L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 messages ] 
Auteur Message
 Sujet du message: Le temple de Meno
MessagePosté: Sam 30 Mai 2015 22:21 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Le temple de Meno


Image


Le Temple de Meno se situe sous les forges, dans une ancienne poche de magma qui fut vidée pour alimenter ces dernières. On y accède par un interminable escalier en colimaçon taillé dans un très ancien tube volcanique. Cette caverne sacrée étant entourée des conduits qui amènent actuellement la lave aux étages supérieurs, il y fait une chaleur effroyable. Une plaisanterie locale dit que c'est le premier tenancier de la Taverne du Bouc Assoiffé qui aurait financé la construction du temple à cet endroit précis. Vrai ou faux, force est d'admettre que la destination première de ceux qui en ressortent est bien souvent la taverne, et qu'ils ne lésinent pas sur la dépense pour se réhydrater.

Au centre de la caverne se trouve le temple proprement dit, plongé dans une pénombre rougeoyante qui lui confère une aura inquiétante. De forme circulaire, il est construit de manière à pouvoir aligner en son centre des cercles concentriques d’amphithéâtre à trois marches. Ils sont au nombre de douze. Trois autour de l’autel, sorte de "fontaine" d'où jaillit un flot de lave qui proviendrait du feu central du monde selon la légende, puis quatre et enfin cinq. De nombreuses statues de Meno sous ses différents avatars sont présentes.

il est principalement voué à l'enseignement de la forge, bien que l'art du combat y soit également à l'honneur. Des cérémonies s'y déroulent régulièrement, elles s'achèvent bien entendu toujours par une bacchanale épique à la sempiternelle taverne, les Thorkins étant férus de tradition.

Le temple est par ailleurs le siège local de la milice de la Lance Ardente, qui regroupe les plus farouches guerriers de l'ordre de Meno. Il est dirigé par un Archiprêtre redoutable et redouté: Brungit l'Incendiaire. Combattant invaincu et politicien retors, il occupe la place de maître de guerre de Rock Armath et dirige ses ouailles d'une main de fer depuis près de deux siècles. Vous aurez peu de chances de le rencontrer, à moins d'être un membre éminent du clergé, mais vous pourrez l'apercevoir lors des cérémonies religieuses importantes qu'il dirige toujours en personne. Lors de ses apparitions en public, il est systématiquement revêtu de son incroyable attirail guerrier, fruit d'un siècle de labeur des meilleurs forgerons de Rock Armath selon la rumeur.

Image

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Temple de Meno
MessagePosté: Sam 25 Juil 2015 12:25 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
Je plonge, dans cette gueule béante et brûlante, obscures et usées par des millénaires de passage, les marches inégales sont traîtres. Quant à s'appuyer aux murs pour maintenir son équilibre, mieux vaut ne pas y songer, ma première et fort brève tentative m'ayant appris qu'ils étaient assez chauds pour infliger très vite de graves brûlures. Les marches succèdent aux marches, bien trop nombreuses pour être comptées, l'air est de plus en plus chaud, suffoquant, abrutissant, et chaque geste finit rapidement par nécessiter un véritable effort musculaire aussi bien que de concentration pour ne pas glisser et risquer de se rompre les os dans une chute interminable. Bientôt, mon monde se résume à la marche qui suit, qui m'invite à poser le pied dessus, toute en courbes traîtresses prêtes à se dérober sous mon pas, et à l'atmosphère qui m'entoure directement, si intensément brûlante qu'elle en acquiert une étrange consistance contrariant le moindre de mes gestes. Le temps s'estompe. Une marche, juste encore une marche, le reste n'existe plus, n'a plus de raison d'être.

