"Nous ne pouvions pas vous le dire. Nous devions vous tester. Zewen a marqué son accord, mais nous n'avons pas encore reçu le signe de Gaïa. Et c'est Gaïa qui nous a ordonnés de protéger la larme !"

A ta seconde question, les deux êtres se regardent, cherchant dans les yeux l'un de l'autre la réponse avant de déclarer :

"Aucune idée. Nous avons été programmés pour veiller sur cet objet, j'ignore si nous serons capable de faire autre chose."
"Nous vivre pour Larme depuis les mères de nos mères et leurs mères encore avant. Nous pas savoir ce que nous pouvoir faire autrement."

Jet d'écoute pour Keynthara : réussite. Jet d'écoute pour Kraemer : réussite critique.

Kreamer t'interrompt dans tes réflexions en te demandant d'écouter, il a l'impression d'avoir déjà entendu cette voix. C'est le vent qui parle, t'en es aussi certaine que lui ce coup-ci, car tu l'entends toi aussi :

"Seros pouvoir vivre une fois destin achevé ?"

Keynthara s’était mise à boudée, l’air tristounet, en découvrant les explications données par Renarde. Ne s’était-elle pas montrée assez sincère envers les Seros ? La Petite avait du mal à comprendre, car dans son esprit enfantin, les choses étaient souvent très simples et très tranchées. Tout était blanc, ou noir.

Le Shaakt avait présenti la tension et la déception qui habitait l’Aniathy, si bien qu’il s’approcha d’elle rapidement, en la prenant dans les bras pour lui parler et la rassurer.

« Tu sais, cet objet représente toute leur vie. C’est leur raison d’être. Ce n’est pas notre faute, ni même la leur, si les Seros et les Zaistras ont cherché à protéger leur secret coûte que coûte. L’essentiel est que maintenant, l’heure des révélations est enfin arrivée. »

La poupée n’avait pas quitté Kraemer des yeux. Il était le seul qu’elle acceptait encore de regarder.

« S’ils veulent la preuve que Gaïa nous soutient, moi je vais la leur donner ! »

La Petite se défit des bras de son ami et annonça ce qu’elle était sur le point de faire.

« Puisque nos dieux sont aussi vos dieux, je sais que Gaïa répondra à mon appel et qu’elle est avec nous en cet instant présent, par moi, par ma magie blanche qui ne peut qu’émaner d’elle. »

L’air fier, bien droite sur ses fines jambes fluettes, Keynthara ferma les yeux et leva ses bras au ciel pour s'en remettre à la déesse qui lui avait confié ses fluides à sa création. Habitée par la magie, la poupée réalisait soudain à quel point Zewen était grand, et à quel point il avait été clairvoyant pour son destin.

« Je ne peux qu'être la naissance de la paix entre vos deux peuples, je suis l’enfant qui soudera votre union. Douée de la magie de Gaïa et du corps de Zaistra, ce ne peut qu’être le signe du futur que Zewen a pensé pour vous. »

Plus elle parlait, plus les choses devenaient limpides dans son esprit en ébullition transcendantale. Les mots qu’elle prononçait lui étaient comme étrangés, dictés par une conscience qui la dépassait et qu’elle pensait ne pouvoir qu’être divine, investie dans son corps.

« Déesse Gaïa, nous implorons, ensemble, un signe de toi, pour nous prouver que l’heure est venue de libérer ces peuples de leur lute perpétuelle face à cette chaîne qu'est la Larme de Thimoros. Ce dieu de la discorde a répandu trop longtemps le sang et la haine sur leur planète, par la présence de son objet. Il est temps que cette maudite Larme disparaisse à tout jamais de Warshariin, afin que la paix puisse enfin s'y installer. »

Rouvrant alors les yeux, la Petite frémit en sentant une puissante brise l’étreindre et murmurer des mots inquiets. L’esprit de ces lieux semblait s’être manifesté à nouveau et Keynthara ne pouvait plus l’ignorer.

