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 Sujet du message: Le Campement du Désert
MessagePosté: Jeu 30 Oct 2008 18:16 
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Le Campement du Désert


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C'est un groupement de tentes où habitent les nomades du désert. L'emplacement de ce campement change constamment, d'où la difficulté de le trouver dans l'immensité du royaume des sables. Là, vous pourrez vous désaltérer et apprécier l'hospitalité de ce peuple des terres arides.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Lun 14 Mar 2016 17:51 
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La Cruche Cassée


Les lèvres. La toute première sensation d’un bédouin lorsqu’il s’éveille se concentre dans ses lèvres. La sécheresse de ses lèvres. Elles sont alors extrêmement douloureuse. Elles brûlent. Elles sont une déchirure pour le corps. Le désert est un voleur au large gosier qui boit toute l’eau. C’est ainsi que le nomment les êtres qui le peuplent.

Erica mâchait l’air brûlant entre ses lèvres sèches. Elle sentait son corps pesant, lourd comme un roc. Mais il y avait quelque chose par-dessus. Un autre corps, infiniment plus lourd. Elle sentait cette autre corps la presser, l’écraser de tout son poids, tel le soleil de plomb qui appuie sur le crâne des vieillards jusqu’à leur briser le dos, juste avant que leurs os deviennent poussière et se mêlent aux sables. L’autre corps ne bougeait pas. Un léger mouvement ; un rythme lent et doux. Une respiration. Erica garda les yeux fermés et rêva quelques instants.

Elle se souvenait de la respiration de sa mère, lorsqu’elle n’était qu’un bambin, et qu’elle dormait contre sa poitrine nue. Elle se rappelait de la chaleur de son souffle, de son parfum ; des notes de menthe, de piment, d’huile et l’odeur si particulière des lys blancs qui poussent autour des oasis. Elle se rappelait de la tendresse de la peau. La chair était tiède et tendre ; ses petites mains la pressaient instinctivement à la recherche d’un sein à téter.

L’autre corps bougea brusquement et Erica fut projetée d’un mètre, glissant hors des coussins, nue contre les tapis en peaux de chameaux. « ‘Rica ! Ma gorge me brûle ! Ramène moi de l’eau ! Maintenant ! ». L’haleine de Shirk était affreuse : il buvait chaque soir tant d’alcool que le matin sa bouche puait assez pour rivaliser avec celle d’un bœuf mort. Erica se dressa sur ses pieds, attrapa sa tunique de jute dans laquelle elle glissa comme un ver dans le sable, et couru dans la tente principale où étaient stockés les mets.

Elle se précipita sur la table basse où était posée une cruche pleine. Elle devait se hâter ; Shirk était impatient, surtout le matin. S’il elle tardait trop, elle risquait de se prendre des coups. Elle n’avait pas la force de les encaisser, pas ce matin, pas cette fois encore. La nuit avait été longue, insupportable…

« Espérons que tu finisses grosse cette fois-ci ! » Erica poussa un gémissement aigüe et lâcha dans le même temps la cruche d’eau qui vient se répandre au sol sur les tapisseries entassées sur le sable. « Tu n’es qu’une petite idiote ! Vois ce que tu as fais ! » hurla Adana en l’agrippant par la nuque et en la forçant à fixer la cruche vide par terre. Les morceaux de la poterie s’étaient dispersés dans la pièce ; un d’eux avait roulé jusque dans la tente conjugale d’où venait Erica. Shirk en sortit en grommelant. « Que se passe-t-il ici ? Répondez, femmes !
-C’est encore cette sale vermine ! Elle vient de briser la cruche qui contenait ton eau, noble mari ! Elle n’engendre rien et détruit tout ! siffla la vieille Adana entre ses dents, sa mâchoire se déformant pour tracer toutes les rides de son visage
-Qu’as-tu fait là, femme ?! Parle, je suis las de ces cris ridicules ! » ordonna Shirk de sa voix rauque et grasse. Erica tremblait de chaque fibre de son anatomie. Ses yeux, convulsifs, balayaient le sol. Elle mit machinalement ses mains sur sa poitrine comme pour se protéger. Elle sentait les battements frénétique de son cœur ; il cognait comme une bête folle qui veut fuir sa cage. « Parle ! ». Sa voix résonnait dans le crâne d’Erica. Elle porta une main hésitante sur son front et pressa sa tempe : « Je ne voulais pas. Pardon. Je ne voulais pas. »

Shirk soupira d’énervement et leva la main, prêt à l’abattre. Il marqua un long instant. Du coin de l’œil, Erica avait décrypté le moindre de ses mouvements : elle connaissait chaque parts de ce processus de punition. Elle avait tant reçu de coup qu’elle était maintenant en mesure de prévoir l’instant précis où la main entrerait en contact avec sa tête. Elle aurait pu aisément l’esquiver ; mais si elle agissait ainsi, elle en recevrait un nouveau, une fois tenue par les autres femmes…

« Ne frappe pas, noble mari. Ton poing est robuste, mais tes forces s’amenuisent avec la rigueur du temps. Si tu t’agite trop, tu fatigueras. » Shirk lança un regard noir à Adana. Sa vieille épouse, qui lui tenait lieu de mère adoptive, lui rendit cette froideur. Il baissa lentement la main et jura : « Méprisables femelles ! ». Erica poussa un gémissement d’effroi et s’écroula au sol, se roulant en boule pour sangloter. Elle ne parvint pas à pleurer. L’eau lui manquait.

« Quelle horreur. Une femme est faite pour créer. Non pour gâcher. Tu gâches tout, Erica. Tu gâches l’eau pour ton mari, et tes forces pour procréer. Tu es un gouffre, creux, qui nous aspire tous ! Shirk ! Toi qui es sage et bon avec tes femmes, gracier celle-ci serait condamner les autres. Par ses faiblesses, elle amoindrie nos forces. Lorsque la bête est malade, elle gangrène tout le troupeau. Et que fait le berger, si celui-ci tient à ses bêtes ? » Adana avait dit tout en caressant la barbe noire de son jeune mari. Elle lui flattait la mâchoire, déposant quelques baisers sur ses joues rondes et velues. « Tu parles toujours en énigme, femme ! Dis moi le fond de ta pensée, ou ferme ces lèvres à tout jamais ! ». Shirk était un homme d’action, un guerrier. Il ne supportait pas de devoir démêler le vrai du faux. Il ne comprenait que le langage clair et brutal du métal pénétrant la chair, du poing frappant l’os pour le rompre.

« Ce que je veux te dire, noble mari, c’est qu’il est grand temps de traiter ce problème. Cette femme ne sert à rien et coûte à tout. Elle vient de répandre ton eau, ton bien. Elle te doit cela ! Envoie la chercher l’eau qu’elle a perdue ! Qu’elle retourne au désert, celui qui dévore tout sans rien produire, comme elle ! cracha Adana faisant de grands gestes en direction d’Erica qui continuait de gémir, prostrée, le visage contre les tapisseries.

-L’oasis ? Oui… Cela devrait nous débarrasser d’elle pour quelques jours, le temps qu’elle rattrape la caravane, réfléchit à haute voix le jeune guerrier.

