Tuile-aux-rimes
Au sud de Tulorim, à l’orée d’une forêt vallonnée, un œil bien aiguisé pourrait peut-être apercevoir les frontières d’une petite ville fondée par les lutins des sylves : Tuiles-aux-rimes. Nommée ainsi par cette race de petits plaisantins, la ville lutine, bordée de toutes parts par des haies de ronces afin d’éloigner les intrus, abrite quelques centaines de lutins. Leur imagination débordante se reflète dans la construction de leurs maisons qui s’avèrent très variées tant dans leur forme que dans leur taille. Des trous à flanc de rochers, des terriers abandonnés, des souches de cyprès et de pins ou des arbres entiers, tout peut servir d’habitat dans ce terrain boisé. Certains lutins construisent tout de même des habitations plus conventionnelles, si on oublie les toits qui sont recouverts de branches de genévrier afin de berner du haut du ciel les rapaces affamés.
Les lutins habitent cette forêt d’épineux depuis si longtemps qu’il est difficile de l’imaginer sans eux. Les anciens racontent qu’il y a plus d’un siècle, les bûcherons avaient envahi la forêt et leur activité mettait en danger la survie de ses habitants, lutins y compris. Ces derniers non dépourvus de talents auraient réussi à éloigner l’envahisseur à force de vilains tours. Depuis, un accord a été conclu. Les bûcherons ne peuvent couper que certaines essences d’arbres et seulement ceux malades ou ceux qui au bout de leur vie menacent de tomber.
De nature pacifique et joviale, les lutins entretiennent de bonnes relations avec les autres races. Par conséquent, ils ne manifestent aucun intérêt à se rendre à Tulorim, ville où le vol et le crime font loi. Ce sont donc quelques marchands bien précis qui sont intéressés par certains produits en petites quantités mais de qualités exceptionnelles qui se rendent donc à Tuiles aux rimes sur une base régulière afin de brasser des affaires et sont souvent accompagnés d’habitants intéressés non pas seulement par les produits artisanaux, mais aussi par les échanges avec ce petit monde particulièrement joyeux. Et bien sûr, quelques curieux se greffent souvent à ce petit groupe. Par contre, pour des soucis d’ergonomie et de sécurité (un lutillon est si vite écrasé par un grand pied), l’accès est interdit à tout Yuimenien de grande taille. Ainsi, les échanges se font aux frontières de Tuiles-aux-rimes et vont bon train. Les lutins fournissent baies de genévriers, roses, olives et agrumes. En retour, ils achètent quelques outils de la forge conçus spécialement pour eux, ainsi que certains produits de la mer apportés par les pêcheurs (algues et coquillages).