et Lindeniel, mais ils avaient ici un toit où s'abriter et de quoi se nourrir en nette suffisance. Ils ravalaient donc tous leur fierté face à leurs maîtres, conscient de la chance qu'ils avaient d'être à leur côté, fut-ce pour un rôle dégradant...

Mais Lindeniel ne pensait pas à eux. Tout ce qui comptait, tout ce qui avait toujours compté, c'était lui et lui seul. Il n'avait d'estime pour personne d'autre que lui-même... Et à cet instant, ce n'était pas au dur labeur des serviteurs qu'il pensait, mais bien à lui-même. Narcissique en plein, il repassait dans son esprit les images qu'il avait aperçues dans son miroir en fin de soirée. Il se revoyait s'admirer dans la glace opaque qui reflétait son incomparable beauté. Ainsi, Lindeniel souriait doucement, s'admirant lui-même. Puis lui revint en tête l'histoire de la petite statuette en forme de chat. Les laquais étaient venus lui porter aide aussitôt qu'il s'en était emparé, et sur le moment, il avait émis un doute sur le pouvoir de ce grigri ayant appartenu à la femme du baron Wilfried. Mais maintenant, il reniait toute pensée allant dans ce sens. Ce genre de croyance n'était bon que pour attirer les esprits faibles et naïfs qui composent la population de la cité, bourgeois, nobles ou gueux.

Il entra sa main gantée dans sa poche pour sentir la forme de la petite statuette...Elle était certes très bien sculptée, dans sa pierre noire et polie, mais ce n'était qu'une simple statuette, une décoration futile et inutile... Il la sortit de sa veste de velours bleu l'objet en question. Le noir contrastait fortement avec la blancheur immaculée de ses gants. Il jeta un regard de mépris à l'objet, comme si il lui en voulait d'avoir osé semer le doute dans son esprit. Dédaigneusement, il le posa sur la table devant lui, le regardant fixement pendant un moment... Les serviteurs s'affairaient maintenant à enlever les grandes nappes blanches tachées des sauces des divers plats qui les couvraient il y a encore quelques instant. Le travail de supervision de Lindeniel allait bientôt prendre fin, très certainement. Voyant les humains approcher de sa table pour en ôter la nappe, il se leva et recula pour leur laisser la place...Ou plutôt pour ne pas qu'ils soient trop proches de lui et n'aient la maladresse de l'effleurer. Lindeniel détestait tout contact avec des personnes autres que lui-même. Il se disait qu'ils pouvaient tous le salir dans sa pureté et c'est pour ça que l'elfe portait le plus souvent possible des fins gants de tissus blanc.

Les hommes étaient maintenant autour de la table d'honneur pour en ôter la nappe, mais la statuette trônait encore seule au milieu de celle-ci. Croyant bien faire, le parleur des laquais prit à nouveau la parole...

« Monsieur...Vous avez oublié de prendre votre statuette je pense... »

La réponse se fit cinglante et glaciale...

« Vous vous trompez, comme à votre habitude...Ce n'est pas ma statuette, laissez la dans la nappe et jetez la avec les déchets... »

Obéissant sans un mot de plus, les hommes roulèrent le grand pan de tissus blanc en boule et allèrent le mettre dans un coin de la pièce, avec les autres nappes, emportant ainsi le chat de pierre...

Aussitôt la nappe posée dans le coin de la pièce, la porte de la salle des fêtes s'ouvrit avec fracas. Tous les regards, y compris celui de Lindeniel, se tournèrent en un mouvement vers le seuil où se dressait, imposant et sévère, le père de Lindeniel. À la vue de son fils debout près de son siège, et des serviteurs qui terminaient de déposer la nappe sur le sol, son regard se fit meurtrier. Il hurla à travers toute la pièce.