-Quelques jours ou pour toujours. Elle est maigre, mais le désert ne regarde pas à la consistance de ce qu’il avale…

-Pitié ! ». Ce cri avait été si strident qu’il sembla stopper la course du soleil au travers des cieux. Shirk baissa la tête vers sa jeune épouse. Adana l’imita. Erica s’était légèrement redressée et se tenait maintenant à genoux, les mains posées sur ses cuisses, la tête baissée en signe de soumission. Cette position, au fil des mois, s’était assimilée à sa nature propre, comme le fait de s’allonger pour dormir ou de s’asseoir pour manger. « L’oasis se trouve à trois heures de marche ; il m’en faudrait donc six pour faire l’aller et le retour. Il se trouve à la lisière du territoire des Skaats ; ils pourraient m’attaquer, me tuer. L’astre de feu pèse aujourd’hui, sans eau je rejoindrai les sables. Je ne serai plus que poussière… Pitié ! »

Shirk chercha dans le regard d’Adana son avis ; il n’y trouva que l’amère sécheresse des vieilles créatures qui, lasses de rêver sans pouvoir contempler, ont fini par se mêler aux démons qu’elles ont un temps combattu. Elle avait été l’épouse d’un grand guerrier, mais celui-ci était mort dans une guerre fratricide de position. Depuis, veuve et rendue stérile par la décision indiscutable de la nature, elle se vendait aux plus offrants comme conseillère en échange de la protection que pouvait lui garantir son état maritale. Elle vivait comme un parasite, ponctionnant la vie des bêtes qui avalaient ses enfants. Shirk détourna son regard d’elle et le darda sur Erica : « Il suffit. Adana a raison. Tu me coûtes, et tu ne me rapportes rien en retour. Vas. Reviens si tu le peux. Ou demeure. Peu m’en importe ! » lâcha t-il, avec la solennité de la hache tranchant une tête contre un pilori.

Erica se dressa sur ses fines jambes, attrapa une gourde de cuir hermétique, et couru hors de la tente. Si elle restait ici, les coups allaient pleuvoir. Dedans, elle mourrait à coup sûr. Dehors, il lui restait l’inestimable chance des héros ; celle qui trace une ligne blanche au travers des flots obscurs.

Elle ne stoppa pas sa course avant d’avoir distancé le campement nomade des bédouins. Lorsque le sable se substitua aux tapisseries amoncelées, elle se retourna doucement, presque malgré elle, attirée par une dernière contemplation de ce minuscule monde qu’elle ne reverrait peut-être jamais plus…

Elle avait grandit parmi ces triste sires du vide. Née d’un vieux couple ayant déjà pourvu la communauté de cinq hommes fiers et forts, elle ne fut jamais davantage qu’un reste, un ridicule point venant terminer maladroitement une phrase qu’elle n’avait pu écrire. Malingre, elle n’a que peu grandit, et ses saignements, preuves de la féminité chez les bédouins, ne s’étaient fait que ponctuels et peu abondants. Elle était un petit rien dans le grand rien.

Elle s’allongea dans le sable pour regarder le soleil un instant avant de le fuir pendant les trois prochaines heures. Ce terrible ennemi, qui inspirait tout le jour nos forces pour ne laisser qu’un soupir une fois la nuit venue, la narguait dans son ciel d’azur. Adana était comme le soleil : une vieille chose pesante. L’ancienne avait toujours haït Erica : elle distinguait en elle tous les potentiels de la jeunesse, toute la faculté d’entreprendre qu’elle avait perdu. Elle avait personnellement analyser la composition de ses menstruations et en avait conclu que la pauvre fertilité de la jeune femme. Depuis, à chaque frustration que ressentait l’aïeule, elle prévenait Shirk de la bonne harmonie des étoiles, et celui-ci s’empressait de violer sa jeune propriété pour en obtenir une progéniture. Combien de fois, sortant en larmes de la tente nuptiale, de ce tombeau où elle mourrait un peu plus à chaque passage, Erica n’avait dû contempler le sourire hideux d’Adana, assise là dans l’ombre, à l’écouter hurler de douleur en réponse aux violents coups de bassin que lui assaillait ce monstrueux amant ?


Non, elle ne reviendrait pas. Erica joignit ses mains sur son bas ventre. Plus jamais.

((( J’invite les amateurs à aller jeter un coup d’œil au chef d’œuvre de Jean-Baptiste Greuse, La Cruche Cassée dont je me suis partiellement inspiré pour rédiger ce premier RP)))

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Jeu 9 Nov 2017 15:56 
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Le soleil venait de se coucher et Jadaïn pu enfin s'éclipser de la réunion familiale, donnée en son honneur sous la kamara. Un banquet improvisé s'était rapidement formé et les plats étaient passés de mains en mains.

Chacun s'était remémoré le souvenir d'unions précédentes, avait parlé du bonheur du mariage, des enfants, de la joie d'un nouveau départ, blagué sur les frasques de certains nouveaux époux...

Seule Jadaïn ne semblait pas avoir le goût à la fête. Jadaïn et sa mère, qui la regardait avec quelques larmes dans les yeux, mais une grande chaleur dans le cœur.

Un mariage annonçait presque toujours une séparation. Les femmes rejoignant le plus souvent la caravane de leur mari. Et sa mère, même si elle se réjouissait de voir sa fille aînée prendre son envol et fonder une famille, ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la tristesse à la pensée de ne plus avoir sa première née à ses côtés.

A peine la jeune femme avait-elle repoussé les lourds pans de la kamara, que les larmes se mirent à couler sans qu'elle puisse les retenir. Repliée sur elle-même et priant pour ne croiser personne, elle prit le chemin des dunes, son seul refuge.

Ses pieds s'enfonçaient lourdement dans le sable et les faibles rayons de la première lune masquaient son désespoir aux possibles curieux. Elle marcha ainsi pendant quelques minutes, puis s'écroula, agitée de sanglots.

Elle se prit la tête entre les mains et pleura, pleura, jusqu'à épuiser tout le flot de ses larmes.

Alors seulement, la jeune fille remit-elle un peu d'ordre dans ses cheveux de jade et réajusta son drapé. Encore une fois, elle réalisait l'étendue de sa solitude.

Enfant, sa vie lui semblait pourtant si simple : Les jeux dans les dunes, entourée des autres bambins de la caravane ; les veillées au coin du feu, où les plus âgés racontaient des histoires héroïques ou d'autres légendes des steppes, où l'on dansait parfois au son des tambours, où l'on prenait le thé entouré des siens ; le montage et le démontage des kamaras, les tentes du désert ; les voyages monotones à dos de chameaux...

Il était arrivé, il est vrai, que leur caravane soit attaquée par des voleurs des sables, près à tout pour s'emparer des épices et autres denrées rentables. Mais les hommes de la tribu avaient toujours réussi à les mettre en déroute. En effet, malgré leur qualité principale de marchand, ils s'entraînaient régulièrement à la fronde, à la lance ou au sabre.

Par deux fois seulement, ils avaient perdu l'un des leurs. Les bien-aimés défunts avaient été pleurés une journée et une nuit, puis s'en étaient retournés aussi simplement qu'ils étaient venus aux vents du désert.

Son enfance avait été heureuse, oui.

Malheureusement, les années passant, elle était devenue la femme qu'elle était destinée à devenir. Finie l'insouciance, les jeux s'étaient estompés pour laisser place aux tâches qui lui étaient dévolues.

A présent, sa mère et les autres femmes ne manquaient pas de la rappeler à l'ordre, lorsqu'elle traînait trop près de la zone où s'entraînaient les hommes et les jeunes garçons. Cette attitude qui leur semblait auparavant une passade d'enfant, était devenue à leurs yeux une inclination déplacée.

Jadaïn avait tenté plus d'une fois de se dérober à son rôle. Mais, si ce n'était les femmes, c'était alors les hommes plus âgés qui lui lançaient des regards mauvais. Sa présence ayant aujourd'hui une fâcheuse tendance à déconcentrer les jeunes mâles.

Et c'était ainsi que tout était arrivé.

