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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Les Héraut de la Lune
MessagePosté: Jeu 22 Oct 2009 19:32 
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Sapristi (et encore, je pesais mes mots) ! Décidément, ce bougre de marchand était inébranlable à un point que je n’aurais pas cru possible pour avoir à ce point un cœur de pierre qu’il se refusât à satisfaire à la demande désespérée d’un pauvre enfant affamé, même s’il était vrai qu’au fond, je n’avais rien du gamin pitoyable dont je m’efforçais d’avoir l’air. J’avoue que devant sa parfaite imperturbabilité, je craignis fortement qu’il ne m’eût percé à jour par quelque talent de perceptivité acquis et rôdé à la force des années qui lui aurait permis de déceler par de subtils signes que je n’étais qu’à moitié de chair et de sang. Mortifié à la simple idée qu’il pût faire sauter ma couverture en révélant de vive voix ce trait de ma personne qui était un de mes moyens de défense les plus pratique, je n’osais pas le regarder dans les yeux, et en fin de compte, quand il se décida à couper court à toute discussion en celant le précieux objet de mes désirs loin de mes regards, je déclarai forfait, mes oreilles s’affaissant sous un dépit non feint tandis que je marmonnais avec rancœur :

« Méchant. »

Hé oui, ce n’était pas du grand art rhétorique, mais tout le monde conviendra que bien que lui débiter un long diatribe assassin aurait été plus adéquat et plus satisfaisant, cela n’aurait guère convenu à un morveux de bas étage, raison pour laquelle je me contentai de cette piteuse parole vindicative avant de me renfermer dans un silence boudeur, foudroyant du regard l’Ecuyer qui… avait quelque chose qui tombait de sa manche ? Nom de Sithi, si ce n’était pas mon imagination exacerbée par la faim qui me jouait des tours, ce contenant de verre pas plus gros qu’une prune qui chutait à la manière d’une étoile filante n’était autre que ce fluide pour lequel je m’étais escrimé verbalement ! Comble de joie, celui qui se faisait mon mystérieux bienfaiteur poussa la générosité jusqu’à administrer à ce sujet de convoitises une petite talonnade qui l’envoya rouler vers moi avec une telle dextérité que personne ne parut se rendre compte de cet échange frauduleux, aussi je m’empressai d’entrer en possession de cette nouvelle acquisition, réprimant un couinement d’enthousiasme juvénile lorsque mes doigts se refermèrent sur la fiole que je glissai prestement dans une poche de mon manteau, fébrile.
Un sourire béat déformant mes traits, je fixai du regard cet étrange complice qui ne nia nullement son concours puisqu’en réponse à mon air radieux, il me gratifia d’un clin d’œil si rapide que j’aurais pu croire qu’il ne faisait que chasser une poussière, expression si étrange chez ce gaillard rébarbatif que j’en restai comme deux ronds de flan. De fait, le triste sire reprit vite sa contenance habituelle, affichant de nouveau une morgue désobligeante qui se ressentit des plus ostentatoirement dans le regard dédaigneux qu’il me lança, et auquel je m’empressai de répondre en lui tirant la langue, parfaisant ainsi notre jeu d’acteurs avant de me détourner de lui d’un air fâché, le laissant satisfaire son orgueil de boutiquier bien établi en répondant à la taurion blonde.

Aussitôt que je pus estimer avoir un peu de paix, ma main qui enserrait toujours l’inestimable source d’énergie chercha à tâtons le bouchon de ce petit récipient, faisant de mon mieux pour avoir l’air de ruminer mon prétendu échec tandis que, tous les sens à fleur de peau, je refermais mon pouce et mon index sur le petit bout de liège que je tripotai à hue et à dia pour le retirer. A m’adonner ainsi à ce qui promettait d’être une sublime volupté, je me faisais l’impression sans doute grotesque mais bien présente d’être un jeune amoureux retrouvant sa promise dans le secret intime de quelque alcôve enténébrée, les deux amants se cherchant dans l’obscurité avec passion. C’était parfaitement ridicule, mais cette expérience exaltante était si nouvelle pour moi que je ne me sentais véritablement plus, et lorsque le système de fermeture partit, laissant la substance rougeâtre se déverser dans ma poche, j’eus du mal à réprimer un sursaut de joie triomphale.
Personne, non, personne qui n’a jamais absorbé un fluide de sa vie ne peut comprendre ce que l’on éprouve au moment où, de l’était liquide où il est maintenu pour être transporté et distribué, il se transforme en des sortes de volutes semi-gazeuses qui s’envolent en des panaches rayonnant d’une puissance si pure qu’on ne peut que s’émerveiller d’une telle perfection. Ce qui advint ne fut pas similaire à des caresses, à une étreinte ou même à un baiser, car la sensation de… d’insémination (je sais, ça fait bizarre, ne faites pas cette tête, je fais ce que je peux pour vous faire comprendre) qui se propagea dans mon corps dépassa tout cela : d’elle-même, avec une facilité des plus merveilleusement naturelle, cette énergie magmatique vint se nicher dans le creux de mon ventre, ou plutôt s’assimiler à celle qui brasillait déjà à l’intérieur de moi pour en accroître l’ampleur. Devenu pour l’occasion une véritable éponge à magie, je laissai la sorte de brume vaporeuse traverser les simples vêtements par trop matériels que je portais, passer outre cette chape imbibée d’eau pour venir s’insinuer tout en harmonie par les pores de ma peau artificielle qui n’en but pas moins efficacement cette manne soudaine.
Comme au ralenti, je pouvais sentir jusqu’aux moindres parcelles de cet approvisionnement si riche gagner mon organisme dans sa plus complète entièreté pour y circuler à la façon d’un ruisseau prêt à se transformer à tout instant en torrent sur un simple signal de ma part. Complètement oublieux de ce qui m’entourait, je restai quelques secondes parfaitement détaché de ce que pouvaient dire ou faire les autres, plongé dans un état de béatitude merveilleux qui excluait jusqu’aux récentes catastrophes dont j’avais été affligé, ou plutôt qui les faisait paraître si lointain que je ne m’en préoccupais qu’à peine : niché dans un fabuleux cocon de chaleur douce, intense et réconfortante, mes perceptions étaient si tournées à l’intérieur de moi-même et de ce qui s’y passait que les gestes et paroles des quatre personnes qui m’entouraient ne parvenaient à mes sens que comme un pantomime de bas étage doublé d’un babil insignifiant. Sans doute, il faudrait bien rapidement redescendre sur terre et m’intéresser à nouveau à ces affaires si préoccupantes dans lesquelles nous étions pris, mais pour l’heure, les soucis des mortels ne m’intéressaient pas car, touchant du doigt la force brute même du monde, j’avais l’impression d’en faire moi-même partie et me sentais propulsé à des lieues de toute cette histoire ridicule de cryomancien timbré, d’assassin déviant et de boutiquier patibulaire : je voyais, je sentais, j’éprouvais des choses en une épiphanie illuminatrice digne des extases religieuses les plus élevées !

Même lorsque j’amorçai ma descente pour que mon esprit éthéré exalté par une telle expérience réintégrât son mon corps, je me sentis toujours nimbé d’un halo de suprême sérénité apporté par le sentiment de tranquille puissance qui m’avait envahi, comme si je revenais d’un long voyage, épuisé mais envahi d’une radieuse félicité : plus proche que jamais de mes fluides, j’avais compris avec une netteté encore accrue comment en faire usage. Cette fois-ci, contrairement à ce qu’avait été la révélation qui m’avait amené à maîtriser la Boule de Feu, foin de fougue, de tumulte et de violence : en moi, l’énergie ne rugissait pas, elle grondait, tout simplement, et je la laissai paisiblement sourdre de moi pour s’étendre à mes alentours directs et apposer leur empreinte autour de mon enveloppe charnelle. En une version amoindrie mais non moins efficace du Bouclier de Chaleur, mon énergie pyromantique se manifesta tout en douceur sur ma peau ainsi que sur mes habits, les englobant dans un écrin de haute température, faisant en l’espace de quelques secondes disparaître l’humidité poisseuse qui m’imprégnait pour la remplacer par une sensation de tiédeur des plus plaisante, me laissant un peu étourdi par l’intensité de ce que je venais d’éprouver mais aussi radieux que le petit soleil irradiant dardant ses agréables rayons que j’avais été l’espace d’un instant. Sorte de cerise sur le gâteau de cette expérimentation merveilleuse, je laissai échapper un soupir certes discret mais qui contenait tout le contentement du monde en reprenant pied sur la réalité, désormais plus posé, plus tranquille, plus comblé, et surtout plus calme pour aborder sérieusement toute cette affaire décidément préoccupante.

Clignant des yeux comme au sortir d’un long sommeil, je pris quelques secondes pour me souvenir de ce que j’avais vaguement entendu durant mon rêve éveillé alors que je découvrais les nouvelles données de notre situation, celle-ci prenant la forme d’un humain dont je devais avoir trois fois l’âge et qui devait avoir dix fois ma force à en juger par la taille du sabre surdimensionné qu’il portait et par l’assurance virile de ses gestes qui contrastait grandement avec la maladresse juvénile des miens, contraste dont je ne m’offusquai nullement : il avait de toute évidence choisi la voie des armes tandis que je m’étais destiné de longue date à celle de la magie ; où était le mal là-dedans ? En tout cas, du mal, j’en aurais si je lui cherchais des crosses, car pour être doté d’un équipement comme le sien et pour faire preuve d’un pareil flegme, il ne devait pas en être à sa première aventure, et devait donc être capable de faits d’armes assez impressionnants.
Cette conclusion logique, même Kal le présomptueux y était parvenu, raison pour laquelle il fit preuve de nettement moins de condescendance qu’envers les « deux femelles » qu’il mentionnait si galamment, allant jusqu’à partir du présupposé que lui et le dénommé Arhos étaient sur la même longueur d’onde. Enfin bon, je ne pouvais pas lui en vouloir de désirer se mettre du côté des plus forts, et je pouvais d’ailleurs lui être reconnaissant de mentionner toutes ces questions qui nous taraudaient certainement tous, même si je m’attendais à ce qu’à coup sûr, le blond n’en sût pas plus que nous.
A propos de blondeur, celle dont les cheveux étaient de cette teinte s’était désormais mise en retrait, laissant apparemment sa compagne prendre les devants, laquelle ne se gêna pas pour faire au nouveau venu des avances qui n’avaient rien à envier à la parade amoureuse de certains animaux en chaleur, son sourire béat et ses manières de courtisane donnant l’impression qu’elle allait se mettre d’un instant à l’autre à se frotter au sabreur en ronronnant. Décidément, loin de moi encore une fois de dénigrer la race humaine, mais il m’apparaissait de plus en plus que, conformément à ce que bien des sindeldi pensaient, celle-ci avait quelque chose de plus primitif que nous autres elfes gris qui avions su nous démarquer clairement de nos instincts et de nos pulsions animaux pour atteindre un état d’esprit nettement plus évolué.

