Tathar a écrit:
A peine sorti de la crypte, je tombe sur le reste du groupe qui semble bloqué par une porte à grosse serrure. Tiinis, voulant sans doute se la péter un peu après les reproches que j’ai pu lui faire dans la crypte, tire son épée et brise le loquet d’un coup net et précis, chose que j’aurai très bien pu faire, mais dont j’ai préférer m’abstenir. Il faut qu’il retrouve confiance en lui le petit homme masqué !
Tout se passant pour le mieux, la porte doit s’ouvrir aisément… seulement ce qui n’est pas prévu au programme, c’est le fait qu’elle pivote toute seule sur ses gonds, aidée par une aspiration qui en désarçonnerait plus d’un, laissant apparaître une petite pièce complètement vide ou presque ! Au centre de celle-ci, se tenant debout, un bâton à la main, une elfe blanche semble attendre, du moins jusqu'à ce qu’elle nous aperçoive.
Semblant calme au départ, elle ne tarde pas à entrer dans un état de rage presque démente, nous annonçant notre mort prochaine en jurant sur Rana, la déesse des vents, tandis que les courants d’air circulant dans la pièce se font de plus en plus pressant et intenses. Heureusement pour nous, cette sublime créature est une connaissance de Max et son nom nous est grandement familier puisque la personne qui se tient devant nous, prête à en découdre, n’est autre que Lassiria, l’une des huit mages élémentaires. 
Cependant mon enthousiasme retombe bien vite lorsque cette dernière n’hésite pas un instant à s’en prendre à Max qui venait en ami et qui se retrouve plaqué contre un mur sous la force dévastatrice d’un coup de vent. Evidemment Tiniis, ne trouvant rien de mieux à faire, fonce tête baissée sur notre adversaire pour lui aussi se retrouver au tapis.
« Bien joué, jeune fille !! Ahem, pardon… »
En définitive, nous étions quatre et nous nous retrouvons à deux, Ezak et moi, face à cette furie et sans le dernier coup de main de notre mage blanc national, qui brise le bâton de Lassiria, le combat n’aurait pas été une chose aisée. D’après le bavard, qui l’est beaucoup moins maintenant qu’il s’est complètement évanoui à l’aide d’un nouveau sort de l’elfe blanche, cette dernière n’est presque plus invincible sans son artefact de magicien… pourtant lorsqu’une épée de vent apparaît entre ses mains, je ne peux m’empêcher de lever un sourcil en signe d’étonnement. 
Et apparemment je ne suis pas le seul à me faire du mouron puisque Ezak se tourne vers moi en me demandant si j’ai un plan pour combattre la gracieuse elfe, m’annonçant également qu’il risque de déguerpir si on ne trouve rien. Ce qu’il ne sait pas, c’est que j’ai un léger petit tout mini problème avec la gente féminine… En effet, je suis et resterai éternellement intransigeant là-dessus, jamais, au grand jamais je ne frapperais une femme de ma vie, même si justement je risque de la perdre.
(Mon pauvre Ezak, je crois que tu vas devoir combattre seul… ma conscience m’int…Tilt ! ma conscience me l’interdit peut-être mais pas mon instinct !)
Ne perdant pas de temps, et profitant outrageusement du fait que Lassiria ait décidé de commencer par les plus faibles, je plonge ma main dans mon sac, tout en tirant Rosfaendil de son fourreau, à la rechercher du petit sachet de poudre qui m’avait été si utile contre les élémentaires des sous-sols de Hidirain. Après tout, une drogue permettant d’utiliser deux fois plus de magie, ce n’est pas inutile dans un combat pareil. 
« Tiens bon Ezak sniff J’arrive ! »
Le peu de poudre restant maintenant inhalé, je peux me lancer pleinement dans le combat, le jeune maître d’arme commençant à se faire amocher sérieusement. Malheureusement, je n’ai pas le temps de lancer mon sort de force de la bête que l’adversaire et sur moi, abattant violemment son épée sur moi. Voulant bloquer son assaut, je me retrouve dans la même situation que l’humain, à ceci près que je n’ai pas le torse totalement fendu mais seulement une jolie estafilade à l’épaule.