Je trébuche soudain, faute de marche supplémentaire, sur un sol inégal, brut, noirci. Sursautant, je me force à ouvrir plus largement mes paupières brûlées par la sueur, découvrant un sombre et lugubre vide au centre duquel trône une espèce de temple austère et inquiétant entouré de lueurs orangées et rougeâtres. L'immense caverne paraît naturelle, pour ce que j'en distingue, probablement a-t'elle contenu du magma ruisselant un jour car ses parois sont ornées de sortes de coulées noires qui n'ont rien en commun avec les habituelles stalactites formées par l'eau. Réjouissante idée en vérité. Mais j'ai bien trop chaud pour m’appesantir sur quelque idée que ce soit, et je me dirige d'un pas lourd vers le temple, songeant seulement que plus vite cela sera réglé, plus vite je quitterai cette fournaise insupportable. Parvenu aux abords de l'édifice circulaire, je sursaute une nouvelle fois en apercevant un Thorkin en armure de plaques aussi sombres que le lieu me barrer l'accès à l'escalier permettant d'atteindre les portes du temple. Par Sithi comment fait-il pour supporter pareil accoutrement dans ce four?! Il me fixe au travers des fentes de son heaume, posément appuyé sur son lourd marteau de guerre orné de signes ou de runes inconnues. Nous nous dévisageons un moment dans le silence le plus total, pesant comme la montagne qui nous surplombe. Puis j'incline enfin le visage en saluant d'une voix rendue rauque par la soif:

"Bonjour, gardien de ces lieux. Je voudrais rencontrer le responsable de ce temple."

"Et pour quelle raison, Elfe?"

"Il paraît que vous possédez certain fourreau d'une épée ardente perdue."

Le bougon Thorkin hausse les épaules sous son pesant harnachement, puis s'écarte du passage en me faisant signe de monter:

"Hum. Vieilles histoires, tout ça. Enfin, il y a un prêtre en haut, près de l'entrée, il pourra te répondre, sans doute."

Après l'avoir remercié d'un signe de tête, je gravis l'escalier posément, afin de ne pas m'épuiser inutilement dans cette atmosphère torride, et franchis la porte épaisse et magnifiquement sculptée de scènes relatives aux légendes de Meno qui marque l'entrée véritable du temple. L'intérieur est vaste, agencé en cercles concentriques d'amphithéâtres, ou d'arènes, dont certaines accueillent quelques combattants Thorkins en plein entraînement, et d'autres ce qui semble être des cours dont j'ignore la nature, ne comprenant pas la langue utilisée. Repérant un Nain en train d'observer les entraînements, proche de l'entrée, vêtu plus simplement de cuir noirci et porteur d'un étrange pendentif en forme de flamme dans un cercle, je m'approche pour lui demander:

"Bonjour, je cherche un prêtre, le garde m'a dit que j'en trouverai un près de la porte..."

Le petit être broussailleux se tourne vers moi, m'auscultant des pieds à la tête avec une certaine surprise:

"Un Sindel? Voilà qui n'est pas fréquent. Que veux-tu, l'Elfe? C'est moi le prêtre."

Contrairement à bien d'autres Thorkins, la pilosité charbonneuse de celui-ci est loin d'être entretenue avec soin, emmêlée et roussie en de nombreux endroits, elle lui donne l'air d'un miséreux ayant réchappé de justesse à quelque incendie plutôt que celui d'un prêtre. Mais je me garde bien de juger d'après les apparences, nous sommes dans le temple du feu, quoi de plus normal que ses adeptes s'y frottent de temps à autre d'un peu trop près? D'autant que, dans les amphithéâtres, les entraînements semblent loin d'être de tout repos, murs et sphères de feu apparaissent et disparaissent au gré des confrontations, marquées ici et là de quelques cris de douleur ou de triomphe. Je réponds donc au petit bonhomme:

"Maître Baldwinn m'a conseillé de venir vous trouver, je cherche un fourreau que vous posséderiez, celui d'une épée ardente légendaire."

"C'est possible. Mais dis-moi l'Elfe, pour quelle raison t'intéresses-tu à ce fourreau? Il n'est adapté qu'à une seule et unique lame, et elle est perdue à jamais. Tu le savais je présume, si tu as causé avec Baldwinn?"

"Je sais que vos légendes la situent dans la faille des tempêtes, et que plusieurs ont essayé de la récupérer déjà, en vain. Je vais aller la chercher, et j'aurai besoin de pouvoir la transporter, cette lame, une fois trouvée."

"Le plus probable, Sindel, c'est que tu disparaisses comme les autres. Nous avons toujours refusé de remettre ce fourreau à qui que ce soit, y compris nos propres guerriers, afin qu'il ne soit pas perdu à son tour. Crois-tu vraiment que nous le donnerions à un Elfe gris?"