« Lindeniel! Tu vas payer pour cet affront!!! »

Paralysé par la peur qui venait de s'emparer de lui, l'elfe blanc ne savait plus bouger, ni fuir, ni même penser à fuir face à la fureur de son père. Il resta là, debout, livide. Lindar eut vite fait de traverser la pièce d'un pas rapide, faisant claquer violemment ses talons de bois sur le sol marbré. Les serviteurs n'osaient intervenir, ni partir. Ils restaient dans leur coin, témoins involontaires du spectacle peu réjouissant qui allait se dérouler sous leurs yeux.

Alors que Lindar arrivait, furibond, près de son fils, ce dernier tenta une explication.

« Père... »

Il n'eut le temps de dire que ce mot, ce mot qu'il avait toujours méprisé puisque depuis sa plus tendre enfance, il avait détesté celui qui lui servait de paternel. La main de Lindar venait de percuter avec une violence inouïe le joue de Lindeniel. Sous le choc, celui-ci tomba en arrière, propulsé par ce coup sévère et rude. Il glissa sur le sol et essaya de ramper pour essayer d'échapper à l'emprise de fureur de Lindar, qui hurlait toute sa colère.

« Je ne suis plus ton père! Je te renie, ingrat, incapable! Tu n'auras rien de moi, tu n'es plus mon fils, je te mets dehors! »

Consterné, Lindeniel se tourna avec un regard apeuré vers son géniteur. Il se tenait la joue meurtrie et un fin filet de sang sortait du coin de ses lèvres pour couler lentement jusqu'à sa gorge, imprégnant sa lavandière avec ce liquide rouge et chaud.

(il ne peut pas me faire ça, je suis son fils, il ne peut me renier!)

La colère du père ne désemplissait pas.

« Ah tu as voulu me provoquer, et bien tu en paies les conséquences, fils indigne! »

Un coup de talon dans les côtes mis à bas Lindeniel qui tentait vainement de se relever. L'elfe blanc était complètement déstabilisé. La panique l'avait envahit et il ne percevait même plus les mots cruels que son père lui disait. Il voyait seulement ses lèvres remuer, au milieu d'un visage rempli de haine. Dans les yeux de Lindar, il n'y avait aucune tristesse, juste de la rudesse, de la violence. Il n'aimait pas son fils... Un sentiment de vide extrême envahit Lindeniel, qui ne bougeait plus sous les coups répétés de son père. Il se laissait faire, se laissait frapper sans même esquisser le moindre geste de défense. C'est comme si il ne ressentait pas la douleur, c'est comme si il ne ressentait plus rien. Il était complètement déconnecté de ce monde, comme si il était soudainement entré dans une demi léthargie, à moitié conscient des événements, mais absent de son propre corps. Plus rien n'animait l'elfe blanc. La violence de son père ne finissait pas et Lindeniel était meurtri par chacun des coups. Son corps garderait longtemps les stigmates de cette violence extrême, mais pour le moment, il n'en ressentait même pas la douleur. Après quelques instants horribles, la rage de Lindar s'estompa un peu et il laissa son fils sur le sol après un dernier regard. Il lui parla alors sévèrement, fort, mais pour Lindeniel, c'était comme si la voix venait de très loin, d'ailleurs...

« Demain, je ne veux plus te voir... »

Ces paroles résonnèrent encore quelques secondes dans l'esprit de Lindeniel, le temps qu'il fallut à Lindar pour se diriger vers les grandes portes encore ouvertes. Avant de quitter la pièce, il jeta un regard mauvais vers les serviteurs, comprenant leur geste, mais ne l'acceptant pas. Il leur dit de quitter immédiatement la salle des fêtes, mais Lindeniel ne l'entendit pas.

