Acculé dans le tunnel, perdu dans mes contreforts personnels, je sentais la fin venir promptement. La puissance de cette créature dépassée en tout ce que j’avais pu croiser jusque-là, cette force élémentaire venue tout droit de ce monde parallèle. J’étais terrifié, anéanti par ce mal qui me rongeait les sangs, par cette créature démoniaque, par cet univers qui m’entourait. Les forces maléfiques n’avaient de cesse de me tourmenter. J’avais l’impression de ressentir toutes les ondes, toutes les modifications de la trame. Le monstre était là, prêt à me détruire, à me vaincre une bonne fois pour toute. Mais, j’étais l’élu, cette personne choisie par les elfes et entraînée par un shaman tout puissant. Etais-je suffisamment fort pour résister à cette entité chargé de morbidité ? J’allais bien devoir me focaliser sur ma lumière, sur les orbes enchantées que je maîtrisais pour me sortir de ce mauvais pas. Au fond de moi, la petite étincelle était toujours présente, prête à réchauffer mon cœur percé de part en part par l’énergie sombre et occulte qui émanait du démon.
(Quel mal si puissant. D’où pouvait venir cette créature ?)
Le monstre était sur moi, prêt à me dévorer d’un trait… Ses tentacules valsaient dans tous les sens, l’une d’elle vint même me frapper à la jambe ce qui m’arracha un cri de douleur, un véritable râle sortit tout droit de mon fort intérieur. Mais, un autre tentacule me donna un coup à l’abdomen, me réduisant au silence en une fraction de seconde. J’étais plié en deux, néanmoins, je n’avais plus le choix, je devais m’échapper de cette situation, fuir ma mort imminente qui m’emporterait dans un monde que je ne voulais pas connaître. Derrière moi se trouvait le fluide spatial que je ne désirais pas reprendre et un couloir qui menait je ne savais où. Je préférai le second choix, n’ayant aucune envie de repartir dans le monde des songes. Je reculai alors rapidement, encore sous le choc des puissants coups que je venais de me prendre. Ma jambe était ensanglantée, cependant le temps pressait. Je m’avançais lentement, fébrilement.
Lorsque j’arrivai face à un cours d’eau je me dis que c’en était fini de ma personne. Le courant m’emporterait sans que je ne puisse rien y faire et je me noierai comme un chaton sans défense. Pourtant, l’eau était mon domaine de prédilection, l’élément qui m’avait sauvé la vie plus d’une fois, l’énergie de Moura. J’étais persuadé qu’elle me suivrait une nouvelle fois, qu’elle me protègerait, moi son fidèle, son disciple éternel. Je me concentrai alors, puisant dans mes fluides aqueux pour en extraire la substantielle moelle qui m’aiderait à lancer un nouveau sortilège. La magie vibrait dans mes mains qui tremblaient comme si j’avais une maladie incurable connue de personne. Je projetai les fluides dans le cours d’eau et compris tout de suite que j’étais trop lourd pour être porté par le liquide. Je me concentrai alors plus profondément pour accroître la pression sur une surface suffisante pour que je puisse y déposer mes pieds. J’emmagasinais une plus grande quantité de molécules pour pouvoir me déplacer convenablement.
J’ignorais si cela fonctionnerait, mais j’allais devoir contenir le sortilège en usant une grande quantité d’énergie. Quelques bulles remontèrent à la surface comme si la magie était en train d’opérer, comme si ma volonté était suffisante pour imposer à l’eau de m’obéir. Le monstre était tout près, il fallait que ça fonctionne, il fallait que Moura me vienne en aide que sa volonté se lie à la mienne pour sortir de ce calvaire.
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Quête 18 : Un monde de rêve au pays des cauchemars
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