« Le destin des Seros et des Zaistras est de vivre et de trouver l’équilibre ! Il faut me croire… Ils méritent, tous autant qu’ils sont, d’être enfin libres... »

Keynthara s’effondra en larmes après avoir crié cette réponse, dans l’espoir que la nature et le vent porterait son message loin dans l’esprit et le cœur des peuples de Warshaarin. L’écho de ses paroles dans son esprit résonnait sans qu’elle ne soit capable de l’arrêter. L’état de transe intellectuelle dans lequel elle s’était trouvée quelques instants auparavant était sur le point de se dissiper et maintenant, l’émotion était trop vive. L’Aniathy avait parlé de liberté, pour laquelle elle s’était trop souvent battue durant sa petite vie insignifiante. Elle se devait maintenant de l'offrir aux autres.

Jet pour la prière : réussite critique (99, joli quand même).

La prière de la poupée avait touché tous les êtres autour d'elle. Un long moment d'attente s'installait, paisible. Sans qu'aucune parole ne fût prononcée entre eux, Renarde relâcha le Zaistra qui s'assit, ne désirant manifestement plus partir. En fait aucun des quatre n'avait envie de partir, mais tous étaient pris d'un calme extrêmement étrange, qui n'avait rien de naturel.

Même Keynthara était calme, plongée comme les trois autres dans une forme de méditation éveillée. Les bruits de la forêt s'étaient apaisées eux aussi, comme si les animaux et le vent lui-même avaient reçus l'ordre de ne plus bouger.
Des bruits de pas sur les feuilles se firent entendre, de trois directions différentes, comme s'ils étaient au centre d'un point de ralliement. Mais ils n'y avaient nul inquiétude chez les quatre rassemblés, comme s'ils ne craignaient rien.

Le premier être à apparaître étaient une Zaistra à la peau terne : Shalyä. En même temps, sans le savoir, ils étaient retournés dans les limites de la réserve d'Ynorie, son territoire à elle. Elle s'approcha, et vient s'asseoir entre Kraemer et Renarde, en face de l'autre Zaistra. Aucun des Quatre ne bougea ni ne dit un mot.

Ce fût alors au tour des Zaistras de combat d'arriver jusqu'au groupe. Ils étaient nombreux, un bon millier au minimum, ils s'assirent en silence à la périphérie du groupe, sur la gauche de Keynthara. Aucun des Quatre ne bougea ni ne dit un mot, comme s'ils étaient figés.

Enfin, les Seros, approchèrent du groupe, cela devaient faire deux heures que les Zaistras étaient arrivés. En silence, ils s'installèrent en périphérie, à droite de Keynthara. Maman vient s'asseoir entre Keynthara et le Zaistra. Aucun des Quatre ne bougea ni ne dit un mot. Le calme était sur toute l'assemblée.

Puis vint la réponse à la prière, Kraemer, toujours aussi calme, sentit ses fluides d'ombre bouillonnés en lui. Tout ceux qui portaient des fluides d'ombre ressentaient la même chose d'ailleurs.

Une femme, venant de derrière Keynthara entre alors dans le cercle formé par les Quatre, Maman et Shalyä. Elle porte une chevelure claire, presque blanche et des vêtements blancs immaculés. Dans cette fin de journée, elle brille, éclairant légèrement autour d'elle.



Sa voix est plus cristalline que l'eau la plus pure, apportant soin et paix à tout ceux présents, Zaistras, Seros ou Yuiméniens.

"Seros et vous Zaistras, cela fait plus de 10 000 ans que je suis venue vous voir pour vous confier la Larme que Thimoros a offert à sa fille. Il est temps que cette tâche soit confiées à d'autres. J'ai été envoyée ici par Zewen pour la récupérer, son pouvoir est trop dangereux pour être laissée aux mains de quelqu'un, quelqu'il soit. Rendez-la moi, elle sera détruite."

Maman, les mains tremblantes, ôte alors son collier et le tend à la créature qui la prend avec un hochement de tête. Tu vois alors passer une petite pierre, plus petite que ta main, d'une couleur rouge sang, en forme de larmes.

"Seros et vous Zaistras, la folie ne doit plus vous toucher. Vivez en paix, vous avez tellement à apprendre les uns des autres."

La créature se tourne alors vers vous deux et s'accroupit pour se mettre à votre hauteur :

"Votre tâche ici est finie. Vos fluides sont opposés, mais vous êtes tous les deux des serviteurs de Zewen. Il vous attendra, rien ne presse. Quand le temps sera venu, suivez la boussole et rejoignez-le sur Nyr 'tel Ermansi. Prenez ce cadeau, en souvenir de ce que vous avez vécu, ici."