Je réfléchis un instant à ses paroles en silence, ne voyant tout d'abord pas comment tenter de le convaincre de me donner ce fourreau avant d'avoir trouvé l'épée en question, et ne voyant pas davantage comment trimballer pendant des jours une flamme nue, vive et affamée, sans risquer fortement de me brûler avec à un moment ou un autre. C'est une arme dangereuse si ce que m'a conté le forgeron est exact, et c'est précisément pour cela qu'elle m'intéresse, mais j'aimerais autant que son danger soit tourné vers mes adversaires plutôt que vers moi. Puis, je repense soudain au lien entre mon arc de glace et cette épée, dont les porteurs se seraient combattu autrefois selon la légende. Bien sûr c'est à double tranchant, les Thorkins pourraient vouer une haine ancestrale à cet arc et à son porteur pour avoir engendré la mort de l'un de leurs héros, mais comme sa vue a plutôt semblé inciter Baldwinn à m'aider, je décide de le lui montrer en disant:

"Si vous connaissez la légende de cette épée, ce dont je ne doute pas, vous saurez certainement quel est cet arc?"

Le prêtre examine attentivement mon arme, ses petits yeux noirs s'écarquillant peu à peu de surprise alors que la compréhension se fait jour dans son esprit. Il murmure, pour lui-même plus que pour moi:

"Par Meno...l'arc de Galael..."

Puis, à voix haute cette fois, il me demande en me scrutant avec une attention nouvelle:

"Où et comment l'as-tu trouvé?"

"Dans une caverne, située dans les premiers contreforts de vos montagnes en arrivant de Tulorim, j'ai trouvé un tombeau, celui de cette Hinïone je pense, gardé par un Sylphe. Il m'a éprouvé, puis il a accepté de me remettre cet arc."

Le Thorkin me pose ensuite plusieurs questions de détails, auxquelles je réponds sans hésiter, n'ayant rien à cacher, puis après un long silence pensif, il finit par bougonner dans sa barbe:

"Je crois que cette affaire intéressera notre Maître, Brungit. Attends un moment, je vais aller lui parler."

Sans attendre ma réponse, il se détourne et se faufile entre les cercles concentriques d'amphithéâtres, se dirigeant vers le centre de l'édifice qui m'est dissimulé par une espèce d'enceinte de basalte pour ce que je peux en distinguer au travers de l'atmosphère troublée par la chaleur. Je profite de cette attente pour observer plus attentivement ce qui se passe dans les cercles, et remarque que parmi les Thorkins présents, plusieurs semblent être forgerons plus que guerriers, vêtus d'un simple pantalon de cuir et d'un épais tablier de même matière. Ceux-là paraissent suivre des cours, mais je serai bien incapable de dire de quoi, n'entendant rien à leur jargon rocailleux. D'autres au contraire sont indubitablement des combattants, plus ou moins recouverts d'armures selon les cas, maniant haches, marteaux de guerre, courtes lances, du moins courtes pour moi, mais parfaitement adaptées à leur taille visiblement car certains les manient avec un art consommé. Il y a d'ailleurs là quelques guerriers qui me semblent vraiment redoutables, d'autant plus qu'ils usent pour la plupart d'une technique de combat très différente de la mienne, ou de celle des elfes ou humains en général, que je ne manque pas d'observer avec le plus grand intérêt.

Alors que de manière générale ma manière de combattre est légère, rapide et virevoltante, aérienne, les Thorkins au contraire restent rivés au sol, masses inamovibles présentant systématiquement à leur adversaire un mur d'acier, ils se déplacent avec une extrême parcimonie de mouvements afin d'être toujours dans la bonne position pour parer les coups plutôt que de les esquiver, et il serait facile de s'épuiser à leur tourner autour sans pour autant parvenir à créer une faille dans leur défense. Leurs attaques sont généralement basses et circulaires, puissantes, lorsque ils manient haches ou marteaux, bien que quelques coups de pointe vifs et imprévisibles soient parfois tentés. On retrouve d'ailleurs ces coups de pointe quand ils se battent avec des lances, qu'ils appuient parfois dans une encoche de leur bouclier rectangulaire pour la guider et la propulser vers l'avant d'un geste évoquant l'attaque foudroyante d'un serpent. Ils semblent par ailleurs extrêmement résistants, car j'en vois certains encaisser sans sourciller des coups qui m'auraient probablement correctement sonné. Des adversaires dangereux, donc, qui savent utiliser leur petite taille et leur corpulence massive comme un atout de nature à en surprendre plus d'un. Mes rapières me sembleraient de bien maigres armes si j'avais à lutter contre un Thorkin en armure complète et muni d'une hache de guerre, il me faudrait alors éviter toute parade, et parvenir à trouver une faille plus étroite que le chas d'une aiguille pour espérer franchir garde et armure sans risquer d'y briser ma lame.