Un jour venteux, où elle avait une nouvelle fois décidé de prendre part à l'entraînement au bâton, son père fatigué et honteux de ses inconduites, l'avait assignée à rester sous la tente familiale pendant une lune entière.

La jeune fille avait pleuré en silence. Mais face à l'étendue de sa solitude intérieure, elle n'avait pu que se résigner. Le désert n'offrait pas d'alternative à l'être seul : tout être dépendait du groupe et le groupe de chaque être.

Elle avait donc nettoyé les casseroles, s'était occupée des plus jeunes, avait tissé des paniers coloré, tanné le cuir, préparé les repas, tressé les cheveux de ses sœurs et compagnes... Et avait récolté quelques taloches bien senties, lorsqu'elle avait fait mine de pointer le nez sous les lourds tissus de la kamara.

Quand enfin la nouvelle lune était arrivée, c'était son père en personne qui était venu la voir. Jadaïn attendait sa libération avec une impatience grandissante et son cœur battait nerveusement dans sa poitrine.

Sa mère, une femme à la taille marquée par plusieurs grossesse mais au yeux pétillants, lui avait fait signe de préparer le thé. Et pendant qu'elle s'affairait, il s'était assis sur les coussins, tout en fumant le narguilé, observant soigneusement chacun de ses gestes.

Elle n'avait pas tremblé. Elle lui avait apporté un bol fumant, avec toute l'assurance dont elle était capable, malgré la hâte qui l'habitait. Et ses yeux de feux, en signe de repentir, s'étaient baissés sous le regard aigu de son père.

Comme elle ployait la tête, il lui avait soudain pris le menton.

"Ma fille, je suis enfin fier."

Alors, elle avait osé lever le regard vers lui. Et comme elle s'était soumise à son examen, elle avait vu le sourire satisfait de sa moustache pointue, et des larmes lui étaient montées aux yeux.

"Ma fille, je suis fier. Tu t'es bien comportée et j'ai entendu du bien de toi."

Il avait alors hoché la tête, lui lâchant le menton. Puis, tout sourire, s'était adressé à sa femme et à l'assemblée toute proche, qui observait la scène à la dérobée :

"Mes amis, aujourd'hui, je suis fier. Car aujourd'hui, ma fille est prête. Elle va se marier !"

Des cris de joie et des claquements de langue avaient retenti dans toute la tente. Mais, quant au cœur de la jeune fille, il s'était serré dans un étaux glacé, un poignard venant de s'abattre sur sa tête.

C'était d'une oreille perdue, qu'elle avait entendu son père continuer :

"Mes amis, demain, nous nous rendrons à l'oasis d'Al Khefir, où nous rencontrerons l'heureux fiancé !"

Voilà où elle en était aujourd'hui, assise sur sa dune de sable qui s’enfuyait dans le vent. Parfois, elle se disait qu'elle aurait aimé le suivre et prendre son envol pour des contrées inconnues.

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Dernière édition par Jadaïn le Dim 12 Nov 2017 22:00, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Jeu 9 Nov 2017 18:25 
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Les jours suivant, la caravane avait repris son habituelle marche monotone. Jadaïn taciturne, se tenait à l'arrière, évitant de se mêler aux discussions. Son père menait le groupe en direction de l'oasis d'Al Khefir.

Comme toujours, ses jeunes frères la talonnaient en jouant aux guerriers. Armés d'os taillés sommairement, ils observaient les alentours, à la recherche d'un lézard ou d'un serpent à mettre en déroute.

Soudain, le plus âgé s'approcha de sa sœur.

"Jadaïn ?"

"Quoi ?"

"Tu sais, même si tu seras dans une autre caravane, avec ton mari, tu pourras toujours compter sur moi ! Et tu pourras m'envoyer tes garçons. Quand ils seront un peu grands, je leur apprendrai à se battre."

La jeune fille le regarda, un léger sourire naissant sur son visage. Le petit garçon n'était pas encore en âge de faire de telles déclarations. Et il n'aurait pas pu protéger grand monde, armé de son os mal taillé. Néanmoins, son torse bombé et ses yeux rassurants lui firent chaud au cœur.

C'était avec lui aussi, que parfois, elle s'entraînait encore à la fronde. Au fil des ans, ses compagnons de jeux, ceux qui avaient son âge, avaient peu à peu refusé de s'entraîner avec elle, se calquant sur l'attitude des plus âgés.

Mais son petit frère n'avait cure de telles conceptions. Ou peut-être était il encore trop jeune pour les avoir complètement assimilées.

"Merci, Artaïs."

Alors qu'elle l'entourait d'un bras et le serrait contre sa poitrine, des cris retentirent à l'avant de la caravane.

"Al Khefir ! Al Khefir ! L'oasis est en vue..."

Plusieurs membres exultèrent leur joie en faisant vibrer leur langue, ou en entonnant des chants de voyage. Dans le désert, l'arrivée en un lieu peuplé était toujours l'occasion d'un enthousiasme débordant.

Mais aujourd'hui, pour Jadaïn, ces cris de joies lui semblèrent plutôt sonner le glas d'un nouvel enchaînement. Elle ferma les yeux un instant, pour éviter aux larmes d'outre-passer une nouvelle fois la frontière de ses paupières.

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Dernière édition par Jadaïn le Dim 12 Nov 2017 17:19, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Jeu 9 Nov 2017 19:08 
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La caravane de leurs hôtes était déjà sur place. Et un homme à la barbe foisonnante, que la jeune femme reconnu comme était l'un des chefs des quatorze tribus de la contrée, s'avança à leur rencontre, entouré d'une demi-douzaine d'hommes bien battis.

"Kurtamil, mon ami !", s'exclama son père, à son arrivée.

Les deux hommes se donnèrent l'accolade et se mirent à échanger moultes nouvelles commerciales. Les mâles des deux tribus s'approchèrent et la conversation alla bon train.

Enfin, le signal fut donné d'approcher les chameaux de l'oasis. Et la troupe s'avança, déchargeant les tentes et les bagages à proximité du puit de pierres blanches.

L'eau était une denrée rare en ces lieux retirés, brûlés par le soleil. Et la première tâche en arrivant en un tel endroit, était toujours de refaire le plein de cette substance, essentielle à la survie.

Une fois les lourdes gourdes remplies, chacun vaqua à ses occupations. Monter les kamaras, désaltérer les chameaux, préparer le repas du soir... Nombreuses étaient les tâches avant la tombée de la nuit.

Jadaïn s'occupa au mieux, évitant de penser aux nombreux inconnus qui se tenaient à l'autre extrémité de la zone peuplée de palmiers et de dattiers. Elle se souvenait en avoir déjà vu certains, mais, cela restait vague. Sans doute l'un ou l'autre d'entre eux était-il déjà venu commercer avec son père.

Mais, jusqu'à présent, elle n'avait jamais prêté une grande attention aux allées et venues des hommes d'autres tribus. Bien souvent, ils restaient un jour ou deux, le temps d'établir quelques accords avec les anciens, puis repartaient aussitôt.

De temps en temps, c'était l'occasion d'une fête, où l'on jouait du tânbur, un instrument à corde qui animait les soirées contées. Mais, c'était plus généralement lors de la venue d'un parent éloigné.

Quand tous eurent enfin terminé de s'installer, la nuit s'était déjà étoilée et des feux de camps égaillaient l'oasis de leurs lueurs. En une impulsion commune, les deux peuples se rassemblèrent auprès du plus grand d'entre eux et femmes et hommes se mélangèrent.