Mais bref, c’était là assez disserté sur les spécificités raciales, et plutôt que de remuer des pensées certes intéressantes mais relativement peu productives, le mieux à faire restait de faire restait d’écouter… et aussi de faire en sorte de renforcer les liens entre les membres de l’équipe de bric et de broc que nous avions l’air de former par la force des choses. Ce fut avec cette idée en tête que je me dirigeai vers la taurion de vert vêtue, laissée pour compte dans les évènements actuels, mais alors que je sortais ma main de ma poche, je pus sentir qu’il y avait autre chose à l’intérieur que la petite fiole dont le marchand m’avait fait don, ou plutôt qu’il y avait quelque chose avec puisque je pus sentir de petits maillons entre mes doigts, maillons qui s’avérèrent faire partie d’une amulette toute simple prenant la forme d’une bille de couleur bleue reliée à une chaînette de cuivre. S’agissait-il là d’un cadeau de l’Ecuyer qui aurait décidément été dans son jour de bonté, ou m’en avait-il fait don par mégarde dans la foulée ?
Quoi qu’il en fût, je ne fus pas mécontent d’avoir cette trouvaille à ma disposition, car, sensible à la puissance magique que j’étais, je pus sans problème sentir que de ce simple bijou émanait une énergie certes minime, encore plus faible que celle de mon orbe argentée, mais bien présente ; et puisque jusqu’à preuve du contraire, ce collier m’appartenait, je ne complexai pas d’en faire définitivement ma propriété, le passant à mon cou comme il se devait, avant de reprendre ma progression précédemment interrompue en direction de celle qui était mon aînée physiquement parlant. Normalement, j’airas pris la personne que j’aurais voulu aborder par la manche pour m’adresser à elle, mais en l’occurrence, puisqu’elle n’en avait pas, je pris une de ses mains dans une des miennes, désormais tièdes, afin d’attirer son attention, la regardant d’un air adorablement curieux teinté d’une légère crainte alors que je m’adressais sur un ton du même acabit :

« Dis madame, qu’est-ce qui va nous arriver ? » Lui demandai-je avant d’enchaîner comme si cela m’était venu en tête et que de l’idée à la parole, il n’y avait guère eu de chemin, ainsi que cela advenait souvent avec les enfants. « Au fait, tu t’appelles comment ? Moi c’est Tuia ! » Clamai-je à vois basse comme si cela était un immense sujet de fierté, avant de laisser échapper un bâillement de ma bouche que je couvris maladroitement de ma main libre avant de m’excuser : « Oups, je pose beaucoup de questions. Ça m’arrive quand j’ai pas beaucoup dormi. Pardon madame. »

Et en fait, c’était vrai que je me sentais un petit coup de barre, car il fallait croire que l’absorption du fluide et surtout son utilisation immédiate avait été quelque chose d’un peu plus sportif que je ne l’aurais cru au premier abord, sans compter bien sûr toutes les turpitudes par lesquelles j’étais passé par la faute de cette ordure de cryomancien taré. Enfin bon, je prendrais du repos quand j’aurais l’occasion d’en prendre, mais pour l’heure, il semblait que nous n’allions pas tarder à nous retrouver pris dans je ne pouvais savoir quelles péripéties, aussi paraissait-il plutôt contre-indiqué de pousser un petit roupillon, surtout que les réponses du blondinet en direction duquel je traînais de l’oreille allaient s’avérer possiblement assez enrichissantes.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Les Héraut de la Lune
MessagePosté: Ven 23 Oct 2009 18:39 
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Pour tous :


Le nouvel arrivant regarde en souriant toutes les scènes de vie qui se présente à lui : le coup de foudre, le câlin, la douceur… Cependant, rien ne semble l’atteindre comme si il avait érigé un mur devant ses sentiments, comme s’il se préparait à se battre pour quelque chose de plus grand. Et après avoir esquivé les avances peu retenues de Mahëlen, il déclare sombrement :

« Le Tournoi Millénaire a lieu ici… Chacun de nous a un rôle dans les épreuves qui vont bientôt débuter, moi particulièrement ! Car ici se trame une sombre histoire à laquelle Oaxaca est mêlée. Et je crains, à raison, qu’un de ses sbires coordonne tout ça pour arriver à … Enfin bref, nous allons devoir nous battre et je compte sur une équipe puissante comme la notre pour réussir à arrêter cette machination et je m’en excuse d’avance, Tuia, mais tu ne pourras sans doute pas dormir tout de suite…»

Il vous regarde souriant puis d’un air d’enfant surpris en ayant fait une bêtise, il ajoute simplement et doucement :

«Je connais vos noms, j’écoutais vos conversations…»

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Quatrinette pour les intimes, n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour y répondre ;)
Merci à Itsvara
Et surtout, bon jeu à tous !


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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Les Héraut de la Lune
MessagePosté: Lun 26 Oct 2009 04:51 
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Hé bien, en voilà un qui, contrairement au bouillant Kal débordant d’animosité glacée, était un humain qui ne se laissait pas atteindre par ce qui lui arrivait preuve en était du stoïcisme presque idiot dont il faisait montre, autant face à la précipitation de l’assassin qu’en réaction aux roucoulements de Mahëlen. Pour autant, je ne m’en allais pas aussitôt lui donner la bénédiction de Sithi sans confession, car on ne savait jamais ce que pouvait cacher le comportement apparent des gens : par exemple, vous pouviez avoir l’impression d’avoir un gamin étourdi en face de vous alors qu’il s’agissait en fait d’un étrange être bâtard unique en son genre beaucoup plus malin et intelligent qu’il n’y paraissait, hé hé. Après tout, si je me classais plutôt bien en ce qui concernait mes performances niveau subterfuge et comédie, il n’y avait pas de raison que d’autres n’eussent pas recours aux mêmes artifices, raison pour laquelle il n’était pas superflu de garder l’œil ouvert et l’esprit alerte… sans pour autant virer à la paranoïa aiguë, bien évidemment.
Mais allons, plutôt que de divaguer, il était mieux pour moi de reprendre mon sérieux à l’image d’Arhos qui, après avoir écarté sa prétendante comme on écarte une mèche de cheveux de devant son visage (la pauvre tout de même, si vite et si peu courtoisement repoussée), se lança avec le plus grand sérieux dans l’explication supposée de notre présence ici en un exposé qui me fit écarquiller les paupières et serrer la main de Meredith sans qu’il fût besoin de feindre la surprise sur le coup : un Tournoi Millénaire, rien que ça ! Je me demandais bien de quelle histoire de fous il pouvait bien s’agir là, car malgré mes connaissances vastes en matière de mythes et légendes aussi bien que d’histoire, ma mémoire ne pouvait trouver aucune occurrence d’un tel évènement en elle, donnée à tout moins déconcertante pour un puits de science comme moi. Toutefois, à mon contentement certain, le sabreur poursuivit son récit sans qu’il fût besoin de le presser sur le sujet, et même si je m’étais attendu à ce que nous eussions à nous coltiner des épreuves dans cet environnement si semblable à une arène, j’étais loin de m’attendre à ce que l’instigateur de tout ceci fût aussi obscurément éminent : un sbire d’Oaxaca, rien que ça (bis) !

Non, là, vraiment, je veux bien être prêt à croire à beaucoup de choses, mais que le subordonné plus ou moins direct d’une demi-déesse s’amuse à faire venir une bande de clampins comme nous jusqu’à Pétaouchnock afin de les soumettre à nul ne sait quelle série d’obstacles, on comprendra que c’était une idée qui me dépassait un peu ! Non mais c’était vrai quoi : j’étais certes quelqu’un dont la richesse d’esprit pas à envier celle de sages parmi les plus éminents, mais au niveau des capacités dans un domaine plus concret, j’étais nettement moins digne d’intérêts que des personnes plus fortes, plus habiles ou plus puissantes que moi. Et quant à se battre et mettre un terme à la mascarade dont nous étions les acteurs involontaires, parlons-en tiens : si je me retrouvais face à un danger, qu’est-ce que je serais censé faire ? Balancer un ou deux Traits de feu si je serais en forme ? Ben tiens, si on en venait à tomber face à celui qui tirait les ficelles de tout cela, je sentais que ça le ferait bien s’esclaffer de voir à l’œuvre mes considérables pouvoirs magiques, et tant qu’à faire, peut-être qu’il se tuerait en s’étouffant de rire ; ça ce serait une victoire épique du bien contre le mal tiens.
Enfin bon trêve de plaisanterie : l’« équipe puissante » que nous étions –apparemment- avait du pain sur la planche si elle voulait pouvoir se sortir du pétrin dans lequel elle était fourrée, et le plus gênant était qu’à ce qu’il semblait, la mise au travail ne pouvait attendre, fait plutôt désavantageux étant donné que je n’aurais pas été contre une petite heure de latence afin d’avoir le temps d’assimiler plus convenablement ce fluide que je venais d’absorber. Pas de repos pour les braves comme on disait, et même si je n’étais en rien particulièrement audacieux ou téméraire de nature, il allait de toute évidence falloir que je le fusse si je voulais savoir protéger ma peau autrement qu’en feignant de n’être qu’une quantité négligeable indigne d’attention. Au passage, de l’attention, le blondinet n’en manque manifestement pas puisqu’il ne s’est pas gêné en dépit de ses apparences de dormeur pour traîner de l’oreille et glaner des informations à nos sujets au fur et à mesure que nous les divulguions, indiscrétion qu’il avoue avec un air de culpabilité gentillette peint sur les traits, comme s’il avait dévoilé là quelque étonnant talent.

