Biographie Rurik des Ventnor est le fils de Sipp et Corinella , Phalanges de Fenris dont les ancêtres ont toujours vécus dans le village de Faërlom. Cadet de la famille, Rurik fut élevé autant par sa sœur aînée Rahni que par sa propre mère. Il n’était pas rare dans ces hautes et froides contrées que la femme travaille autant que l’homme, et les deux femmes du logis des Ventnor, n’échappant pas à cette règle, parcouraient les Monts Eternels aux côtés de Sipp et des fils aînés à tour de rôle, laissant à l’une le soin de s’occuper de la maison et des jeunes enfants.
Le plus âgé des frères : Kernot, suivant son cœur, était parti s’installer à Henehar, pour y épouser la fille d’un des cultivateurs de la cité et travailler avec sa nouvelle famille. Ylif et Woorig courraient déjà par monts et par vaux lorsque Rurik vit le jour, participant à la vie commune du village mais partant parfois pour de longues expéditions de reconnaissance où ils développaient leur don pour la magie. Rurik fut élevé avec Tynong, de trois ans son aîné, et entre les deux frères se tissa une amitié à toute épreuve.
Une seule chose assombrit quelque peu l’enfance du jeune homme de Fenris, contrairement au reste de sa famille, Rurik ne présenta jamais de capacités pour la magie. Il n’était pas un cas à part au milieu des habitants de Faërlom, mais le jeune garçon le prit à cœur et, souhaitant compenser ce qu’il voyait comme une tare, mit dés ses sept ans toute son énergie dans l’apprentissage du maniement des armes. A force d’entraînement, il apprit à aimer la voie qu’il s’était imposé et à voir comme un égal Tynong qui excellait dans les arcanes.
Rurik venait d’avoir quatorze ans lorsqu’il s’éloigna véritablement du village pour la première fois. Parti pour plusieurs jours de chasse avec son frère Tynong, ce dernier avança toujours plus loin jusqu’à les mener devant d’immenses murailles aux portes abattues. Silencieux, Rurik suivit son frère qui ne fit pas attention aux paroles des deux hommes pris dans la glace et qui montaient une garde éternelle devant Nosvéria la belle. Comme tous les enfants de ces régions, Rurik connaissait les mythes et légendes de son peuple et du continent. Parmi eux, l’histoire de Nosvéria et de la Déesse Yuia, qu’il respectait, l’avait toujours passionné. Et alors qu’ils s’avançaient dans le jour naissant au milieu des rues gelées aux passants immobiles, les rayons du soleil caressèrent la cité bleue endormie et devant les yeux émerveillés de Rurik, les Nosvériens revinrent à la vie. Tynong se retourna vers son frère dans un sourire, il l’avait amené au jour du Hïenbless. Les deux frères se mêlèrent aux festivités débutantes et se perdirent de vue dans la foule de nouveau mouvante. Rurik visita tous les lieux possibles, fasciné par ce peuple qui vivait seulement un jour tous les six mois, et peiné par ce qu’ils avaient osé faire à la grande Déesse de la Glace et de la Beauté. Il pénétra ainsi dans l’échoppe d’Arrordra Tyiravn, qui posa sur lui un regard absent et le visage impassible prononça quelques mots qui marquèrent le jeune garçon : "Brave Rurik, tu devras quitter tes montagnes." Rurik n’eut pas le temps de rétorquer que déjà Arrordra affichait un visage souriant et parlait d’autre chose.
Retournant la phrase dans sa tête Rurik retrouva Tynong à qui il ne voulut pas parler de sa brève rencontre avec la dame Tyiravn. Les deux frères quittèrent la cité de Nosvéria avant le crépuscule, pour garder en mémoire cette peuplade figée mais pleine de vie, fautive mais adoratrice.
De ce jour, n’oubliant jamais les paroles de la dame de Nosvéria, Rurik s’investit toujours plus dans la vie de son village et de ceux des environs. Il descendait parfois même jusqu’à Henehar voir son grand frère et s’intéresser à la vie sur la plaine. Mais il revenait toujours bien vite dans les Monts Eternels qu’il parcourait sans cesse en compagnie de Tynong, et souvent d’Ylif et Woorig, partageant ses journées entre la chasse, l’entraînement guerrier et le recueillement durant lequel il rendait hommage aux Dieux et aux Déesses que vénérait son peuple : Zewen, Yuimen, Gaïa , Meno, Moura, Rana et celle qu’il révérait entre tous : Yuia.
