Lothindil a écrit:
Après une courte nuit fraîche, mais sans incident autre qu'une chute de pierraille, nous quittons la montagne. Bogast semble excessivement pressé d'atteindre les huttes, il est nerveux depuis la veille.
Nous descendons le flanc légèrement escarpé, pressé par un Bogast décidément fort hâtif et pressant. Rien ne se passe en route, je suis presque surprise de ne pas avoir croisé un des gardiens des montagnes de cette île... On finirait presque par s'y habituer.
La fin de la matinée approche tandis que nous arrivons aux abris, au sein d'une grande clairière. Cinq huttes, donc une plus petites constituent le "village". La construction est sommaire, mais suffisante pour une vie précaire. Je suis d'emblée surprise par l'absence de feu, ou d'emplacement pour un feu.
Bogast nous met en garde tandis que nous nous répartissons les cabanes:
" Nous ne savons pas ce que nous allons trouver. Nous risquons d'être attaqués par des créatures, par les survivants même, nous ignorons ce qu'ils ont vécu. Ne frapper que lorsque vous êtes sûr que c'est un ennemi ! Si vous trouvez quelqu'un de vivant, appelé moi. "
(A condition qu'on trouve quelque chose...)
(Pourquoi dis-tu ça?)
(Ca semble bien mort ce coin...)
Sans doute est-ce cette impression de mort qui rend notre médecin si apeuré. Bogast et Lillith se dirige dans la grande hutte, les autres se répartissent. Pour ma part, je suis Seyra et Lelma. Celui-ci entre en premier dans l'abri de fortune suivi de sa fille. Je rentre après eux, et trouve juste un petit abri avec une paillasse en herbes séchées.
Aucune trace de fuite ou autre, cette hutte semble juste avoir été abandonnée, si tant est que quelqu'un y ait vécu. Tout me parait si... faux, Pourquoi seraient-ils partis en emportant tout? S'ils s'étaient enfuis, il resterait au moins une petite affaire oubliée...S'ils avaient été attaqués, il y aurait des traces de lutte... Là rien...
(Je sens qu'il va être temps de fouiller plus à fond les mystères de cette île...)
(Que veux-tu dire par là?)
(Ta magie... Si les techniques classiques ne marchent pas, use la magie.)
(Tu veux dire que les pierres auraient pu voir quelque chose d'intéressant?)
(Intéressant, je ne sais pas... voir sans aucun doute au moins.)
Prenant une pierre en main, je m'assieds sur la natte d'herbe. Je respire, incertaine de ce que je vais voir et l'inquiétude perçant ma coquille. Le visage malgré tout impassible, je me concentre.
(Ouvre-moi ton esprit que je puisse voir...)
Une forêt, jeune et très humide...
(Ca tu passes... va à l'essentiel, on a pas la journée)
Je m'efforce d'avancer dans l'histoire de cette pierre. L'histoire devient trouble, passe rapidement, trop pour que je sache précisément ce qu'il s'y passe... Enfin je parviens à arrêter, arrivant sur une scène qui me semble intéressante.
(Pratique, je savais pas qu'il existait un mode "avance rapide" sur les pierres.)
Des troncs d'arbres sont levés, un par un, noués avec des lianes. Cinq humains sont là, plus un autre, un jeune. Le type Kendrain, ils ne semblent pas blessés.
(Tente de les voir un peu mieux... je pourrais pas les distinguer si je les croisais.)
(J'essaye...)
Le premier que je vois clairement est étrange, il porte un juste-au-corps en métal noir qui semble fermé sur le torse par une ligne dorée. Sur cette tenue déjà peu coutumière, il porte des épaulettes rouges, renforcée d'une pique. Ses bras sont eux-mêmes renforcés par une couche de cuir rouge. Un visage classique, ovale, encadré de cheveux gris argentés, retombant jusqu'aux joues. Il porte une tiare dorée, surmontée d'une pierre violette ovale. Un guerrier sans aucun doute, portant une épée longue...
(Vraiment spéc' comme mec... Bon, les autres...)
