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 Sujet du message: Re: [Luminion] Bâtisse Indartsua
MessagePosté: Dim 19 Juin 2016 13:02 
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J'étais toujours obnubilée par ce sort de tempête créé dans mes appartements et mes entraînements avaient pour but inavoué d'en reproduire l'effet.

Je vous l'ai déjà expliqué ; À cette époque j'avais déjà une bonne connaissance de mes fluides, si bien que j'en travaillais quotidiennement le contrôle, comme certains peuvent rythmer les battements de leur cœur. Et, à chaque séance, j'usais un peu de mes ressources pour que mes émanations fluidiques prennent la forme souhaitée.
Chaque élément, séparément, était plus ou moins maîtrisé : J'arrivais à reproduire le froid de la tempête, et même plus. Je faisais naître également des surfaces gelées plus ou moins grandes, mais j'étais incapable de créer de la matière sans contact direct.
C'était donc sur ce point que je commençai à travailler.

Ces entraînements étaient doublement bénéfiques. D'un côté j'améliorais ma maîtrise de la magie, de l'autre cela me vidait l'esprit et le rendait plus ouvert dans mes investigations au Domaine. Comme vider un vase pour en remplir un autre, plus ou moins délicatement. J'affinais chaque jour le contrôle de mes fluides aussi clairement que je dessinais les contours de l'affaire.

Comme au glacier, je concentrais mes fluides dans la paume de mes mains jusqu'à les faire crépiter. Si j'avais pu créer de la glace au sol, pourquoi ne parvenais-je donc pas à faire de même dans les airs ?
Les yeux fixés sur cette incarnation de la magie, dont le ruissellement me brûlait peu à peu la peau, je m'efforçais de la repousser tout en lui gardant sa consistance. Les premières séances s'avérèrent très décevantes : la glace fondait à peine repoussée ou se renforçait mais ne parvenait pas à s'élancer ; Si bien qu'en moins d'une semaine je mis en attente mes entraînements pour soigner mes mains scarifiées par les éclats de glace que je créais mais ne savais contrôler.

Cloîtrée dans mes appartements, je ressassais les dossiers d'Intendance qui s'entassaient… et les rapports qui ne cessaient d'arriver me donnaient l'impression d'éternel recommencement. La tâche était fastidieuse mais elle s'est révélée profitable.

Tout d'abord, j'ai enfin pris le temps d'étudier un peu les cartes de Luminion et ses environs proches.
La ville, essentiellement occupée par des soldats et miliciens, est au fond d'un col encaissé où l'issue nord-ouest est fermée par une porte massive en pierre dont l'origine remonte à l'occupation du territoire par les nains. Malgré son âge avancé, il semblerait que la porte accomplisse son office sans flancher ; Le fait de ne pouvoir être attaquée que de face doit y jouer pour beaucoup. Cette entrée du col est un véritable défilé où les parois des montagnes semblent se refermer au-dessus de nous. Au sommet de chaque falaise, un corps de garde surveille les environs et le passage par les hauteurs.
Entre cette porte et les premiers bâtiments, dont le Domaine, une large forêt de pins borde la route, seul le garde-forestier habite cette zone mais les soldats et convois y passent fréquemment. On m'a appris que cette forêt a l'avantage d'amortir les avalanches et de ralentir l'ennemi qui passerait nos défenses de pierre, mais elle a l'inconvénient d'aussi ralentir l'arrivée de nos renforts vers cette fameuse porte. Par ailleurs, c'est une réserve non négligeable de bois pour se chauffer, faire l'ameublement, les charrettes ou créer la base des armes.
Puis la ville s'étale dans le col, dominée par la demeure du Duc de Luminion qui dispose de son propre système de défense.
L'organisation spatiale de Luminion est régie par la nécessité de faciliter les déplacements des troupes et des caravanes et par l'obligation d'être le verrou nord du royaume kendrain. Si bien que, si le Duc dispose de son propre système de défense, c'est parce que les alentours n'ont que bien peu d'aménagements du genre. L'essentiel de la protection se situe à l'embouchure du col et les quartiers militaires forment une sorte d'enceinte aux habitations en son centre. Puis la route se partage vers Mertar, Kendra Kâr et le sud des Duchés et les protections se retrouvent plus diffuses jusqu'à devenir inexistantes.