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Dernière édition par Jadaïn le Dim 12 Nov 2017 17:24, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Jeu 9 Nov 2017 19:09 
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Jadaïn s'installa auprès de sa sœur et de sa mère. L'anxiété avait eu le temps de la gagner et elle ne pouvait s'empêcher de dévisager les membres de l'autre tribu. Elle se demandait quel était le visage de l'homme qui avait été choisi par son père. Elle repéra plusieurs jeunes gens occupés à se pousser du coude en la regardant et se demanda s'il s'agissait de l'un d'entre-eux.

Alors qu'elle croisait le regard d'un garçon hâlé, occupé à la dévisager, elle détourna aussitôt les yeux, se plongeant dans son bol de ragoût, comme s'il s'était s'agit d'une denrée inconnue. Elle sentit le rouge lui monter aux joues et son cœur s'emballer. Rien ne l'avait encore préparée à une telle situation.

Sa sœur qui avait remarqué son embarras la taquina :

"Tu crois que c'est le grand ? Celui qui a un début de moustache ?"

La jeune fille s'emporta pour masquer son désarroi.

"Mange ton bol et tais-toi, Ravina, j'écoute ce qui se dit là-bas..."

Sa jeune sœur s'esclaffa.

"Tu es amoureuse... Tu es amoureuse ! J'espère que ce sera lui, alors !"

Jadaïn haussa les épaules en signe de dédain et lui tourna le dos.

"Laisse ta sœur tranquille, Ravina. Un jour ce sera ton tour et tu n'aimeras pas que l'on t'ennuie de la sorte."

Comme sa mère intervenait auprès de ses filles, son père et le chef de l'autre tribu se levèrent. Ce dernier s'éclaircit la voix, et les conversations se turent.

L'homme a la barbe fournie portait un long manteau beige et un turban rouge. Il semblait avoir suivi les pistes du désert depuis si longtemps, que des rides marquaient les coins de ses yeux à force de les avoir plissés face au soleil.

"Chers amis, tout d'abord, merci d'être venus vous joindre à nous, aujourd'hui. Les voyages sont longs, dans le désert et c'est toujours un immense plaisir de se retrouver. Puisse encore longtemps exister d'aussi bons échanges entre nos deux tribus !"

Quelques exclamations d'assentiment accueillirent cette première déclaration.

Se tournant vers le père de Jadaïn, il continua :

"Aujourd'hui est un grand jour ! Nos tribus vont unir deux dès leurs, en un mariage qui rendra chacune plus forte et plus prospère. Mon ami Irsul nous amène sa fille aînée en gage d'amitié."

Disant cela, il désigna la jeune femme d'une main et tous les regards convergèrent vers elle. Jadaïn ne sût plus où se mettre et elle ramena pudiquement son voile devant son visage, ses yeux lançant des éclairs fasse à si peu de convenance.

Des sourires entendus naquirent sur les visages et Kuramil reprit :

"Mon neveu, ici présent prendra grand soin de sa nouvelle épouse. Artak est l'un de nos commerçant les plus prometteur, mais également un guerrier redoutable. Je suis fier de pouvoir aujourd'hui célébrer cette union !"

La jeune femme s'attendait à ce qu'ils soient tous deux appelés et elle sentit ses jambes trembler. Mais, le chef de Tribu n'en fit rien. Il désigna simplement son neveu de la main, comme il l'avait fait pour elle-même.

"Artak, je compte sur ta vigueur, ce soir. Ta jeunesse ne saurait faillir et je m'en réjouis !"

Des éclats de rire accueillirent cette boutade, puis d'un geste, chacun fut invité à reprendre son repas. Les conversations allant bon train.

L'attention à son égard étant un peu retombée, Jadaïn en profita pour détailler le jeune homme.

Grand et bien bâti, il portait un pantalon de toile beige et se trouvait torse nu. Il avait rejeté nonchalamment le drapé bleu qu'il portait sur ses épaules.

Un début de barbe châtain lui couvrait les joues et son nez aquilin lui donnaient un regard sûr de lui. Des amis ou des cousins l'entouraient et semblaient le taquiner lourdement.

Sa jeune soeur se pencha vers elle en faisant la moue.

"Je trouvais l'autre bien plus beau..."

Puis, elle haussa les épaules.

"Peut-être qu'un jour, ce sera moi qui l'épouserai."

Jadaïn se tourna vers elle, exaspérée.

"Tu n'as pas idée de ce que tu racontes ! Je ne le connais même pas et demain, nous serons mariés..."

Sa mère intervint.

"Il en a toujours été ainsi dans nos traditions. Mais, ton père ne t'a pas mariée au hasard. Ce jeune Artak est un très bon parti. Tu seras heureuse, je l'espère."

Disant cela, elle tenta de cacher une larme en l'essuyant tout aussitôt avec son voile.

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Dernière édition par Jadaïn le Jeu 9 Nov 2017 19:43, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Jeu 9 Nov 2017 19:42 
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La soirée continua, sans plus d'élément notable. Bientôt, les instruments firent leur apparition et les chants retentirent dans le désert. Certains improvisèrent des danses, d'autres se mirent à conter des histoires.

L'humeur était à la fête.

Après quelques heures, la mère de Jadaïn se sentit fatiguée et proposa à ses filles de rentrer sous leur kamara. La jeune femme saisit aussitôt cette occasion pour s'éclipser. Elle en avait plus qu'assez et ne rêvait que de retrouver sa solitude.

Après la déclaration du chef de tribu, pas une seule fois elle n'avait été à nouveau sollicitée. Néanmoins, tout le monde savait que la fête était en son honneur et en celui d'Artak. Et elle se sentait profondément mal à l'aise de n'avoir eu mot à dire à ce sujet.

Son destin était à présent scellé et elle ne pouvait y échapper.
Demain sans doute, on officialiserait leur union et elle aurait à vivre avec cet homme inconnu pour le restant de ses jours.

***

Les trois femmes rentrèrent sous leur tente après avoir salué quelques-unes de leurs consœurs au passage. Elle retirèrent leurs voiles et allumèrent deux lampes à huile pour s'éclairer dans la pénombre. Enfin, elles installèrent les peaux de chameaux pour la nuit.

Comme Jadaïn s'apprêtait à se glisser sous les couvertures, sa mère l'interpella.

"Ma belle, j'aimerais que tu ailles remplir cette cruche d'eau, avant de te coucher. Ton père aura tellement parlé ce soir, qu'il risque d'avoir le gosier à sec en rentrant."

La jeune femme sourit à l'allusion et prit la cruche qu'elle lui tendait. Elle s'apprêtait à sortir, lorsque la matriarche l'attira à elle et la serra fort contre son coeur.

"N'oublie jamais que je t'aime. Tu es ma première née, ma lumière... Et même si nous n'avons pas toujours été d'accord, je suis pleine d'amour pour toi. N'oublie pas ... Ton père et moi, nous ne voulons que le mieux pour toi."

Jadaïn lui rendit son étreinte avec force. Elle était loin d'être convaincue par les choix de ses parents. Mais elle devait se l'avouer, bien sûr, elle les aimait.

Sa mère enleva alors un bracelet de son bras et le tendit à la jeune fille. Aussi loin qu'elle s'en souvenait, elle avait toujours vu celui-ci au bras de sa génitrice.

"Tiens, ma fille... C'est le bracelet de ton arrière-grand-mère. Certainement a-t-il appartenu à sa mère avant elle. Je tiens à ce que tu le gardes toujours avec toi. Il te protégera, comme il a toujours protégé les femmes de notre lignée."

Jadaïn prit le bracelet et l'observa un instant. De bronze, il était muni d'une pierre turquoise en son centre, et des gravures multiples le parsemaient. Puis, elle se décida à le passer à son bras. Il était un peu grand, mais, elle pouvait le porter plus haut, cela n'avait pas d'importance.