Le retour du prêtre interrompt mon observation, il se campe devant moi d'un air étrangement majestueux et me déclare:

"Voici les paroles de l'Archiprêtre de Meno, Sindel: Que l'Elfe franchisse les trois cercles, et le fourreau lui sera remis."

Franchir les trois cercles? Hum, Baldwinn m'avait prévenu que je risquais d'être éprouvé, mais que cela signifie-t'il au juste? J'ai gardé en tête les paroles de la mère d'Ethëll, me rappelant que la vie était toujours plus précieuse qu'une lame, et je ne tiens pas à risquer ma peau inconsidérément dans une épreuve que je n'aurais pas la moindre chance de franchir. Je demande donc au prêtre:

"Et concrètement, cela implique quoi?"

"Il n'y a qu'une manière de le savoir, Elfe: le tenter. Seuls ceux qui y ont survécu savent ce que sont les épreuves, et ils sont rares."

(Syndalywë, tu en penses quoi?)

(Qu'il est temps qu'ils voient de quoi est capable un Danseur d'Opale!)

(Moui, joli titre mais je le trouve encore un peu large pour mes épaules...enfin, on verra.)

Je réponds au prêtre d'une ton ferme et résolu:

"Soit. Je franchirai ces cercles, ainsi que le veut l'Archiprêtre de Meno."

Le Thorkin semble surpris de ma décision, il se gratte la barbe puis hausse les épaules:

"C'est ta vie, Sindel. Suis-moi."

Il se dirige vers l'un des amphithéâtres du cercle extérieur, inutilisé, et me mène au bas d'un escalier dévalant les gradins jusqu'à la place circulaire d'une vingtaine de mètres de diamètre qui en constitue le centre. Il farfouille dans sa petite besace, en sort une toute petite fiole contenant un liquide rouge translucide et me la tend avant de me désigner de la main une porte percée dans la paroi opposée, déclarant d'une voix de basse:

"Bois cette fiole. Puis franchis cette porte si tu le peux, Elfe. Que la Force de Meno t'accompagne, si tu en es digne."

Je contemple la fiole avec une certaine réticence, n'aimant guère absorber ainsi des breuvages aux effets inconnus, mais la mine sévère de mon guide m'apprend qu'il ne m'en dira pas davantage, aussi je la débouche et l'avale d'un trait avant de m'avancer de quelques pas pour entrer dans cette première épreuve, le coeur battant vivement d'une légère appréhension à l'idée de l'inconnu mystérieux qui m'attend.


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Temple de Meno
MessagePosté: Dim 26 Juil 2015 13:03 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
Le liquide contenu dans la fiole n'a pas apaisé ma soif, bien au contraire, il l'attise tant que tout mon corps me semble manquer d'eau, et c'est d'un pas légèrement titubant que j'entre dans ce premier cercle, totalement ignorant de ce qui m'attend et passablement affaibli par la chaleur écrasante qui règne dans cette partie du Rock Armath. Le sol de pierre rouge est si brûlant sous mes pieds que j'en perçois la température au travers de mes bottes, pas le genre d'endroit où il fait bon s'allonger, et pourtant Sithi sait que j'en rêve à cet instant! Ma vision se trouble, les austères murs de pierre qui m'entourent commencent à onduler, leur couleur rouge leur donne l'aspect de flammes mouvantes et bien que je tente de me convaincre que ce n'est là qu'une illusion, j'ai la désagréable impression que la chaleur augmente encore d'un cran!

Et soudain les murs de feu qui paraissent m'entourer se resserrent rapidement sur moi en rugissant, comme un raz de marée enflammé qui n'a cette fois, j'en ai le pressentiment, rien d'une illusion et se précipite pour me consumer! Je voudrais bouger, tenter de sauter au travers de ce cercle de feu en direction de la porte, mais mes jambes sont de plomb fondu et me refusent tout mouvement à ma plus grande consternation. Je n'ai rien le temps de tenter d'autre, je ne le peux, mon corps est aussi figé qu'une statue, incapable de se mouvoir. Les flammes fondent sur moi et m'engloutissent, avides, affamées! Je me sens tomber, mais ce corps qui chute est-il vraiment le mien? Il heurte le sol durement mais je ne ressens aucune douleur, pas plus que la moindre sensation, mon monde n'est plus qu'incandescence, rougeoiements insanes qui envahissent ma vision, mon esprit, mon être au final, suis-je en train de mourir?

