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 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Sam 27 Nov 2010 17:35 
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[Vraiment désolé de ce retard...]

Sitôt la créature mitoyenne parvenue à leur hauteur, et avant même que cette dernière ne soit sortie des flots vaseux de la mare aux ca… grenouilles, ou qu’elle ait apporté réponses aux interrogations multiples et fondamentales de Tips, Aro la gratifié d’un discours alambiqué et légèrement longuet qui aurait pu donner la migraine à n’importe quel gobelin du cru. Alors pour Tips, c’était une véritable torture que d’entendre baragouiner cette petite chose merveilleuse de la sorte. Il n’arrivait même pas à suivre les mouvements de ses lèvres minuscules tant elles étaient remuantes et rapides pour évoquer avec emphase des présentations royales et questionneuses. Une fois encore, le pauvre chétif ne comprit que l’essence stricte de ce qui venait de se dire. Même pas totalement, en fait, puisque des phrases complètes restaient insensées pour lui. Il n’en retint à vrai dire que quelques mots épars, comme une ritournelle habituelle, depuis sa rencontre avec Cahidrice Aro, princesse de son état.

Ainsi, Tips, un sourcil arqué, et ses deux grands yeux ouverts à leur maximum, avait saisi que ces dames évoquaient une tierce personne, sans doute très belle, puisqu’il y avait été fait référence de nombreuses fois. Aro avait même affirmé qu’elle était plus belle que lui, le petit sekteg. Ce n’était pas très dur, d’être plus séduisant qu’un gobelin. Ils n’étaient pas réputés pour leur beauté, leur finesse, leurs traits gracieux et leur démarche achalandée et élégante. Tips fut tellement perdu dans ces pensées qu’il perdit dès lors totalement le fil du discours de l’aldryde pour ne plus rien en percevoir qu’un son continu parcouru de trémolos et autres variations d’intensité.

Il ne reprit conscience de lui-même que lorsque la voix centaurienne retentit à nouveau dans cette clairière aux batraciens et évoqua en prémices de réponse le nom de Madame Lumbo Desconti, première du nom (sans doute). La prophétesse quadrupède partit alors dans le conte d’une histoire des temps anciens, celle de la jeunesse de Lulu, Boubou et leur ami poivrot. Tips fut dès lors captivé, et son regard fut empli d’étincelles brillantes. Bon, c’était en partie dû au liquide poisseux de la mare qui lui coulait dans les yeux, l’obligeant à en cligner à intervalles irréguliers. Mais son intérêt pour l’histoire de Destinétoile fut toujours présent, du début à la fin, même s’il dut laisser échapper un petit baillemet discret en apercevant du coin de l’œil un gros crapaud coasser de toute sa gueule édentée. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il apprit que non seulement, Boubou était le pseudonyme du Vieux Moboutou, le puissant mage chez qui Merl’Hun l’avait emmené pour le couvrir d’achats magiques, mais qu’en plus, lui et Lumbo se connaissaient bien, et s’étaient autrefois perdus dans cette mystérieuse forêt abritant décidément bien plus d’un secret.

Il ne revint pas tout de suite de sa surprise, puisqu’elle continuait à augmenter : la centaurette connaissait visiblement une musicienne dénommée Courlevent, qui campait dans une cabane non loin de leur position, vers l’Est. Malheureusement, il décrocha un peu au fil du discours lorsque Destinétoile commença à parler d’un certain Fenouil, gobelin de son état, et perdu dans les limbes d’un destin qui n’était pas sien. Il ne voyait aucun lien avec la discussion d’alors, mais ne commenta point, des fois que son inérudition lui jouait encore des mauvais tours.

Fort heureusement, les réponses le concernant s’arrêtèrent là, et il put stopper son effort de concentration en relâchant enfin le souffle qu’il avait retenu jusqu’ici en un profond et long soupir désabusé. Mais la pause fut de courte durée, puisque bien vite, après que la demoiselle centaure venait de poser un dilemme au petit couple nouvellement créé, elle fit aussi remarquer la précence d’indésirables de l’autre côté de la clairière.