J'ai ensuite appris à reconnaître les influences de Luminion et de son Duché, leurs richesses, et leurs faiblesses.
Le verrou que forme militairement Luminion est fort et son importance s'affermit au point de façonner un symbole. Cette fortification ferme étouffe les offensives et offre ainsi au sud du Duché la possibilité de s'étendre et de fournir les ressources nécessaires au sceau protecteur qu'est Luminion.
La montagne fournit la pierre et quelques gisements de fer, du bois et un rempart. La vallée, quant à elle, nourrit et habille l'ensemble du Duché et les échanges avec les autres États du Royaume ou Oranan viennent équilibre plus ou moins l'ensemble… vous vous doutez bien que l'éloignement des côtes raréfie la présence de quelques produits, mais rien d'insurmontable.

J'avais chargé la Peste des échanges commerciaux avec les Duchés et de l'entretien du domaine, à l'exception de ma grange et de mes appartements, bien évidemment, tandis que je me chargeais des activités liées à la défense. Je n'avais de rapports avec mes pairs et, exceptionnellement, les Grands des Duchés qu'en de rares occasions.

Je me mêlais peu aux occupants des lieux, obnubilée par mon ascension fantasmagorique. La majeure partie de mon temps était donc partagée entre mes entraînements et mes devoirs d'Intendance.
Ce cycle se répéta irrégulièrement pendant tout l'automne.

Ces entraînements, s'ils me mutilaient toujours en cas d'échec ne m'épuisaient plus autant. Maintenant que je comprenais ce que faisaient mes fluides, j'avais la capacité d'en maîtriser l'intensité, me laissant le champ libre au maniement de ces incarnations.
En parlant de ces échecs, ils marquaient ma peau de minuscules incises ou d'hématomes sitôt mes tentatives s'étaient soldées par une densité hasardeuse complétée d'une incapacité à étendre ma puissance.
Au début, seules mes mains étaient affectées puis, plus je progressais dans l'expansion de mon pouvoir, plus les autres parties de mon corps en furent affectées.
Je me suis, d'ailleurs, mise en danger plus d'une fois lors de ses séances. Notamment ce jour d'entrée dans l'hiver où j'avais su créer un bloc de glace que j'avais pu maîtriser, sans qu'il implose ou devienne incontrôlable, le faisant grossir jusqu'à environ la taille de ma tête. Mais, plus ce bloc se développait, plus j'en perdais le contrôle. J'avais cette sensation désagréable que sa puissance me surpassait et le bloc de glace aux facettes multiples se retrouva repoussé, violemment et percuta alors mon épaule. Le choc me coupa la respiration un bref instant. Je crus dépérir.
La peur m'envahit, celle de partir après n'avoir réalisé que ça… Tout en ayant conscience que ce "ça " était prodigieux et m'offrait de belles promesses qui risquaient de s'arrêter en cet instant.
Je m'efforçais de me tenir droite et de respirer lentement ; Tant par certitude que c'était la seule solution mais aussi parce que, si je devais mourir en cet instant, je me devais le faire droite, essayant de lutter, de tenir, de vivre. La douleur me transperça le torse et, par réflexe, je me contractai, bloquant instantanément ma résolution si récente. Mon cœur s'emballa et je sus qu'il fallait que je m'y accroche. Je me remis droite, les yeux mi-clos, concentrée sur les sensations qui traversaient mon corps. Je réalisais que cette douleur que je m'étais infligée était une victoire, une démonstration de la peine que je pouvais infliger, une preuve de ma puissance. Peu à peu, la douleur se transforma en sensation de fraîcheur, de légèreté qui vient dégager mon inspiration salvatrice. Je reprenais force, maîtrise, vie.

Je me suis également plusieurs fois coupée, jamais avec des conséquences vitales mais parfois gravement, lorsque mes projectiles étaient tranchants comme les plus affûtées des pointes d'acier. Si bien qu'au Domaine le personnel de maison, qui m'approchait déjà peu auparavant, tenait plus encore ses distances. Seul le Bossu venait fréquemment me voir, sans dire un mot, comme à son habitude. Parfois, et c'était risible, il venait à la grange lorsque je m'absentais trop longtemps à son goût, et pensant probablement que je m'étais gravement blessée, il arrivait chargé de bandages et concoctions, prêt à me porter secours. C'est un brave type ce Bossu. Le Lieutenant, lui aussi, passait parfois me voir, mais jamais à la grange, il respectait ma demande originelle, à savoir de ne jamais pénétrer dans la grange. Par contre, il ne se privait pas, dès qu'il me voyait ailleurs, pour me faire des remarques quant à mon apparence. Entre les bleus et les entailles qui ornaient ma peau, il me disait que je ressemblais définitivement à tout sauf à une intendante. Je ne lui répondais pas ; Les habitudes du Bossu devaient m'inspirer.