L'elfe blanc était encore allongé sur le sol, à moitié inconscient. Le fin filet de sang s'échappait toujours du coin droit de ses fines lèvres pâles. Il avait été plus sonné par ce que lui avait dit son père plutôt que par les coups de celui-ci, même si ils avaient été brutes, plus que de coutume, et plus nombreux aussi. Il commençait seulement à sentir la douleur physique, qui lançait des vagues désagréable dans tout son corps. Il gémit, doucement, en se relevant sur ses coudes. Il avait la tête qui tourne et sa vue n'était pas fixe. Il avait l'impression que tout autour de lui était flou, absent. Au loin, il aperçut les silhouettes peu distinctes des serviteurs un peu perdus qui quittaient précipitamment la salle sans même emporter les dernières nappes sales. Ils savaient que quand Lindeniel aurait repris ses esprits, il ne valait mieux pas être dans les parages... Une fois le dernier homme sorti, la vision de l'elfe se fit un peu meilleure, et il tenta de se lever. Il y parvint, avec difficultés, mais une fois debout, un vertige le prit et il fut obligé de se laisser tomber sur ses genoux, la tête entre les mains. Il ne comprenait, ni n'acceptait toujours pas ce qui s'était passé.

Il n'en revenait pas, son père ne pouvait avoir dit ça, il ne pouvait pas avoir fait ça... Et pourtant c'est ce qui s'était passé. Mais ce n'est pas de la tristesse qui envahit l'esprit de Lindeniel à cet instant, car si son père ne l'aimait pas, il le lui rendait tout aussi fort. Non, ce qui submergea l'elfe, ce fut un immense sentiment d'injustice et d'incompréhension. Comment pouvait-on traiter de la sorte un être si parfait que lui, comment pouvait-on le chasser et non tout faire pour le garder? En même temps que cette incompréhension, rejaillissait la haine viscérale qu'il entretenait pour son père. Elle était plus vive que toutes les autres fois. Deux fois pendant la soirée, il l'avait humilié, dont une fois devant l'équipe de serviteurs, et ça, il ne pouvait l'accepter. Le visage posé dans ses paumes gantées se mua en une expression de colère intense, de rage non mesurée. Elle sortit sous forme d'un cri plus animal qu'elfique. Il rejeta la tête en arrière, les yeux révulsés de colère, et hurla de toutes ses force, vidant entièrement l'air de ses poumons, se déchirant presque les cordes vocales. Ce hurlement aurait fait paniquer le plus courageux des humains par son incroyable manque de normalité. C'était un cri de monstre, un cri sauvage. Et le silence qui suivit était plus inquiétant encore. Lindeniel se redressa. Il sentait la colère bouillonner en lui. Il n'acceptait pas, il ne pouvait laisser passer ça. Cette fois, la goutte d'eau avait fait déborder le vase et la rancoeur tenace était sortie. La bête de vengeance qui l'habitait ne pouvait plus se terrer au fond de lui. Elle était sortie, puissante, indestructible. Le regard noir de l'elfe n'avait plus rien de beau ni de rassurant. Quiconque l'aurait croisé en aurait eu peur. C'était un regard assassin, un regard de meurtrier. Un regard que personne ne voudrait jamais avoir à soutenir.

Malgré l'atrocité que provoquait son regard, Lindeniel était beau, terriblement séduisant dans sa colère. Il paraissait glacial, mais on sentait la chaleur de la haine le transpercer de l'intérieur. On aurait pu le comparer à une statue de glace, fière et pure, couvrant un feu infernal. Lindeniel le savait, aujourd'hui, sa vie allait changer du tout au tout...Son père avait émis le souhait de ne plus le revoir le lendemain, et en effet, plus jamais il ne le reverrait. Debout, il avança dans la salle des fêtes, lentement. De loin, on aurait pu dire qu'il était on ne peut plus calme, mais si on s'était approché, on aurait pu sentir ce désir de vengeance qui le traversait de part en part et fondait autour de lui comme un magma incendiaire couvrirait les pentes d'un volcan.

Ce n'est pourtant pas vers la porte que Lindeniel se dirigea. Quelques pas avant de sortir, il dévia sa route pour se tourner vers le tas de nappes sales que les laquais avaient laissées là. Furieux, il s'agenouilla devant et commenca à retourner les pans de tissus dans tous les sens afin de retrouver sa précieuse statuette. Car il l'avait compris, Cette statuette avait vraiment un don. Celui de porter chance à celui qui la possédait, et d'apporter une totale déveine à celui qui osait l'abandonner.