En effet, les yeux de Tips lui révélèrent bien vite la nature de cette morbide menace : une horde immense, une armée gigantesque composée d’une dizaine de squelettes marchant sur leurs petons ossus comme s’ils étaient toujours vivants. Des lambeaux de chair pourries pendaient mollement de leurs membres dénudés, et l’odeur de la pestilence purulente traversait tout l’endroit pour parvenir aux narines grandes ouvertes du gobelin, qui se rappela dès lors, non sans nostalgie, sa nuitée dans le charnier de sa tribu gobeline.

Une chose était certaine : ces morts sur pattes n’étaient pas amicaux, et s’en prendraient sans doute bien vite à Aro, Destinétoile et… lui-même. Ses jambes se mirent à trembler, ses genoux à claqueter, ses dents à se crisper sur sa mâchoire déjà douloureuse. Et pourtant, il ne pouvait pas fuir : Destinétoile venait de lui demander de se débarrasser de ces gêneurs inopportuns, et la princesse Aro l’avait imploré de la protéger. Il ne pouvait se soustraire aux ordres qui lui avaient été donnés, et il sortit son arme de sa ceinture pour la prendre au bout de son bras droit. Le boulet tomba sur le sol, au bout de la chaine tendue. Il devait attendre que les ennemis se rapprochent pour l’armer plus avant. Mais aurait-il la force, lui qui ne s’était jamais vraiment battu ? Où la trouverait-il ?

Dans l’immense vide inter-auriculaire de son crâne, il pensait, pensait. Si fort, que bientôt, une manifestation curieuse et inhabituelle intervint à sa place. Ses fluides prirent possession de son être, tout comme la nuit passée, lorsqu’il était bloqué sous ce tronc terrible, prêt à mourir. Il fut prit, soudainement, d’une envie de rugissement, à l’instant précis où la force de la bête s’emparait de lui.

« Roaaaaar. »

Bon, ça ressemblait plus à un gémissement de nouveau-né ayant avalé de travers une grenouille rachitique et malade, mais le cœur y était : ces sacs d’os allaient payer cher leur bravoure !

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 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Dim 5 Déc 2010 15:12 
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(Alors là… c’est le fond de la gamelle.)

Oh ! Horreur des horreurs et malheur des malheurs ! Que de peines s’abattent ainsi sur moi, divine Aldryde s’étant crue aidée et aimée de Gaïa à l’instar des élues, ô lecteurs qui m’accompagnez incessamment, en ce jour funeste où la disgrâce fond sur moi comme les corneilles sur leurs proies !

Je prie Gaïa de m’écouter encore, d’admettre mes complaintes dans sa demeure d’Ether, plus haut que les Etoiles, là où tout n’est fait que de sa grande lumière ; je prie ma Mère bien-aimée encore, bien qu’elle me délaissât, d’entendre ma mélopée funèbre : plus que tout mon cœur ardemment désire-t-il me voir disparaître sur l’heure, par quelque moyen que ce fût ! Me voir frappée des foudres de Valyus qui forge les armes du monde, me voir fondre sans plus de procès dans le sein de la Terre et devenir comme les fleurs endormies une enfant chérie de Yuimen, me voir en statue de sel transfigurée pour me faire éternel réceptacle des offrandes à Yuia…

Ô, lecteurs aimés de moi, vous connaîtrez bientôt mon immense infamie, qui me frappe et m’abat, et ploie de toute sa puissance mon échine auparavant si fière et altière ! Car oui, malgré mon sentiment de honte, lequel me noie et m’asphyxie, je vous narrerai la vérité – toute crue.

Reine parmi les reines, et joyau parmi les joyaux, et quoi ? ne pas savoir faire les choses ainsi qu’il le faudrait ? Jouer des mots comme la houle sur la grève violemment fait rouler les galets, et n’avoir que loin de l’esprit les convenances de la royauté ? Et n’avoir, encore, entre les lèvres que le babil bileux de ceux qui n’ont pas de sang et qui fondent leur vie sur les menus espoirs de petites gens – parler ainsi que le ferait la première roturière ?

(Cela ne se peut… cela ne se peut !)

Quoi ?!