« Boudiou ! Si elle peut matérialiser et dématérialiser son arme à volonté, on n’est pas dans le caca !! »
La seule chose que nous pouvons faire, à mon grand dam, c’est d’esquiver, ce qui est pas mal basé sur la chance, et il n’est pas nouveau que je suis poissard comme pas deux ! Me laissant tomber au sol pour éviter un coup de taille, je m’apprête à déboîter le genou de l’elfe d’un grand coup de pied mais je me ravise rapidement… c’est une femme pardi !! Avec culpabilité, et surtout parce que je n’ai d’autre choix, je lui balaye plutôt les jambes pour la faire chuter sans trop de bobos, et profite du court instant dont je bénéficie pour faire enfin appel à ma magie et me laisser fondre dans la silhouette d’un grizzly enragé. Les effets de ce sort sont maintenant bien connus et mon corps se couvre rapidement de poils hirsutes et totalement mauves (ce qui donne un magnifique bisounours, n’est-ce pas !), la force dévastatrice de la bête sauvage (un bisounours? sauvage ? ) ne faisant plus qu’un avec moi. Bien entendu, c’est un effet non négligeable, mais le mieux, c’est tout de même l’instinct animal, cette magnifique chose qui fait que la créature va tout faire pour se protéger et détruire ce qui la menace sans aucune distinction.
A partir du moment où mon sort est lancé, le combat s’avère plus aisé, du moins pour ce qui est d’esquiver, car pour toucher cette maudite elfe, il faut en vouloir ! Elle est aussi vive que les courants d’air qu’elle maîtrise, ce qui à le don d’irriter la bête qui est en moi et qui ne demande qu’à planter ses griffes dans la chair fraîche. Alors que les échanges d’armes se font de plus ne plus violent, Ezak se décide à entrer de nouveau dans la danse pour… rater son coup, paré par l’épée venteuse de notre adversaire. Ce qui me laisse une magnifique ouverture dont l’ours grogneur ne se gêne pas pour profiter, flanquant un bon gros coup de patte en bonne et due forme dans l’omoplate qui s’offre à lui. 
Il est indéniable que l’elfe l’a senti passé, seulement Ezak et moi sentons aussi très bien le coup qu’elle nous envoie en retour : un de ces coup de vent dont elle a le secret et qui nous projette à tour de rôle contre un mur de la pièce. Malheureusement, les dégâts sont plus importants de mon coté car le mur est bien plus près et surtout car je retombe tête la première sur le sol, me retrouvant plié violemment contre le pavé, le souffle complètement coupé. La bête, après un choc pareil, ne peut s’empêcher de pousser un jappement de crainte devant un adversaire aussi fort et récalcitrant, cependant, sa vie est en jeu et elle ne l’abandonnera pas si facilement !
Me relevant avec peine, je jette un regard qui veut en dire long à ce jeune humain, qui lui au moins aurait fait une proie facile si il n’avait pas été de mon coté, et bien qu’aucun son ne soit sorti de ma bouche hormis un grognement sourd, le guerrier semble avoir compris où je veux en venir. L’instinct laissant quelques fractions de seconde la place à la conscience, je hurle « l’incantation » me permettant de libérer la seconde forme de mon arme qui, dans une explosion d’énergie, s’allonge pour se transformer en Naginata à la lame presque aussi longue que le manche. Les choses sérieuses étaient déjà bien lancées et mais elles le sont encore plus maintenant que mon arme est à sa pleine puissance. D’ailleurs, un sentiment grandissant de confiance prend place dans l’esprit sauvage qui ne fait plus qu’un avec mon corps, tous deux liés pour le temps du sort.