(C'est un don de Zewen, il m'a entendu et je n'ai su l'écouter. Mon frère de coeur m'a fait un signe, preuve que je suis au centre de son attention...)

Il continuait à chercher le petit chat de pierre noire, remuant dans le tas sale sans même prêter attention au fait que lui aussi se salissait en fouillant de la sorte. Enfin, il la trouva, sa petite statuette. Il lui sembla un instant qu'elle luisait d'une étrange lueur noire, sans qu'il puisse dire si c'était vrai ou non... De toute façon, il n'était plus capable de penser, la bête qui sommeillait en lui avait pris possession de son corps. Mais ce n'était pas une bête sauvage comme l'ont généralement les colériques qui piquent une crise. Non, chez lui, chez Lindeniel, grand elfe blanc imbu de lui même, cette bête était d'une froideur impressionnante et malsaine faisant naître en lui des idées de mort parfaites où il contrôlerait tout, jusqu'au dernier soupir de sa victime. De nombreuses fois il avait rêvé de donner la mort, sans jamais oser passer à l'acte.

Il se releva avec la même froideur qui animait maintenant tout son corps. À cet instant, il n'était plus capable du moindre sentiment de compassion, qui déjà d'habitude lui manquait. Il quitta la grande salle des fêtes après avoir glissé souplement la petite statuette de chat dans la poche ample de sa veste de velours. Il se dirigea ensuite d'une démarche fière et noble, lente, mais ferme, vers les grands escaliers de marbre, qu'il gravit avec la même prestance. À croire que le pouvoir du chat de pierre ne s'arrêtait pas seulement à la chance, on eut presque dit qu'il avait une démarche féline, à faire des petits pas souples et bien placés. Son port de tête était royal, terriblement hautain, même si il n'y avait aucun témoin aux alentours en cette heure sombre... Il arriva à l'étage, le regard toujours aussi glacé, et jeta un coup d'oeil vers la porte de la chambre de Lindar. Elle était fermée, et il ne doutait pas que son père dormait à poings fermés, satisfait d'avoir punis sévèrement celui qu'il ne considérerait plus jamais comme son fils. Il détourna alors son regard de la porte et s'enfonça dans les ténèbres de sa propre chambre. Nul besoin de lumière ou de flamme vacillante pour éclairer la route d'un elfe, fut-il de la lignée blanche. Aucune obscurité ne ternissait leur vue parfaite sur le monde. Une fois dans ses appartement, il se dirigea directement, mais sans précipitation hâtive, vers la commode surmontée d'un miroir devant laquelle il était resté assis une bonne partie de la soirée. Sûr de lui, il en ouvrit doucement le deuxième tiroir et en sortit l'objet de ses désirs... Une lame, un simple poignard de fer au manche décoré d'or et d'ivoire. C'est la seule arme que son père avait autorisé au sein de sa demeure, pour prévenir en cas de cambriolage. Il en tenait lui-même une identique dans son propre corps de logis.

Lindeniel regarda la lame tranchante et pointue avec un sourire glacial, les yeux remplis de haine froide et de sadisme passager. Il la glissa dans la poche de sa veste qui était encore libre, l'autre étant occupée par la précieuse statuette magique, qu'il ne voudrait désormais plus quitter...

Dans l'ombre de la nuit, l'elfe à la peau plus blanche et pâle que le marbre du sol avançait lentement, à pas de loups, vers la porte close des appartements privés de son père. Une fois devant celle-ci, il pris une grande inspiration, le regard haineux, mais toujours aussi froid, et posa délicatement sa main gantée sur la poignée. Ça y est, il ne pouvait plus faire demi-tour. Son choix était pris et il allait s'y tenir. Plus rien ne pouvait l'arrêter désormais... Cette main posée sur la poignée dorée signifiait le tournant le plus important de sa vie, la première fois qu'il prenait une réelle décision quand à son avenir plutôt que de ce laisser bercer par le luxe dans lequel il avait toujours vécu...

(Je ne peux plus faire demi-tour maintenant...Enfin la vengeance, enfin il va payer...)

