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Ziresh et Pinga ne croisèrent aucun autre fujonien sur leur chemin, jusqu'au Palais des Glaces. C'était quelque chose d'étonnant, compte tenu de l'espoir qu'ils semblaient tous lui porter. Ce n'est bien entendu qu'en arrivant dans ladite salle qu'il vit la petite trentaine de loups blancs, amassés autour de plusieurs blocs de glace informes.
Leur placement en cercle semblait être bien assez évocateur. Instinctivement, il avança au milieu d'eux et les regarda un à un. A cet instant, ils s'écartèrent tous un peu plus, formant le cercle avec plus de netteté. Une demi-douzaine de statues de glaces (bien éloignées des qualités artistiques de celles que Ziresh avait pu voir) étaient alors restées aux côtés du bratien. Seule Pinga l'avait suivi.
"Ces blocs ne sont pas supposés être des œuvres d'arts. La glace renferme en chacun d'eux une créature de l'ombre. Des guerriers squelettes, capturés exclusivement pour toi, Ziresh. Ainsi, tu pourras découvrir le pouvoir de la Hallebarde Protectrice."
"N'est-ce pas un peu extrême?" s'exclama Ziresh d'une attention aussi étrange et dangereuse.
"Amarok croit en toi, mais tout le monde n'est pas encore convaincu. Tu dois apprendre à utiliser la relique et montrer aux sceptiques que tu es digne de la brandir."
"Est-ce que cela veut dire que..."
Ziresh fut immédiatement coupé par Pinga, qui éleva la voix pour tous les occupants de la salle. Elle s'était finalement jointe aux badauds, tout en faisant un discours d'espoir, presque à la manière d'un chef de guerre.
"Nous avons ouvert le chemin au bratien jusqu'à la relique. Il est revenu ici avec elle et s'est maintenant défini comme étant le Porteur de Lumière. Pourtant, certains de nos frères blancs continuent de penser que Ziresh de Liykkendra n'est pas digne de la Hallebarde. Que son destin n'appartient pas à ceux qui se dresseront contre le Grand Fratricide. Aussi, nous allons transgresser exceptionnellement les règles d'Amarok. Pour quelques minutes seulement, un combat aura lieu ici, dans le Palais des Glaces. Ziresh de Liykkendra, maître d'armes, marqué par le Dieu-Pieuvre et Porteur de Lumière, va se battre contre l'élément à l'origine du mal qui ronge nos frères sombres. L'incarnation de l'ombre elle-même : des guerriers squelettes, capturés justement dans la Grotte de la Faiblesse. Celle-là même qui renfermait la relique de lumière et ne laissait plus les aventuriers ressortir de ses boyaux."
Non seulement le loup d'argent ne s'attendait pas à une telle annonce, digne des plus grandes arènes... Mais en plus, il se rendait compte que la grotte qu'il avait pénétrée était finalement bien plus dangereuse qu'il ne l'aurait imaginé. Combien de variétés de monstres étaient encore en son sein?
"Porteur de Lumière, bats-toi comme le veulent le Père et la Mère."
Il ne suffit que d'un geste de la patte pour que la glace renfermant les créatures se transforme en eau. Elles semblèrent alors toutes se réveiller, comme d'un sarcophage élémentaire. Ziresh n'avait pu voir, précédemment, comment elles étaient constituées. Il n'eut que très peu de temps pour se rendre compte que les guerriers squelettes étaient tous équipés d'armures et d'épées. Même s'ils avaient un certain équipement, au moins, le loup d'argent savait qu'il avait un avantage avec la portée de son arme.
Mais il n'avait le luxe de pouvoir prendre le temps d'analyser la situation. Pinga lui avait imposé une grande difficulté en décidant de libérer les squelettes sans prévenir le maître d'armes.