Elle embrassa sa mère une nouvelle fois, puis sorti rapidement pour éviter les larmes.

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Dernière édition par Jadaïn le Dim 12 Nov 2017 17:22, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Jeu 9 Nov 2017 22:32 
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Comme elle ressortait de la tente familiale, munie de sa cruche, elle repensa aux événements de ces derniers jours. Ils étaient tellement éloignés de ses désirs les plus profonds. Pourquoi n'était-elle pas née, homme ? Tout aurait été si simple.

Elle aurait pu s'entraîner à la fronde, jouer de la dague, chasser, s'occuper des chameaux, partir en expédition dans le désert...

Au lieu de cela, elle allait se retrouver cantonnée au rôle attribué aux femmes. Sans doute s'occuperait-elle des chèvres, puisque la tribu des Salamandres en possédait une trentaine. Mais majoritairement, elle tisserait, préparerait les repas et serait enfermée dans le camp,... comme les autres.

Restait à espérer que ce Artak ne serait pas trop horrible. Elle ne s'imaginait pas mariée si tôt. Et elle avait bien du mal à envisager de partager la tente de cet homme inconnu.

Le cœur lourd, elle prit le chemin du puit de pierres blanches et tenta de retrouver, au mieux, son chemin dans la nuit. La lune n'en était pas encore à son premier quartier et il faisait bien sombre.

Soudain, elle sentit une présence derrière elle, un souffle dans son dos. Comme elle faisait mine de se retourner, elle sentit un bras se glisser autour de son cou. Elle tenta de crier, mais une main vint aussitôt étouffer sa voix.

"Chuuuut...", entendit-elle.

Elle continua de se débattre, mais la poigne était ferme et elle se retrouva bien vite la tête dans le sable.

On lui passa un foulard autour de la bouche, pour empêcher ses cris. Puis, on tira ses mains en arrière et elle se trouva ligotée par des liens serrés.

Un sac fut placé sur son visage et elle ne put plus rien voir de ce qui se passait. Elle eu beau s'agiter, elle se retrouva trimbalée comme un vieux paquet de linge sale.

Quelques instants plus tard, elle était jetée à plat ventre, en travers du dos d'un chameau.

Son ou ses ravisseurs prirent alors le large et ils crapahutèrent dans le désert pendant ce qui lui sembla une éternité. Les tressautements du chameau lui vrillaient l'estomac et plus d'une fois, elle crut qu'elle allait tomber. Mais, toujours, une main venait la rattraper.

Après un long moment, ce traitement prit fin. Elle sentit qu'on la ramenait à terre et elle se laissa faire.

Qu'aurait-elle pu faire d'autre, de toute façon ? Elle était en nage, elle était en rage et la peur lui serrait les entrailles.

Jamais encore, elle n'avait entendu parler d'un enlèvement au sein même d'un campement. Elle avait entendu maintes histoires horribles sur les traitements infligés aux captifs, par les voleurs du désert. Mais le campement était sensé être une zone sécurisée.

Soudain, on enleva le sac de son visage et elle sentit une lame se glisser entre les liens qui la retenaient.

Aussitôt ses mains libres, et sans prendre le temps de s'habituer à la faible lumière des étoiles, attrapa-t-elle la dague qui était cachée dans sa botte, le long de sa jambe.

La jeune femme, telle une lionne, bondit en avant pour s'éloigner au plus vite de ses agresseurs et se retourna pour leur faire face, sa dague prête à frapper.

"N'approchez pas !", avertit-elle d'une voix tendue.

Malgré l'injonction, l'inconnu qui lui faisait face fit deux pas en avant.

"Attends... Je..."

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Jeu 9 Nov 2017 23:14 
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Il n'en fallut pas plus. La dague décrivit une boucle large et érafla le bras de l'homme.

"Aie !!"

Celui-ci recula aussitôt et porta le regard sur sa blessure. Bougonnant dans sa barbe, il fonça alors comme une furie sur la jeune fille.

Celle-ci eu juste le temps de faire un pas de côté pour amoindrir le choc. Elle tenta alors de porter un coup à la machoire de son agresseur, qui échoua lamentable. Mais ceci eu au moins le mérite de le faire reculer.

Cependant, l'homme ne semblait pas avoir dit son dernier mot. Il esquissa un rapide pas de côté et envoya sa jambe droite balayer celle de la jeune femme.

Celle-ci chuta lourdement, une vive douleur derrière le genoux. L'inconnu se précipita alors sur elle et la fit tomber à la renverse, tentant d'immobiliser le bras qui tenait la dague.

Jadaïn fit mine de lui résister et de lui porter un coup fatal avec son arme. Mais une vive brûlure la fit pousser un cri. Le bracelet que lui avait offert sa mère émettait une chaleur telle qu'elle n'avait plus qu'un seul objectif en tête, s'en débarrasser.

Et ce n'est que dans une demi-conscience qu'elle senti le poing de l'homme s'abattre sur sa tempe.

Sa tête n'était à présent plus qu'à quelques centimètres de celle de Jadaïn. Et soudain, comme elle s'apprêtait à lui cracher à la figure, elle le reconnut.

"Toi ?"

Il relâcha un peu son emprise, tout en se redressant, mais prit soin de maintenir la main qui tenait la dague fermement.

"Oui, moi ! Mes cousins m'avaient prévenu... Mais jamais je n'aurais cru que tu étais une telle dragonne !"

Voyant qu'elle retrouvait peu à peu son calme, il se redressa prudemment et la jeune femme put s'asseoir.

Décidément, elle ne comprenait plus rien. Elle s'attendait à voir des brigands du pire acabit et voilà qu'elle se trouvait nez-à-nez... avec son futur époux !

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Dim 12 Nov 2017 16:19 
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La surprise passée, un profond malaise s'installa. Jadaïn se frotta la tempe.
Cet imbécile n'y avait pas été de main morte !

Elle reprit son souffle et balaya le sable qui lui collait aux cheveux. Son voile était tombé et sa tunique était couverte de poussière. Artak, quant à lui, s'était redressé et éloigné de quelques pas, réajustant la ceinture de cuir qui tenait ses pantalons de toile beige. Son regard fuyait dans le lointain pour revenir l'instant suivant sur la jeune femme. Lui aussi avait encore le souffle court et son turban était de travers.

Jadaïn s'insurgea.

"Qu'est-ce que tu veux ? Qu'est ce que c'est que ces méthodes de barbares ? J'ai bien cru que des voleurs des sables s'étaient immiscés dans le camp !! Tu es complètement insensé !"

Le jeune homme eut un instant l'air interloqué, puis, il se mit à rire pour lui-même en secouant la tête. Il avait l'air de trouver qu'elle gonflait les faits de manière outrancière.

"Tu trouves ça drôle ?", se récria la jeune femme. "J'aurais pu te tuer ! J'ai eu le temps d'avoir la frousse de ma vie... Je..."

"Mais, enfin... Il en a toujours été ainsi dans nos traditions !"

C'était au tour d'Artak de protester, à présent. Il ne semblait absolument pas comprendre ce qu'elle lui reprochait.

Il ajouta : "Et c'est toi qui a sorti la dague !"

Il observa l'estafilade sur son bras avec une once de reproche dans les yeux.

La jeune femme avait bien du mal à remettre ses idées en place. Les traditions ? Mais quelles traditions ? Elle ne se souvenait pas qu'une jeune femme ait été enlevée de la sorte par son futur époux !

Il fallait avouer que, préoccupée par ses propres désirs guerriers, elle n'avait jamais pensé au mariage. Et elle n'avait donc porté que très peu d'attention aux intérêts féminins.

