Je rit à mon tour.

"La même plante, serait-elle capable d'affaiblir un humain assez grand et lourd par exemple... voire même de l'endormir complètement?"

(Toi t'as une idée derrière la tête.)
(Oui... je me demande ce qu'il a cueilli sur le bord du lac... Et si la faiblesse d'Andélys n'est pas dû à un empoisonnement.)
(C'est un médecin, Lothi.)
(C'est bien ça mon problème...)

Je n'ai jamais fait confiance à des médecins, leur préférant cent fois les guérisseurs... et la connaissance des plantes de celui-ci ne le rend pas plus sympathique à mes yeux.

(Jalouse...)
(Non...)
(Tu l'aimes pas, juste parce qu'il y connait plus que toi.)

Je n'ose me l'avouer, mais sais ce que ce qu'elle dit est vrai, au moins en partie.

Je regarde le dos de ma main et soupire.

"Ne cherchez pas... Je sais ce que c'est alors. Elle absorbe la mana d'un corps. Je n'ai plus qu'à espérer que ça soit temporaire..."

Je m'en veux de m'être fait avoir comme une débutante et jette un regard rageur à la liane un peu plus loin.

La chaleur est toujours aussi tenace, et lorsque tu fais l'allusion à Andelys, une goutte glisse le long de sa tempe qu'il essuit frénétiquement. Esquissant un sourire, il déclare :

" Pénible cette chaleur non ? Je n'arrive plus à la supporter... Vivement que nous retrouvions notre climat..."

Puis il te répond, faisant mine de ne pas comprendre ton allusion.

" S'il endort un dragon, je présume qu'il peut endormir un homme oui... Mais dans ce cas, ca devrait certainement l'endormir dans les minutes qui suivent, voir même le tuer automatiquement... Son coeur serait paralyser, et il s'endormirait vers un sommeil sans fin."

Lorsque tu lui révèles que la plante absorbe le mana, il écarquille les yeux.

" Hooo ! Cette plante, ou celles ayant ce genre de propriétés sont extrêmement rares ! Elles doivent valoir une fortune ! Je n'ai jamais eu l'occasion de les étudier qui plus est... Pourrais-je en récupérer une de vous, ou directement de leur arbre ? "

Il te regarde quelques secondes, surpris, lorsque tu lui avoues en avoir mangé.

"Ho... Il devrait être possible de faire un contre-poison j'imagine... Mais j'avoue que je ne pourrai pas le faire rapidement. Vous devriez prévenir Messire Bogast que vous êtes incapables de vous battre. "

Se rendant compte de ce qu'il vient de dire, il se reprend rapidement, en s'excusant comme s'il venait de dire une absurdité énorme :

" Excusez moi, je suis idiot, j'ai déjà eu l'occasion de vous voir vous battre en corps à corps, vous n'aurez pas plus de problèmes que les autres... Milles excuses. Mais peut être devriez vous le prévenir quand même pour qu'il ne vous sollicite pas inutilement... ? "

Le comportement du médecin me parait suspect, mais je n'en dis rien, esquissant juste un sourire à sa remarque sur le temps.

"Sans doute est-ce cette chaleur qui a rendu Andélys faible hier dans le marais."

Il me parle des effets hypothétiques qu'aurait une plante d'un tel pouvoir sur un humain, je souris.

"Sauf si le poison de la plante était fait pour agir en retard quelques heures plus tard par exemple, n'est-ce pas? Par exemple si cette plante avalée le matin, agirait... le midi."

Prenant une des baies que j'ai ramassé, je lui la tends, lui donnant aussi les feuilles que j'ai ceuillies.
"Si cela peut vous aider à en savoir plus, profites-en."

Je souris quand il évoque les combats futurs.
"Ne vous inquiétez pas, je préviendrais Bogast tout à l'heure. Pour ce qui est des combats, certes la magie de Yuimen m'aide beaucoup, mais contrairement à d'autres, nous autres druides ne naissont pas avec des fluides dans notre corps. J'ai donc appris à lutter sans cette magie, même si je m'en sers la plupart du temps."

Cette fois, aucun doute. Il a tout a fait compris que tu le suspectes d'avoir empoisonné Andelys. Néanmoins, il préfère ignorer tes remarques... Il te remercie lorsque tu lui donnes les plantes. Il essuie son visage avec sa manche, puis, à l'évocation des combats, il t'écoute attentivement.

" je ne sais utiliser que la magie de froid... C'est pratique pour faire dégonfler les entorses ou ce genres de blessures... Mais je n'ai sûrement pas le niveau pour en faire une attaque. Enfin, je n'ai jamais essayé, mais j'avoue que l'idée de combattre en face un adversaire m'effraie un peu... Je dois être lâche j'imagine. Enfin, j'ai toujours un petit poignard avec moi, au cas où. Il ne m'a jamais servi qu'à couper de la nourriture depuis le début de la marche. "

Arévoès m'ignore, cependant je voudrais quand même savoir quelle plante il a mis dans la gamelle du barbare, même si celle-ci ne lui était pas destinée.