(D’un autre côté, mon vieux, j’étais à un mètre de toi quand je l’ai donné mon nom, alors t’inquiète, je suis pas choqué.)

Ca, bien évidemment, je m’abstins bien de lui dire, car il ne fallait pas non plus se croire tout permis : certes, cet humain avait l’air foncièrement sympathique, mais pour autant, je doutais qu’il aurait gentiment digéré pareille rebuffade de la part d’une petite chose comme moi, sans compter que la petite chose en question devait s’en tenir à son rôle de garnement insouciant. D’un autre côté, en ma qualité de petit garçon, si je ne pouvais m’autoriser à être caustique et cassant, il m’était tout à fait permis, voire encouragé, de me montrer aussi inquisiteur que voulu puisque chacun sait qu’en matière de questions, les enfants sont très généralement les plus prolifiques, cela à un point souvent insupportable. Avec cette permission tacite en tête, je levai haut la main qui ne tenait pas celle de la taurion et l’agitait fébrilement, comme si j’avais été au beau milieu d’une salle de classe, n’attendant même pas que Meredith eût répondu à mes interrogations (ce qui ne voulait pas dire que je la délaissais ou laissais celles-ci de côté comme l’indiquait le fait que je lui tinsse la main) pour en rajouter :

« Hé monsieur, comment tu sais tout ça ? C’est quoi le Tournoi Millénaire ? Pourquoi c’est « toi particulièrement » qui aura un rôle ? »

Voilà qui ferait assez convenablement le tour des remarques que le discours d’Arhos était de nature à soulever, et qui épargnerait pour une fois la salive de Kal qui s’était jusqu’ici plus ou moins volontairement fait le héraut de nos incertitudes quant à notre situation qui, pour être désormais relativement plus claire, n’en était pas moins tout aussi préoccupante. J’avouerai qu’étant donné l’allure de mes questions et celle du bonhomme, je me serais presque attendu à ce qu’il répondît notamment à la troisième « Parce que j’ai un sabre qui fait ta taille, alors tu mouftes pas. », mais bon, tant qu’à commencer à faire preuve d’audace en tant qu’aventurier, autant s’y mettre au plus tôt, non ?

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Les Héraut de la Lune
MessagePosté: Mar 27 Oct 2009 22:12 
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Localisation: Derrière vous. Prêt à vous caressez la jugulaire et extraire la vie pour donner la mort...
Il ne fallut que quelques instants pour que l’humaine qui répondait au sobriquet de Malehën ne me devance, sans laisser l’homme en noir répondre, pour elle-même déclamer son patronyme, suivant celui-ci de propos inintelligibles mêlés à d’agaçants gloussements aigus.
Celle qui, il n’y avait une minute, voulait engager le combat avec moi était désormais sous le charme de ce quatrième compagnon au minois attendrissant.

(Mais on pas idée de tomber amoureux dans un endroit pareil… bon on peut aimer une lame… mais ça à rien à voir !)
Derrière moi, l’étrange gnome semblait avoir abandonné sa pitoyable tentative d’apitoyer l’écuyer au cœur de glace, s’outrageant de la cupidité de cet homme. Il ne tarda pas à nous rejoindre près de l’alcôve pour lui aussi s’adresser au dénommé Arhos… bien que les phrases restèrent aussi ineptes, aigues et enfantines que les précédentes répliques de cet être aux profils de nabot :
« Dis madame, qu’est-ce qui va nous arriver ? Au fait, tu t’appelles comment ? Moi c’est Tuia ! Oups, je pose beaucoup de questions. Ça m’arrive quand j’ai pas beaucoup dormi. Pardon madame. »
(Pfff… le gamin a besoin de faire un… tu me diras, je me priverais pas d’un somme aussi pour me remettre un peu des mes dernières aventures… bon, au moins on connaît le nom de cette chose, Tuia hein ?)

Comment le hasard pouvait-il bien avoir décidé de créer un groupe si hétéroclite… je ne voulais même pas m’attarder sur la réponse à cette question à laquelle je ne pourrais probablement jamais répondre mais tout de même : une elfe blonde dotée d’une cervelle d’oiseau, une humaine au cheveux rose qui tombait amoureuse du premier éphèbe venu, un gamin roux dont je pouvais même pas identifier la race, un humain blondinet se situant entre samouraï et chevalier noir… et pour finir vôtre serviteur, Kal le jeune apprenti assassin nouvellement meurtrier depuis son interaction avec le dénommé Denin dans les ruelles de Tulorim…
Tant qu’à essayer de former un groupe avec eux, ça n’aurait pas fait de mal d’avoir quelques informations de plus sur ces compagnons d’infortunes. La réponse du dangereux Arhos retentit alors :


« Le Tournoi Millénaire a lieu ici… Chacun de nous a un rôle dans les épreuves qui vont bientôt débuter, moi particulièrement ! Car ici se trame une sombre histoire à laquelle Oaxaca est mêlée. Et je crains, à raison, qu’un de ses sbires coordonne tout ça pour arriver à … Enfin bref, nous allons devoir nous battre et je compte sur une équipe puissante comme la notre pour réussir à arrêter cette machination et je m’en excuse d’avance, Tuia, mais tu ne pourras sans doute pas dormir tout de suite… Je connais vos noms, j’écoutais vos conversations…»

(Un tournoi millénaire ! Eh bah, c’est pas le genre de truc dans lequel on s’embarquent tout les jours…)

Et pourtant, à moi, ça m’était arrivé durant la première soirée que je passais en dehors de mon pain quotidien… chance ? Malchance ? Farce divine d’un dieu du destin fatigué de laisser les humains vivre une vie normale ?
Je n’avais aucune réponse à donner à ces questions purement rhétoriques, mais je trouvais tout de même que c’était une coïncidence pour le moins troublante…
Ainsi c’était à des épreuves que nous allions participer, normal pour un tournoi, mais j’avais tout de même l’impression que l’événement n’était pas ce qu’il y avait de plus orthodoxe… la preuve ! Il était organisé par un sbire d’une certaine Oaxaca… sûrement une de ces femmes qui commençaient à avoir un peu d’influence dans le monde obscur…
Tout cela ne m’importait que très peu… il avait prononcé les mots qui m’intéressaient… nous allions devoir nous battre et c’était tout ce qui m’importait.
Je n’étais tout de même pas une bête de combat sanguinaire, bien que mon goût pour le sang ne soit quelque peu plus développé que chez la moyenne des hommes, et il me fallait rassembler un maximum d’information pour avoir une chance optimale de m’en sortir vivant.
A peine voulus-je poser de nouvelles questions que Tuia me pris de court :


« Hé monsieur, comment tu sais tout ça ? C’est quoi le Tournoi Millénaire ? Pourquoi c’est « toi particulièrement » qui aura un rôle ? »
(Etonnant, il posé exactement les questions auxquelles j’avais pensé… ce gamin doit être plus intelligent qu’il n’en a l’air… il se comporte néanmoins comme un imbécile… méfiance…)

J’avais néanmoins d’autres interrogations en tête qui étaient en fait propositions. Me rapprochant du mur, je m’appuyai dessus, le flan me lancinant quelque peu, et parlai ainsi au groupe tout entier :
« Je voudrai également vous proposer quelques choses… Si comme nous l’a dit Arhos nous devons participer ensemble à ce tournoi, il serait peut être utile que chacun d’entre nous se présente et surtout expose ses « capacités ». C’est tout de même ce qui prime si l’on doit se battre… Bien, je vais commencer : je m’appelle Kal comme vous le savez tous je crois, je viens de Tulorim et je dispose d’un certain talent dans le combat rapproché ainsi que dans les approches discrètes utiles à l’assassinat. »

_________________
Image

-Nous, assassins, ne rendons de culte qu’a Phaitos, le dieu de la mort.
-Pourquoi lui rendre un culte ?
-Il est le dieu de la mort et nous la semons. Nous sommes ses envoyés.


Dernière édition par Kal le Dim 8 Nov 2009 22:10, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Les Héraut de la Lune
MessagePosté: Mer 28 Oct 2009 00:02 
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Localisation: Sur ma chaise de bureau
Alors que je laisse s’échapper mon amie, le petit bonhomme roux me prend délicatement la main pour signifier sa présence.

« Dis madame, qu’est-ce qui va nous arriver ? »
« Au fait, tu t’appelles comment ? Moi c’est Tuia ! »
« Oups, je pose beaucoup de questions. Ça m’arrive quand j’ai pas beaucoup dormi. Pardon madame. »


Le petit être enchaîne les questions et les phrases sans même attendre mes réponses. Une fois qu’il a finit et en me forçant à me rappeler de toutes ses paroles, je me décide à lui répondre mais à peine ai-je la bouche ouverte que Arhos repousse Malehën presque courtoisement mais cette dernière ne semble en aucun cas affectée par le râteau qu’elle vient de se prendre et reste à quelques pas du beau jeune homme, le sourire aux lèvres écoutant méticuleusement ce qu’il va dire.
Des épreuves, Oaxaca, nous battre, une équipe puissante, autant de mots que je ne saisis pas très bien ou alors je ne voulais pas croire ce que cela impliquait. Fait étrange, le comportement de Malehën s’est fait brusquement plus sévère lorsque Arhos a parlé d’Oaxaca. Qui est cet Oaxaca ? En tout cas quelqu’un de peu recommandable à en juger par les sourcils froncés de mon amie. Tout le monde a les mêmes questions même si désormais, nous connaissons tous les réponses. C’est comme si nous refusions la vérité, enfin presque tous, car Kal ne semble pas trop peiné. Nous allons nous battre et dans un tournoi millénaire tant qu’à faire.