Il eut tout juste le temps de se mettre en position, tenant fermement son arme à deux, à l'horizontale, que déjà un guerrier squelette venait lui donner un coup d'épée dans les jambes. L'estoc fut heureusement assez faible et les tassettes du guerrier suffirent à contenir la puissance de l'attaque. En revanche, Ziresh ne put anticiper le déséquilibre que cela lui infligea. Aussi, quand il tenta de riposter, la lame de la Hallebarde Protectrice ne fit qu'abîmer légèrement l'armure de son assaillant. Sa réplique fut d'ailleurs tant hasardeuse qu'il avait été emporté par son propre élan. Il n'avait même pas su tenir son arme à deux mains pour engager un second assaut.
Cette seule erreur avait de quoi l'effrayer, puisque déjà très vite, tous les revenants se rapprochaient dangereusement de lui. Il était dos au mur. Il pouvait mourir, ou bien fuir et perdre ses nouveaux alliés. C'est alors qu'il sentit une vibration là où était posée sa patte.
(La Rune !)
Il n'avait jamais pu l'utiliser jusqu'ici. Et en plus, il savait que son usage était complètement aléatoire. Mais si cette rune pouvait lui permettre d'avoir raison d'au moins un des squelettes, compte tenu de son déséquilibre, il ne pouvait passer à côté de cette opportunité.
Seules quelques secondes s'étaient écoulées entre le moment où le guerrier squelette l'avait frappé et celui où il avait ressenti la vibration de la rune. L'arme n'était encore qu'orientée vers le sol et lui était à deux doigts de chuter. C'est dans une position des plus étranges qu'il cria le nom de la pierre.
"Vi !" hurla-t-il dans un élan d'espoir.
Il lui sembla alors que ses pattes arrières reprirent leur stabilité en un instant. Quant à son seul bras droit, emporté par sa riposte initiale et l'arme traînant sur le sol, ce fut comme si une charge de Ki avait prit le contrôle de ses muscles. En un moment, une attaque involontaire, mais pleine de puissance, avait élancé la relique dans un coup semi-circulaire. La force de cette attaque fut telle que la lame eut raison des cuirasses rouillées, mais aussi de la cage thoracique de deux de ses adversaires. A chaque fois que l'arme tuait l'un des squelettes, une vive lumière semblait jaillir de la lame. Comme un bref éclair baignant les armures dans une lueur blanche, indéniablement pure.
Les deux victimes perdirent toute l'étrange magie qui les animait sur cette seule attaque. Leurs cuirasses allèrent voltiger un peu plus loin avec un thorax réduit en miettes. Quant à leurs têtes et leurs membres, ils se détachèrent tout simplement de leurs corps, comme s'il n'y avait jamais eu aucun cartilage pour les assembler.
Le loup d'argent n'avait pas le temps de traduire sa surprise. Et pourtant, elle était exceptionnelle. Il n'imaginait pas un seul instant que la Hallebarde pouvait renfermer un pouvoir d'une telle pureté. Et encore, imaginait encore moins que sa rune puisse avoir raison aussi facilement de tels adversaires. C'était à croire que la lumière avait englouti l'ombre qui prenait possession de ces morts.
Ce n'est qu'après cela qu'il comprit qu'il était bien loin d'être en mauvaise posture. Il avait enfin repris confiance.
Il n'y en avait désormais plus que quatre. Ses deux victimes lui laissèrent alors le champ libre pour se déplacer d'un bond, afin d'avoir tous ses adversaires en face de lui. Pendant un instant, Ziresh pensa à utiliser aussi son épée bâtarde, mais il se rendait bien compte que le but de ce combat n'était pas la survie : il s'agissait de prouver qu'il pouvait manier la relique. Par la même occasion, il montrerait à tous les fujoniens qu'elle était effectivement efficace contre les morts-vivants. Et déjà, alors que l'on aurait pu penser que ces monstres ne seraient que des pantins écervelés, seulement capables d'attaquer, ils avaient cessé d'avancer sans réfléchir. Leurs armes étaient levées avec plus de tenue. Ces guerriers-squelettes tentaient désormais de maintenir une garde convenable. Qu'à cela ne tienne, le Porteur de Lumière allait la leur briser.