Une obscurité absolue remplace subitement les flamboiements, il y règne un silence lugubre, absolu, total. Je voudrais hurler, de dépit, de rage, de terreur aussi, mais aucun son ne sort de ma bouche. Il n'y a que ces ombres étouffantes qui occultent tout, bruits comme vision, sens du toucher, odorat, il n'y a rien ici, rien que les ténèbres et quelque part dans leur infini, une minuscule braise sur le point de s'éteindre: ma conscience qui décline interminablement, se dissout peu à peu, dénuée de toute raison d'exister dans ce "rien" qui l'entoure.

Que signifie le temps, lorsque rien n'y est soumis, faute de seulement exister? Que signifie le destin dans le néant, quand il n'y a nulle création pour en suivre les chemins?

Rien. Néant. Ni début, ni fin, pas de passé, pas de futur ni même de présent. Rien. Mon esprit défaillant renâcle et se cabre à cette pensée issue de je ne sais où, incapable de concevoir véritablement ce vide absolu, issu et tissé qu'il est de la matière, de forces qui n'existent pas dans ce non-monde.

Les ténèbres. Immobiles, figées, hors du temps, hors du concept même de mouvement, ni étoiles ni lunes, pas de terres, aucune vie, ni élément, juste le...vide.

Une présence, soudain. Diffuse, invisible et silencieuse, perceptible pourtant. Elle me ramène à mon individualité, lentement, par sa simple existence, comme si le fait que quelque chose puisse être dans ce rien rendait plus acceptable l'idée d'y être plongé soi-même. Les traits d'un visage se forment, volutes d'ombres à peine moins totalement obscures que le reste, qui dessinent un faciès ridé inquiétant, orné de tatouages qui, de noirs, virent peu à peu au gris pâle. Deux prunelles laiteuses se fixent sur moi, aveugles selon toute vraisemblance, et pourtant je sais qu'il me voit!

Image


Quelques paroles sibyllines me parviennent, s'inscrivant en mon esprit comme si elles ne provenaient que de mon imagination:

(Les morts savent, et murmurent dans les caveaux oubliés. L'Oracle des Monts a parlé de toi à l'un d'eux, je sais qui tu es, Tanaëth Ithil!)

Je frissonne, ces paroles me glacent le sang et me poussent à demander par la pensée:

(Suis-je...au royaume des morts?")

(Tu erres à sa frontière. Ni vivant, ni mort. En suspens.)

(Pourquoi? Comment puis-je retourner à la vie?!)

(Pourquoi? Mais parce que tu l'as voulu. Profonds sont les mystères du Rock, jeune Sindel, et rares ceux qui y ont accès. Tu étais prévenu. Quant au chemin de retour, il n'y en a pas, pas au sens où tu l'entends du moins.)

(Ah. Dans ce cas...comment puis-je aller de l'avant?)

(Réveille-toi. Et suis le chemin du vent.)

Et j'ouvre les yeux en sursaut, le coeur battant à tout rompre dans ma poitrine! Je réalise que je suis étendu par terre, sur le dos, et que le sol est d'une fraîcheur inattendue. Il fait nuit noire, mais cela n'a rien à voir avec l'impression de néant ressentie précédemment, ici la roche renvoie l'écho assourdi du moindre frôlement de tissu, je sens la matière ferme sous mon corps et des odeurs parviennent à mes narines. Une soudaine inquiétude me taraude, et avant même de me demander où je suis, je m'enquiers rapidement:

(Syndalwë?!)

(Ah! Fini de rêvasser?)

(Hum, pas de doute, tu es là. Rêvassé? Il s'est passé quoi par Sithi?!)

(Tu es tombé inconscient après avoir bu cette fiole, en criant et en gesticulant comme un forcené avant de tomber en pâmoison comme une jouvencelle, puis quatre Thorkins t'ont mis sur une espèce de civière et t'ont transporté au fin fond des entrailles de leur montagne.)

(Quoi?! Mais pourquoi bon sang?!)