Ce dernier épisode, qui m'avait laissé le bras en écharpe, me conduisait une nouvelle fois à mes appartements, pour me concentrer sur mes piles de paperasses, et plus encore sur ces caravanes qui subissaient des assauts ciblés. Avec l'hiver qui désormais habillait progressivement les environs d'un manteau neigeux, ces attaques se faisaient plus rares ; Mais nos convois l'étaient aussi. Puis vint le temps du cloisonnement. Nous entamions nos réserves, préparées avec soin lors de l'automne.

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Dernière édition par Dame Negliits le Ven 23 Juin 2017 21:25, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: [Luminion] Bâtisse Indartsua
MessagePosté: Ven 8 Juil 2016 13:05 
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Laissez-moi vous présenter un peu comment se déroule à hiver à Luminion. Avant toute chose, et pour poser le contexte, je comprends facilement pourquoi le Duc quitte la ville lorsque cette période approche.
Vivre à Luminion en hiver est un exercice de repli et de survie.

Lorsque les premiers flocons apparaissent, un rituel quotidien s'instaure : Chacun se charge de fréquemment dégager la neige devant chez lui. En effet, la ville est un axe important, notamment pour les militaires, et doit donc rester praticable. Si on prend en compte le fait que le soleil peine à surmonter les sommets environnants - et donc que la température reste glaciale - alors on voit rapidement apparaître les tas d'une neige qui ne fond pas se former et composer de nouvelles bordures que les piétons se chargent, se risquent même, à aplanir. Les piétons sont rares de toute façon. Les déplacements se limitent aux obligations, comme aller chercher du petit bois à faire sécher, et aux quelques voyageurs inconscients qui ont décidé de passer par les environs en cette saison. Le décor est d'ailleurs surprenant pour ces derniers qui repèrent la ville au loin grâce aux nuages des cheminées, la forge n'est plus seule en cette période à occuper le ciel. La vie se devine à travers les fenêtres des habitations mais elle est totalement absente des rues.
Dans les maisons, on calfeutre les portes et les fenêtres afin de protéger la chaleur du foyer des assauts perfides et mordants du froid. On rationne également la nourriture ou, en tout cas, on surveille les stocks parce que s'approvisionner en hiver n'est clairement pas la meilleure idée qui soit. Les gens du coin sont habitués et sont toujours prêts à affronter cette période rude qui force aux huis-clos.