Je reste sans bouger quelques instants, regardant Arhos comme si j’attendais de lui qu’il nous annonce un canular, un blague de mauvais goût certes, mais qui au moins me soulagerais. Me rendant à l’évidence, je me souviens des questions de Tuia mais alors même que j’allais enfin lui répondre, il semble plutôt intéresser par les paroles du jeune blond et lève la main pour prendre la parole, comme un enfant discipliné souhaitant répondre à une question de l'instituteur, c'est tellement mignon.

Malgré ça, je lui lâche la main pour m’approcher de Malehën et poser une main sur son épaule, comme pour la rassurer, bien que maintenant, je dois être aussi inquiète qu’elle. Je murmure ensuite à mon amie quelques mots.


- C’est qui Oaxaca ?

- C… C’est… Une horrible femme, d’une cruauté sans pareille, vile et malveillante. Des légendes disent que c’est une demi-déesse, que c’est le mal en personne.


Je frissonne après ces mots. Eh bien, nous voilà bien… Je prends une profonde inspiration en écoutant Tuia qui s’adresse à Arhos. La comparaison est assez drôle tout de même. Un petit homme tout en robe face à ce canon tout recouvert d’acier et de fer dont les vêtements semblent le rallonger. Puis viens le tour de Kal de parler. Il souhaite que nous nous présentions. Au fond, ce n’est pas idiot, si nous devons être une équipe autant se connaître mieux. Par contre, nous avouer qu’il a des tendances assassines n’est pas très intelligent. Je ne sais pas quoi penser de lui, il est méchant mais il semble savoir se battre ce qui pourra nous aider.
Je m’avance d’un pas et enlève ma main de l’épaule de Malehën.


- Bien, je suis Mérédith et voici mon amie Malehën. Nous parcourons le monde que depuis récemment pour trouver des réponses et surtout un remède qui me guérira de ma malédiction. Je trouve que c’est une bonne chose de se connaître, si nous devons nous battre ensemble, bien que je n’adhère pas vraiment à la violence gratuite, nous devons avoir confiance en l’autre, l’union fait la force car apparemment si nous sommes une équipe, c’est qu’il y en a d’autres, nous sommes pas seuls alors.

Un bruit m’interrompt soudainement, c’est mon estomac que je n’ai toujours pas rassasié et que j’ai totalement oublié à cause de toute cette mascarade. Je souris puis m’approche d’Arhos.


- Pourriez-vous vous poussez s’il vous plaît, j’aimerais récupérer ma pastèque.

_________________


Dernière édition par Meredith le Mer 28 Oct 2009 15:51, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Les Héraut de la Lune
MessagePosté: Mer 28 Oct 2009 00:14 
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Pour tous :


Le petit bonhomme puis l’assassin en herbe firent sourire votre interlocuteur direct. Vos questions candides étaient certes normales mais un brin de malice satisfait ne put être réprimé par l’indolent combattant. Il se savait chef d’un groupe si étrange et il en jouissait profondément, comme s’il avait attendu ce jour comme l’homme la femme. A la déclaration de Kal, il ne put que répondre avec intelligence, éludant la vérité :

« Moi, je sais tout faire ! C’est d’ailleurs pour ça et parce que je sais tant de choses que j’aurais un rôle particulier, mais cela ne concerne en rien, du moins pour l’instant. Chaque réponse viendra en temps et en heure. Cependant, le tournoi auxquels nous allons participer est une entité du mal établie pour amener vers l’accession au pouvoir divin d’Oaxaca… Mais trêves de paroles, il faut y aller.»

N’attendant personne à part son sabre, il se retourne et s’engouffre dans le couloir menant à l’unique sortie, votre échappatoire. Il s’accroupit devant, pensif. Lorsque vous le rejoignez, vous découvrez deux gongs de chaque côté de la porte ainsi qu’une sorte de cercle de pierre devant celle-ci, incrusté dans le sol. Dans celui-ci, une garde gigantesque est enfoncée. Vous sentez que le beau blond est tendu face à cette difficulté imprévue et incompréhensible…

« Ca a commencé… Mais je ne comprends pas, tout ceci n’était pas annoncé !»

((( Vous êtes en semi-dirigé jusqu’au 4 au soir ! Vous devez ouvrir la porte en utilisant le mécanisme présenté et en vous mettant d’accord. A vous de trouver quelque chose d’intéressant ! Bonne chance ! ))

_________________
Quatrinette pour les intimes, n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour y répondre ;)
Merci à Itsvara
Et surtout, bon jeu à tous !


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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Les Héraut de la Lune
MessagePosté: Mer 4 Nov 2009 04:02 
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Ainsi au bout de quelques instants, la jeune elfe à la blonde crinière fut la première à répondre à ma proposition, donnant enfin son nom, Meredith, et disant qu’elle parcourait le monde dans l’espoir de trouver un remède à une quelconque malédiction qui l’accablerait. Elle raconta aussi quelques balivernes sur le principe de l’union qui ferait la force, que la violence était mal et elle déduisit, avec une logique digne d’une dissertation, que nous n’étions pas la seule « équipe ». Enfin, ça n’aurait pas dû m’étonner vu la réaction qui suivit… elle repartit, encore, à la recherche de sa pastèque.

(Mais quelle cruche !)
A la suite de l’elfe imbécile, le gamin à la race mystérieuse qui me donnait envie de lui dire « t’es quoi en fait ? » répliqua par des propos enfantin qu’il manipulait le feu et était d’une grande intelligence, ce dont je ne savais que penser. Ce petit personnage restait pour le moment bien mystérieux… il me faudrait éclaircir ça par la suite…

Arhos, lui, répondit alors avec une présomption aussi ridicule qu’absurde :

« Moi, je sais tout faire ! C’est d’ailleurs pour ça et parce que je sais tant de choses que j’aurais un rôle particulier, mais cela ne concerne en rien, du moins pour l’instant. Chaque réponse viendra en temps et en heure. Cependant, le tournoi auxquels nous allons participer est une entité du mal établie pour amener vers l’accession au pouvoir divin d’Oaxaca… Mais trêves de paroles, il faut y aller.»
Sur cette charmante et délicieuse démonstration de modestie, celui qui prenait –littéralement- la tête du groupe quitta l’alcôve marchande pour se diriger à grand pas vers celle où se trouvait l’unique sortie, et entrée non-magique du coup, de l’endroit.
Jetant un regard bref vers mes quelques « compagnons » restants -décidément j’allais devoir m’habituer à les désigner de la sorte- je suivis notre pseudo-leader et m’engouffrai dans le couloir.
Je découvris avec surprise des éléments qui n’avaient pas captés mon attention lors de mon arrivée ; deux gongs se trouvaient aux cotés de la porte tandis que devant elle se trouvait une sorte de cercle de pierre légèrement surélevé duquel dépassait la garde immense d’une épée.. Accroupis près du cercle, le blond le regardait avec interrogation, tendu devant ce spectacle, et, alors que mes compagnons nous avaient rejoints, il dit :


« Ca a commencé… Mais je ne comprends pas, tout ceci n’était pas annoncé !»
(Pauv’chou ! Et toi qui disais y’a pas deux minutes que t’avais la science infuse hein ? conniaud)
Nous étions donc confrontés à un obstacle pour le moins étrange… si comme il le disait nous devions commencer l’épreuve, ça signifiait qu’il nous fallait passer cette porte… maintenant !
Mais comment faire ?! Cette… « Porte » n’avait pas de serrure… ni même le moindre orifice par lequel nous aurions pu tenter de la mouvoir. Immense dalle infranchissable…
Je me rapprochai de l’homme en noir, tentant de m’accroupir moi aussi pour examiner le cercle de pierre mais à peine me pliais-je que la douleur fusa depuis ma hanche blessée… ce genre de mouvement, pour le moment, ne m’étais pas indiqué… Je dus donc poser les genoux à terre, m’inclinant sans plier les hanches pour pouvoir reluquer.
Je pus donc voir que le rond était parsemé de symboles obscurs qui n’éveillaient en rien ma mémoire… qu’étais-ce donc que cela ? Qu’est-ce que ça pouvait bien dire ?
-C’était dans ce genre de moment que j’aurais bien aimé être un peu plus cultivé…-
Laissant les symboles de côté, je me mis à tâter la poignée et la garde qui dépassaient. Savamment ouvragés dans un métal fort joli, la garde était aussi longue que le diamètre du cercle et la poignée n’était point de celle qu’humain pouvait manier, les deux me faisant deviner l’immensité de la lame… peut être que ça tenterait Arhos.
Revenons-en au problème, comment ouvrir cette fichue porte ?!!
L’elfe s’en était allée vers les gongs dorés, sûrement pour se recoiffer, tandis que son amie humaine, entichée du blondinet, restait près du cercle elle aussi… soit pour Arhos, soit pour chercher la réponse à cette énigme qui nous avait tous rendus muets.
Le sieur Tuia, quand à lui, semblait s’être pris d’intérêt pour les symboles runico-j’ycromprendsquedalle, s’étant accroupis vers eux et n’ayant plus bougé d’un poil depuis. Quelques instants plus tard, il commença à se parler tout seul, comme plongé dans une intense réflexion, murmurant les quelques mots suivants avec un étrange détachement de la réalité :


« Deux coups… Quatre coups… Sept coups… »
Ce fut à ce moment là, alors que je m’étais presque allongé contre la roche pour voir s’il n’y avait rien d’inscrit sur la bordure du cercle, et que le gnome était plongé dans sa transe, que l’idiote de la compagnie, celle qui pour le moment était considéré comme génétiquement débile par ma personne, frappa sur l’un des gongs, libérant une longue tonalité grave qui se dissipa en quelques instants.
C’en était trop, j’allais me lever et lui foutre une grosse claque puis l’obliger à… un son ! … non, des sons… alors que près du sol, je ruminais la punition que je lui administrerai, mon ouïe, cette amie de toujours, avait capté des bruissements… des chuintements… des frémissements d’une intensité si faible que…. Quelque chose bougeait sous la roche !!
Voulant m’en assurer, je dégainai ma nouvelle arme, et du pommeau commençai à frapper le sol, l’oreille proche et tendu, pour percevoir la moindre altération. Parsemant de coups le support de nos pas, je crus distinguer quelques infimes différences dans les sonorités renvoyées par ce tambour de fortune…
Calmant l’excitation qui montait en moi, je fis rapidement le rapprochement entre le coup de Meredith et le bruissement… et si :