Tout doucement, sa main s'abaissa, et la poignée suivit le mouvement, silencieusement. La porte pivota lentement, sans le moindre petit grincement, et s'ouvrit sur les ténèbres obscures de la chambre de son paternel. Un tour d'horizon du regard, pour s'assurer que personne ne se tient embusqué et que Lindar est bien couché, et l'elfe pénètre doucement dans ce lieux qui lui a toujours été interdit. Si ça n'était pas par pure symbolisme, que de vouloir braver en une fois tous les interdits que lui avaient été imposés jusqu'à maintenant. Il pénétra ainsi dans ce sanctuaire secret, dont la disposition ne variait pas tellement de sa propre chambre, si ce n'est que l'énorme bibliothèque de son père contenait beaucoup plus d'ouvrages précieux et rares que la sienne, en partie remplie par les livres qui avaient forgé son éducation et sa grande culture.

À pas de loup, il avança dans l'obscurité ténébreuse, posant ses pied sur le sol marbré à la manière d'un chat, discret, tout en souplesse, et tout aussi silencieux qu'une plume qui doucement se pose sur une peau satinée... Mais le sommeil des elfes est plus léger encore, et leur ouïe fine peut détecter le moindre son. Un bruit de drap, un regard noir qui se lève vers le lit, des mouvements dans la nuit. Son père se réveillait. Il ne sut que faire, et resta planté sans bouger au milieu de la chambre, espérant que ces mouvements n'étaient que ceux du sommeil de Lindar, et non ceux de son réveil... Mais Lindeniel savait au fond de lui que tout ne serais pas aussi facile, et il ne fut presque pas étonné de voir son père d'un coup se redresser dans ses draps. Dans la noirceur de la chambre, l'expression de stupeur qui marqua le visage de Lindar se fit encore davantage accentuée. De la stupeur, il passa à la colère la plus vive et se redressa de son lit immédiatement, en robe de chambre blanche. Étrangement, et pour la première fois devant la colère de son père, Lindeniel n'avait pas peur, il était sûr de lui, déterminé comme jamais à en finir pour toujours...

Tel un fantôme, Lindar vêtu de sa robe blanche s'avança prestement vers Lindeniel. Arrivé à sa hauteur, dans toute sa hâte, il leva la main pour frapper son fils...

(Pas cette fois non...)

Mais il ne put terminer son geste. Son visage haineux se mua en rictus de surprise douloureuse. Ses yeux gris s'abaissèrent vers son ventre, dans lequel venait d'être planté un poignard, serré fermement dans la main de Lindeniel. Un sang pourpre commençait à naître de la plaie, mais le regard de Lindeniel était fixé sur la douleur de ceux de son père. D'un geste brusque, il ôta la lame de la plaie, et Lindar fit un pas en arrière, poussant un soupir de douleur. Sa main vint se poser sur la blessure, puis sous ses yeux, qui se remplirent de frayeur en voyant son sang se répandre sur sa robe de chambre et sur le sol. La tâche sombre s'étendait sur le tissus blanc, au fur et à mesure que l'ivresse de vengeance s'emparait de l'esprit de Lindeniel. L'elfe asséna un nouveau coup de poignard à son géniteur, à hauteur de la poitrine cette fois. Une nouvelle fois, Lindar poussa un semi-cri de détresse douloureuse.

La lame ressortit à nouveau, puis percuta encore sa poitrine, son ventre et sa gorge de nombreuses fois. Il ne pouvait rien faire et ployait doucement sous les coups acharnés de Lindeniel. Au début, il reculait encore, pour contrer la douleur et s'éloigner de son agresseur, mais ses forces l'abandonnaient de plus en plus vite et au bout d'un moment, il s'écroula sur la peau d'ours qui faisait office de descente de lit. Lindeniel continuait à frapper avec rage, il ne pouvait plus s'arrêter... Le sang giclait dans tous les sens, salissant ses habits, sa peau pâle qui semblait luire d'une lueur de cruauté tant la scène était horrible. Son père était déjà mort, mais il continuait à s'acharner sur son corps qui se décharnait à chaque nouveau coup de poignard. Son ventre n'était plus qu'une bouillie infâme de chairs sanguinolentes et d'organes percés. Seule partie encore vierge de coups, le visage de son père, qui restait figé dans une expression de douleur et de peur, les yeux grands ouverts. Mais la lueur qui les rendait vivants était bel et bien partie.