S'il s'agissait de mon premier hiver, comme pour à peu près toute la compagnie militaire et le Bossu, il n'en était pas de même pour la Gouvernante et les serviteurs. Par la force des choses, et sur conseils insistants de la part du Lieutenant, j'ai consenti à laisser à la Peste une large liberté pour gérer le Domaine, à la condition que je sois présente pour toutes ses démarches.
Rester avec elle une bonne partie de la journée a considérablement amélioré mon hypocrisie et m'a également entraînée à la percevoir plus finement chez mon interlocuteur. Et chez elle tout suinte l'hypocrisie, alors il y a matière à observer. Parfois, elle oubliait que je l'observais et je percevais chez elle des mimiques aussi fascinantes que répugnantes. Elle était ce genre de personnes tout à fait capable de flatter une personne pour la dénigrer dans la seconde qui suit avec tout autant de conviction. Elle savait parler sans ne rien dire. Son discours occupait l'espace et saisissait les pensées de son auditoire.
Au début, lorsque nous avions mis en place cette sorte de tutorat, je n'étais clairement pas emballée par la situation ; Enfin, je ne l'ai jamais été mais à ce moment je le montrais ouvertement. Je l'observais avec une telle insistance que cela ressemblait plus à de la surveillance intrusive qu'à de la transmission de compétences. Quant à elle, régulièrement, elle me lançait des piques me rappelant qu'elle savait, qu'elle connaissait, qu'elle maîtrisait, qu'elle était parfaite en somme. Pas une seule fois, par contre, elle a osé dire ouvertement que j'étais une incompétente, mais ses paroles étaient pourtant entièrement dédiées à cela. Je lui disais juste des "Mais ça c'était avant" ou des "je suis justement en train d'apprendre à faire de même, et même mieux.".
Puis peu à peu, j'ai arrêté de tirer la gueule, je ne sais pas vraiment pourquoi. Toujours est-il que je commençais à comprendre quel était son univers avant ma venue. Et je dois avouer qu'elle était plutôt excellente en tant qu'intendante. Elle avait tout ce qu'il faut : organisée, diplomate, avenante. Et je lui avais tout pris, sans qu'elle puisse en comprendre le sens.
Elle avait de petites habitudes qui étaient pleines de sens et dans lesquelles je voyais une manière d'exercer son pouvoir qui soit subtile mais efficace.
En fait, d'une manière générale, elle passait un temps incroyable à surveiller le travail des autres. Tenez, par exemple, chaque matin elle descendait en cuisine pour vérifier si tous les placards étaient verrouillés ; parce que, oui, nous verrouillions nos réserves pour éviter les en-cas inopportuns, ce qui est d'autant plus important en hiver. Pendant cette cohabitation hivernale, je n'ai jamais vu un seul placard ouvert, ce qui n'empêchait en rien cette Connasse de rappeler à tous qu'elle les surveillait et, et c'est là toute la perfidie de ses manières, elle allait donc féliciter la cuisinière pour son excellente tenue des locaux.
Plus que de sanctionner, elle insinuait la crainte de la sanction chez les autres. Je me demandais comment cela s'était passé à son arrivée pour qu'elle ait désormais une telle emprise sur eux. S'était-elle montrée cruelle ? Désobligeante ? Humiliante ?
Une fois je suis allée demander à quelques personnes, dont cette cuisinière… Mais tous m'ont répondu que Madame s'était toujours montrée très charmante, souriante, disponible, attentionnée. Bref, Madame Parfaite. D'ailleurs, rien que ce "Madame" m'horripilait… Et m'horripile encore.
Parmi ses autres habitudes, j'ai aussi constaté qu'elle consacrait, tous les jours, un temps de rédaction de lettres. La bougresse tenait un répertoire de noms recensant aussi bien des marchands qui passent fréquemment par Luminion, que des propriétaires terriens ou des nobles de l'ensemble des Duchés et de Kendra Kâr. Toutes les personne qu'elle avait rencontrées en étant Intendante étaient consignées dans ce petit carnet. Et, tous les jours, elle en choisissait un ou deux pour leur envoyer une lettre de… comment dire… c'est étrange. Juste une lettre pour donner des nouvelles et en prendre. Et, même en hiver, elle tenait ce rythme, quitte à ce que le courrier parte en retard.
Dit comme ça, cela ne semble pas étrange, mais elle estimait que cela faisait partie intégrante du métier d'Intendante. Que les gens se montraient plus serviables quand on prenait le temps de tisser des liens avec.
Une fois, tandis qu'elle me répétait ça pour la je-ne-sais-combientième-fois, elle ajouta avec une intention terriblement dédaigneuse "Et même si on se contrefiche de ces gens, on le fait. Ils peuvent toujours servir."
Cette phrase m'avait estomaquée, et elle ne s'était même pas rendue compte de la confidence qu'elle venait de me faire. Cette femme était fausse, j'en avais désormais la certitude.

J'ai bien appris à ses côtés.

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 Sujet du message: Re: [Luminion] Bâtisse Indartsua
MessagePosté: Mar 27 Juin 2017 19:25 
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Il me faut désormais vous présenter un peu plus en détail cette histoire d'attaques sur nos caravanes. Je m'excuse, je vais un peu me répéter, mais je pense qu'il est nécessaire, pour vous comme pour moi, de reprendre un peu les faits.

Ces vols avaient commencé bien avant mon arrivée au Domaine. Les caravanes se faisaient régulièrement attaquées par des groupes de garzoks et les changement d'itinéraires ou l'ajout de soldats pour assurer la protection n'y changeaient rien. Les attaques étaient toujours finement préparées et, si dans la plupart des cas ils ne faisaient que voler, il arrivait parfois que des soldats voire des marchands soient occis.
Les attaques ciblaient essentiellement les chargements d'armes et ceux de grande valeur ; Elles étaient donc renseignées.
Grâce à notre petite expédition, nous avions également appris - si on prend en compte le peu de confiance qu'on peut accorder aux dires d'un garzok - qu'il y avait à Luminion une personne au service d'Omyre. La Peste s'était chargée de diffuser la rumeur, alimentant ainsi une paranoïa, légère mais générale, que le cloisonnement de l'hiver avait entretenue.
Par ailleurs, mon travail d'intendance m'avait montré à quel point l'information est essentielle pour détenir un quelconque pouvoir. Je devrais plutôt dire que ce sont les heures passées aux côtés de la Peste qui m'ont enseigné tout ça.
Toujours est-il que les personnes connaissant les trajets des convois sont soit militaires, soit commerçantes ou affiliées au commerce - la perception des taxes par exemple.
Si seulement les attaques n'avaient concerné que les patrouilles de notre Domaine, il aurait été plus facile de débusquer l'éventuel traitre. Mais cela touchait tout le monde, même les convois du Duc.