« Hum… Meredith… Peux-tu, s’il te plait, frapper sur le gong à nouveau ? »
Elle tenait en main un maillet qu’une ficelle reliait à l’objet doré… Il était donc prévu de frapper… non, mon raisonnement était trop farfelu …
Nouveau coup de gong.
Interrompant le fil de mes pensées, les bruissements oniriques que j’avais perçus étaient réapparus, chantant bas… très bas, mais… ils étaient réels !
Ainsi mon raisonnement était vrai… tout aussi vrai que le résonnement qu’avaient créé les coups de mon arme… Il y avait quelque chose en dessous de nous qui s’activait aux coups sur le gong :

« Je crois que les coups sur le gong activent quelque chose en dessous de nous » puis, m’adressant à tuia « Eh gamin! Qu'est-ce que tu marmonnes à propos de coups? »

Lentement, comme à moitié éveillé, il répondit faiblement :

« Le monde fut créé par Zewen qui fit venir à sa gauche Yuimen et à sa droite Gaïa... Zewen est un, Yuimen et Gaïa sont deux... » Puis sa voix gagna en force « Un coup ! Un coup simultanément pour Zewen qui fut tout en étant unique ! »

Bizarrement j’avais sentis que ce gnome était plus que ce qu’il semblait être… en tout cas, qui ou quoi qu’il soit, il savait lire les symboles et c’était tout ce qui importait pour le moment. J’avais compris ce qu’il voulait dire… il fallait un premier coup simultané ! Je me mis à donner des instructions :

« Arhos, placez vous sur l’autre gong et accordez vous avec Meredith pour que vous frappiez un coup simultané ! … non Malehën, ne le suis pas s’il te plait, reste près de nous et essaye de nous aider… »

Obéissant sans poser de questions, le blondinet alla se placer sur le second cuivre, puis, d’un commun accord avec la blonde, ils frappèrent au même moment…
Les Sons !!! Je les entendis clairement cette fois, faibles grondements, roulements souterrains… :


« Ca vient… ça vient »

En effet, je sentais que les bruits se déplaçaient depuis la porte pour se diriger vers moi… non ! Vers l’épée !
Etrangement, Malehën tenta au même moment de s’emparer de l’épée, se pliant et tirant violemment… Chuintement sonore… L’épée s’était soulevé d’environ un quart de mètre, laissant apparaître une lame parfaite… sur laquelle était dessiné un symbole… une roue… semblable à celle qui s’était illuminé sur la roche… Magie !!
Oui, c’était de la magie car rien de ce que je connaissais ne pouvait émettre de la lumière à la suite d’un… mécanisme. Pouvait-on encore appeler ça un mécanisme ? Ca réagissait à des instruments de musique après tout…
Enfin… je ne pouvais m’étonner de rien. J’avais été transporté magiquement ici, j’avais rencontré un homme qui disposait d’une ombre à la place du visage et j’étais en compagnie d’une bande d’hurluberlus comme je n’en avais jamais vu…
Nous avions donc ouvert le premier cran, mais ça ne semblait guère être suffisant… comme pour le confirmer, le gnome choisit ce moment là pour continuer :


« Deux furent ceux qui firent le monde. Deux fois à l'unisson pour Yuimen et Gaïa ! »

Ainsi, il nous fallait recommencer sur le même principe et en mon nouveau rôle d’organiseur, je demandai à nos deux musiciens de frapper deux fois…
Encore une fois, les bruits se répandirent en dessous de nous, atteignirent l’épée et Malehën, qui semblait avoir elle aussi comprit, tira à nouveau dessus, dévoilant pour tout le monde un bon demi-mètre de lame.
Deux symboles apparaissaient cette fois-ci ; un soleil et une sphère… Yuimen et Gaïa.
Pour quelqu’un qui en savait aussi peu sur le monde, cette épreuve anticipée commençait à m’apprendre pas mal de chose sur le panthéon divin. Evidemment, les deux symboles gravés sur le métal s’étaient illuminés sur la roche pleine.
Le petit être continua sa… lecture :


« L’aîné et le cadet l’un après l’autre ! Une fois pour Phaïtos, puis une fois pour Thimoros ! »
Oh ! Les instructions étaient différentes cette fois, elles parlaient de mon maître en plus… j’ignorai que Thimoros était le jeune frère de mon maître.
J’indiquai donc à mes blonds compagnons de frapper chacun une fois…
Malehën tira l’épée d’un nouveau cran, montrant à tous une aile et une sorte de pique. Etrange… je ne voyais pas en quoi ces symboles avaient un rapport avec la mort et le chaos…
Enfin bref, la lame était maintenant haute de trois quart de mètre et je commençais à espérer que c’était bientôt la fin. Bien qu’excité au début, la répétition n’avait d’intérêt que dans l’histoire construite par cela, et ce n’était pas assez d’actions pour l’apprenti assassin passionné que j’étais.
La mélopée Tuiaiesque s’abattit encore une fois :

« Aimants puis ennemis ! Frappez en alternance sans cesser pour chaque coup que se sont donnés Meno et Yuia! »
Ah, encore de nouvelles instructions ! Ca m’empêchait de perdre tout intérêt pour ma tâche de traducteur… Etait-ce même utile que je leur indique quoi faire ? Oui, le gnome parlait trop bas et n’était pas toujours clair.
Je dis donc aux deux de frapper l’un après l’autre sans s’arrêter…
Cette fois, les symboles au sol, une flamme et de la neige, se mirent luire, puis à briller comme les autres symboles et l’humaine aux cheveux rose tira un nouveau cran à « l’air libre » avec dessus les attributs de Meno et Yuia. On en était à un mètre de long…


« Que la pluie batte rapidement à gauche pour Moura et qu’un seul coup de vent résonne en longueur pour Rana! »
Eh bien, les instructions devenaient de plus en plus élaborées ! Je demandais donc au frappeur de gauche d’enchainer les coups jusqu’à que le premier signe, des gouttes de pluie, s’illumine normalement, puis j’indiquai au frappeur de droite de frapper un seul coup.
Le second symbole, un tourbillon, s’illumina à son tour et l’humaine sortit de sa gangue une nouvelle mesure d’acier sur laquelle les divins emblèmes étaient gravés.
Et là, parlant avec force, Tuia dit :

« Grondez ! Aussi vite que possible, frappez pour faire le tonnerre de Valyus ! »

Et le couple de frappeurs obéit sans mon ordre cette fois ci, se mettant à cogner le plus vite possible, répandant un vacarme infernal dans l’endroit… le grondement du tonnerre !
Alors que l’acoustique devenait insupportable, la lame de l’épée fut parcouru d’éclair… les éclairs du dieu Valyus !
Pétrifié de stupeur devant ce surprenant phénomène magique, je vis néanmoins du coin de l’œil que le blason de ce dieu, l’éclair, s’était illuminé et qu’il fallait donc sortir l’épée alors que nos amis s’évertuaient à frapper.
M’avançant aux cotés de Malehën qui semblait indécise face à ce charme, je joignis mes mains aux siennes et tirai à mon tour, dévoilant ce que j’espérais comme étant la dernière portion à sortir…


« Plus rien… Sithi paraît en silence. »

Il fallait donc s’arrêter désormais et attendre… du moins d’après les paroles du gnome. Je contemplais d’un air satisfait le travail que nous avions réalisé… ce n’était pas facile énigme à résoudre que celle là !
Meredith, qui décidément ne tenait pas en place, s’approcha alors en disant :


« Bah alors ? Y’a plus rien ? »

Et tout en questionnant, la gourde trébucha contre le bord du cercle, se rattrapant de justesse à la garde de l’arme… qui bougea ? Non, ça ne peut…
Je vis soudain que sur le symbole lunaire de la porte, un rai s’était illuminé… tout se fit clair en moi :


« Un tour complet ! »

Et Tuia, qui lui aussi avait vu la porte, ajouta :
« Pour la pleine lune ! »

Et la blonde Meredith comprenant, elle fit faire un tour complet à la garde de l’épée, scellant nos efforts d’une rotation salutaire…
A peine la lune était-elle pleine que l’immense pavé de pierre se scinda en deux battants qui s’ouvrirent lentement, laissant la voie libre vers la première épreuve de ce tournoi…


(((Et dans un élan de fanatique de Naheulbeuk, je ne peux m’empêcher de citer en cet instant la phrase légendaire qui clos le premier épisode :

« Mes amis, la porte est ouverte »

(et en plus c’est le voleur qui le dis XD) )))

_________________
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-Nous, assassins, ne rendons de culte qu’a Phaitos, le dieu de la mort.
-Pourquoi lui rendre un culte ?
-Il est le dieu de la mort et nous la semons. Nous sommes ses envoyés.