Nous élançant simultanément à l’attaque, tout semble parfait et une forte exaltation me chauffe le sang alors que nos armes, à Ezak et moi, vont frapper le corps d’albâtre de l’elfe. Malheureusement, l’elfe n’a aucun mal à éviter l’assaut qui pourtant ne lui laissait pas d’issue et les deux lames s’entrechoquent entre elles, sous le regard exorbité du guerrier. Un peu plus et nous nous entretuions, enfin… un peu plus et je tuais Ezak tandis que lui me faisait un petit trou dans la chair… L’instant de flottement qui suit cette déconfiture permet également à notre adversaire de placer une attaque qui elle aussi se veut imparable. Cependant, et c’est à croire que les animaux ont un sixième sens, je parviens à placer mon arme sous celle de l’elfe, réagissant au quart de tour à son action. Bien entendu, la lame de vent passe au travers de la mienne, mais cela me permet de découvrir un défaut à la technique de la magicienne : si son épée est immatérielle, ses bras eux sont toujours vulnérables et dans son mouvement elle parviens à s’entailler les chairs et également à entailler les miennes par la même occasion puisque c’était un peu le but de sa manœuvre.
Grossière erreur de la part de la femme, car qu’y a-t-il de plus dangereux qu’une bête malade ou blessée qui chercher à se protéger ? Me préparant à repasser à l’attaque, l’humain qui me sert de compagnon s’élance, profitant de l’ouverture donnée par l’elfe qui ne semble pas apprécier de s’être faite avoir. Notre ennemie ne laissant rien au hasard, c’est une masse d’air qui accueille Ezak et son coup est dévié vers la jambe de la lanceuse de sorts dans laquelle l’arme reste plantée tandis que le maître d’arme se fait lamentablement attraper. De mon coté, je me fais méchamment éjecter par une rafale de vent dévastatrice, percutant lourdement la paroi d’en face. 
Sonné par le choc, je reste affalé un moment contre le mur, observant d’un œil un peu vitreux le sort que l’elfe réserve à l’humain. Ce dernier se retrouve alors face contre terre, enfonçant le pavé de quelques millimètres puis se retrouve projeté dans ma direction, lame la première ! A cette vision, mes idées se font beaucoup plus clair d’un coup et je n’hésite pas un instant à lancer un sort de bouclier vert et croisant fort les doigt pour que l’incantation soit effective au moment où l’arme entrera en contact avec une quelconque partie de mon corps. Lâchant un soupir de soulagement, je sens l’acier entamer l’écorce qui remplace maintenant ma peau sans pour autant atteindre ma chair et mes tripes. Virant rapidement Ezak de sur moi et balançant l’épée au loin, je me redresse et plonge mes yeux dans ceux de mon adversaire pendant un court instant.
Il ne fait aucun doute que cette femme est l’adversaire le plus puissant que j’ai rencontré à ce jour, et ce combat est non sans me rappeler le rêve que j’ai fait juste après avoir vaincu la méduse, à ceci près que cette fois-ci la valkyrie n’est plus rousse mais blonde et maîtrise parfaitement son élément. Sentant quelque peu mes forces m’abandonnés, je prend conscience qu’il est plus que temps d’en finir avec elle sans quoi l’elfe se fera un plaisir de nous étriper, et pour vaincre quand le temps manque, tous les coups sont bon ! Faisant appel aux forces obscures coulant dans mes veines, je me prépare à lancer plusieurs sorts à la suite, pariant également sur la réaction d’Ezak à mon assaut de diversion. 
Brandissant mon naginata tout en concentrant la magie noire dans mes mains, ce qui demande un effort de concentration intense, je me lance à l’assaut pour me faire aisément parer, l’humain suivant le mouvement, exactement comme il le fallait. Servant d’appât pour la magicienne, le guerrier me laisse un petit laps de temps pendant lequel je prononce la formule me permettant d’exploiter les forces de Thimoros et ce n’est pas un mais trois souffles qui sont lancés simultanément pour venir pénétrer la poitrine de l’elfe, ne faisant aucun dégât apparent mais la blessant profondément. 