(Bah, je crois que l'idée générale de la première épreuve consiste à retrouver ton chemin dans les dédales Thorkins, comme un des leurs pourrait le faire.)

(Je vois...fais-moi un peu de lumière s'il te plait, pour commencer. Tu as retenu le chemin par lequel ils m'ont amené ici?)

(Évidemment.)

Le ton légèrement dédaigneux sur lequel elle prononce ces dernières paroles me fait sourire, mais je ne relève pas et profite de la légère lueur qu'elle fait émaner du collier ayant appartenu à Moraen, son préféré allez savoir pourquoi, pour examiner les environs. Je me trouve dans un couloir rectangulaire légèrement incliné qui doit mesurer quelques cinq mètres de large pour trois de haut, creusé à même une roche qui ressemble à du granit. Syndalywë connaissant le chemin, ressortir ne semble poser aucune difficulté, mais bien que je ne sache pas si ce que je viens de vivre n'était qu'un rêve, les paroles du vieux Thorkin aveugle résonnent encore en moi. J'humidifie un doigt pour sentir le sens du courant d'air, tout en demandant à ma Faëra:

(Pour retourner au temple, il faut monter ou descendre?)

(Monter, jusqu'à une petite salle avec trois couloirs qui en partent, et là...)

(Attends. Le courant d'air vient du haut. Tu as partagé mon...rêve?)

(Oui. Mais je ne sais pas si c'est une très bonne idée de suivre les conseils de cet être.)

(Il existe vraiment?)

(Oui, c'est une sorte de gardien des morts, mais je ne parviens pas à discerner où mène le chemin qu'il t'a conseillé. Enfin disons plutôt qu'il y a trop de possibles incertains pour définir lequel sera ou serait le bon. Cela m'inquiète.)

(Tu m'as dit qu'il était temps d'entamer la Danse, non? Alors voyons où mène cette valse là, jusqu'au bout!)

Sans plus hésiter, je m'enfonce dans les entrailles du Rock, suivant le chemin du vent qui se faufile à travers le dédale vers une destination inconnue ainsi que me l'a recommandé cet étrange Gardien des trépassés.


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Temple de Meno
MessagePosté: Jeu 10 Sep 2015 23:52 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 26 Fév 2015 21:51
Messages: 6796
Localisation: Nessima, Naora
Un Thorkin en armure de cuir me dévisage depuis les quelques gradins entourant l'arène, surpris, puis crie quelque chose dans sa langue rapeuse, faisant ainsi accourir l'un de ses concitoyens qui doit être un prêtre plus ou moins gradé au vu de la belle armure de mithril rougeoyant qu'il arbore. Je le salue d'une légère courbette du buste lorsque il se plante devant moi, mais c'est la lame que je tiens en main qu'il examine d'un air stupéfait. Il gratte pensivement sa barbe brune bien fournie, puis daigne enfin me scruter de bas en haut avec une lenteur presque grossière, que je m'abstiens de relever en conservant mon sourire cordial et légèrement amusé.

"Ainsi tu as réussi, Sindel, là où tant des nôtres ont échoué. Comment?"

"Sithi, Rana et Yuia veillent sur moi, même dans vos tréfonds, maître Thorkin. Me ferez-vous l'honneur de me remettre ce fourreau que vous gardez? Cette lame est quelque peu encombrante, sans lui..."

"Cette lame appartient aux Thorkins..."

Je le scrute plus directement, mes prunelles semblables à deux billes d'obsidienne ne révélant strictement rien de ma pensée, et lui réponds à mi-voix:

"Cette lame ne nuira pas à Rock Armath ou à son peuple, cela je t'en fais serment devant Sithi, mais elle est mienne de plein droit. Vous m'avez drogué, puis perdu dans votre labyrinthe, j'en suis revenu vivant et porteur de cette lame que nul d'entre vous n'était parvenu à récupérer. J'ai vu les cendres de son dernier porteur, dans l'antre de l'arachnide, un temple shaakt oublié de Phaïtos. Vous devriez vous réjouir que ce soit moi qui ait récupéré cette arme et non un elfe noir, et vous occuper de sécuriser la zone où se trouve ce temple. Il y a visiblement d'autres entrées, là-bas."

"Qui es-tu pour parler ainsi, au coeur même de notre temple, de notre royaume?!"

"Je suis un Danseur d'Opale, prêtre. Je sers Sithi, l'équilibre et la vie. Entre mes mains cette lame vous servira, comme elle servira Hidirain."