En effet, elle passait plus de temps à trouver des moments solitaires pour s'entraîner à la fronde, qu'à se mêler aux conversations des autres jeunes filles. Elle les trouvait d'ailleurs sans intérêt.

Le jeune homme avait cependant l'air sûr de son fait et Jadaïn prit un moment pour le détailler. Il était bien bâti et devait la dépasser d'une bonne demi-tête. Ses traits, étaient ceux du désert, taillés à la serpe. La nuit l'empêchait de l'observer plus avant, mais, elle ne put s'empêcher de remarquer son nez aquilin qui lui donnait un profil d'aigle.

Brusquement, tout se remit en place dans son esprit. L'accolade émotionnée de sa mère, le cadeau soudain du bracelet de sa grand-mère... L'excuse de l'eau à aller chercher au puit.

Tout avait été planifié, manigancé, orchestré... Avec l'aide de sa propre mère.

Elle eut soudain la sensation d'une immense trahison et toute force sembla la quitter. Un immense sentiment d'abandon l'envahit.

Artak restait là, mal à l'aise face aux déclarations de la jeune femme, le regard perdu et ne sachant quelle posture adopter. Ses cousins lui avaient donné moult conseils sur comment procéder... Mais, face à l'attitude surprenante de Jadaïn, il se sentit soudain complètement perdu.

Malgré tout, après quelques instants de réflexion, il prit conscience de l'état de sa compagne. Il s'approcha prudemment et tendit une main vers l’œil de la jeune femme. Celui-ci avait sensiblement enflé.

"Je t'ai bien amochée aussi...", avança-t-il l'air contrit.

Tout à son désarroi, la jeune femme n'eut pas l'air de saisir tout de suite de quoi il parlait. Mais, elle finit par porter une main à son visage pour palper sa blessure. Ça cognait fort.

"Oui, c'est le moins qu'on puisse dire.", répondit-elle d'un ton las.

Prenant soudain conscience que la température du désert avait fortement baissé, Artak se leva et se dirigea vers le chameau. Il le débarrassa des immenses paniers qui pesaient à ses flancs, puis, il l'entrava à l'aide d'une corde.

Il sorti ensuite une couverture épaisse qu'il tendit à la jeune femme. Elle prit alors conscience du froid qui s'insinuait dans ses muscles et la prit de mauvaise grâce.

Artak fit mine d'ignorer son attitude et sortit des paquetages de quoi faire un feu : quelques bouses séchées, de l'amadou et les deux précieux silex qui ne quittaient jamais sa ceinture.

Habitué aux expéditions en plein désert, il ne mit pas longtemps à faire jaillir quelques étincelles qui vinrent embraser les fibres séchées. Peu à peu, les flammes vinrent lécher les bouses de chameaux et une douce chaleur se dégagea du foyer.

Normalement, ils auraient du faire le feu ensemble. Mais, rien ne semblait se passer normalement. Le jeune homme soupira. Décidément, le choix de son oncle n'était peut-être pas aussi fabuleux que ce qu'il avait espéré. Il regarda la jeune femme. Elle était belle, mais elle risquait de lui donner bien plus de fil à retordre qu'il ne l'avait escompté.

Emmitouflée dans l'immense couverture, Jadaïn retrouva d’ailleurs ses esprits.

"Ca suffit, maintenant. Je veux rentrer au camp. Ramène moi !", dit-elle en se relevant.

Artak contempla les flammes d'un air morose.

"Je ne peux pas.", dit-il d'une voix tendue. Sa mâchoire crispée ne présageait rien de bon.

La jeune femme s'avança pourtant d'un pas décidé, vers le cercle de lumière.

"Comment ça, tu ne peux pas ? Éteints ce feu et ramène moi ! C'est très simple."

Elle vint se planter juste en face de lui, son regard jetait à présent des éclairs. Elle ne pensait plus qu'à une chose, retrouver sa mère et lui dire sa façon de penser. Elle n'épouserait certainement pas cet homme. Une fois qu'elle leur aurait raconté l'attitude dont il avait fait montre à son égard, même son père serait obligé de changer d'avis. Et ce, peu importe les échanges commerciaux juteux qu'il aurait pu établir.

Artak leva les yeux et Jadaïn crut y percevoir une insondable tristesse. Décidément, cet homme était vraiment difficile à suivre.

"Je ne peux pas te ramener. En tout cas, pas ce soir, ni demain d'ailleurs. Nous sommes sensés passer ce premier quartier de lune ensemble."

Jadaïn resta prostrée un instant. Elle ne pouvait détacher ses yeux du visage du jeune homme, comme si elle cherchait dans ses traits le mensonge caché. Elle hésitait à le croire. Pourtant, quelque chose au fond d'elle, comme une mémoire enfouie lui disait qu'il disait la vérité.

Effondrée, elle se laissa tomber au coin du feu et se prit la tête entre les mains.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Lun 13 Nov 2017 08:47 
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Comme elle restait prostrée, Artak décida qu'il lui revenait de prendre les choses en main. Il se leva et tira les lourds tissus de la petite kamara qu'il avait emmenée.

Puis, se tournant vers la jeune fille qui n'avait toujours pas bougé, il dit doucement :

"Écoute, ce soir, en tout cas, nous sommes obligés de dormir ici. Aide-moi, s'il-te-plaît..."

Il prononça ces trois derniers mots avec difficulté. Ce n'était pas l'habitude des hommes du désert de mettre les formes. Chacun avait des tâches précises et chacun faisait simplement ce qu'il avait à faire. La reconnaissance ou la joie pouvaient être de mise lors de situations qui sortaient de l'ordinaire. Mais la demande du jeune homme ressemblait plus à une supplication.

C'est sans doute cela qui ammena Jadaïn à lever la tête. Alors, elle le vit tel qu'il était : sans doute aussi désemparé qu'elle face à la situation.

Elle se leva sans énergie mais s'approcha néanmoins des lourds tissus. Elle attrapa un côté et étira la toile. Ces gestes lui étaient familiers. Seule la taille de la kamara était sensiblement moins importante.

Sans mot dire, il placèrent les pieux, puis étalèrent les peaux qui servaient à l'isolation du sol. Ensuite, il étirèrent les lourds tissus. Ils placèrent les paniers sur la circonférence intérieure et les pans trouvèrent bientôt leur place.

Leur tâche accomplie, il revinrent s'asseoir autour du feu. Malgré tout, le malaise persistait et chacun s'abîma dans la contemplation des flammes.

Jadaïn ruminait le choix posé par ses parents et se demandait comment sortir de cette situation imposée. Une chose était certaine, fuir seule dans le désert était voué à l'échec.

Elle avait une certaine confiance en ses capacités de survie, pour peu qu'elle "emprunte" un chameau et s'arme avant son départ, c'était sans doute possible.

Mais, partir seule pour une femme signifiait prendre le risque de tomber sous la coupe d'autres hommes, qui n'auraient certainement pas la même prévenance qu'une tribu amie de sa famille. Et comme pour tout voyageur, c'était aussi risquer de rencontrer des voleurs des sables, une troupe de hyènes, de mourir de soif, d'être piquée par un scorpion ou un serpent...

De plus, s'était accepter de ne jamais revoir ses frères et sa soeur. De ne plus revoir ses proches...

Seul, c'était seul.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Lun 13 Nov 2017 18:00 
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La nuit devenait de plus en plus glacial, mais ni Artak, ni Jadaïn ne parvenaient à se décider à rentrer sous la tente.

Le jeune homme prit la décision de briser le silence.

"Peut-être pourrais-tu nous préparer du thé ?"

Ce n'était de toute évidence pas la bonne approche. Jadaïn lui lança un regard noir et lui répondit avec cynisme :

"Ah oui, j'oubliais, les femmes font à manger. Les hommes se battent, s'occupent des chameaux, assurent la sécurité..."