Moi ?! Princesse Aldryde si pleine de charmes et dotée de grâces infinies – vous finirez par le savoir – sur les épaules de fin albâtre de laquelle repose la même lourde tâche que celle incombée à son peuple – celle de rendre poésie et grandeur à ce monde cruel et froid qui nous oppresse et nous effraie – élue, Akrilla ! et pas même un ‘Bonjour’ pour la princesse astrale à la beauté surnaturelle qui, elle, reconnaît en moi celle que je suis et fait montre, ainsi qu’il se doit, de tous les protocoles !

Aussi, ne soyez pas étonnés de m’entendre conter que les nymphéas ne savent porter comme moi le rouge diapré en leur cœur aux pistils arrogants : comme eux, mais avec bien plus de noblesse, la pâleur veloutée de mon visage impérial se teinte sur les joues d’un incarnat vivant et chaud, ô combien visible à travers ma peau si fine, transparence du givre scintillant, et qui embrase par la même occasion l’ensemble de mon être. C’est là un torrent d’opprobre qui m’entraîne loin de la rive. Je m’éloigne. Je me perd. Je m’efface !

POURPARLER !!!

J’invoque le droit de pourparler !

Oh, lecteurs, vous pourrez me blâmer. Mais plus tard ! Car, vous qui êtes tant aimés de moi-même, ne soyez pas trop prompts à prendre pitié de l’Akrilla que je suis ! Jamais plus, non, jamais cela ne saura se reproduire ! Jamais, ô grand jamais – entendez-vous ? Jamais plus je ne couvrirai le nom d’Yscambielle de déshonneur, je vous en conjure de toute la foi dont je suis investie. Pour Gaïa !

Et me voilà déjà de songer aux libations mirifiques et fantabuleuses que je lui ferai pour célébrer sa toute-puissance : crème sucrée au beurre et miel dont la couleur rappellera ses divins rayons, pintes de vin de sureau noir et rouge et cidre fameux de Bouh-Chêne, ainsi que, dernières mais non des moindres, moults pâquerettes. Que de goût et de vénusté lors de l’office, pour mon repentir ! J’imagine déjà l’autel, à la blancheur immaculée dans la lumière diffractée cent fois en couleurs radieuses, et chamarrées, qui épouseront la courbe des délices par moi offerts avec des jeux iridescents.

Mais malheureusement cette pensée admirable n’est pas celle qui nous occupe présentement : avant de demander pardon à ma déesse, bien sûr faudra-t-il que je l’obtienne de la Femme-cheval que j’ai mortellement offensée.

Mais avant que j’aie pu avancer mes excuses sincères et qui eussent violenté mon cœur d’un déchirement énorme, la Femme-cheval plie légèrement le cou et pointe du menton quelques nouveaux venus.

- Je crains que vous devriez nous débarrasser de ces intrus...

...

QUOI ?!!!

Non, c’est tout simplement impossible que ces paroles soient venues d’elle, divin oracle couronnée d’étoiles. Il doit certainement s’agir d’une langue d’ici – ou devrais-je dire, d’un défaut de la langue d’ici – car jamais ô grand jamais, comme je vous l’ai déjà mille fois dit et répété, je ne saurai plus manquer de courtoisie envers personne !

Oh, je sais ! Ce devait être de l’ironie ! Ou bien, oh oui !

(Une épreuve ?)

Mais je ne tomberai pas dans le gouffre sans fond d’une nouvelle infamie ! Par Gaïa, j’en fais le serment, et je prépare déjà mon corps et mon esprit à recevoir ces arrivants.