Au bout d'un moment, essoufflé, Lindeniel se calma. C'est horrible à dire, mais il était pleinement satisfait de son acte, de tout ce qui s'était passé. Enfin il avait vaincu celui qui hantait ses jours depuis sa plus tendre enfance, enfin il allait pouvoir voler de ses propres ailes sans peur de représailles... Il se leva et regarda l'oeuvre sanglante dont il était l'artiste. Il la contempla quelques minutes, avant de se rendre compte qu'il était lui-même plein de sang. Il prit le drape blanc du lit de Lindar et en couvrit son cadavre. Le tissus blanc se teinta vite de rouge, mais l'hémorragie avait cessé, tout le sang s'était éparpillé sur le marbre blanc et s'imprégnait dans le coton. Il ouvrit alors l'armoire de son père, en sortit une nouvelle paire de gants, ainsi qu'un gilet et une veste en velours de couleur bleu roi, qu'il échangea avec ses habits salis. Propre comme un sou neuf, il revint près du cadavre encore chaud de ce qui avait été son père. Il découvrit le visage de celui qui avait été son géniteur, son précepteur, son éducateur, et lui ferma les yeux. Un regard qu'il n'aurait plus à supporter, à soutenir, à craindre aussi... Il s'accroupit près de la tête de Lindar, et se pencha au dessus. Ses longs cheveux blancs tombaient en cascade autour de sa tête penchée, entourant le mort et son assassin d'un rideau d'isolement.

Lindeniel regardait son père avec la plus affreuse des tendresses. Il venait de le tuer, et la douceur de son regard en était effrayante tant il semblait avoir de détachement face à ça...C'était la première fois qu'il tuait, mais son attitude pouvait faire penser qu'il s'y était déjà habitué, car de nombreuses fois, il avait vécu cette scène dans son esprit...De nombreuses fois il avait tué son père mentalement...

D'un coup, il embrassa le cadavre encore tiède à pleine bouche, comme il ne l'avait jamais fait...Il venait de tuer la seule personne qu'il avait respectée dans sa vie, il venait de se venger de tant de souffrance et de peine, de manque d'amour et d'affection. La rudesse avait été punie, restait l'amour que Lindeniel lui portait. Mais c'était un amour sauvage, car les dents de l'elfe blanc mordirent violemment dans les lèvres peu charnues de son feu père. Le goût du sang envahit la bouche de Lindeniel, qui assouvissait avec une passion torride ce qu'il n'aurait jamais imaginé faire... Au bout d'un moment, le cadavre commençant doucement à prendre une température plus basse, à refroidir contre le marbre froid baigné de sang, les envies du tueurs se turent lentement. Il était désormais en train de caresser doucement la peau meurtrie et mutilée de son père décédé. Toute l'horreur était partie, la terreur aussi, et mis à part la mort, plus rien de mauvais ne rodait dans la pièce...Mais cette mort, Lindeniel ne le savait pas encore, elle allait le suivre pendant tout le reste de sa vie, où qu'il aille, quoi qu'il fasse...Il pouvait en tirer parti comme en souffrir atrocement...

Doucement, il se coucha aux côtés de son père, la tête sur la poitrine, comme pour une dernière fois entendre ce coeur qui ne battrait plus... Il s'endormit sans même s'en rendre compte, bercé par les douces effluves du sang familial qui parcouraient ses fines narines. La pureté de cette odeur et du geste qu'il avait accompli le remplissaient d'un bonheur égoïste dont il ne ferait profiter personne...

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Lindeniel
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Le cauchemar...