Sans vous laissez dire la moindre parole, elle s'en va, emportant avec elle la Larme de Thimoros, définitivement. Vous avez l'impression de sortir d'un rêve et vos faeras confirment que vous venez de voir Gaïa en personne et que vous tenez dans vos mains ses présents : Une boussole Naotelia et un morceau de métal qui brille étrangement.

Il était difficile de dire lequel de ces peuples réunis avait été le plus bouleversé par cette apparition divine fabuleuse. Encore tous figés, personne n’avait osé rompre le silence et la paix qui s’était installée tout autour d’eux, après le départ majestueux de la déesse. Keynthara retiendrait de cette apparition la profonde bonté qui émanait de cet être majestueux. Si elle n’avait jamais vraiment trouvé la raison de prier Gaïa, elle en était à présent devenue une vraie fidèle.

« Merci… Déesse des Déesses… », s’était-elle finalement contentée de murmurer, tandis que Kraemer soupirait pour relâcher la pression. L’apparition de Gaïa ne l’avait pas non plus laissé indifférent, mais dans son corps, tout s’était si étrangement mis en branle, qu’il en avait ressenti un véritable malaise. Tandis que ses fluides s’apaisaient, il reprenait son souffle et mettait ses idées au clair.

« Je crois que c’était la plus belle chose que nous pouvions faire... Au-delà même de la réussite de notre mission. », avait-il déclaré à l’attention de la poupée, toute retournée. Puis, ils portèrent leur attention sur les Seros et les Zaistras qui les entouraient, ne sachant trop comment s’adresser à eux, qui avait vécu le plus incroyable bouleversement de leur existence, et de celle de leurs ancêtres.

« Je crois qu’il va maintenant falloir que nous vous laissions vous découvrir… Notre planète Yuimen nous attend… Peut-être qu’un jour, vous serez heureux d’y venir aussi. Nos deux mondes ont, eux aussi, beaucoup de choses à apprendre, n’est-ce pas Keynthara ? »

Le Shaakt, en se levant doucement, souleva la poupée dans ses bras, alors qu’elle ne se sentait pas en mesure de dire grand-chose. Il indiqua la paume de sa main puis l’interrogea :

« Ma Douce, quels sont donc ces beaux cadeaux que t’as laissés Gaïa ? »

Prononcer ces paroles était comme irréel. Pourtant, c’était une réalité qu’ils avaient bel et bien vécue tous ensembles, et que personne n’oublierait jamais. Ses doigts se décrispèrent tout doucement, pour laisser apparaître deux objets étranges. Elle les examina sous toutes les coutures, tentant même de sonder leurs propriétés magiques, pour en déterminer leur nature et leur utilité. Un dieu ne laissait jamais rien au hasard, l’Aniathy en était maintenant intimement convaincue…

Kreamer lui aussi avait reçu le même morceau de métal (ainsi que la boussole d'ailleurs) et votre expérience des équipements magiques en tout genre parvient à déterminer qu'il s'agit d'un catalyseur magique, même si ça pourrait faire une redoutable arme aussi. Mais pour l'instant, il ne fait jamais qu'une quinzaine de centimètres, pour 2 ou 3 de diamètres, tout lisse...

Pendant l’examen attentif de la poupée qui avait fini par sortir de son état de torpeur divine, Kraemer avait également reporté son attention sur ses propres objets tenus en mains. Il n’avait rangé son bâton que depuis quelques instants à peine, maintenant qu’il était persuadé que sa vie n’était plus en danger et que le combat n’était donc plus d’actualité. Il se méfiait néanmoins du catalyseur magique, recommandant à la Petite de ne pas trop le secouer, au risque de se prendre une décharge d’énergie dans les doigts.

« C’est un cadeau de Gaïa, Kraemer ! Qu’est-ce que tu racontes… Elle ne nous aurait pas donné quelque chose qui aurait pu nous faire du mal à la moindre manipulation un peu brusque. Non, moi je crois plutôt que l’objet doit se fixer au bout de nos armes. Restera plus qu’à trouver auprès de qui on pourra faire ça, d’ailleurs, mais je suppose qu’on y pensera plus tard, quand on sera rentré bien au chaud chez nous… »

En disant ceci, l’Aniathy se souvint qu’elle n’avait, finalement, pas vraiment de ‘chez-elle’, et fronça les sourcils à cette simple remarque de sa part.