Le loup d'argent passa un instant sa patte sur le bijou dont Pinga lui avait fait don. Il ne savait pas vraiment comment il était supposé fonctionner, mais il se contenta de le caresser en pensant à la protection qu'il était censé lui fournir. De la même manière qu'il avait découvert le pouvoir de sa Fleur de Lys. La broche se mit alors à briller légèrement, qui suffit à lui confirmer qu'il était enfin protégé. Du moins, pour une attaque en tout cas.
Contre quatre ennemis, la force ne lui servirait à rien. Il allait devoir miser sur la dextérité. Éviter autant que possible les quatre épées qui lui faisaient face et viser juste, au-delà de leurs cuirasses. Il lâcha alors un peu de lest en décidant de maintenir une garde plus légère. De quoi dévier les attaques qu'il allait recevoir, pas de les parer. Ainsi il pourrait profiter de plus d'ouvertures. La "méfiance" (ou le possible sentiment qui pouvait maintenir les squelettes à distance) des combattants lui laissa heureusement le temps de se concentrer pour ne plus utiliser le Ki comme une puissance brute, mais comme un fluide.
Très vite, car désormais habitué aux combats qui l'ont poussé dans ses retranchements, Ziresh sentit son énergie jaillir de sa poitrine pour aller se déployer dans le reste de son corps, notamment dans ses bras. Cette énergie, il la canalisa finalement pour ne plus forcer seulement sur le haut de son corps, mais pour la répartir entièrement. Ses bras de détendirent pour s'offrir une nouvelle souplesse, tout comme ses jambes et surtout, ses pattes entières. Il lui semblait avoir une sensibilité nouvelle à partir de ses coussinets.
Mais déjà, il ne pouvait plus profiter du luxe de sa concentration : l'un des squelettes avait enfin décidé d'attaquer. Le jeune liykor n'eut aucune difficulté à dévier l'épée qui allait le transpercer pour aller taper légèrement dans la rotule de la créature. La Hallebarde semblait avoir tracé un Z dans l'air lorsque cette action fut effectuée. Ce n'est qu'à la réception maladroite du mort que la jambe de scinda en deux, le faisant s'écraser tout bonnement contre la glace. Ziresh l'acheva sans pitié d'un revers. Un éclat de lumière avait encore une fois surgit, emplissant sa fasse osseuse pour en laisser sortir sa mâchoire pendante, qui s'écrasa au sol comme tout le reste de son corps. Cette contre-attaque suffit à lui donner l'impulsion d'enfin attaquer ses ennemis. Et il leur réservait déjà le meilleur de ses capacités.
Il se permit des mouvements bien plus libres dans ces nouveaux assauts. C'est en un véritable saut en longueur qu'il eut raison de sa quatrième victime. Dans les airs, il avait alors fait coulisser son arme pour profiter de son allonge scandaleuse et battre l'épée rouillée en distance. D'une seule patte, il put transpercer le crâne du combattant d'ombres, toujours dans la même lueur magique propre à la Hallebarde Protectrice.
Le Porteur de Lumière ressentait maintenant une immense satisfaction en maniant son arme. En la découvrant, il s'était senti fier parce qu'il avait accompli sa plus grande mission. Mais là, alors qu'il combattait ces morts-vivants avec, il avait le sentiment qu'elle était faite pour lui. En ayant combattu avec tant d'armes d'hast, jamais il n'avait éprouvé une telle "alliance" avec une arme. C'était comme si elle était devenue une part de lui-même.
"Elle est faite pour moi..." murmura-t-il dans un moment d'égarement.
