A peine je pense à la réponse de l'énigme que la voix qui m'a réprimandé quelques secondes plus tôt, me félicite...et je me retrouve "aspiré" à l'intérieur de l'imposant manoir. Après quelques secondes d'adaptation, je me peux enfin observer plus en détail la pièce dans laquelle je me trouve. Une pièce tout ce qu'il y a de plus banale, carré, avec une porte sur chaque mur, et un éclairage trop parfait pour être naturel. Soudain, une voix retentit derrière moi, je ne fais pas vraiment attention aux propos qu'elle tient, mais je la reconnais. C'est sa propriétaire qui est à l'origine de la gifle qui m'a été donnée.

En me retournant, je peux enfin voir à qui j'ai à faire. Une enfant. Juste une enfant. Mais le plus étrange n'est pas l'enfant en elle même, mais bien le fait qu'elle soit complètement immatérielle. J'ai lu quelques choses sur ces êtres qui ne parviennent pas à trouver le repos après avoir trépassé et qui errent sur le monde des vivants. Des âmes en peine. Cette jeune fille est encore jeune et pourtant, elle n'est plus réellement de ce monde. Malheuresement, ce genre de chose arrive régulièrement. Les maladies, la guerre. Mais là n'est pas la question. Car la jeune fille claque des doigts et l'instant d'après tout le décor change. Finie la pièce éclairée, le sol de marbre. Non, je me retrouve dans un lieu que je ne connais que trop bien et la jeune fille semble le savoir.

Je suis là, désarmé et assis sur une chaise qui a été témoin de bon nombre de mes souffrances. Mais à ce moment là, une seule questions vient frapper mon esprit: La jeune fille me prend pour un idiot ? Et alors qu'elle disparait et que le bourreau prend sa place, la réponse devient évidente. Oui, elle croit vraiment que je suis stupide. Je sais pertinemment que je ne suis pas à Oranan, dans les sous sol du palais de Grantier. Et je sais tout aussi bien que le bourreau est désormais incapable de marcher. Ce n'est qu'une illusion. Si je dois ressentir de la douleur, elle ne sera que factice je le sais...Et puis je sais très bien comment cela se termine, puisque je suis encore vivant pour le raconter.

Si tout ceci est basé sur mes souvenirs, alors Dame Aenaria apparaitra. Je le sais. Et je sais aussi que je n'ai pas besoin de parler pour que la jeune fille comprenne ce que j'ai en tête. Tout en sachant très bien que tout ceci n'est pas réelle, je décide de jouer le rôle qui a été et qui est le mien dans cette pièce de théâtre ridicule. A quoi bon me raconter une histoire si j'en connais déjà la fin. Je suis prêt, qu'il approche. Cette fois encore, si la douleur survient, je ne lui ferai pas le plaisir de hurler.

Les choses ne se passent pas vraiment comme elles se sont passées il y a quelques jours, mais au final, rien de bien étonnant. Si cette petite fille est capable de lire dans mon esprit, de matérialiser mes souvenirs, il n'y a rien de surprenant quant au fait qu'elle puisse les manipuler à sa guise. C'est donc sans broncher que je reçois le poing massif du défunt bourreau, et que je le laisse me relever. Je sais pertinemment que rien de tout cela n'est réel et je ne suis pas suffisamment faible d'esprit pour tomber dans la piège. Elle se trompe lourdement, très lourdement si elle croit pouvoir me faire fléchir de la sorte. Je suis un Ynorien! Un guerrier d'Oranan! Je sais que j'ai beaucoup de défaut, que je suis trop gentil, trop calme la plupart du temps, trop posé, mais qu'elle ne sous estime pas la volonté des Ynoriens. A l'instar de nos armes, nos esprits sont fait de l'acier le plus pur et ce n'est pas une vulgaire illusion basée sur mes souvenirs qui parviendra à me briser.

Elle pourra faire en sorte que ce bourreau fantoche me frappe encore et encore, je n'abandonnerai pas, car je sais que tout ceci n'est qu'une vaste mascarade. Mais plutôt que d'attendre qu'elle le comprenne d'elle même, il serait sans doute plus simple de lui exposer moi-même ce qu'il en est.

" C'est tout ce que vous avez jeune fille ? Il vous en faudra bien plus pour surpasser la volonté d'un guerrier d'Ynorie. Jouer avec mes souvenirs ne vous mènera nulle part. C'est me sous estimer de croire que je vais jouer le jeu, que je vais m'amuser avec votre pitoyable illusion."

Je fais une légère pause pour lui laisser le temps de s'imprégner de mes paroles. Aucune colère dans mes propos et dans mon regard...seulement une profonde détermination.

"Alors maintenant, je vous prie de cesser tout ceci."

Alors que tout semble disparaitre autour de moi, j'entends la jeune demoiselle grogner et venter les mérites de ma force d'esprit. Encore une fois, je ne retire aucune fierté de ce compliment, je n'ai fait que ce que n'importe quelle guerrier d'ynorie aurait fait au final. Et alors que je retrouve la pleine possession de mes moyens, je vois la jeune fille blonde apparaitre au dessus de mes affaires et cette fois-ci, c'est mon courage qu'elle complimente, et encore une fois, peu m'importe. Tout ce qui m'intéresse, ce sont les explications qui suivent. Le fait que les autres et moi, sommes des aventuriers censés comprendre ce qui se passe ici. Le fait que les fantômes son las de jouer avec ceux qui pénètrent en ce lieux, qu'ils veulent en finir, même si je ne sais pas comment.

Mais au final, ce qui m'intéresse le plus, c'est sans aucun doute les deux questions que la demoiselle m'autorise à lui poser ainsi que les quatre portes de la pièce qui s'ouvrent à l'unisson. Réfléchissant quelque seconde je m'avance vers le blondinette évanescente pour récupérer ma précieuse arme tout en lui posant ma première question.

"Tout d'abord, j'aimerais connaitre votre nom jeune fille, si vous me le permettez. Ceci constituera ma première question."

Je me dirige ensuite vers la porte sur ma droite avant de poser ma deuxième question, prêt à quitter la pièce une fois me réponse obtenue.

"Ensuite, si comme vous le dites nous sommes censés comprendre ce qui se passe ici, et si vous êtes las de vous amuser au dépend des aventuriers qui viennent ici...pourquoi nous mettez vous des bâtons dans les roues de la sorte au lieu de nous apporter votre aide ? C'est une sacrée contradiction..."

Jet de dés secret (bah quoi c'est secret !) : 3