Les présentations prendront pour sûr beaucoup de temps : voilà une bonne dizaine de personnes à la vêture étrange et d’apparence… originale ! Hum… Oui ! Je leur en ferai d’ailleurs le compliment : grands comme les Géants des Terres Enormes, ils ont une allure élancée – voire dégingandée – et fière. Par ailleurs, la maigreur toute noble de leurs membres décharnés leur offre une marche qui les distingue du commun des mortels : plus proche de celle des légendaires Oudios aux roides articulations et aux os de bois, leur prestance semble se pouvoir comparer à celles plus hautes instances du monde. Quant à leurs habits, comment ne pas voir en eux la main experte de la couturière de Cour aguerrie aux tâches les plus fines : le tissus s’envole avec la brise en multiples éléments déchirés, à semblance même du cuir – de la chair morte depuis longtemps déjà sous l’honorable coup du roi devenu guerrier pour le salut de son peuple. Par ailleurs, ils tiennent tous en main des armes dont le renom ne doit plus être à faire dans leurs contrées respectives : la rouille qui les mouchette ainsi que leurs dents scabreuses donnent à celui qui les contemple la certitude que ces sabres bien des fois ont sauvé la veuve et l’orphelin !

Oui, réellement, de belles personnes… auxquelles tout de suite il me faut faire révérence !

- Woooaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahaaaaaaaaaaahhhhh ! Ouuuuuuuuuuuuuuuuuuuhh-làààà !!!

Vivement chers lecteurs suivez-moi avant que de me perdre ! Point de temps pour offrir repentir à la Femme-cheval dont la lisière de la clairière est la tiare étincelante, et pas plus pour rendre hommage à ses nobles invités, car déjà Tips m’entraîne-t-il rudement dans sa suite : il court à toute vitesse avec un miaulement de soumission – sûrement pour comme moi rendre grâce aux belles gens qui arrivent – et moi qui étais accoudée à son épaule je m’envole dans son chemin, emportée par un vent de proue qui ébranle cruellement mes jambes et mes ailes.

- Woooooooooooooooooooooooooohhhh !

La force est si grande que sans crier gare me voilà projetée comme le fut le galet que je lançai naguère sur Tips, mais maintenant me voilà galet, et ma cible inconsidérée et involontaire est fondée dans les nouveaux venus. Mon opprobre sera plus grande que tout ce que je connus jamais, car l’air rabat mes ailes que je tente vainement d’ouvrir pour annihiler la puissance qui me rend pareille à une arme de jet !

(Par Gaïa !)

Je ne puis rien y faire : je finirai au pilori ou à la potence pour un si grand affront : m’écrabouiller telle une pomme par trop mure sur le plastron d’ivoire de l’un des commensaux de la Femme-cheval !

Incommensurable est le pouvoir du destin, qui verra ici s’achever ma vie trop courte !

Ineffable est le pouvoir d’inertie contre lequel je ne pourrai lutter et qui inexorablement m’enverra tête la première contre l’un de ces nobles !

...

Grande Gaïa, sainte Mère !

Lecteur, vois ici la fin de ma vie : ça y est, c’est fait, mon corps tout entier a rencontré celui qui se dressait devant moi, et sans que jamais j’eus l’idée absurde d’y être pour quoi que ce fût, mon être à ce contact envoie avec force un Trait de lumière.

- Oups !


(((Lancer involontaire et sûrement instinctif de Trait de Lumière)))

_________________
.
CAHIDRICE ARO. PRINCESSE ALDRYDE, ACTUELLEMENT DANS LA MERDE.


Dernière édition par Cahidrice Aro le Sam 30 Juil 2011 11:46, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Lun 6 Déc 2010 13:24 
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"Je me demande si... Non, elle n'oserait pas..."

La centaure regarda les deux guerriers s'abattre sur leurs ennemis tels des harpies sanguinaires puis sembla perdue dans ses pensées. Tips, de son côté, en appela aux forces primitives tandis qu'Aro, ballotée comme un papillon dans une tempête, finit par invoquer un trait de lumière sur l'un des squelettes. Deux de ses funèbres assaillants se mirent à courir vers la centaure et...

"Putrides et infâmes créatures,
Rejoignez donc les pâtures
Celles-là même d'où vous sortiez
Après un long sommeil d'éternité...
Sentence !"


Deux colonnes de lumière surgirent de sous les pieds des deux squelettes et égrainèrent leurs os saupoudrés au gré du vent...

Je vous laisse gérer ce combat en libre. Il y a 11 morts-vivants (à vous de voir quoi, zombies, squelettes, etc... soit 8 morts-vivants encore en piste puisque Aro et Destinétoile en ont frappé trois en tout...). Il suffit d'un coup pour les pulvériser !