Dans les nimbes du sommeil profond de Lindeniel, allongé sur le cadavre refroidissant de son défunt père, d'étranges images faisaient leur apparition. Au commencement, ce fut le blanc. Rien que du blanc, uniquement du blanc. Tout était de cette couleur pure et lumineuse, mais il n'y avait rien en soi, hormis du blanc. Pas le moindre objet, pas la moindre surface ni profondeur. Pas de ciel, pas de sol, pas de mur, rien. L'immensité blanche où rien n'était visible aurait pu être infiniment grande, ou très réduite, une simple pièce simplement peinte en blanc. Mais aucun coin pour le confirmer, aucune limite... Juste cette sensation de pureté intense. Tout était immaculé, et vide en même temps. Comme la feuille d'un écrivain qui ne trouve pas l'inspiration pris dans le vertige de la page qui le nargue de sa propreté insolente.

Soudain, deux billes noires apparurent dans cet océan, se détachant du décor, attirant toute l'attention. Elles disparurent, puis reparurent à nouveau. Et alors que ces yeux intenses finissaient de battre de cils, le visage de Lindeniel sortit du fond. Il était aussi blanc que tout le reste, mais l'ombre qui courrait derrière sa longue chevelure immaculée faisaient ressortir petit à petit tout son corps. Il était nu, ne portant aucun objet, aucun vêtement, aucun bijou, arme. Il n'y avait que lui, l'elfe blanc, et ses yeux, d'un noir profond... Il se leva, doucement, sur ce qui semblait constituer un sol, bien qu'il n'y ait toujours pas de plafond ou de murs pour le confirmer, encore moins de ciel ou de vallons... L'elfe regarda autour de lui, curieux de savoir où il était, en cette tenue plutôt légère. Tout étonné qu'il était, Lindeniel aimait la sensation qu'il ressentait. Il était seul, sans aucun être ni chose inférieurs à ses côtés.

Il croyait que les Dieux l'avaient enfin écouté et accepté parmi eux, là où il estimait être sa place. Mais nul divinité autour de lui. Il était seul, désespérément seul. Il tenta d'avancer, mais dans ce monde sans contour, ça s'avérait impossible, inutile. Il marchait, certes, faisant des grand pas de ses fines jambes elfiques à la peau pâle dénudée, mais rien ne bougeait autour de lui, l'environnement restait en tout point pareil... Respirant le plus posément possible pour ne pas paniquer, il essaya de se rassurer...Après tout, l'endroit où il était ne pouvait pas être pire que la planète où il se trouvait juste avant, et où régnait la crasse et les imbéciles... Mais ce blanc, ce vide...Il y avait tant d'espace qu'il se sentait enfermé, reclus de toute vie. De plus en plus nerveux, ses yeux sautaient d'un point à un autre sans prendre le temps de s'y arrêter...Il n'y avait rien sur quoi poser son regard... Le stress montait en lui. Bientôt, il se remit à courir, puis, voyant à nouveau que ça ne servait à rien, il courut dans l'autre sens, et ainsi de suite, repartant à chaque pas d'un côté différent. Rien n'y faisait, il était bel et bien prisonnier de ce monde parfait...Mais une prison, aussi belle est-elle, reste une prison... N'en pouvant plus, il poussa un cri, clair, paniqué, puissant.

« OÙ SUIS-JE? »

C'est alors qu'un vent glacial parcouru l'endroit, passant sur sa peau, faisant frémir chaque cellule de son corps dénudé. Une présence était apparue, invisible, indiscernable...Mais il la sentait, il la ressentait...Son regard continuait de chercher en tous sens un indice oculaire, mais rien n'avait changé...

Un bruit prit pourtant bientôt la place du silence absolu qui régnait ici...

Plic! Plic! Plic!

Du liquide qui coulait. Lindeniel regarda tout autour de lui, mais ne vit rien...

Plic! Plic! Plic!

