Cromax a écrit:
La nuit est noire, mes pas sont légers sur l'herbe de la plaine se couvrant doucement de la rosée du petit matin qui ne tardera pas. Nous rejoignons rapidement le campement provisoire, où nous attendent, prêts à filer, nos compagnons qui n'ont pas fait partie de l'expédition. Ainsi je vois De, visiblement soigné de ses nombreuses plaies récoltées lors du combat contre les orques qui nous avaient pris par surprise. Toute la petite troupe se met en mouvement, alors qu'au loin, derrière nous, les cris sauvages des peaux-vertes retentissent dans la plaine. Je me retourne un quart de seconde pour apercevoir au loin le brasier de leur campement qu'ils s'échinent certainement à éteindre. Il n'y a qu'à espérer que toute l'armée ne soit pas à nos trousses. Nous courrons donc dans l'obscurité de la nuit, et je serre contre mon buste les précieux plans que nous avons réussi à récupérer.
L'excitation du danger est passée, désormais, et je cours presque automatiquement, sans penser à ce que je fais exactement. Je sais pertinemment que les orques ne nous rattraperons pas, ou du moins pas tout de suite, et que bientôt, ils arrêteront de nous poursuivre pour aider à la remise en ordre de leur campement. Nous ralentissons d'ailleurs l'allure dès les premiers rayons du soleil, qui se lève dans notre dos pour éclairer notre voie. Les orques ne nous poursuivent certainement plus, et même si nous fuyons toujours, chacun sait que notre entreprise a réussi. Après une matinée sans grand événement, chacun restant plutôt silencieux, réaction sans doute due aux événements de la nuit, et la fatigue accumulée. Le stress et l'excitation retombe d'un coup, et on accuse celui-ci en restant muets. Nous avançons juste vers l'ouest, toujours plus loin...
En début d'après-midi, après une pause pour nous permettre de nous sustenter un brin, je regarde mon butin de la nuit, les précieuses cartes... Mais je me rends vite compte que quelque chose cloche...
(Il en manque une!)
Mon regard s'emplit d'effroi. Ainsi donc nous aurions échoué? Non, la carte qui manque n'est pas complète, et rien ne dit qu'ils la détiennent...Peut-être l'ont-ils simplement détruite en pensant qu'elle leur serait inutile... Ou peut-être est-ce moi qui l'ai perdue dans notre fuite? Je ne saurais le dire, mais je sais que j'ai fait très attention à ces cartes... Un peu penaud, je m'approche de Bogast pour lui apprendre la mauvaise nouvelle. Avec un regard grave, il nous annonce que nous ne pouvons plus faire demi-tour. Il préconise aussi de terminer celles qu'on a, et rapidement!
Nous reprenons donc notre route vers l'ouest. Peu à peu, au Nord, une masse épaisse de brouillard se forme, et celle-ci, autant dans son aspect mystérieux que la façon subite et étrange qu'elle est apparue ne présage rien de bon pour nous. Les nuages ne tardent pas à couvrir le soleil et une fine pluie tombe du ciel. Tout s'obscurcit petit à petit, comme si la nuit nous avait rattrapés.
Nous arrivons presque au même moment à hauteur d'une petite rivière plutôt étroite qui semble directement se jeter dans la masse brumeuse. On pourrait croire à un simple écoulement de la pluie dans une rigole naturelle, mais ce ruisseau paraît quand même constant, et puis les précipitations ne sont pas suffisamment importantes que pour créer en si peu de temps un tel écoulement.
Aucun de nous n'a de mal pour bondir par dessus le petit cours d'eau, et ceux qui ont plus de mal, et bien on les aide. Par contre, Lillith joue au maladroit et chute dans l'eau, se salissant de boue...
(hmmm...je suis certain qu'il a fait ça pour se faire remarquer...)
Nous continuons encore notre marche, toujours dans la même direction, toujours au même rythme lassant, toujours mené par Bogast, qui ne semble pas vouloir lâcher son fils fraîchement retrouvé...
Petit à petit, les formes d'une sombre forêt surmontée d'un voile nuageux font leur apparition dans notre ligne de mire. Mais le soir tombe et nous décidons de nous arrêter avant d'y pénétrer. J'accueille cet arrêt comme un soulagement. M'asseyant sur une pierre en saillie, je mange un des morceaux de viande qu'il nous reste, et il ne nous en reste plus beaucoup, et attend avec impatience la tombée de la nuit. Mon regard se perd sur Lillith, qui grignote aussi de son côté, non loin de moi. Nos yeux se croisent, et une tendresse infinie s'installe entre nous. Sans mot, sans geste, on se comprend. Je bénis chacun de ces moments d'exception. Je me perds un instant dans des rêves d'avenir avec lui, et je me vois avec Lillith, à Kendra Kâr, à Tulorim ou sur les sentiers, à partager des aventures sans cesse...
Mais tout en pensant, mon oreille frétille et je me concentre plus sur mon ouïe. Je n'ai pas rêvé. Des bruits sourds et lointains semblent faire gronder la terre avec une cadence rythmée. Il fait maintenant nuit, et les bruits n'ont toujours pas cessé...
(Mais qu'est-ce donc?)