Mes yeux pétillent un instant en regardant les réactions du quatuor à mes paroles, manifestement leurs pensées ne sont pas très loin des miennes en ce qui concerne notre opinion de ce sorcier de feu. Cependant, leurs yeux se voilent lorsque j’émet la volonté de me rendre sans plus tarder à Messaliah, et je ne peux que les comprendre. Je me sens coupable d’être cet oiseau de mauvaise augure et d’emmener ainsi une des leurs dans cette terre hostile ? Qui suis-je pour la mettre ainsi en danger ? Je me rappelle une soirée sous la tente, au coin du feu. Je n’avais que dix ou onze ans à l’époque et mon frère à peine un an de plus. Notre père était assis sur une chaise et observait les flamme, pensif, tandis que nous étions assis ou allongés sur le riche tapis. Je pense qu’il avait dû prendre une dure décision plus tôt, car il se tourna vers mon frère et lui tint ces mots « Mon fils. Souviens-toi que gouverner n’est pas un privilège, mais un devoir qui s’accompagne d’obligations envers les gens. Plus que quiconque, tu devras apprendre à mettre tes envies et tes volontés de côté pour servir au mieux ton peuple. Tu devras prendre des décisions difficiles, mais au final, il faudra toujours que cela bénéficie aux tiens et non à ta vanité. » Il tourna alors ses yeux d’un noir profond vers moi. « Toi aussi, ma fille, tu devras épouser un homme que tu ne connaîtras pas, mais qui apportera une alliance solide qui à son tour apportera de la stabilité à notre peuple. Puis, tu iras sur les terres de cet homme et c’est d’un nouveau peuple qu’il te faudra prendre soin, comme votre mère le fit avec le Kel Asheara. »
Ô père, comment auriez-vous pu imaginer ce qui arriverait aux nôtres ? Je n’ai pas épousé cet homme à qui j’étais promise, et c’est sur son visage fermé par la mort que je posai pour la première fois mes yeux. Mais il y a bien un peuple qu’il me faut protéger, même si ce n’est pas le mien, même si je ne connais pas ses habitudes, ni même ses coutumes, je me suis attachée à le préserver. Vos paroles, pères, étaient destinées à votre fils, mais c’est votre fille qui les entendit, et je prends cette décision difficile en espérant parvenir à sauvegarder cette femme et ce peuple que je me suis jurée de protéger. J’ai la conviction que cette action est nécessaire.
Mon visage s’est fermé à ces pensées, je le sais, mais je me réjouis des paroles de Zaria alors qu’elle accepte de prendre mon sabre et le donne à ses confrères en gage de son retour. Cependant, je ne puis m’empêcher d’entendre cette note funeste dans sa voix, que je n’espère pas augure. La mine sombre, je hoche la tête à l’adresse d’Ezereb et de ses paroles, pourvu que celles-ci soient augure.
Quant à Marthis, il annonce avoir confiance, et qu’il attendra mon retour. Oh, cher, cher Marthis !
Je siffle un coup dans mon sifflet et qui fait apparaître mon destrier des cieux sous les yeux ébahis du quatuor. J’invite Zaria à monter dessus avant de retourner auprès des hommes.
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Je ferai de mon mieux pour préserver Zaria des griffes laniaires du désert de feu, je vous le promet.Il n’y a là aucune assurance de notre sort, car je ne suis pas Cadi Yangin et le futur m’est voilé, seulement la volonté d’agir de mon mieux pour nous en faire sortir en vie. Sur un dernier hochement de tête, je rejoins la jeune femme et saute à mon tour en croupe.
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Cela risque d’agiter un peu, mais c’est normal, préviens-je Zaria comme si j’avais fait cela toute ma vie et que ce n’était pas que la seconde fois que je montais sur ce canasson.
Je me penche alors à l’oreille du cheval et lui murmure notre destination : Messaliah.
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Désolation. Voici les premiers mots qui me vient aux lèvres lorsque le cheval s’arrête dans l’antique cité au glorieux passé. De ce passé, il ne reste que des ruines à moitié recouvertes de sable, de débris et de poussière soulevée par le vent. Les rafales de chaleur torride entremêlée de grains de sable me fouettent le visage. Je n’avais jamais senti de telles chaleurs sur Yuimen, et à côté le désert d’Imiftil n’est qu’une brise fraîche printanière. Je soulève le masque qui accompagne cette magnifique armure, la Rédemption de Messaliah, et le fixe sur mon front. Il épouse parfaitement les formes de mon visage et recouvre ma bouche et mon nez tout en me permettant de respirer. J’espère me montrer digne de ramener cette armure dans la cité qu’elle a quittée si longtemps auparavant. Je soulève également la capuche de ma cape pour me protéger du soleil implacable en balayant les alentours du regard.
Désolation. De nouveau ce mot résonne dans mon esprit. Des pans de mur sont couchés à terre et l’on ne reconnaît guère plus le patron de cet amas informe. On n’y distingue plus de maisons, plus d’habitations, plus rien que ce souffle chaud et ces pierres éparses battues par les sables. Et ceci à perte de vue. Mes yeux se posent au loin et je distingue une lueur orangée qui enflamme l’horizon. Désert de Feu, n’est-ce pas. J’aurais préféré que ce nom soit simplement imagé. C’est pourtant un spectacle magnifique dans son horreur et je ne puis qu’imaginer les évènements qui ont apporté ce sort. Le Cadi Yangin n’avait peut-être pas tort, lorsqu’il disait Neo-Massaliah capable de se défendre face aux hordes d’Oaxaca, s’ils bénéficient d’un petit coup de pouce de l’Esprit qui a dévasté ces lieux. Pour peu qu’il le veuille.
Zaria s’approche de moi pour me souffler quelques mots, m’invitant à faire le moins de bruit possible car nul ne sait ce qui dort sous ces sables oubliés. Je hoche la tête en reportant les yeux sur ce qui nous entoure. Oui, nul ne sait ce qui dort sous ce sable. La jeune femme nous emmène à l’abri d’un pic rocheux un peu plus protégé du vent. Elle m’annonce alors qu’il nous faut atteindre la cité enfouie que le sable a presque entièrement recouvert, mais qu’elle n’en connaît pas l’accès. Je hoche de nouveau la tête avant de prendre la parole.
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J’aimerai jeter un coup d’œil à cet objet auparavant, dis-je en sortant la Clé de Sol.
Peut-être pourra-t-elle nous être d’une quelconque utilité. Je lance un coup d’œil aux alentours afin de vérifier qu’il n’y ait pas de danger et regarde l’étrange clef entre mes doigts, cherchant à en percer les secrets, l’observant sous toutes les coutures et tentant, même, de lui insuffler un peu de ce feu intérieur que je sens encore brûler dans mon cœur.
Si l'issue ne m'indique rien nous aidant dans notre tâche, je compte ensuite me mettre à la recherche d’une entrée ou d’une quelconque chose d’intérêt dans ce désert de pierres couchées, tout en gardant à l’esprit qu’un danger peut apparaître de toutes parts. Je compte également dire à Zaria que nous ne ferons pas l’erreur de nous séparer et que nous resterons ensemble.
(((Tentative d'identification de la clef.
Identification magique : 1/jour l'Enchanteur peut identifier un objet (Rune par exemple). Il a 3*[Niv]% de réussir l'identification, laquelle finit par réussir automatiquement au bout de 3 jours d'efforts. Pour que ça marche, il faut avoir un minimum de 1PM d'un élément au choix. La capacité ne consomme pas de PM par ailleurs.)))