"Je ne veux pas vous accuser, Arévoès... J'aimerais juste comprendre ce qui a rendu notre ancien ami si faible. Qu'est-ce que vous avez cueilli auprès du lac du sanctuaire?"

Je sais que je joue gros, mais je veux juste savoir pour y voir clair. Après tout peu m'importe qu'il ait assassiné le barbare ou voulu tuer l'archer, tant que c'est pas ma vie qu'il met en jeu.

"Je vous souhaite de tout coeur de ne jamais avoir à tuer... Vous êtes cartographe, pas un guerrier. Le premier mort vous changerait et ça serait vraiment une perte pour Kendra Kâr. Restez lâche et pur tant que vous le pouvez, nous sommes là pour les combats."

Me regard est franc et mon sourire réel malgré la remarque d'avant. Je souhaite réellement pour lui qu'il n'ait jamais à porter son poignard au coeur de quelqu'un.

Lorsque tu l'accuses, sa mine s'assombrit.

" Ce n'était que des herbes aromatiques pour améliorer la qualité des repas qui commencent à me porter personnellement sur le coeur. Je n'ai pas remarqué qu'il se sentait mal. Ca pourrait en effet expliquer qu'il n'ait pas réussis à s'extirper du sable. Je ne compte tuer personne de mon gré. Seulement si je n'ai pas le choix. Mon seul but est de sauver des gens, ou d'abréger leurs souffrances... "

Je l'écoute en silence, sans le couper, mes yeux dans les siens. Mon sourire se change pour devenir rassurant.

"Excusez-moi, Arévoès... Je cherchais juste à comprendre ce qui c'était passé. Quant aux herbes, je vous comprends, c'est pour ça que j'ai ramassé les fruits, la viande fumée me lasse aussi."

(T'as changé d'idée?)
(Il a l'air si innocent, si... pur en quelque sorte.)

Après l'avoir salué, je vais voir Bogast, pour l'avertir pour mon énergie.
"Bonsoir capitaine. Je pourrais vous voir deux secondes?"

Lorsque tu arrives, ce dernier est en train d'observer une des cartes faite. Il relève la tête et se lève.

" Bien sûr, qu'y a-t-il ? "

Je le regarde droit dans les yeux, repoussant une mèche brune que le vent a rabbatu sur mon visage.

"Voilà, j'ai fait une idiotie aujourd'hui... J'ai eu la bonne idée de déguster des plantes, sans faire attention à ce qu'elles étaient. Arévoès vient de confirmer mon idée: je ne vais plus pouvoir user ma magie, durant au moins une journée, peut-être plus..."

A cette annonce, il reste presque indifférent, sa joue se contractant juste.

" D'accord. Ce n'est pas grave. Je me doute que vous ne l'avez pas fait exprès. Pour une fois, c'est nous qui prendront soin de vous en cas de besoin. Merci d'avoir prévenu."

Je le regarde droit dans les yeux.

"C'était juste pour avertir que je ne pourrais pas utiliser ma magie. Cependant en cas de combat je saurais me battre, rassurez-vous, j'ai appris l'art du combat avant celui du Don."

Il est hors de question qu'il me traite comme un boulet de prisonnier à trainer et encore moins comme une fillette. Je suis une gardienne, ayant appris les deux arts nobles.

Il sourit.

" Très bien. "

Il faillit dire quelque chose, puis se résigne. Il te salue, et se rassoit pour étudier la carte, au coin du feu.

Je souris à sa remarque, le laissant à ses cartes.

(Tu l'as vexé...)
(Bah quoi? Je sais me battre sans ma magie...)
(Au moins ton tact et ta compréhension des autres n'a pas changé... t'es toujours aussi mauvaise.)

Finalement, je me trouve un petit coin, au pied d'un arbre, relativement à l'abri, pour m'assoupir.

Nous repartons vers l'ouest, tout est calme, je me suis reposé un peu mais sans avoir pour autant récupéré. Au loin nous pouvons apercevoir la deuxième montagne de l'île, elle me semble plus petite que la première. Tout le groupe fait attention à d'éventuelles toiles d'araignées ou à un sol mouvant.

En fin de journée, nous rencontrons trois araignées qui sont pulvérisés très vite. Nous continuons ensuite d'avancer, à par une pluie fine qui nous rafraichir un peu malgré la température épouvantable qui règne en ce lieu. La forêt redevient de plus en plus épaisse, une attaque ne serai pas surprenant ici. Je me tiens sur un esprit de défense.

Je regarde mes compagnons, ils sont pour la majeur partie d'entre eux complètement secoués par les évènements. Je ne préfère rien dire sur mon hypothèse car je ne suis pas sûr d'avoir raison et je ne veux pas donner de bons espoirs inutilement.

Nous arrivons au pied de la montagne, nous montons le campement. Bogast et Lelma sont de garde. Je dors mon quota pour ensuite rester éveillé pour surveiller Bogast, j'en profite aussi pour nettoyer mes lames et les aiguiser.