Dernière édition par Kal le Lun 9 Nov 2009 00:31, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Les Héraut de la Lune
MessagePosté: Mer 4 Nov 2009 21:27 
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Bon, bon, bon, heureusement, contrairement à ce que j’avais craint, personne ne sembla trouver mon intervention pertinente particulièrement étrange de la part d’un chiard qui avait apparemment à peine assez de jugeote pour lier deux pensées ensemble, même si je détectai de la part du jeune homme de noir vêtu un regard qui en disait long sur les soupçons qui pouvaient lui être venus à l’esprit, regard que je pris soin de ne pas lui rendre, gardant les yeux fixés sur le blond et la main dans celle de la blonde en attendant que ce dernier répondît à mes interrogations. Mais avant que cela pût se faire, Kal prit la parole avec un air que je ne pus m’empêcher d’interpréter comme étant celui d’un conspirateur, recommandant que nous exposassions ce en quoi nous avions quelque habileté avant de lui-même donner l’exemple, déclinant ses qualités d’assassin Tulorien avec une fierté manifeste dans la voix qui tendait à faire penser que, décidément, les humains étaient des barbares.
Cela dit, barbare ou pas barbare, ce gaillard à la courte longévité n’avait pas là une mauvaise idée tant il était vrai que tant qu’à faire, plus nous en saurions les uns sur les autres, plus nous saurions à quoi nous en tenir quant à ce dont nous pourrions être capables à nous cinq. En même temps qu’il nous divulguait ses intentions, la taurion se sépara de moi (sans même se préoccuper de ce que je venais de lui dire, la pimbêche) afin de s’en aller discuter avec sa comparse, me laissant méditer sur ce que j’allais pouvoir décider de dévoiler sur ma personne : j’avais sans conteste de considérables capacités, même si celles-ci étaient loin d’être percutantes, mais l’ennui était qu’elles pouvaient hélas difficilement coller avec le rôle que je m’étais taillé, aussi la question était de définir non seulement les informations que je fournirais mais aussi à quelle sauce je les servirais à ces gens qui n’avaient pour le moment pas l’air d’avoir éventé ma ruse.

Pendant que je réfléchissais à cet épineux problème, celle qui se présenta présentement sous le nom de Meredith s’avança et s’introduisit auprès de nous de même qu’elle le fit pour celle que l’on connaissait déjà comme étant Malehën, apportant également à notre attention le but de ses pérégrinations qui était apparemment de vaincre une malédiction ; malédiction dont je ne voyais nulle trace physique ni magique conventionnelle, à moins qu’il ne s’agît d’un maléfice la condamnant à une terrifiante surcharge mammaire et à des vêtements à la petitesse que la pudeur déconseillait. Mais je divaguais, et j’en oubliais notre compère qui était apparemment une « mangeuse de feuilles » (qu’on me pardonne, mais c’était comme cela que certains sindeldi nommaient les elfes verts d’après Aenigal qui m’avait au passage fortement déconseillé cette appellation péjorative) prônant le pacifisme à tous crins. Enfin bon, je n’avais pas de quoi me montrer médisant, car, grosso modo, j’adhérais à ses idées, et je dus avouer qu’elle apportait au passage un élément de réflexion des plus intéressants puisqu’elle mentionnait la présence probable d’autres groupes semblables au nôtre, considération absolument pas dénuée de sens que je notai dans un coin de ma mémoire alors que, mon tour venu, je me dandinais d’un pied sur l’autre à la façon d’un culbuto en tortillant mes mains d’un air embarrassé :

« Bah moi, je sais faire du feu…un peu. » Finis-je par dire, ayant décidé de mettre au grand jour ma prédilection pour la pyromancie de toute façon plutôt flagrante tout en modérant la portée de mes capacités de manière à ce qu’il ne vînt pas à l’esprit de mes équipiers de trop m’en demander. « Et je suis très intelligent ! » Ajoutai-je après quelques minutes d’hésitation feinte, préférant décidément me laisser une certaine marge de manœuvre au niveau aptitudes réflexives et cognitives, précisant : « Je connais un tas de choses, vous savez ! »

Mais je n’eus qu’à peine le loisir de refermer la bouche qu’Arhos avait déjà embrayé, se montrant pour sa part aussi modeste qu’un prodige porté aux nues étant donné qu’il fanfaronna à la manière d’un coq, ses paroles s’avérant aussi éclaircissantes et constructives que les gloussements du gallinacé susmentionné vu qu’il ne partagea absolument rien d’exact ou même de significatif sur lui ce corniaud. Cela dit, il avait décidément l’air d’en savoir beaucoup pour un godelureau, le rouleur de mécaniques arguant que la mascarade à laquelle nous prenions part n’avait d’autre but que de transformer une demi-déesse en déesse, en la personne d’Oaxaca comme on l'aura deviné ; rien moins que ça ! De toute évidence, il n’en dirait toutefois pas plus, et ce fut donc en rongeant mon frein que, peu rassuré, je lui emboîtai docilement le pas sans mot dire, plongé dans mes pensées, me demandant vraiment à quoi pouvait rimer cette affaire qui nous donnait tant de tintouin.
Et pour produit de ces interrogations renouvelées, j’eus droit à un retournement de cerveau pas banal dans le genre réflexion transcendante, remue-ménage mental qui me laissa à écarquiller des paupières avec une drôle de migraine existentielle, prenant un moment pour ingérer toutes ces informations qui eurent du mal à passer avant que de prendre sur moi pour me consacrer à l’instant immédiat plutôt qu’à ces préoccupations qui avaient pourtant bien de quoi faire crier « Pourquoi moi ?! ». Enfin bon, depuis ces dernières heures, l’aphorisme « Au moins, ça ne peut pas être pire. » avait pris un sens tellement dérisoire que je ne me donnais même plus le loisir d’être véritablement touché par tout l’incommensurable ramdam tourbillonesque au sein duquel je nageais, l’option la plus efficace que je m’appliquais à suivre étant de computer le mieux possible toutes les données qui m’étaient mises à disposition afin de prendre les bonnes décisions… un vrai boulot d’aniathy en somme.

Mais allons, même si le cynisme était un moyen reconnu pour faire face aux drames sans se laisser submerger par eux, il n’était pas temps de s’abîmer dans l’ironie, mais plutôt de faire face à la situation à laquelle nous étions confrontés de bien intrigante façon en vérité, et qui, niveau épreuve de tournoi, laissait présager des efforts bien moins éprouvants que je l’aurais pu croire. Pour vous donner une idée de la salle dans laquelle nous pénétrâmes, celle-ci faisait à tout casser huit mètres sur huit, et présentait à l’extrémité opposée de l’entrée une porte qui ne pouvait que mener vers d’autres recoins de ce complexe souterrain, mais qui restait cela dit notre seule issue. Problème : ni poignée, ni serrure, ni loquet, ni quoi que ce fût comme mécanisme de fermeture n’étant visible, les énormes ventaux avaient l’air proprement infranchissables, et devaient donc répondre à quelque moyen d’ouverture impossible à élucider à première vue. En parlant de ce sens, justement, la vue permettait de voir de part et d’autre des gros panneaux de roche d’imposants gongs faisant au bas mot deux fois ma taille, et, au centre de la pièce, comble de la démesure, une énorme garde d’arme proprement surdimensionnée (encore plus que le sabre de l’humain, c’était dire) surgissant du sol, entourée par des glyphes que je ne distinguais guère commodément depuis l’entrée.

Ainsi, laissant sur le perron un blondinet pantois qui se dégonflait bien soudainement de toute sa belle assurance, je m’approchai plus par défaut qu’autre chose des symboles dont la nature potentielle m’intéressait vivement, toujours curieux d’en apprendre plus comme je l’avais toujours été, l’étais alors toujours et le suis toujours aujourd’hui. De plus près, je n’eus pas de quoi être déçu, car pour ce qui était de la complexité de ces runes, elles avaient de quoi déconcerter les moins érudits, ce qui fut certainement la raison pour laquelle je fus le seul à me pencher dessus à proprement parler alors que les autres larrons s’égaillaient de-ci de-là pour se livrer à leurs propres inspections : Kal consacré à l’étude de la constitution de l’énorme poignée métallique, Meredith à celle des gros instruments circulaires, Malehën à celle d’Arhos et Arhos à la sienne propre très certainement.
Mais pour en revenir à des préoccupations plus intelligentes, rien que définir des formes cohérentes dans tout cet étalage digne des fresques les plus élaborées que j’avais sous les yeux me prit une bonne minute au terme de laquelle j’élucidai de-ci de-là des chiffres et des lettres qui n’avaient à proprement parler rien d’hermétique, mais qui étaient noyés dans un tel galimatias pictural qu’il fallait faire œuvre de patience pour les apercevoir et les déchiffrer. Si près de l’espèce de dallage que certains de mes cheveux les touchaient presque, une main posée sur mon menton et ma bouche, l’autre suivant les contours des inscriptions, j’avais les sourcils froncés en digne d’une perplexité non feinte, tout entier à mon travail d’archéologue, si entier d’ailleurs que je ne me rendis compte qu’après coup que je réfléchissais tout haut à ce que je lisais :

« Deux coups… Quatre coups… Sept coups… »

Je n’eus pas l’occasion de m’adonner davantage à mes divagations qu’un bruit monumental qui emplit la salle comme un ronflement immense se fit entendre, me coupant la parole et semant le trouble parmi les humains… mais pas parmi le sindel ? Non, car en même temps que ce grondement solennel s’était fait entendre, j’avais pu percevoir comme des relents de magie se mettre en branle dans les entrailles mêmes du lieu où nous nous trouvions, nouveauté étonnante qui me captiva d’autant plus que je ressentais tout cela à la manière d’une espèce de pot-pourri de fluides proprement fascinant dans l’estimation duquel je m’abîmai littéralement alors que je ne discontinuais pas dans le décryptage des schémas sibyllins, y voyant de plus en plus clair : au milieu d’un tel fatras d’images diverses, ce n’était vraiment pas évident à distinguer, mais tout le pourtour du cercle formait une sorte de roue crantée, l’intérieur lui-même étant composé de deux ovales qui s’entrecroisaient, l’un de couleur dorée et l’autre brunâtre.
Pour quiconque avait de bonnes connaissances en mythologie et était doté d’un esprit logique suffisamment performant, il n’était pas trop difficile de comprendre qu’il s’agissait là d’une représentation de la création du monde par le premier des dieux accompagné des deux qui créèrent tout ce que nous connaissions aujourd’hui… fascinant ! En vérité, tout cela était tellement nouveau, tellement captivant, tellement inédit que je ne faisais plus attention à ce qui m’entourait, uniquement préoccupé de déchiffrer cette étrange mosaïque dans son entièreté et de détenir au bout du compte le fin mot de cette histoire en pictogrammes. D’ailleurs lorsque j’entendis (ou plutôt crus entendre) la voix de Kal s’adresser à moi sous la dénomination de « gamin », la seule réponse que je lui fis se présenta sous la forme de marmottements d’allure pour le moins confuse pour ces gens qui n'avaient bien évidemment pas pu suivre le cours de mes pensées :