Artak l'observa soudain avec beaucoup de curiosité. Ses yeux verts, qui brillaient sous la lumière des flammes, son regard frondeur, ses cheveux de jais. Mais c'est surtout son expression qui retint son attention. Elle donnait le sentiment d'en vouloir à la terre entière.

Il prit un temps avant de lui répondre, toutes ses précédentes approches étaient apparues comme veines. Pourtant, ils allaient devoir s'apprivoiser, il en avait conscience. La tribu les attendait à leur retour comme un couple définitivement marié. Et une chose était sûre, il était hors de question qu'il perde la face. Jadaïn ne semblait pourtant pas prête à accepter cet état de fait.

Il souffla et reprit sur un ton beaucoup moins sympathique. Sa patience semblait avoir atteint ses limites.

"Ecoute moi bien, j'ai été gentil avec toi. Je n'ai pas voulu te brusquer. Mais, puisque tu es à présent mon épouse, tu vas avoir à m'obéir ! Et cela, que tu le veuilles ou non. Il en a toujours été ainsi."

La jeune femme se raidit. Aussitôt, elle porta une main à la garde de sa dague, sans le quitter des yeux. S'il osait lever à nouveau la main sur elle, il le paierait cher !

Voyant son geste, ses traits se durcirent.

"Ah oui, j'oubliais... Tu aimes te battre comme une lionne en chaleur ! Mais, cette fois, tu ne t'en sortiras pas aussi bien. Tu veux être comme un homme, mais tu es une femme et tu resteras une femme que tu le veuilles ou non. Tu ne peux pas lutter contre moi indéfiniment."

A part son père, jamais personne n'avait osé la traiter de la sorte et Jadaïn sentit une colère sourde monter en elle. Ses mâchoires se serrèrent, alors qu'une part d'elle-même aurait voulu pleurer de rage.

Elle savait qu'il n'avait pas complètement tord. Jamais elle n'égalerait la force physique des hommes de la tribu. Elle s'en était rendue compte assez souvent lors de ses échanges avec les autres garçons du campement. Pourtant, elle était d'une précision incroyable à la fronde. Et peu d'hommes pouvaient rivaliser avec elle. D'ailleurs, ils préféraient généralement les armes de proximité ou les lances, qui leur semblaient sans doute bien plus viriles.

"Qu'est-ce que tu vas faire ? Me battre ?", demanda-t-elle avec arrogance.

La tension entre les deux jeunes gens était palpable. Jadaïn avait les yeux plantés dans ceux d'Artak et ni l'un ni l'autre ne voulait céder. Leurs corps étaient sous tension et la main de la jeune femme était toujours sur l'arme à sa ceinture.

Soudain, elle décida qu'elle en avait assez. Et sans que le jeune homme n'ait le temps d'esquisser le moindre geste, elle se releva, prit sa couverture et se dirigea d'un pas décidé vers la tente.

"Attends, tu n'as pas à me tourner le dos de la sorte !", lui ordonna-t-il.

Jadaïn n'en avait cure, elle avait pris sa décision. En deux enjambées, elle eut rejoint l'entrée de la tente. Artak venait de se lever à son tour et s'apprêtait à la rattraper.

Elle se tourna alors vers lui et brandissant la dague à hauteur de sa propre gorge, elle lui dit :

"Ordonne à qui tu veux, mais pas à moi. Et si tu t'avises de me toucher cette nuit, je t'assure que toute femme que je suis, tu t'en repentiras !"

Disant cela, elle pénétra dans la kamara et la toile se rabattit derrière elle. Aussitôt, elle jeta la peau dans un coin et s'accroupit sur celle-ci. Il faisait sombre à l'intérieur et elle tenta d'accoutumer ses yeux au plus vite, attendant l'arrivée du jeune homme, prête à bondir si c'était nécessaire.

Elle tendit l'oreille, mais rien ne vint. Aurait-il compris ?

Un long moment passa.

Perdant patience, la jeune femme rangea son arme et approcha silencieusement de l'entrée de la tente. Elle écarta doucement le lourd tissu et jeta un œil à l'extérieur. Artak était retourné près du feu. Il avait le dos voûté et la tête entre les mains.

Jadaïn eut soudain pitié de lui. Il était odieux, il ne la comprenait pas et s'était comporté comme un rustre. C'était certain. Néanmoins, elle se mit soudainement à sa place. Qu'aurait-elle fait ?

Sans doute ce jeune homme avait-il espéré trouver une femme qui l'attendrait au retour de ses prochaines expéditions avec une casserole de soupe à la main. Sans doute avait-il pensé aux futurs enfants qu'il aurait avec elle. Peut-être avait-il rêvé des douceurs qu'ils échangeraient sous le ciel étoilé.

Un sentiment de honte l'envahit. Elle n'était pas normale, elle n'y pouvait rien, mais lui encore moins.

Abattue, elle se dirigea vers sa couche. Par prudence, elle la plaça au plus près de la paroi et s'allongea. Elle ramena les peaux de chameaux à elle et continua d'écouter le crépitement du feu. Ses pensées ne cessaient de tourner en tout sens.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Lun 13 Nov 2017 20:24 
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Elle ne dormit pas beaucoup cette nuit là. A chaque fois qu'elle sombrait dans les songes, le moindre tressaillement de la toile venait la réveiller. Et son esprit, de plus bel, reprenait son tourbillon de pensées dérangeantes.

Elle se sentait prise au piège de sa propre vie, incapable d'en décider autrement.

Lorsque les premiers rayons du jour filtrèrent sous les tissus de la tente, elle se leva. Elle n'avait, certes pas, digéré la situation. Mais, elle avait décidé de s'y résoudre pour un temps, espérant trouver un échappatoire dans les jours à venir. En attendant, Artak avait raison, il ne servait à rien de résister. Parfois, un combat nécessitait de faire un pas en arrière pour trouver une faille.

Elle tira délicatement le pan de toile qui couvrait l'entrée et jeta un oeil à l'extérieur.

Artak était enroulé dans ses peaux de chameaux, à côté du foyer. De celui-ci ne se dégageait plus qu'un mince filet de fumée. Elle se glissa à l'extérieur et inspira l'air sec du désert. Les premiers rayons du soleil venaient caresser les dunes et la température montait rapidement. Au loin, un oiseau de proie était en vol stationnaire. Sans doute avait-il repéré un repas intéressant.

La jeune femme ouvrit complètement la kamara en rabattant le pan d'entrée et retourna à l'intérieur. Elle se mit à farfouiller dans les immenses paniers. Et enfin, elle trouva les vivres.

Elle les plaça dans un plus petit contenant. Puis, elle saisit une lourde casserole, ramassa l'une des gourdes et revint sur ses pas. Artak dormait toujours. Elle eut un léger pincement au cœur en le regardant. Elle se rappelait cette statue prostrée, qu'elle avait observée la veille depuis la tente. Il avait du avoir bien froid, cette nuit.

Haussant les épaules, elle décida, qu'après tout, il l'avait bien cherché.

S'approchant du foyer, elle déposa ses trouvailles et entreprit de ranimer le feu. Elle ajouta quelques bouses séchées. Puis, à l'aide de son souffle et de brindilles, elle raviva les flammes.

Au moins, le feu n'était il pas le privilège des hommes ! Il était un élément important à la survie. Moins que l'eau, bien sûr, mais néanmoins important. Et chacun apprenait dans l'enfance à l'animer.

Quand elle fut satisfaite de l'ampleur qu'il avait prise, elle y plaça la casserole. Elle versa ensuite l'eau et attendit qu'elle bouille avant d'ajouter le millet.