Aro : -3PV
Tips : -3PV

(Dimanche prochain, même s'il reste encore des squelettes, je posterai :) )

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 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Dim 12 Déc 2010 17:40 
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Lancé dans sa résolution inébranlable ayant trouvé sa source dans le double-ordre qu’il venait de recevoir, et qui lui intimait de massacrer sans plus attendre ces squelettes malencontreux, il ne fit plus guère attention aux deux demoiselles qu’il défendait maintenant corps et âme, vaillant comme leur chevalier servant, et courageux comme un guerrier expérimenté. Et maladroit comme un gobelin malhabile maniant une arme totalement inhabituelle. Alors que des traits de lumière et autres colonnes lumineuses pleuvaient dans la grenouillère, faisant taire les coassements joyeux des batraciens résidant dans l’étang, Tips courait en faisant tournoyer son arme au dessus de sa tête. Il ne fit guère attention aux deux squelettes qui se changèrent en poussière sitôt qu’ils furent touchés par la puissante magie de Destinétoile, et poursuivit son chemin jusqu’à apercevoir dans sa ligne de mire un squelette trapu, plus petit que celui d’un humain, tout en restant plus grand que le sien, mais ayant des os plus robustes que ses pairs qui avançaient péniblement en grinçant dans cette clairière forestière.

Ni d’une, ni de deux, il renforça encore la force de ses moulinets. Si bien que, magie aidant, il ne contrôla bien vite plus sa force, et son arme le déséquilibra, le fit tituber sur le côté, tant elle avait pris de la vitesse. Il fut enporté contre son gré, et ne put donc ajuster avec précision son coup de semonce contre le mort-vivant qui l’avait vu venir, de ses orbites noires inquiètes du spectacle qui fonçait droit sur lui : un gobelin trébuchant, emporté par son arme.

Le boulet de l’arme arriva bien vite à la hauteur de la cage thoracique du squelette. Mais à l’instant où, normalement, elle aurait du la percuter, elle ne fit qu’en faire le tour, se nouant autour de la colonne vertébrale de l’être presque-mort. Ce qui dût arriver arriva : Tips fonça tête baissée dedans, et ils churent tous les deux sur le sol, tournoyant sur la mousse des bois, et la boue du bord de l’étang. Sur le coup, le squelette en avait perdu la tête, et le bassin. La première flottait maintenant dans l’étang, et une petite rainette y avait élu domicile pour observer le combat qui faisait rage non loin de là. Les jambes, toujours attachées au bassin, étaient restées sur place, debout, immobile, dans un équilibre précaire et pourtant respecté. La cage thoracique, en revanche, emprisonnait toujours le boulet de la morgenstern, et Tips était lui-même emmêlé dans les os des bras du squelette réduit à néant par ce coup chanceux. Il tentait de s’en défaire en remuant fébrilement dans tous les sens.

« Gneuuuheuuu ! »

Ses plaintes et mouvements attirèrent bien vite un compère du défunt-défunt. Un défunt-pas-défunt, cette fois encore, se présenta dans le dos de Tips à l’instant où il se redressait, tirant sur le manche de son arme pour tenter de l’en extirper du piège vicieux dans lequel elle s’était fourrée. Le squelette, un peu boiteux, et tout jaune de tartre et de mucosités putrescentes, leva ses bras griffus au dessus de la tête du gobelin, dont une veine saillait sur la tempe gauche, signe de l’effort qu’il faisait pour se débarrasser de l’étreinte de sa chaine sur la colonne vertébrale de son ex-ennemi.

Et à l’instant où l’ennemi frappa, un craquement sinistre et violent se fit entendre. Le boulet se libéra à toute vitesse, et alla bien vite remplacer la tête du squelette pourri, qui alla rouler plus loin, à moitié fracassée par le choc violent. Tips, lui, tomba à la renverse en arrière, emporté une fois de plus par l’élan de son arme. Il tomba donc dans les bras du mort étêté, le réduisant à un tas de fractures sous son poids plume, mais néanmoins consistant. Il n’en fut pas moins surpris : il ne s’attendait pas à tomber ainsi sur un os. Que dis-je, un sac d’os ! Il fut à nouveau empêtré dans les ossements, se débattant sur lui-même et se tournant dans tous les sens en gigotant chaotiquement pour se défaire de l’emprise de son adversaire déjà inerte et écrabouillé depuis belle lurette.