Un humain, jeune, l'allure d'un jeune lion. Ses cheveux blond nombreux et épais retombent telle la crinière d'un fauve sur son dos jusqu'au creux de ses reins. Grand par rapport aux autres, il doit mesurer dans les deux mètres, carrure d'un guerrier, peut-être un barbare. Torse nu, il porte un bracelet orné de points blancs au poignet.
(Il ressemble un peu à Andélys...)
Le suivant n'a rien de particulier, un jeune milicien, blond, les vêtements abîmés, sans doute par l'accident. Cheveux à mi-longueur, boucle à l'oreille gauche.
(Passe au suivant alors!)
Le suivant est petit, visiblement un mi-nain avec néanmoins beaucoup de sang humain dans les veines. Large, brun, barbu...
(Un nain quoi...)
(Nain porte... passons.)
Le suivant est sans doute possible un prêtre, pantalon blanc, chasuble violette. Il porte le bouc et les cheveux gris courts. Contrairement aux autres il semble blessé, boitillant.
(Bon, le môme...)
Jeune, 10-12 ans maximum. Difficile à voir et surtout à garder en vue, il bouge sans cesse, courant et pleurant, comme apeuré. Vêtu d'un pantalon blanc et d'une tunique verte foncée, retenue par une simple corde.
Petit à petit, la vision s'éclarcit, brillant aveuglément avant de devenir d'un noir intense.
(Il est temps de revenir à toi...)
Je lâche la pierre et me secoue la tête encore pleine des visions.
(L'enfant... Penses-tu que c'est celui dont Lelma nous parlais?)
[Je n'en sais rien... Puis qui est le premier homme?)
(Il faudra que j'en parle à Bogast je pense, il devrait le savoir...)
(Il faudra en apprendre plus sur eux par nous-mêmes peut-être...)
Je sors de la cabane pour rejoindre les autres. Je n'ai pas fait trois pas qu'Arrévoès tombe en arrière en hurlant, pointant la cabane dont je sors. Plus par réflexe que par autre chose, je me retourne... Ce que j'y vois me laisse une impression de froid intense, plus encore que le bouclier fait par le cryomancien sur le volcan. Des êtres, si on peut appeler ça encore des êtres, décharnés, pâles, squelettiques. L'apparition est tellement brève qu'on en douterait qu'elle soit réelle.
Lelma se précipite auprès du médecin de suite, moi je me rue dans la cabane, l'épée au clair. Et la trouve vide. Repensant rapidement à la vision de la pierre, j'en reprends une au sol, sous l'herbe au milieu, en espérant qu'elle ait vu quoique ce soit d'utile.
Une forêt jeune...
(pas le temps!)
Je me concentre pour avancer jusqu'à voir ma propre visite dans la hutte...
Je me vois partir puis rien, j'ai dû bousculer la pierre en sortant...
"Rhaaaa... Rien..."
Rageant de déception, je sors de la hutte, reprenant mon visage impassible et hoche la tête en signe de dénégation. Je vais alors vers la grande hutte dont Bogast et Lillith viennent de sortir et opère le même rituel, prenant une pierre en main, m'asseyant les yeux fermés.
Une forêt, jeune...
(On connait, passe.)
Rapidement quelques scènes sans grand intérêt... La construction, l'apport des meubles par le baraqués. L'homme étrange y vit avec l'enfant. Blanc aveuglant, noir profond, rien...
(Rien d'intéressant... Suivante.)
Me déplaçant dans le coin opposé à la porte, je ramasse une autre pierre et recommence, libérant un peu de mon énergie.
Une nuit sombre, peut-être sans lune et sans étoile, toujours est-il qu'il fait noir. Des gouttes d'eau tombent, des larmes, celles de l'enfant, penché dans le coin, recroquevillé. Une carrure imposante se dresse devant la porte, celle du barbare semblerait-il, sans certitude, l'être s'affale, visiblement terrassé. Derrière, une ombre disparaît... Blanc, noir, fin...
(C'était quoi cette ombre?)
(Encore une question sans réponse...)