« Mouai, oublie, je voulais dire, quand on sera retourné sur Yuimen… »

Elle essaya tout de même de trouver, par elle-même, un système d’accroche qui lui permettrait d’ajuster la pointe métallique au bout de sa baguette. Elle n’avait pourtant que peu d’espoir que cela marche.

Se relevant ensuite, les deux amis se regardèrent, puis posèrent leurs yeux sur l’assemblée hétéroclite encore très calme.

« Il va maintenant nous falloir retourner chez nous, en repassant par le fluide qui nous a conduit dans le dôme de Shanaori. », déclara solennellement le Shaakt, sentant bien que la Petite se sentait soudainement bien trop réservée et gênée pour oser parler ainsi devant tant de monde, alors même que quelques minutes auparavant, elle s'était montrée une formidable oratrice.

Et pourtant, malgré les dires de la poupée, l'objet aurait pu devenir dangereux à la moindre pensée un peu brusque beaucoup plus qu'au moindre geste à vrai dire. Au moment où l'aniathy pensait à sa baguette en touchant son bâton de métal, celui-ci se transforma instantanément en une copie conforme de son arme magique. C'était là d'ailleurs tout son pouvoir.

Il en fût de même pour Kraemer qui lui songeait que l'arme avait l'avantage d'être plus petite que son énorme bâton de combat.

Le cadeau de Gaïa n'est rien de moins que des armes polymorphes. Capable de se changer à la simple pensée de leur esprit en n'importe quel arme, pouvant passer d'une arme physique à une arme magique.

Quand le shaakt évoqua le dôme et Shanaori, les Seros se regardèrent, comme s'ils ne s'étaient jamais vu. L'inquiétude traversa leur visage pourtant si calme quelques secondes plus tôt. Et c'est Ershin qui le premier pris la parole pour vous répondre, sortant d'une forme de léthargie muette :

"N'ayez pas peur. Il n'y a aucune raison de se battre, la larme est partie désormais. Venez à la cité vous aussi, ou restez dans la forêt, comme vous voulez. Je mets tous les Zaistras du labo à votre disposition si vous voulez reconstruire votre village !"

La majorité des Seros choisirent de rester à l'abri de leurs arbres, encore trop craintifs malgré les paroles de Gaïa. Au final seule Maman et Renarde accepte de venir avec vous, montant craintivement dans les vaisseaux amarrés non loin de la clairière, les mêmes dans lesquels vous étiez arrivés chez Shalyä, il y a un peu plus de deux mois de cela.

Les deux amis étaient ravis des découvertes qu’ils venaient de faire. Le cadeau de Gaïa était une arme extrêmement précieuse qu’il fallait néanmoins manipuler avec précaution, ils l’avaient bien évidemment compris.

Repartant avec les Zaistras en compagnie de Maman et Renarde, ils se sentaient habités d’une profonde sérénité, sentant bien que la présence de la Mère de la tribu avait un sens particulier et qu’il avait été de l'ordre du devoir, que de franchir le pas. L’harmonie entre eux ne pouvait que passer par la connaissance de la différence, qui dissiperait peu à peu la peur ancestrale de l’autre établie depuis la nuit des temps.

La Petite et le Shaakt étaient montés dans les engins sans plus aucune crainte et avaient à leur tour tenté de rassurer les êtres de magie qui ignoraient tout de la technologie. Durant le trajet, Keynthara revit défiler dans son esprit les images et les paroles de la déesse, qui s’y étaient gravées à tout jamais. Ainsi donc, son destin allait bel et bien un jour s’accomplir. Elle rencontrerait Zewen, le dieu des dieux en les mains de qui toute sa vie était remise.

Elle soupira alors d’aise, sans que le pilote assis à ses côtés ne comprit pourquoi, concentré sur la conduite du véhicule incroyable qui les ramenait au Dôme. Cela n’avait en réalité que peu d’importance, pour un être dont la conscience n’était que pure rationalité et logique. Mais à l’intérieur de son médaillon duquel s’échappaient des paillettes étincelantes, l’Aniathy ressentait la joie partagée de Faera.