Lothindil a écrit:
Lillith vient nous rejoindre, un regard entre les deux mâles dénote une complicité rare, je ne relève pas ce fait, bien décidée après ce que j'ai appris à me mêler le moins possible des affaires de chacun et à me concentrer uniquement sur la mission qui nous est donnée par le Roi Kendrain.
Le maître d'armes m'assaillent de questions avant de s'excuser. Je soupire et lance un regard au loin, vers le campement orque.
(Pourquoi les êtres sont-ils si curieux de tout Lirelan?)
(Parce qu'il est nécessaire de comprendre les choses pour agir.)
(Penses-tu que mes réponses puissent l'aider à comprendre quoique ce soit? )
(Oui, en partie du moins...)
(Soit alors, même si ce n'est pas à nous d'agir.)
(Ne soit pas si catégorique, Lothi...)
Le dégoût envahit le visage du Sindel au moment où il voit mon bras, ou ce qui en reste, je le cache rapidement sous ma cape, ne désirant pas la pitié des autres.
"Je répondrais à ce que je peux répondre Cromax. Il y a sans doute encore des secrets et des questions qui resteront sans réponse... Mais commençons par le début de cette histoire."
Je ferme les yeux un instant, faisant remonter le souvenir de Daulandi à la vision des pierres au campement.
"La première fois que j'ai vu cet homme, c'était au campement abandonné. J'ai pu voir ce que des pierres ont vu. J'ai vu ainsi Daulandi et Thalian avant que nous les recontrions. Il n'était pas seul, quatre autres kendrains avaient survécus. J'ai vu la construction du camp, et divers choses sans grand intérêt. C'est ainsi que je sais que Thalian est très proche de Daulandi, peut-être plus proche encore que de Bogast.
J'ai vu une scène floue de nuit, et je soupçonne Daulandi d'avoir tué un des quatre autres compagnons, mais je n'ai vu qu'une silhouette dans la nuit et celle du barbare s'effondrer."
Je soupire et continue, faisant un saut dans le temps, jusqu'à notre emprisonnement.
"Ensuite, il y a eu notre emprisonnement, et surtout votre délivrance. Vous êtes montés, j'étais à mi-hauteur quand le Daulandi a coupé la corde, me précipitant, sans dommage, dans le trou. Nous étions là alors, Seyra, Lelma et moi, enfermés. Bogast nous a été rendu peu après, il avait été battu. Il a été choqué par la disparition du groupe et surtout de son fils, nous lui avons expliqué ce qu'il s'était passé. Il nous a alors parlé de traîtrise."
Je fais alors une pause courte, le temps de boire une gorgée d'eau à ma gourde avant de continuer.
"On l'a alors interrogé, mûs par la même curiosité que toi. C'est ainsi que nous avons pu en apprendre plus, Lelma, Seyra et moi-même. Par où commencer... D'abord, Daulandi est le frère de Bogast, cela n'est plus une nouvelle, vous aviez pu le comprendre. Bogast est bien le père de l'enfant, enfin semble-t-il.
En fait, l'histoire commence il y a 2 ans, lors de la bataille de Pohélis contre les forces d'Oaxaca. Bogast était le supérieur de Daulandi, qui, à l'époque, était aussi un milicien de Kendra Kâr. Un jour on a apporté Thalian à Bogast avec une lettre qui lui apprenait que l'enfant était le sien.
Sa mère, je ne pourrais pas te dire qui elle était, je ne le sais pas. Toujours est-il qu'il avait l'enfant à sa charge et qu'un champ de bataille n'est pas un lieu idéal pour un enfant de 8 ans.
Bogast a donc trahi son frère en le renvoyant de la milice sous une fausse excuse, insubordination entre autre et, surtout, en le renvoyant à Kendra Kâr avec l'enfant."
Un baillement irrépréhensible me prend alors, montrant tant mon inintérêt pour cette histoire que la fatigue intense contre laquelle mon corps lutte. Cependant, je continue l'histoire, qui semble passionner ceux qui écoutent.
"Il y a quelques temps, Bogast a reçu une lettre de Daulandi lui disant qu'ils se retrouveraient ici avec l'enfant. Bogast a donc réussi à choper la mission de secours et de cartographie et à partir, avec nous, pour Verloa.
Comment Daulandi et l'enfant se sont-ils retrouvés dans l'aynore? Aucune idée... Aucun des deux n'auraient dû y être, ni arriver sur Verloa en fait. Il semblerait cependant que non seulement Daulandi ait réussi à entrer dedans, mais qu'en plus il a réussi à faire s'écraser l'aynore. Voilà pour l'histoire des deux frères."
Je me masse à nouveau le poignet, submergée par une nouvelle vague de douleur pour en revenir à ma propre histoire.
"Peu après cette discussion fort... passionnante, Crimson est venu nous voir en personne. Il avait envie de s'amuser un peu avec nous. Ayant appris visiblement tout ce qu'il voulait de Bogast, il était aussi au courant de votre fuite. Son amusement fût terrible, en effet, nous devions jouer notre liberté ou notre vie. Un combat à mort attendait chacun d'entre nous contre un orc. Nous avions nos armures et une épée de fort mauvaise qualité, ceux en face avaient des armes de bien meilleures factures ainsi que des armures.
Lelma puis Seyra ont combattu, puis ce fût mon tour. Un combat rude contre une brute épaisse. C'est à lui que je dois la perte de mon bras, qu'il a payé par la perte de sa vie, même si ça n'est pas passé loin. Bogast aussi a combattu, sans magie tout comme moi. Et chose étonnante, il a égorgé l'orc de sa main. Pas étranglé, mais bien égorgé.
Ensuite Crimson, en homme de parole nous a rendu nos équipements avec notre liberté. En nous indiquant même par où vous chercher. Nous sommes partis hier matin et n'avons ni mangé, ni dormi depuis... Crimson a aussi parlé de quelque chose renfermé par cette île. Chose qui pourrait nous attaquer."
Je souris au maître d'armes, espérant que mes réponses lui suffiront, n'éprouvant plus, en plus de ma douleur constante au bras, qu'une vague envie de dormir...