Je lâche le caillou et sors de la hutte, n'ayant rien trouvé, en apparence du moins, de plus que Bogast. Cherchant des réponses à mes questions de plus en plus nombreuses, je me dirige vers mon élément, les plantes. Il va être temps pour moi de discuter avec elle pour savoir plus sur ce lieu, peut-être pourrais-je savoir des choses intéressantes, des solutions ou du moins des indices sur ce qui est arrivé à ce campement des plus étranges.
M'approchant d'une liane, je commence une approche des plus maladroites, c'est une des toutes premières fois malgré mon expérience réelle de druide. La plante, septième de sa famille n'a aucune notion du temps, cependant:
(Que veux-tu?)
(Je cherche des êtres comme moi, ayant vécu en ces lieux en vérité...)
(Je n'en ai pas vu.)
(Nul être me ressemblant, marchant et employant les tiens et vos arbres?)
(Si, des monstres avec de grands troncs... un avec les feuilles comme ta mousse et un arbuste aussi gesticulant et bruyant.)
(Sais-tu où ils sont maintenant?)
....
(Que s'est-il passé?)
(Elle a rompu le lien... Tente une autre plante... Une herbe par exemple.)
Suivant le conseil de ma faera, je m'étends au sol et fixe une jeune pousse au sol. Peu à peu, je sens une vibration, puis une parole.
(Salut à toi petite herbe...)
(Heureusement que c'est télépathique Lirelan, heureusement)
(Le ridicule ne tue pas... heureusement dans ton cas...)
(Tu es grande ! J'ai du mal à te voir dans ta globalité.)
(Certes, mais tu es plus jolie que moi.)
(hihihi)
(Qu'est-ce que j'ai dit encore...)
(Rien, continue...)
(Dis-moi, depuis combien de jour es-tu là?)
(J'ai compté une vingtaine de nuits...)
Cette plante-là avait donc la notion du temps qui passe, chose intéressante. Nous continuons la discussion sur le temps, parlant des gelées.
(C'est possible, le froid ne doit pas être aussi cruel que celui de mon premier chez moi.)
(Menteuse)
(Tais-toi Lirelan elle pourrait t'entendre)
(mais non... rassure-toi)
(Dis-moi... Aurais-tu vu des êtres aussi grands que moi? Des êtres qui bougent ?)
(Certains ont failli m'écraser.)
(Sais-tu quand ils sont arrivés dans cette clairière?)
(J'étais toute petite lorsqu'ils ont marché près de moi.)
(Ils sont partis désormais... Depuis combien de nuit ne les as-tu plus vu?)
(Je suis trop petite, je ne les ai jamais vu. Mais je ne les ai pas entendus depuis quelques nuits.)
(Aurais-tu entendu d'autres gens ou des cris avant ce calme?)
(La dernière fois que j'ai entendu, ils faisaient du bruit.)
Un courant d'air passe et balaye la zone, faisant voler une mèche de cheveux.
(Laisse-moi maintenant, je veux profiter du vent.)
(merci, tu m'as bien aidée...)
Ayant déjà appris une chose intéressante, je me redresse et sans faire attention aux différentes attitudes du groupe, je me dirige vers un des nombreux arbres bordant la clairière. Après de courtes présentations, nous arrivons au sujet qui m'occupe.
(Dis-moi, arbre, aurais-tu vu des êtres sur deux pattes dernièrement)
(Ils sont arrivés nombreux) L'arbre semble bailler. (Ils ont pris des cadavres des miens et ce sont cachés dessous.)
(Nombreux? Plus que notre groupe?)
(Non, moitié moins et il y en avait un petit comme là)
(Un de nos arbuste oui... Sais-tu depuis combien de temps ils sont partis?)
(Quelques nuits)
(Aurais-tu entendu les mots par lesquels ils s'appelaient?)
(Je n'ai pas la mémoire des noms précises...)
Après quelques hésitations, il finit par s'en souvenir d'un:
(L'arbuste avait un joli nom)
(Quel était-il?)
