Biographie
Issu de la classe populaire, Léon avait autrefois devant lui un avenir florissant. Fils unique, élevé par des parents aimants, il s’est engagé très tôt dans l’armée du duc de Luminion afin de subvenir aux besoins de sa famille. Ses débuts dans l’armée furent vite remarqués, Léon se révélant particulièrement doué aux armes. Après avoir participé à ses premières campagnes ses supérieurs lui firent gravir successivement les rangs de sous officier puis officier, lesquels lui permirent d’accéder à un entraînement plus poussé et à une éducation.
Dès lors il s’illustra, à la tête de son escadron, par son audace et ses prouesses guerrières durant plusieurs campagnes visant à contrer les raids incessants des troupes venues d’Omyre. Aussi, les généraux reconnurent en lui les talents d’un leader et lui proposèrent une promotion dans le haut commandement des armées. Certains de ses pairs voyant d’un mauvais œil l'ascension d’un roturier à un poste haut gradé, de surcroît à tout juste trente ans, Léon commença à susciter des jalousies. Aussi, Léon refusa cette promotion et se lança dans la création d’une milice privée d’escorte à Luminion. S’appuyant sur son réseau de contacts dans l’armée, Léon monta son entreprise et obtint les autorisations nécessaires sans grandes difficultés. La guerre faisant rage, les ressources de l’armée étaient intégralement mobilisées et peu de soldats restaient en garnison pour assurer la protection des villages du duché. Le banditisme se développait et le commerce en pâtissait.
Après plusieurs missions, son affaire gagna en notoriété. Sa milice qui au départ assurait l’escorte de petits commerçants attirait maintenant de riches bourgeois, ainsi que de petits nobles, ne pouvant compter sur leurs seuls contingents de soldats pour assurer leur sécurité. Léon, devenu à présent maître d’arme, pris en main la gestion de l’entraînement de ses nouvelles recrues et ne se rendait sur le terrain que pour escorter les clients les plus prestigieux. Peu à peu, Léon fit fortune tant et si bien, qu’à la mort de ses parents, il pu leur offrir un magnifique caveau familial en guise de sépulture.
Un jour, il reçut la visite d’un émissaire du duc. Le duc allait recevoir la visite d’une personnalité éminente dont les allées et venues devraient avoir lieu dans des conditions de discrétion et de sécurité optimale. L’identité de cette personne et les lieux de la rencontre devant rester connus des seuls intéressés, Léon ne reçut pour seule directive que le lieu du rendez-vous et la promesse d’une importante récompense.
Léon choisit ses équipiers les plus fiables et rejoint les lieux du rendez-vous le jour convenu. Arrivés sur place, ils y trouvèrent une délégation d’elfes gris accompagnés de l’émissaire du Duc. L’elfe qui semblait être le chef de la délégation les salua et s’annonça. Léon ne retint que son nom : Sinsélym et le fait qu’il appartenait à une guilde de mages.
Guidés par l’émissaire, vers un endroit tenu secret, leur chemin les mena au travers d’une forêt. Ne connaissant pas leur destination, Léon ne pu accomplir sa mission d’escorte selon les procédures habituelles. Il avait par exemple l’habitude de toujours envoyer deux éclaireurs en avant et arrière garde, ce qu’il ne pu faire à cette occasion. Aussi, lorsqu’une pluie de flèches sortit du couvert des arbres en s’abattant sur eux, la surprise fut totale. Pris d’assaut, le groupe d’escorte réagit néanmoins au quart de tour. Léon hurla ses directives aux miliciens et se tint aux côtés de Sinsélym. Plusieurs elfes gris tombèrent sous les flèches. Les miliciens firent blocs autour de la délégation et entamèrent une manœuvre de repli, protégeant le groupe de leurs boucliers.
Des silhouettes, en armes et en armures sortirent de la forêt devant et derrière eux, leur coupant toute retraite. Ils chargèrent. Puis ce fût le chaos. Les lames s’entrechoquaient, les flèches pleuvaient et le mage Sinsélym invoquait de puissants sortilèges de glace. En sous nombre, le groupe de défenseurs vit rapidement ses rangs s’éclaircir. Aux côtés de Sinsélym, Léon luttait avec rage. Une première flèche ricocha sur son plastron, puis une seconde le toucha au bras. Lâchant son arme sous le coup de la douleur, Léon remarqua que la flèche était d'une conception particulière. L’entrée de la pointe dans son bras déclencha un étrange mécanisme, libérant un liquide de couleur pourpre stocké dans un petit cylindre situé en aval de la pointe. L’entrée du liquide provoqua une intense brûlure. Tétanisé et sous le choc, il fut jeté à terre par une troisième flèche.
Avant de perdre conscience, il vit Sinsélym recevoir, lui aussi, deux de ces étranges flèches. Lorsque le liquide pénétra en lui, l’effet sembla décuplé. Sinsélym hurla de douleur et sa peau sembla fondre et se liquéfier. Le mal se propagea à son corps tout entier et en quelques secondes il disparut, laissant sur le sol un liquide visqueux. Le fracas des armes cessa et les assaillants se retirèrent, ne laissant derrière eux que quelques miliciens survivants et l’émissaire du duc, grièvement blessé.
Léon se réveilla en cellule au côté de ses compagnons d’arme. Ses blessures avaient été soignées mais la sensation de brûlure au niveau de l’impact de l’étrange flèche subsistait, rendant l’usage de son bras droit difficile. Il ne sortit de ses geôles que pour assister à son procès.
Les secrets de l’affaire furent révélés, cette dernière ayant eu des effets diplomatiques désastreux. Le duc de Luminion devait rencontrer Sinsélym pour contracter l’achat d’armes de technologie elfe grise. L’usage de ces dernières aurait constitué un avantage conséquent dans la guerre contre Omyre. L’émissaire du duc avait ainsi organisé la rencontre dans le plus grand secret ne confiant ses plans qu’à un nombre restreint de personne. Pourtant, des espions à la solde d’Omyre avaient probablement eu vent de l’affaire et avaient dépêché une troupe d’assassins pour éliminer Sinsélym. Les elfes gris cessèrent dès lors toute négociation, au motif que le duc n’avait pas été capable d’assurer la protection de ses ressortissants et était responsable de leur perte. Par ailleurs, un tribut fut réclamé au duc.
En raison des soupçons de trahison planant sur les proches du duc, son émissaire fut condamné à l’exil avec sa famille. Quant à Léon, il fut jugé responsable de ne pas avoir su assurer la protection de la délégation elfes. L’ensemble de ses biens et de la fortune qu’il avait amassée fut confisqué pour payer le tribut réclamé par les elfes. Sans bien, sans famille, à l’aube de ses quarante ans, il n’avait plus rien, pas même son épée.
Désespéré et brisé, une unique flamme brûlait en lui : celle causée par sa blessure. Une brûlure incessante, qui partant de son bras se répandait continuellement dans son corps meurtri. Il rejoint l’un des plus hauts villages du duché, espérant que le froid, la neige, calmeraient son mal. Calmé, il l’était. Ne restait du grand maître d’arme, qu’un être diminué, subsistant de la mendicité et de tâches ingrates, noyant son esprit dans l’alcool. Dix années passèrent, et aujourd’hui encore, il survivait.
_________________ Léon Arthès - Guerrier
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