Ne voulant sans doute laisser un seul instant de répit à l’ennemie, Ezak tente une nouvelle fois de frapper pour se retrouver à nouveau projeté plus loin par un coup de vent. Si quelqu’un vient encore me faire braire avec cet élément, il risque d’avoir de méchants problèmes ! S’étant débarrassé de son adversaire actuel, l’ex-compagne de Max se tourne vers moi et me fait une démonstration de ses talents de bretteur en me balançant un enchaînement dont la plupart des coups atteignent leur but, faisant jaillir mon sang malgré la fourrure et l’écorce. L’espoir de vaincre n’étant déjà pas grand, il venait de s’envoler très loin de nous… 
C’est avec un regard effaré que je vois Ezak revenir à la charge, alors que son état laisse pourtant à désirer, pour une nouvelle fois être sauvé de justesse par quelques souffles de Thimoros placés au bon moment. Le choc est tel que l’elfe manque de tomber au sol, mais se retenant par je ne sais quel miracle cette dernière m’assène un coup qui m’aurait presque éventré si je n’avais eu mon bouclier vert. Etant presque aussi mal en point que la magicienne, je m’effondre (moi !  ) pas complètement à plat mais presque, reprenant mon souffle comme je peux et en profitant pour puiser dans mes réserves de magie verte et propager celle-ci dans le sol m’entourant. Etant totalement pavé, le « plancher » risque de poser quelques problèmes à mon sort, mais ce n’est pas ce qui l’empêchera d’entrer en action, surtout que les effets de la force de la bête commencent à se dissiper sans doute à cause du bon nombre de blessures qui couvrent mon corps. 
Attendant quelques instants avant de faire quoi que ce soit d’autre, je finis par utiliser une guérison verte lorsque mon sort précédent est prêt à frapper. Une lueur verte vient alors couvrir mes plaies et de petites pousses sortent de-ci de-là pour venir s’entrelacer au-dessus des trous sanglant, reformant la peau et la chair détruites par les coups. Il est temps de sauver Ezak !
Dans un craquement, deux lianes épaisse et résistantes sortent du sol près de moi et fondent sur l’elfe dont l’attention est fixée sur l’humain qui courre pour échapper aux sorts de l’adversaire. Prise au dépourvu, les deux plantes s’enroulent autour du corps de la magicienne, lui bloquant d’abord les bras et les jambes pour ensuite serpenter sur son torse et enfin s’enrouler autour de son cou telles des serpents. Le combat est terminé ! Enfin presque…
Me redressant et m’approchant de ma proie ligotée, je m’apprête à l’achever, brandissant ma lame de plusieurs pieds de long. Seulement, l’instinct animal qui m’animait n’est plus ou presque et l’hésitation fait place à la volonté de tuer. Aidé par Ezak, qui s’apprête lui aussi à frapper, j’abats mon arme vers le cou de l’elfe afin de lui éviter un maximum de souffrance, l’humain suivant mon mouvement. C’est alors que lorsque tout semble finit qu’une rafale de vent encore plus puissante que les précédentes empli la salle et nous projette tous trois comme des poupées de chiffons contre les divers murs de la pièce. Préférant se tuer elle-même, notre adversaire avait fait appel aux forces du désespoir pour lancer ce dernier sort… Pendant quelques instants, la conscience me quitte et lorsque je sors de mon pseudo-coma, je vois Ezak affalé dans un coin tandis que l’elfe gît au milieu de sa prison. Je suis le seul à être encore capable de faire le moindre geste, bien que je sois salement amoché, et c’est pourquoi je m’installe dans une position plus confortable, dos contre un mur, laissant divaguer mon esprit comme bon lui semble…
« Et ben ! N’empêche...qu’est-ce que ça aurait été si elle avait eu son bâton… »