Druss se réveille avec une putain d’douleur. Ces empaffés d’orques y sont pas allé d’main morte faut dire… Il se souvient avoir agi trop à la légère, s’être fait plaqué au sol comme s’il était une donzelle à poil au milieu d’une église prônant le refus au sexe… Des murs gris ternes l’accueillent, ainsi qu’une porte cadenassée. Druss soupire, emmerdé d’être d’retour en prison. Il ne sait pas quand il va de nouveau pouvoir respirer à l’air libre, il ne peut qu’espérer que ce sera rapide. Un ricanement résonne alors, de toute évidence la sobre cellule contient d’autres gibiers de potences. Ce rire est sec, cassant et moqueur, le voleur est déjà énervé d’être emprisonné, c’est pas l’moment pour l’faire chier.
Il se retourne ‘vec vivacité et défi du regard celui qu’a osé s’fout’ d’lui. Un sekteg adossé contre le mur du fond, son regard pétille de haine et son sourire fait plus penser à celui d’un corniaud qu’aut’chose. Son teint est d’un vert pâle qui n’est pas sans rappeler ce que le voleur gerbe après trop d’pintes. Des anneaux de fer courent sur son oreille encore fonctionnelle, l’autre est à moitié arraché.
« C’d’moi qu’tu t’fous don’ ? » lâche Druss d’une voix roide, dardant toujours son regard en direction du gobelin.
« Ptêt’ bin qu’oui, ptêt’ bin qu’non… maintenant la ferme l’homme, Omyre n’a que faire des déchets comme toi. »
« La loi du plus fort, tu connais ? J’suis certain d’te désosser avant qu’t’ai fait un geste, alors c’toi qui va fermer ton claque-merde peau-verte, et fout toi dos à moi, j’ai plus envie d’voir ta sale gueule purulente. » dit Druss en haussant le ton, se redressant par la même occasion dans une attitude menaçante.
Le Sekteg se relève aussi et exhibe un sourire fauve, ses mains restent dans son dos tandis qu’il s’avance vers le voleur, laissant tout de même un bras les séparer. Druss jauge du regard son adversaire, sa mâchoire se crispe, ses yeux s’ouvrent entièrement, captant le moindre geste de son ennemi.
Il prend finalement l’initiative et envoie son pied dans le ventre du gobelin. Ce dernier évite de justesse mais dévoile ce qu’il cachait… une lame qui a probablement échappé à l’inspection, s’il y en a bien eu une… Le Sekteg crache au pied du voleur et hausse un sourcil avant de jouer avec sa lame… Druss s’approche, plus attentif que jamais, comme un prédateur il ne braque son attention que sur sa cible, ses muscles se détendent, souple et fluide… inutile de se contracter. Il bondit alors ! De par son allonge bien plus importante, il parvient à rouer de coups sa cible sans lui offrir l’opportunité de frapper avec son couteau. Le gobelin crache maintenant du sang mais ce n’est pas suffisant… l’envie de se battre l’habite encore, il ne semble aucunement prêt à capituler, le con…
Druss entreprends de s’y prendre autrement, il saute à pied joint sur le gobelin qui se ramasse le coup de plein fouet, sans lâcher sa lame… Il la plante dans la cheville du voleur, heureusement c’est superficiel mais suffisant pour déconcentrer Druss qui tombe par terre alors que le Sekteg se redresse déjà…
Il approche alors que le voleur se remet difficilement debout, il remue la cheville mais ça le lance atrocement, tout comme ses bras… toujours pas véritablement soignés… Druss commence à s’en vouloir de se laisser aller ainsi, il voit le gobelin qui s’approche avec ce sourire malsain… il ne peut décemment pas le laisser agir à sa guise. Druss s’élance alors que le sekteg fait de même, la lame brandie vers l’avant… Le voleur essaie bien de l’éviter mais le couteau pénètre son flanc… Druss hurle de douleur tout en crachant du sang… la douleur devient insupportable… sa vision se brouille… son cœur martèle sa poitrine. Ses jambes tressaillissent, peinent à supporter sa carcasse… la lame est toujours enfoncée, elle fait des va et vient… c’en est presque érotique… presque.
Chaque respiration devient insoutenable, son ventre se soulève, ranime la douleur, la rend plus vivace encore… Le gobelin extirpe enfin la lame et contente d’un air satisfait Druss qui semble sur le point de s’écrouler. Seule sa résolution l’en empêche, seul sa soif dévorante lui interdit. Il ne peut ployer le genou devant ce trou du cul…
Chaque battement de son palpitant est accompagné d’une simple pensée…
(Vaincre… Vaincre… Vaincre.)
Son corps vacille alors et plonge sur le sekteg qui n’a pas pris la peine de bouger, trop heureux d’avoir si facilement vaincu. Druss n’est qu’à moitié conscient, juste assez pour essayer ce baroud d’honneur. Arrivé à hauteur des épaules du gobelin, les mains de Druss sortent de leur torpeur et les saisissent. Il entraîne le gobelin dans sa chute tandis que son propre genou remonte avec fulgurance… Le Sekteg accuse le choc violemment. Sa trogne est en sang et il s’écroule sans autre forme de procès alors que le voleur tombe à genoux. Ses mains se posent au sol pour l’aider à rester agenouillé alors que sa vue se brouille de plus en plus…
Une autre voix résonne derrière la porte, un peu étouffée mais suintante l’autorité. La porte s’ouvre alors avec fracas et un Shaakt reste dans l’embrasure, constatant la mort du gobelin, et l’état piteux de Druss, ses loques imbibées de sang.
« Et bien ! En voilà un qu’aime pas la compagnie ! Bon, j’fais quoi d’toi moi, si tu massacres mes prisonniers avant moi ? J’te torture maintenant ou… l’arène… Hum… tu pourrais être divertissant, une fois soigné et équipé. L’autre avait un couteau à c’que j’vois, donc tu dois pas être trop mauvais. »
L’elfe noir siffle alors et un gros orque surgit de l’ombre et vient se placer derrière ce qui semble être son supérieur. Ils se chuchotent des choses avant que l’orque n’acquiesce et vienne vers Druss. Il sourit et tout devient noir…
Le voleur s’écroule au sol, totalement inconscient après avoir été frappé à la tempe. Il semble que son destin soit d'arpenter les sols souillés de sang de l'Arène des milles lames...
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“De la bourse ou la vie, le voleur vous laisse le choix. La femme exige les deux.” ― Samuel Butler
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