(Thalian)
La discussion continue, mais rapidement :
(En parlant de faire peur...Sais-tu pourquoi ils sont partis de ces lieux?)
(Demandes à d'autres...)
Au moins j'ai avancé pas mal... Je sais un nom, je pourrais en parler à Bogast... Thalian, mais je n'ai toujours pas compris le mystère de cette clairière. Sans attendre, je rejoins un gros arbre derrière la grande hutte, peut-être aurait-il vu d'autres choses.
(Hors de ma vue misérables créatures, vos amoncellement des miens me dégoute. Si je pouvais me déplacer, je t'écraserai sous mes racines !)
(Très agréable comme contact... Bon, suivant...)
Je me dirige alors vers la hutte visitée avec Seyra et Lelma et touche les grandes feuilles d'un arbre vénérable, abritant oiseau, lierre et mousse. Le contact est fort différent de celui des autres. Durant plusieurs secondes, j'ai l'impression de retrouver le contact des arbres de l'ermitage, ce contact doux m'apaise tandis que la communication commence...
(Dis-moi arbre, aurais-tu vu des choses étranges à ta forêt depuis quelques nuits?)
(oui druide…de nombreuses choses)
(Peux-tu m'en parler?)
(Je le peux… le plus vieil événement est l'arrivée d'humains après que le ciel se soit embrasé)
(Avec un jeune arbuste jaune?)
(oui et un grand tronc avec une branche fine… un bâton avec une matière comme les feuilles de l'un d'eux. Ils se sont installés, l'arbuste, le petit humain, il était proche de celui-ci… l'argenté...)
(Aurais-tu entendu son nom au grand tronc aux feuilles noires?)
(... *réfléchis* Je sais que l'arbuste s'appellait Thalian, si cela peut t'aider...)
(et celui des autres arbres marchant, les aurais-tu entendu?)
(Les autres... mais ses feuilles tombaient, Tor…Vitor...)
(Tor ou Vitor?)
(Vitor…quelque chose comme ça...)
(Victor peut-être non?)
(oui, Viktor c'est ca)
(krum?)
(Quoi ?)
(Rien, continue.)
(Vos noms sont étranges)
(y a-t-il d'autres noms que tu saurais me dire?)
(Daulandi, il est étrange, ses feuilles...)
(Pourquoi dis-tu cela? qu'avaient ses feuilles? étaient-elles comme les miennes? plus solides que votre écorce?)
(Son tronc était comme la nuit, et ses feuilles comme ta mousse)
(tu m'aides beaucoup... Sais-tu quand et que s'est-il passé quand ils sont partis?)
(Ils se sont battus…ils sont tombés, il y a quelques jours...)
(Contre qui ou quoi ce sont-ils battus?)
(Cette nuit-là, contre personne)
(Et avant?)
(Des créatures de la forêt rampante qui nous salissent et collent nos feuilles)
(Ces créatures, vivent-elles depuis longtemps en ces lieux?)
(oui...)
(Pourrais-tu me dire à quoi elles ressemblent alors?)
(mousse noire, beaucoup de branches et de boutons d'un coté et des bâtonnets acérés
pour absorber les créatures)
(pour les absorber?)
(La taille de la créature diminue lorsque les choses sont dessus)
(L'un des troncs venus ici a-t-il disparu avant qu'ils partent?)
(Un des troncs est retourné à la terre peu après leur arrivée en repartant après cette nuit; ils étaient deux. Pose moi une dernière question…réfléchis y bien....)
(Qui étaient les deux qui sont repartis?)
( L'arbuste et le feuillu comme ta mousse bonne chance dans ta quête...)
(Merci vénérable...)
Le contact se coupe, laissant une sensation de bien-être toute druidique... Puisse cet arbre à jamais être protégé par Yuimen. J'en sais désormais assez à mon goût, doutant que les arbres puissent répondre à mes interrogations sur les apparitions et sur les dragons.
Je me retourne vers la clairière vide, mes compagnons sont partis vers l'aynore... Il faut d'abord que je leur parle. Sans attendre, je rassemble mes affaires et me lance à leur poursuite.