Tout recroquevillé et bien emmitouflé dans sa cape de dissimulation, Fenouil sentit qu’on l’agrippa sous les aisselles tout juste avant de sombrer dans l’inconscience.
Ce fut ainsi que l’esprit du gobelin quitta la pièce sans qu’il sache que sa stratégie avait fonctionné. Le téléphone avait émis un son discordant et la créature apeurée s’en était allée retrouver sa petite famille dans la petite pièce reculée et isolée.
Altëa était désormais préservé d’une éventuelle attaque du papa protecteur, mais pour le gobelin…
c’était la fin…
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Ou le début !
Le gobelin se réveilla dans une caverne humide et à peine plus éclairée que la précédente, mais o combien plus vaste. Croyant que la mort était venue le chercher, c’est avec perplexité qu’il se leva, scrutant les alentours tout en portant machinalement sa main sur la plaie qui normalement devait l’affliger. Aucune douleur ne l’assaillait désormais et plus aucune trace du liquide vermeille ne maculait son cou. Ce liquide chaud qui quelques secondes plus tôt s’écoulait à flot au rythme régulier de son cœur semblait avoir repris la place qui lui était attitrée à savoir le corps frêle du jeune gobelin.
À quelques mètres devant lui, debout sur une estrade, se trouvait une femme au port de tête majestueux, vêtue d’une élégante robe d’un gris scintillant et arborant un masque à cornes dissimulant son visage. Tout en le regardant à son tour, elle l’informa qu’il était mort.
La mort ne lui ayant pas enlevé sa naïveté, il répliqua :
« Encore une fois ? » Il s’agissait en effet de la deuxième fois que le petit être vert mourrait. La première fois, il s’était donné en sacrifice afin de sauver l’âme d’un silnogure. Cette fois, sa mort n’était pas une conséquence de sa bonté ou de sa candeur, mais bien de sa curiosité.
Cette femme sans visage descendit les quelques marches qui la séparaient de lui tout en lui exposant sa proposition. Elle pouvait le renvoyer dans le monde des vivants sur sa terre natale, s’il tel était son désir. Il devait par contre se hâter à choisir puisque sa compagne tentait de le ranimer. Puis après un haussement d’épaules, elle se permit de tenter de l’influencer prétextant qu’il était trop pur pour être mêlé aux complots de Khynt.
Tout en réfléchissant, Fenouil ne pouvait quitter cette déesse des yeux. L’atmosphère réconfortante qui se dégageait de sa personne et qui envahissait tout ce qui se trouvait à sa proximité l’enivrait et dissipait tout doute quant à son nature.
Indécis, le gobelin se gratta d’abord la tête et ensuite son menton puis s’arrêta net, le sourire aux lèvres. Ce geste lui avait fait penser à Frank… Ce gardien qui avait la manie de se gratter la barbe. Il l’attendait et lui avait promis un si joli chapeau à son retour. Fenouil aimait ce qui était joli, et Altëa l’était beaucoup.
Sa décision prise, il se redressa les épaules, et la tête haute, il déclara solennellement :
« Mon choix est fait. Je retourne là où est ma place… auprès d’Altëa. »(((509 mots)))