C'est le moment qu'Artak choisit pour bouger sous ses couvertures. Il ouvrit un œil et la regarda s'affairer, l'air dubitatif.

Sans se préoccuper du jeune homme, Jadaïn continua sa préparation. Quand le millet eut absorbé toute l'eau présente dans la casserole, elle la retira du feu. Et à l'aide d'une spatule en bois, elle entreprit d'en retirer des boules de pâte qu'elle plaça dans la cendre. Ce n'était pas chose facile car la substance était brûlante. Mais, sans gémir elle s'attela à la tâche.

Artak en profita pour se lever et aller soulager un besoin naturel. Son air gauche la fit sourire, mais elle reprit bien vite une façade impénétrable. Or de question qu'il trouve sa faille à elle !

Quand il revint, les galettes étaient prêtes. Jadaïn, sans mot dire lui désigna le panier dans lequel elle les avait placées. Elle même se servit et mordit à belles dents dans le pain chaud.

Sa mère en préparait de meilleures. Néanmoins, elle était tout de même très fière du résultat. Et encore plus de la mine éberluée de son compagnon.

En prenant une première bouchée du met préparé par Jadaïn, il eut l'air satisfait.

"Ne crois pas que je vais plier l'échine...", avertit la jeune femme, "Mais, je suppose que nous pouvons au moins cohabiter sans nous déchirer."

Le jeune homme, après un instant de flottement, hocha la tête et continua de manger en silence. Quand ils eurent terminé leur repas, Jadaïn alla chercher de quoi faire du thé. Mais, encore une fois, elle le laissa se servir par lui-même quand il fut prêt.

Artak se frotta la barbe et regarda soudain la jeune fille sans ciller.

"Ta mère, ta sœur, tes cousines... Vraiment ? Personne ne t'avait soufflé mot de nos traditions concernant l'enlèvement ?"

Se sentant un peu bête, Jadaïn prit une poignée de sable qu'elle laissa filtrer doucement dans sa main.

"Non... Personne...", dit-elle dans un souffle triste.

"... Désolé... Je ne voulais vraiment pas t'effrayer. Si j'avais su, j'aurais fait cela autrement."

La nuit semblait également avoir été porteuse de maintes réflexions pour le jeune homme. Et Jadaïn se dit que peut-être, oui... ils pourraient y arriver.

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Dernière édition par Jadaïn le Ven 17 Nov 2017 11:58, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Lun 13 Nov 2017 21:18 
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Deux jours s'étaient passés, depuis leur première nuit mouvementée dans le désert.

Selon les indications d'Artak, ils avaient pris la direction de l'oasis centrale et du temple de Toumlanayh. Toujours selon les traditions, il semblait qu'ils doivent rendre hommage, ensemble, au dieu du désert et de la vie.

Après avoir parcouru des lieues ensablées, ils étaient à présent dans une zone au sol rocailleux. De grands monticules de pierre leur masquaient parfois l'horizon et Jadaïn trouvait la chaleur beaucoup plus rude en ce milieu.

Ils avaient pris un rythme de vie qui leur était propre. Artak ouvrait la marche, suivi de Jadaïn et du chameau. Lors de leurs haltes, ils dressaient la kamara ensemble. Le jeune homme allumait le feu, la jeune femme préparait un repas lorsque c'était nécessaire et chacun se servait par lui-même.

Comme le soleil arrivait à son Zenith, Artak proposa une halte. Il montèrent sommairement la tente et s'abritèrent des rayons ardents.

Ces deux derniers jours, Jadaïn en avait appris un peu plus au sujet du jeune homme. Et ce, même si leurs conversations restaient succintes.

Il était le neveu du chef de la tribu des Salamandres et son oncle s'était occupé de lui comme de l'un de ses fils. En effet, le père d'Artak était mort lorsqu'il était à peine en âge de marcher. Parti en éclaireur, il n'était jamais rentré au campement. Quelques jours plus tard, on avait trouvé les traces de voleurs du désert et on avait supposé qu'il était tombé dans un traquenard.

Évidemment, sa mère avait du se remarier, mais l'homme qui la prit sous sa protection avait déjà une première épouse à laquelle il était très attaché. Elle lui avait donné deux fils. Et par conséquent, il n'avait jamais ressenti le besoin de s'occuper outre mesure de ce nouveau fils qui n'était pas le sien.

Artak avait donc grandi sous la tutelle de son oncle, entouré plus souvent par ses cousins que par ses demi-frères plus âgés.

"Dans combien de jours serons-nous au temple ?", demanda Jadaïn.

Le jeune homme réfléchit un instant en se grattant la barbe.

"Demain, je pense... "

Puis, observant son oeil qui n'avait pas désenflé, il ajouta en désignant celui-ci du doigt :

"Ce sera l'occasion de te faire soigner."

Effectivement, cet oeil commençait à fatiguer grandement la jeune femme. À chaque pas, elle sentait les battements de son cœur dans celui-ci et la douleur n'avait pas diminué. De plus, cela l'empêchair d'avoir une visibilité complète.

Heureusement que l'autre oeil n'avait pas été touché.

Comme le soleil était de toute façon trop brulant pour marcher, Jadaïn s'allongea. Ils s'étaient levés bien avant l'astre lumineux et la fatigue se faisait ressentir.

Artak fit de même à l'autre bout de la tente.

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 Sujet du message: Re: Le Campement du Désert
MessagePosté: Jeu 16 Nov 2017 09:53 
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Lorsque la jeune femme se réveilla, elle constata qu'il était déjà debout. Elle fouilla l'un des grands paniers et sortit de quoi faire chauffer de l'eau. Sans doute le jeune homme avait il déjà allumé un feu.

Ensuite, ils pourraient repartir et marcheraient jusqu'à la tombée de la nuit.

Munie du nécessaire, elle écarta le pan ouvrant la kamara et sortit.

Artak n'était pas en vue et le chameau était couché tranquillement à côté de la tente, mâchant les herbes sèchent qui faisaient partie de leur bagage.

"Artak ?"

Elle appela plusieurs fois, mais n'obtint pas de réponse. Seul l'écho sur les rochers retentit. Elle alluma le feu et mit l'eau à chauffer.

Un long moment passa. Puis, elle se servit une tasse de thé brulant. Toujours pas de traces du jeune homme...

Elle devait se l'avouer, elle commençait à s'inquiéter. Jamais, elle ne s'était trouvée seule aussi longtemps dans le désert. Pourtant, il n'avait pas pu aller bien loin, sans vivres et sans eau.

Elle rangea sa tasse et prit soudain la décision de partir à sa recherche. Elle rabattit les pans de toile de la tente, vérifia que sa fronde et sa dague étaient à sa ceinture et se munit d'une gourde légère, dont elle passa la corde à son épaule.

Dans quelle direction avait-il pu partir ? Repérer des traces sur ce sol rocailleux n'était pas une mince affaire. Heureusement, par endroit, le vent avait entassé des monticules de sable et elle finit par trouver la direction qu'il avait apparemment prise.

Patiemment, elle avança entre les rochers, tous ses sens aux aguets. Elle pensa plus d'une fois à crier son nom. Mais dans le désert, on apprenait très tôt, qu'une telle attitude était dangereuse.

Le soleil déclinait et la nuit ne tarderait plus à tomber, à présent. La jeune femme hésitait à faire demi-tour. Peut-être Artak était-il, en fait, déjà rentré au campement.

Elle s'apprêtait à faire demi-tour, lorsqu'elle le vit.

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Dernière édition par Jadaïn le Ven 17 Nov 2017 12:16, édité 3 fois.

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