« Le monde fut créé par Zewen qui fit venir à sa gauche Yuimen et à sa droite Gaïa... Zewen est un, Yuimen et Gaïa sont deux... » Oui, les dessins, le gong, la porte, l’épée, tout était lié pour former un immense mécanisme dont je commençais maintenant à percevoir la nature ! « Un coup ! Un coup simultanément pour Zewen qui fut tout en étant unique ! »

Heureusement, s’il n’était pas un puits de science, le roublard avait l’esprit plutôt vif, et transmit donc mes instructions aux deux autres humains qui ne firent pas les difficiles et s’exécutèrent sur le champ, faisant une fois de plus entendre le son des gargantuesques disques de métal dont la clameur pénétra les sens de manière d’autant plus exaltante que je sentis une recrudescence dans les émanations magiques qui se manifestèrent particulièrement au niveau de l’épée que je vis se soulever de deux bonnes dizaines de centimètres de la main de Malehën, dévoilant une étrange lame crantée qui portait sur la partie qui venait d’être dévoilée...une roue ! Nous tenions le bon bout, et à peine le temps de constater cet heureux succès que je m’étais déjà replongé dans mes compulsations érudites, m’apercevant avec un frisson d’exaltation que le symbole circulaire s’était légèrement éclairé d’une douce lueur blanche dont la radiance s’étendait aux ovales précédemment mentionnés, signe que nous allions certainement dans la bonne direction et qu’il fallait poursuivre dans ce sens. Ainsi, ne perdant pas une seconde de plus, et faisant appel à ce que je savais des mythes créateurs, j’énonçai d’une voix aux accents très probablement teintés de mysticisme :

« Deux furent ceux qui firent le monde. Deux fois à l'unisson pour Yuimen et Gaïa ! »

Par bonheur, une fois de plus, au lieu de me demander quelle mouche m’avait piqué, mes équipiers s’exécutèrent sans tarder à la manière de diligents acolytes, battant le métal en une symphonie qui résonna comme une délectable musique à mes oreilles, comme délectable fut le crissement de l’épée qui s’extirpa de terre et la sensation des fluides qui grondèrent. D’ailleurs, en y pensant, je me montrais peut-être un peu trop éveillé et bien renseigné pour un mioche, mais je n’accordai à ce souci qu’une courte pensée vaguement inquiète, trop préoccupé par la réalisation de l’œuvre que nous étions en train d’accomplir pour considérer autre chose. Je sentais à ce propos que les autres se laissaient gagner par un enthousiasme similaire au mien, et poursuivaient donc leurs tâches respectives sans se poser plus de questions que moi qui sourcillai à peine en découvrant que les symboles suivants -une aile de corbeau et un dard de scorpion- étaient nettement plus sombres de par les divinités auxquelles ils se rapportaient. Me faisant vite la réflexion qu’il ne s’agissait là que de la continuité logique de la création du monde, j'occultai les angoisses que m’évoquaient les noms que je prononçai :

« L’aîné et le cadet l’un après l’autre ! Une fois pour Phaïtos, puis une fois pour Thimoros ! »

Etrangement, alors que l’obscure clarté émanait des attributs susmentionnés, je me sentis sur le coup pénétré d’une vague de désespoir proprement mortuaire similaire à celle que j’avais ressenti suite à ma Troisième Ironie, me faisant trembler du pouvoir que pouvaient décidément receler les composants de cet antique rituel. Pour autant, je ne m’en montrai pas moins stimulé à continuer, car au fond, qu’aurions-nous pu faire d’autre que d’aller jusqu’au bout de ce que nous avions enclenché dans l’espoir de parvenir en bout de course à une progression de notre préoccupante situation ? Pour ma part, j’étais de toute façon tellement entraîné dans tout cela que même cette vague d’émotion tragique que je ressentis ne fit pas flancher mon ardeur, ardeur qui se vit justement renouvelée quand je discernai la représentation de flammes faisant face à des piques de glace, éléments de ceux qui, selon la légende, avaient été…

« Aimants puis ennemis ! Frappez en alternance sans cesser pour chaque coup que se sont donnés Meno et Yuia! »

Clameurs de gongs, affluence d’énergies mystiques, crissement de lame, luminescence contrastée des hiéroglyphes… tout cela nous devenait à tous de plus en plus familier au fur et à mesure que l’espèce d’oraison que nous faisions se poursuivait ; mais de mon côté, je ne m’en lassais pas, me sentant au contraire pris dans une spirale d’extase proprement divine dont je n’étais pas sûr de vouloir voir la fin. Justement, à propos de spirale, voilà que je distinguais un symbole pour le moins tourbillonnant au centre du cercle puisqu’il s’agissait d’une tornade, illustration qu’on aurait difficilement pu faire plus éloquente du pouvoir de la déesse des vents ; et l’accompagnant comme il se devait, sa consoeur des eaux l’environnait de gouttelettes… la pluie qui tambourine et le vent qui souffle !

« Que la pluie batte rapidement à gauche pour Moura et qu’un seul coup de vent résonne en longueur à droite pour Rana ! »

Oui, oui, oui, plus les signes s’illuminaient au fur et à mesure, et plus nous nous rapprochions du centre, et il me démangeait de savoir par quelle entité se conclurait cette étrange cérémonie ! Déjà, la suite se profilait sur ce tableau envahi de tant de couleurs différentes en une représentation proprement saisissante, des zébrures se dessinant à la manière de serpentins furieux en une sorte de berceau paradoxalement protecteur pour ce qui se dévoilerait au milieu de l’espèce de sceau dans la lecture duquel j’étais si absorbé. Nul besoin d’être un génie pour déduire que ces traits en dents de scie stylisées étaient des éclairs, et il me fallut encore moins de temps que jusqu’à maintenant pour trouver comment rendre honneur au dieu de la foudre au moyen des instruments que nous avions à disposition :

« Grondez ! Aussi vite que possible, frappez pour faire le tonnerre de Valyus ! »

Cela, je le clamai avec une emphase qui ne passa de toute évidence pas inaperçue à en juger par la diligence avec laquelle les manieurs de maillets se mirent à tambouriner en un tumulte proprement assourdissant, faisant naître des gerbes d’étincelles sur la lame de l’épée que Kal et Malehën soulevaient de concert alors que les arcs bleutés crépitaient sous mes yeux admiratifs, faisant naître dans mon échine de délicieux frissons proprement électriques, trop envahi de ravissement pour m'étonner d'une manifestation aussi hors du commun.
Mais allons, j’allais sur le champ pouvoir savoir quelle serait la métaphorique cerise sur le gâteau qui clôturerait un tel spectacle, et, pressé de satisfaire ma curiosité dévorante, je rivai mon regard sur le symbole qui s’affichait, prenant une grande inspiration pour déclamer ma harangue finale… avant de m’étrangler en silence, pétrifié d’horreur lorsque je remarquai qu’au centre figurait désormais un crâne ! Oaxaca !
Dégrisé en un instant, je m’aplatis littéralement devant cette simple gravure couleur d’obsidienne dont les mâchoires avaient l’air de me ricaner au visage, comme pour se moquer de moi qui avais cru parvenir jusqu’à une sublimation pour ne découvrir en fin de compte qu’une abomination. Ainsi, c’était bien vrai : ces manigances auxquelles nous étions confrontés n’avaient pour but que de servir la fille du dieu de la Destruction, celle-là même qui menaçait de tenir Yuimen entier sous sa coupe ; celle-là même que nous aiderions en menant à terme ce qui n’avait maintenant plus besoin que d’un petit effort pour être conclu !

Non, ce n’était pas possible, nous n’allions pas être les agents de cette odieuse demi-déesse, il devait y avoir un autre moyen ! Il devait ! A quatre pattes, le visage si près de cet ossement que mon nez était à deux doigts de le toucher, je posai en tremblant ma main sur cette image en relief si lourde d’un terrifiant sens, la simple sensation de la surface lisse et froide me serrant la gorge d’angoisse. Désespérément, mon cerveau tournait à cent à l’heure, mes yeux cherchaient un élément qui aurait pu échapper à mon attention, mes ongles fouillaient sur et autour de la tête squelettique sans que je me préoccupasse de ce dont je devais avoir l’air à me livrer à de pareilles simagrées. Cependant, plus les secondes s’écoulaient, et plus je paraissais devoir me rendre à l’évidence : il allait falloir que je fasse le choix entre courber l’échine face à cette épouvantable entité ou refuser et risquer de très probablement finir mes jours dans ces souterrains… ça ne se pouvait, par Sithi !
Et alors, ce fut la solution éblouissante de simplicité, l’illumination, le miracle, l’épiphanie : comme si cet appel affligé avait été une main tendue en direction de la protectrice de mon peuple, un soupçon de lumière qui me fit un instant croire que j’avais la berlue se fit voir à travers les orbites creuses du crâne, lumière de couleur argentée si douce, si réconfortante à mes yeux qui avait la forme d’un petit disque… la lune. Il ne fallait pas céder face aux avances venimeuses et contraignantes d’Oaxaca, et la solution était de laisser celle qui était véritablement maîtresse des lieux prendre la place qui lui revenait de droit : Kal n’avait-il pas mentionné que nous étions au Temple de la Lune, domaine par excellence de celle que les sindeldi vénèrent ? J’étais muet d’une stupeur qui cachait un ravissement sans bornes, et ce mutisme, je ne le rompis que pour le transmettre à ceux qui m’entouraient, énonçant d’une voix blanche empreinte du plus grand respect qui fût :

« Plus rien… Sithi paraît en silence. »