"Mouais. Des mots tout ça."

"Une bonne chose, que les mots. Ils évitent souvent le recours aux armes."

"Tu parles bien, Sindel, mais aucun acte ne vient étayer ton discours. Nous ignorons tout de toi, ou presque. Un voyageur, un errant inconnu, voilà qui tu es pour nous. Et nous devrions te laisser t'emparer de cette relique de notre peuple?"

Je le fixe plus durement, mais m'adresse à lui avec le plus grand calme:

"Vous ne la possédiez plus. Les armes changent de porteur, il en a toujours été ainsi. Cette lame est devenue mienne à l'instant où je l'ai retrouvée dans les catacombes de ce temple oublié. J'ai franchi l'épreuve que vous m'avez imposée, je suis revenu avec l'arme malgré que nul de vous n'y ait cru un instant, respectez votre parole et remettez-moi le fourreau de cette lame. J'ai erré longtemps dans les souterrains, et j'ai hâte de revoir les cieux étoilés. Vous me trouverez dans les environs d'Hidirain ces prochains temps, faites-moi surveiller?"

Le prêtre Thorkin hausse un sourcil broussailleux en me fixant longuement en silence, commence à sourire imperceptiblement, puis de plus en plus jusqu'à éclater d'un rire rocailleux en m'adressant une grande bourrade sur l'épaule:

"Par Meno, tu ne manques pas d'audace, Sindel! Alors comme ça il parait que tu courtises la jeune Ethëll Findaryë? Nous avons eu quelques jours pour nous informer, vois-tu. Tu as vaincu une Banshee, d'après ce qu'on m'a raconté, un sacré exploit."

Je grimace imperceptiblement à cette évocation et aux souvenirs qu'elle engendre, haussant les épaules en lui répondant:

"Je n'étais pas seul, Ethëll puis Mane m'ont apporté leur aide. Sans elles je serais mort. Et je suis en effet le...soupirant d'Ethëll."

Un léger sourire vaguement amusé flotte sur mes lèvres lorsque je choisis soigneusement ce terme de soupirant, j'ai hâte de la revoir, mais par Sithi je ne sais encore si et comment je vais aborder le sujet de Lyann...chaque chose en son temps, le présent est important, crucial en cet instant car je ne peux décemment me balader avec cette lame flamboyante dégainée en permanence! Aussi je demande une nouvelle fois:

"Alors, puisque vous en savez tant et plus sur moi, honorerez-vous la parole de votre maître? Car c'est lui qui a ordonné cette épreuve alors que j'étais venu quérir le fourreau."

"Je sais tout cela. J'obéis précisément à ses ordres. Vas voir Baldwinn."

"Mais..."

"C'est lui qui possède le fourreau. Tu es revenu vivant des trois cercles de Meno avec la Flamboyante, vas le voir maintenant."

Je le fixe un instant, incrédule, puis la compréhension se fait jour en mon esprit et après un discret soupir, je m'incline légèrement en rétorquant pensivement:

"Je vois...enfin je crois. Merci en ce cas, au plaisir."

"Souviens-toi du serment que tu as prêté ici, nous te confions cette relique Thorkine aussi longtemps que tu te montreras digne de la porter."

(Tssssk! Elle a été forgée dans un volcan du Naora, cette épée! C'est une arme Sindel!)

Je sursaute légèrement à l'intervention impromptue de ma Faëra, plissant les yeux en lui demandant d'une pensée:

(Tu en es certaine?)

(Absolument!)

(Hum. Dans ce cas...)

Je rétorque donc au prêtre Thorkin d'une voix assurée:

"Je respecterai mon serment, prêtre de Meno. Mais sache que cette épée fut forgée au Naora, dans l'un de ses volcans. C'est une arme de mon peuple."

Le serviteur du feu ouvre de grands yeux étonnés alors que je me détourne pour quitter le temple de Meno sous les regards stupéfaits des quelques Thorkins présents, qui lorgnent mon arme incendiaire toujours brandie loin de ma tignasse. Puis j'emprunte d'un pas vif le long et brûlant escalier qui me mènera directement aux forges, situées "juste" au-dessus du temple. Baldwinn...bougre de forgeron, il m'a joué un sacré tour, et rendu un fier service tout à la fois.


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 messages ] 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016