C’est l’année de ses vingt-cinq ans que les rumeurs de la guerre, qui faisait rage dans les plaines, atteignit le village de Faërlom. Oaxaca et ses troupes prenaient la ville de Pohélis, quand certaines Phalanges de Fenris descendirent des montagnes pour venir en aide aux habitants de Nosvéris. La plupart restèrent entre chez eux et Henehar qu’ils souhaitaient protéger, mais quelques-uns s’aventurèrent plus loin pour prendre une part directe à la guerre. Ylif et Woorig étaient parmi ceux-là et les Monts Eternels n’entendirent plus jamais leurs rires.
Admirant ses frères, Rurik voulut quitter à son tour le village, mais son père parvint à l’en dissuader. Déjà le Royaume de Pohélis était aux mains d’Oaxaca et se jeter au milieu des orques n’était que suicide.
Désespéré de ne pouvoir rien faire pour venger la mort de ses frères, Rurik décida d’aller voir l’Ancienne. Cette dernière, dans un soupir, lui conseilla d’aller à Gròòth Vallhü, car si Rurik tenait réellement à aider ses compatriotes, Miyash Nùùrg lui trouverait quelque chose à faire.
Le chef du hameau parla longuement avec Rurik afin de savoir jusqu’où le jeune homme était prêt à aller. Quand il comprit que la détermination de Rurik était sans borne, il lui confia l’existence probable d’un set d’armes : le mythe du Set Elémentaire de Glace. Ce n’était bien sûr pas une solution miracle, mais ce set travaillé par la Déesse, s’il existait, apporterait à Rurik une chose qu’il ne trouverait jamais ailleurs.
Rurik n’hésita pas une seconde, il savait que cette mission était pour lui, Arrordra le lui avait dit. Ces mots entendus il y a plus de dix ans venaient de prendre une signification. Miyash lui expliqua que l’emplacement des pièces lui était inconnu, si ce n’étaient celles du casque et de l’épée. Cette dernière se trouvait dans la ville prisonnière de Pohélis et le casque était sur un autre continent, Imiftil, dans un désert bleu. Le chef du hameau insista que tout ceci était légende et que peut-être Rurik ne trouverait rien. Mais le jeune garçon était décidé, il avait compris qu’il lui fallait partir sans tarder pour ce continent inconnu. Il lui fallait agir et il commencerait par chercher le Casque des Glaces.
De retour à son village, il expliqua sa décision à ses parents, à Rahni et Tynong. Sa famille savait que rien ne le retiendrai et ils l’aidèrent à ses préparatifs. Au matin du départ, Tynong se présenta devant son petit frère, bagages en main, il ne le laisserait pas partir seul. Mais Rurik secoua la tête, lui intimant de rester auprès de ses parents et de Rahni, Sipp atteignant un âge raisonnable et Kernot absent, Tynong était le dernier homme de la famille, il se devait de protéger les siens.Tynong ne dit rien, la mâchoire serrée, il acquiesça. Rurik serra sa famille dans ses bras et dit adieu à son frère, qui lui glissa dans la main une lanière de cuir ouvragée, avec laquelle Rurik noua ses cheveux, il quittait ses montagnes.
Rurik voyagea jusqu’à Gwadh, d’où il savait qu’il pourrait prendre un navire vers les autres continents. Intrigué par l’allure de cette ville au trois quarts souterraine, Rurik fut pourtant bien accueilli, malgré son aspect physique et sa carrure qui ne passaient pas inaperçus. Mais cette dernière lui fut utile, car le capitaine de l’Amanda n’hésita pas une seconde avant de l’engager à son bord pour divers travaux en échange de la traversée jusqu’à Kendra-Kâr. Rurik supporta bien sa première aventure en mer et les onze jours se déroulèrent dans une bonne ambiance malgré quelques coups de tabac, l’homme des montagnes s’entendant à merveille avec le reste de l’équipage.
A Kendra-Kâr, Rurik hésita un instant à visiter au moins la ville, mais le souvenir de ceux vivant sous le joug d’Oaxaca fit qu’il ne quitta pas même le port et embarqua directement sur La Perle Rouge, reçu avec un sourire par le Capitaine Aldora. Il serait bientôt à Tulorim.