Sûr de lui, il reprit le combat. Sa broche-bouclier brillait de plus belle. C'est en faisant cette constatation qu'il se jeta sur les derniers guerriers. D'un premier coup droit, il trancha les avant-bras du premier épéiste, emportant son arme. Puis d'un revers, frappa le cou, tranchant net sa colonne vertébrale et annihilant toute animation morbide. Il avait alors laissé une ouverture des plus inconscientes au dernier mort-vivant qui ne se fit pas prier pour attaquer librement.
C'était sans compter sur le pouvoir de la broche qui, en plus de laisser le dos du loup intact, fit reculer le squelette de quelques pas, emporté par cette parade inattendue. Ziresh mit très vite fin au combat en frappant la poitrine pourtant protégée du squelette. Ce n'est pas par nécessité qu'il cria encore une fois au nom de la rune.
"Vi !"
La relique sembla alors jaillir de sa garde pour aller transpercer le fer de la cuirasse et se planter dans le plexus la dernière victime. De nouveau, une lumière pure et surnaturelle engloutit les ténèbres qui animaient l'anomalie ambulante. En un instant, tous les os s'effondrèrent pour ne plus en laisser qu'un amas crasseux.
Doucement, Ziresh laissa aller le Ki qui l'habitait pour reprendre un battement de cœur plus détendu. Pourtant, un sentiment de puissance le laissait palpiter. Le loup d'argent, qui était pourtant si humble, jamais vraiment sûr de ses capacités, se sentait plus fier que jamais. Comme s'il était capable de se battre au nom du monde.
Pinga le rejoint rapidement, alors qu'il regardait son œuvre. Puis il releva les yeux et regarda les habitants d'Amarok. Leurs gueules étaient presque toutes entrouvertes, laissant transparaître à quel point ils avaient pu être impressionnés. D'une certaine manière, ce n'était pas tant : ils ne voyaient jamais de combats dans leur village. Mais Ziresh voulait encore croire en sa nouvelle force. Et la confiance que lui accordait la prêtresse le confortait encore un peu plus dans l'idée qu'une mission l'attendait. Bien plus grande, en tout cas, que ce qu'il avait pu s'imaginer quelques mois auparavant. Avant qu'il ne parte pour les mines de Lebher.
"Vous avez maintenant la preuve que vous attendiez, fit Pinga à l'attention de son peuple. Le Porteur de Lumière est bien parmi nous."
On offrit alors à Ziresh un cadeau auquel il ne se serait jamais attendu. Un à un, les liykors blancs s'inclinèrent jusqu'à poser un genou au sol. Jamais on ne lui avait témoigné tant de respect. Un grand silence passa alors qu'il les voyait tous témoigner de l'espoir qu'ils lui portaient. Seule Pinga resta debout.
"Mais nous n'en avons pas fini, Ziresh de Liykkendra. Ces victimes de l'ombre ne sont rien à côté de ce qui t'attend, tu t'en doutes."
Le bratien acquiesça sans dire un mot. La prêtresse reprit alors la parole, mais en prenant un ton beaucoup plus grave cette fois-ci.
"Il y a encore une chose importante qu'il me faut te dire, cependant. Je te guiderai, ne t'en fait pas, mais nous devons tout d'abord aller au Palais de la Voix pour nous entretenir sur ce sujet."
"Que se passe-t-il?"
Pinga ne dit mot. Elle emboîta simplement le pas, sans qu'aucun autre de ses suivants ne l'accompagne. Seul Ziresh était censé la suivre. Il le fit alors, sans parler davantage. Mais il se sentait déjà mal à l'idée d'un tel entretien. Le ton qu'avait pris la prêtresse était bien grave... Il craignait déjà le pire.
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Tentative d'apprentissage :
Adresse de guerre : Le Maître d'Armes, en sacrifiant un peu de sa force (for-20%), augmente considérablement sa maîtrise, faisant appel à son habileté hors norme au combat et à son Ki aidant à la précision et à la concentration : Maîtrise AA +40%. Ceci s'applique bien sûr également au combat à deux armes et aux autres CC. L'effet dure autant de temps que le Maître d'Armes le souhaite.
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