Ce faisant, il se recouvrait de cette matière gluante et pourrie dont le squelette jaunâtre était habillé, et lorsqu’il se releva, il dégoutait de cette affreuse et puante mixture biologique en décomposition avancée.

Il vit à cet instant deux autres morts-vivants arriver sur lui. Deux nouveaux squelettes, une fois de plus, comme si le destin les attirait inexorablement vers lui, qui se tenaient côte à côte. Le sourire figé de leur mâchoire dévoilée était inquiétant et malsain, et Tips, soudain, fut abandonné de tout courage et de toute ferveur au combat. Il avala bruyamment, sachant qu’il ne pouvait se soustraire aux ordres qui lui avaient été donnés. Peu convaincu, il se remit donc à faire tournoyer son arme dans sa main… Hélas, la matière visqueuse qui recouvrait sa paume eut raison de cette tactique d’attaque : après trois tours à peine, le manche de bois glissa et s’en alla voler sur la terre meuble de la clairière, manquant au passage d’assommer Aro dans ses propres actions princières. Il se retrouvait donc seul et désarmé devant deux affreux ennemis qui semblaient silencieusement ricaner derrière leur masque immobile et osseux.

Le duo squelettique ne tarda d’ailleurs pas à se précipiter vers lui. En dernier recours, il dégaina une petite dague qu’il ne se souvenait même pas posséder, accrochée à sa ceinture, ferma les yeux et la lança presque à bout portant sur ses adversaires menaçant. Ceux-ci furent pris de surprise, et s’arrêtèrent un instant, avant de constater que l’arme venait de faire chou blanc : elle était passée entre eux deux, les ratant lamentablement… Tips était en fâcheuse posture, désarmé et face à deux ennemis inquiétants. Il ouvrit de grands yeux apeurés tout en se racrapotant sur lui-même, rongeant ses petits ongles en gémissant…

Mais l’instant d’après, un squelette était abattu, un coup de dague en pleine nuque… Il s’effondra à côté de Tips, surpris, qui ne vit même pas qui avait renvoyé sa précieuse dague, désormais plantée dans la colonne vertébrale d’un mort retourné à son état naturel. Son compère était lui aussi décontenancé, si bien que Tips, dans un sursaut de survie, s’empara de la première arme qu’il trouva sur les lieux : le bras du squelette défunt. Il frappa de toute ses forces sur le squelette à l’instant où celui-ci tentait de le griffer, et… Il lui arracha le bras. Un nouveau coup lui arracha l’autre, et l’ennemi fut bien vite dépourvu de toute arme offensive, restant comme un rond de flanc devant le gobelin perplexe devant ce spectacle. Du bras qu’il avait saisi, il ne restait plus qu’un os fissuré, qu’il abattit sur le crâne du mort-vivant pour l’achever une bonne fois pour toutes, tout tremblant d’excitation et de peur.

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 Sujet du message: Re: La Grenouillère [Discussion - Jour 1 - après-midi]
MessagePosté: Dim 12 Déc 2010 19:36 
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"Ah si, elle a osé..."

Destinétoile passa la main sur son front et sembla perdue dans ses pensées alors que les squelettes, debouts, ou démembrés se mirent à léviter et se rassembler en tas informe d'os et de chair pas très fraîche. Deux gros bras se dessinèrent rapidement, bientôt suivies par ce qui semblait être de toute évidence des ailes de viande pourrie. Avant même de pouvoir réagir, la chose informe se rua vers la forêt, emportant avec elle Tips et Aro...

"Il faudrait peut-être que j'aille les aider... Hummm... Quoi que d'un autre côté, je vais encore une fois rater le souper... Dilemme... Les aider ? Manger ?"


Ce petit combat libre prend malheureusement fin, mes petits. Mais réjouissez-vous, ce qui vous attend dans la clairière ne saurait que trop vous réjouir...

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