Et, me positionnant à genoux devant le cercle au centre duquel la lame était maintenant dressée fièrement, arborant les symboles de ceux dont nous avions énoncé les noms les uns à la suite des autres, symboles qui s’affichaient désormais avec une tranquille majesté toute vibrante de la puissance que nos libations leur avaient imprimée. Les yeux grands ouverts à l’idée de ce qui allait pouvoir se produire, j’attendis… et malheureusement, même au bout de plusieurs minutes de patience, rien ne vint, même si, de toute évidence, le petit rond parfait toujours luisant au centre de l’enchevêtrement d’images indiquait que nous ne faisions pas foncièrement fausse route. A en juger par cet état de statu quo, il fallait ajouter à tous nos préparatifs soigneusement et dévotement exécutés quelque chose pour parachever notre œuvre, mais étant donné que je ne pouvais plus rien lire de très probant, j’étais vraiment comme deux ronds de flan à me demander quoi faire.
Ce fut alors que celle qui avait amorcé par accident toute notre orchestration s’approcha, à tout moins tout aussi perplexe que nous, le démarche fort peu assurée de par la précipitation qu’elle mit à venir nous rejoindre, si bien que, comme on pouvait s’y attendre, elle trébucha… droit vers l’épée ! Catastrophé à la simple idée que ce faux-pas aurait pu blesser gravement Meredith aussi bien qu’à celle qu’il aurait pu tout mettre en l’air, je me redressai hâtivement, la bouche grande ouverte sous le désarroi qui m’envahit lorsque la taurion s’effondra sur la garde à laquelle elle se raccrocha et qui plia littéralement sous le poids imprimé. Plia ? Mais non, sacrebleu, elle n’avait pas plié, elle avait tourné, aussi invraisemblable que cela pût paraître, tourné comme une clef, comme la clef de la porte que nous cherchions à ouvrir depuis le début très précisément. La preuve en était du disque faisant apparemment office de verrou entre les deux gros panneaux qui s’éclaira selon une même configuration que le mouvement de la lame. Sautant sur l’occasion, ou plutôt sur l’idée qui venait ainsi, Kal s’empressa de dévoiler la solution à laquelle je fis écho en précisant avec entrain :

« Pour la pleine lune ! »

Consécration de tout ce travail, un tour complet fut ainsi imprimé au sabre géant que nous avions extirpé de cran en cran, et, tout comme un majestueux concerto qui a mis toute une assistance en émoi s’achève d’une manière voluptueusement calme, ce fut tout en tranquillité, tout en douceur même, que les battants s’ouvrirent dans un grondement qui fit plaisir à entendre. La suite des évènements laissait peu de place au doute, et, ne voyant rien à ajouter à la conclusion de Kal, je me contentai de me mettre en marche vers la suite de ces péripéties qui promettaient décidément bien des émotions, mon cœur artificiel tout gonflé d’enthousiasme par les manifestations de puissance magique que je venais de côtoyer, ne parvenant pas à effacer de mon visage un sourire béat d’admiration à avoir ainsi non seulement fait un pied de nez à Oaxaca mais aussi constaté la souveraine présence de Sithi. Bah, ça parferait mon simulacre de gamin étourdi et inconscient tiens, avantage qui se révèlerait d'autant plus utile pour masquer ma circonspection alors que j'inspectais attentivement chaque membre du groupe pour voir leurs réactions devant un tel retournement de situation par rapport à ce qu'aurait normalement du être le dénouement de ce rituel. Toutefois, afin de clore proprement notre insigne activité pour la réalisation de laquelle nous avions tous œuvré, je fis un effort de socialité, saluant notre succès face à cette première épreuve en claironnant fièrement une question certes bassement rhétorique mais qui aurait peut-être le mérite de renforcer les liens entre nous cinq de par son aspect de congratulation à peine déguisé :

« C’était génial ! On a fait un boulot du tonnerre hein ? »

_________________
Tuia, sindel mâtiné d'aniathy, né, brisé, refaçonné, puis brisé à nouveau.


Dernière édition par Tuia le Ven 13 Nov 2009 16:07, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Les Héraut de la Lune
MessagePosté: Jeu 5 Nov 2009 18:45 
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J’arrive devant le promontoire où a élu domicile ma moitié de pastèque. Je n’ai toujours pas mangé hormis deux ou trois bouchées avant notre brusque voyage. L’air de la caverne est frais ce qui nous change de Kendra Kâr et de sa chaleur étouffante. Ainsi, ma soif s’est faite plus discrète au contraire de la faim. Je prends mon melon d’eau et commence à couper à la main des petits morceaux. Je me retourne face à mes compagnons qui continuent après moi sur la question de Kal, à savoir les différentes aptitudes de chacun.
Tuia dévoile timidement ses penchants pour la magie de feu puis il nous avoue connaître un tas de choses. Je ne pense pas qu’il en sache plus que Malehën, mais par contre, par rapport à moi il doit me battre. Enfin, ce n’est pas une compétition mais vu que je ne suis sortie voir le monde extérieur que très récemment, je me suis toujours appuyée sur le savoir de mon amie.
Coupant presque la parole au pyromancien, Arhos, dont Malehën n’a cessée de dévisager, entame un discours pas modeste pour un sou. Il a peut-être la classe, mais il semble un peu trop sûr de lui, remarque, vu ses accoutrements et sans doute sa grande expérience de l’aventure, il n’a peut-être pas tord. On pourra au moins compter sur lui en cas de pépin.
Après son discours, Arhos se retourne subitement pour se diriger vers l’alcôve à ma droite et passe devant moi sans même me regarder ou parler. Les autres ont décidé de le suivre sans broncher et passent tous devant moi en m’ignorant.


- Hé vous allez où ?

Le guerrier s’accroupit un peu plus loin observant quelque chose et marmonne des mots que je ne comprends pas d’où je suis. Je décide alors de rejoindre le groupe qui semble en fait s’intéresser à la garde géante d’une probable épée qui dépasse du sol, en plein milieu du couloir. Devant nous, un mur, mais une grosse pierre se détache des autres, immense, elle pourrait être notre sortie si ça aurait été une porte. Seulement, ni serrure, ni poignée, c’est juste une pierre. De chaque côté de la pierre deux gongs en bronze accrochés au plafond par une chainette. Je m’approche du gong de droite et l’inspecte tout en me demandant comment c’est possible de ne pas voir de toile d’araignée car cela ne semble pas servir souvent.

( Ah mais je suis bête, l’écuyer doit faire le ménage)


Je pose ma pastèque par terre et mon bâton contre le mur. Derrière moi j’entends marmonner mes compagnons à propos de symboles. Je prends le gong dans mes mains pour le soulever et voir s’il cache quelque chose, c’est alors qu’un petit maillet tombe, tout juste sauvé du contact avec le sol par une longue ficelle.
Je repose le gong et m’intéresse au maillet. De la musique, au moins ça nous apaiserait tous, seulement il manque une harpe, un luth, une viole ou encore des tambours à mon orchestre. Peut-être qu’en tapant, des instruments feront leur apparition, venant sûrement de derrière la pierre qui serait en fait la porte d’un genre de placard à musique. J'ai aussi une imagination débordante et il ne faut pas oublier que tous ces événements m'ont sans doute chamboulé la tête. Mais c'est sûre de mon coup que je tape violemment sur le gong ce qui ne manque pas de faire sursauter mes compagnons et de les faire s’arrêter de parler. Je reste devant la pierre sans bouger en attendant qu’elle s’ouvre à nous et nous dévoile les instruments de musique.
Soudain, Kal m’interpelle et me demande de recommencer. Oh joie, il a aussi découvert la solution de la présence de ces gongs. Je ne le voyais pas musicien, je l’avais mal jugé. Je recommence alors à frapper sur le gong en pensant à quel instrument Kal souhaitait pouvoir jouer. Je me retourne vers lui pour voir sa réaction et d’après lui la cache aux instruments se trouverait plutôt en dessous de la garde de l’épée. Il ordonne à Arhos de m’accompagner en allant frapper l’autre gong. Eh bien, il aime vraiment la musique ce Kal, ça fait plaisir et puis nous ne sommes jamais de trop pour jouer. En chef d’orchestre connaisseur, il nous demande de frapper une fois à l’unisson.
Je me retourne ensuite et remarque que Malehën s’est placée au-dessus de la garde et commence à la tirer.


( Chouette on va monter un groupe tous ensemble)

Nous suivons Kal une nouvelle fois qui nous demande de frapper deux fois toujours en même temps. Malehën semble pouvoir tirer l’épée un peu plus après chaque manœuvre musicale et ce pour peu à peu découvrir le trésor qui s’y cache.
Heureuse comme tout, je suis les directives de Kal, frapper un coup, chacun notre tour, puis de frapper sans s’arrêter ou encore d’alterner un coup puis des coups successifs. Malehën découvre de plus en plus l’épée à mesure que l’on frappe. La musique se fait plus entrainante et rythmé puis vient la touche finale où Kal nous demande de frapper aussi fort et aussi vite que possible offrant un vacarme rythmique dans toute la caverne. Je tourne la tête et remarque des éclairs sur la lame de l’épée, nous y sommes, nous allons ouvrir la cachette.
Kal nous fait signe de nous arrêter, Arhos et moi nous nous regardons dans les yeux sans réellement comprendre pourquoi il faut tout stopper, enfin surtout moi. Tuia et Kal observent l’épée, les symboles qui se sont illuminés ou encore le contour du cercle tracé autour de l’arme géante.
J’attends quelques instants la suite des événements, puis je lâche mon maillet et m’avance vers mes compagnons.


- Bah alors ? Y’a plus rien ?


Malheureusement, je ne fais pas attention où je pose les pieds, et mes orteils rencontre le rebord en pierre du cercle ce qui ne manque pas de me faire trébucher. Je tente d’attraper la garde de l’épée, maintenant découverte d’un bon mètre cinquante, mais lorsque je pose mes mains sur l’une des extrémités, l’arme géante semble m’esquiver et fait un quart de tour pour me laisser m’affaler contre le sol.

- Awouch.

Je me relève arborant une expression de chien battu pour ne pas me faire gronder par les autres. Mais au lieu de ça, Kal me propose subtilement de continuer à tourner la garde de l’épée. Je m’empresse de le faire sans broncher comme pour m’excuser de ma chute, c’est alors que l’immense pierre en face de nous s’ouvre en deux pour nous offrir une sortie.


- J’avais raison ! Ils sont derrière la pierre.

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