- BWAAA…
(Heu ?)
- Hé, mais c’est rudement bon !
Ô lecteurs qui êtes seuls objets des inclinations de mon cœur, oyez comme princesse peut aisément se fourvoyer ! Oyez comme éloquence de mes lèvres s’enfuit, car las ! j’imaginai mille torts à ce cuisinier, lui qui seulement désirait reconnaissance. Et quoi ? Voici l’Akrilla qui laisse l’esprit à l’entrée, et ne se meut que dans la peur, alertée par le souci de voir poison ou élixir dans la marmite. (Que non, par toutes les expectorations de Kübi !) Grande appétence en ai-je, à présent, car les délices en sont immenses !
- Ahem… Puis-je sans crainte d’émettre offense à votre encontre, me délecter à nouveau de ce mets ?
Car en effet point ne perçois-je de sourdes reptations sous ma peau, point de vapeurs en l’esprit, point de tourmente dans l’âme. Rien qui pût être source de grand malheur et qui fît disparaître mon âme en brumes évanescentes, ou la donnât en offrande au noir Roi des Morts.
Et pourtant ! Et pourtant point ne puis-je échapper au spectacle des geôles, et toujours est-il présent à ma conscience, dans la crainte sempiternelle d’être sous l’œil du Mal. Aussi ne puis-je céans qu’émettre réticences :
- Voudriez-vous bien me dire, cependant, pourquoi requérir mon avis, quand vous ne pouvez que savoir quel grand cuisinier vous êtes ? Et…
Oserai-je seulement en faire la demande, quand je vis de quelle ire il peut ardemment s’enflammer ? Si petite et douce soit sa voix, point ne l’use de petite ou douce manière…
- Pourrais-je seulement reprendre l’inspection que j’avais à cœur d’achever ?
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CAHIDRICE ARO. PRINCESSE ALDRYDE, ACTUELLEMENT DANS LA MERDE.
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