Le bruit était plus proche que ça. Il regarda vers le sol, et son expression se fit terreur. De fines gouttes d'un sang rouge intense tâchaient le sol immaculé. Elles semblaient tomber de lui, et étaient de plus en plus nombreuses, partant de tous les points de son être: ses doigts, ses pieds, son visage, son buste, son sexe, son dos, mais sur lui, il n'avait aucune blessure. C'était comme si le sang n'apparaissait qu'en touchant le sol. Il ne ressentait non plus aucune douleur, il n'avait aucune plaie. Trois fois de suite, il vérifia, trois fois de suite, il s'étonna de ne rien avoir. Pourtant, le sang qui coulait était bien le sien, et il ne comprenait pas, il ne pouvait pas comprendre...

Plic! Plic! Plic!

Il sentit la présence rôder autour de lui à nouveau. Un rire lugubre et sombre retentit, lointain, mais en même temps très proche...Trop proche. Lindeniel hurla...

« QUI ETES VOUS? QUE SE PASSE-T-IL? »

Le rire continua quelques secondes, glaçant le sang de l'elfe qui n'osait plus bouger, guettant le moindre bruit, le moindre mouvement dans son champs de vision...Mais rien n'apparut, et il n'y avait aucun bruit hormis les gouttes de sang qui continuaient à tomber abondamment sur le sol. Une voix gutturale retentit alors...Il la connaissait, mais pas comme ça, pas avec ce timbre. C'était une voix d'outre-tombe, venue directement du royaume des morts... C'était la voix de son père...

« Tout ce qui t'arrive est de ta faute Lindeniel... C'est toi qui, en me tuant, a fait couler ton propre sang, le sang que je t'ai transmis. »

Ce faisant, le visage macabre de son père apparut devant lui comme dans une volute de fumée. Aucune couleur, juste des ombres. La transparence était de mise pour cet ectoplasme moralisateur. Lindeniel était figé. Il n'osait pas bouger, son corps le refusait. Le visage de l'esprit recommença à parler de sa voix sombre et venue des ténèbres.

« Tu dois payer pour ton acte, et je te le ferai payer...Jamais je n'aurai de cesse de te hanter! Jamais tu ne pourras te débarrasser de moi! En me tuant, tu t'es condamné à souffrir pour l'éternité! Jamais je ne partirai...Jamais... »

« NOOOOON »

le décor changea du tout au tout. Lindeniel était couché sur un drap ensanglanté, lequel recouvrait le corps de son défunt père, dont seule la tête dépassait. Il était de nouveau habillé, revétu de sa veste bleu roi en velours... C'était là qu'il s'était endormi... Et il croyait s'être réveillé...

(Ainsi donc ce n'était qu'un cauchemar?)

Il regarda le visage de son père, avec crainte... Ce qu'il venait de vivre lui semblait si...réel, et si abstrait en même temps...Il ne savait pas que penser...

Tout à coup, les yeux de son père s'ouvrirent tout grands, alors que Lindeniel était en train de se rassurer intérieurement. Les yeux étaient vides de tout, de vie, de mort. On ne pouvait rien y lire. Mais ils étaient terribles à voir. L'elfe blanc sursauta et se rabattit en arrière, se relevant prestement. Le cadavre était de nouveau sur le sol, inerte, les yeux fermés. Il ne comprenait pas...

C'est alors que le visage de l'esprit réapparut, juste devant lui, dans la chambre de son père...Lindeniel ne s'était pas réveillé, mais ça, il ne le savait pas...l'horreur envahit ses yeux lorsqu'il entendit la voix lugubre prononcer à nouveau sa sentence éternelle.

« Jamaiiiiiis »

La tête fondit sur lui, lui traversant le corps de part en part. Là où elle était passée, il y avait maintenant un trou carbonisé et fumant, au milieu du ventre de l'elfe. Le dégoût et la terreur l'avaient condamné à jamais...Il sentait la présence en lui.

Terrorisé, il s'évanouit, en entendant une dernière fois la voix...

« Jamaiiiis »

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Lindeniel Il Thirnasael, noble Hinïon dans la tourmente d'une quête onirique.

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 Sujet du message: Re: Les anciens RP de Lindeniel
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 20:08 
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