Je ne trouvais pas la personne qui avait une position lui octroyant les informations nécessaires pour tous ces convois.
Je n'imaginais même pas comment il était possible d'envoyer ces informations vers Omyre, surtout une fois que la neige avait commencé à s'installer tout autour.

C'est à cette époque que j'ai commencé à prendre mon rythme ordinaire : Réveil avant que le soleil ne se lève, vu qu'il peinait à dépasser les montagnes environnantes. Je déjeunais dans la salle principale puis entamais ma visite du Domaine avant d'aborder le suivi des affaires d’intendance. Deuxième repas, assez frugal, puis entraînement à la magie dans ma grange jusqu'au repas du soir. Quelques lectures accompagnaient le coucher avant qu'une nouvelle journée recommence, relativement identique à la précédente.
Au cours de mes lectures épistolaires, j'ai commencé à repérer des éléments qui, une fois reliés, éclairaient autrement la situation. Les auteurs de ces lettres échangeaient fréquemment au sujet de ces attaques. Ils partageaient leurs hypothèses, leurs tentatives pour déjouer les embuscades ou encore leurs inquiétudes sur d'éventuelles pertes lors de convois spécifiques, allant jusqu'à parfois associer leurs patrouilles.
Ainsi, tous ces gens étaient au courant des affaires des uns et des autres, selon les affinités qu'ils entretenaient. Et, je vous ai déjà parlé des relations que la Peste gérait, mes soupçons se confirmaient. J'en étais sûre, ce n'était pas qu'une lubie de ma part, ni même une jalousie qui obscurcissait mon jugement. Elle connaissait tant de monde, et ce uniquement pour maintenir un certain contrôle, qu'elle était une suspecte idéale.

Mais elle ne quittait jamais le Domaine. Jamais. Et il lui était impossible de simplement remettre une missive à destination de l'Omyrie, le coursier l'aurait signalé, à moins d'être son complice. Alors comment faisait-elle pour transmettre ces informations ? D'autant qu'il fallait que ce soit assez rapide pour que les attaques soient préparées dans les temps.
Tout ceci me dépassait. Ça m'obnubilait et même mes entraînements à la magie n'y changeaient rien, je ne faisais qu'y penser à longueur de temps. Toute cette histoire me rongeait.
Je suis persuadée que la Peste se savait observée, et pas seulement pour que je puisse apprendre les ficelles du métier, mais elle ne laissait rien paraître. Son quotidien était semblable à l'ordinaire et tout son comportement était parfaitement exemplaire.

Ne trouvant pas la solution en étant à ses côtés, j'ai décidé de reprendre un peu mes distances avec elle. Je dis un peu parce que j'avais chargé le Bossu de garder un œil sur elle. J'avais, une nouvelle fois, décidé de nous répartir le travail d'intendance. Pour elle, les relations avec nos partenaires dans et en-dehors des Duchés. Pour moi, la gestion du Domaine et des soldats en faction. Sans la prévenir, je vérifiais quotidiennement la copie des missives qu'elle rédigeait ; Mais il me manquait son courrier personnel et la lecture, même minutieuse, de ses correspondances officielles ne m'aidait pas vraiment à comprendre comment elle s'y prenait.
Pendant mes entraînements, elle recevait des visiteurs réguliers ou ponctuels. Le Bossu m'en faisait des rapports laconiques mais rien de probant en ressortait. Cela m'a seulement permis d'apprécier le large éventail de ses relations : du meunier au petit seigneur en passant par la catin. Sachant qu'elle estimait pouvoir tirer avantage de chacun d'entre eux, les possibilités étaient infinies et ce n'était plus un impasse qui me faisait face, mais un labyrinthe insondable.

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